Depuis le décès de notre mère, Samuel s'est muré dans un silence que j'ai de plus en plus de mal à supporter. J'ai l'impression de revenir des années en arrière lorsque le diagnostic d'asperger est tombé et qu'il était encore trop jeune pour arriver à communiquer. Mes deux semaines de congés touchent bientôt à leurs fin, j'appréhende déjà son retour à l'école ansi que les crises d'anxiété que cela va forcément engendrer. Sam a toujours été un petit gars solitaire pourtant, depuis les funérailles, il a développé une autophobie probablement liée à la peur d'avoir à essuyer une nouvelle perte. Désormais, je me dois de rester dans son champ de vision alors qu'avant c'est à peine s'il m'autorisait à passer plus d'une demie-heure dans sa chambre. J'ai beau lui promettre que je ne partirai jamais, le départ précipité de celle qu'on aimait a fait des ravages qu'il m'est impossible de réparer. Sa pédopsychiatre m'a conseillé de laisser faire le temps et pourquoi pas songer à l'adoption d'un animal de compagnie comme si la solution miracle résidait dans la simple obtention d'une boule de poils. C'est pas un chien qui va réussir à combler le trou béant qu'elle a laissé, quant au temps, je suis bien placé pour savoir qu'il peut être aussi destructeur que réparateur. Pour autant, son discours s'est tout de même niché dans mon esprit et c'est en faisant des recherches sur internet que je me suis vite rendu compte qu'au delà d'une simple présence rassurante, le chien pouvait se montrer d'une grande aide pour les enfants présentant des troubles de la sphère autistique. Alors, quand j'ai vu l'affiche du shelter collée sur la vitrine de notre boulangerie préférée, j'ai pas pu faire autrement que de proposer à Sam d'aller y faire un tour.

"Pâques c'est naze et les chrétiens sont des menteurs ! Il finit par dire après avoir passé la matinée à ne pas parler, le nez dans sa tablette offerte par le centre asperger, à regarder des vidéos explicatives sur la fête qu'on s'apprête à célébrer. Si la résurrection existait vraiment, maman serait de retour parmi nous. Qu'est-ce que je peux bien répondre à ça ? Si ce n'est que je pense qu'elle est toujours là, malgré tout. Le pire, c'est quand je me surprends à voir des signes où y'en a pas. Je la vois dans l'hirondelle qui vient faire cogner son bec contre la fenêtre pendant qu'on prend le petit-déjeuner ou dans les vieilles chansons qu'on avait pour habitude d'écouter et qui surgissent sans crier gare dans les baffles de l'autoradio. Samuel est trop rationnel pour croire à ce genre de balivernes et lui exposer de telles théories ne ferait que l'énerver davantage. "Regarde comme ils sont mignons !" Rien de mieux que des petits chiens pour faire diversion. Sam trottine en direction du stand et tend directement la main vers un golden qui se lève sur ses deux pattes arrières pour venir réclamer des caresses. "Bonjour, j'ai lu qu'il était possible d'emprunter un chien pour la chasse aux oeufs ?" Je demande à la fille qui se tient derrière le stand ( @Addie Shephard) tout en ne quittant pas des yeux mon frangin qui s'est assis en tailleur devant son nouveau pote pour l'après-midi. "Je crois qu'ils se sont bien trouvés tous les deux. Il se nomme comment ?" Je demande en montrant le chien qui s'amuse à lécher la main de Sam ce qui lui arrache une grimace suivi d'un petit sourire. Le premier du mois d'avril et rien que pour cette raison, je suis heureux de l'avoir poussé à sortir de l'appartement.

Spoiler:

 

Pâques était une fête que Marvin a toujours apprécié, et en même temps, elle avait fini par le lasser. En effet, quand il était petit, il aimait voir tous ces chocolats exposés dans les boulangeries de Genève, ainsi que tous ces chocolatiers qui exposaient leurs trouvailles sur des étales durant les marchés dominicaux. Il aimait aussi énormément aller chez ses grands-parents avec ses parents, s'asseoir à une table en regardant les dessins animés et en attendant que les cloches passent. Finalement, quand elles étaient passées, il courait dans le jardin avec ses cousins/cousines et se mettait à chercher frénétiquement les œufs. Il faisait parti de ces petits assassins qui mangeaient les chocolats avant de les avoir tous trouvé et se plaignant de ne pas en avoir plus. Mais il finissait souvent par pleurer car son ventre lui hurlait de cesser ce massacre. En grandissant, il avait fini par associé cette fête à un standard commercial grotesque. Le prix du chocolat ne cessait d'augmenter, les gens se ruaient dans les étales en se poussant les uns les autres. Oui, tout cela avait fini par le lasser.

Mais il s'accordait, tout de même, à dire que cette fête rendait Genève beaucoup plus belle qu'elle ne l'avait jamais été. Les décorations dans les boulangeries, les affiches accrochées partout, les jardins en fleur et les gens constamment souriant, rendait cette ville aussi joviale que cordiale auprès des touristes qui pouvaient venir. En devenant adulte, il s'était vite rendu compte, malgré, qu'elle ne soit la capitale du chocolat, la Suisse demeurait un pays neutre et souriant à chaque moment de l'année. Pâques ne faisait pas exception. C'est pourquoi à trente ans, il s'extasiait toujours de la même manière face aux évènements que sa ville natale pouvait organiser : comme des lotos, des chasses aux œufs dans les grands parcs, les marchés dominicaux, les tombolas ... Elle faisait tout pour qu'on vienne, tout pour qu'on l'apprécie jusqu'à s'y installer. C'est sans doute pour cette raison que ses parents s'y étaient établis, car non ils n'étaient pas Suisses de nature. L'un était français, tandis que l'autre était anglaise.

C'est pourquoi lorsqu'il apprit que le refuge organisait une grande chasse aux œufs dans le parc, ainsi que d'éventuelles adoptions, il n'avait pas hésité une seule seconde. En effet, malgré qu'il ait trente ans aujourd'hui, il demeurait un grand enfant et aimait se joindre à des évènements communs, surtout si ça pouvait aider les animaux. Ainsi, il siffla rapidement Sulko, son malamute de cinq ans, lui mit sa laisse et partit rapidement jusqu'au parc. Celui-ci, tout content d'une promenade inattendue, se mit à trottiner à côté de son maître tout en l'écoutant convenablement. Après une bonne demi-heure de marche, il était enfin arrivé à l'oasis providentielle. Il était quatorze heures. Il était arrivé à l'heure ... Pour une fois. Rapidement, il observa et pas beaucoup de monde n'était encore présent, mais il espérait qu'ils seraient plus et que les chiens trouveraient chaussures à leurs pattes. Il n'était qu'un graphiste inspirant les affiches du refuge, mais il espérait tout de même que les bénévoles le reconnaitront.

Soudain, son chien lui arracha la laisse et courut immédiatement vers deux jeunes gens, qui étaient avec un gros chien et une petite staffie. Il poussa un soupir mais courut immédiatement vers Sulko. Là, heureusement pour lui, il réussit à mettre un pied sur la laisse et stoppa le malamute dans sa course. Peut-être pas à temps, puisqu'il avait son nez vers les fesses de la staffie. " Excusez-moi ... Cette chasse le surexcite, je crois. " Il adressa un petit sourire désolé aux deux jeunes gens, tandis qu'il tentait de calmer son monstre.

En réalité, depuis son adolescence, Marvin a toujours admiré les gérants de refuges animaliers. En effet, il les admirait pour leur détermination à sauver les animaux qui peuplaient cette planète, leur respect pour l'espèce animale, leur amour inconditionnel pour elle, et surtout leur pédagogie pour certaines personnes. Surtout ces personnes qui se permettaient d'abandonner des êtres qui les aimait plus qu'ils ne pouvaient s'aimer eux-mêmes. Il ne les comprendrait sans doute jamais. Comment pouvait-on abandonner des animaux ? Bon bien sûr, des raisons pouvaient sembler justifiées, mais pour lui, elles étaient tout bonnement impardonnables. Surtout abandonner un chien. Comment osait-on le faire ? Alors que ce canidé est né pour aimer l'espèce humaine, pour la protéger, pour l'aider dans son travail, et surtout lui sauver la vie quoiqu'il advienne. Pour le blond, le chien n'est pas seulement le meilleur ami de l'Homme, mais aussi son ange gardien. Il a été créé pour remettre l'espèce humaine sur le droit chemin, pour lui apprendre l'empathie et surtout lui montrer à quel point la bonté existait bel et bien.

Et Sulko en était la preuve vivante. Oh bien sûr, on pourrait considérer que c'est plutôt Marvin qui a sauvé le chien, en le sortant de la benne à ordures avec sa fratrie, mais le trentenaire voyait les choses autrement. En effet, à l'époque où il avait trouvé cette petite boule de poil, il vivait une histoire d'amour peu commune, qui le pourrissait de l'intérieur, et ses parents lui rendaient la vie extrêmement dure. Alors, sans hésiter une seconde, il l'avait gardé. Au début, le chien ne fut qu'un moyen pour lui de sortir de sa routine, d'échapper à son quotidien et de vivre autre chose. Mais bien rapidement, il devint l'ami qu'il n'a jamais connu de toute sa vie. Il pouvait lui confier absolument tout, sachant qu'il tiendrait sa langue, il pouvait pleurer dans son poil sans que personne ne le sache, et il pouvait tout simplement vivre des moments de pure complicité que personne ne pourrait leur enlever. C'est pourquoi quand son chien lui échappait, faisait l'imbécile, il ne le disputait jamais, le laissant simplement exprimer sa joie et le féliciter ensuite d'être revenu vers lui.

Lorsque la chienne claqua plusieurs fois des crocs vers Sulko, celui-ci recula immédiatement en couinant et posant ses oreilles dans son poil. Malgré sa grande taille, et surtout sa carrure imposante, le mâle demeurait tout de même un chien assez soumis vis-à-vis des autres. Dans sa fratrie, il a toujours été celui qui était le plus timide, le plus calme et le plus doux. Finalement quand le maître de la chienne ( @Clément Winchester ) indiqua que ce n'était rien et qu'elle n'avait jamais mordu, Marvin lui adressa un sourire conciliant. " Ne vous en faîtes pas. De toute façon, il faut bien qu'ils communiquent entre eux, non ? " Finalement, il posa ensuite ses yeux sur les deux protagonistes face à lui et hocha la tête. " Enchanté tous les deux. Moi, c'est Marvin. " Puis, il regarda ensuite son chien qui s'était légèrement rapproché de le chienne, et ils semblaient se respectaient cordialement. C'était parfait. Il aimait vraiment Sulko, car celui-ci était très bien codé. Et heureusement pour lui, ce n'était pas grâce à lui mais plutôt grâce aux chiens qu'il a pu rencontré.

" Bénévole au refuge, donc ? Moi j'offre mes talents de graphiste de temps en temps pour vos flyers, je ne sais pas si vous les avez déjà vu. " Il avait dit cela en souriant à la jeune femme brune,  @Leto Sinclair. Quand Clément proposa de faire un tour de parcours, pour le découvrir, un franc sourire apparut sur les lèvres du trentenaire. " Bien entendu. Et puis nous sommes là pour cela n'est-ce pas ? Enfin mis à part les adoptions, bien sûr. " Un autre jeune homme brun apparut dans le schéma, et il put remarquer que Sulko venait immédiatement vers le chien qui l'accompagnait,  @Lyvan Gremlins.

Samuel tire sur la manche de sa veste pour caresser le petit golden qui se trouve attacher. Il a l'air d'apprécier cette rencontre autant que la boule de poils qui en redemande à chaque fois qu'il met fin à son geste pour me regarder. Ça fait du bien de voir un sourire étirer ses lèvres, je suis presque jaloux du chien qui lui arrache un rire alors que je n'ai pas réussi à en avoir un depuis des semaines. « tout à fait ! Ils sont tous dispo actuellement, vous pouvez choisir celui que vous souhaitez… »  @Addie Shephard que me répond la brune lorsque je lui demande s'il est possible d'ajouter un canin à notre duo pour aller chasser les oeufs. Je lui rends son sourire et montre mon petit-frère d'un hochement de tête. « C’est un très bon choix que vous faîtes là ! » Je regarde le petit bouclé qui s'est assis en face du canidé, les yeux émerveillés devant le petit chien qui fait des tours sur place pour essayer d'attraper le bout de sa queue en grognant. Samuel risque de s'y attacher et je sais même pas s'il fait partie des ceux qui sont à l'adoption. Je pense qu'avec la chance qu'on a, il a dû flasher sur le seul qui est déjà réservé. « Dust, un mâle tout juste arrivé il y a quelques semaines chez nous, et fougueux qui sait ce qu’il veut ! » Le chien relève les oreilles lorsqu'il entend son prénom. "Dust, la poussière d'étoile."qu'il murmure au chien avant de relever pour venir tirer sur ma veste afin d'attirer mon attention. "On peut le prendre dans notre équipe, s'te plaît !" Est-ce que j'ai vraiment le choix ? Non, je me vois pas être celui qui mettra fin à une si belle alchimie. Je lance un regard entendu à l'organisatrice de l'évènement alors qu'elle contourne le stand derrière lequel elle était installée pour venir nous retrouver. « Venez, je vais vous le préparer ! » "Yes !" Il crie en fermant le poing d'un air victorieux. Je lâche un doux rire en levant les yeux au ciel, quand je pense qu'il ne voulait même pas venir. "Merci." Je donne la laisse à Sam qui redresse le menton pour se donner de l'assurance. Un chien, c'est pas la même chose qu'un tamagotchi et même si je doute pas de ses compétences de dog-sitter, c'est quand même une responsabilité qui ne peut pas être prise à la légère. Je profite de le voir s'éloigner pour me rapprocher d'Addie, c'est du moins le prénom qui figure sur son badge. "J'attends encore de voir comment il va se débrouiller, mais est-ce que ce serait possible d'avoir plus d'informations concernant les adoptions ?" Je doute que cela soit gratuit et selon le prix, la décision sera vite prise. J'essaye de garantir un minimum d'argent avec le salaire de la MHI et les extra que je gagne grâces aux à côtés. Cependant, je suis pas de ceux qui peuvent sortir une grosse somme d'un seul coup et même si je rêverai d'offrir à Samuel, une compagnie qui l'aiderait sûrement à appréhender le monde qui l'entoure de façon plus sereine, il m'est impossible de faire des miracles.   

Déjà un petit groupe commençait à se former au loin, et Adèle les regardait de loin. Ils semblaient plus rigoler qu’être sérieux devant ce parcours. Elle avait pourtant commissionné Leto et Clément de faire ce parcours pour lui indiquer si il n’était pas trop difficile. Avec Tessa, elles avaient mis pas mal de minutes à tenter à chaque fois de trouver la cachette parfaite, et surtout pas trop répétitive. L’après-midi semblait se passer à merveille, il y avait même un brun devant elle, déjà bien intéressé pour adopter Dust. A chaque fois c’était la même chose : cela lui pinçait le cœur de les voir débarquer dans le refuge, presque autant que quand elle devait leur dire au revoir. Mais la finalité semblait déjà bien moins triste et Addie se refusait de se voir triste devant une adoption, elle continuerait de penser à lui, à tous ceux qu’elle a croisé pendant un petit moment de sa vie. Quelques personnes venaient pour régler, demandant presque tous, un chien comme parfait partenaire, du moins ceux, qui n’avaient pas déjà leur allié pour la vie. Et elle pouvait à présent reporter toute son attention sur @angus sutton Elle le regardait de loin, alors même qu’il plongeait son regard en direction de son frère, avec beaucoup de courage, et d’empathie. Ca se voyait qu’il est beaucoup attaché à lui. « Merci. » Et le cri du jeune garçon la fait rire, quand il fait aussi lever les yeux au ciel d’Angus. Elle ne doute pas un seul instant qu’il a dû batailler pour que son jeune frère vienne ici, alors même qu’il semble déjà être dans son élément et avoir le coup de foudre pour un animal, alors qu’il vient tout juste d’arriver. Le chien part renifler un coin d’herbe, quand Samuel le suit presque comme son ombre, bien trop fier d’avoir en super ami, un Dust. Et le regard du chien sur le jeune garçon veut tout dire, il semblerait qu’il lui a déjà tapé dans l’œil ! « J'attends encore de voir comment il va se débrouiller, mais est-ce que ce serait possible d'avoir plus d'informations concernant les adoptions ? » Elle relève son regard sur Angus, sa tête qui fait un signe positif. « Qu’est-ce que vous voulez savoir exactement ? » Qu’elle commence par demander, avant de reprendre, « ce ne sera pas possible de l’adopter tout de suite, il faudra au moins attendre quelques jours pour que les papiers soient fait, et si il est possible de venir le voir au refuge en attendant, pour voir si tout cela se passe bien, ce serait le mieux. » Qu’elle poursuit, un sourire de satisfaction de savoir qu’une adoption pointait le bout de son nez, parce qu’ils semblent déjà heureux ensembles, Dust et Samuel. « Nous aurons besoin de quelques documents, pour ce qui est de la somme, vous pourrez donner ce que vous souhaitez. » Qu’elle conclut, finalement. Ils ne demandent pas de somme attitré, mais bien souvent, les adoptants donnent bien davantage. « C’est bien ce que vous faites… Pour lui… » Qu’elle avoue, en se plaçant à côté d’Angus, tout en portant son regard sur le jeune garçon et le chien. « Hey Samuel ! J’suis sûre qu’avec ça, tu vas l’amadouer davantage… » Comme si c’était possible… Elle lance pourtant le jouet avec une corde au pied du gamin qui l’attrape de justesse avant de le tendre vers le chien.