| (Byron & Lincoln) I think about you but I don’t say it anymore |
| | (#)Mer 13 Avr 2022 - 22:25 | |
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Sept mois se sont écoulés depuis notre dernière rencontre, depuis que Byron m’a fait comprendre que mes sentiments pour lui n’étaient pas réciproques. J’ai décidé de couper les ponts avec lui pour me protéger parce que jamais je n’aurais été capable de me contenter d’être seulement son ami. À chaque rencontre, j’aurais naïvement espéré que ses sentiments à mon égard changent et j’aurais souffert inutilement. Malgré ça, j’ai été incapable de m’empêcher de lui envoyer un petit message pour son anniversaire il y a quelques jours, un message qui a relancé la discussion entre nous au fil de laquelle Byron m’a demandé si on pouvait se voir. Je sais que j’aurais dû lui dire non, que ça ne sert à rien de tourner le couteau dans la plaie, mais j’en ai été incapable parce que ça me manque de passer du temps avec lui au fond. Les derniers mois ont été plutôt pénibles entre ma querelle avec Adriel et Erin, mon déménagement, la perte des jumeaux de Tessa et la mort récente d’Ash. J’ai essayé d’être là au mieux pour ma sœur malgré ma propre souffrance et je commence à me sentir un peu seul à force de ne plus voir personne. En même temps, on ne peut pas dire qu’il me reste beaucoup d’amis et ça n’a jamais été facile pour moi de sympathiser avec les autres étant donné ma nature plus timide. « T’as besoin de quelque chose avant que je parte? » Appuyé contre le cadre de porte de la chambre de Tessa, je la scrute attentivement pour me faire une idée de son état. Elle n’a pas été épargnée ces derniers mois et avec la mort récente d’Ash, j’ai peur qu’elle se jette dans l’alcool une fois de plus. Elle ne s’est pour le moment jamais rendue au point de consommer autant que notre frère, mais je ne veux pas attendre que ça se produise avant de faire quelque chose pour l’aider. Tess’ me répond finalement que non, qu’elle va se reposer aujourd’hui en rattrapant des séries sur Netflix. Je n’ai pas l’impression qu’elle me cache quelque chose alors je la laisse tranquille et je quitte notre appartement non sans vérifier les armoires de cuisine pour m’assurer qu’il n’y a aucune bouteille d’alcool qui traine.
Je n’ai même pas le temps de couper le moteur de ma voiture que j’ai le cœur qui s’affole. Nos retrouvailles sont imminentes et je me demande vraiment ce que je fais ici. Un petit coup d’œil vers le parc me confirme que Byron n’est pas encore arrivé et je ne sais pas si c’est une bonne chose. D’un côté, je me dis que ça me permettra peut-être de me calmer un peu ou, au contraire, de stresser encore plus en l’attendant. Histoire de m’occuper les mains et de me calmer, j’allume une cigarette que je coince entre mes lèvres. Lentement, je quitte le stationnement vers le parc et je prends place sur un banc libre un peu plus loin. En l’attendant, j’essaie de me changer les idées en observant les familles et les couples qui se baladent un peu partout, mais c’est loin de fonctionner. Je ne sais pas du tout pourquoi il veut me voir aujourd’hui et ça m’angoisse. Pour me calmer, je ferme les yeux un instant et je me concentre sur ma respiration. Sauf que lorsque je rouvre les yeux, il ne me faut que quelques secondes pour l’apercevoir. Avant qu’il n’arrive, je crache la fumée de ma cigarette et je me dépêche d’éteindre celle-ci dans le cendrier à proximité du banc. Les mains tremblantes, je les coince entre mes cuisses après lui avoir fait un petit signe de la main. «Hey… ça fait longtemps. » Je lui souris faiblement avant de détourner la tête pour regarder un couple qui passe tout près. « Tu as passé un bel anniversaire? » demandé-je en posant mon regard sur lui. Je préfère lui poser cette question que de lui demander comment il va parce que je n’ai pas forcément envie de répondre à cette question à mon tour parce que ma réponse risque d’être évasive.
Dernière édition par Lincoln Mulligan le Dim 30 Juil 2023 - 4:11, édité 3 fois |
| | | | (#)Dim 17 Avr 2022 - 11:04 | |
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I think about you but I don’t say it anymore Il est parti dans la nuit. Sans rien dire. Sans m'expliquer les raisons de son départ précipité. La mine défaite. Incompréhension totale. Mal au cœur. J'ai tenté de savoir. Sans succès. Mes appels ont sonné dans le vide. Mes messages sont restés lettres mortes. Les jours et les semaines sont passés. Aucun signe de vie. Rien. Je me suis senti mal. Je ne comprenais pas ce que j'avais bien pu faire. Je ne comprenais pas ce que j'avais mal fait. Pourquoi sa réaction avait été aussi radicale ? Je l'ignore encore.
Le cinq février je lui ai envoyé un message. Pour son anniversaire. Il m'a répondu. Je n'ai su interpréter son message. Un remerciement teinté de doute. Parce que le message a été envoyé à minuit. Pile. J'ai juste pensé à lui. À la première heure. Pourquoi se pose-t-il autant de question ? Ne pouvait-il pas juste se contenter de me remercier. Simplement. Je n'ai pas eu le courage de lui répondre. Et le temps est passé. Jusqu'au jour de mon anniversaire où, surprise, je reçus un message de sa part. Il me souhaitait une agréable journée, sachant que j'entrais dans une nouvelle décennie. J'ai trouvé son attention touchante, même si je n'avais pas eu d'échange avec lui depuis mon propre message pour le sien. J'étais heureux qu'il ait pensé à moi. J'en ai profité. J'ai relancé la discussion. Quelques textos échangés avant de lui proposer de nous voir. Sa réponse a tardé à me parvenir. Je perdais espoir. Je m'attendais à lire un refus radical. Que nenni. Il accepta un rendez-vous. Il proposa même le lieu en question. Oates park.
Le jour arriva. Quelques jours après que j'eus fêté mon anniversaire, mes trente ans. Avec ma famille et mes amis proches. J'eus le temps de me remettre de mes émotions. Je pus me requinquer afin de ne pas offrir au regard de Lincoln une mine affreuse. Je me suis préparé et je suis arrivé au parc à l'heure dite, emmenant Diablo avec moi, histoire que, à l'image de son maître, le chien aussi se dégourdisse les jambes. Je pénètre dans le parc. Il bruisse de conversations, de rires, de cris d'enfants. J'avance dans l'allée centrale et je le vois, lui et sa chevelure caractéristique. Il paraît tendu. Il tourne son regard vers moi, une cigarette coincé entre ses lèvres. La tension qui l'anime semble monter d'un cran. Il jette la cigarette dans le cendrier situé à côté de lui et glisse ses mains entre ses jambes tandis que je m'approche, Diablo ouvrant la marche.
Je me dresse devant lui. J'affiche un sourire. Je suis tellement heureux de le voir. Après tout ce temps passé sans nouvelle. La bride de Diablo, suffisamment longue, lui permet de venir réclamer quelques caresses en posant sa petite tête sur les genoux du bouclé. Il fait le premier pas, en m'apostrophant et en constatant que nous nous étions pas vu pendant plusieurs mois. « Effectivement ! » Je souris. Je suis crispé. Je conserve un souvenir douloureux de son départ. Je déglutis. Difficilement. Il poursuit. Il s'intéresse à mon anniversaire. « J'ai fait quelques choses de simple, sobre avec quelques amis, de la famille ! Rien au niveau de 'Projet X' ! » Finis-je, en tentant une once d'humour. Je le regarde avant de me lancer et dire les choses avec sincérité : « J'aurais aimé que tu sois là, parmi nous, pour passer ce cap de ma vie ! » Car Lincoln n'est pas n'importe qui à mes yeux. Il a sa place dans ma vie. Il a su la prendre et son charme opère sur moi. Il a quelque chose que les autres n'ont pas, n'ont jamais eu et qui me permet, petit à petit de fendre l'armure des sentiments. Même si ce processus est difficile à verbaliser. Je sais simplement que je me sens bien en sa compagnie, car il est spécial. « Toi, ça va ? Les études ça marche toujours ? » Renchéris-je, curieux de savoir ce qu'il a pu faire depuis tout ce temps.
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| | | | (#)Mer 27 Avr 2022 - 23:47 | |
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À défaut de fumer pour m’occuper les mains et l’esprit, je rapporte mon attention sur Diablo qui vient quémander quelques caresses de ma part en posant sa petite tête sur mes genoux. Le regarder lui plutôt que Byron me permet de me calmer et je comprends alors pourquoi la zoothérapie a autant de succès auprès des enfants et des gens anxieux. Mon regard ne le quitte que quelques secondes le temps de questionner son maître sur son anniversaire pour lancer la discussion. « J'ai fait quelques choses de simple, sobre avec quelques amis, de la famille ! Rien au niveau de 'Projet X' ! » C’était sans doute plus prudent s’il ne voulait pas que ça se termine d’une façon un peu bizarre comme à mon anniversaire l’an dernier. Au moins là, il devait se souvenir de tous les détails et je suis prêt à parier que c’était moins salissant que la dernière fois. « Je suppose que c’est mieux comme ça. Tant mieux si vous avez passé un bon moment. » J’assume que c’était bien avec la touche d’humour qu’il tente de glisser dans cette conversation qui n’a pas grand-chose de naturel pour le moment, du moins de mon côté, je me demande encore ce que je fais ici considérant le profond malaise que je ressens de me retrouver en face de lui après la façon dont notre dernière rencontre s’est terminée. « J'aurais aimé que tu sois là, parmi nous, pour passer ce cap de ma vie ! » Sans cesser de caresser Diablo, je relève la tête pour fixer Byron sans rien dire, surpris. Considérant que nous ne sommes pas sur la même longueur d’ondes l’un envers l’autre, je ne vois pas vraiment ce que j’aurais été faire à son anniversaire. Je ne me serais pas senti à ma place près de lui, surtout pas en compagnie de ses proches en plus, et je le remercie secrètement de ne pas m’avoir invité parce que je ne sais pas si j’aurais été capable de lui dire non. « Ah. Je ne sais pas, je suis sûr que c’était très bien comme ça, avec tes proches. Je n’aurais pas connu personne… » réponds-je en haussant une épaule avant de baisser les yeux en me caressant la nuque d’une main.
« Toi, ça va ? Les études ça marche toujours ? » La question que je croyais naïvement avoir évité en le questionnant sur son anniversaire, celle à laquelle je ne sais quoi répondre avec tout ce qu’il s’est passé ces derniers mois dans notre vie à Tessa et moi. Hésitant, je rebaisse les yeux en replaçant mes mains entre mes cuisses après que Diablo se soit légèrement éloigné de moi. « Ça va. » Ma réponse manque d’enthousiasme et je le sais, mais je n’ai pas envie de me retrouver une fois de plus dans une position de vulnérabilité avec lui. De toute façon, il n’était même pas au courant de la grossesse de Tessa alors je ne me vois pas vraiment lui parler de la perte de ses bébés même si le but n’est vraiment pas de faire comme s’ils n’avaient pas existé. Cette épreuve concerne ma sœur et elle lui en parlera bien si elle en a envie. « Il s’est passé pas mal de choses… Je suis déménagé avec ma sœur au début de l’année. » me contenté-je de dire sans préciser que c’est parce que les choses se sont compliquées entre Adriel et moi, l’un de mes quelques amis que j’ai perdus dernièrement en plus d’Erin et d’Ash. Autant dire que je ne côtoie pas gas grand-monde en dehors de l’école et du travail à part Tessa. « Ça va toujours bien à l’école par contre, oui. » ajouté-je en lui souriant faiblement. « Et toi la vie? » Je redoute un peu la réponse à cette question. Et s’il avait rencontré quelqu’un? Même si je sais qu’il ne se passera jamais rien entre nous parce que mes sentiments ne sont pas réciproques, ça me ferait un petit pincement au cœur de le savoir heureux avec quelqu’un d’autre même si je ne le souhaite aucun malheur. |
| | | | (#)Ven 29 Avr 2022 - 9:56 | |
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I think about you but I don’t say it anymore Pas de chichi pour les trente ans. J'ai fait appel à un traiteur pour organiser un petit apéritif dînatoire. Moment de partage et de convivialité avec les personnes qui comptent dans ma vie. Mais une personne manquait à l'appel. Le bouclé. Compte tenu du final de notre dernière rencontre, je me suis trituré l'esprit. L'inviter ou non ? À plusieurs reprises mon regard s'est égaré dans mon répertoire téléphonique. Arrêt sur image au prénom Lincoln. Pour finalement ne pas passer le cap. Ni appel. Ni texto. De peur de me prendre une veste et qu'il refuse catégoriquement mon invitation. Jusqu'au dernier moment j'ai hésité. Je le regrette. « J'ai pu passer des moments privilégiés avec chaque invité ! C'était top ! » Mais lui n'était pas. Nos regards se croisent un instant. Je lis dans le sien un léger malaise tandis que je lui avoue que j'aurais voulu qu'il soit à mes côtés. D'un naturel réservé, je doute qu'il y aurait trouvé sa place. Au milieu de mes amis. Il me le confirme. Il se serait retrouvé seul, au milieu de parfaits inconnus. « Je comprends ! J'aurais fait les présentations. Mes amis sont très gentils ! Je ne crois pas qu'ils mordent ! » Finis-je en esquissant un petit sourire et en offrant à Lincoln un clin d’œil. Je suis persuadé qu'il aurait trouvé sa place et aurait passé une bonne soirée, même si j'ai conscience que l'intégration n'est pas toujours une chose aisée.
Ne l'ayant pas vu depuis plusieurs mois, je m'enquis de son état et de la poursuite de ses études. Déjà que son visage ne reflète pas la joie de vivre, j'ai la sensation qu'il se renferme davantage. Les mains coincées entre ses cuisses, il regarde le sol. Son langage corporel m'inquiète. Et sa réponse est laconique. Je m'approche de lui et je m'assois à ses côtés. Je n'ai pas une seconde de répit. Diablo est déjà sur mes genoux et il tente désespéramment de me lécher le visage. J'essaie de le maintenir et de le pousser à se coucher sur moi. Il finit par obtempérer. Je me tourne alors vers l'apprenti mécanicien. « T'es sûr ? » Sa réponse ne déborde pas d'enthousiasme. Il ne va pas bien. Il m'apprend alors qu'il s'est installé avec sa sœur jumelle. Suis-je réellement étonné ? Non. Vivre en colocation avec son meilleur ami alors que ce dernier est en couple, la cohabitation peut être compliquée. « Tu en avais marre de tenir la chandelle ! Je comprends ! » Avant d'ajouter : « Ils sont partis à l'étranger maintenant, non ? » J'ai vu le photographe poster quelques clichés de leur périple en amoureux. « Et ta sœur, comment va son cœur ? » Peut-être y a-t-il eu des complications d'où son installation avec elle. Je me souviens de leur soirée d'anniversaire durant lequel elle était partie prématurément, n'étant pas en grande forme. Puis Lincoln, quelques mois plus tard, m'avait révélé le lourd diagnostic. Des problèmes cardiaques. Une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Probablement dure à gérer au quotidien. Pour elle, et pour ses proches.
Diablo toujours sur mes genoux, je m'intéresse à son parcours professionnel. Lorsque nous nous étions vu la dernière fois, avant que les choses ne dérapent, dans le mauvais sens, il venait de débuter une formation pour devenir mécanicien. Il avait du mal à reprendre le rythme des études, à trouver son rythme. « Je suis sûr que tu cartonnes et que tu en mets plein la vie à tes professeurs et tes camarades ! » Dis-je de manière enjouée, avant de mettre le doigt là où ça fait mal. « Donc il y a bien quelque chose qui ne va pas ? Tu veux en parler ? » Demande-je en tentant de trouver la profondeur de ses iris.
Je me lève sans prévenir, le beagle, surpris se trouve au sol, il me regarde avec des yeux de chien battu avant de se rapprocher de Lincoln afin de trouver du réconfort. Je m'accroupis et je pose une main sur la sienne. J'ai mal au cœur de le voir dans cet état. « Dis-moi ! ». Je perçois un profond mal être, pourtant, le bouclé botte en touche et préfère réorienter la conversation. Sur moi. Sur ma vie. « Ma vie suit son cours. Il y a des hauts. Il y a des bas. Mais je vais de l'avant. On m'a volé ma voiture en janvier dernier, mais j'ai été approché à plusieurs reprises pour organiser des repas privés ! » Silence. « Et sinon mon frère est revenu à Brisbane ! » Ajoute-je avec enthousiasme.
Un silence s'installe. Aucun de nous ne parle. Je décide de crever l'abcès. « Tu m'en veux toujours ? » D'avoir été silencieux après sa déclaration et ne pas avoir su lui dire 'Je t'aime' en retour. Même si je n'ai pas dit ces trois mots, je veux qu'il sache qu'il compte pour moi. Plus qu'il ne le crois.
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| | | | (#)Mer 4 Mai 2022 - 22:18 | |
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« J'ai pu passer des moments privilégiés avec chaque invité ! C'était top ! » Je suis content pour lui qu’il ait pu profiter de ce moment au maximum, il mérite d’être célébré et d’entrer dans cette nouvelle dizaine du bon pied. « C’est un peu l’avantage de garder ça petit, sinon tu n’as que peu de temps à accorder à chacun. Je suis content que tu aies passé un bon moment. » ajouté-je en lui souriant légèrement avant qu’il ne me confie qu’il aurait aimé que je sois présent, un souhait que je ne partage pas dans les circonstances. Peut-être que mon avis serait différent si nous n’aurions pas coupé contact et que j’aurais depuis rencontré certains de ses proches. « Je comprends ! J'aurais fait les présentations. Mes amis sont très gentils ! Je ne crois pas qu'ils mordent ! » Je n’ai pas de mal à le croire s’ils sont moindrement comme lui, mais en ce moment, j’ai de la difficulté à voir comment je pourrais me lier d’amitié avec ses amis alors que je ne suis même pas capable de garder les miens. Qui plus est, socialiser avec des inconnus n’est déjà pas une tâche facile pour moi en temps normal, je suis convaincu que ça aurait été encore plus difficile comme je ne suis pas au meilleur de ma forme actuellement. Et ça c’est sans parler du moment malaisant des présentations où je ne sais même pas si j’aurais été digne du titre d’ami dont je n’aurais pas voulu me contenter de toute manière pour m’éviter des souffrances inutiles. « Je te crois! Après je ne pense pas que c’était vraiment le lieu pour me présenter… À ma fête tu connaissais déjà Adriel et Erin au final, moi je n’aurais connu personne à part toi. » Mon idée est faite parce que je me doute qu’il n’aurait pas pu rester avec moi toute la journée considérant qu’il voulait passer du temps avec ses autres invités, ce que je comprends sans difficulté, mais j’aurais donc été laissé à moi-même dans un groupe de personnes qui, je suppose, se connaissent déjà. En plus, on m’aurait probablement demandé comment Byron et moi nous sommes connus et, à vrai dire, je ne sais pas vraiment ce que j’aurais répondu…
Est-ce que je croyais vraiment que je pourrais faire croire à Byron que je vais bien alors que mon visage crie tout l’inverse? Pas vraiment, mais je devais d’essayer si j’espérais moindrement avoir une chance d’éviter de parler de tout ce qui se passe dans ma vie depuis que nos chemins se sont séparés. « T'es sûr ? » Sûr que ça ne va pas, oui. Il ne me croit pas et sa question le prouve. Je tente de l’ignorer en lui expliquant que je suis déménagé avec Tessa en espérant que ça lui suffirait comme réponse et qu’on pourra continuer la discussion sans revenir sur le sujet. « Tu en avais marre de tenir la chandelle ! Je comprends ! » Si seulement ce n’était que ça. J’étais tellement content à l’idée de déménager avec Adriel et, finalement, il avait été peu présent à l’appartement à partir du moment où il avait commencé à fréquenter Erin. Je m’étais retrouvé à devoir souvent prendre soin de ses animaux, ce qui ne me dérangeait pas tant que ça, mais notre relation avait changé du tout au tout à partir de ce moment, plus particulièrement après l’annonce de la grossesse d’Erin. Je ne comprends toujours pas pourquoi il a réagi aussi fort lorsque je lui ai fait part de mes inquiétudes, j’ai vraiment l’impression qu’il s’est fait influencer par Erin qui, pourtant, était aussi une de mes amies. Un de perdu et dix de retrouvés comme ils disent, pourtant je cherche encore ceux que je suis supposé avoir retrouvés… « Ils sont partis à l'étranger maintenant, non ? » Je hausse une épaule en baissant les yeux pour fixer mes cuisses. « Aucune idée… » me contenté-je de répondre, bien conscient que ma réponse ne laisserait aucun doute sur le fait que je n’ai plus de contact avec eux. Tant pis. « Et ta sœur, comment va son cœur ? » Je hoche lentement la tête en relevant sur lui mon regard. « Ça va, pas vraiment de changements à ce niveau donc c’est rassurant. » Enfin si, la grossesse avait fatigué son cœur, mais depuis, il était redevenu à la « normale ».
« Je suis sûr que tu cartonnes et que tu en mets plein la vue à tes professeurs et tes camarades ! » Il n’a pas tout à fait tort, s’il y a bien une facette de ma vie où ça va bien, c’est étonnamment à l’école. « Le « petit vieux » se débrouille bien oui. » réponds-je avec l’esquisse d’un sourire avant de reprendre un air plus sérieux en entendant sa question suivante. « Donc il y a bien quelque chose qui ne va pas ? Tu veux en parler ? » Je suis incapable de soutenir son regard très longtemps, détournant la tête presque aussitôt que nos iris se croisent. Byron est visiblement incapable de se contenter de mon silence car il se lève pour ensuite s’accroupir devant moi comme pour capter davantage mon attention. Lorsqu’il pose sa main sur la mienne, je m’efforce de ne pas couper le contact, persuadé que tout le monde au parc nous regarde, mais je sais que ce sont mes insécurités qui me donnent cette impression et que ce n’est pas véritablement le cas. « Dis-moi ! » Je suis incapable de penser à autre chose que la chaleur de sa main contre ma peau et je le fixe longuement en silence, le cœur battant la chamade. Quand finalement j’ouvre la bouche, je préfère le questionner sur sa vie plutôt que de lui parler de la mienne. J’ai besoin d’un peu de temps. « Ma vie suit son cours. Il y a des hauts. Il y a des bas. Mais je vais de l'avant. On m'a volé ma voiture en janvier dernier, mais j'ai été approché à plusieurs reprises pour organiser des repas privés ! Et sinon mon frère est revenu à Brisbane ! » Ma tête a un mouvement de recul lorsqu’il me confie le vol de sa voiture. « Quoi?! Et elle a été retrouvée? Ou t’as pu au moins avoir l’argent des assurances pour t’en acheter une autre? » demandé-je, curieuse. « Tu dois être content que ton frère soit de retour en tout cas. » Je suppose qu’ils doivent entretenir une belle relation s’il me mentionne son retour, sinon il n’aurait pas l’air autant enchanté.
Je savais en venant ici que nous aborderions probablement le sujet de notre dernière rencontre. C’était inévitable, je le sais, mais ça ne me rend pas moins mal à l’aise de constater que ce moment est imminent, je le devine au silence qui s’installe rapidement entre nous. « Tu m'en veux toujours ? » Je me mordille nerveusement les lèvres en secouant négativement la tête, le regard fixé sur mes mains moites qui triturent le bas de mon chandail. « Non… » réponds-je d’une voix presque inaudible en me caressant la nuque d’une main. « Je ne t’en ai jamais voulu… pourquoi je t’en voudrais? » le questionné-je avant de soupirer. Les sentiments ne se contrôlent pas après tout. « C’est juste… » J’ose le regarder une fraction de seconde, mais je suis incapable de m’attarder, craignant bien trop sa réaction. « Difficile de s’ouvrir pour se rendre compte que… c’est pas réciproque. » Surtout après tout le temps que ça m’a pris pour trouver le courage de réessayer après Andy, mais ça je me retiens de lui dire pour ne pas le faire culpabiliser davantage. « C’est la vie… » Et tôt ou tard je finirai par passer par-dessus.
Dernière édition par Lincoln Mulligan le Lun 23 Mai 2022 - 19:13, édité 1 fois |
| | | | (#)Dim 8 Mai 2022 - 22:54 | |
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I think about you but I don’t say it anymore « J'aurais montré aux personnes présentes que tu comptes pour moi ! » Soufflé-je. Parce que c'est le cas. Je n'ai pas la sensation qu'il s'en rende compte. A mes yeux, il n'est pas n'importe quelle personnelle. Il est l'homme qui, à sa manière, chamboule mon petit cœur et remet en cause mes projets d'avenir, mon célibat. Néanmoins, je comprends son point de vue, reflet de son caractère. Il ne veut pas être en haut de l'affiche. Il veut rester en retrait, ne pas attirer les projecteurs sur lui. « Je connaissais Erin et Adriel, certes, mais je n'étais pas particulièrement à l'aise de débarquer à la fête d'anniversaire d'un inconnu... » Et pas n'importe quel inconnu. Je plonge mon regard dans le sien avant qu'il ne soit fuyant. Je ne suis pas dupe. Quelque chose le tracasse. Même s'il insiste pour dire le contraire. Son attitude ne trompe pas. S'il pense que je vais lâcher le morceau. Même s'il botte en touche. Même s'il garde le silence. Je vais lui tirer les vers du nez. Tôt ou tard. Je suis quelqu'un de persévérant, s'il ne le sait pas encore.
Pour ne pas le brusquer, la conversation dévie. Sur les raisons de son déménagement avec sa sœur jumelle. J'émets une hypothèse. Son refus de faire tapisserie à côté du nouveau couple Adriel-Erin. Et même là, lorsque nous les évoquons, il reste évasif. À croire qu'il n'a plus de nouvelles. J'ai la sensation d'avoir manqué un épisode. Pourtant, je n'ai pas l'envie d'insister. Je ne veux pas rajouter du malaise au malaise déjà existant. Je joue à l'équilibriste et, telle une puce, je le questionne sur sa sœur. Et son état de santé. Ses problèmes au cœur ne semblent pas s'être aggravés. « Tant mieux ! » Dis-je avant de rester silencieux quelques instants. « Ça doit vous rappeler de bons souvenirs, de vivre sous le même toit ! » J'aurais aimé pouvoir partager des moments de complicité avec mon frère, si le destin ne nous avait pas tenu éloigné l'un de l'autre pendant presque trente ans. Sans dire un mot, je l'admire. Je le jalouse un peu d'avoir une telle relation avec sa sœur. Afin de ne pas trop y penser, je préfère lui demander des nouvelles de ses études. Pour l'instant, tout semble lui réussir. « Le plus beau des « petits vieux » que je connaisse ! » Ajoute-je en lui lançant un clin d’œil avant de m'engouffrer dans la brèche qui s'offre à moi lorsqu'il me révèle qu'une chose le taraude. Égal à lui-même. Il fuit mon regard. Tout à coup, un brin d'herbe, une fourmi ou la forme d'un nuage revêtent un intérêt particulier. Pour mon plus grand désarroi. Je tente une approche corporelle. Je pose une main sur la sienne. Il me regarde enfin. Sans dire un mot. Le temps est suspendu. Je suis suspendu à ses lèvres. Prêt à l'entendre se confier. Vider son sac.
Encore une fois, il se préserve et s'intéresse à moi. À ma vie. Je ne peux cacher ma déception, pour autant, je lui résume en quelques phrases les événements qui ont marqué ce début d'année. Le vol de ma voiture. « Non toujours pas retrouvée... Si ça se trouve elle gît au fond du fleuve après avoir servi dans un braquage... Qui sait ! » Pour faire disparaître des preuves ou des personnes, le fleuve est une option privilégiée. J'en ai fait l'amer expérience lorsque, après l'incendie de notre appartement et sa disparition, le corps de Victoire fut retrouvé, quelques jours plus tard, sur les rives. Je balaie ce souvenir de la main et je poursuis. « D'ailleurs, si tu as vent d'une voiture d'occasion à vendre, je suis preneur... Parce que les assurances sont pas très généreuses ! Elles trouvent toujours un moyens de t'enfler au maximum ! » Un peu comme les banques avec leurs frais ahurissants. Je préfère partager avec lui ma joie de retrouver mon frère, de retour en ville. « Moi aussi... Même si, pour l'instant, il fait encore pas mal d'aller-retour entre Sydney et Brisbane. Il devrait définitivement poser ses valises en mai ! » Silence. « J'ai tellement hâte ! » Même si je suis enthousiaste, un silence s'installe.
Et je me jette à l'eau. Nous savons comment s'est terminé notre dernière rencontre. Il est parti précipitamment, après avoir attendu trois mots qui n'ont jamais dépassé la barrière de mes lèvres. J'ai été complètement pris au dépourvu. Pris de court par la déclaration qu'il m'a faite. Et mon silence l'a anéanti. Il est parti. Je sais que je l'ai fait souffrir. Je sais, j'en suis persuadé, qu'il a mal interprété mes propos. Il me le confirme... Lorsqu'il est convaincu que les sentiments qu'il éprouve pour ma personne ne sont pas réciproques. Je tente d'attraper son regard en vain. Je déglutis. Je le laisse terminer. Puis, doucement, je passe une main sur sa joue afin de le forcer à me regarder. « Pourquoi tu penses que ce n'est pas réciproque ? » Silence. « Lincoln, tu comptes énormément pour moi ! » Je le regarde. Je reprends ma respiration. « A mes yeux, tu es devenu plus qu'un ami, je crois... » J'approche mon visage du sien. Doucement. Je peux sentir son souffle. Extrêmement léger, avant que ses lèvres s'unissent aux miennes. Et mon cœur s'emballe tandis que les secondes s'éternisent et que je continue de l'embrasser avec fougue. Heureux de retrouver ce contact intime avec lui, je me retire mes lèvres et le regarde. Avec mon index, j'entortille une bouclette de sa chevelure autour avant d'ajouter... « Je crois que tu me fais beaucoup d'effets ! » Et je le gratifie d'un large sourire.
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| | | | (#)Ven 27 Mai 2022 - 17:31 | |
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« J'aurais montré aux personnes présentes que tu comptes pour moi ! » Je devrais probablement me réjouir de ce qu’il me dit, mais j’ai un peu de mal à la croire quand ça fait sept mois que nous ne nous sommes pas vus. Bon j’avoue que c’est un peu de ma faute puisque je n’ai jamais répondu à la majorité de ses messages, mais quand même, je ne comprends pas pourquoi j’aurais une si grande valeur à ses yeux. Byron sait très bien que j’éprouve des sentiments pour lui qui surpassent une simple amitié, pourquoi tiendrait-il à passer du temps avec moi tout en sachant que ça ne fait que tourner le couteau un peu plus dans la plaie? « Une autre fois peut-être! » Ou pas. Mal à l’aise, je ris légèrement en me caressant l’avant-bras du bout des doigts pour me rassurer. « Je connaissais Erin et Adriel, certes, mais je n'étais pas particulièrement à l'aise de débarquer à la fête d'anniversaire d'un inconnu... » J’acquiesce d’un hochement de tête en pinçant mes lèvres. Je peux comprendre comment il a dû se sentir, je n’aurais pas été à l’aise dans sa situation non plus. « Qu’est-ce qu’elle t’a promis pour te convaincre de venir? » demandé-je en riant légèrement, conscient des talents de persuasion d’Erin, ou plutôt, de son insistance. Parce que quand elle veut quelque chose, elle se fout parfois bien de ce que la personne en face veut ou ressent. Après toutes ces années, elle n’a jamais accepté ni respecté que je ne sois pas à l’aise qu’elle se balade nue devant moi et qu’elle entre dans la salle de bain quand j’y suis. Je suppose qu’il faut voir le bon côté des choses, ça ne risque plus d’arriver maintenant que nous ne nous parlons plus… S’il y a bien un avantage réel à avoir coupé les ponts avec mes deux anciens meilleurs amis, c’est d’être déménagé avec Tessa. Je peux ainsi être là pour elle et, même si elle m’inquiète, sa simple présence suffit à m’apaiser lorsque quelque chose me tracasse. « Tant mieux ! Ça doit vous rappeler de bons souvenirs, de vivre sous le même toit ! » À ces paroles, je ne peux m’empêcher de sourire sincèrement en baissant les yeux tandis que je me remémore tout un tas de souvenirs partagés avec ma jumelle. Elle a toujours été là pour moi, prête à prendre le blâme pour mes conneries même si ça n’a pas été long pour que nos parents comprennent que c’était moi le coupable et pas elle, elle était bien trop sage pour avoir volé des bonbons par exemple. Puis il y a aussi toutes les fois où elle m’a fait sortir de ma zone de confort parce que je n’étais jamais bien loin quand elle partait à l’aventure. « Oui c’est vrai. Avec un peu plus de liberté quand même, nos parents ne sont pas là pour critiquer l’heure à laquelle on se couche. » dis-je en riant. On peut aussi manger ce que l’on désire ou ne pas faire la vaisselle un soir si on n’a pas envie de le faire.
Je ne suis peut-être pas encore très vieux, mais la majorité de mes camarades de classe sortent tout juste du lycée et ils sont donc pas mal plus jeunes que moi. J’ai toujours eu un peu de mal à faire ma place dans des groupes et la différence d’âge m’angoissait beaucoup, surtout que j’ai toujours eu tendance à m’entendre davantage avec les filles que les garçons et que j’ai choisi un domaine d’études qui attire beaucoup plus la gent masculine. « Le plus beau des « petits vieux » que je connaisse ! » Je souris niaisement tandis que je sens mes oreilles devenir chaudes. « C’est pas difficile à battre si ta référence c’est le Père Fouras. » réponds-je pour faire référence à l’une de nos précédentes conversation. Vient ensuite son tour de parler un peu de lui et il me confie alors que sa voiture s’est faite voler. « Non toujours pas retrouvée... Si ça se trouve elle gît au fond du fleuve après avoir servi dans un braquage... Qui sait ! » Qui sait? Ou alors elle a fini sur un bateau en direction d’un autre pays. Quoique ce serait plutôt surprenant comme sa voiture n’était pas très luxueuse si je me souviens bien. « D'ailleurs, si tu as vent d'une voiture d'occasion à vendre, je suis preneur... Parce que les assurances sont pas très généreuses ! Elles trouvent toujours un moyen de t'enfler au maximum ! » Je fronce les sourcils en me caressant le menton d’une main. Les voitures qui arrivent à mon boulot ont généralement pas mal de problèmes, mais peut-être que je pourrais trouver quelque chose. « Il faudrait que je regarde, il y a peut-être moyen de trouver quelque chose de pas trop mal à mon boulot. Tu as besoin de ça quand? Car ça risque de demander un peu de temps pour la remettre en ordre avant qu’elle puisse rouler. Je devrais pouvoir trouver les pièces sur d’autres voitures. » L’avantage de travailler dans un parc de ferrailles. « Et ça me fera de la pratique en même temps. » dis-je en haussant une épaule en lui souriant. Je ne ferais pas ça pour tout le monde, mais lui, j’arrive difficile à lui dire non. « Moi aussi... Même si, pour l'instant, il fait encore pas mal d'aller-retour entre Sydney et Brisbane. Il devrait définitivement poser ses valises en mai ! J'ai tellement hâte ! » Je peux comprendre son enthousiasme de retrouver son frère, je suis impatient de revoir Tessa chaque fois qu’elle part en mer. « Vous allez habiter ensemble ou tu vas déménager? » Aux dernières nouvelles, il habitait encore dans la maison de son frère.
Comme d’habitude, j’ai envie de fuir. Je veux partir pour éviter d’avoir cette conversation qui me rend bien trop mal à l’aise, mais je lui dois bien. Je crois? Byron a tenté de reprendre contact, mais j’étais incapable de l’affronter et j’ai préféré ne pas y répondre, convaincu que ça ne changerait pas grand-chose de toute façon puisque nous ne sommes pas sur la même longueur d’ondes. Du moins c’est ce que je pensais jusqu’à maintenant, mais cette proximité qu’il instaure entre nous me rend complètement confus. « Pourquoi tu penses que ce n'est pas réciproque ? » Il ne s’est visiblement ni nu ni entendu lorsque je me suis ouvert à lui. Il ne s’est pas vu figer et il ne s’est pas entendu me dire qu’il m’appréciait. Je hausse une épaule en soutenant difficilement son regard. « Ta réaction… J’ai senti que j’avais dit quelque chose de trop. » Ces mots qu’il ne fallait pas prononcer. Et avec sa réaction, j’avais compris qu’il ne voulait rien de sérieux et qu’il désirait seulement qu’on passe du bon temps ensemble. Sauf que moi, je voulais plus. « Lincoln, tu comptes énormément pour moi ! » Tu m’apprécies, je compte comme un ami, oui je l’ai compris la première fois. Je souris tristement en baissant les yeux tandis que la scène repasse dans ma tête, que je le vois figer juste avant qu’il ne me dise qu’il m’apprécie. « A mes yeux, tu es devenu plus qu'un ami, je crois... » Il croit donc il n’est pas sûr. Malgré les mois qui ont passé, on dirait qu’il ne sait toujours pas ce qu’il veut et je commence à me sentir frustré parce que je ne sais pas quoi penser de tout ce qu’il me dit. Je soupire légèrement et lorsque je relève les yeux vers les siens pour lui répondre, je me fige dès que je comprends ce qu’il s’apprête à faire. Une petite voix dans ma tête me dit de m’éloigner avant qu’il ne soit trop tard, qu’on pourrait nous voir et, surtout, que ce n’est pas une bonne idée alors que Byron semble toujours perdu, mais j’en suis incapable. Mes sentiments prennent le dessus sur tout le reste et je le laisse franchir le peu de distance qu’il reste entre nous même si je ne suis pas certain de saisir la signification de ce baiser. J’ai juste envie de profiter de ce contact avec lui et j’oublie l’endroit où nous nous trouvons tout comme les gens qui nous entourent. C’est seulement lorsque je sens Byron s’éloigner que je rouvre les yeux, le cœur battant la chamade. « Je crois que tu me fais beaucoup d'effets ! » Je me sens comme un adolescent, incapable de cesser de sourire devant celui qui me plait. « Est-ce que je dois comprendre… » Je m’arrête en plein milieu de ma phrase lorsque mon regard croise celui d’un homme pas très loin qui nous dévisage. Je prends alors conscience que tout le monde a pu nous voir et je ne peux faire autrement que de penser à la réaction du père d’Andy. Soudainement, je ne suis plus tellement convaincu que c’était une bonne idée de venir ici. Stressé, je fais un signe à Byron de me suivre sans cesser de lancer des regards autour pour vérifier si d’autres personnes nous regardent. Je mets mes mains dans mes poches et je suis le petit chemin asphalté dans la direction inverse de l’homme. « Ça veut dire quoi pour toi? Je veux dire… pour nous? » murmuré-je en posant sur lui mon regard inquiet. J’aime croire que nous sommes sur la même longueur d’ondes, mais j’ai peur de m’emballer pour rien alors qu’il croit seulement que je suis plus qu’un ami pour lui. |
| | | | (#)Dim 29 Mai 2022 - 14:38 | |
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I think about you but I don’t say it anymore « Elle ne m'a rien promis. Elle m'a juste harcelé de textos. Pour être certaine que je vienne à sa petite sauterie » Un. Deux. Trois. Dix. Vingts messages. Elle n'y est pas allée de main morte. Elle m'a prédit des horreurs si je ne venais pas. Le mauvais œil sur moi. Une vilaine chute dans les escaliers. Une calvitie précoce. Elle a laissé libre court à son imagination débordante. Et j'ai cédé. Pour que sa folie cesse. Et qu'elle me laisse vivre. Paisiblement. « Enfin tu connais Erin mieux que moi. Tu sais que lorsqu'elle a une idée en tête, c'est compliqué de lui faire changer d'avis. Difficile de lui faire lâcher prise. Un vrai piranha ! » Ajoute-je en esquissant un sourire. Si elle m'entendait, si elle était là, elle me jetterais un de ses regards noirs qui font sa renommée. Surtout quand elle a, en face d'elle, une personne qui lui tient tête.
Tandis que je vois qu'il botte en touche concernant le couple, je n'insiste pas. Je comprends qu'il s'agit d'un sujet difficile à aborder. Je ne veux pas le mettre mal à l'aise. Je préfère qu'il s'ouvre à moi. Et discuter de sa relation avec sa sœur jumelle tombe tout à propos. Elle a connu des soucis de santé par le passé. Je l'ai d'ailleurs rencontré le même soir de mes retrouvailles avec lui. Elle n'allait vraiment pas bien. Lincoln m'a confié, ou peut-être Erin, qu'elle avait des problèmes de cœur. Vraisemblablement, à écouter le bouclé, sa santé s'est nettement améliorer. « Elle a un frère aux petits soins. Elle a de la chance de t'avoir ! » Comme lui, j'aurais aimé avoir une famille, un frère, une sœur sur qui comptait. Ça n'a pas été le cas. Du moins dans ma prime jeunesse. Aujourd'hui, il y a Jacob. Il y a Alexa. Mais avant, j'aurais aimé ne pas être seul dans les épreuves que j'ai vécu. Partager mon fardeau. Avoir un grand frère qui prenne ma défense. Surprotéger une petite sœur et prendre les coups pour elle. Le destin en a décidé autrement. J'ai tout pris. Sur mes frêles épaules. Lui, doit avoir de beaux souvenirs avec elle. Des moments de complicité, de partage. Des fous rires. Tant de belles choses. « Vous êtes fous de vous coucher à une heure du matin ! » Dis-je sur le ton de la plaisanterie.
Malgré quelques moments de gêne, la discussion se fluidifie. Et je m'intéresse à son travail. À sa formation en mécanique. Je tente une approche en le complimentant. Il me renvoie gentiment dans les cordes en rappelant à mon bon souvenir notre échange autour des rides et du Père Fouras. Je ris en entendant sa référence. « Je te l'ai pas dit mais je me sers souvent du Père Fouras comme échelle de mesure... Après l'échelle de Richter, l'échelle de Fouras... » Je me tourne un instant vers Diablo. Allongé par tête, il joue avec un morceau de bois. Il se lève et s'approche. Je tends ma main face à lui : « Non, non, non ! Trop vieux ! Trop ridé sur l'échelle de Fouras... Ça ne va pas être possible ! Désolé ! » Le chien me regarde ahuri. Avant d'approcher sa petite tête et me lécher la paume. Sans dire un seul mot, je le caresse. Affectueusement. J'attrape le branche abandonnée au sol et dans un mouvement, je l'envoie puissamment au loin avant de reporter toute mon attention sur l'homme assis à mes côtés. Et après que les projecteurs se soient focalisés sur lui, comme un échange de mon procéder, il s'intéresse à moi. À ma vie depuis notre dernière entrevue. Je lui annonce le vol de ma voiture. Je ne sais ce qu'elle est devenue. Je l'imagine partie vivre une vie romanesque, participer à un braquage avant que son destin ne l'entraîne terminer sa course au fond du fleuve Brisbane. Avant de dénoncer les abus des assurances. Je ne pouvais espérer aucun kopeck de leur part. Trop vieille à leurs yeux. Je grimace. Avant de lui demander si, à tout hasard, il n'aurait pas une 'pépite' à me proposer. Une idée semble germer dans son esprit. Il a, peut-être, une opportunité à me proposer. Mais remettre la voiture en état risque de prendre du temps. « Honnêtement, au point où j'en suis... Je ne suis plus trop pressé... Tant que ça ne me coûte pas un bras ! Ça m'a permis de ressortir mon vélo ! » Même si l'absence de voiture commence à peser, je ne veux pas lui mettre le couteau sous la gorge. Il a ses études alors, même s'il voit cela comme un entraînement, je ne veux pas qu'il y sacrifie tout son temps. Juste pour m'aider. Je ne veux pas de passe-droit. « Fais comme tu peux, sans pression ! » Conclus-je avant de basculer sur le retour imminent de mon frère à Brisbane. Je suis tellement excité à l'idée de le retrouver. Le voir partir alors que nous venions seulement de nous retrouver a été dur à vivre. Même si je comprenais aisément sa volonté de prendre un nouveau départ avec Olivia. « Aucune cohabitation. Ils devraient trouver un petit appartement pour commencer... Et après, il est agent immobilier, je ne me fais pas de soucis pour eux ». Silence. « Je reste le gardien de leur maison ! » Jacob n'est pas encore prêt à y revenir. Trop de souvenirs s'entremêlent. Douloureux. L'esprit de June demeure encore là-bas. Et il ne se sent pas encore la force de s'y confronter. Pour l'instant. En me sachant là-bas, il sait qu'il peut y venir à tout moment. Et je serais là pour l'épauler. Comme un frère.
Et la question fatidique arriva. Compte tenu des événements, m'en voulait-il toujours ? 'Non' est son premier mot. Avant de tenter de s'expliquer. De chercher ses mots. Et d'en conclure que, ce qu'il ressent pour moi, n'est pas réciproque. Il met en cause ma réaction face à ses révélations. « Je ne m'attendais pas à ce que tu te jettes à l'eau... Comme tu l'as fait... » Il a fait preuve de courage. Même courage que je n'ai pas eu, en retour. Complètement sonné par les révélations qu'il m'a faites. Dépassé par les événements, car j'ai botté mon cœur. Pour me protéger. Et il en a fait les frais. Et mon silence l'a fait souffrir. Les termes utilisés n'ont pas été aussi forts que lui. Et il attendait plus. J'ai préféré les gestes à la parole. Plus à l'aise dans le non verbal. Je lui avoue alors qu'il compte sincèrement pour moi. Il n'est pas qu'un simple ami. Bien plus. Et, pour lui prouver encore une fois, je me jette à l'eau, irrémédiablement attiré par ses lèvres. À sa grande surprise. Pendant une fraction de seconde j'ai la crainte qu'il me repousse. En effet, j'ai la sensation qu'une chose le chagrine. Les alentours. Sans doute. Je sais qu'il n'est pas très à l'aise en public, qu'il ne veut pas s'afficher. Sans doute, craint-il également le bis repetita ? Néanmoins, il lâche prise et me permet d'approcher ses lèvres et d'y goûter. Quelques secondes de magie avant que j'y mette fin et lui révéler tout l'effet qu'il me fait. Il semble surpris. Il commence une phrase. Il la met en suspens quand son regard est attiré par un homme qui nous observe. Il n'a pas un regard amical. Son faciès ne peut dissimuler le dégoût que lui procure la vision de deux hommes qui s'embrassent. Et la réaction de Lincoln est sans appel. Il se lève. Il semble effrayé. Il me regarde. Il m'invite à le suivre. Il glisse ses mains poches et avance, dans un petit chemin. Loin des regards. « Mais Lincoln... Attends ! » Soufflé-je. Je le rejoins. Je lui fais face. Nos regards se croisent. Et il termine sa phrase. Il veut être rassuré. À juste titre. Une main sur chacune de ses joues, je lui déclare « Que j'ai envie d'être avec toi... » Je lui souris en gardant mes prunelles plongées dans les siennes. Je dépose un doux baiser sur ses lèvres. Je n'ai jamais été autant troublé par un homme. J'ai toujours réussi à me blinder. À me voiler la face parfois. Mais Lincoln a réussi à fissurer mon bouclier et à chambouler mon cœur. Véritablement. « Tu veux bien ? » Demande-je, en retour. Inquiet d'avoir une fin de non recevoir.
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| | | | (#)Mer 15 Juin 2022 - 21:56 | |
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« Elle ne m'a rien promis. Elle m'a juste harcelé de textos. Pour être certaine que je vienne à sa petite sauterie. Enfin tu connais Erin mieux que moi. Tu sais que lorsqu'elle a une idée en tête, c'est compliqué de lui faire changer d'avis. Difficile de lui faire lâcher prise. Un vrai piranha ! » Ah Erin… est-ce que ça me surprend vraiment de sa part? Pas vraiment, disons qu’elle a tendance à faire ce qu’elle veut et à être insistante pour obtenir ce qu’elle veut, sans vraiment se soucier de ce que la personne en face souhaite réellement. Je suis loin de cautionner ses actions, mais je sais au fond de moi que j’avais besoin de ce gros coup de pied au derrière pour finalement passer à l’action. Peut-être que ça ne s’est pas passé comme je l’espérais avec Byron et que je crains encore de me faire rejeter la prochaine fois que je rencontrerai quelqu’un qui me plaira, mais j’essaie de voir le bon côté des choses et de me réjouir d’avoir réussi à passer par-dessus ce qu’il s’est passé avec Andy même si ce n’est pas facile d’oublier. « En effet, tu as raison, c’est difficile de la faire changer d’avis quand elle a une idée en tête. » Et c’est justement ce qui m’inquiète par rapport à notre relation, je me doute que notre amitié est foutue parce que jamais Erin ne reviendra sur sa décision de couper les ponts avec moi. Même si je m’ennuie de mes deux meilleurs amis, en réalité je sais que je n’ai besoin de personne d’autre que de Tessa et qu’elle est la seule qui sera toujours présente dans ma vie peu importe ce que je pourrais bien dire ou faire. « Elle a un frère aux petits soins. Elle a de la chance de t'avoir ! » Je lance un regard furtif en direction de Byron en lui souriant avant de rapporter mon regard sur mes mains en hochant doucement la tête. « Je suis chanceux de l’avoir aussi. Je ne sais pas ce que je ferais sans elle. » Sans doute que j’aurais appris à me débrouiller comme n’importe quel enfant qui n’est pas né lors d’une grossesse gémellaire, mais comme ça a toujours été ma réalité, je ne peux pas imaginer ma vie sans sa présence. « Vous êtes fous de vous coucher à une heure du matin ! » Je ris et je grimace en relevant la tête vers lui. « Une heure? Si tu savais… » Je roule des yeux en riant. Tessa et moi sommes loin d’être les pires délinquants de la ville même si je n’ai pas toujours été une superbe influence pour elle avec mes idées de merde.
« Je te l'ai pas dit mais je me sers souvent du Père Fouras comme échelle de mesure... Après l'échelle de Richter, l'échelle de Fouras... » J’ouvre tout grand la bouche pour faire mine d’être choqué par sa confidence. « Quoi?! Avoir su, j’aurais déposé une demande de brevet, je serais peut-être riche et je l’ignore. » J’embarque dans son jeu bien que je n’ai jamais été intéressé plus que ça par l’argent. Tant que je peux vivre et faire ce que j’aime, je n’ai pas besoin d’une villa dix fois trop grande pour moi. Je me contente de peu. « Non, non, non ! Trop vieux ! Trop ridé sur l'échelle de Fouras... Ça ne va pas être possible ! Désolé ! » Je rigole en me penchant légèrement pour caresser les fesses de Diablo pour le réconforter. « Mais t’es pas sympa avec lui! Je te ramène avec moi Diablo, tu vas voir, je suis beaucoup plus sympa moi. » Mais il n’a pas grand-chose à faire de ce que je viens de dire, il a tout oublié dès l’instant où Byron lui a lancé ce petit bout de bois qui est devenu le centre de son attention. Ça nous permet de discuter de choses un peu plus sérieuses, de prendre de nos nouvelles. « Honnêtement, au point où j'en suis... Je ne suis plus trop pressé... Tant que ça ne me coûte pas un bras ! Ça m'a permis de ressortir mon vélo ! » Je penche légèrement la tête sur le côté en laissant mon regard se fixer sur ses jambes. « Je vois ça, tes mollets sont en feu. » La vérité, c’est que je ne vois pas grand-chose à cause de ses pantalons, mais j’imagine sans difficulté l’état de ses mollets s’il fait du vélo depuis quelques temps comme il le dit. « Fais comme tu peux, sans pression ! » Je lui souris en hochant la tête. « Je regarde ça cette semaine et je te tiens au courant? » Malgré la façon dont les choses se sont terminées la dernière fois, je suis incapable de lui refuser sa demande parce que, malgré tout, j’ai envie de lui faire plaisir et de lui plaire, quitte à souffrir davantage par la suite. Naïvement, j’espère encore qu’il changera d’avis, comme s’il avait le contrôle sur ce qu’il peut ressentir, je sais c’est con. « Aucune cohabitation. Ils devraient trouver un petit appartement pour commencer... Et après, il est agent immobilier, je ne me fais pas de soucis pour eux. Je reste le gardien de leur maison ! » Je hausse les sourcils, surpris par sa réponse alors que j’ai du mal à me payer un appartement tout seul. « Ça doit être payant comme boulot s’il a les moyens de se payer deux maisons. » L’argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue un peu quand même et j’en sais quelque chose pour avoir été jeté à la rue l’an dernier par manque de sous. « Il pense éventuellement la vendre ou? » demandé-je, curieux.
La glace étant maintenant brisée entre nous deux après tous ces mois à ne pas se parler, nous pouvons enfin crever l’abcès et reparler de ce qui s’est passé même si ce n’est en rien facile. Malgré les mois qui ont passé, ça me fait encore mal de repenser à cette soirée qui, je le croyais, allait marquer le début d’une relation plus sérieuse. D’un nous. J’avais besoin de prendre mes distances avec lui pour me protéger, mais je sais que je ne peux pas lui en vouloir de ne pas ressentir la même chose que moi parce que personne n’a le contrôle de ses sentiments. « Je ne m'attendais pas à ce que tu te jettes à l'eau... Comme tu l'as fait... » Le cœur battant la chamade, je me caresse l’avant-bras pour me rassurer tout en hochant doucement la tête, le regard fuyant. « Je comprends… » Je comprends que j’ai brisé ce moment et que j’aurais dû garder mes sentiments pour moi, rester dans cette illusion que ça se pouvait lui et moi plutôt que de tout faire éclater. Pourtant je croyais que c’était le bon moment, qu’après quelques mois à nous revoir pour apprendre à nous connaître, qu’on était rendu là. Je croyais que de m’inviter à passer la soirée et même la nuit chez lui représentait quelque chose pour lui. Encore aujourd’hui, Byron me prend par surprise en initiant une fois de plus un rapprochement. Malgré la petite voix dans ma tête, je suis incapable de le repousser, cloué sur place par mon cœur qui ne demande qu’à répondre à son baiser. Je suis complètement perdu, mais je le laisse mener la danse sans pouvoir faire autrement que de regoûter ses lèvres. « Mais Lincoln... Attends ! » Je m’arrête et je me retourne vers lui pour l’attendre. Je profite ce moment pour le questionner sur la signification de ce baiser et j’espère que cette fois-ci, je ne serai pas déçu comme la dernière fois. « Que j'ai envie d'être avec toi... » En entendant ses mots, je passe ma langue sur mes lèvres en fronçant légèrement les sourcils. Est-ce que j’ai vraiment bien compris? Après la réaction qu’il a eue il y a sept mois, j’ai un peu de mal à réaliser ce qu’il se passe en ce moment même si j’ai tout l’envie du monde d’y croire malgré la peur qu’il change d’idée dans une semaine après les mots qu’il a utilisés un peu plus tôt. Le doux baiser qu’il dépose sur mes lèvres, toutefois, suffit à taire mes inquiétudes. « Tu veux bien ? » Derrière ses paroles j’entends les battements de mon cœur qui me martèlent les tympans. Malgré mon silence ces derniers mois, je n’ai pas réussi à l’oublier et même s’il n’a pas répété les mots que je lui ai dits en septembre, je comprends aujourd’hui qu’il ressentait la même chose et je regrette d’avoir agi comme je l’ai fait. « Oui. » À la seconde où je prononce ce mot si simple et pourtant si fort, mes lèvres s’étirent en un sourire immense que je suis incapable de réprimer. « Je n’ai pas arrêté de penser à toi… » lui avoué-je en posant doucement mes paumes sur son visage pour caresser ses joues à l’aide de mes pouces.
Dernière édition par Lincoln Mulligan le Mer 29 Juin 2022 - 7:39, édité 1 fois |
| | | | (#)Mer 29 Juin 2022 - 7:06 | |
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I think about you but I don’t say it anymore La relation frère-sœur qu'ils construisent en symbiose est belle à voir. Ils sont les deux faces d'une même pièce. Unis par delà l'adversité et les épreuves de la vie. L'attachement incommensurable qu'il ressent pour sa sœur se perçoit dans la prunelle de ses yeux lorsqu'il parle d'elle. Touchant. Émouvant. Reflet indestructible de ce lien fraternel. « Dis-moi ! Je ne t'imagine pas sage comme une image ! Quelles bêtises as-tu fait ? » lui posé-je comme question. Je ne pense pas qu'il ait pu voler une voiture ou dégrader une vitrine dans un excès de folie. Néanmoins, il a attisé ma curiosité en dévoilant une possible part d'ombre.
Je ris à sa réaction disproportionnée face à mon utilisation improvisée de l'échelle de Fouras. S'il espère empocher le pactole avec ça. Il se 'fourre' le doigt dans l’œil. Je fais une grimace exagérée avant de lui donner un conseil. « Trouve quelque chose de plus rentable. Je ne suis pas sûr, je suis même certain que ton brevet ne va pas te rapporter un kopeck ! » Avant d'illustrer par un exemple mon utilisation de l'échelle de Fouras. Diablo me sert de cobaye. Et il ne comprend pas. Ses yeux innocent se pose sur moi. Il n'a envie que d'une chose. Jouer. Pour se faire. Il me tend un morceau de bois. Lincoln prend sa défense. « Pour qui je passe ? Un maître indigne ! Merci de ton soutien ! » Pour oublier cette traîtrise, j'envoie le morceau de bois le plus loin possible. Tandis que j'observe la bête courir chercher son joujou, Lincoln se questionne sur ma vie. Je lui annonce le vol de ma voiture. Et j'en profite pour prospecter et savoir s'il n'a pas une affaire à me proposer. Il semblerait qu'il ait une occasion en. Je ne veux lui mettre aucune pression. Entre ses études et son travail, je ne veux pas me l'accaparer. « Tu fais au mieux ! Ne t'inquiète pas pour moi ! Je saurais patienter ! » Dis-je avec un sourire. Le vélo est devenu mon nouvel ami. Que je l'utilise trois jours, une semaine ou un mois supplémentaire, je ne suis plus à ça prêt. Et ce n'est pas si désagréable. Peut-être un peu plus dangereux. La cohabitation avec les automobilistes n'est jamais simple. Une jungle que je tente d'apprivoiser.
La discussion s'oriente sur le retour en ville de Jacob. Et une question logistique taraude Lincoln. Habitant l'ancienne maison du couple qu'il forme avec Olivia, il s'interroge, à juste titre, sur une probable cohabitation. Je l'éclaire. Je reste dans la maison du couple. Ils vont trouver un nouveau cocon. Le bouclé est surpris. « À titre personnel, il me fait un prix, je l'avoue. En contrepartie, j'entretiens et je veille sur la maison car ils y ont laissé beaucoup de souvenirs ! » Face à ma première réponse, il s'interroge sur les revenus de Jacob. Je ne me suis jamais réellement posé la question. La maison doit valoir son prix. Par ailleurs, le père de Jacob, notre père, n'est pas à plaindre. Loin de là. Il est fortuné. Je présume qu'il a soutenu son fils dans ses projets. Ainsi, Jacob gagne bien sa vie. Il est à la tête d'une entreprise florissante. « Je ne crois pas que ça soit dans ses projets immédiat... » Je regarde Lincoln un instant. J'hésite à lui révéler un pan de la vie de mon frère. Très personnel. Je me mords la lèvre inférieure. Et, finalement, je me jette à l'eau. « Le souvenir de sa fille est encore très présent entre les murs de cette maison... » Le pavé est lâché. J'espère qu'il saura tenir sa langue. Lincoln est une personne de confiance. Je le crois.
Nous parlons à cœur ouvert. Chacun dévoile son ressenti sur les événements. Je lui explique que les révélations qu'il m'a faites m'ont surpris. J'ai perdu mes mots. Je ne savais que répondre. Je tiens à Lincoln mais j'étais dans l'incapacité de lui dire. Ouvertement. Et les mots employés n'ont pas été d'une grande justesse. Parce que ce n'est pas dans mon tempérament de me mettre à nu. De dévoiler mes sentiments. Je préfère l'embrasser plutôt que verbaliser ce que je ressens. Et, il ne me repousse pas. Il y répond. Je suis soulagé. Mais son attitude devient plus énigmatique lorsqu'il coupe court à ce moment de symbiose, que son regard s'attarde sur un passant qui nous dévisage. Et il perd de la contenance. Et il fuit. Sonné par son attitude, je ne réfléchis pas. Je le suis. Je l'apostrophe. Je tente de l'arrêter. Il m'entend. Il m'attend. Nous nous regardons. Et il me questionne. Sur les raisons de se baiser. Baiser qui peut paraître à un échappatoire face aux mots. Dos au mur, recevant de plein fouet le regard de Lincoln, je lui avoue mon envie. Être avec lui. Il fronce les sourcils. Comme s'il n'osait y croire. À juste titre. Il ne dit rien. Mon cœur s’emballe. Toujours aucune parole de sa part. Ai-je eu raison de lui dire. Je déglutis. Avant d'insister. Et finalement un seul mot traverse la barrière de ses lèvres. 'Oui'. Lorsque je l'entends, j'ai comme une bouffée de chaleur. Et, presque instantanément un sourire transparaît sur mon visage. Comme sur le sien. Puis, délicatement, ses mains enserrent mon visage. Et je sens son souffle chaud sur mon visage. Mes yeux bleus plongent irrémédiablement dans ses iris tandis que je l'écoute. « Lincoln... » Dis-je dans un souffle. Je me mordille la lèvre inférieur. Et je me jette à l'eau. « Je crois que tu es la première personne avec laquelle j'ai réellement envie d'être... » C'est dit. Je ne peux plus faire marche arrière. Les jalons sont posés. « Parce que tu es si différents des autres... » J'ai succombé à son caractère, ce manque de confiance en lui qui le rendent si attachant. Sans me soucier des regards alentours, j'approche mon visage du sien et dépose un nouveau baiser sur ses lèvres.
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| | | | (#)Dim 24 Juil 2022 - 3:33 | |
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« Dis-moi ! Je ne t'imagine pas sage comme une image ! Quelles bêtises as-tu fait ? » La réponse à sa question est à double tranchant. D’un côté, j’essaie de me convaincre que Byron n’est probablement pas la sagesse incarnée lui non plus et que mes confessions n’auront aucun impact négatif sur notre relation, de l’autre, je crains qu’il ait maintenant une opinion négative sur ma personne, déjà que nous avons déjà surmonté plusieurs embûches malgré que nous ne nous connaissons pas depuis si longtemps que ça. « Parfois on se couche à trois heures, imagine. » Je tente d’avoir l’air le plus innocent que possible, mais j’ai du mal à me retenir de rire parce que je me doute que ce n’est probablement pas ce à quoi il s’attendait. « T’es en train de dire que j’ai une tête de malfrat? Moi? » Je fais mine d’être choqué par ses paroles avant de hausser les épaules en prenant bien mon temps pour répondre histoire de faire durer le suspense un peu plus longtemps. À dire vrai, je suis quand même un peu surpris qu’il ait cette opinion de moi, même s’il n’a pas tort. Apparemment qu’il faut se méfier des timides. « J’ai volé des bonbons dans un magasin quand j’étais gamin. Tessa a essayé de prendre le blâme pour moi, c’est bien la seule fois où ça a presque fonctionné. » Ça a été le début d’une petite série d’infractions que j’ai commises bien que je n’ai jamais rien fait de bien méchant. « Pendant les fêtes, je voulais partir de la maison, mais je n’avais pas encore mon permis… Je suis alors parti avec la voiture de mon frère que j’ai fait démarrer avec les fils. Tessa et moi on s’est fait choper par les policiers. Notre mère a pris son temps avant de venir nous chercher au poste de police… là non plus elle n’a pas cru Tessa qui a essayé de prendre le blâme encore. » Je ris en repensant à cette soirée, bien que je n’avais aucune envie de rire sur le moment alors que je voyais une fois de plus la déception dans le regard de nos parents. « Puis l’an passé j’ai volé une montre dans une bijouterie. Je n’en suis pas fier, mais j’avais vraiment besoin d’argent. » expliqué-je en baissant honteusement les yeux. J’aurais pu lui parler d’Andy aussi, de ma fugue en lien avec ce qu’il s’était passé, mais j’ai tout sauf envie de parler de mon ex avec Byron aujourd’hui alors je m’abstiens.
« Trouve quelque chose de plus rentable. Je ne suis pas sûr, je suis même certain que ton brevet ne va pas te rapporter un kopeck ! » Je me pince les lèvres sans le quitter des yeux, l’air dubitatif. « C’est parce que tu veux garder mon idée pour toi, pour te faire une fortune sur mon dos, je l’ai déjà compris ton manège. » Il a déjà créé l’échelle de Fouras, je vois clair dans son jeu. Pourquoi arrêter le délire quand on peut aller plus loin? Ce n’est peut-être pas sérieux comme discussion, mais ça m’aide à me détendre, à briser la glace avant qu’on entre dans le vif du sujet. « Pour qui je passe ? Un maître indigne ! Merci de ton soutien ! » Je hausse les épaules avant de lever un index. « Team Diablo ici présent. » Et alors que je m’apprêtais à gratouiller le ventre du chien, Byron lance plus loin un morceau de bois pour le distraire ce qui nous permet de faire dévier la discussion vers un sujet plus sérieux. « Tu fais au mieux ! Ne t'inquiète pas pour moi ! Je saurais patienter ! » J’apprécie qu’il ne me mette pas de pression même si je sais au fond de moi qu’il n’aura pas à attendre bien longtemps. Je déteste devoir quoi que ce soit à quelqu’un, même si je ne suis lui dois rien, évidemment. Je me suis engagé et je compte tenir ma parole. « C’est rien que pour ça que tu voulais qu’on se voit en fait, c’est ça? Pour m’utiliser. » Est-ce que je le pense? Pas le moins du monde, mais malgré ça, j’ai quand même un petit stress lorsque je lui fais la blague. Des fois que. Des fois qu’il ne serait pas honnête comme Archie. Je ne sais plus à qui je peux faire confiance. Malchanceux, Byron n’a pas seulement perdu sa voiture, mais aussi son appartement l’an dernier. Il peut toutefois se compter chanceux dans sa malchance d’avoir un frère prêt à lui passer sa maison, un arrangement qui leur convient bien aux deux au final. « À titre personnel, il me fait un prix, je l'avoue. En contrepartie, j'entretiens et je veille sur la maison car ils y ont laissé beaucoup de souvenirs ! » Tant mieux s’ils pouvaient tous les deux se le permettre et s’ils avaient une relation assez forte pour avoir confiance en l’autre de la sorte. Peut-être que Tessa et moi sommes proches depuis toujours, mais je tomberais des nues le jour où Freddy me ferait une proposition de la sorte. « Je ne crois pas que ça soit dans ses projets immédiat... Le souvenir de sa fille est encore très présent entre les murs de cette maison... » Même si Byron ne révèle pas tous les détails de la vie de son frère, il en dit suffisamment pour que je comprenne que quelque chose est arrivé à sa nièce. Je l’observe en silence sans trop savoir sur quel pied danser. Je me dis que s’il m’en a révélé autant, c’est peut-être parce qu’il désire en parler? « Je comprends. Ça doit être difficile de dire aurevoir à ces souvenirs… En même temps, ça doit faire mal de les voir tous les jours. » Je peux donc comprendre ce besoin de vivre ailleurs sans toutefois renoncer à cette maison.
L’amour rend aveugle ou peut-être voyons-nous seulement ce que nous souhaitons voir. Dans tous les cas, peut-être que je devrais me poser davantage de questions alors que notre relation a eu un début un peu particulier, que nous avons déjà eu plusieurs obstacles à franchir alors que la période de lune de miel est techniquement loin d’être terminée, mais mon cœur prend le dessus sur ma tête et mes sentiments taisent mes inquiétudes. J’ai envie d’y croire, de croire que je mérite enfin d’être heureux et qu’il a été remis sur mon chemin pour une bonne raison. « Lincoln... Je crois que tu es la première personne avec laquelle j'ai réellement envie d'être... Parce que tu es si différents des autres... » Je me rends compte une fois de plus que j’en sais si peu sur lui, sur son passé et ses expériences et j’ai tout un tas de questions qui me traversent déjà l’esprit pour découvrir qui il est vraiment, les bons comme les moins bons côtés. « Vraiment? » Dès notre première rencontre il y a plusieurs années, il a toujours semblé à l’aise avec la séduction. Peut-être était-ce naïf de ma part, mais j’ai toujours pensé qu’il avait été en couple plusieurs fois dans sa vie. Est-ce que je me suis trompé ou est-ce que ces relations étaient sans importance? « Je suis content d’entendre ça et je me sens tellement con de t’avoir ignoré tout ce temps. » Si je n’avais pas mal interprété sa réaction en septembre, nous aurions pu être ensemble ces derniers mois plutôt que je sois misérable dans mon coin à me faire des idées. La deuxième fois en même pas un an à couper le contact avec lui parce que je comprends mal ses propos ou la façon dont il doit se sentir. « J’ai toujours été meilleur pour fuir… » Qu’il s’agisse d’Andy, Byron, Adriel, Freddy ou même mes parents, la fuite est toujours mon moyen de défense de choix lorsque la situation devient trop tendue. Heureusement pour moi, Byron ne semble pas m’en tenir rigueur, une fois de plus. Il n’a peut-être pas prononcé les mots que je lui ai dits en septembre dernier, mais je sens aujourd’hui que nous sommes sur la même longueur d’ondes et j’ai confiance qu’à son tour il réussira à les prononcer lorsqu’il se sentira prêt. Nous avons chacun nos combats et, présentement, c’est moi qui ne suis pas prêt à m’exposer davantage publiquement. « Pas ici… » murmuré-je en m’éloignant légèrement de lui lorsqu’il pose ses lèvres contre les miennes. Je me sens mal de le repousser, mais je ne suis pas encore rendu là dans mon cheminement, j’espère qu’il le comprendra et qu’il ne m’en voudra pas trop. « Après tout ça, je n’ai toujours pas goûté ta moussaka… » dis-je en riant légèrement pour détendre l’atmosphère – surtout me détendre moi. |
| | | | (#)Dim 20 Nov 2022 - 18:41 | |
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I think about you but I don’t say it anymore Il doute. Pourtant, je suis sincère. Je tremble. Mes poils se hérissent. Il a chamboulé ma vie. Complètement. Certes, avec l'aide d'une bonne étoile. Erin y a mis son grain de sel. Toute la salière. Et mes deux hommes se sont retrouvés. « Évidemment Lincoln ! » Sans dire un mot, je prends l'initiative de rapprochement ma main de la sienne et de la gratifier d'une caresse. Pour le rassurer sur mes sentiments. Et je l'écoute. Il regrette ses actes. « Inutile de ressasser le passé ! » Notre relation est basée sur des incompréhensions. Des craintes. Fondées ou infondées. L'essentiel ? Que nous nous soyons retrouver. Je souris à sa dernière remarque. J'accroche son regard, je ne le quitte pas. « Et moi, j'aime te courir après ! » Peut-être suis-je légèrement masochiste, mais il me fait un effet que je n'aurais jamais cru possible. Et, malgré les pérégrinations de notre 'relation', nos va-et-vient, nous voici à nouveau réunis. Je n'ai plus envie de laisser passer ma chance. Lincoln est un diamant brut. Je ne veux pas qu'il fuit encore. Et définitivement. Je réagis. Et je lui avoue ce que je ressens. Le chamboulement qu'il a provoqué au plus profond de moi. Je conclus mes propos par un baiser. Sa réaction est sans appel. Il se retire. Je me mordille la lèvre inférieure. Pour cacher ma frustration face à ce rejet. J'entends sa défense. Je la respecte. J'espère néanmoins qu'il arrivera à dépasser sa crainte du regard des autres. Pour aller de l'avant. « Tu sais Lincoln, les mentalités ont évolué. Sois toi-même. Qu'importe ce que pensent les autres ! » A défaut de l'embrasser, je saisis sa main et, délicatement, du pouce, je la caresse tout en plongeant mon regard dans le sien. Pour l'apaiser. Je sens la tension qui émane de lui. Tension qu'il tente d'apaiser en rappelant à mon bon souvenir l'épisode de la moussaka. La fameuse. « Je suis désolé de te décevoir. Elle était excellente, en toute modestie ! » Même si elle avait un petit goût amer. « J'ai d'autres cartes en main pour faire chavirer tes papilles ! » Petit clin d’œil appuyé.
« Tu veux qu'on se trouve un endroit plus intime ? » Demandé-je. Le jeune bouclé n'est pas à l'aise en public. Dans un endroit plus calme, sans regard inquisiteur. Où il pourrait lâcher prise. Parce que j'ai envie de me reprocher de lui. Le serrer dans mes bras. Déposer mes lèvres sur les siennes. « Je peux t'offrir un verre chez moi ? » Je cligne des yeux, faussement innocent tout en continuant à caresser sa main. Diablo, à nos pieds nous regarde. Il aboie avant de se jeter sur moi. « Tout doux ! Tout doux ! » Je pose ma main libre sur le sommet de sa caboche. « Tu ne veux pas nous laisser tranquille ! » Sacré chien ! Toujours à rappeler sa présence dans les moments importants. Tout en reportant mon attention sur Lincoln, j'ajoute à son attention, avec une pointe d'humour... « Attention, si tu acceptes de faire un bout de chemin avec moi... Il faudra que tu l'acceptes aussi ! » Pourra-t-il résister à cette si jolie bouille ? Je ne crois pas.
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| | | | (#)Mer 4 Jan 2023 - 22:14 | |
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« Évidemment Lincoln ! » J’ai besoin d’être rassuré en permanence depuis que je suis haut comme trois pommes et Byron n’y échappe pas. Ses paroles me font beaucoup de bien alors que j’ai tendance à me dénigrer et que j’ai du mal à reconnaître ma propre valeur. Je me permets enfin à lui sourire en hochant doucement la tête lorsqu’il me rassure, il ne dit pas ça que pour me faire plaisir, mais parce qu’il le pense vraiment et j’ai du mal à le croire après le parcours inhabituel que nous avons eu jusqu’à maintenant. Malgré nos multiples malentendus et la souffrance qu’ils ont engendrée chez moi, j’ai envie d’y croire et de nous laisser une chance pour voir ce que l’avenir peut nous réserver. Ah, si seulement je savais… « Inutile de ressasser le passé ! » Considérant le temps que ça m’a pris pour réussir à passer par-dessus ma mauvaise expérience avec Andy, on peut dire que j’ai du mal à écouter ce conseil habituellement. Pourtant, aujourd’hui j’ai envie de me laisser bercer par l’espoir et de me laisser tenter à regarder vers l’avant. Je vois enfin la lumière au bout du tunnel, l’avenir me semble paisible et prometteur. « Tu as raison. » Discrètement, je remue légèrement le bout de mes doigts pour caresser sa main en retour. « Et moi, j'aime te courir après ! » Je ris doucement en me caressant la nuque d’une main. « Ah ouais? C’est là que je dis que tu ne cours pas vite? » demandé-je avec un sourire taquin au coin des lèvres. Quoi? C’est vrai, on ne peut pas dire qu’il m’ait vraiment couru après que j’aie pris sa réaction comme un désintérêt lorsque je lui ai fait part de mes sentiments pour lui ou même pour mon silence après mon anniversaire l’an dernier.
Je ne suis pas stupide, je le vois bien à sa réaction qu’il est frustré que je le repousse, mais c’est plus fort que moi, le traumatisme bien trop ancré en moi malgré les années qui ont passé. J’ai peur de souffrir encore, non pas par sa faute présentement, mais par celle des inconnus qui nous entourent. « Tu sais Lincoln, les mentalités ont évolué. Sois toi-même. Qu'importe ce que pensent les autres ! » J’ai beaucoup de difficultés à le croire considérant la lenteur avec laquelle les mentalités ont tendance à changer. Il ne s’est pas passé cinquante ans depuis que j’ai fréquenté Andy, mais un peu plus de dix ans seulement. Connaissant le père de mon ex, je vois difficilement comme il pourrait être ouvert à l’homosexualité aujourd’hui et je suis convaincu qu’il n’est pas le seul dont l’image de deux hommes s’embrassant le répugne. « Ce n’est pas aussi simple… » murmuré-je en baissant mon regard sur sa main qui caresse la même. J’aimerais avoir encore l’innocence que j’avais à l’époque, mais on me l’a enlevée. Plutôt que de laisser le malaise gâcher ce moment, je tente de détendre l’atmosphère en changeant de sujet. « Je suis désolé de te décevoir. Elle était excellente, en toute modestie ! » Et je n’en doute pas une seconde, je pense que j’arrive encore à me rappeler de l’odeur. « Il y en a au moins un de nous deux qui a pu en profiter. » Et ce n’est pas moi. « J'ai d'autres cartes en main pour faire chavirer tes papilles ! » Son clin d’œil pique ma curiosité, je me demande bien à quoi il peut penser. « Ah oui? Quoi donc? Mais tu vas aussi me refaire ta moussaka hein? » Pas question que je passe à côté depuis le temps qu’il m’en parle.
« Tu veux qu'on se trouve un endroit plus intime ? » Ce n’est pas aujourd’hui que je goûterai à ce mets grec, toutefois, et ce n’est pas grave, j’ai surtout envie de profiter de sa présence, de voir naître notre histoire. « Je peux t'offrir un verre chez moi ? » Mon sourire s’étire juste avant que je ne puisse m’empêcher de mordiller ma lèvre inférieure en remarquant l’étincelle espiègle dans son regard azur. Je ne le connais peut-être pas tant que ça, mais il n’a pas une gueule d’ange Byron et je me doute que ça va commencer par un verre, mais que ça ne s’arrêtera pas là. « Avec plaisir. » réponds-je timidement en mettant mes mains dans mes poches. Et comme s’il avait peur qu’on l’oublie, Diablo s’en mêle. « Tout doux ! Tout doux ! Tu ne veux pas nous laisser tranquille ! » Je ris en regardant le maître et le chien se chamailler. « Lui aussi il veut de l’attention, que veux-tu. » Et je ne le blâme pas, on ne peut pas dire qu’on lui en ait beaucoup donnée depuis que nous sommes ici. « Attention, si tu acceptes de faire un bout de chemin avec moi... Il faudra que tu l'acceptes aussi ! » Après Hemingway, je peux bien endurer le beagle. Byron est chanceux, j’adore les animaux. « Ce n’est pas un problème pour moi. » lui assuré-je en haussant les épaules d’un air innocent avant de donner un coup de tête en direction du stationnement. « On y va? » Sans plus attendre, je me dirige vers nos voitures sans le quitter des yeux, fébrile, mais surtout reconnaissant que la vie me donne une seconde chance. |
| | | | | | | | (Byron & Lincoln) I think about you but I don’t say it anymore |
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