Dimanche matin. Jour du Seigneur. Jour de messe, évidemment. Enfin, ce n'est pas que tu es ici chaque dimanche, faute de temps. Tes passages sont plutôt irréguliers. Plus espacé quand tout va bien, plus rapproché quand la vie devient un peu plus compliquée. Chacun à sa manière de contrer le chagrin. La religion est une manière comme une autre d'y parvenir. C'est toujours les mêmes visages ici. Toujours le même commérages - oui, même les églises n'y échappent pas. Tout le monde connaît tout le monde. Tout le monde à aussi son mot à dire sur tout le monde. Il y a les bons et les mauvais côtés à la religion. Rien n'est parfait après tout. Pour ta part, on peut dire que tu prends ce qui te fait du bien et tu laisses le mauvais de côté. Assis à deux rangées en diagonale de ta place, tu reconnais Owen, l'ami de Hassan que tu avais rencontré quelques semaines plus tôt. Il semble seul et toi aussi. Bon, c'est pas très poli de changer de place alors que la messe a déjà débuté, mais tout le monde est bien concentré dans leurs je vous salue Marie. Personne ne va rien remarquer. Tu te déplaces légèrement vers la gauche en tapotant la place à côté de toi pour l'inviter à te rejoindre, chose qu'il fait sans que personne ne remarque rien, comme prévu. De toute façon, est-ce qu'on peut vraiment faire des reproches à la personne qui a déjà joué le rôle de prêtre ? Non, sûrement pas. Un sourire échangé avec Owen. Ton regard s'attarde quelques secondes sur lui avant de retrouver l'avant de l'église. « De retour parmi le commun des mortels ? » que tu lui demandes dans un murmure. Parce qu'il est du côté des pécheurs et non au devant de la scène. Il ne faudrait tout de même pas perturber cette messe. Ça ne t'a pas semblé le cas alors que ta voix peine à atteindre l'oreille de Owen tellement elle est basse. Il faut croire que la petite vieille frustré assise juste en face de vous à des appareils auditives qui fonctionnent très très bien puisqu'elle se retourne brusquement en posant son index contre ses lèvres, sifflant un énorme « Chuuuuuuuttttt! » Ah. C'est plus elle que toi qui dérange tout le monde à ton avis, mais bon, on ne contrarie pas les personnes âgées. Tu prévois déjà l'entendre se plaindre à la sortie de l'église que les jeunes de nos jours n'ont aucun respect pour le Seigneur et bla bla bla. Peut-être même qu'elle te pointera du doigt, toi la jeune délinquante irrespectueuse. Elle ne pourrait pas te coller une étiquette qui te collerait moins à la peau que celle-ci. Mais bon, histoire à suivre. Ce ne sont pas les commentaires d'une vieille dame qui t'empêcheront de dormir cette nuit. Ton regard arrondis se tourne vers le blond alors que tes lèvres se pincent pour retenir le rire qui menace de vouloir s'échapper. Il ne faudrait surtout pas éclater de rire en pleine messe du dimanche.

@owen galloway

Un affront, sans doute, de revenir dans l’Eglise où il se tenait à la place de ce prêtre en face de lui, plusieurs mois auparavant. Mais Owen, malgré qu’il n’était plus sous la toge, se sentait à sa place dans ce lieu Saint. Bien entendu que quelques regards, si ce n’est pour dire beaucoup trop, s’étaient tournés vers lui quand il avait mis un pied ici, mais rapidement les chuchotements s’étaient calmés. Une fois qu’il n’y avait plus rien à dire à son sujet et que le tour de la question était terminé. Puis, Owen n’avait pas tellement envie de fuir ce qu’il avait fait. Aujourd’hui, il était toujours croyant et pratiquant, il n’avait pas tourné le dos à Dieu et venir se recueillir et prier sous la demeure du Seigneur lui était toujours aussi important. Il savait que s’il ne pouvait plus officier, il n’était pour autant pas chassé de l’Eglise.
Il semblait bien avoir croisé ce regard qu’il avait déjà vu quelques jours plus tôt, chez Hassan. Il semblait bien, lorsqu’il se retourna à nouveau, que c’était Jules – madame et pas monsieur - l’amie des livres. Il lui souriait un instant, avant de se concentrer à nouveau sur la messe dominicale. Il ne s’attendait pas réellement à la voir à sa droite quelques secondes plus tard. Il suivait sa main qui tapotait près d’elle, l’obligeant à faire un pas de côté pour se hisser à ses côtés. Sourire aux lèvres, le Galloway s’étonnait encore qu’elle se soit faufilée jusque là. « De retour parmi le commun des mortels ? » il fronça les sourcils, peu habitué à ce qu’on lui fasse la conversation en pleine lecture de la bible et d’autant plus surpris, qu’il se demandait si elle avait eu vent de ses frasques. Et en même temps, les nouvelles étaient allée si vite, si vraiment, il aurait voulu éviter la question, il n’aurait pas du venir participer à la célébration ici. Brisbane ne manquait pas d’Eglise. « Chuuuuuuuttttt! » le grand blond pouffa en voyant même ce visage qu’il connaissait bien, pas surpris cette fois que ce soit Miss Jenkin qui leur somma de se taire. Enfin, qui somma Jules de se taire. Le regard du prêtre – ex – se baissa vers la jeune femme, avec son air pas si innocent sur le visage, les lèvres pincées, prête à rire. Il souffla du nez, amusé à son tour. C’est mal Owen, très mal ce que tu t’apprête à faire. « Je jurerai que d’habitude, elle n’entend pas si bien quand on s’adresse à elle. » ah, toutes les fois où elle n’entendait rien, quand ça l’arrange surement. Le Galloway avait pris la peine de chuchoter à son tour, se penchant légèrement vers la jeune brune. « ne me fais pas passer pour le pertubateur de service, il faudrait pas que ma réputation soit entachée, par ici. » ah, la réputation ne pouvait pas être plus couverte de boue qu’elle ne l’était déjà. Owen élément perturbateur ? Voilà une sacrée nouvelle. Lui qui avait toujours tendance à rentrer dans les cases, il semblerait, que ces derniers temps, les choses aient changées pour lui…

Tu t'en mords presque les joues pour retenir ce rire qui veut accompagner celui de Owen, mais la commissure de tes lèvres qui se relève trahissent le tout. Avait-il été assez discret pour passer sous le radar ? Il te semblait aussi avoir parler très bas avant que la dame d'en face te fasse comprendre le contraire. « Je jurerai que d’habitude, elle n’entend pas si bien quand on s’adresse à elle. » Ah, donc il l'a connaît en plus ? Il doit sûrement être dans ses bonnes grâces. C'est sûrement la raison pour laquelle elle n'émet aucun commentaire lorsqu'il murmure à son tour. Il est sûrement dans les bonnes grâces de tout le monde ici. Tout le monde doit le connaître, alors que tu n'es qu'une étrangère ici. Voilà seulement un peu plus d'une année que Redcliffe est ton quartier résidentiel et que son église est devenue celle que tu côtoies le plus. « ne me fais pas passer pour le pertubateur de service, il faudrait pas que ma réputation soit entachée, par ici. » qu'il ajoute sur la même note en se penchant légèrement vers toi pour que tu puisses bien entendre ses paroles. Comme si tu étais du genre à attirer des problèmes à qui que ce soit. Non, c'est plutôt l'effet contraire que tu fais. La dame d'en face n'est sûrement pas du même avis. Ta tête se tourne vers Owen alors que ton sourire amusé semble incapable de quitter tes lèvres. De ton pouce et ton index, tu viens mimer le glissement d'une fermeture éclair de gauche à droite. De toute manière, la messe tire à sa fin. Parler peut attendre quelques minutes supplémentaires. Le brouhaha ne manque pas de raisonner dans l'église au moment où le prêtre donne congé à ses fidèles citoyens. Lorsque tout le monde se relève à la fin, la charmante dame ne manque pas de t'envoyer un regard rempli de jugement avant de te couper le chemin pour pouvoir sortir avant toi. Sérieusement ? « Je crois qu'elle doit avoir un œil sur toi. » que tu lui lances, en jetant un coup d'œil par-dessus ton épaule pour avoir un contact visuel avec Owen. L'explication logique considérant le fait qu'elle soit outrée par tes chuchotements, mais pas par celui du blond. « Attends-toi à recevoir des sucres à la crème dimanche prochain. » Parce qu'elle a clairement l'air d'une Ginette qui fait les meilleurs sucres à la crème du quartier. Les vieilles grincheuses peuvent aussi être de bonnes cuisinières. Un homme plus âgé - et plus sympathique - s'arrête dans la rangée pour vous donner l'occasion de vous faufiler vers l'extérieur. « Tu as survécu aux neveux de Hassan ? » que tu lui demandes en continuant d'avancer, sourire aux lèvres. Trois enfants, ça met de la vie dans un foyer. Si tu te souviens bien, ils devaient retourner chez leur parents à la fin des vacances de Noël. Donc, ils doivent être partis depuis quelques semaines maintenant. Ce n'était sûrement pas très évident de cohabiter tout le monde ensemble. D'ailleurs, tu ne connais pas grand chose sur l'ami de Hassan. À ce que tu as cru comprendre, Owen vivait ailleurs au moment où ton amitié avec Hassan est devenue plus solide. D'où la raison pour laquelle tu ne le découvrais que maintenant. Hormis le fait de savoir qu'il a déjà été prêtre ici - et celui qu'il se déhanche en serviette en sortant de la douce (dure de chasser cette image là, hm) - qu'il vit dorénavant chez votre ami commun, non, tu ne sais pas grand chose sur lui. Comme les chances de vous recroiser sont très probables maintenant, aussi bien en profiter pour avoir quelques informations supplémentaires sur lui.

La messe se poursuit et Owen pourrait dire à la seconde prêt quand celle-ci prendra fin. Il connaissait le déroulé par cœur et pourrait prononcer chacune des phrase de son confrère devant l’autel. Il savait qu’elle touchait à sa fin et c’est pour cette raison que l’attente ne serait pas si longue. Il gardait son sourire amusé sur les lèvres jusqu’à ce qu’on leur donne congés. Jules était de nouveau devenu sérieuse, bien qu’elle semblait avoir du mal à tenir en place.
Lorsque chacun quittait son rang, la vieille dame qui leur avait sommé de se taire, plus tôt, coupa la route à la brune, témoignant bien de son mécontentement. Owen n’était pas tant surpris devant cette scène, il en avait vu bien pire et les croyants n’étaient pas toujours ceux qui se comportaient pour le mieux en ce lieu saint. « Je crois qu'elle doit avoir un œil sur toi. » ca l’amusait davantage. Il était placé sous surveillance et personne ne devait le distraire dans sa foi, visiblement. Jules devait être ce genre de femme qui faisait sortir les hommes de leur droit chemin, si on en croyait l’attitude de la vieille dame. Il est vrai que lui n’avait pas eu de réaction à son attitude alors qu’elle était semblable à celle de la brune, voir un brun plus provocatrice – pour ce que ça en était – vu ce qu’il s’était permis de dire. Il était encore dans les bonnes grâces de certaines personnes quand d’autre s’outraient de le voir dans les parages après ce qu’il avait fait. Oh oui, personne n’était dupe par ici et les nouvelles étaient allées très vite. Il avait décidé de ne pas y faire fi. « Attends-toi à recevoir des sucres à la crème dimanche prochain. » « qui te dit que j’en ai pas déjà eu ? » il répondit tout en sortant de son rang, se dirigeant vers la porte qui menait à l’extérieur de l’Eglise. « Tu as survécu aux neveux de Hassan ? » il fit les grands yeux et hocha la tête, main sur le cœur. « Dieu soit loué, tout ça, c’est terminé. » oh, quelle drama queen cet Owen. D’ailleurs, alors qu’il avait osé prononcer le mot de Dieu, quelques regards s’étaient tournés vers lui, et des soupirs aussi. « Ils sont rentrés chez eux. Ils ont plusieurs visages. Parfois monstres, parfois de vrais petits anges. Mais j’avoue que j’apprécie davantage le silence. » pour un homme de foi qui s’était habitué à des lieux calmes et à se retrouver là où le bruit était souvent proscrit. « est-ce que c’est déplacé de te proposer d’aller manger un bout dans le quartier ? Il y a un pakistanais à l’angle de la prochaine rue, j’ai promis que je m’y arrêterais à ma prochaine visite dans le quartier et devine quoi… »

« qui te dit que j’en ai pas déjà eu ? » Qu'une vieille dame apporte des sucre à la crème à l'ancien prêtre de la paroisse parce qu'elle a un oeil sur lui ? Avouez quand même que ce serait assez drôle non ? Quelque chose te dit que Owen ne serait pas si à l'aise que ça si c'était vraiment arriver. Ce serait hyper creepy, non ? « Je vais être obligé de demander des preuves. » Avec un test de goût évidemment. À quelle point elle serait insulter que ses sucreries pour son charmant prêtre soit dévoré par celle qu'elle considère dorénavant comme l'arrogante du quartier. Faudra que tu te prépares mentalement à avoir des œufs dans tes fenêtres d'appartement. Trop loin ? À peine. Alors que tu marches vers la sortie accompagné de Owen, tu en profites pour prendre des nouvelles des petits monstres qui ont meublé de la vie des deux amis pendant les fêtes. « Dieu soit loué, tout ça, c’est terminé. » qu'il te répond en posant sa main contre son cœur t'occasionnant automatiquement un sourire en coin. C'est pas faux que trois enfants ça doit mettre une vie dans une maison. Surtout quand on a pas l'habitude. « Ils sont rentrés chez eux. Ils ont plusieurs visages. Parfois monstres, parfois de vrais petits anges. Mais j’avoue que j’apprécie davantage le silence. » Vraiment ? Est-ce le genre de choses que tout le monde dirait après avoir vécu pendant trois semaines avec des enfants qui ne sont pas les siens ? Sûrement. Tu n'as jamais eu cette chance. La seule enfant qui meuble encore ta vie est Annabelle que tu ne vois pas assez souvent à ton goût. Entre un et trois, c'est clairement plus reposant un seul. « Tu n'aimerais pas en avoir ? » Et tu réalises aussitôt que la phrase est sortie de ta bouche à quel point ta question est idiote. « Désolé, j'ai pas réfléchi… » que tu t'empresses d'ajouter. Il a choisi la carrière en choisissant par le même fait de n'avoir ni épouse, ni enfant, non ? Arriver à l'extérieur, tu te retournes vers Owen en replaçant la bandoulière de ton sac sur ton épaule. C'est là que vous vous dites au revoir ? à une prochaine fois ? « est-ce que c’est déplacé de te proposer d’aller manger un bout dans le quartier ? Il y a un pakistanais à l’angle de la prochaine rue, j’ai promis que je m’y arrêterais à ma prochaine visite dans le quartier et devine quoi… » - « C'est maintenant ? » Tu lui souris doucement en te retournant pour regarder au loin l'endroit qu'il te parle. C'est pas très loin. Tu vois où c'est. Malgré la proximité de l'endroit avec ton appartement, tu n'y es encore jamais allé toi non plus. « Oui, d'accord. Je veux bien. » De toute façon, il faudra bien manger un jour ou l'autre. Aussi bien le faire en agréable compagnie. « Heureux d'être de retour à Brisbane ? » que tu lui demandes alors que vous commencez à marcher vers le restaurant. « Tu as grandi ici ? Je me souviens pas vraiment de t'avoir déjà croisé au lycée. » Tout comme tu n'as aucun souvenir d'Hassan. La différence d'âge y est sûrement pour quelque chose. Ou tu as simplement oublié. Le lycée, ça remonte à tellement longtemps.

« Je vais être obligé de demander des preuves. » le regard du Galloway descend sur son ventre, tout en tapotant sur celui-ci. « Disparues. » qu’il lance en souriant alors qu’il est déjà presque à l’extérieur de l’église tout en étant soulagé de pouvoir retrouver le calme ambiant chez Hassan après la fuite de ses neveux et de sa nièce, de retour chez leurs parents. « Tu n'aimerais pas en avoir ? » Owen redressa son visage, regardant la jeune femme sans être vraiment capable de répondre à cette question. A vrai dire, elle ne s’était jamais réellement posée à lui. « Désolé, j'ai pas réfléchi… » Effectivement, avoir des enfants n’était pas une option jusqu’à présent, forcément contradictoire avec ses engagements. Pour autant, la question ne lui semble pas si illégitime. « T’en fais pas. » il hausse les épaules et apporte une réponse supplémentaire. « J’en ai jamais vraiment voulu. Mais, ça n’engage que moi. Ce ne serait pas étonnant de savoir que d’autres prêtre puissent en désirer, bien que… » Inutile de finir cette phrase.
Refusant que leurs chemins se séparent maintenant, le Galloway proposa à Jules de partager avec lui un repas au Pakistanais du coin. Afin de tenir sa promesse, autant en faire profiter la jeune femme également. Il savait que c’était une proposition à la hauteur et qu’il n’allait pas l’emmener dans un mauvais restaurant. « C'est maintenant ? » il hocha la tête. Espérant intérieurement qu’elle n’avait pas mieux à faire. « Oui, d'accord. Je veux bien. » un sourire s’afficha sur les lèvres du blond, sans tenter de dissimuler la satisfaction que lui procurait son acceptation. C’est alors qu’il se mis aussitôt en route pour les quelques dizaines de mètres qui les séparaient du restaurant. « Heureux d'être de retour à Brisbane ? » il hocha la tête en réponse, heureux de revenir dans une ville où il se sentait bien, bien qu’il aurait préféré que les circonstances soient autrement. « Tu as grandi ici ? Je me souviens pas vraiment de t'avoir déjà croisé au lycée. » « J’ai grandit à Toowomba. » déjà arrivé devant l’entrée du restaurant, il ouvrit la porte pour la laisser entrer d’abord. « J’ai fais mes études à Brisbane. C’est là que j’ai rencontré Hassan. Et on s’est rapproché au club de Rugby. »
Owen est rapidement reconnu dans le restaurant par le propriétaire qui les installe à sa soit disant meilleure table. « J’ai pas souvent été à Brisbane, en réalité. Mais c’est une chouette ville et c’est toujours mieux de pas avoir la pression constante d’avoir mes parents sur le dos. » Même à l’approche de la 40aine. « Le monde est bien trop petit à Toowomba. Même si, j’me rends compte que Brisbane est une petite ville, au finale. » les ragots en font le tour bien plus vite qu’on ne pourrait le penser. « J’devrais peut être m’éloigner de Redcliff aussi. Mais j’aime bien le quartier. » le quartier de toutes les tentations, si on écoute les vieilles dames du coin. « et toi? » vaste question, n'est-ce pas. Il lui laissait la liberté de l’interpréter comme elle le souhaitait.

« Disparues. » qu'il lance en venant tapoter son ventre comme arme du crime. Tu laisses échapper un petit rire qui résonne dans l'église que vous quittez l'instant d'après. Des plans pour que tu offusques encore une vieille dame pour avoir brisé le silence qui y régnait. Le sujet détourne doucement vers la tranquillité que lui et Hassan ont retrouvé après le départ ses neveux de ce dernier. Passer de cinq à deux personnes dans une maison, il faut dire que ça change complètement une dynamique. « T’en fais pas. J’en ai jamais vraiment voulu. Mais, ça n’engage que moi. Ce ne serait pas étonnant de savoir que d’autres prêtre puissent en désirer, bien que… » Tu acquiesces d'un signe de tête comprenant très bien la fin de cette phrase; bien qu'ils ne le peuvent pas. C'est quand même tout un sacrifice qu'il faut faire quand on choisit le monde de l'église. Tu préfères encore être du côté des bancs plutôt qu'être à l'avant-scène. Tu as toujours été plutôt du genre à t'effacer qu'à te mettre de l'avant de toute façon. « J’ai grandit à Toowomba. » qu'il débute alors qu'il ouvre la porte du restaurant pour te laisser passer devant. Tu le remercie discrètement avant de t'exécuter. « J’ai fais mes études à Brisbane. C’est là que j’ai rencontré Hassan. Et on s’est rapproché au club de Rugby. » Tiens, ça, c'est surprenant. Tu n'avais aucune idée de quelle manière Hassan et Owen se sont rencontrés, ne sachant simplement qu'ils étaient de vieux amis. Tu n'aurais jamais pu deviner. Il faut croire que la carrière d'homme d'église n'était venu que plus tard dans la vie du blond. « C'est vrai ? En quoi est-ce que tu as étudié ? » que tu lui demandes alors qu'un homme arrive au même moment pour vous offrir sa meilleure table. Ah ? Il venait pas juste de dire qu'il n'était jamais venu ici ? À moins que le nouveau propriétaire soit un bon ami de Owen ? Vous prenez place à la table et la serveuse ne tarde pas à vous mettre le menu entre les mains. « J’ai pas souvent été à Brisbane, en réalité. Mais c’est une chouette ville et c’est toujours mieux de pas avoir la pression constante d’avoir mes parents sur le dos. » Le commentaire te fait légèrement sourire. « Tes parents sont du genre étouffant ? » que tu lui demandes, amusé. C'est encore possible ça à votre grand âge ? On dirait bien oui. Peut-être que Owen n'a pas vécu la vie qu'ils espéraient pour lui. Les parents ont tendance à mettre un peu trop la pression sur leurs enfants. Ils ont toujours cette peur constante de voir leur enfant échoué. Ils n'aident en rien avec leur commentaire déplacé. Heureusement que ce n'est pas ton cas à toi. « Le monde est bien trop petit à Toowomba. Même si, j’me rends compte que Brisbane est une petite ville, au finale. » Tenter d'éviter quelqu'un dans ses grandes villes devrait être facile, mais comme partout, on dirait que le hasard le fait placer sur tous les coins de rues. « J’devrais peut être m’éloigner de Redcliffe aussi. Mais j’aime bien le quartier. » Et bien, une simple petite question et te voilà avec l'impression d'avoir rattraper toute la vie de Owen. Il a l'air plutôt du genre livre ouvert. C'est pas pour te déplaire. C'est toujours bien de savoir réellement à qui on a affaire. « et toi? » Question plutôt vague qui sous-entendait presque tu devais faire le récit de ta vie à ton tour. Il sait déjà pour ta rencontre avec Hassan, mais il ignore encore tout du reste. « Hum, je suis née ici et j'en suis jamais vraiment parti. » Presque triste annoncé comme ça, mais, non, tu n'as jamais quitté l'Australie et ce n'est même pas un projet à court ou long terme. « J'ai suivi un programme en littérature à la fac et je travaille pour une maison d'édition depuis presqu'un an. » Bon, c'est pas le temps d'enchaîner sur la partie familiale de ta vie. La mort, ça met toujours les autres mal à l'aise alors qu'il n'y a pas de raison de l'être. « J'suis déménagé dans le coin y'a pas si longtemps. C'est un chouette quartier, oui. » que tu ajoutes pour appuyer les précédentes paroles de Owen. Bon, ton pas si longtemps commence à remonter assez loin, mais bon, on va pas s'attarder à quelques mois près.

Une promesse qu’Owen avait fait il y a bien longtemps au propriétaire du restaurant, à force de les croiser devant l’Eglise, s’il n’avait jamais mis les pieds ici, il avait à plusieurs reprises échanger avec eux et à chaque fois, il était invité à venir prendre un repas, à chaque fois, il repoussait sa venue, à chaque fois on ne lui en tenait pas rigueur. Et voilà qu’il avait tenu promesse, c’est pourquoi ils étaient si bien accueillis tous les deux. Ils prenaient place rapidement et sans attendre, la conversation se poursuivait, en ayant tous les deux les regards penchés sur la carte devant leurs nez. « C'est vrai ? En quoi est-ce que tu as étudié ? » c’est vrai que c’est toujours surprenant de devoir justifier d’un vie avant d’avoir été prêtre et surtout, le moment venu où Owen en donne les raisons qui l’ont poussé vers la religion. Des raisons qui sont très sombres mais avec lesquelles il se sent à l’aise aujourd’hui. Ce n’est plus aussi difficile d’aborder ce sujet, sans doute en ayant une vision du deuil et de la mort qu’il a vu sous un autre œil en abordant le christianisme. « J’étais dentiste… » il releva ses yeux de la carte, petite sourire aux lèvres. « A vrai dire, je le suis toujours. » officiellement, on ne pouvait pas lui retirer ce titre et le diplôme qui allait avec. « Mais je suis largement dépassé par les nouvelles techniques. Ne me confie pas tes dents, ce serait une très mauvaise idée. » des années qu’il n’a plus touché un seul outil de travail. Ses études, raison qui l’a poussé à venir s’installer à Brisbane et quitter Toowomba, et à aucun moment il n’avait regretté cette décision. « Tes parents sont du genre étouffant ? » il se pinça les lèvres et hocha la tête, ne voulant prononcer ces mots, mais l’air qu’il portait sur son visage voulait tout dire. « ils ont bon cœur et sont très généreux et protecteurs. » c’est la version soft pour répondre à sa question et tourner la réponse de manière positive. Owen avait longtemps été le fils prodige, celui sur qui ils avaient tout misés, celui qui n’allait jamais les décevoir et ça n’a jamais vraiment été le cas d’ailleurs. Ils l’avaient soutenus dans sa décision après son traumatisme, devenir prêtre, ce n’était en rien honteux pour eux, croyants et pratiquants, c’était même presque une fierté. Par contre, là où ça devenait compliqué et bien plus difficile à assumer, c’est lorsque le fils prodige, représentant du Seigneur, avait lui-même trahi les siens et tournant le dos à Dieu jusqu’à ne plus lui être totalement fidèle et loyal. Oh, Owen avait eu vite fait de partir de Toowomba avant que ses parents ne l’apprennent de la bouche de quelqu’un d’autre et qu’ils ne lui tombent dessus. Aujourd’hui encore, c’était silence radio, pourtant, il était persuadé que la nouvelle leur était déjà arrivés aux oreilles. Il savait qu’il devrait avoir cette discussion avec eux. Il le ferait quand il se sentira prêt à l’avoir. Et les conversations qu’il pouvait entendre ici et là, les messes basses et les rumeurs gonflées à son sujet le préparaient déjà bien à l’exercice. Redcliff ou Toowomba, même combat. Mais assez parlé de lui, il s’intéressait à présent à la demoiselle en face de lui dont il s’avouait curieux d’en apprendre davantage. « Hum, je suis née ici et j'en suis jamais vraiment parti. » Brisbane, on l’aime ou on la quitte, n’est-ce pas ? « J'ai suivi un programme en littérature à la fac et je travaille pour une maison d'édition depuis presqu'un an. » la littérature et la médecine, deux domaines diamétralement opposés, pas étonnant qu’il n’ait pas de souvenir de l’avoir croisé durant sa jeunesse. « J'suis déménagé dans le coin y'a pas si longtemps. C'est un chouette quartier, oui. » il hocha la tête. « J’ai habité à Logan City quelques temps, avant de me lancer dans ce long chemin spirituel qui m’a mené à devenir prêtre. J’adorais ! Mais Redcliff, je l’ai vraiment découvert en prenant mes fonctions ici. Pour moi, c’est le meilleur quartier, ça m’a vraiment attristé de devoir le quitter… » par contrainte.
Le serveur, enfin, le propriétaire en personne revint vers eux pour prendre la commande. Si Owen avait eu longuement les yeux fixés sur la carte, pour autant, il n’avait pas pris la peine de vraiment s’y intéressé mais n’ayant pas froid aux yeux, il demanda au chef de lui préparer sa spécialité. Il avait le gout du risque. Puis, il laissait Jules faire sa commande. « T’es amoureuse des lettres et des mots alors… » qu’il relança, revenant sur ses études et son métier. « Et alors, en quoi consiste réellement le travail dans une maison d’édition ? C’est comme dans les films ? Tu reçois des dizaines de manuscrit chaque jour, passe ton temps à les lire et choisi celui qui sera Best Seller de l’année ? » il se doutait bien que c’était sans doute plus complexe que ça. « Je cherche un nouveau travail… j’ai pas tellement idée de ce que je pourrais faire. » compliqué d’admettre qu’il devait réellement tourner la page également, même s’il le disait, au fond de lui, c’était moins évident. « Je suis pas un homme de lettre, même si j’ai passé beaucoup de temps à lire le plus vieux livre du monde. » semblerait-il. « Et pour autant, je suis incapable de reprendre un métier scientifique. J’en suis trop éloigné à présent… »

« J’étais dentiste… A vrai dire, je le suis toujours. » Sans trop savoir à ce que tu t'attendais comme réponse, dentiste ne faisait certainement pas partie des options que tu avais en tête. Le domaine de la santé et un domaine aussi spirituel que la religion était complètement éloigné l'un de l'autre. Rare sont les scientifiques qui croient en la religion et vice versa. Il ne doit pas exister deux domaines plus contradictoires que ces deux-là. « Mais je suis largement dépassé par les nouvelles techniques. Ne me confie pas tes dents, ce serait une très mauvaise idée. » Tu n'as aucune idée de l'époque où il exerçait encore. Tu ne pourrais même pas dire cela faisait combien de temps qu'il était prêtre lorsque tu l'as vu la première fois. Mais tu te doutes quand même que ça ne date pas d'hier la dernière fois où il a fait un traitement de canal à une personne. « J'en prend note. » que tu débutea alors qu'un sourire amusé orne tes lèvres. « Qu'est-ce qui t'a poussé à changer de profession ? » Avait-il compris après quelques mois d'exercices qu'il n'était absolument pas dans son domaine ? Avait-il eu une mauvaise expérience au boulot qui l'avait dégouté à tout jamais du domaine de la santé ? Ou alors avait-il trouvé refuge dans la religion par un temps plus difficile au niveau personnel ? « ils ont bon cœur et sont très généreux et protecteurs. » Jamais facile de devoir jongler avec les parents. Enfin, c'est ce que tu as compris par les autres. Toi ? Ce n'est absolument pas ton cas. Ou alors ce n'est simplement pas le même combat. Quand c'est une enfant la mère de la maison, oui, évidemment que c'est différent. « Ils veulent toujours ce qu'il a de mieux pour nous… mais ils ne s'y prennent pas toujours de la bonne façon. » que tu ajoutes par la suite. Tous les parents ont la même motivation : le bonheur de leur enfant. Ils ne l'expriment pas de la même façon. Certains sont parfois maladroit, offensant sans le vouloir, mais reste que leur intention sont bonnes.

« J’ai habité à Logan City quelques temps, avant de me lancer dans ce long chemin spirituel qui m’a mené à devenir prêtre. J’adorais ! Mais Redcliff, je l’ai vraiment découvert en prenant mes fonctions ici. Pour moi, c’est le meilleur quartier, ça m’a vraiment attristé de devoir le quitter… » Que de mystère en mystère. En apprenant qu'il était temporairement chez votre ami commun, tu avais aussi compris qu'il était de retour à Brisbane depuis peu. Ce que tu ne savais pas par contre, c'est qu'il l'avait d'abord quitté à contre-coeur. Tu n'avais pas vraiment questionné Hassan sur le sujet, sans doute que tu ne pensais pas finir ici en tête à tête avec lui. De toute manière, c'est mieux de découvrir une personne en parlant avec celle-ci plutôt que dans la bouche d'un autre. « C'est indiscret de demander ce qui t'a fait partir ? » Sans trop savoir pourquoi, tu as l'impression que oui. Tu es déjà prête à ajouter qu'il n'a pas à te dire ce qu'il n'a pas envie de dire. Même si bon, ta curiosité est bien piquée. Et s'il a ouvert la porte lui-même, c'est qu'il est prêt à parler non ? « T’es amoureuse des lettres et des mots alors… » Un sourire étire tes lèvres alors que tu hoches la tête positivement. Oui, carrément, plus que ça même. « Et alors, en quoi consiste réellement le travail dans une maison d’édition ? C’est comme dans les films ? Tu reçois des dizaines de manuscrit chaque jour, passe ton temps à les lire et choisi celui qui sera Best Seller de l’année ? » C'est un petit rire qui s'échappe de tes lèvres. Oh non, ce n'est pas comme dans les films, ce n'est pas non plus comme dans les plus beaux rêves. Ou en partie plutôt. Il y a bien une partie du travail qui est comme dans les films, mais le moins fun, il est pas là. « Un peu oui, sauf que je ne suis qu'assistante. Je fais une pré-sélection, mais je n'ai pas le mot final. » Parce que tes choix ne seraient pas les mêmes que ceux de Conrad. Laisser sa chance au courreur n'est pas dans sa tasse de thé. « J'aide aussi les auteurs qui sont déjà signé avec nous sur l'écriture de leur roman. » Surtout des conseils à appliquer sur leur écriture, parce que ça reste leur idée et certainement pas les tiennes. Tu rends meilleur ce qu'ils ont déjà écrit si on peut dire ça ainsi. « Je cherche un nouveau travail… j’ai pas tellement idée de ce que je pourrais faire. » Alors il ne veut (peut?) plus être prêtre. Que fait-on lorsqu'on ne peut plus faire ce pour quoi on a dédié toute une vie ? Tu ne saurais absolument pas vers quoi aller si tu te retrouvais dans la même situation que lui. « Je suis pas un homme de lettre, même si j’ai passé beaucoup de temps à lire le plus vieux livre du monde. Et pour autant, je suis incapable de reprendre un métier scientifique. J’en suis trop éloigné à présent… » Ce n'est certainement pas toi qui aura réponse à son questionnement. Il n'a sûrement pas envie de bosser dans une épicerie pour le restant de ses jours. Tu te prêtes quand même au jeu, en laissant une mine réfléchis passer sur ton visage. « T'as regardé les petites annonces ? » Personne ne regarde les petites annonces de nos jours. « Okay attends. » que tu ajoutes en sortant ton cellulaire, presque emballé par la recherche complètement inutile que tu t'apprêtes à faire. Aucune chance de trouver un boulot incroyable là dessus, mais s'il peut trouver quelque chose pour au moins se payer un chez-lui. C'est sûrement douloureux à l'orgueil de squatter la chambre d'un ami à votre âge. « Hmmmm tu peux…. promener des chiens! » que tu t'exclames en lisant la première annonce. Owen avec douze chiens au bout d'une laisse, excellent oui. « Oh non, encore mieux! » que tu débutes en continuant ta lecture toujours aussi inutile, rappelons-le. « Tu peux aller nettoyer la piscine d'une vieille riche. » Allez, on a tous l'image de Owen qui nettoie une piscine en speedo (moi je l'ai).

« Qu'est-ce qui t'a poussé à changer de profession ? » Owen avait l’habitude de devoir rendre des comptes, sur ce changement si brutal de vie. Effectivement, passer de dentiste à prêtre était surprenant et lui-même ,n’y aurait jamais cru si on lui avait dit, il y a encore une douzaine d’année. Le traumatisme de la mort de son ancien collègue était passé, la religion l’avait bien sûre aidé à accepter ce deuil et vivre avec une douleur qu’il devra sans doute toujours supporter. Il n’y pensait pas chaque jour, heureusement, mais c’était toujours très régulier et son collègue, ami même, ne quittait jamais ses pensées. Les visions de ce passage à tabac, sous ses yeux, ne le quittaient elles non plus jamais. Sauf qu’à présent, elles faisaient partie intégrante de sa vie et c’était ainsi. Si lui l’avait accepté, son récit était quant à lui tout même très difficile à entendre et pouvait heurter, il préférait ne pas s’étaler sur les détails quand il abordait le sujet. « J’ai assisté au décès de mon collaborateur… » pas la peine d’étaler les circonstances de ce décès. « ça a été compliqué pour moi de continuer à travailler dans notre cabinet et que la religion a été une belle issue de secours pour m’aider à m’en sortir. Et voilà où nous en sommes. » au final, nulle part. Mais le Galloway accepte aussi son nouveau sort. Il ne doute pas que tout ce qu’il aura appris ces dernières années pourront lui être utiles pour son futur. Après tout, il n’y a pas que la religion qui aide son prochain.

Le prêtre poursuivi sur son parcours à Brisbane, ses allers et venus dans différents quartiers, son dernier départ et son retour précoce en ville. « C'est indiscret de demander ce qui t'a fait partir ? » Juliet semblait donc être la dernière chrétienne de cette Eglise à ne pas savoir les raisons qui avaient menées Owen vers la porte de sortie. Elle n’avait pas entendu ou ne voulait pas entendre, les rumeurs à son sujet qui bien entendues, n’étaient pas que des rumeurs… C’est avec un sourire gêné que le prêtre s’apprêtait à répondre. « Disons que… » il baissa même le regard, sentant ses joues rougir, il n’était pas fier de ça et avait encore quelques difficultés à l’assumer pleinement. Seuls ses proches avaient la vraie version de l’histoire. « J’ai rencontré une femme. » après tout, pas besoin d’en dire plus, la jeune femme allait sans doute comprendre rapidement de quoi il en ressort exactement. « Enfin, je la connaissais déjà, on était sortie ensemble quand on était encore étudiant. » surement pas la peine d’en faire un dessin. « les nouvelles vont très vites, mais visiblement pas assez vite pour arriver à tes oreilles. » fit il finalement, s’en amusant.

Il s’intéressait à présent à la jeune femme, meilleur moment pour détourner l’attention et pour la mettre elle au centre de la conversation. « Un peu oui, sauf que je ne suis qu'assistante. Je fais une pré-sélection, mais je n'ai pas le mot final. J'aide aussi les auteurs qui sont déjà signé avec nous sur l'écriture de leur roman. » une pré-sélection, au final, c’était elle qui faisait la plus grosse partie du travail, non ? L’avenir des écrivains étaient entre ses mains, elle choisissait ceux qui avaient leur chance, ceux qui devaient s’y remettre à plus tard ou abandonner. « Ça doit être une chance d’avoir accès en avant-première aux chefs d’œuvre de demain. » il préférait ne pas relever qu’elle avait aussi le pouvoir de briser des espoirs.
« T'as regardé les petites annonces ? » qu’elle s’inquiète alors qu’il exprime ne pas savoir quoi faire de son avenir. Il secoua la tête, pour l’instant, il n’avait pas vraiment idée par où commencer. Regarder les petites annonces, oui, mais lesquelles ? « Okay attends. » il la regarde dégainer son téléphone et s’amuse qu’elle s’y prenne tant au jeu. « Hmmmm tu peux…. Promener des chiens ! » surement de quoi se faire un peu d’argent de poche, surement pas de quoi payer un loyer, si ? « Oh non, encore mieux ! » il se redressa, se penchant vers elle, curieux de voir ce qui pouvait être mieux que de se promener avec dix laisses dans les mains. « Tu peux aller nettoyer la piscine d'une vieille riche. » oh, très sérieux tout ça. Il se mit à rire, peu convaincu par les propositions. « Les chiens ou les piscines, tu m’diras, c’est sans doute mieux que rien… j’ai l’droit de faire le difficile ? » peut être pas. « Je peux ? » fit-il en désignant le téléphone pour y jeter un œil à son tour. Sans totalement lui retirer des mains, il se décala un peu à vers sa droite pour y voir plus claire, il scrolla avec son doigt sur l’écran tactile et lisait rapidement les petites annonces. « Baby-sitting, je crain qu’on me soupçonne d’avoir de mauvaises intentions avec ça… » la réputation des prêtres avait la vie dure, sure qu’Owen n’y échapperait pas. « J’ai entendu parler d’une association qui recherchait des bénévoles pour ouvrir… j’pense que pour le moment, ça occupera bien mon temps. » fit-il finalement plus sérieusement. « Une sorte de cantine sociale… et qui aide aussi pour des démarches administratives et juridiques, gratuitement… peut-être qu’ils finiront par embaucher s’ils trouvent les fonds nécessaires. »

« J’ai assisté au décès de mon collaborateur… » Tes yeux s'agrandissent soudainement sous la surprise des révélations de Owen. Entrer dans la religion vient presque toujours avec une mauvaise nouvelle, une mauvaise passe dans une vie, c'était prévisible que la raison de ce changement soudain n'était pas tout beau, mais il avait forcément une belle fin. Mais jamais tu ne t'aurais attendue à une telle annonce. « ça a été compliqué pour moi de continuer à travailler dans notre cabinet et que la religion a été une belle issue de secours pour m’aider à m’en sortir. Et voilà où nous en sommes. » Tu hoches doucement de la tête sous son explication. Tu ne connais pas les détails, et tu es presque certaine de ne pas avoir envie de les connaître. « Je suis désolée. » Pour la mort de son collègue ? Pour y avoir assisté ? Ou pour avoir posé la question ? Sans doute toutes ses réponses. La mort, ça met toujours tout le monde mal à l'aise. Tu es bien placé pour le savoir, mais faut croire que ça te rend pas meilleur que les autres pour avoir les bons mots. Sans doute parce qu'il n'en existe pas. Et comme tu es particulièrement doué pour poser les questions qui mettent mal à l'aise, tu y vas pour une deuxième. Bravo Jules. « Disons que… » Tu es à deux doigts de lui dire de laisser tomber en voyant bien dans quel sujet délicat tu venais de tomber, mais il poursuit avant que tu ne puisses ajouter quoique ce soit. « J’ai rencontré une femme. » Ah. « Enfin, je la connaissais déjà, on était sortie ensemble quand on était encore étudiant. » Et les retrouvailles ont réveillé de vieux sentiments enfouis. C'est évident. Et la suite aussi. Non, encore une fois, les détails ne sont pas nécessaires pour comprendre l'histoire, et les conséquences qui viennent avec. « les nouvelles vont très vites, mais visiblement pas assez vite pour arriver à tes oreilles. » Un sourire en coin s'affiche sur ton visage suite à son commentaire. C'est bien toi ça. D'être toujours à la bourre, d'être la dernière à savoir ce que tout le monde sait. « Disons que j'ai tendance à ne pas écouter ce que tout le monde raconte. » Parce que c'est pour la plupart du temps des commérages non fondées, qu'on finit toujours par apprendre que c'est faux. Mais un coup la rumeur lancée, c'est trop tard. C'est ce que tout le monde retient. « Ça te manque ? » Tu regrettes ? C'est ça la véritable question. Vu qu'il vit dans la chambre d'ami de Hassan, tu supposes que son histoire d'amour n'a pas fonctionné. Du coup, il n'a ni la femme, ni le boulot. Il regrette d'avoir cédé ? Ou il est soulagé d'avoir trouvé une porte de sortie ? La religion, ce n'est pas forcément bon sous tous ses points. Tu sais prendre ce qui te fait du bien et mets de côté ce dont tu n'es pas en accord. « Ça doit être une chance d’avoir accès en avant-première aux chefs d’œuvre de demain. » qu'il poursuit alors que le sujet tourne finalement sur ton boulot à toi. Tu acquiesces d'un signe de tête. Oui, en effet, c'est incroyable. C'est aussi incroyable d'avoir la chance de lire toutes les différentes versions avant la version finale. C'est magique de connaître certains écrits que personne ne connaît. « Oui, j'adore ça. » Et c'est quelque chose à laquelle tu ne t'étais absolument pas attendue en te faisant offrir ce boulot auquel tu n'avais même pas postuler à la base. Voilà désormais un an que tu occupes ses fonctions et, même si l'ambiance de travail n'est pas agréable tous les jours, tu te sentirais incapable de retourner en arrière, d'abandonner tous ceux qui en valent la peine.

« Les chiens ou les piscines, tu m’diras, c’est sans doute mieux que rien… j’ai l’droit de faire le difficile ? » S'il veut avoir un chez lui et un salaire, non, pas pour le moment. Ce ne serait que temporaire de toute façon, mais bon, bien sûr qu'il peut faire le difficile et trouver quelque chose qui le rendra heureux. De toute façon, tes propositions n'ont rien de très sérieux. « Je peux ? » - « Bien sûr. » que tu lui réponds en tournant un peu plus l'écran vers lui. Le téléphone toujours dans tes mains, Owen s'occupe de faire défiler l'écran pour avoir les autres annonces qui suivent. « Baby-sitting, je crain qu’on me soupçonne d’avoir de mauvaises intentions avec ça… » Ta bouche s'ouvre quelques secondes - c'est pas tous les jours qu'on entend un (ex) prêtre émettre un tel commentaire. Il n'est pas sérieux - ou peut-être un peu. « Ça, c'est horrible. » que tu commentes. Aussi horrible que le sourire amusé sur tes lèvres. Ouais, bon, impossible d'aborder un sujet aussi lourd dans un endroit pareil avec une personne qu'on connaît à peine sans tourner le tout vers l'humour - ou tenter de. « J’ai entendu parler d’une association qui recherchait des bénévoles pour ouvrir… j’pense que pour le moment, ça occupera bien mon temps. » Oui, sans doute. On n'offre jamais trop de temps quand vient le temps de faire du bénévolat. Ils en ont toujours besoin. Sauf que le bénévolat, ce n'est pas ce qui aide à payer les factures et à devenir indépendant financièrement. Ce n'est sûrement pas nécessaire de lui préciser. Sauf si t'as envie qu'il pense que tu te prends pour sa mère. « Une sorte de cantine sociale… et qui aide aussi pour des démarches administratives et juridiques, gratuitement… peut-être qu’ils finiront par embaucher s’ils trouvent les fonds nécessaires. » Oui, mais ça prendra combien de temps ? Ça peut être un processus très long. « J'espère pour toi que ça va fonctionner. » Parce que c'est sans doute mieux que la piscine ou les chiens. C'est à ce moment précis que le serveur revient à votre table pour déposer les plats devant vous. « Merci pour l'invitation. Et la découverte. » La découverte autant du restaurant que de la personne en face de toi. On peut dire que Owen est un vrai livre ouvert. Il n'a rien à cacher. C'est une qualité bien agréable alors que tu as l'impression de n'être entouré que de mensonges depuis des mois.

« Je suis désolée. » Owen avait fini par s’y faire, raconter son histoire, celle de son vieil ami décédé n’était plus aussi douloureux qu’avant. Il avait fait son deuil et ce grâce à la foi qu’il avait trouvé en la religion. L’ex prêtre se contenta d’acquiescer d’un signe lever de la tête, car si lui était à l’aise en abordant la mort à présent, il savait que tout le monde n’était pas dans cette situation. Pour l’avoir lui-même vécu. La mort est un sujet tabou qui met tout le monde dans l’inconfort. Il n’allait pas s’étendre sur ce sujet-là. Si vraiment, Juliet se sentait curieuse d’en savoir un peu plus, il répondrait à ses questions, mais il n’allait pas prendre l’initiative de donner d’autres détails.
Et la jeune brune semblait savoir mener les discussions qui permettaient de briser la glace. Après ça, il semblerait qu’Owen n’aurait plus vraiment de secret pour elle. Mais il se sentait réellement en confiance avec cette jeune femme qu’il ne connaissait pourtant pas. L’avoir rencontré une fois chez son ami Hassan ne devrait pas être une excuse suffisante pour s’adonner à quelques confidences et pourtant, il avait ce sentiment de pouvoir lui en dire plus et sans recevoir de jugement en retour. Jules avait un regard doux et apaisant, ce genre de personne à qui ont pourrait confier père et mère. C’est au tour du sujet d’Evie d’être abordé, un sujet qui avait fait le tour de la paroisse d’ailleurs, mais dont la demoiselle semblait ne pas en avoir entendu mot ou alors, elle n’y avait pas prêté attention. « Disons que j'ai tendance à ne pas écouter ce que tout le monde raconte. » il se contenta de lui céder un sourire en retour. Il était souvent bien plus simple de se laisser convaincre par les on dit et les bruits de couloirs. Parce que c’est souvent croustillant et y croire permet de se dire qu’on est pas si pire que ça, que les autres font toujours les plus grosses bourdes. « Ça te manque ? » Il n’était pas certain d’avoir réellement saisi le sens de sa question. Parlait-elle des bras d’Evelyn ou parlait-elle de sa fonction de prêtre ? « Bien sûre. » la réponse était passe partout. Evelyn lui avait manqué puis, il s’était habitué à son absence, comme on fini par s’habituer de l’absence de tout. Puis, il avait eu le loisir de la revoir, dans des circonstances peu communes. Il avait su alors que rien ne les ramènerait à nouveau en arrière. Il n’en avait surement plus envie et elle n’avait pas manifesté de signe envers lui qui prouvaient le contraire. Tous deux savaient que leurs chemins n’étaient plus fait pour se croiser, du moins, plus de cette manière-là. Quant à la religion, même si il ne lui tournait pas le dos, exercer sa fonction de prêtre lui manquait plus que de raison. Mais il devait assumer ses actes et il savait bien quelles en seraient les conséquences. Il avait joué avec le feu, à plusieurs reprises, il n’avait d’autres choix que de vivre avec.
Owen en savait à présent plus sur ce que faisait Jules. Il trouvait son métier passionnant, de ce qu’il avait appris à en connaitre en tout cas. Il aimait se dire que cela devait être plaisant au quotidien. Découvrir des aventures en avant-première, avoir le privilège de lire des exclusivités et sans doute aussi le moment cruel de devoir choisir ou de refuser des récits. Il y avait sans doute des dizaines de facettes dont il ignorait encore l’existence, dans ce métier. Mais il aimait à se dire qu’il en découvrirait sans doute de nouvelles à chaque fois qu’il rencontrerait Jules. Espérant bien sur la croiser à nouveau.

Les yeux rivés sur le téléphone de la brune, il vit les annonces défiler sans être certains de trouver celle qui sera faite pour lui. Mais après tout, il avait besoin d’argent à présent, et il pouvait bien se plier en quatre pour faire des petits travaux ingrats. Quand on n’a pas le choix… Il se permis même une blague plus que douteuse, qu’il n’aurait jamais osé faire il y a quelques semaines de ça. Mais la réaction de Juliet lui permis de vite passer à autre chose. Heureusement, elle ne s’en était pas plus offusquer, son sourire trahissant le sens de ses paroles. Il pu rapidement aborder le sujet du bénévolat. « J'espère pour toi que ça va fonctionner. » autant que lui en tout cas.« Merci pour l'invitation. Et la découverte. » il hocha doucement la tête. « Merci d’avoir accepté l’invitation alors. »