Desperate for a new connection
Megan Williams & @Aiden Turner - 2019, 21 ans  

Je ne bois jamais à outrance. Hantée par l’image de ma mère endormie, parfois à la limite de l’inconscience, dans son propre vomi, je n’ai jamais été capable de boire jusqu’à perdre le contrôle de mes actions. Je ne me souviens que trop bien des conséquences des siennes, je n’ai rien oublié de ses yeux vitreux ou ses paroles sans aucun sens. Toutefois, je reste une jeune femme à l’image de sa génération : j’aime tout ce qui brille, j’aime les soirées où chacun se met sur son trente et un et j’aime être insouciante le temps d’une soirée. J’aime le goût des cocktails trop sucrés pour qu’il soit possible de sentir le goût de l’alcool et j’aime cet instant où, sans vous faire perdre le contrôle de vous même, ce dernier vous aide à vous sentir désinhibée. Je n’ai pas besoin de grand chose pour ça cela dit : l’adolescence m’a dotée d’un corps de femme avant l’heure, l’âge adulte n’a pas affecté mes traits de poupées et de gamine quelconque je suis devenue une sublime jeune femme. Je le sais et je n’ai pas peur de m’en servir pour arriver à mes fins. Je le sais et je ne suis pas de celles qui semblent ressentir le besoin de s’excuser pour ça. J’ai pris un mauvais démarrage dans la vie, mais je compte bien inverser la tendance avec les armes que j’ai en ma possession.

Ce soir, je n’assiste pas à la soirée organisée par Label Magazine, journal de mode australien, en tant que paparazzi. Ce soir, j’y ai été invitée en tant que photographe indépendante et parce que, à l’occasion et pour arrondir mes fins de mois, il m’arrive de me glisser dans la peau d’une photographe de shooting pour le journal. Ici, pas de stars à la renommée internationale, mais plutôt quelques étoiles montantes de la scène australienne. Certains visage seront oubliés d’ici six mois et seuls les plus chanceux réussiront à percer. Je ne suis pas pessimiste : je suis lucide et je commence à connaître ce milieu que j’observe depuis les gradins.  Même moi, plutôt bien au fait de qui intéresse le public et qui est un anonyme, je ne reconnais pas tous les invités. C’est le cas du jeune homme qui m’aborde alors que je me tiens droite, les coudes appuyés sur le mange debout où est posé un verre de cosmo que je n’ai pas encore touché. Il n’a pas l’arrogance de ceux qui pensent que tout leur est dû, mais il semble tout de même se sentir bien plus à se place que ceux qui, comme moi, ont été invités par courtoisie. « Je suis désolée, je suis censée savoir qui t’es ? » Amusée et peu farouche, j’esquisse un sourire espiègle avant de porter mon cocktail à mes lèvres. Pas assez sucré. « Généralement on se présente quand on aborde quelqu’un. » Je plisse les lèvres en l’observant, un air de défi dans le fond de l'œil. « Je vais te montrer. » Sans me départir de mon grand sourire, je tends une main dans sa direction. « Megan. Photographe de mode. Ou en tout cas c’est ce que j’aime croire. »

@Megan Williams & Aiden Turner ⊹ These days my waves get lost in the oceans. Seven billion swimmers, man I'm going through the motions. Sent up a flare, I need love and devotion

Il a l'image de son paternel coincé dans la tête alors que le verre vient titiller sa lèvre inférieure d'un geste bien trop répétitif ce soir. Son vieux, le cul coincé dans un fauteuil qui porte maintenant son empreinte indélébile, un énième whisky entre les doigts, le regarde dans le miroir alors qu'Aiden devrait y trouver son propre reflet cerné et consterné. C'est pas qu'il n'aime pas les soirées, enfin il ne les apprécie pas outre mesure, mais disons qu'il est toujours compliqué pour l'acteur de se fondre dans une masse qu'il ne connait pas encore, qu'il regardait du coin de l'oeil en évitant tout contact, la langue acérée de moqueries et de paroles disgracieuses. Il est temps de faire bonne impression, de bomber le torse et de jouer des coudes pour se faire une place dans un univers aussi serré que les jambes d'une nonne, et comme son agent le disait si bien "tant que tu ne te fais pas remarquer, tu n'aura rien d'autre que des petits rôles à la con". Se faire remarquer était une chose, finir complètement éclaté au beau milieu des stars montantes du cinéma australien en était une autre. Alors le liquide s'était répandu dans le lavabo, les yeux hagards du Turner avait un instant flirté avec son image renvoyée avant que ses paumes ne viennent écraser ses joues pour se donner un peu de constante, une épaisseur qu'il devait montrer au reste du monde sans pour autant attirer la pitié dans un regard de chien battu. Bomber le torse comme un coq, le plus gros coq de la basse-cour, se faire entendre au-dessus des autres sans surjouer un rôle qu'on ne sait pas encore mener parfaitement. Aiden arpente les allées, va de groupe en groupe pour y placer un petit rire ou une parole sage avant de changer de crémerie pour recommencer à nouveau. Il a mis son beau smoking, tiré les pans de sa chemise blanche pour y déposer des boutons de manchette achetés spécialement pour l'occasion, et pourtant il se retrouve avec une tâche de sauce cocktail sur la manche droite. "Bordel, pas ce soir." Aiden frotte la manche de son pouce sec, puis de son pouce mouillé, avant de comprendre que rien ne fera disparaître la preuve de son affront au pressing à haute pression.

« Je suis désolée, je suis censée savoir qui t’es ? » Hein ? Tout ce qu'il voulait c'était un peu d'eau froide pour essayer d'enlever cette tâche, rien de plus, pas de contact avec le reste de la population pour ne pas avoir à sympathiser, mais son chemin avant croisé celui qu'une magnifique blonde tenue à l'écart du reste. "Juste un gars qui cherche de quoi enlever cette tâche avant que mon agent ne décide de m'enfermer dans une cave pour me punir". Halston ne ferait jamais ça, enfin sans doute. Un sourire enfantin sur les lèvres Aiden avait franchi le mange debout alors le haut de son corps, frôlant la jeune femme de la pointe de l'épaule, pour y trouver un morceau de chiffon. « Généralement on se présente quand on aborde quelqu’un.» Elle présente un petit air de défis qui le fait sourire, un pas grand chose qui la distingue du reste des gens, un beaucoup qui attire l'attention de tout le monde sans qu'elle ne le veuille forcément. « Je vais te montrer. » Et elle tends une main dans sa direction, lui offre la chance de pouvoir engager une conversation bien plus profonde que tout ce qu'il a eu ce soir. « Megan. Photographe de mode. Ou en tout cas c’est ce que j’aime croire. » L'acteur en oublie le chiffon, la tâche, le reste des regards qui pourraient se tourner vers eux. "Aiden Turner. Acteur, ou du moins c'est ce qu'on me fait croire depuis quelques temps." Pas encore assez connu pour se vanter mais nécessiteux de le faire pour être connu. "Tu as d'autres choses à me montrer Megan photographe de mode ?" Le ton joueur, un peu bercé par l'alcool qui se dilapide dans son organisme ou par l'excitation de pouvoir enfin parler d'autres choses que de second rôles et d'actor studio, Aiden se laisse porter par la légèreté de la conversation. "Non parce que c'est de loin la discussion la plus intéressante que j'ai eu de la soirée, si on ne compte pas Gil là-bas qui a tenté de me vendre sa technique pour améliorer mes scènes de sexe." Il se pince les lèvres, ose un sourire sans jamais quitter des jeux la jeune femme, celle qui a réussi à lui décroche la première phrase complète de la soirée.

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Megan Williams & @Aiden Turner - 2019, 21ans  

« Juste un gars qui cherche de quoi enlever cette tâche avant que mon agent ne décide de m'enfermer dans une cave pour me punir. » J’observe le jeune homme en fronçant les yeux, à la recherche de la moindre technique d’approche fumeuse ou de la moindre réplique de drague foireuse et préparée à l’avance. Il tient sa manche surélevée de sa peau entre ses doigts et mon regard est attiré par le tissu noir de son smoking, en effet taché d’une sauce à la couleur douteuse. « Personne mange à ce genre d’événement. Les gens font semblant, c’est ça le secret. » Parce que la moitié des actrices et modèles aspirantes souffrent de toute façon de troubles de l’alimentation et que le reste de l’assemblé a bien trop peur de tâcher sa robe ou son costard de créateur. « Toutes les starlettes ont peur que la presse les qualifie d’anorexiques, c’est pour ça qu'elles ont un petit four à la main. Mais il s’agirait surtout pas de prendre le risque de passer pour un pique-assiette, alors faut pas non plus être scotché au buffet. » Pour lui montrer que moi je n’en ai rien à foutre, j’attrappe mon petit four entre mes doigts pour le porter à mes lèvres et l’avaler de deux bouchées, avant de boire une gorgée de champagne. « Les seuls qui profitent vraiment de ce genre de soirée, ce sont ceux qui se foutent de l’image qu’ils renvoient. » Je lui adresse un clin d'œil destiné à appuyer le fait que je fais partie de cette dernière catégorie. Je ne suis pas là pour me montrer : je participe à cette économie juteuse sans en être une victime. Je m’enrichis sur le dos de tous ces mannequins squelettiques.

« Aiden Turner. Acteur, ou du moins c'est ce qu'on me fait croire depuis quelque temps. » - « Bein voyons. Tout le monde est acteur, ici. » Ou plutôt, chacun aime le croire. Le brun, je ne me souviens pas l’avoir vu quelque part, pas même dans les séries débiles dont s’abreuve ma meilleure amie. « On peut te voir dans quoi, monsieur l’acteur ? » Ne me dites pas qu’il fait dans la télé-réalité. Personnellement, j’abhorre ce genre télévisuel mais force est de constater qu’il fait vendre des journaux et, par conséquent, des clichés volés comme ceux que je prends. « Laisse-moi deviner… Le sidekick un peu naïf de l’antagoniste ? Le meilleur ami du héros ? » Amusée par cette conversation, je l’observe impunément de haut en bas, plissant les yeux à chaque proposition. Le fait est qu’avec ces yeux particuliers, il joue certainement souvent le personnage secondaire un peu stone. « Tu as d'autres choses à me montrer Megan photographe de mode ? Non parce que c'est de loin la discussion la plus intéressante que j'ai eu de la soirée, si on ne compte pas Gil là-bas qui a tenté de me vendre sa technique pour améliorer mes scènes de sexe. » Il ne se vexe pas et c’est tout à son honneur : je déteste la susceptibilité quand elle est apportée comme réponse à la provocation ou des traits d’esprits. « C’est peut-être pour ça que je t’ai pas reconnu. Je regarde pas de porno et j’ai entendu dire que les images sont tout le temps retouchées en post production. » J’esquisse un sourire provocateur en portant mon verre à mes lèvres. Oh, je doute qu’il mange de ce pain là : ce n’est pas ce genre de soirée. Ici, chacun espère devenir une star, une vraie.

« Ça dépend pourquoi t’es là. Ce que tu cherches en venant à ce genre de soirée. » J’appuie mes coudes sur le mange-debout, et je dépose mon menton entre mes mains. Parfaitement concentrée, je l’observe d’un regard voué à le déstabiliser. « La visibilité ? T’es à la recherche de ton prochain rôle ou tu veux simplement ta photo dans un joli costume dans le prochain numéro de Label Magazine à défaut de pouvoir faire la couverture de Vogue Australia ? »

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Aiden ne pouvait nier ni cette monstrueuse tâche de sauce crevette sur la manche de sa chemise, ni la façon dont la blonde exprimait ses mots avec ses yeux plutôt qu'avec sa bouche. De haut en bas elle l'avait dévisagé avant de faire claquer les mots contre son palais, faisant d'elle la conversation la plus agréable de toute la soirée quand bien même elle en laissait croire le contraire. « Personne mange à ce genre d’événement. Les gens font semblant, c’est ça le secret. » Alors il était le seul être humain encore capable d'agir comme tel ? Les sourcils surélevés en guise de point d'interrogation, l'acteur s'était penché pour mettre la main sur une serviette capable de lui venir en aide. « C'est donc ça... moi qui pensais qu'on avait juste à se faire vomir dans les toilettes entre deux petits fours. » Encore un point du métier qu'il avait en horreur, c'était à se demander ce qu'il foutait encore là alors qu'aucune passion ne l'animait. « Toutes les starlettes ont peur que la presse les qualifie d’anorexiques, c’est pour ça qu'elles ont un petit four à la main. Mais il s’agirait surtout pas de prendre le risque de passer pour un pique-assiette, alors faut pas non plus être scotché au buffet. » Alliant le geste à la parole dans un pied de nez qu'elle voulait rebelle et désinvolte, elle avait glissé un feuilleté entre ses lèvres avant de le noyer dans une lampée de champagne. « Déjà qu'on me qualifie de petit con il ne faudrait pas non plus que je rajoute anorexique à la liste, je prend bonne note de tes conseils. »

Aiden n'était plus accoudé au comptoir mais debout devant la blonde qu'il surplombait de quelques bons centimètres, maintenant complètement désintéressé de la tâche rougeâtre sur son poignet. « Les seuls qui profitent vraiment de ce genre de soirée, ce sont ceux qui se foutent de l’image qu’ils renvoient. » Son clin d'oeil est lourd de sens, ses mots également. Elle se fiche bien des sobriquets que l'on pourrait lui donner durant cette soirée à la con, des regards qu'ils verseront sur elle en la pointant du bout du menton, le genre de situation dans laquelle il se retrouve aussi plongé parfois. Comme un doigt d'honneur bien dressé Aiden accompagne la jeune femme en substituant une bouteille de champagne des mains d'un serveur. « Et ça te dirait de n'en avoir rien à foutre avec moi ? » Un haussement d'épaule, un petit sourire en coin, cette impression d'avoir enfin trouvé quelqu'un non obnubilé par son propre nombril. « Bein voyons. Tout le monde est acteur, ici.» Vrai. Une déduction qu'elle avait simplement pu faire au vu du nombre de personnes présente ici qui se vantait d'être le nouveau grand nom du cinéma. « On peut te voir dans quoi, monsieur l’acteur ? Laisse-moi deviner… Le sidekick un peu naïf de l’antagoniste ? Le meilleur ami du héros ? » Outch, sans le vouloir Megan touchait des points sensibles qui rendaient Aiden encore plus triste alors qu'il buvait une lampée de champagne à même le goulot. « Pas loin, vraiment je suis impressionné. Mais non, je suis plus du genre petit ami qu'on plaque pour le bad boys dont les tatouages sont le seul trait de personnalité ou encore, fils qui déteste son père mais qui réalise à la fin que la vie est courte et qu'il faut pas tout gâcher. » La carrière du Turner décrite en quelques mots pour Megan, rien d'extraordinaire, rien qui ne le poussait à se lever du lit tous les matins, rien qui ne l'animait vraiment.

« C’est peut-être pour ça que je t’ai pas reconnu. Je regarde pas de porno et j’ai entendu dire que les images sont tout le temps retouchées en post production. » Aiden recrache le champagne entre ses lèvres, faisait s'écraser au sol des petites gouttes dorées alors qu'il étouffe un rire pour ne pas se faire remarquer. Elle à de l'humour, elle est la plus belle chose qu'il ait vu ce soir, alors il était hors de question pour le Turner de quitter cet endroit maintenant qu'il l'avait trouvé. « Dommage, je joue un super rôle dans 'Les touristes se perdent en forêt volume 2'. Et puis ils pouvaient rien retoucher avec moi, déjà que ça rentrait pas dans le cadre. » Aiden en rajoute pour que cette conversation ne s'épuise jamais, source intarissable de paroles acerbes quand on avait assez d'autodérision pour les accepter. Il n’avait rien à faire ici et Megan le savait très bien, figeant l’instant entre Aiden et elle pour le confronter à la dure réalité de sa présence dans cette pièce, le fait qu’il devait décrocher d’autres rôles que les habituels en se montrant des plus intéressés devant des réalisateurs dont il ne connaissait même pas le prénom. « Ça dépend pourquoi t’es là. Ce que tu cherches en venant à ce genre de soirée. » Elle s’appuie sur le comptoir avant de faire défiler ses yeux sur la silhouette vacillante de l’acteur intoxiqué au champagne.

« La visibilité ? T’es à la recherche de ton prochain rôle ou tu veux simplement ta photo dans un joli costume dans le prochain numéro de Label Magazine à défaut de pouvoir faire la couverture de Vogue Australia ? » Megan ne devait rien connaître d’autre que les paroles qui claquent, définissant son personnage autours de ce franc parlé qui plaisait à un Aiden bien trop souvent bercé par des léchages de cul en bonne et due forme. « Tu veux la vérité Megan ? » Une gorgée de champagne à moitié avalée de travers, des mains qui essuient péniblement les gouttes sur son menton, Aiden se reproche de la blonde sans pour autant envahir son espace. « Mon agent m’a fait venir ici pour décrocher de nouveaux rôles, elle a peur que je je perde la passion pour le métier et que je tombe dans l’oubli… mais la vérité c’est que je suis pas sûr que ce boulot soit fait pour moi…» C’est la première fois qu’il mets des mots sur ce qu’il ressens, la première fois qu’il avoue ses fissures, et ça devant la plus parfaite des inconnues.

 

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Megan Williams & @Aiden Turner - 2019, 21ans  

« C’est donc ça… Moi qui pensais qu’on avait juste à se faire voir dans les toilettes entre deux petits fours. » Je laisse échapper un rire amusé, teinté d’une pointe de sarcasme qui en dit long sur ce que je pense de la plupart des gens présents ici. Je n’ai aucun respect pour ces pseudos it-girls qui ne rêvent que de célébrité sans posséder le moindre talent, aucun pour ces apollons qui veulent qu’on les adule mais n’aspirent à aucune grandeur. Je les méprise puisque, depuis toujours, j’aspire à m’élever dans l’échelle sociale, à devenir quelqu’un mais pas de la façon superficielle qu’ils adoptent. La facilité, si elle est séduisante, m’intéresse moins que l’authenticité et le mérite. Je crois que, si j’admirais ces gens d’une quelconque manière, je ne serais pas aussi douée dans mon job. Cela demande du détachement que de ruiner la vie ou en tout cas l’image parfaite de ces inconnus tout sauf anonymes. « Surtout pas. Elles attendent d’être rentrées à l’hôtel ou à la maison pour ça. Malheureux, jamais en public. » Les troubles alimentaires ne font pas gagner d’abonnés sur Instagram. « Déjà qu’on me qualifie de petit con il ne faudrait pas non plus que je rajoute anorexique à la liste, je prends note de tes conseils. » - « Ta chemise me dit que tu fais pas partie du lot. » Je désigne du bout du menton la tâche de sauce cocktail qui s’étale sur le blanc autrefois immaculé du vêtement. « Et ça te dirait de n’en avoir rien à foutre avec moi ? » - « T’es pas supposé faire partie de ceux qui en ont rien à foutre Aiden, acteur. » On ne décroche pas des rôles avec une image ternie. Pourtant, je le sens honnête et il pique mon intérêt. Que fait-il ici ce soir s’il se moque de toutes ces conneries ? Je l’observe avec attention, avec intensité.

« Pas loin, vraiment je suis impressionné. Mais non, je suis plus du genre petit ami qu’on plaque pour le bad boy dont les tatouages sont le seul trait de personnalité ou encore, fils qui déteste son père mais qui réalise à la fin que la vie est courte et qu’il faut pas tout gâcher. » - « Un habitué des seconds rôles donc. » D’une certaine façon, ce sont souvent les pires. Ils touchent du doigt le rêve, ils peuvent parfois côtoyer la sphère des stars du petit et grand écran mais sans jamais appartenir à leur caste. Pour cette raison, ils sont bien souvent aigris et jaloux de la réussite de personnes plus talentueuses ou, plus souvent, plus chanceuses qu’eux. Mais quelque chose me dit qu’Aiden est différent, il a l’air différent en tout cas. « Dommage, je joue un super rôle dans “Les touristes se perdent en forêt volume 2“. Et puis ils pouvaient rien retoucher avec moi, déjà que ça rentrait pas dans le cadre. » Il rentre dans mon jeu, il a du répondant et ça me plait : j’explose de rire, un rire franc, un rire qui n’a rien à voir avec l’espèce de hoquet contrôlé des mannequins anorexiques qui cherchent à tout contrôler, à tout calculer, même leur euphorie. « T’es même pas capable d’inventer un titre de film porno crédible. Je sais pas si c’est rassurant ou ridicule. » Mon visage répond à cette question pour moi : c’est vivifiant, tout l’est dans cette conversation. « Tu veux la vérité Megan ? » - « Aussi longtemps que je serais en vie, je répondrai toujours oui à cette question. » La vérité ou plutôt la lutte contre les mensonges est mon cheval de bataille, la pierre angulaire de mon existence. Les mensonges détruisent des vies et je les abhorre. Peut-être est-ce pour ça que je ne ressens aucune culpabilité à l’idée d’exposer au grand jour ceux des célébrités que le public adule. « Mon agent m’a fait venir ici pour décrocher de nouveaux rôles, elle a peur que je perde la passion pour le métier et que je tombe dans l’oubli… Mais la vérité c’est que je suis pas sûr que ce boulot soit fait pour moi… » Je hoche la tête, avant d’esquisser un sourire et de hausser les épaules. « C’est peut-être ton agent qui est pas fait pour toi. C’est peut-être ça que tu devrais changer, pas ton choix de carrière. » Je jette un coup d’œil circulaire à la foule, avant de me concentrer à nouveau sur mon interlocuteur. « Elle est là ce soir ? » La réponse est certainement non. Je doute qu’il soit le genre de client assez important pour être suivi de près, baby-sitté comme s’il était un enfant incapable de s’occuper de lui-même. « Si elle est pas là, rien t’empêche de te tirer. Tu t’es fait voir et je suis prête à parier que ton portrait a déjà été tiré sous tous ses angles : tu seras dans le prochain numéro du magazine, sans l’ombre d’un doute. » Même si, malheureusement pour lui, je doute qu’il occupe autre chose que le pied d’une page consacrée aux célébrités de seconde zone. « Qu’est-ce que t’en dis ? On se tire et on va chercher autre chose que des petits fours décongelés en ville ? » J’ignore tout de ce qui me pousse à lui faire ce genre de proposition. Ce que je sais, c’est que j’ai besoin d’un vent de nouveauté, de fraicheur, et que cette conversation me pousse à avoir envie de le découvrir, au moins le temps d’une soirée.

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« Surtout pas. Elles attendent d’être rentrées à l’hôtel ou à la maison pour ça. Malheureux, jamais en public. » Un rire s'échappe des lèvres du pseudo acteur alors que du coin de l'oeil il remarque très clairement la file indienne de jeunes femmes qui se tiennent la main sur le ventre comme si leurs estomacs allaient soudainement se décrocher sur le sol. Elle était un vent de légèreté dans un environnement rendu aseptique par les faux semblants, des sourires hypocrites aux tapes dans le dos d'une main couverte d'épines, Megan avait rendu la soirée agréable pour le jeune acteur qui se pouvait s'empêcher de lui jeter des coups d'œil qui se veulent discrets. "T'as du passer de nombreuses heures à les observer pour en tirer toutes ces conclusions." Mais là c'était lui qui l'observait en se mordant la lèvre, rendu fier par les quelques verres qu'il avait pris avant d'entamer la conversation, oubliant presque qu'il s'était rendu à cette soirée sous les ordres de son agent qui ne manquait pas de lui lancer des regards remplis d'éclairs. « Ta chemise me dit que tu fais pas partie du lot. » La blonde pointe le bout de son menton sur la tâche de sauce cocktail qui orne la chemise du Turner, ne lui faisant ainsi pas cocher la case des anorexiques qui se feront vomir à peine rentrés à la maison. "Ma chemise me dis surtout que je vais encore devoir en racheter une car je sais pas faire de lessive." Il était encore un jeune garçon qu'on avait foutu dans la vie sans prendre le temps de lui expliquer, avec un petit paquet d'argent en prime pour ne pas qu'il pose de questions sur le pourquoi du comment. « T’es pas supposé faire partie de ceux qui en ont rien à foutre Aiden, acteur. » Emphasis on the 'acteur' qu'elle avait appuyé d'un mouvement de langue contre son palais pour marquer le fait qu'il était tout le contraire de ce qu'il était supposé être entre ces murs. "Mais si j'étais comme tous les autres je n'aurai pas piqué ta curiosité Megan, photographe de mode." Un haussement de sourcil et un sourire en coin avait fait de lui un nouvel homme, le genre qu'on accepte ou qu'on repousse directement sans rien au milieu.

« Un habitué des seconds rôles donc. » Elle avait touché en plein de mille sans prendre de pincettes, avec cette sincérité qu'Aiden avait fini par cernes au bout de quelques précieuses minutes de discussion, et si Megan trouvait les bonnes cibles avec ses mots c'est bien parce qu'il avait à cœur cette histoire de seconds rôles qu'on lui offrait à tour de bras. "Il paraît que je les joue très bien, mes seconds rôles. Tu viendra sur un plateau pour me voir et dans quelques années quand je serais super connu tu pourra revendre l'emballage du tacos que je t'offrirai ce jour là." Déjà convaincu que la blonde donnerait de son temps pour venir le voir souffrir sous les paroles agressives d'un réalisateur snobinard, Aiden joue cartes sur table en se montrant des plus honnêtes avec Megan, franchissant même les barrières de la pudeur en évoquant les films pornographique, et ça en plein milieu d'une soirée mondaine où plusieurs des regards étaient braqués sur lui. « T’es même pas capable d’inventer un titre de film porno crédible. Je sais pas si c’est rassurant ou ridicule. » Le rire de Megan avait aussitôt déclenché celui de l'acteur qui avait écopé de regards appuyés de la part du reste de la foule. Fuck them all après tout. "Prend le côté rassurant si ça me permet de te revoir après cette soirée." Aucune autre personne n'avait maintenant plus d'importance que Megan alors même que tout le monde faisait semblant de s'intéresser aux autres pour gratter quelques noms en plus dans un répertoire vide d'âmes. « Aussi longtemps que je serais en vie, je répondrai toujours oui à cette question. » La question de la vérité que l'acteur cherche à fuir encore et toujours, petit oisillon coincé que l'on a poussé du nid trop tôt et dont on s'étonne encore qu'il ne sache pas voler.

Besoin de ce défaire de cette vie mais aucunement l'envie de reprendre à zéro une existence qui n'a jamais été glorieuse. Aiden avait beau dénigrer son emploi, penser que l'herbe est plus verte chez les autres, il n'en reste pas moins qu'il ne sait rien faire d'autres que ça. « C’est peut-être ton agent qui est pas fait pour toi. C’est peut-être ça que tu devrais changer, pas ton choix de carrière. Elle est là ce soir ? » Oh il n'était pas encore assez important pour être suivi à la trace, ni par les photographes ni par son agent qui avait sans doute mieux à faire que de le surveiller pour qu'il se fasse des copains. Aiden avait secoué le menton à la négative tout en avalant les dernières gorgées de son verre, faisant monter l'alcool à ses joues alors même qu'il rougissait déjà. "Tu penses bien qu'elle a d'autres chats à fouetter que de regarder si j'accepte de lécher des culs en échange d'un rôle seconde dans une sitcom." Un haussement de sourcil suivi d'un hoquet un chouïa alcoolisé avait rendu Aiden prêt à tout pour se barrer d'ici, simplement si elle le lui demandait. Etrange façon de faire que de s'enticher de la première inconnue qui apportait un brin d'attention, mais le courant avait filé entre les deux sans même qu'il ne s'en rende compte, lui laissant un goût d'aventure sur les lèvres. «Si elle est pas là, rien t’empêche de te tirer. Tu t’es fait voir et je suis prête à parier que ton portrait a déjà été tiré sous tous ses angles : tu seras dans le prochain numéro du magazine, sans l’ombre d’un doute. » Le Turner avait bombé le torse sans le vouloir, transis par l'idée de voir son nom figurer sur autre chose qu'une amende pour excès de vitesse. Peut-être qu'il n'aimait pas cette vie mais que cette vie l'adorait, avec sa gueule de jeune premier qui ne disait jamais non à rien par peur de ne plus être apprécié. "Je suis simplement un peu déçu que ça ne soit pas ton objectif qui m'ait pris en photo mais la nuit est encore longue et je suis un pro des selfies flous." Il avait subtilement glissé l'invitation sans trop en ajouter, en appuyant simplement sur le fait qu'ils avaient encore du temps devant eux pour profiter de cette alchimie naissante qui lui avait redonné le sourire.  « Qu’est-ce que t’en dis ? On se tire et on va chercher autre chose que des petits fours décongelés en ville ? » Les lèvres pincées pour s'éviter un rictus bien trop grand pour la taille de son visage Aiden avait dodeliné de la tête pour simple réponse, embarquant au passage une bouteille derrière le bar qui atterrirait directement sur une facture quelconque. "Emmène moi où tu veux du moment que ça ne soit pas un autre tapis rouge ou une soirée de lancement." A vrai dire il aurait été prêt à la suivre à l'autre bout de la ville pour fuir cet événement et les gens sans âmes qui la peuplait. "J'ai pas de limousine mais un scooter qui tiens à peu près la route si t'as pas peur." D'un doigt assuré Aiden avait appeler l'ascenseur pour fuir la scène de crime au plus vite, conscient qu'il serait obligé de se justifier le lendemain auprès de son agent pour avoir agis avec son cœur plutôt qu'avec sa tête.

 

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Megan Williams & @Aiden Turner - 2019, 21ans  

« T'as dû passer de nombreuses heures à les observer pour en tirer toutes ces conclusions. » - « C’est mon boulot de les observer tenter de briller un peu plus que la voisine. » Derrière le terme photographe de presse peuvent se cacher beaucoup de choses et que l’on parle de mon boulot inavouable ou des shootings sur lesquels il m’arrive de travailler, ce que je dis reste vrai. C’est usant de réserver mon objectif à aux starlettes Australiennes. C’est usant parce que la plupart ne sont rien de plus que des coquilles vides, capturer leur image ne m’apporte rien. Ce n’est pas stimulant, pas plaisant, ce n’est qu’un moyen de payer mes factures. Les clichés volés me permettent au moins de les surprendre quand elles pensent que personne ne les regarde et, encore là, elles restent prévisibles et peu dignes d’intérêt. Tout le monde boit. Tout le monde couche pour réussir, se fait vomir et beaucoup n’hésitent pas à se poudrer le nez à l’occasion. Je ne ressens rien à l’idée de blesser ces gens là avec mes photos, avec le fait de vendre leurs secrets à la presse.

Mais Aiden a l’air différent. Il a l’air de ne pas trop savoir ce qu’il fait là et de s’en moquer à la fois. Il a capté mon attention et, si j’en crois la façon dont il me dévore des yeux sans subtilité, j’ai capté la sienne. « Ma chemise me dit surtout que je vais encore devoir en racheter une car je sais pas faire de lessive. » J’éclate de rire, en frôlant sa manche de mes doigts. « T’es pas encore assez blindé pour jeter tous tes vêtements après les avoir portés ? C’est triste. » Je m’exprime comme si j’évoquais une normalité, alors qu’elle n’est pas la mienne. Je loue beaucoup des tenues que je porte à ce genre d’événement, n’ayant pas du tout les moyens de m’acheter des robes de créateur. « Mais si j'étais comme tous les autres je n'aurai pas piqué ta curiosité Megan, photographe de mode. » - « Qui te dit que t’as piqué ma curiosité ? » J’étire un sourire amusé, pourtant parfaitement consciente qu’il a raison. « Peut-être que je suis uniquement là pour récolter des secrets juteux et pouvoir écrire un article sur la façon dont tu t’empiffres aux buffets à volonté. » Il n’en est rien et ma remarque n’appelle même pas de réponse. Maintenant que je semble avoir attiré son attention, il est différent Aiden. Plus sûr de lui. Plus intéressant, plus séduisant.

« Il paraît que je les joue très bien, mes seconds rôles. Tu viendras sur un plateau pour me voir et dans quelques années quand je serais super connu tu pourras revendre l'emballage du tacos que je t'offrirais ce jour-là. » - « J’espère surtout qu’à ce moment là tu te souviendras de ta super amie Megan et que tu me décrocheras un rôle dans un blockbuster Marvel ou DC. J’ai toujours pensé que je ferais une super Harley Quinn. » Je n’aspire pas à voir mon image sur grand écran, pourtant. Mais j’admets que je jalouse en secret l’attention que reçoivent ces idiots et idiotes qui, à mon sens, ne la méritent pas. « Prend le côté rassurant si ça me permet de te revoir après cette soirée. » - « Peut-être que j’aurais préféré que tu t’y connaisse, t’en sais rien. » J’éclate de rire avant de dissiper tout malentendu : je n’ai pas envie de passer pour une folle furieuse trop entreprenante non plus.

Il n’a pas envie d’être là, l’acteur, et je commence aussi sérieusement à penser que je me suis montrée et que plus rien ne m’oblige à rester. Ma question concernant son agent est donc loin d’être innocente. « Tu penses bien qu'elle a d'autres chats à fouetter que de regarder si j'accepte de lécher des culs en échange d'un rôle secondaire dans une sitcom. » Parfait. « Pas de collègues de plateaux qui te retiennent ? De petite amie ? » J’ai déjà ce qu’il faut en terme d’amant marié, j’ai envie de ressentir quelque chose de différent, de plus simple ce soir. Quelle que soit la façon dont se termine la soirée d’ailleurs, manger des burger en compagnie de quelqu’un qui n’a pas peur d’être vu avec moi suffira à me donner l’impression de vivre une vie rangée, normale, agréable. « Je suis simplement un peu déçu que ça ne soit pas ton objectif qui m'ait pris en photo mais la nuit est encore longue et je suis un pro des selfies flous. » Je lève les mains devant moi en signe d’innocence. « Pas d’appareil photo caché sur moi. Je suis là pour profiter, ce soir. » Et de préférence, j’ai l’intention de continuer à profiter loin d’ici. « Emmène moi où tu veux du moment que ça ne soit pas un autre tapis rouge ou une soirée de lancement. » - « J’en déduis que t’as rien contre une rave party ou un salon de tatouage ? » Des choix bien trop audacieux pour coller à ma personnalité. « Je plaisante. Ce que j’ai en tête est bien plus simple, certainement trop pour une star comme toi. » La star dont je n’avais jamais entendu parler avant ce soir, la belle affaire. « J'ai pas de limousine mais un scooter qui tient à peu près la route si t'as pas peur. » - « Malin le scooter. » On sait tous comment je vais être obligée de me tenir, non ? C’est loin de m’effrayer ou de me repousser et je m’engouffre la première dans l’ascenseur. En bas de l’immeuble, j’attrape le casque qu’il me tend. « Tu me files le tien ou t’avais tout prévu depuis le début ? » Se déplace-t-il toujours avec deux casques dans le coffre de son scooter au cas où il ramènerait une jeune femme chez lui ? Mes lèvres esquissent un sourire éclatant et j’accroche moi même le casque, avant d’enjamber le scooter pour m’installer derrière lui, en tirant le plus possible sur ma robe pour éviter qu’elle ne remonte trop. « Direction Fortitude. Brunswick Street, tu connais ? » Moi, je fréquente souvent le Baja Modern Mexican, restaurant de Tacos traditionnels qui s’y trouve. « On a d’autres tâches à faire sur ta chemise, que je te la lave pas pour rien. » Il ne peut pas me voir, puisque je suis derrière lui, les bras autour de sa taille. S’il pouvait, il verrait que j’ai un immense sourire sur le visage.

@Megan Williams & Aiden Turner ⊹ These days my waves get lost in the oceans. Seven billion swimmers, man I'm going through the motions. Sent up a flare, I need love and devotion

« C’est mon boulot de les observer tenter de briller un peu plus que la voisine. » Et il fallait de la dévotion pour se rendre dans ce genre de soirée afin de photographier des midinettes en tenues de gala cherchant tous les moyens possibles pour se faire remarquer. Le beurre dans des épinards bien fades qui servaient uniquement à régler les factures, à moins que Megan ne tire satisfaction de se rendre dans ce genre de lieux, profitant de cet instant pour se faire briller elle aussi. "On dirait un peu des paroles de psychopathe quand même. T'as déjà été confronté à des scandales ? Genre deux nanas qui ont la même tenue ou bien un vieux pervers de producteur qui mets une main au cul ?" Elle avait du être témoin de beaucoup de choses dans le cadre de son boulot, des plus mauvaises indignations aux moments plus doux d'une découverte fantastique dans les yeux des minots qui débutent dans le métier. Accoudé au bar Aiden faisait parti de ceux qui auraient tout à gagné de jouer les lèche cul pour se tailler une réputation, c'était d'ailleurs ce qu'on attendait de lui dans ce genre d'événement, mais sa rencontre avec la blonde l'avait complétement dissuadé de se mêler aux autres, préférant de loin le sarcasme et les sourires dissimulés de cette conversation légère. Un peu de vraie vie, au milieu d'un foutoir sans nom.

« T’es pas encore assez blindé pour jeter tous tes vêtements après les avoir portés ? C’est triste. » Une bouffée d'air embrasse les poumons du Turner alors qu'il laisse échappe un rire qui se fait retourner une petite poignée de personne assez proches d'eux pour les entendre. Mais il n'en avait rien à foutre. D'eux, de cette soirée, de l'ambiance sentant l'hypocrisie à plein nez. "La vénalité de tes propos m'offusquent, il faudra pas venir pleurer quand j'aurai une piscine remplie de caïmans et que tu pourra pas jouer avec." Aiden s'inventait une vie pour tenter de la faire rire, imposant son humour à défaut d'être le gars le plus riche de la pièce, encore moins le plus désirable comparé aux Ken qui se trimballaient en jetant des regards lourds de sens à Megan. Mais il était vrai, elle pouvait difficilement le nier. « Qui te dit que t’as piqué ma curiosité ? » Outch. La main sur le coeur pour imager sa déception Aiden n'avait quand même pas pu s'empêcher de sourire en réponse au rictus de la jeune femme, conscient que tout ce sarcasme était bien plus plaisant que la plupart des conversations qu'il entretenait au quotidien. « Peut-être que je suis uniquement là pour récolter des secrets juteux et pouvoir écrire un article sur la façon dont tu t’empiffres aux buffets à volonté. » L'acteur avait baissé les yeux pour fixer ses chaussures, empêchant un nouveau rire de venir troubler la soirée des futurs starlettes qu'on oublierait d'un claquement de doigts. "Si tu veux je te laisserai même me prendre en photo pendant que je me cure le nez, on trouvera un gros titre ensemble comme quoi j'ai une obsession déplacée pour les mucosités." Rien de plus excitant pour une jolie blonde que de se retrouver face à un homme capable de se livrer de cette façon, à cœur ouvert, les émotions marquées sur le visage tout comme la rougeur qui s'installe sur ses pommettes depuis son dernier verre d'alcool. On dira de lui qu'il a gâché l'opportunité de cette soirée, il répondra qu'il avait plus important à faire ce soir-là.

« J’espère surtout qu’à ce moment là tu te souviendras de ta super amie Megan et que tu me décrocheras un rôle dans un blockbuster Marvel ou DC. J’ai toujours pensé que je ferais une super Harley Quinn. » Un hochement de tête honnête avait suffit pour que le Turner se rende ridicule, les yeux perdus à force d'imaginer, des joues qui prenaient feu alors qu'elle appuyait chacune de ses syllabes. "Qui voudrait de moi dans le rôle Batman sil te plaît ? Encore Robin je dirai pas non, mais je pourrai pas gagner 30 kilos de muscles en un an, j'aime trop la vie pour me faire souffrir." Si l'idée de jouer un super-héros n'avait jamais franchi l'esprit du jeune homme c'était sans doute à cause de la très mauvaise représentation qu'il avait de son corps. Incapable de se trouver désirable, évitant de près ou de loin les miroirs, Aiden détestait l'idée d'exposer son intimité aux yeux du public, craignant les jugements et les doigts levés. « Peut-être que j’aurais préféré que tu t’y connaisse, t’en sais rien. » Les paroles de la blonde le prive de cette pensée, son rire le ramène à la réalité alors qu'il se pince les lèvres pour ne pas rajouter au boucan qu'ils font déjà. "Peut-être que moi je t'ai menti alors." Il avait haussé les sourcils pour se montrer convaincant quand bien même tout ça le rendait ridicule. « Pas de collègues de plateaux qui te retiennent ? De petite amie ? » Même si son agent avait été présente, munie de menottes afin de l'emprisonner au bar pour qu'il évite de s'échapper, Aiden aurait trouvé un moyen de quitter cette soirée quitte à se couper une main. "Rien de tout ça non." Sur son visage rougi un sourire en coin, seul témoin de cette scène innocente qui fait battre son coeur encore adolescent. Pas une seule chose aurait pu l'empêcher de profiter du reste de la soirée en compagnie de Megan, ni les regards qu'on pourrait lui jeter ni les soupirs accusateurs de son agent qui finirait bien par apprendre sa disparition de la soirée. « Pas d’appareil photo caché sur moi. Je suis là pour profiter, ce soir. » Alors ils avaient tout le temps de se faire des souvenirs plutôt que des post sur Instagram, fabuleux.

« J’en déduis que t’as rien contre une rave party ou un salon de tatouage ? » Peut-être ? Peut-être pas ? L'alcool aidant la prise de décision grotesque Aiden avait répondu par un hochement d'épaules. « Je plaisante. Ce que j’ai en tête est bien plus simple, certainement trop pour une star comme toi. » La star avait soufflé un rire nerveux, préférant de loin vivre incognito dans une marrée humaine plutôt que tout en haut de l'affiche mais seul comme un con. "C'est dommage pour le salon de tatouage, j'aurai pu avoir ton portrait sur la poitrine en souvenir de cette soirée." Encore une bonne chance pour que le monde du cinéma lui tourne complètement le dos, et inconsciemment Aiden avait sans doute envie qu'on lui enlève les paillettes collées sur son front et les langues pendues à son cul. « Malin le scooter. » Une main sur la poignée du coffre pour en tirer le casque Aiden avait répond par un sourire. "Disons que je mets toutes les chances de mon côté seulement." Mais qui était cet homme dont les mots aguicheurs n'étaient en rien semblables aux paroles dénuées de sens qu'il avait l'habitude de sortir ? De quelle manière le Turner avait-il réussi à se muer en un homme rempli de confiance alors qu'il avait encore du mal à appeler le médecin pour prendre rendez-vous ? « Tu me files le tien ou t’avais tout prévu depuis le début ?[/color] » "Tu crois que je me balade toujours avec deux casques alors que je fais des tâches sur ma chemise en mangeant des crevettes ? Tu surestimes mon pouvoir d'attraction, qui est proche du néant." Elle avait enfilé le casque avant de nouer l'attache, enjambant le scooter rafistolé avec une grâce certaine qui n'était pas à la portée de tout le monde. « Direction Fortitude. Brunswick Street, tu connais ? On a d’autres tâches à faire sur ta chemise, que je te la lave pas pour rien. » Les bras de la blonde autours de sa taille Aiden avait esquissé un sourire grandiose d'oreilles en oreilles, profitant de la légère brise sur son visage, bien heureux d'avoir quitté cette soirée pour ce goût de liberté. "Vos désirs sont des ordres, et pour le lavage il faut prendre la lessive douce sinon ça me gratte." Sans doute qu'elle n'avait rien entendu de cette phrase, mais ses bras serrés autours du torse de l'acteur suffisait pour le rendre heureux, quand bien même ce bonheur était éphémère.

 

Desperate for a new connection
Megan Williams & @Aiden Turner - 2019, 21ans  

« On dirait un peu des paroles de psychopathe quand même. T'as déjà été confronté à des scandales ? Genre deux nanas qui ont la même tenue ou bien un vieux pervers de producteur qui met une main au cul ? » Oh si seulement il savait. Les scandales sont mon métier, même si je ne l’avoue pas au premier venu. Les scandales, ils sont autant ce qui met du beurre dans les épinards à la fin du mois que ce qui me fait vibrer puisqu’une part de moi adore découvrir et dévoiler ce qu’il se passe une fois que les volets sont fermés. « Tu mets réellement ça au même niveau, la même tenue et la main aux fesses ? » J’éclate de rire, avant d’ajouter. « Si seulement tu savais. Personne voit le photographe, on est invisible pour eux. Peut-être qu’un jour je te raconterai toutes les situations lunaires auxquelles j’ai assisté. » Bien sûr, il ne saura jamais tout. Tout, ça s’achète un prix d’or, c’est mon gagne-pain.

« La vénalité de tes propos s'offusque, il faudra pas venir pleurer quand j'aurai une piscine remplie de caïmans et que tu pourras pas jouer avec. » Il est rafraîchissant Aiden et je ne me souviens pas avoir déjà autant ri en présence d’une starlette. C’est exactement ce qu’il est, un aspirant influenceur, mais il semble si différent du genre d’individus que je croise habituellement à ce genre de soirée, de ces idiots imbus de leur personne, que j’ai envie de passer un peu plus de temps avec lui. Je ne sais pas si je pourrais lutter contre ce sentiment, mais je n’en ai de toute façon pas envie. « Tu feras moins le malin quand j’aurais décroché le numéro de Steven Spielberg après un shooting et que je partagerai pas avec toi. » Je lui adresse un clin d’oeil avant d’attraper une seconde coupe de champagne au vol sur le plateau de l’un des serveurs. « Si tu veux je te laisserai même me prendre en photo pendant que je me cure le nez, on trouvera un gros titre ensemble comme quoi j'ai une obsession déplacée pour les mucosités. » - « Je suis désolée, mais tu feras pas le poids contre elle. » Je pointe du doigt une influenceuse en vogue qui sirote un cocktail en minaudant auprès d’homme qui ont deux fois son âge et peut-être le pouvoir de donner un coup de boost à sa popularité. « Soit elle a une obsession pour la farine, soit l’image de fit-girl healthy qu’elle montre à ses abonnés est montée de toutes pièces. » Puisque j’ai pris en début de semaine un cliché d’elle en train de s’enfiler un rail de cocaïne en boîte de nuit, quand elle pensait que personne ne l’observait et que toutes les personnes présentes dans le carré VIP étaient des personnes de confiance. L’avantage d’avoir mon visage d’ange, c’est que je peux entrer partout. « Achète le People Magazine de la semaine prochaine si tu la trouves un peu trop parfaite. »

« Qui voudrait de moi dans le rôle Batman s'il te plaît ? Encore Robin je dirai pas non, mais je pourrai pas gagner 30 kilos de muscles en un an, j'aime trop la vie pour me faire souffrir. » - « Qui a dit que je voulais de toi comme co-star ? Non je pensais plus à un des frères Hemsworth, ou bien Ryan Gosling. » Je le provoque, un immense sourire sur le visage. Je lui plais, c’est une évidence, et comme à chaque fois que je sens que j’attire l’attention d’un homme et que je lui fais briller les yeux, je me sens pousser des ailes. Elles poussent au point que je me renseigne sur son statut civil sans la moindre subtilité. « Rien de tout ça non. » Pas de petite amie donc : le reste ne m’importait que peu et, comme seule réponse, je lui offre un sourire ravageur et un hochement de tête, signe que l’information ne tombe pas dans l’oreille d’une sourde. « C'est dommage pour le salon de tatouage, j'aurais pu avoir ton portrait sur la poitrine en souvenir de cette soirée. » - « Tu peux être sûr que ton agente t’aurais remercié. » Théâtralement, je pose une main sur mon cœur et prends un air affligé. « Je veux pas me mettre en travers de ta carrière. » Même si j’ai un beau visage : au diable la fausse modestie. « Disons que je mets toutes les chances de mon côté seulement. » - « Et qu’est ce que tu fais de l’énorme tâche de sauce cocktail sur ta chemise ? » Tâche que je désigne du menton avec un sourire mutin sur les lèvres, avant de m’éclipser et de l’entraîner dans mon sillage.

« Tu crois que je me balade toujours avec deux casques alors que je fais des tâches sur ma chemise en mangeant des crevettes ? Tu surestimes mon pouvoir d'attraction, qui est proche du néant. » Il me tend donc l’unique casque que j’enfile, songeant que son pouvoir d’attraction me semble bien loin du néant ce soir. Est-ce parce que j’ai un peu bu et que je n’ai pas l’habitude ? Est-ce parce que je suis à un tournant de ma vie ou je crains de n’intéresser que des types que Scott, marié et plus intéressés par l’idée de se faufiler entre mes cuisses que par ce que j’ai à dire ? Je l’ignore mais ce que je sais, c’est que je n’hésite pas une seule seconde avant de nouer mes bras autour de sa taille. Je ne fais rien de mal : je ne dois rine à personne. « Vos désirs sont des ordres, et pour le lavage il faut prendre la lessive douce sinon ça me gratte. » Mon rire éclate dans la nuit, à peine audible à cause du bruit généré par le moteur de la moto et celui des klaxons qui troublent la quiétude de la ville. « De la lessive douce, c’est noté ! » J’ai presque besoin de crier pour faire entendre le son de ma voix, et je ne sais même pas si elle lui parvient tout à fait. Quand la moto arrive au niveau du restaurant mexicain où j’ai mes habitudes, je le lui indique d’une pression un peu plus forte autour de sa taille et, lorsqu’il s’arrête et que je retire mon casque il me retrouve telle il m’a quittée : hilare. « T’es prêt à manger les meilleurs tacos de la ville ? » J’attrape sans main sans trop réfléchir à ce que je suis en train de faire, avant de l’entraîner à l’intérieur du bar-restaurant et de m’adresser au serveur. « Je veux vous prendre des Mushroom tacos, des chicken tacos, des carnitas tacos... Vous savez quoi ? Mettez moi aussi celui au poisson et au bœuf. » Une fois tous les tacos de la carte commandés, je me tourne vers mon complice avec un immense sourire sur les lèvres. « Tu pourras pas dire que t’as pas testé la carte. Tu verras, tu pourras plus non plus aller ailleurs après ça.[/i] » Sa main toujours prisonnière de la mienne je l’attire vers une table où nous nous installons. « Alors Aiden Turner, acteur, qu’est ce que tu cherches en t'enfuyant avec une inconnue ? Qu’est ce que t’attends de cette soirée ? »

@Megan Williams & Aiden Turner ⊹ These days my waves get lost in the oceans. Seven billion swimmers, man I'm going through the motions. Sent up a flare, I need love and devotion

Intrigante à souhaits de part sa façon d'être et de penser, Megan tenait aussi entre ses mains toute l'attention du jeune acteur, incapable de détourner le regard ou de s'inquiéter des autres personnes présentes tout autours de lui. Un pouvoir d'attraction qu'elle devait pourtant réduire dans le cadre de son boulot, invisible aux yeux des autres pour récolter les fruits de son objectif, toujours à l'affut du moindres fait que les médias pourraient s'arracher. On lui aurait sûrement déconseillé de s'approcher d'elle, prétextant qu'il n'avait en rien besoin de s'afficher dans les journaux people, mais le pouvoir qu'elle détenait avait suffit pour qu'Aiden boive ses paroles sans détourner le regard. « Tu mets réellement ça au même niveau, la même tenue et la main aux fesses ? Si seulement tu savais. Personne voit le photographe, on est invisible pour eux. Peut-être qu’un jour je te raconterai toutes les situations lunaires auxquelles j’ai assisté. » Le sourire aux lèvres qui n'avait jamais été forcé depuis qu'il avait fait sa rencontre, Aiden avait simplement hoché la tête tout en gardant en mémoire la promesse d'une soirée passée à discuter de plus mystérieux scandales auxquels elle avait assisté. "C'est une promesse ?" Il avait présenté son petit doigt à la blonde comme pour sceller un pacte qui ne faisait de sens que pour eux. "On couplera cette discussion à une bonne bouteille de champagne offert par mon rôle de meilleur ami un peu stupide, amoureux du premier rôle mais qu'elle ne verra vraiment que dans les dix dernières minutes". Le genre de rôle qu'on lui accordait tout le temps mais qui remplissait son frigo et lui permettait d'assister à ce genre de soirée.

Ils s'échangent les remarques pour faire naître un sourire sur les lèvres de l'autre, s'en fichent pas mal des regards portés à leurs attentions où même des murmurent qui se font parfois autours d'eux. Rien de tout ça ne compte quand le Turner plonge ses yeux dans ceux de la blonde, lumineuse, solaire, et sarcastique. « Tu feras moins le malin quand j’aurais décroché le numéro de Steven Spielberg après un shooting et que je partagerai pas avec toi. » Un coup de poignard dans le cœur. Faussement offusqué Aiden joue la comédie, ce qu'il fait de mieux, en mimant un poignard qui s'enfonce dans sa poitrine, se laissant glisser le long du comptoir pour que le mime soit parfait. "Tu n'oserais pas ?! Ton vieil ami Aiden qui t'as fait passé une super soirée, trahi aussi brutalement…" L'acteur avait porté sa coupe de champagne à ses lèvres en remuant la tête lentement, incapable pourtant d'effacer le sourire niais de sur ses lèvres. Il pourrait très bien se jouer des tous les autres photographes ici en donnant l'exclusivité de ses narines à Megan, mais elle avait secoué la tête en souriant à sa bêtise. « Je suis désolée, mais tu feras pas le poids contre elle. » Du doigt elle avait pointé une starlette maigrichonne qui se pavanait devant de gros et gras producteurs en quête d'un rôle quelconque. « Soit elle a une obsession pour la farine, soit l’image de fit-girl healthy qu’elle montre à ses abonnés est montée de toutes pièces. » Il avait en horreur les traces de cocaïne sur le siège des toilettes, encore plus les nez farineux des wannabes qui se jetaient sur les occasions comme une bande vautours affamés. "Elle a troqué la salade de chou contre la drogue, par sûr que ça plaise à sa nutritionniste ou aux marques de sportsware qui veulent des partenariats." Aiden se surprenait à en savoir autant sur la vie des autres, mais ça faisait parti des essentiels dans le kit du bon petit acteur dont la carrière démarrait. « Achète le People Magazine de la semaine prochaine si tu la trouves un peu trop parfaite. » Parfait n'était pas l'adjectif qu'il aurait utilisé pour décrire la jeune femme, bien trop maigre à son goût. "C'est pas elle que je trouve parfaite." Si jamais elle ne comprenait pas le message alors il n'y avait plus rien à faire.

Aiden Turner en Batman. Megan avait placé la barre bien trop haute pour que le jeune homme puisse effleurer l'idée de l'attraper, bien trop à l'aise dans des rôles ne demandant aucune préparation physique. Mais elle, elle serait superbe dans un costume d'arlequin. « Qui a dit que je voulais de toi comme co-star ? Non je pensais plus à un des frères Hemsworth, ou bien Ryan Gosling. » Encore une fois, un poignard en plein coeur. Aiden s'était pincé les lèvres en essayant de réfuter l'idée qu'elle pourrait très bien avoir le numéro des frères Hemsworth dans son répertoire, et que même eux ne seraient en rien insensibles à son charme. "Nan on m'a dis qu'ils étaient pas mal pris en ce moment, des tournages et tout, tu connais. Alors que moi j'ai pas grand chose à faire là en ce moment." Un peu jaloux sur les bords l'acteur avait caché le rougissement de ses joues dans le fond de son verre, trop tard pour ne pas se faire remarquer par la blonde dont l'œil avait de l'expérience. Elle s'inquiète de lui découvrir une petite amie alors qu'il ne partage son lit qu'avec la solitude et un bout de pizza froid, mais ça le fait sourire de savoir que Megan cherche à le connaître ou bien à éliminer une potentielle petite amie du paysage alors que lui se voit déjà avec son portrait tatoué sur le torse. « Tu peux être sûr que ton agente t’aurais remercié. Je veux pas me mettre en travers de ta carrière. » Et lui n'était même pas sûr de vouloir d'une carrière, alors qu'il était a 80% sûr de vouloir le visage de la jeune femme à jamais encré sur le haut de son pectoral. "Au contraire, je serais sans doute plus convaincant pour jouer des rôles de méchants garçons." Il ne leur reste plus qu'à fuir la scène en jouant des coudes pour se frayer un chemin vers l'ascenseur, quant bien même personne ne s'élancerait à leurs trousses pour les retenir il y avait un côté surprenant à filer ainsi à l'anglaise, une petite dose d'adrénaline qui plaisait à l'acteur. « Et qu’est ce que tu fais de l’énorme tâche de sauce cocktail sur ta chemise ? » Aiden avait baissé les yeux vers la tâche rosâtre qui occupait un des pans de sa chemise. "Boh j'aurai qu'à la retourner, c'est ce que je fais avec mes caleçons." Si il ne pouvait pas compter sur un physique de bellâtre il avait au moins un bon sens de l'humour.

Megan noue ses bras autours de la taille du Turner qui peut maintenant sentir son coeur descendant jusque dans ses talons, incapable de faire taire la palpitation soudaine de son organe, ni même le sourire qui anime son visage alors que la voix de la jeune femme se retrouve un peu couverte par le vent. « De la lessive douce, c’est noté ! » Elle était rafraichissante et n'avait rien du tout à envier aux petites starlettes dont le seul but était de se voir, à elle seule la photographe avait réussi à transformer une soirée maussade en un véritable amusement. « T’es prêt à manger les meilleurs tacos de la ville ? » Aiden avait à peine eu le temps d'armer l'antivol de son scooter que la blonde était entrée dans le restaurant en nouant ses doigts aux siens, familière des lieux, pleine d'une joie qui lui donnait envie de prolonger cette soirée rien que pour la voir sourire. "Ouh alors si tu dis ça j'espère vraiment ne pas être déçu car je suis très difficile avec ma nourriture." Aussi parce qu'il ne savait pas faire autres choses que des pâtes, fallait il encore qu'elles soient faisable en moins de trois minutes. « Je veux vous prendre des Mushroom tacos, des chicken tacos, des carnitas tacos... Vous savez quoi ? Mettez moi aussi celui au poisson et au bœuf. » Un sourcil arqué il avait laissé faire Megan non sans amusement, incapable de sentir aussi à l'aise en société qu'elle, rougissant à la moindre question orientée vers lui. "On prendra aussi deux cocktails maison, peu importe la composition, faites vous plaisir." Sa main toujours prisonnière de celle de la blonde Aiden s'était laissé en entraîné. « Tu pourras pas dire que t’as pas testé la carte. Tu verras, tu pourras plus non plus aller ailleurs après ça. » Tous les ailleurs lui sembleraient fades maintenant qu'il avait goûté à cet instant, ici. "Si tu me fais découvrir les coins que tu aimes bien dans la vile il y a de forte chance que j'en fasse de même, et une compétition s'installera entre nous." L'acteur avait plongé son regard dans celui de Megan. "Et je compte bien gagner." Même si il laisserait toujours planer le doute sur le gagnant simplement pour s'offrir d'autres moments comme celui-ci. « Alors Aiden Turner, acteur, qu’est ce que tu cherches en t'enfuyant avec une inconnue ? Qu’est ce que t’attends de cette soirée ? » Le dos appuyé contre le dossier de la chaise il a les narines qui s'activent à mesure que les odeurs remontent vers eux, faisant grogner son ventre sans le moindre ménagement. "Déjà je m'attend à manger les meilleurs tacos de la ville comme promis… et ensuite une glace… ou un tour de grande roue… ou les deux en même temps." Du moment qu'elle continuait de nouer leurs doigts ensemble. "Mais en vrai je pense que les soirées mondaines ne sont pas pour moi, tout le brouhaha incessant et les mains véreuses qui ne cherchent que l'argent... pour tout te dire je sais même pas pourquoi je fais ça." Il avait cette impression nouvelle et plaisante que rien ne pourrait sortir de leur bulle d'allégresse, que Megan ne trahirait jamais le moindre mot pour le bien d'un article, elle avait toute sa confiance alors qu'ils ne se connaissaient que depuis deux heures. "Et toi alors ? Qu'est-ce que tu attends de moi ? Qu'est-ce que je dois faire pour que ce moment ne s'arrête pas ?" Les tacos avaient comblés le vide entre les deux silhouettes alors que la seule volonté d'Aiden était de se rapprocher.

 

Desperate for a new connection
Megan Williams & @Aiden Turner - 2019, 21ans  

Je fais des promesses, je lui fais même des révélations qui n’ont certes pas grande importance mais qui sont contraires à ma déontologie - comme si j’en possédais une - et lui reste là, un sourire un peu idiot mais un peu attachant sur les lèvres, à me regarder comme si j’étais la huitième merveille du monde. Je ne suis pas une ingénue. J’ai beau être jeune, j’ai conscience que mon visage plaît aux hommes et que mes courbes leur font monter le sang jusqu’aux joues. Je fais partie de ces femmes qui savent en jouer sans donner pour autant l’impression d’essayer trop fort, comme si c’était naturel, comme si c’était presque inconscient. Compte tenu de tout ça, sa déclaration n’a rien de bien surprenant. « C'est pas elle que je trouve parfaite. » Si je ne rougis pas, mes joues rosissent de plaisir, parce que je suis flattée, parce que j’ai beau être consciente de toutes ces choses, j’ai besoin de la validation des autres et surtout des hommes, j’ai toujours cherché leur approbation. « Si tu dis ça c’est parce que tu m’as pas encore vue jouer au bière-pong. Je te ferais beaucoup de peine. » Avoir chauffé les bancs de l’université pendant un an ne m’a pas rendue spécialiste de ce ”sport” qu’affectionnent les étudiants.

« Nan on m'a dit qu'ils étaient pas mal pris en ce moment, des tournages et tout, tu connais. Alors que moi j'ai pas grand chose à faire là en ce moment. » J’explose d’un rire joyeux, sans fard et sans que cela soit calculé. Naturelle, franche et directe, j’aime lorsque la conversation l’est également. Et force est de constater que rien n’est forcé avec Aiden, et que cela ne m’était pas arrivé depuis longtemps, de rencontrer quelqu’un qui m’aborde de cette façon. « Au contraire, je serais sans doute plus convaincant pour jouer des rôles de méchants garçons. » - « Avec le visage ou le prénom d’une fille tatoué sur le torse ? T’auras surtout l’air du cas social du coin. » Mon sourire s’agrandit un peu et je plisse le nez, tout en secouant la tête pour lui signifier que c’est de loin la pire idée qu’il pourrait avoir que de se tatouer quoi que ce soit me représentant. Je suis volage. Je n’appartiens à personne. « Boh j'aurai qu'à la retourner, c'est ce que je fais avec mes caleçons. » - « Tu es parfaitement dégoutant ! » Une moue amusée sur le visage, et finalement, j’attache la boucle de mon casque toute seule, comme une grande, avant d’enfourcher la bécane et de m’attacher à lui.

Je n’ai pas réfléchi longtemps avant de décider où emmener le jeune acteur. Je suis l’une des habitués de cette cantina mexicaine qui sert de fabuleux tacos toute la soirée. Familère avec la carte, je serais capable de la réciter les yeux fermés si on me le demandait et lorsque nous passons la porte du restaurant, je suis sûre de mon choix. « Ouh alors si tu dis ça j'espère vraiment ne pas être déçu car je suis très difficile avec ma nourriture. » - « Aucune chance. » Qu’il plaisante ou bien soit sérieux - quoi que j’ai du mal à envisager le fait que monsieur tâche sur la chemise soit un fin gourmet il ne pourra pas regretter de m’avoir suivie. Pas alors que je commande l’intégralité de la carte pour qu’il y en ait pour tous les goûts. « On prendra aussi deux cocktails maison, peu importe la composition, faites vous plaisir. » - « Vous cherchez à me faire boire monsieur Turner ? » Mes doigts serrés dans les siens, je tourne la tête dans sa direction après que le serveur ait pris notre commande et juste avant de l’entraîner vers une table au fond du restaurant, pour avoir un peu de tranquilité. Ici, il y a bien plus de bruit que dans la soirée mondaine que nous venions de quitter et, pourtant, je me suis bien plus invisible, bien plus anonyme et ce n’est pas déplaisant. « Si tu me fais découvrir les coins que tu aimes bien dans la ville, il y a de forte chance que j'en fasse de même, et une compétition s'installera entre nous. Et je compte bien gagner. » - « J’ai appris qu’il fallait laisser gagner les hommes à ce genre de petit concours. Que c’est bon pour votre égo. » Un nouveau sourire dévoile mes dents blanches parfaitement alignées tandis que je me fais la réflexion qu’avec moi, il n’est pas au bout de ses peines. « Déjà je m'attend à manger les meilleurs tacos de la ville comme promis… et ensuite une glace… ou un tour de grande roue… ou les deux en même temps. » - « Cliché. Efficace sûrement, ça marche à chaque fois le coup de la grande roue ? On va faire quoi ensuite, prendre des churros et faire comme dans la belle et le clochard ? » Sauf qu’au lieu de dévorer un spaghettis par un bout chacun, nous le ferons avec ces beignets gras et sucrés ? « Mais en vrai je pense que les soirées mondaines ne sont pas pour moi, tout le brouhaha incessant et les mains véreuses qui ne cherchent que l'argent... Pour tout te dire je sais même pas pourquoi je fais ça. » Oh qu’il est sérieux tout d’un coup. Le ton change, la conversation devient un peu plus profonde et cela ne me dérange pas, cela ne me déplait même pas à vrai dire. Encore une fois : cela donne l’impression d’être parfaitement naturel que de converser avec lui. « Acteur, c’est ce que tu voulais être quand t’étais gamin ? C’était quoi ton rêve à cette époque là ? » Moi, j’ai appris depuis longtemps que courrir après les rêves de l’enfance est une perte de temps, ils ne sont que chimères si bien que j’ai même oublié quels étaient les miens depuis des années. « Et toi alors ? Qu'est-ce que tu attends de moi ? Qu'est-ce que je dois faire pour que ce moment ne s'arrête pas ? » Les tacos sont déposés sur la table, en même temps que les boissons et j’attrape mon verre dans la main, et la paille entre mes lèvres sans le quitter des yeux. Je bois quelques gorgés du cocktail trop sucré - comme je les aime, quand on ne sent presque plus l’alcool - en prenant mon temps pour ménager mes effets. « A la base, je pensais juste être de sortie pour prendre quelques photos et manger à l’oeil. » Ce qui est la stricte vérité. Et me faire voir aussi, puisqu’au fond, et bien que ce soit un plaisir coupable, j’aime ça. « On est plus des enfants non ? T’es un enfant toi Aiden ? » J’espère que non, j’aime les bras des adultes. « J’espère surtout que tu vas accepter de visiter mon appartement, après. » J’aime cette sensation de tenir les rênes et j’espère qu’il ne m’en privera pas. Là où, avec Scott, je dois me contenter d’être à lui dans des chambres d’hôtel, j’espère entretenir un sentiment de normalité avec Aiden. Il n’était qu’un inconnu il y a quelques heures encore, mais je ne me l’explique pas. J’ai vu ma chance, je l’ai saisie. « Tu visiteras mon appartement Aiden Turner, acteur ? » Il n’a de toute façon pas le choix s’il espère que je vais laver sa chemise, soyons sérieux quelques minutes.

@Megan Williams & Aiden Turner ⊹ These days my waves get lost in the oceans. Seven billion swimmers, man I'm going through the motions. Sent up a flare, I need love and devotion

Megan possédait en elle un feu que peu semblait avoir, le genre d'attraction qui faisait tourner les têtes de tous ceux qui croisaient son chemin y compris l'acteur dont les paroles s'emmêlent entre alcool et plaisir, profitant d'un espace laissé vide dans la conversation pour souligner la perfection de la jeune femme. Si les joues de la blonde ne font que rosir à l'entente de ce compliment, celles d'Aiden s'embrasent pour laisser apparaitre une timidité incontrôlable qu'il s'efforce de cacher dans le fond de son verre en y glissant le nez. « Si tu dis ça c’est parce que tu m’as pas encore vue jouer au bière-pong. Je te ferais beaucoup de peine. » Comme depuis le début de leur conversation, Aiden n'avait pas pu empêcher un rire fin de sortir de ses lèvres alors que son cerveau diffusait en boucle des images d'une Megan un poil plus jeune, éborgnant des gens au hasard avec une balle de ping-pong. "C'est une invitation à découvrir tes talents et ton adresse ?" Parce qu'il aurait accepté sans la moindre once d'hésitation, simplement pour faire perdurer ce moment en compagnie de la blonde, désireux de découvrir tous les aspects de sa personnalité, hâté par l'envie de justifier ses actes par ce coup de cœur inexplicable.

Le ton était léger, dénué de toute sensation de mal l'aise entre les deux inconnus dont la seule présence tentait à divertir les yeux qui s'égaraient sur eux de temps en temps. Ils étaient trop loin du reste des gens pour égayer la curiosité des vautours, trop fixés l'un sur l'autre pour observer le reste de la soirée qui continuait de battre son plein. « Avec le visage ou le prénom d’une fille tatoué sur le torse ? T’auras surtout l’air du cas social du coin. » Pas faux. L'acteur avait simplement haussé les épaules alors que leurs corps s'engouffraient dans l'entrebâillement de la porte de l'ascenseur, invisibles aux yeux des autres et pourtant si exubérants dans leurs rires et leurs façons d'être. "C'est le surnom qu'on me donnait quand j'étais gamin… ça et 'joli minois'." Madame Mitchell, la vieille dame âgée du bout de la rue, avait contribué à elle seule à la teinte rougeâtre que pouvait prendre les jours de l'acteur dès que l'on tirait un peu trop fort dessus, et elle était sans doute la seule convaincu qu'il avait un faciès assez jovial pour le qualifier de tombeur. « Tu es parfaitement dégoutant ! » On ne pouvait passer outre l'alchimie qui explosait entre Aiden et Megan, attirant le regard des passants par les exclamations de leur voix et la taille de leur sourire, attisant les cendres de toutes les romances prématurées de l'acteur qui ne l'avaient jamais rendu assez entiché pour s'attacher. Contrairement à la blonde dont les mouvements fluides, la lippe amusée, avaient suffis pour lui décrocher le myocarde.  

« Aucune chance. » D'être déçu de cette soirée ? Aucune, vraiment. Le restaurant à l'ambiance calfeutrée mais pas cantonnée avait fait briller les yeux du Turner alors que la blonde s'accoudait déjà pour leur commander l'intégralité de la carte. "Si ça se trouve c'est toi qui sera déçue de savoir que je n'ai rien de plus à apporter que ce que tu as déjà vu." Aiden n'avait rien du mystérieux que l'on dévisage en murmurant, isolé dans un manoir orné de vautours affamés, il était un livre ouvert qui peinait à cacher tout le fond de son coeur et de sa façon de penser. On devinait dans ses yeux les actes insoupçonnés et tous les non-dits qu'il taisait pour ne pas paraître stupide, au moins l'alcool le détendrait encore un peu plus. « Vous cherchez à me faire boire monsieur Turner ? » L'avait-il vraiment eu en tête quand les mots étaient sortis de sa bouche ? Était-il le genre d'hommes méprisables et bien pensant qui se servaient de l'alcool comme d'une invitation à tout ? Les joues rosies par le stresse Aiden avait ouvert la bouche sans pour autant réussir à former une phrase, accaparé par les doigts de la blonde unis aux siens. "Euh... non ? Mais si tu n'en veux pas je peux très bien te commander autre chose et boire les deux." Il avait haussé un sourcil dans l'attente de la réponse, goutte de sueur sur le front d'être devenu comme les autres à peine une femme gentille avec lui. « J’ai appris qu’il fallait laisser gagner les hommes à ce genre de petit concours. Que c’est bon pour votre égo. » Elle en savait bien trop sur le petit jeu qu'il avait essayé d'installer entre eux, conduisant le jeune homme à enfouir sa tête dans le creux qu'avait formé leurs mains jointes, un maigre sourire sur les lèvres alors qu'il lui adressait un regard enfantin. "Les folles aventures de Megan et Aiden, un carton audiovisuel, des récompenses à foisons, une occasion de te voir tous les jours… ça sonne bien, non ?" Et pour ça le Turner était même prêt à la laisser des gagner des dizaines et des dizaines de fois, incapable de ne pas soutenir le regard de Megan alors même que les plats se chevaucheraient bientôt sur la table. L'idée d'une glace italienne à la vanille dans un seul cornet lui avait glissé des lèvres, heureux gamin éduqué aux comédies romantiques que sa mère diffusait à longueur de journée et qui avait rendu sa conception des relations amoureuses bien trop sucrée.« Cliché. Efficace sûrement, ça marche à chaque fois le coup de la grande roue ? On va faire quoi ensuite, prendre des churros et faire comme dans la belle et le clochard ? » Outch. Touché un plein coeur par la flèche acide et pointue d'une Cupidon qui en avait clairement ras-le-bol de le voir galérer de cette façon, et ce depuis des années. Il avait rendu ses ailes le chérubin, assis en tailleur sur un parterre à s'enfiler des churros justement. "Tu dis ça parce que t'as envie de m'embrasser ?" Un haussement de sourcil était venu compléter son attirail de petit con arrogant qui savait y faire avec les femmes, alors qu'Aiden se pissait déjà dessus de peur en attendant de voir si il avait bien fait d'être aussi honnête et joueur. Pour couper court à ce suspens les plats avaient atterris au milieu de la table alors que l'acteur prenait un air plus sérieux pour dissimuler à Megan le bruit de sa sueur s'écrasant contre le bois de la table.

« Acteur, c’est ce que tu voulais être quand t’étais gamin ? C’était quoi ton rêve à cette époque là ? » Aiden s'était adossé contre la banquette, un bras relevé alors que l'autre engouffrait dans sa bouche le premier tacos qui lui fait l'effet d'une bombe culinaire dont il vanterait les mérites dans toutes les interviews. Que quelqu'un donne à se cuisiner sa première étoile. "Les trains." Une phrase en suspens qu'il avait laissé couler alors que les souvenirs de son enfance lui revenaient en tête. Premier déguisement de conducteur pour noël, le seul cadeau que ses parents pouvaient se permettre, et des centaines de cassettes vidéos usées jusqu'à la moëlle qui avaient dégoûté son père à tout jamais des voies ferrées. "Je voulais conduire des trains, être libre de voyager de villes en villes, profiter de chaque escales pour visiter, avoir un super uniforme aussi…" Une moue rieuse sur les lèvres, partagé entre l'envie de lui raconter toute son enfance en s'allongeant dans sur la banquette et celle de se taire pour l'admirer, Aiden avait inspiré une grande bouffée d'un air pimenté par les tacos. "Mais au contraire de ce qu'on pense y'a pas mal de choses à savoir pour conduire un train, et moi j'aimais pas vraiment ça l'école alors j'ai vite abandonné." Comme il avait abandonné tant d'autres choses au cours de sa vie simplement par peur de ne jamais faire assez, enfant inconstant Aiden n'avait pas réussi à trouver la voie dont ils se vantaient tous enfant, à défaut on l'avait projeté sur la scène sans lui demander son avis. « A la base, je pensais juste être de sortie pour prendre quelques photos et manger à l’oeil. » Le bout de la paille coincée entre les dents Megan profitait de l'instant pour faire mariner l'acteur, prédatrice aux yeux clairs. « On est plus des enfants non ? T’es un enfant toi Aiden ? » Turner secoue la tête sans pouvoir parler, obnubilé par le charme et le jeu qui lui font tourner la tête tout autant que les cocktails qu'il sirote comme du lait. "Je dirais plus un adulte en retard..." Même les tentatives d'humour sont dérisoires devant la passion qui les anime, cachés par les banquettes et l'atmosphère feutré, espérant en cachette que personne ne vienne rompre le charme. « J’espère surtout que tu vas accepter de visiter mon appartement, après. » A quelques secondes de finir hospitalisé avec un trou au milieu de la trachée, Aiden fait glisser sur sa chemise les dernières gouttes de son verre avalées de travers devant autant d'audace. Il n'irait nul part ailleurs que dans ses bras. « Tu visiteras mon appartement Aiden Turner, acteur ? » Les lèvres de la blonde insistent sur le mot pour lui donner une nouvelle saveur, bien plus acidulée que ce qu'il à l'habitude d'entendre, tout son corps en alerte puise dans les retranchements pour lui fournir un système de ventilation, sans effets. "Je viendrais dans chaque endroit où tu voudra me trouver, à n'importe quel moment de la journée, aussi collant que ton ombre Megan, photographe." Personne n'aurait jamais parié sur ce cheval de course clopinant qu'il avait toujours été avec les femmes, mais ce soir son deuxième prénom n'était plus Robert mais Courage, et rien n'aurait pu lui faire changer d'avis.
 

Desperate for a new connection
Megan Williams & @Aiden Turner - 2019, 21ans  

« C'est une invitation à découvrir tes talents et ton adresse ? »
« Si c’est mes talents que tu veux découvrir, y’a qu’à demander. »

J’esquisse un sourire espiègle, un sourire qui laisse peu de place à la mauvaise interprétation de mon sous-entendu. Dans la tête de n’importe quelle personne normalement câblée, c’est là qu’une petite voix soufflerait ”Non Megan, ce n’est pas une bonne idée, on ne soigne pas le mal par le mal” mais dans la mienne de tête, dans mon esprit qui m’impose de vivre au travers du regard des autres, c’est au contraire une excellent solution que de faire du rentre dedans au jeune homme. Je n’attire que des hommes comme Scott, en recherche d’une maîtresse ou en tout cas d’une partenaire pour la nuit et la nuit uniquement ? Alors tant pis, j’en trouverai d’autres, je retournerai la ville jusqu’à rencontrer quelqu’un qui me considère comme digne d’être aimée et protégée puisque c’est de ça qu’il est question, avec moi. « Si ça se trouve c'est toi qui sera déçue de savoir que je n'ai rien de plus à apporter que ce que tu as déjà vu. » - « Heureusement que t’es acteur, pas commercial. Tu fais un piètre vendeur de ta propre personne. » Mon sourire ne disparaît pas. Ce soir, j’ai envie de combler mon manque affectif dans les bras d’Aiden, et dans l’image de moi que me renvoient ses yeux.

« Euh... non ? Mais si tu n'en veux pas je peux très bien te commander autre chose et boire les deux. » - « Je plaisantais. Un cocktail, c’est très bien. » Je bois rarement jusqu’à l’ivresse - pratiquement jamais à vrai dire - mais j’aime les cocktails trop sucrés pour que l’on sente le goût de l’alcool, comme j’aime les bières à la cerise ou autres parfums sucrés. « Les folles aventures de Megan et Aiden, un carton audiovisuel, des récompenses à foisons, une occasion de te voir tous les jours… ça sonne bien, non ? » - « J’ai rien retenu d’autre que ton envie de me voir tous les jours. » Parce que sans me connaître, Aiden me donne tout ce dont j’ai besoin. Il me donne de l’attention, il me fait me sentir comme la femme la plus belle et la plus intéressante du monde. Et mon cœur en est ravi, comme l’est mon amour propre qui, contrairement à ce que mon apparence physique pourrait penser, est bien plus souvent six pieds sous terre que le contraire. Je sais que je suis belle. J’en ai même marre de l’entendre, comme si c’était la seule qualité qu’un homme puisse me trouver. « Tu dis ça parce que t'as envie de m'embrasser ? » Mon sourire s’agrandit et je me mordille la lèvre, amusée par tant d’audace. Les plats arrivent et ne me laisse pas le temps de répondre pourtant, lorsque le serveur s’éloigne, je me glisse vers Aiden pour lui parler à voix basse. « Pourquoi, t’aurais envie que je t’embrasse ? » Moi, je suis prête à faire n’importe quoi pour faire durer ce sentiment d’être le centre du monde de quelqu’un, même si ce n’est que l’espace d’une soirée et que le jeune homme ne sait rien de qui je suis.

« Les trains. Je voulais conduire des trains, être libre de voyager de villes en villes, profiter de chaque escale pour visiter, avoir un super uniforme aussi… » Je l’écoute parler en croquant dans premier taco, sans pour autant m’empêcher de sourire et de le recouvrir d’un regard amusé et aguicheur. « Mais au contraire de ce qu'on pense y'a pas mal de choses à savoir pour conduire un train, et moi j'aimais pas vraiment ça l'école alors j'ai vite abandonné. » - « Y’avait pleins d’autres voies qui s’offraient à toi, s’il était question d’uniforme. » Je n’ai jamais compris l’attrait de la gente féminine pour les hommes qui en portent, mais je n’ai pas l’intention de me refuser une pique bienveillante à ce sujet. « Tu voulais être libre, et t’as choisi un métier où ton quotidien c’est d’être quelqu’un d’autre. C’est drôle, quand on y pense. » Un métier où il y aura toujours un directeur pour lui dire comment lire ses lignes et un agent pour lui dire à quel type d’événement il faut qu’il se rende. Vous la saisissez, l’ironie ? Mon nom est peut-être inconnu du grand public, je m’illustre peut-être sous un pseudonyme, mais au moins, je maintiens cette utopie selon laquelle je fais exactement ce que je veux. Ce n’est pas tout à fait vrai, pas si l’on considère que ce soit toujours les mêmes besoins qui dictent mes choix - être aimée, protégée et regardée comme une merveille - mais je suis bien au chaud dans mon illusion. « Je rêvais de rien quand j’étais gamine. » Et pour cause, j’apprenais déjà à être une adulte. « Mais c’est chouette, que toi t’aies eu des rêves. » Au moins, pas de désillusion pour moi. On m’a toujours servi le pire, alors j’ai appris à ne pas avoir trop d’attentes.

« Je dirais plus un adulte en retard... » Intéressant. Je note que contrairement au mâle lambda, il ne ressens pas le besoin de défendre sa virilité et de l’étaler devant moi. Ça le rend touchant, d’une certaine façon. Ça le rend différent de Scott. « Je viendrais dans chaque endroit où tu voudra me trouver, à n'importe quel moment de la journée, aussi collant que ton ombre Megan, photographe. » - « Et moi j’ai fini de manger. » Une évidence, un fait sans importance si on oublie le sous-entendu que je glisse à l’intérieur. Je veux rentrer. « J’habite pas loin. On pourra revenir ici demain midi si t’as pas fini de découvrir toute la carte. » Même si c’est certainement une illusion, même s’il risque de me quitter au petit matin comme tous les hommes une fois qu’ils ont ce qu’ils veulent. J’envoie valser la prudence et la tempérance. Je glisse ma main dans la sienne et je me lève. « Allez, viens, on s’en va. »

Le trajet en moto du restaurant jusqu’à mon appartement se fait en quelques minutes seulement et, bientôt, je pousse la porte de mon chez-moi avec la même boule au ventre que je ressens dès qu’il est question d’y faire pénétrer un inconnu. Je lui laisse à peine l’occasion d’observer la décoration - ou plutôt les dizaines d’étagères remplies de livres et d’albums photos - avant d’attraper son regard dans le mien et de m’approcher si près de lui que nos chaussures se touchent. « Tout à l’heure, j’ai dit ça parce que j’avais envie que tu m’embrasses. » Et quant au reste des choses qui me font envie, je crois que puisque nous avons statué que nous ne sommes pas des enfants, je n’ai guère besoin de les exprimer à voix haute.

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« Si c’est mes talents que tu veux découvrir, y’a qu’à demander. » Et toutes les autres phrases qu'elle avait pu sortir au cours de la soirée, vibrant dans l'esprit de l'acteur comme des psaumes qu'il aurait eu envie de graver sur les murs d'une chambre qu'ils n'auraient jamais quitté. Un sourire attachant sur sa lippe alors qu'il suivant Megan vers la sortie, préférant de loin une soirée avec elle à compter les rats dans la rue plutôt qu'ici à manger des petits fours entourés de serpent. Sans tomber dans cette obsession pour les gens qui naissent libres et le revendiquent, Aiden avait les yeux brillants d'admiration pour celle qui avait réussi à le faire rire là où les instants de sa vie ne faisaient que de ce compliquer. « Heureusement que t’es acteur, pas commercial. Tu fais un piètre vendeur de ta propre personne. » Dans le petit restaurant qui abritait maintenant leurs silhouettes, le Turner avait simplement haussé les épaules avant de retrousser son nez. « Pourtant tu es là avec moi ce soir, alors que tu avais sûrement milles et une autres façons de finir cette soirée… » Dans les bras d'un autre, principalement, et ça lui trottait dans la tête depuis qu'elle lui avait montré de l'intérêt. Peu conscient du pouvoir de séduction qu'il pouvait avoir auprès des femmes, principalement convaincu que son air de chien battu donnait réveillait chez les demoiselles une envie de maternité, Aiden s'autorisait tout de mêle à penser que Megan l'avait choisi justement parce qu'il n'était pas un autre. Pas à l'aise dans sa peau mais assez drôle pour faire comprendre qu'il n'avait rien du don juan capable de tout pour se faire bien voir, capable de se mettre en bonne position dans la tablée pour se rapprocher des femmes, mais même au bout de seulement quelque heures de discussion il avait cette douce impression que Megan avait été la toute sa vie, et que jamais il ne cherchait autre chose que cet imbécile heureux capable de commander des cocktails fruité parce qu'il n'aime pas le goût de la bière.

« Je plaisantais. Un cocktail, c’est très bien. » De toute façon ils étaient déjà disposés sur la table en face d'eux, Aiden en avait même bu une longue gorgée sans même attendre que la bonde n'en fasse de même. « En tous cas si leurs tacos sont aussi bons que leurs cocktails attend toi à ce que cet endroit devienne notre QG. » Aiden avait insisté sur la notion de cet endroit qui pourrait devenir le leur, profitant du regard de la bonde dans le sien pour hausser un sourire sur ses lèvres. Tout ce qu'il voulait, égoïstement, c'était de se retrouver avec Megan tous les soirs dans cet endroit, assis sur cette banquette, à passer en revues les rôles qu'on lui proposerait, les photos qu'elle prendrait, de lui ou des autres. « J’ai rien retenu d’autre que ton envie de me voir tous les jours. » Et c'était sans doute le principale dans tout ça. L'envie de la voir tous les jours n'étaient en rien comparable avec celle que l'acteur ressentait maintenant, celle de se pencher au-dessus de la table pour saisir les lèvres qui l'ensorcelaient depuis le début de la soirée. « C'est la seule chose qui compte dans ce que je viens de dire. » Devenu adulte en un claquement de doigts, rendu plus charmeur par les beaux yeux de la blonde, Aiden avait bâtit un courage autours de son éternel âme d'adolescent, assez de hardiesse pour mettre des mots sur cette envie qu'il avait de finir attaché aux lèvres de Megan. « Pourquoi, t’aurais envie que je t’embrasse ? » Si il avait du courage, elle avait du culot. Assez pour le faire rougir, le rendre chose, des mains tremblantes de ce mélange d'excitation et de peur qui fait palpitait le cœur jusque dans le bois de la table. « Un homme a-t-il déjà osé dire non à ta question ? Parce que ça serait vraiment le plus grand des idiots. »

Il ne l'était pas, idiot, mais il l'était, stressé de savoir ce que pourrait donner cette soirée alors qu'elle posait les questions piquantes sans prendre de gants. Des rêves il en avait eu plus jeune, convaincu qu'il pourrait devenir un anonyme dans une foule de gens ne voulant que la célébrité et la gloire, attaché aux valeurs des études qu'il n'avait jamais réussi à finir par manque d'implication. Une certaine liberté que le Turner avait cherché toute sa vie, capable de s'imaginer tenant le cap d'un train lancé à pleine puissance, mais incapable de croire qu'il avait fini derrière une caméra à jouer des rôles sans profondeurs pour un public aveugle. « Y’avait pleins d’autres voies qui s’offraient à toi, s’il était question d’uniforme. » L'esprit tordu d'un garçon perturbé d'être le centre de l'attention avait dévié cette information sur des vêtements volants au hasard d'une pièce, déguisé pour se déshabiller et être le chouchou d'une gente féminine en pleine montée de libido. « T'as déjà vu l'uniforme des conducteurs de train ? Je suis pas sûre que ça soit le fantasme de beaucoup de femmes. » A moins d'avoir un attrait spécial pour les rails et autres wagons. Après tout lui-même n'était pas le fantasme de beaucoup de femmes, à défaut d'être un briseur de cœur il était assez sensible pour se livrer sur son enfance, sur ses rêves, à une parfaite inconnue. « Tu voulais être libre, et t’as choisi un métier où ton quotidien c’est d’être quelqu’un d’autre. C’est drôle, quand on y pense. » Drôle ou pathétique ? Le sourire arraché sur les lèvres de l'acteur fait penser que cette question est encore présente dans sa tête, qu'il n'a pas encore trouvé de réponse au bazar qu'est devenu sa vie depuis quelques temps. « Drôle ne serait pas le mot que j'utiliserai, mais je préfère mettre de la nourriture dans mon assiette même si c'est en prétextant être un conducteur de train. » Quitte à bosser pour s'en sortir autant le faire en en tirant un maximum de profit, et les quelques chèques qu'Aiden avait amassé pour les petits rôles joués suffisaient à remplir son assiette deux fois plus que quand il était gamin.

« Je rêvais de rien quand j’étais gamine. Mais c’est chouette, que toi t’aies eu des rêves. » Si le tacos dans sa bouche n'avait pas pris toute la place, il aurait sûrement trouvé les mots pour lui donner le droit de s'exprimer, une épaule solide comme celle qu'elle lui avait offert quelques instants plus tôt, un inconnu capable d'écouter sans porter d'aprioris sur son vécu. Mais Aiden avait envie d'être plus que ce visage croisé en soirée avec lequel Megan avait partagé un tacos dans un restaurant, prétentieusement il voulait s'offrir une infinité d'autres moments en sa compagnie, une exclusivité, un échappatoire sublime dans une vie sur laquelle il n'avait aucune main prise. « Si tu veux on peut en parler demain autour d'une pile de pancake et d'un bon café, chez toi ou chez moi. » Une perche lancée qu'il espérait fructueuse alors qu'elle s'était penchée au-dessus de la table, assez pour qu'il sente son souffle lui caresser le bout du nez. « Et moi j’ai fini de manger. » Bien. Enfin ça il l'avait pensé sans le dire, esquissant un sourire d'enfant alors qu'il déposait un pourboire sur la table sans même regarder le montant du billet, sans doute une bouchée de pain qu'il aurait déposé sans le vouloir. « J’habite pas loin. On pourra revenir ici demain midi si t’as pas fini de découvrir toute la carte. » Megan avait glissé ses doigts dans la main de l'acteur qui n'avait pas attendu pour nouer ses propres phalanges à celles de la photographe, incapable d'agir, de réfléchir, ou même de parler autrement avec des bruits de gorge malencontreux.

« Allez, viens, on s’en va. » Et il s'en faut pas plus, même pas une balade à moto sous les étoiles, pour donner à Aiden encore plus envie d'être à elle, même l'espace d'un instant, si possible pour toujours. Son appartement n'est que le reflet de sa personnalité, propre et moderne, rangé et décoré, mais rien de tout ça ne se glisser sur la rétine de l'acteur alors que la blonde attrape son regard, leurs souffles entremêlés. « Tout à l’heure, j’ai dit ça parce que j’avais envie que tu m’embrasses. » Une langue se perds sur la lippe du Turner dont les joues rouges renforcent son image de petit garçon à qui l'on offre le monde sur un plateau d'argent, et si rien ne le retiens d'être celui qui fait monter la pression, tout le pousse à pencher vers Megan pour frôler ses lèvres de ses siennes, incapable de penser à autre chose qu'à l'effet de chaleur qui grimpe en lui, absorbé par l'effet qu'elle lui fait. « Il est sans doute trop tard pour demander si il y avait de l'ail dans ces tacos ?  » Le sourire ne s'efface pas alors même qu'il se pencher pour l'embrasser, convaincu que le restaurant ne les verrai pas revenir avant la fin de l'après-midi.
 

Desperate for a new connection
Megan Williams & @Aiden Turner - 2019, 21ans  

« En tous cas si leurs tacos sont aussi bons que leurs cocktails attend toi à ce que cet endroit devienne notre QG. » Je note l’emploi du notre avec un sourire que je ne cherche pas à dissimuler. N’importe quelle autre fille aurait peut-être pris ses jambes à son cou en entendant ce genre de chose, trop et trop vite, mais pas moi. Moi, j’ai toujours vécu au travers du regard que les hommes posent sur moi et que l’on s’occupe de moi, que l’on veille sur moi et que l’on m’élève au rang de reine, c’est tout ce à quoi j’aspire. A chaque fois, je me jette dans la gueule du loup sans la moindre hésitation, parce que mes yeux brillent et que j’oublie tout le reste. « J’ai tellement mieux à te proposer. » Je connais le quartier comme ma poche, et je me targue d’être la plus douée pour obtenir des réductions à droite et à gauche grâce à mes yeux de biche et mon sourire éclatant. Dans la plupart des bars de Fortitude, je paye rarement mes consommations. Il parle de me voir tous les jours et, une fois de plus, je ne suis pas échaudée : bien au contraire. « C'est la seule chose qui compte dans ce que je viens de dire. » - « C’est la seule chose qui compte pour moi aussi. » Je n’ai rien contre les coups d’un soir mais, au petit matin ou pire, après l’amour, lorsque l’homme avec lequel je viens de m’ébattre se glisse hors des draps et quitte en silence mon appartement, je me sens à chaque fois un peu plus seule. Je me demande ce que j’ai qui pousse la gente masculine à ne m’envisager que comme une maîtresse, pas comme une femme digne d’être adorée et aimée.

« Un homme a-t-il déjà osé dire non à ta question ? Parce que ça serait vraiment le plus grand des idiots. » Je sais que je suis belle. Je sais que ma taille fine, mes jambes musclées et mes formes font tourner la tête de la plupart des hommes qui posent leurs yeux sur moi. Mais peu me traitent avec autant d’égard et de respect que le fait le jeune acteur. Est-ce une façade vouée à m’attirer dans son lit, me dit-il tout ce qu’il pense que les femmes aiment entendre, ou bien est-ce là sa nature profonde ? C’est un triste aveu, mais je ne suis pas habituée à la gentillesse et la déférence. « Non, jamais. » Pourquoi un voile de tristesse passe devant mon regard, dans ce cas ? Parce qu’aucun homme ne t’a jamais demandé de s’afficher à son bras pour autant, petite idiote. Je suis un fantasme ambulant. On ne s’engage pas avec un fantasme. On le vit, puis on en change.

« T'as déjà vu l'uniforme des conducteurs de train ? Je suis pas sûre que ça soit le fantasme de beaucoup de femmes. » Sans me départir de mon sourire, je secoue la tête de droite à gauche. En effet, si je l’ai déjà vu cela ne m’a pas marquée : je crois que cela veut tout dire. « Drôle ne serait pas le mot que j'utiliserai, mais je préfère mettre de la nourriture dans mon assiette même si c'est en prétextant être un conducteur de train. » - « C’était pas péjoratif tu sais… » Pensive, je l’observe avec attention. « Tu vis le rêve de beaucoup de gens tu sais. » Ou en tout cas, il le touche du doigt. Sans être une superstar, il a réussi à décrocher quelques rôles et il est assez connu pour être invité aux événements du genre de celui où nous nous sommes rencontrés ce soir. « Mais c’est pas le tiens, non ? Je connais pas grand monde qui évoquerait le métier d’acteur comme un job alimentaire. » Pourtant, je ne le juge pas : je n’envie pas de loin les stars du petit et du grand écran. Je suis ambitieuse, mais mes ambitions et mes envies ne se résument pas à ça. « Si tu veux on peut en parler demain autour d'une pile de pancakes et d'un bon café, chez toi ou chez moi. » - « Ça dépend, tu cuisines les pancakes ? » Je ne fais que le houspiller et pour cause : je suis moi-même une très bonne cuisinière. Du reste, je ne rebondis pas sur son audace : il est plutôt clair qu’il ne dépasse pas les bornes en envisageant que nous puissions rester ensemble jusqu’au petit matin, la discussion est depuis plus d’une heure à présent lourde de sous-entendus.

C’est donc mon appartement qu’il découvrira, mes pancakes et tous les toppings qui vont avec. Sur l’heure, c’est un autre genre d’appétit que j’ai envie de satisfaire avec lui. Je prends toutes les initiatives, fait tout le travail pour nous deux sans que cela ne me gène le moins du monde. Pour peu et si je n’avais pas peur qu’il prenne ses jambes à son cou - il a l’air bien trop candide pour l’âge qu’il a l’air d’avoir - j’aurais débouclé sa ceinture sans rien ajouter de plus, sans briser ce silence que je ne trouve pas inconfortable et qui précède toujours un corps à corps où les parties prenantes ne se connaissent pas encore, avec toute la maladresse que cela sous entend. « Il est sans doute trop tard pour demander si il y avait de l'ail dans ces tacos ? » - « Chut… » Chaque chose en son temps et je n’ai plus envie de discuter ou de plaisanter. Il fond sur mes lèvres et moi, j’enroule mes bras autour de sa nuque pour presser ma bouche contre la sienne. Sans mettre fin à ce baiser, je détache finalement mes bras pour les glisser sous son t-shirt. Je pose sagement mes mains à plat sur ses flancs. Finalement, je romps le contact entre nos lèvres et je recule mon visage de quelques centimètres, un sourire sur les lèvres, et je cherche dans son regard son consentement. Je n’ai besoin que de ça pour prendre les devants. Lorsque je l'obtiens, je fais glisser son t-shirt jusqu’à ses épaules, je le lui enlève avec une lenteur calculée et je le laisse tomber à terre. Je glisse ma main dans la sienne et l’embrasse à nouveau. « Viens. » Sans un mot de plus, je l’entraîne jusqu’à ma chambre. Je m’arrête sur le seuil de la pièce et, un sourire mutin sur les lèvres, je lève les bras au-dessus de ma tête. Ma robe est de trop : il n’a pas besoin que je lui explique ce qu’il doit faire.

***

Alanguie contre lui, j’attends venir le moment où il m’annoncera qu’il va ramasser ses affaires, se rhabiller et rentrer. Pour faire passer la pilule, il embrassera certainement mon front avec la tendresse détachée de l’homme qui a obtenu ce qu’il désirait. Je compte une minute dans ma tête, je compte même jusqu’à cent pour en avoir le cœur net et puisque rien ne vient, je bascule sur mon dos sans le lâcher des yeux. « Tu vas partir ? Ou tu vas rester ? » Trop habituée à la première de ces propositions, je l’attends autant que je la crains. « Je serais pas fâchée si prendre mon numéro de téléphone t’intéresse pas. » Je crois que je suis trop habituée à être traitée de la sorte. « Fais pas semblant si t’as pas l’intention de l’utiliser. » Je préfère qu’il arrache au contraire le pansement d’un coup.