I can pretend that I don't see you, I can pretend I don't wanna hold you when you're around, I can say that nothing was right, but we know if I looked in your eyes I'd break down.
Juin 2013. ☽ Cela tambourine dans ton cœur, et tu ne saurais expliquer pourquoi. Tu avais pensé la soirée à te dire que le temps était long, pourtant tu avais tout fait pour ne pas regarder l’heure. Ce n’était pas ton shift ce soir au domaine, et la moitié de la baraque n’était pas là – soit ils travaillaient, soit ils étaient sortis, et toi tu n’avais pas eu le cœur à t’amuser. Tu savais que Leo travaillait ce soir, qu’elle allait sûrement rentrer tard, et tu voulais juste passer un moment avec elle. Depuis quelques semaines maintenant, tu trouvais un certain réconfort à lui parler, et à profiter du temps qu’elle t’offrait. Tu sentais bien qu’elle n’était pas forcément aussi réceptive que toi à cette histoire, mais t’avais envie d’y croire parce que dès que tu t’investissais dans une relation qu’elle soit amicale ou amoureuse, tu te donnais à fond. Depuis Jolene, tu n’avais pas souri de manière honnête. Tu avais eu le cœur brisé, et c’était Leo qui t’avait reconstruit ces derniers mois et elle ne le savait même pas. Elle ne savait pas à quel point tu lui étais reconnaissante, peut-être même un peu trop. Tu étais comme ça, entière, authentique, sans faux semblant.
Il était deux-heures et demi du matin quand tu entendis enfin le bruit de la porte d’entrée. Tu avais croisé Jack une heure plus tôt qui avait fait un tout droit dans sa chambre se plaignant d’une soirée très mouvementée au restaurant. Tu savais que Leo faisait la fermeture complète et qu’elle mettrait encore une heure ou deux avant de suivre le chemin de Jack. Pour le reste de la baraque, tu ne savais pas trop où ils étaient, mais tu avais prévu un petit repas pour Leo, des pâtes bolognaises servies au bord de la piscine avec un bon verre de vin. Ce n’était pas de la grande gastronomie mais tu savais que c’était quelque chose qu’elle aimait. Tu avais envie de lui faire plaisir même si tu avais peur qu’elle soit fatiguée de sa soirée, tu te donnais quand même à fond pour qu’elle se termine en beauté. Tu t’étais donc retournée, un sourire aux lèvres en voyant une Leo rincée s’avancer dans la maison. Tu attrapas les deux verres de vin et t’approchas d’elle en passant par la baie vitrée. « It’s for you, please come. » Elle attrapa le verre machinalement, et tu ne vis pas à quel point vous n’étiez clairement pas sur la même longueur d’ondes. Soit, c’était l’intention qui comptait. « I heard that the evening’s been tough. » De ton côté, tu étais détendue, juste un peu impatiente de la retrouver mais tu essayais de te contenir. « Please, sit. You just have to chill out. » Vous étiez arrivées dehors, la table était dressée, tu ne l’avais pas attendue mais tu comptais bien boire un verre avec elle, et griller une cigarette à ses côtés. Tu faisais comme si tu n’attendais aucune réaction de sa part, même si au fond tu espérais qu’elle te partage ses émotions, qu’elle te dise que tu étais adorable, et qu’elle n’aurait pas pu espérer mieux comme fin de soirée. Oui, tu espérais peut-être un peu beaucoup venant de la part d’Eleonora.
Tu es d’une humeur massacrante ce soir et ça se ressent de partout. Tous les clients autant que les employés semblent te faire chier d’une manière ou d’une autre et tu es loin d’offrir un service de qualité à qui que ce soit. Tu ne veux qu’une chose : pouvoir retourner dans ta chambre et t’effondrer dans le fond de ton lit pour quelques heures, quelques jours peut-être même. Tu n’arrêtes pas de regarder ton téléphone, au cas où tu recevrais un appel de l’hôpital. Ta mère y est depuis quelques jours déjà et les médecins ne sont pas confiants. Ils savent et tu sais aussi qu’elle est sur la fin, la dernière ligne droite avant que son corps affaiblît depuis des années déjà ne lâche enfin. Tu n’es pas prête à lui dire adieu, ça te tue à petit feu de ne pas pouvoir passer absolument chaque seconde avec elle, mais elle refuse de te voir perdre ton temps dans cette chambre d’hôpital et tu as beaucoup trop besoin de l’argent de ton boulot de merde pour pouvoir te permettre de t’absenter pendant plusieurs jours, voir peut-être semaines, si ta mère est chanceuse. Alors ouais, tu te fais chier au resto, tu fais ton boulot à moitié comme il faut, tu gueules sur quiconque ose te regarder de travers et tu comptes les minutes jusqu’à ce que tu puisses enfin te tirer de cet endroit de malheur.
Quand la fermeture est enfin complétée, que la clé est passée dans la porte du restaurant, tu rejoins le domaine, t’attendant à ce que ce dernier soit plongé dans la noirceur vu l’heure avancée de la nuit. Mais tu as à peine le temps de rentrer que tu fais face à Ethel qui semble t’attendre, deux verres de vin dans les mains. « It’s for you, please come. » Tu fronces les sourcils légèrement, tu n’avais pas exactement prévu de socialiser, surtout pas après cette soirée de merde, mais tu attrapes tout de même le verre qu’elle te tend et tu la suis, sans trop savoir ce qu’elle a en tête. « I heard that the evening’s been tough. » « It was shit. » Tu ne mâches pas tes mots, tu n’as jamais eu l’habitude de le faire. Tu prends une longue gorgée de ton verre et tu ne peux t’empêcher de penser que tu préférerais largement que ce soit un verre de fort entre tes doigts. « The restaurant was packed, there wasn’t enough staff and the customers were dicks. The usual. » Tu roules des yeux, tu remarques à peine la table dressée et le repas qui est préparé, possiblement pour toi. Tu ne lui as rien demandé, tu ne sais même pas pourquoi elle est encore debout. « Please, sit. You just have to chill out. » « I’m not really hungry. » Non, ce n’est pas ce que tu devrais dire à quelqu’un qui a clairement fait des efforts pour toi, mais tu n'as jamais été reconnu pour ta douceur et ta candeur. Tu t’assois quand même, parce que c’est Ethel et que de tout le monde habitant dans le domaine, elle est bien la seule personne que tu tolères plus que la moyenne. Possiblement parce que ça fait quelques semaines que la majorité de tes nuits se finissent dans son lit. « What are you still doing up anyway? » Tu refuses de croire qu’elle t’attendait vraiment, malgré tous les signes qui le confirment pourtant. Non, ce n’est pas l’entente. Vous passez du bon temps ensemble, rien de plus. Right?
I can pretend that I don't see you, I can pretend I don't wanna hold you when you're around, I can say that nothing was right, but we know if I looked in your eyes I'd break down.
Juin 2013. ☽ Idéaliste, peut-être un peu rêveuse parfois, tu avais tendance à te fourvoyer sur ce que tu ne préférais pas voir. Tu préférais indéniablement te mettre des œillères plutôt que voir ce qui était l’évidence même. Surtout concernant ton entourage, tu aimais leur donner ton temps et ton énergie sans voir que parfois on pouvait en profiter. On te l’avait déjà dit, de faire attention, d’arrêter d’être trop gentille mais c’était plus fort que toi, tu préférais croire en l’humanité plutôt que de te méfier de ce qui pourrait éventuellement arriver un jour. Même quand tu devrais te reposer et profiter de ton jour de congé, tu prenais quand même de ton temps pour adoucir la vie des autres. Même si tes autres colocataires avaient souvent droit au café bien chaud et prêt le matin, Leo avait tout de même d’autres avantages.
Encore une fois tu avais fait en sorte de t’occuper de tout, dans l’idée que Leo apprécie que l’on s’occupe d’elle. Tu cherchais peut-être une certaine reconnaissance dans tout ce que tu faisais mais c’était simplement pour te sentir aussi aimé en retour. Pour le coup, tu ne le savais pas encore mais tu avais misé sur la mauvaise personne. « It was shit. » Tu compris à l’intonation de la voix qu’elle était crevée et que la soirée avait dû être rude. Tu savais ce que c’était, et tu connaissais un minimum Leo pour savoir qu’elle n’avait pas forcément envie d’en parler. Tu avais tout de même pensé au verre de vin espérant qu’elle apprécie l’attention – rien de mieux pour se détendre après un long service, du moins pour toi. « The restaurant was packed, there wasn’t enough staff and the customers were dicks. The usual. » Tu hochais la tête, arrivant plutôt facilement à visualiser la scène. Une fois assises sur la terrasse à l’extérieur, tu espérais une belle réaction de sa part mais apparemment tout ce que tu avais fait n’allait pas créer l’effet escompté. « I’m not really hungry. » Tu te pinças les lèvres, perplexe, ne sachant pas trop comment réagir. « What are you still doing up anyway? » Tu soupirais, soudainement embarrassée qu’elle pointe du doigt sans détour ce que tu faisais pour elle. « This schedule shakes me up, I can’t sleep at proper hour. » confias-tu avec un sourire pincé, tentant de ne pas confier à voix haute que tu voulais simplement lui faire plaisir. Mais toutes ces heures passées avec elle t’avait permis de voir que derrière cette apparence parfois distante et glaciale se cachait une femme qui t’intéressait, et donc tu lâchais les vannes de la vraie Ethel – la douce, serviable et gentille Ethel. « You should eat a little, it’ll do you good. » dis-tu d’une petite voix venant te cacher derrière ton verre de vin pour prendre une grande gorgée, sentant tes joues rougir à l’idée qu’elle te perce à jour.
La seule chose dont tu avais envie présentement, c’était de t’écraser dans les fins fond de ton lit et de dormir douze heures en ligne. Tu ne voulais pas être dérangée par qui que ce soit, tu ne voulais pas être obligée de socialiser, tu avais encore moins envie d’être obligée de penser à l’état actuel de ton univers. Tu voulais fermer les volets sur absolument tout et t’éteindre dans un sommeil qui n’aurait rien de revigorant, mais qui au moins te permettrait de taire tout le monde extérieur pour plusieurs heures. Évidemment que ce que Ethel avait prévu pour ton retour du travail ne concordait pas trop, pas du tout même, avec ta seule envie du moment et c’était donc difficile – voire impossible – d’accorder la moindre importance au repas préparer par la blonde. Difficile de lui accorder un regard, de voir ce qu’elle tentait de faire pour toi comme quelque chose d’attentionnée alors que tout ce que tu étais capable de penser se résumait au fait qu’elle était dans tes jambes, qu’elle t’empêchait d’enfin crasher complètement. Tu viens tout de même prendre une gorgée de ton vin, même si tu n’avais pas du tout envie d’avaler une bouchée du plat de pâtes placé spécifiquement pour toi, tu pouvais au moins faire couler un peu plus d’alcool dans tes veines, dans l’espoir que ça calme tes nerfs et que ça te fasse sombrer dans un sommeil sans rêve. « This schedule shakes me up, I can’t sleep at proper hour. » « They think we’re some kind of slaves or something. » Ou peut-être que ça, c’est seulement toi qui exagères, les nerfs encore en boule de toutes les merdes qui se sont passées dans les dernières heures. Plus tu prends le temps d’observer la scène sous tes yeux, plus tu sembles enfin placer les morceaux les uns contre les autres. Elle t’avait attendu. Elle t’avait préparé à bouffer. Ça avait tout d’un rendez-vous, si ce n’est l’heure atypique et ta réception des plus nulles à chier. Fuck Ethel, pourquoi est-ce que tu fais tout ça? Pourquoi est-ce que tu cherches à tout foutre en l’air? « You should eat a little, it’ll do you good. » « I told you I’m not fucking hungry. » Le ton monte déjà et tu lui lances un regard noir, à la Hartfield, elle qui essaye déjà bien trop fort de t’offrir quelque chose que tu n’as pas demandé. « You’re not my mum nor my girlfriend so fucking stop acting like it. » Tu roules des yeux. Ce n’est certainement pas le moment idéal pour avoir la moindre conversation, tu parles trop fort et tu sais que si les autres pensionnaires ont laissé leurs fenêtres ouvertes en cette nuit fraîche, ils pourront se délecter de chaque mot que tu envoies violemment à la blonde à tes côtés. « What is this anyway? Did you think we were gonna have a little romantic dinner in the middle of the night? » Tu pouffes de rire, d’un rire qui se veut aussi mauvais que méchant. Tu ne sais pas ce qu’elle pense, mais de toute évidence, quelque part en cours de route, vous avez cessé de penser - et de vouloir surtout - la même chose.
I can pretend that I don't see you, I can pretend I don't wanna hold you when you're around, I can say that nothing was right, but we know if I looked in your eyes I'd break down.
Juin 2013. ☽ Tu étais loin de t’imaginer que ta bienveillance allait t’envoyer six pieds sous terre ce soir. Tu allais finir dans ton lit, seule à pleurer alors que tu avais espéré être accompagnée de la femme qui te faisait sourire bêtement ces derniers jours. Tu t’étais laissée avoir par les illusions de cette idylle, et Eleonora allait vite te remettre les idées en place. Pour le moment, tu l’installais et lui priais de souffler un coup, de profiter du repas et du verre de vin que tu avais préparé. « They think we’re some kind of slaves or something. » Tout allait bien, du moins c’était ce que tu pensais. Vous preniez plaisir à râler et pour le coup, c’était réciproque. En effet, tu avais dû mal à te faire à ce rythme de vie mais parfois, on n’avait pas le choix.
Installée sur ta chaise, tu voyais que Leo ne déconnectait pas encore de sa soirée, qu’elle était encore tendue, sûrement ruminant une conversation désagréable avec un client. Tu ne voulais pas voir que la seule chose qu’elle voulait c’était clairement ne pas être ici, tout simplement. Tu insistais gentiment pour qu’elle mange, t’étais du genre à vouloir prendre soin des gens que tu estimais, mais Leo ne voulait pas faire partie de ces gens, et t’allais vite le comprendre. « I told you I’m not fucking hungry. » Tu te redressas aussitôt sur ta chaise, fronçant les sourcils, tu ne comprenais pas pourquoi elle s’énervait, toi qui avais l’habitude de discerner les moindres émotions, tu t’étais laissée berner. [color=steelblue]« You’re not my mum nor my girlfriend so fucking stop acting like it. » Les yeux écarquillés tu ne t’attendais pas vraiment à prendre un revers de la manche. « What is this anyway? Did you think we were gonna have a little romantic dinner in the middle of the night? » Pire encore, elle continuait à délecter sa haine sur toi te laissant paralysée sur ta chaise. Elle avait un regard glacial, un rire sarcastique et elle se fichait clairement de ta gueule ouvertement, et sans gêne. Tu posas ton verre de vin, pas du genre à aimer les scandales, et tu te levas. « I just thought you’d be glad to chill out after a long night. » Tu avais envie de la mettre mal à son tour, qu’elle ne croie pas une seule seconde que tu t’étais intéressée à elle plus que nécessaire. « Sorry for being nice. I should’ve guessed that you wouldn't recognize what kindness is. » Une pique que tu appréciais lui balancer, car quand tout le monde bavait sur le dos de Leo, tu prenais toujours sa défense, clamant qu’elle était bien plus que cette image froide qu’elle dégageait. Maintenant tu apprenais de tes erreurs aussi. Tu la fixais, maintenant debout, et elle assise à un mètre ou deux de toi, tu allais lui laisser tout l’espace dont elle avait besoin. Tu te contenais énormément mais tu savais que tu allais exploser, toutes émotions venant se transcrire dans tes joues, il fallait que tu partes avant de paraître ridicule.
Ce n’est pas le moment, ce n’est pas l’endroit non plus pour faire une quelconque scène. Il est beaucoup trop tard, il y a beaucoup trop de gens autour qui peuvent certainement entendre votre conversation, ou du moins se faire réveiller par vos (tes) éclats de voix et rien de ce qui peut être dit ou fait ce soir ne mènera à quoique ce soit de bon. Tu le sais tout ça et pourtant, tu ne vois en rien tout ce que la Hartfield fait pour toi comme étant quelque chose à apprécier, quelque chose pour quoi tu devrais la remercier, quand à tes yeux, ce ne sont que des actions pour lesquelles tu lui seras indéniablement redevable alors que tu ne lui as pourtant rien demandé. Tu aurais dû savoir pourtant, que les choses prenaient une tournure bien trop sérieuse à ton goût quand le nombre de nuits que vous passiez ensemble ne cessaient d’augmenter et qu’elle réussissait même à te faire parler, de toutes ces choses que tu gardes normalement pour toi, de toutes ces pensées que tu n’oses jamais partager avec qui que ce soit, te refusant toute forme de vulnérabilité. Alors plutôt que de simplement lui rappeler les règles du jeu, plutôt que de simplement t’éloigner peu à peu, comme tu sais pourtant si bien le faire, tu attaques. Tu mords la première, quitte à faire mal, trop mal. Tu préfères de loin être celle qui blesse que celle qui se retrouve blessée. De ça, Ethel devrait être consciente à présent de toute façon, ce qui ne semblait pourtant pas être le cas vu l’air d’abord surpris et ensuite blessé qu’elle t’offrait, comme si elle n’avait pas été en mesure de prédire un tel revirement de situation. « I just thought you’d be glad to chill out after a long night. » Tu ricanes à nouveau. Ça n’a rien d’un setting pour chill out comme elle le dit si bien, et elle devrait en avoir conscience, la Hartfield. « You really didn’t need to go through all that shit if all you wanted is a place in my bed tonight. » que tu clames, exaspérée. Parce que c’est comme ça qu’elles finissent toutes les nuits entre vous, pas vrai? Elle se glisse dans ton lit, ou tu trouves une place dans le sien, tu te délectes de sa peau, tu frémis sous la mélodie de ses gémissements, mais sans plus. C’est tout ce que tu veux, tout ce que tu as toujours voulu. Ce soir, c’est trop. Ce soir, ça te donne envie de foutre les freins et de lever les pattes, de prétendre qu’elle n’a jamais vraiment su se faire cette place dans ton univers qui lui appartient pourtant. « Sorry for being nice. I should’ve guessed that you wouldn’t recognize what kindness is. » « Oh piss off Ethel. » que tu t’exclames, emmerdée pour la tournure de cette conversation. À défaut de t’attarder sur le plat de pâtes sous ton nez, tu n’hésites pas à enchaîner les gorgées de ton verre de vin, jusqu’à ce que ce dernier se retrouve pratiquement vide après quelques secondes à peine. « What do you want from me, huh? » que tu finis par lui demander, venant te placer devant elle. « Is fucking me every second night not good enough for you anymore or what? » Tu n’allais certainement pas devenir son cas de charité, oh ça, pas question.
I can pretend that I don't see you, I can pretend I don't wanna hold you when you're around, I can say that nothing was right, but we know if I looked in your eyes I'd break down.
Juin 2013. ☽ Tu n’aimais pas te faire remarquer, t’étais un caméléon, tu arrivais toujours à te faufiler parmi la foule et à t’adapter selon le public que tu avais en face de toi. Ce soir, tu pensais que la soirée allait se terminer lovée dans les bras de ta partenaire du moment, celle pour qui tu avais développé sans le vouloir un attachement que tu ne saurais définir. Tu ne pensais pas en faire trop, toi qui avais toujours dû mal à gérer tes émotions, ton syndrome n’arrangeant rien à tout ça. Tu ne pensais pas non plus que Leo serait d’une humeur massacrante et qu’elle déciderait de hausser le ton, le hausser bien plus fort que tu n’aurais pu l’imaginer d’ailleurs. Tu arborais un regard incompris, le genre à te demander ce que tu faisais ici, comme si tu avais mal prévu ton coup. Tu tentais de minimiser les choses, tentant de faire passer ça pour de la gentillesse plus que pour de l’affection propre. « You really didn’t need to go through all that shit if all you wanted is a place in my bed tonight. » Parce que oui, tu comprenais que la blonde ne voulait que de l’affection sexuelle, et rien de plus. Vous ne passiez pas du temps à vous raconter vos vies, maintenant tu y pensais même, tu savais guère grand-chose sur la jeune femme, tu ne savais même pas comment elle avait atterri ici, dans le même domaine que toi, dans cette colocation sans queue ni forme. Tu lui adressais un certain regard de dégoût, te rendant compte peut-être que tu lui avais définitivement accordé trop d’importance – c’était ta faute, tu pouvais t’en vouloir qu’à toi-même. « Oh piss off Ethel. » Tu roulais des yeux, tu comprenais qu’avec elle, il n’y avait pas de demi-mesure. Jusqu’ici tu avais été dans ses papiers, mais apparemment ce soir, tu avais été trop bienveillante à son goût. « What do you want from me, huh? Is fucking me every second night not good enough for you anymore or what? » Les bras à présent croisés, tu la fixais alors qu’elle s’était rapprochée de toi telle un bulldog français prêt à attaquer. « Don’t you show your claws to me, Leo. » Pas à toi, pas maintenant, ni jamais d’ailleurs. T’étais de nature gentille et compréhensive mais qu’elle te traite comme une vulgaire inconnue te blessait énormément. « Sorry. I didn’t want to overstep your marks. » dis-tu finalement en descendant d’un ton car tu réalisais que vous parliez peut-être un peu trop fort et tu n’avais pas envie d’éveiller les petits curieux du coin. « Got it, don’t worry. » marmonnas-tu finalement en passant à ses côtés, tu vins prendre ton verre pour le descendre d’une traite, tu avais réalisé que cette sorte d’arrangement n’était plus d’actualités, vous n’étiez pas sur la même longueur d’ondes, et après la manière dont elle venait te traiter, tu n’avais plus envie de finir dans les mêmes draps.
Après cette nuit, il n’y aurait plus rien à sauver de ta supposée relation avec la Hartfield. Il ne resterait que la poussière de semaines passées ensemble, l’une contre l’autre plus précisément, mise à mal par tes comportements toujours plus auto-destructeurs au fil du temps. Les choses auraient pu se passer autrement, tu en avais pleinement conscience. A un meilleur moment, avec un peu moins d’effort peut-être, une impression moins grande de te retrouver dans une cage dans laquelle tu n’avais pas désiré te retrouver, tu aurais peut-être été en mesure de baisser ta garde assez longtemps pour lui dire un truc honnête, un truc vrai. Peut-être même que tu lui aurais parlé de ta mère, dont l’état se dégrade d’heure en heure, dont la fin est imminente sans que tu ne saches comment l’accepter. T’aurais dû y être préparée toutefois, ça fait des années qu’elle se meure à petit feu, ta mère. Mais de faire face avec la réalité, c’est pire que tout, tu ne le supportes tout simplement pas et ça se ressent de partout. Surtout cette nuit, avec elle, même si elle n’a pas la moindre idée de ce qui se cache derrière ton agressivité soudaine et tes réactions excessives. « Don’t you show your claws to me, Leo. » C’est à ton tour de rouler des yeux, exaspérée que cette discussion ne mène à rien, comme tout le reste finalement. Tu n’avais pas le temps, ni l’énergie pour tout ça. Tu avais été claire dans tes envies, si elle s’était fait d’autres scénarios, cela lui appartenait. Tu n’allais certainement pas d’excuser d’être celle que tu avais toujours été. « Sorry. I didn’t want to overstep your marks. » « And yet, you are still to say what the fuck you did want from all this. » C’est qu’elle n’a rien dit, la blonde. Rien spécifier, elle n’a seulement pas apprécié que tu ne t’adonnes pas au plan de la nuit. Elle se lève et passes à tes côtés pour mieux vider sa coupe de vin d’une traite. « Got it, don’t worry. » Dans un mouvement tout aussi irréfléchi que le reste de la nuit, tu attrapes son poignet pour la retenir. « Where are you going? » Alors c’est ça, c’est le clap de fin, pas de retour en arrière? Elle se pousse dans un mot de plus et tu la laisses faire? C’est de ta faute, c’est ce que tu as provoqué et pourtant, ça te laisse un goût amer dans la bouche qui n’a absolument rien à voir avec le vin. « Sleep with me tonight. » T’es le chaud, le froid et le bouillant en secondes seulement, mais elle te connaît la blonde, ça n’a plus rien de surprenant venant de toi. Sauf que ce n’est pas elle généralement, ta principale victime.
I can pretend that I don't see you, I can pretend I don't wanna hold you when you're around, I can say that nothing was right, but we know if I looked in your eyes I'd break down.
Juin 2013. ☽ Ta tendance à tout idéaliser, voire à occulter carrément les signaux d’alarme, t’amenait doucement à comprendre qu’une fois de plus, tu t’étais laissée piéger à ton propre jeu. Tu voulais toujours te donner la chance de lâcher prise et de vivre le moment présent mais tu en revenais toujours plus détruite et déçue de ton entourage. Tu allais finir par comprendre qu’il était mieux que tu joues solo et que tu ne serais jamais mieux servie que par toi-même. Tu n’étais pas faite pour les relations sans engagement, tu n'étais pas faite pour être seulement le jouet de quelqu’un et tu comprenais ce soir que Leo n’avait fait que s’amuser avec toi sans jamais éprouver un quelconque sentiment d’attachement à ton égard. Ta faculté à cerner les gens, et à comprendre leurs maux cachés et leur douleur exprimée, te rendait finalement vulnérable et tu en faisais encore les frais avec Leo. Tu voulais te montrer présente, aimante même, te disant qu’avec ce qu’elle vivait, elle avait besoin de se sentir importante aux yeux de quelqu’un, mais apparemment tes yeux n’étaient pas la reconnaissance qu’elle cherchait et tu comprenais que tu devais vite te barrer avant d’imploser devant elle. « And yet, you are still to say what the fuck you did want from all this. » Tu rageais de l’intérieur, tu n’avais pas la patience de t’expliquer alors que la seule chose que tu t’étais permise de faire ce soir était de lui offrir un repas tout prêt pour qu’elle puisse se détendre. « Nothing – ab-so-lu-te-ly nothing. » oh que le mensonge était moche, mais plus fort que tout, ton seul bouclier pour te protéger des suppositions qu’elle faisait avec la suite de cette conversation. Ton objectif principal maintenant était de fuir, tu n’avais plus envie de l’affronter et de devoir te justifier. « Where are you going? » Mais elle te rattrapa, et tu t’arrêtas nette dans ton élan. « Sleep with me tonight. » Tu fronçais les sourcils en la fixant, te demandant si elle cherchait juste à t’énerver. Tu avais peut-être l’habitude de la savoir impulsive et irréfléchie mais elle ne se l’était jamais réellement montrée envers toi. Ce soir c’était différent, tu l’avais attendue, tu t’étais montrée attentionnée, probablement un peu trop et maintenant tu n’avais pas envie de lui donner la chance d’émietter encore plus ton petit cœur. « Good night, Leo. » tes mots étaient secs, et à peine souffler à tes dents serrés. Tu étais à la fois énervée et triste, elle qui s’était montrée comme ta meilleure alliée depuis des semaines, tu comprenais qu’il valait mieux mettre de la distance entre vous. Au moins, elle t’avait fait comprendre que tu n’étais pas faite pour ce genre de relations, tu apprenais à te connaître loin de la maison familiale, tu grandissais et Eleonora t’aura au moins aider à comprendre certaines choses – autant sur toi que sur les autres.
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