Lundi 18 avril, 8h tapante, H-6 avant le rendu du verdict.
Jax n'a pas fermé l'œil de la nuit, comme à son habitude. Pis, à défaut d'avoir couru ou fait des pompes pour chasser l'insomnie, il a passé les dix dernières heures à tourner en rond dans son appartement, tel un fauve en cage. Autour de lui, c'est le foutoir : des dossiers étalés sur tous les meubles du salon, des t-shirts sales laissés sur le dossier du canapé et les sempiternels casse-tête sensés vaincre son amnésie éparpillés un peu partout. Un nœud en bois sur la table basse, un rubik's cube sur le plan de travail de la cuisine, un memory à même le sol du hall d'entrée ... Il suffit de capturer la vue d'ensemble pour comprendre que l'agent n'a eu de cesse de tenter, par tous les moyens, de s'occuper l'esprit. En vain.
Dans les vapeurs de café matinales, tandis que la cafetière ronronne en crachant sa soupe, Mills se tient debout, le regard tourné vers Brisbane. A travers la grande fenêtre, il observe sans les voir les immeubles du centre ville. Bientôt, à quelques kilomètres de lui, un juge frappera de son maillet en bois le plat de son bureau. Au premier rang de la salle d'audience pleine à craquer, Hoover sera là, face à son destin. La sentence est sur le point de tomber mais cela n'apaise en rien Jackson, bien au contraire. Calme d'apparence, il couve une véritable tempête intérieure. Ses idées, dispersées aux quatre vents, peinent à se tenir la main pour rester cohérentes. Tout ce à quoi il pense se résume à des fragments d'émotions fortes ressenties au cours des deux dernières années. Des empruntes de ressentiments comme autant de fantômes venus le hanter à l'heure où l'avenir pourrait enfin s'éclaircir ... ou sombrer dans la nuit noire.
Et si Hoover était blanchi ? C'est la question qu'il se pose en boucle depuis minuit. Si le colonel avait le bras suffisamment long pour négocier une pirouette judiciaire dont seul le gouvernement avait le secret ? Si tout le système était corrompu au point de laisser cette raclure s'en tirer pour éviter que d'autres que lui ne tombent dans son sillage ou que des instabilités plus dangereuses encore ne viennent mettre en péril la stabilité de l'état ? Si la Justice décidait de baisser sa culotte comme l'avait fait la hiérarchie du PSI en fermant les yeux sur cette affaire ? Si la politique prenait le pas sur l'éthique pour avoir le dernier mot ? Que ferait-il, lui, Jackson Mills, dommage collatérale, quantité négligeable, victime anonyme parmi tant d'autres sur la longue liste des pions sacrifiés pour des raisons aux valeurs discutables ?
Sa mâchoire se crispe tandis qu'il inspire profondément afin de calmer les voix qui hurlent dans sa tête. Jackson ne laissera pas ce criminel s'en tirer sans payer sa dette. D'un pas décidé, il quitte le salon pour se rendre dans sa chambre. Dans l'armoire, il attrape son sac de sport qu'il ouvre à même le lit. Méthodique, il y jette cagoule, treillis, paire de gants et tout ce dont il sait avoir besoin dans son entreprise périlleuse. Le danger ne lui fait pas peur. C'est l'injustice qui l'effraie. Lorsqu'il a terminé son sac, l'agent retourne dans la pièce principale, pose le barda sur la table basse et soulève les coussins du canapé. Personne n'irait s'imaginer que des armes puissent dormir sous les fesses des invités de Mills mais c'est pourtant bel et bien un fusil accompagné de plusieurs boîtes de munitions qu'il extrait de sa planque. Son regard est froid, une détermination martiale se lit dans chacun de ses traits à la fois sérieux et concentrés. Des mois que ce sniper somnole entre les lattes du sofa, attendant son heure. Si Jax s'est abstenu de l'utiliser à l'automne, acceptant de piéger Hoover plutôt que de l'abattre, rien n'est plus pareil désormais. A présent, c'est entre les mains d'un juge à l'impartialité questionnable que se trouve le sort du colonel.
On lui a trop menti. On l'a trop manipulé. Jackson n'a plus confiance. Jackson n'a plus la foi.
Il est en train de visser la lunette sur le dessus de l'arme lorsqu'on frappe à sa porte. Figé dans ses gestes et sorti de ses idées noires, Mills se dépêche de ranger les preuves compromettantes. Tant qu'à n'être qu'un nom invisible sur la liste des victimes de l'armée australienne, il souhaite également bénéficier de l'anonymat sur celle des justiciers autoproclamés. Personne ne doit savoir ce qu'il s'apprête à faire. Pas même ses collègues du PSI.
« Gab ? » S'étonne-t-il après avoir entre-ouvert la porte. Il la pensait au tribunal ou à son cabinet, planchant avec ses paires sur les comptes rendus et les rapports d'audience. La voir sur son paillasson lui rappelle Los Angeles, Berak, la fusillade et tous ces détails désagréablement semblables à ceux qu'il a tendance à fantasmer durant les rares heures de sommeil qu'il parvient à trouver depuis l'ouverture du procès. Dans ses rêves inavouables, le cadavre de Jayden est remplacé par celui d'un homme en uniforme bardé de médailles sur lesquelles Jackson crache en laissant s'enfuir la voiture des assassins. Oeil pour oeil, dent pour dent. « Qu'est ce que tu fais là ? » Elle a cet air d'ange gardien que les personnages de film se coltinent sur leur épaule lorsque le diable les soumet à la tentation ...
18 avril 2022Gabrielle a passé une bonne partie de la soirée et début de nuit au cabinet. Ses collègues planchent depuis des semaines sur le procès intenté contre Hoover et ce dernier accapare toute l’attention de tous les associés au cabinet – surtout ceux de la branche criminelle – tout comme elle attire toute l’attention extérieure. Un haut placé de l’Etat traduit devant la justice pour diverses raisons, c’est un peu comme du jamais vu. Le cabinet Sherman & Mancini a été choisi par le camp adverse pour faire tomber le haut placé et d’autres noms reliés, et cette affaire est sûrement une des plus importantes qu’ils n’aient jamais eu à traiter. Gabrielle aurait aimé se saisir de l’affaire, être une des avocates à plancher sur le dossier mais ce sont deux autres de ses associés qui ont été choisi. Et elle le comprend, eux faisant partie du cabinet depuis plus longtemps qu’elle, elle n’a émis aucune objection ou n’a usé d’aucune insistance pour objecter un quelconque argument la laissant sur le banc de touche. Et quand on connait l’ambiance au sein du cabinet, même si elle ne se trouve pas tous les jours depuis le début du procès dans la salle d’audience, c’est tout comme pour la Strange. Surtout que ce dossier, elle le suit de près pour quelqu’un qui lui est proche et envers qui elle a une dette à payer.
Jackson Mills. Cet agent qu’elle a rencontré à Los Angeles le temps d’un procès et qui est devenu bien plus qu’un simple témoin qui lui a permis de remporter cette affaire. Il est devenu celui qui lui a sauvé la vie, alors qu’elle aurait pu terminer comme ces deux hommes qu’elle a vu mourir sous ses yeux. Il a été son sauveur quand elle et son client ont été visé volontairement pour leur ôter la vie. Et pour ça, elle lui en sera reconnaissante toute sa vie et c’est pour cette raison qu’elle est proche de Jackson et s’intéresse autant à cette affaire. Il y a bien sûr ce côté inédit de l’affaire qui l’attire, évidemment, mais surtout ce souhait que son ami obtient justice. Parce que, même si les explications de Jax ont été plutôt floues à ce sujet, elle sait que ce colonel à avoir avec l’accident dont a été victime Jackson en novembre 2020. Accident qui l’a plongé pendant plusieurs jours dans le coma et lui a surtout fait perdre une partie de sa mémoire. Alors, lorsque Gabrielle a compris ça, elle a promis à Jackson qu’elle le tiendra informé de l’avancer du procès et qu’elle ferait tout pour que ce Hoover finisse derrière les barreaux. Pour le venger.
C’est ce qui explique pourquoi elle passe depuis des semaines un temps qu’elle ne compte plus sur ce cas, qu’elle aide dans l’ombre ses collègues qui œuvre pour que justice soit rendu et c’est aussi pour cette raison que ce matin, avant de se rendre au cabinet, elle se dirige vers l’appartement de Jackson à Fortitude Valley. C’est le dernier jour aujourd’hui du procès, le jour où le verdict va être prononcé. Et elle sait que Jackson est à cran à ce sujet, impatient et à bout de nerfs, ne trouvant pas le sommeil quand ils leur arrivent d’échanger des textos tard dans la nuit au sujet du procès, duquel elle lui donne des updates. « Gab ? » Pourtant, il a l’air surpris ce matin de la trouver sur le bas de sa porte alors que Gabrielle tient dans chacune de ses mains une cup de café pour chacun – en réalité, pour elle, c’est du thé mais peu importe. « Qu'est ce que tu fais là ? » Elle est toujours sur le pas de la porte et un peu étonnée de la réaction peu enjoué de l’agent « Je suis venue voir comment tu allais et surtout te donner quelques updates sur le dernier jour de procès » parce qu’elle a planché toute la nuit dessus, mais ça, elle ne va pas le lui dire alors qu’elle est encore sur la pallier. « Je peux entrer ? elle se penche légèrement comme pour guetter que Jax soit seul chez lui ou peut-être que je te dérange ? ». Elle a ce sourire qui se dessine sur ses lèvres « J’ai pris du café sur la route et promis cette fois, c’est du bon », s’amuse-t-elle à ajouter.
Et lorsqu’il daigne enfin la faire entrer, Gabrielle observe les lieux et ne manque pas de repérer le bazar environnant « Je suppose que ce procès en est la cause » dit-t-elle en indiquant de son index toutes les affaires qui traînent ici et là « Tout devrait aller pour le mieux d’ici ce soir » ajoute-t-elle, montrant ainsi la confiance qu’elle a quand à l’issue u procès.
Elle le ferre à l'hameçon avec la facilité qu'on attend d'une avocate. Évidemment que Jax s'intéresse aux updates que lui propose Gabrielle depuis le début du procès. À dire vrai, c'est parce qu'il repense à tout ce que la jeune femme a fait pour lui depuis son réveil sur ce lit d'hôpital qu'il accepte de se décaler d'un pas et de la laisser entrer. Son sourire est un peu raide lorsqu'elle fait référence au café dont il s'empare en articulant un « merci » sincère. La caféine est devenue une drogue dure à laquelle Mills carbure autant qu'aux endorphines de l'effort physique. Mélangées l'une à l'autre, ces dernières le renforcent autant qu'elles l'affaiblissent. Deux vraies saloperies dont il prendra le temps de se désintoxiquer plus tard ; certainement pas aujourd'hui.
Dans le hall d'entrée, Gaby ne manque pas de souligner le désordre. Jax hausse les épaules tout en s'avançant dans le salon. « Ouais, j'm'occupe comme je peux ... » Avoue-t-il, le cul entre deux chaises, à la fois conscient que Strange sait pour son lien avec Hoover mais qu'elle n'en sait pas suffisamment pour deviner à quel point elle a raison lorsqu'elle blâme le procès d'être responsable de l'état d'esprit borderline dans lequel il se trouve. « Tout devrait aller pour le mieux d’ici ce soir » « Espérons. Pousse des trucs, fais-toi une place. » L'encourage-t-il tout en lui tournant un instant le dos, le nez fourré dans le placard de la cuisine à la recherche du sucre dont il a l'habitude de charger ses cafés.
Ses gestes, Mills les contrôle et pourrait les effectuer les yeux fermés tant ils sont inscris dans sa routine matinale, ce qui permet à son cerveau de faire le point sur la situation. Quand bien même il l'apprécie beaucoup, Gabrielle n'en reste pas moins une magistrate venue le cueillir alors qu'il s'apprêtait à finir de boucler son sac en prévision de commettre un assassina. Si ses mains ne tremblent pas au moment de verser le sucre dans la cup en carton, son esprit, lui, est agité de pensées parasites intempestives. A-t-il bien repoussé le sac sous le canapé ? Rangé dans la poche latérale le chargeur de rechange qu'il avait posé en équilibre sur l'accoudoir ?
Merde.
Jackson se fige. Le silencieux. C'est ça qu'il a oublié de planquer.
Posé en équilibre sur la table basse, Mills peut visualiser l'embout métallique sans même avoir à se retourner. Tout ce qu'il espère désormais, c'est que son invitée ne le relèvera pas dans le bordel monstre que contient l'appartement.
18 avril 2022« merci »Et malgré son sourire, il a l’air particulièrement tendu le Mills. Ce que ne manque pas de remarquer Gabrielle, dont le sourcil s’arque alors qu’il accepte enfin de se décaler pour la laisser entrer chez lui, s’emparant de ce café qu’elle lui a apporté. Et lorsqu’elle pénètre à l’intérieur, elle comprend pourquoi il est quelque peu dubitatif. Le désordre environnant explique sûrement en partie pourquoi elle tombe au mauvais moment et qu’il ne semblait pas ravie de la voir sur le pas de sa porte. Et si elle ne le connaissait pas aussi bien, elle ne se serait jamais permise de souligner ce bazar et d’en déduire surtout la cause à voix haute : le procès de Hoover, ce colonel pourri jusqu’à l’os. « Ouais, j'm'occupe comme je peux ... » « C’est… original » comme occupation. Parce que si c’est de rangement qu’il parle, ils n’en ont pas la même conception, le sien s’apparentant à du fouillis plus qu’autre chose. Si elle se permet un peu d’humour, l’avocate n’est toutefois pas là pour le blâmer, quand elle sait à quel point l’issue de ce procès intéresse tout particulièrement Jax. C’est la raison de sa venue, voulant lui donner ce qu’elle estime être de bonnes nouvelles « Espérons. Pousse des trucs, fais-toi une place. ». Elle s’exécute alors en silence, outrepassant certains obstacles à même le sol, approchant du canapé. Son regard s’attarde quelques secondes sur la table basse, envahie elle aussi par beaucoup de paperasses et une tasse ou deux. Gabrielle s’apprête alors à s’assoir quand soudainement « Merde » s’exclame-t-elle en s’empêtrant les pieds dans ce qui semble être la sangle d’un sac. « Jax, vraiment, il va falloir que tu fasses un peu de rangement » fait-t-elle en libérant son pied du sac en question, sac qu’elle dégage de sous le canapé et sac surtout ouvert « Tu comptes partir, c’est… » et elle s’interrompt, se relevant alors qu’elle était jusque-là penchée. Ses sourcils se froncent alors qu’elle se fige. « What the… » et elle se penche à nouveau pour examiner le contenu du sac, déposant sa cup de café sur la table basse. Mais, se faisant, elle fait basculer un objet de la table basse et son regard quitte le sac pour se poser sur celui-ci. Ses yeux s’écarquillent alors qu’elle se saisit de la pièce métallique qu’elle examine de plus près, désormais accroupie à côté de la table « Tu m’expliques, Jax ? Qu’est-ce que c’est que tout ça ? » Son regard revient sur le contenu du sac dans lequel elle glisse sa main à l’intérieur. Un silencieux d’une main et de l’autre c’est bien une arme qu’elle sent sous ses doigts « Ne me dis pas que… » murmure-t-elle lorsque tout semble prendre sens dans son esprit. Elle se relève, plante son regard sévère dans celui de Jackson, le silencieux toujours dans la main qu’elle brandit « Ne me dis pas que c’est ce que je pense, Jackson » prononce-t-elle cette fois à voix haute d’un ton accusateur.
« Merde » Jax se crispe à l'entente du mousqueton de son sac tintinnabulant contre les talons de l'avocate. Face au placard de la cuisine, il sent les muscles de ses trapèzes se contracter tandis qu'il redoute la suite autant qu'il l'anticipe. « Jax, vraiment, il va falloir que tu fasses un peu de rangement. Tu comptes partir, c’est… » Dans le silence assourdissant qui accompagne ce que Mills suppose être la découverte du sac par Gabrielle, l'agent se paye le luxe de refermer correctement le couvercle de sa cup de café. Quelque chose lui dit qu'il ce qui s'en vient risque de provoquer quelques éclaboussures. « What the… » Jackson inspire profondément puis se retourne enfin. Il fait face à la scène avec la même expression de marbre qu'il affichait à Los Angeles, juste après la fusillade, lorsque tous deux se tenaient coude à coude dans le bureau du commissariat. Strange, quand à elle, a troqué le crayon qu'elle triturait jadis par le silencieux du sniper. « Ne me dis pas que c’est ce que je pense, Jackson. » Le menace-t-elle, brandissant face à lui l'embout qu'il observe sans piper mot.
Lorsqu'il quitte le plan de travail contre lequel il était adossé, Jax ressemble plus que jamais à une armoire à glace. Son sweet-shirt à capuche a beau être large, cela n'empêche pas ses pecs d'en tendre le tissu sur sa poitrine ni ses biceps de mettre à mal les coutures des manches. L'absence de mots dans laquelle il se mure est une arme autant qu'un bouclier. Mills sait qu'il doit surveiller ce qu'il dit car la femme se tenant face à lui ne partage pas les mêmes allégeances. Le temps de traverser la pièce dans la direction de l'avocate, il se souvient de la conversation qu'ils avaient eu au tribunal. Tout ce qui compte ... Le fait d'être à nouveau confronté à cette problématique lui arrache un soupire indigné. Quand la Loi n'est pas juste mais qu'on demande à la Justice de défendre la Loi ...
« Donne-moi ça, » Ordonne-t-il, tendant la main, « Tu mets tes empruntes partout. » Jax n'a pas besoin de la menacer pour faire passer le message. Aucune avocate ne souhaite avoir ses empruntes sur une arme qui n'est pas la sienne. Trop de procès se gagnent et se perdent pour des conneries de ce genre et les couloirs de la mort de son pays natal regorgent d'innocents qui pourraient en témoigner.
(c) sweet.lips
Dernière édition par Jackson Mills le Jeu 05 Mai 2022, 23:22, édité 2 fois
18 avril 2022Elle est plutôt maladroite Gabrielle ce matin, et après son smoothie tout fraîchement préparé qui a fini les quatre fers en l’air dans sa cuisine et l’a mise en rogne, voilà qu’elle se trouve désormais en s’empêtrer les pieds dans une sangle d’un sac. La faute plus cette fois à Jackson et son bazar monstre, celui qui règne inhabituellement chez lui. Elle préfère reporter la faute sur lui, et donc c’est pour cette raison qu’elle s’emporte un peu en lui signifiant qu’il serait vraiment temps qu’il fasse du rangement. Ce sac semble-t-il a moitié planqué sous le canapé attire son attention, la jeune femme s’apprêtant à lui demander s’il comptait partir quelque part mais elle s’interrompt quand elle commence à entrapercevoir le contenu du sac… Hallucine-t-elle ? Et c’est en commettant une troisième maladresse, qu’elle fait basculer ce qui s’apparente à un silencieux et si elle ne pose pas de mots sur ce qu’elle pense comprendre, c’est parce qu’elle veut d’abord obtenir des explications de la part de Jackson. Elle attend surtout de sa part qu’il lui signifie que ce n’est pas ce qu’elle croit et que ce bordel monstre chez lui et la présence de cette arme dissimulée dans un sac, cachée à la va-vite n’est pas pour un quelconque plan foireux qu’il pourrait avoir en tête. « Donne-moi ça, (…) Tu mets tes empruntes partout. » Et s’il tend la main à son encontre, Gabrielle ne s’exécute pas pour autant, pliant son avant-bras pour ne pas lui permettre de se saisir du silencieux qu’elle tient toujours en main « Pourquoi ne devrais-je pas mettre mes empreintes partout dessus, Jackson ? oh, il n’a pas besoin de lui faire de leçons là-dessus, ce n'est pas ce qu’elle lui demande hein ? Parce que tu comptes faire quelque chose de stupide avec ? Elle s’avance alors vers lui, son air soudainement sévère, toutes traces de bienveillance et de bonne humeur avec laquelle elle a débarquée totalement envolé C’est quoi ton plan foireux, hein ? sa réaction a suffit pour lui confirmer ce qu’elle a tout de suite pensé Te pointer devant le tribunal et attendre qu’il sorte pour l’abattre c’est ça ? » Oh, elle le connait ce scénario, elle en a fait les frais. On l’a loupé de peu, mais son client, en revanche a eu moins de chance qu’elle. Et si son regard est menaçant et empli de reproches à l’égard de Jackson c’est parce qu’elle ne comprend pas pourquoi il ferait une chose pareille quand il a assisté comme elle à la scène et que, si elle est encore en vie aujourd’hui, c’est grâce à lui. Voilà qu’après avoir failli être un dommage collatéral, il s’apprête à être un de ses malfrats à son tour Réponds-moi ! » lui somme-t-elle alors en élevant la voix, son regard ne faillant pas face au sien.
« Pourquoi ne devrais-je pas mettre mes empreintes partout dessus, Jackson ? » Jax voit la main de l'avocate se dérober dans une tentative de placer le silencieux hors d'atteinte. Concentré, il évince de la confrontation certains de ses réflexes de terrain ; celui d'attraper le bras de Gabrielle avant qu'il ne s'éloigne d'avantage, par exemple. Mauvaise idée. Tandis qu'il la laisse lui échapper, Mills se blinde. Il devine l'intensité de la rafale verbale qu'il va se prendre, sait que cette dernière ne lui fera pas plaisir. C'est en tout cas ce que lui disent l'air sévère ainsi que les sourcils froncés de Strange se rapprochant pour mieux l'accuser.
« Réponds-moi ! » Jackson la regarde. L'agressivité de la brune ne le fait pas reculer, bien au contraire, elle vient le chercher dans cette espèce de colère froide à laquelle la boxe l'a habitué. La colère rancunière, celle rendant coup pour coup mais qu'il a appris à savoir ne libérer de ses chaînes qu'au moment où l'arbitre siffle la reprise du combat. « On est pas sur le banc des accusés ici. On est chez moi. » Lui aussi s'avance, la nuque raide, le regard noir. Son ton a beau être calme, ses mots choisis pour être politiquement corrects, Jax n'en transpire pas moins l'intimidation non verbale. A l’image d’une montagne qui ne peut se réduire pour paraître moins impressionnante, son corps est une arme au même titre que celle présente dans le sac de sport ; le cacher est tout bonnement impossible. Trop de muscles, trop de force, trop de rancœur. « Et chez moi, tu m'ordonnes pas de répondre à tes questions à la con. »
Sans plus attendre, il ramasse le sac de sport qu’il place en bandoulière. L’ironie veut que la sangle repose sur son pec, l’endroit exact où il portait son badge le jour de l'accident. Tout vient à point à qui sait attendre et le vent est sur le point de tourner. Perché sur le toit de la banque face au tribunal, Jax est prêt à camper sur ses positions jusqu’à ce que le verdict tombe. L’œil dans le viseur, il s’assurera que Justice soit faite, quelque soit l’avis de la Loi concernant cette affaire. Gaby ne semble pas saisir que la mort de Berak n’était pas une grosse perte. S'il s'est indigné de la fusillade, c'est avant tout parce que Jackson considère qu'elle a été bâclée. Lui ne s'en prendra ni aux avocats, ni au personnel de sécurité. Propre, rapide, efficace : un headshot et on en parle plus.
Exactement ce qu'a du se dire cet enfoiré au moment d'envoyer ses mercenaire exploser sa boîte crânienne et celle des autres agents morts par sa volonté.
18 avril 2022Elle veut comprendre qu’elle est son plan, qu’il ose le lui dire à voix haute, « On est pas sur le banc des accusés ici. On est chez moi. » Il se veut intimidant en faisant ce pas vers elle et, malgré sa carrure qui pourrait la dissuader de chercher à se mettre davantage au travers de son chemin, elle ne bouge pas d’un iota. Non, elle ne reculera pas, non, elle n’aura pas peur de lui tout simplement parce qu’elle a déjà été confrontée à ce cas de figure. Celui de l’homme menaçant s’approchant bien trop de sa personne, celui menaçant ne serait que de sa grandeur par rapport à elle. La menace de ce père qui a voulu à plusieurs reprises lever la main sur elle sans pouvoir l’atteindre car ses frères se sont interposés juste à temps pour lui éviter les coups. Même si Jackson n’a rien en commun avec son père, il lui en faudra davantage pour qu’elle recule. Il ne l’intimide pas, elle a été confrontée à son ordure de père étant enfant, et à bien d’autres du fait de sa profession d’avocate. « C’est pourtant là où tu termineras, Jackson » le ton adopté en édictant son nom est sec et froid. Il est aussi convaincu ce ton qu’elle adopte parce que même sans les réponses qu’il ne veut lui offrir, Gabrielle sait pertinemment ce qu’il s’apprête à faire. Son attirail parle pour lui, son silence aussi, cette incapacité à dire à passer aux aveux aussi. Il s’apprête à reproduire cette scène auquel elle a assisté, cette même scène où elle aurait pu en être la victime sans l’intervention du Mills, et rien que pour cette raison, elle fera tout pour le dissuader de passer à l’acte. « Et chez moi, tu m'ordonnes pas de répondre à tes questions à la con. » Elle pouffe légèrement l’avocate, d’un rire mauvais, jaune et ironique alors qu’il se saisit de son sac, plus déterminé que jamais. « Tu n’es qu’un lâche… commence-t-elle en le voyant se mouvoir dans la pièce il n’y a que les lâches qui ont recours à la violence pour résoudre leurs problèmes. Parce qu’ils sont incapables de les affronter directement ». Elle sait que ses paroles ne le dissuaderont pas, elle voit la détermination dans son regard, la même détermination qu’elle a pu capter dans le regard qu’elle a pu croiser un millième de secondes du tireur ce jour-là devant le tribunal à Los Angeles. Et jamais, au grand jamais, elle ne sera complice de ça Tu ne me rendras pas complice de ton acte, Mills. Il meurt, tu tombes aussi » Pas de la même manière, non, mais sa vie sera terminée et il pourrira en prison, au même titre que ceux qui ont chamboulé sa vie à tout jamais.
Jackson refuse d'écouter la suite. Prêter l'oreille aux propos Gaby serait s'exposer aux pièges dont il la sait capable. Il a assisté au procès de Berak. Il a vu Strange à l'œuvre. Aucun agent expérimenté ne pourrait nier que l'avocate a du talent pour pousser dans des culs de sacs ses interlocuteurs, surtout lorsqu'il s'agit des suspects qu'elle prend en grippe. En se fermant à tout dialogue, Mills pare les coups et évite de lui donner des prises auxquelles s'accrocher. Il tient sa garde, comme sur le ring, et ne reprend la parole que lorsqu'elle lui affirme ne pas vouloir être complice :
« Garde tes menaces pour ceux que ça impressionne, Strange. » Gronde-t-il tout en se dirigeant vers la porte qu'il ouvre d'un geste sec, le sac toujours en bandoulière, le café toujours à la main. Jax sait que les spéculations de Gabrielle ne valent pas grand chose, qu'il lui faudra plus qu'affirmer qu'elle le connait et qu'elle sait ce qu'il s'apprête à faire pour convaincre qui que ce soit. Avoir été pris la main dans le sac ne l'empêche pas d'avoir encore une ou deux longueurs d'avance sur elle, pense-t-il. Le temps que Gaby lui plante son couteau dans le dos, il aura déjà pressé la détente. '' Tout ce qui compte ... ''
« Et maintenant, je t'invite à sortir. Sans mandat tu n'es plus la bienvenue ici. » Puisqu'il faut jouer sur les règles et les lois, Jackson s'y prête, mufle jusque dans la phrase polie qu'il utilise pour la foutre à la porte. Ne reste que la cup de café qu'il balance irrespectueusement dans le couloir pour illustrer à quel point son tempérament est mauvais derrière sa façade hypocrite. S'il refuse de lui donner matière à le retarder dans sa croisade, Mills ne se prive pas pour offrir à Gabrielle bien des raisons de ne plus vouloir être son amie après cet accrochage. Tant pis, il aura le temps de le regretter plus tard - en taule ou au cimetière, Dieu seul le lui révèlera.
18 avril 2022Il a été celui qui l’a sauvé ce jour-là, celui qui lui a évité de se retrouver six pieds sous terre. Depuis, elle n’a eu que reconnaissance et respect pour Jackson. Au point que, lorsqu’il a lui conté son histoire tout en taisant certains détails, parce qu’il était nécessaire qu’elle n’en est pas connaissance, elle l’a accepté. Elle a toujours accepté qu’il ne lui dise pas tout concernant cette histoire avec l’accusé du jour, elle ne l’a jamais poussé à en dire plus qu’il ne le voulait et pourtant, cette situation finit par avoir raison de leur amitié. Parce que c’est ainsi qu’elle le voyait, Gabrielle, ayant été à son chevet le jour où il a failli à son tour y passer. Il l’a oublié, puis retrouvé leurs souvenirs, alors dire qu’aujourd’hui, il agit sans se rappeler ce qu’elle a traversé, ce qu’ils ont traversé, n’est pas une excuse valable. Elle lui était redevable, elle semble avoir payé sa dette en le tenant informée des dernières informations qu’elle avait concernant le procès mais, désormais, Mills ne semble plus avoir besoin d’elle. Il s’apprête à faire justice lui-même, la raison semblant avoir totalement disparu de son esprit, sa haine envers ce type semblant être la seule chose qui guide ce qu’ils s’apprêtent à faire aujourd’hui. Et il est hors de question pour la Strange de le tolérer, tentant coute que coute de le convaincre de ne pas faire cette immense erreur, qu’il regrettera ; Elle ne veut pas se rendre complice non plus, ce qu’elle lui signifie, ne prenant aucune pincette pour le lui faire remarquer. « Garde tes menaces pour ceux que ça impressionne, Strange. » Mais il est trop tard. Quoi qu’elle puisse dire, quels que soient les arguments qu’elle utilisera, ceux qu’elle manie à la perfection pour faire tomber le camp adverse, cela ne prend pas avec Jackson. Evidemment. Elle est en colère mais aussi blessée par son comportement. Et c’est impuissante qu’elle le regarde ouvrir cette porte, celle de son appartement, pour l’inviter à le quitter définitivement, alors qu’il tient fièrement cet arme dans ce sac en bandoulière. « Et maintenant, je t'invite à sortir. Sans mandat tu n'es plus la bienvenue ici. » Et si la demande est polie, le geste qui suit la froisse, ayant une forte symbolique pour elle, quand il jette aux oubliettes ce lien particulier qui les lie depuis cette fusillade devant le tribunal. C’est une défaite, une difficile à avaler et lorsqu’elle passe devant lui pour s’exécuter, elle lui adresse ces derniers mots « Tu le regretteras, Jackson » et si ses mots sonnent comme une menace, il n’en est rien, tant son ton de voix s’est soudainement adouci, sûrement parce qu’elle est déçue. Elle contourne cette cup de café qu’elle lui a porté plus tôt, et sans un regard en arrière, quitte définitivement l’immeuble, le cœur lourd.