Le rendez-vous a été pris avec un kinésithérapeute par toi-même. Tu as toi-même décroché le téléphone pour le prendre car tu sais qui tu veux éviter à cet endroit même. Tu aurais pu chercher ailleurs mais l’hôpital est le choix le plus sûr et le moins chiant. C’est déjà assez pénible comme cela. Tu n’as pas voulu y aller directement après le retrait de ton plâtre, qui a été au même endroit mais dans un autre service, car tu ne voulais pas tomber sur cette personne non plus. Tu as déjà subi toute ta convalescence dans un moral plutôt aléatoire, tu n’avais pas non plus envie de finir avec les railleries de l’ex femme de ton meilleur ami dans les oreilles. Dans d’autres termes, il aurait été facile de téléphoner directement à Sofia Shaw pour lui demander un service. Mais il est absolument hors de question que cela arrive. Tu pourrais même être au bord de la mort que tu ne l’appellerais pas - elle n’est pas médecin, de toute façon, seulement kiné. Il y a un an, tu étais allée la voir pour exposer la jolie bague que Will t’a mise au doigt - et il n’y a pas à dire, tu restes épaté du chemin parcouru malgré tout. Tu possèdes ce que Sofia aimerait, les enfants en moins. Vous avez pris vos dispositions avec Jordan qui a pris en charge la responsabilité de couper vos potentiels progénitures. Ni l’un ni l’autre ne le souhaite et la petite fauve chez vous te convient parfaitement. Tu as déjà un souffle de progrès et de maturité qui te fait voler, comme l’impression d’être une adulte responsable et rangée. Inutile de préciser que tu fais tout pour que ça n’arrive pas, que cette image ne reste pas très longtemps ; il suffit de te voir avec Jordan, vous avez quand même parfois plus l’air d’adolescents que de trentenaires. Et cela te convient parfaitement. Tu es particulièrement heureuse de ton propre développement, même si tes cauchemars reviennent certaines nuits, comme pour te rappeler à la réalité. Te rappeler aussi les paroles de ton partenaire.

Sûrement que certains verraient la corrélation entre ton pied éclopé et tes cauchemars comme une de tes craintes les plus profondes : le manque de liberté. Tu t’échines toujours plus à ne pas laisser tes angoisses prendre le dessus mais tu te connais assez pour savoir que parfois, tu es vulnérable. C’est toujours là que ça attaque. Et pourtant, même avec un plâtre, tu continuais à gambader aussi loin que tu le pouvais. Cependant, ce n’est rien face à la sensation de retrouver sa jambe toute entière, libérée totalement de sa prison et de pouvoir nettoyer cette partie de son être pour la première fois en un mois. Néanmoins, comme tu te balades toujours avec une béquille pour marcher le lendemain - ce qui t’as particulièrement fait grogner parce que oui, tu pensais innocentement que tu allais pouvoir de nouveau courir dans tes pâturages ou au moins derrière Milady - tu as appelé Aurora pour qu’elle t’amène au centre des kinés à l’hôpital. Il y a même ton neveu qui est là, adorable gamin bien blond qui pose toujours trop de questions malgré les expressions de sa mère qui lui signifiaient clairement de se taire. Sasha a hâte de revenir chez toi pour profiter du piano de ton partenaire et Aurora souligne que la présence de son fils est juste parce qu’il y a des boutiques non loin de l’hôpital et qu’il lui manque des chaussettes et des caleçons. Le garçon n’a pas aimé mais sa mère a eu un sourire de fierté (de garce) en le regardant dans le rétroviseur - même Aurora a des attitudes de gamine, c’est toujours incroyable à voir. “Je vous rejoindrai car ça dure qu’une demi heure. Je sens que vous allez mettre plus de temps que moi.” Tu le sais et y’a Sasha qui commence déjà à grogner alors que la voiture se gare. Tu les abandonnes en remerciant ton aînée et en lui promettant de lui envoyer un message quand tu auras fini.

Tu vas finir par être un peu trop familiarisée avec l’endroit vu le nombre de fois que tu viens depuis un mois. Tu te présentes à l’accueil, comme une grande, pour annoncer ton rendez-vous, comme une grande. Tu attends dans la salle d’attente avec plus ou moins d’impatience, comme une grande qui commence doucement à rajeunir, alors que tu sors ton livre de ton sac - tu as prévu le coup. Tu espères vraiment ne pas voir Sofia. C’est sûrement pour cela que tu as prévu les lunettes de mouche et le livre ? Non, tu aimes vraiment lire. Tu aurais dû demander un jour où elle n’était pas là. Tu n’y as pas pensé. Tu es bête. Birdie Cadburry. On t’annonce, tu te lèves et on t’attribue une salle. Tu souris en remerciement puis tu ôtes ta chaussures avant de t’installer sur le fauteuil en attendant patiemment. Deux minutes après apparaît ton kiné… Qui est censé être un homme. Alors que là, c’est une femme. Et pas n’importe laquelle. “C’est pas vrai, dis moi que je rêve. Je te jure que je t’ai pas demandé cette fois-ci. J’ai demandé un mec. Tu t’es pas trompée ?” Sofia avec ton dossier et les yeux sur toi. Autant que les tiens sur elle avec l’expression la plus mortifiée du monde. Ou simplement sonnée. L’univers peut être vraiment un enfoiré quand même. Tu espères que c’est une erreur. Tu n’as pas envie d’assumer ta connerie devant elle. Ce n’est pas comme si tu es obligée de dire la vérité de toute façon. Tu ne lui dois rien.

@sofia shaw  

Ses vacances sont posées, elle va s'envoler d'ici quelques jours pour un autre Pays mais avant ça, elle accumule les heures et passe beaucoup trop de temps dans cet hôpital. Ses parents se plaignent de ne plus la voir faire la route jusqu'à chez eux. Elle se promet d'aller les voir avant de s'envoler pour l'Indonésie. Sa petite sœur lui reproche de ne plus être disponible au téléphone, et son frère jumeau est au abonné absent. Et si Sofia ne comprends pas leurs remarques, elle ne réalise pas vraiment qu'elle est petit à petit en train de se replier sur elle même. Elle qui a toujours été sociable, elle qui a toujours aimé la compagnie des autres, elle qui a toujours détesté être seule, elle l'est beaucoup trop ces derniers temps pour son propre bien. Mais, elle ne le remarque pas, elle travaille toujours un peu plus, et quand il faut remplacer au pied levé un collègue c'est à elle que l'on vient demander, parce qu'elle est toujours là. Parce que son métier c'est finalement tout ce qu'elle a de tangible. Un métier, un rôle au sein de cette équipe, un rôle auprès de ses patients, elle n'est plus que ça. Une kiné souriante, amicale et qui fait de son mieux pour soulager les maux des patients qu'elle croise sur ses tables de soins. Et ça lui convient. Du moins, c'est ce qu'elle se dit. S'enfonçant toujours un peu plus dans le déni, à défaut d'avoir ce qu'elle souhaite, elle a décidé sans doute qu'il était préférable de ne plus rien souhaiter. Ce n'est pas elle, ce n'est pas Sofia, mais c'est ce qu'elle est en train de devenir à force de voler de déceptions en déceptions. Et une nouvelle fois, alors qu'elle aurait du être chez elle, elle se retrouve à suppléer un collègue qui a prit du retard dans les consultations. Une première consultation à assurer, une nouvelle patiente à recevoir et c'est avec son plus beau sourire, de façade cette fois, qu'elle se rends dans la salle de soin. Fatiguée d'une journée trop longue, fatiguée d'avoir à revivre encore et encore la même journée. Mais elle ne veut pas que les patients aient à subir son manque d'énergie et de joie. Elle aime être ici, au moins cela donne un peu de sens à son quotidien. Un quotidien qu'elle passe à soigner les autres et à tenter de leur apporter un peu de soulagement.

Sauf que quand elle voit la silhouette de Birdie devant elle, elle croit d'abord à une blague. Pas drôle la blague, et avec un air de déjà-vu qui rends le tout encore plus indigeste. S'il y a bien une personne sur terre, enfin du moins à Brisbane, que Sofia ne veut pas croiser sur sa route c'est Birdie Cadburry, la meilleure amie et accessoirement aussi nouvelle femme de son ex-mari. Elle ne l'aime pas, la réciproque est tout aussi vrai et aucune d'elles n'a l'intention de le cacher à l'autre. Elles ont déjà eu à se dire les choses peu agréables. Elles ont déjà eu à se montrer dures l'une envers l'autre et Sofia pensait être débarrassée de la blonde, après tout elle n'est plus avec Will et elle ne traîne même pas avec lui, alors il n'y a vraiment aucune raison pour que la blonde vienne faire irruption encore dans la vie de Sofia non ? Et à aucun moment, elle ne se dit que cette fois Birdie est vraiment là pour des soins. Enfin elle ne se le dit pas, jusqu'à ce que la blonde devant elle ne prenne la parole en première.  “C’est pas vrai, dis moi que je rêve. Je te jure que je t’ai pas demandé cette fois-ci. J’ai demandé un mec. Tu t’es pas trompée ?” Elle a demandé un mec, tiens tiens, comme c'est étonnant ça. La remarque et les autres qui lui viennent en tête ne dépassent pas le cadre des pensées. Pas maintenant, pas alors que ça ne fait que quelques secondes qu'elles sont dans la même pièce. « Je sais pas quel type de rêve tu fais mais à mes yeux ça ressemble plus à un cauchemar qui se répète. » Elle soupire et tourne les pages du dossier qu'on lui a mit entre les mains sans qu'elle n'ait pensé à vérifier l'identité de sa patiente du jour. Elle aurait du avant d'accepter de venir en aide à son collègue. C'était censé être un cas classique, une cheville tordue, c'est tout ce qu'il y a de plus basique dans les soins, c'était censé être sans prise de tête qu'il lui avait dit. « Et non, je me suis pas trompée malheureusement. » Elle réajuste sa blouse, relis le peu d'information qu'elle a sur le dossier et elle se tourne à nouveau vers Birdie. « C'est écrit que tu t'es blessée à la cheville, c'est une vraie blessure et tu as vraiment besoin de soin ou tu avais juste envie de te faire masser par un homme ? » Elle est déjà venue en feignant une blessure alors peut-être qu'elles peuvent toutes les deux gagner leur temps en s'évitant une séance de soin qui n'aura rien d'agréable ni pour l'une, ni pour l'autre même si Sofia sait bien qu'elle ne pourra pas refuser la séance de kiné de Sofia.

« Je sais pas quel type de rêve tu fais mais à mes yeux ça ressemble plus à un cauchemar qui se répète. » Tu roules des yeux mais tu retiens le soupir d’exaspération qui va avec. “Je suis touchée d’avoir encore une signification pour toi.” Tu ironises ses propos d’une autre façon. Tu n’es franchement pas plus ravie que Sofia de voir son minois d’innocente petite prude en face de toi. Déjà que tu dois encore supporter une béquille après avoir passé un mois avec un foutu plâtre, il faut en plus que tu supportes les remarques désobligeantes d’une ex femme de ton platonique de mari. Tu n’as pas demandé un homme pour rien ; tu voulais justement éviter que cette situation se produise. Autant dire que niveau victoire, ce n’est pas ça du tout. C’est même un échec cuisant et cela suffit pour que tu sois soulée et blasée. L’univers trouve toujours un moyen pour te faire un joli petit coup par derrière sans que tu t’y attendes. Le karma est moche et il est injuste aussi bien envers toi qu’envers Sofia. Qu’elle ne pense pas que tu en as fait exprès, cette fois, car tu aurais bien aimé éviter de la revoir dans des conditions pareilles. Tu étais en position de force y’a un an, tu es carrément passée de l’autre côté aujourd’hui. Elle peut te faire mal si elle le veut.

Tes prunelles claires quittent la silhouette de la brune pour s’intéresser au plafond qui aurait bien besoin d’un petit coup de rafraîchissement. C’est vraiment ennuyant, les hôpitaux. Quitte à être un nid à douleur, peine et mauvaises nouvelles, ils ne peuvent vraiment pas égayer un peu les lieux ? « Et non, je me suis pas trompée malheureusement. » Tu grimaces car tu aurais préféré entendre le contraire. “A la bonheur.” Le ton est clairement blasé - ceci dit, ça sera une anecdote sympa à raconter à Will. Ou pas, d’ailleurs. Will va s’en foutre comme de sa première couche culotte. « C'est écrit que tu t'es blessée à la cheville, c'est une vraie blessure et tu as vraiment besoin de soin ou tu avais juste envie de te faire masser par un homme ? » Ton attention se pose de nouveau sur Sofia en clignant des yeux une puis deux fois, t’attendant sûrement à ce qu’elle se rende compte de la stupidité de ses paroles. Apparemment non car le silence persiste. Tu le romps en soupirant. “J’ai des mains à la maison qui peuvent me masser si je veux et quand je veux donc clairement, non, je serai pas venue jusqu’ici juste pour ça.” Et puis, au pire, il y a les centres de massages ; le kiné n’est pas là pour faire des massages forcément agréables, n’est-ce pas ? “Si j’ai demandé un homme, c’est pour éviter cette situation donc tu peux garder ton sarcasme dans ta bouche.” Ce n’est pas étonnant, ceci dit ; Sofia ne t’a jamais connu en tant que femme en couple. Non, elle t’a connu comme la meilleure amie inquisitrice qui a disparu pendant deux ans avant de réapparaître et de s’incruster dans la vie de son couple sans s’excuser. Tu ne peux lui en vouloir - mais en faites, si. Elle doit forcément te blâmer en partie pour le dysfonctionnement de son mariage - ce n’est pas de ta faute si Will n’a pas eu les neurones qui ont fonctionné et ce n’est encore moins de ta faute si Sofia est partie voir ailleurs. Deux fois. “Fais ce que t’as à faire. Me dis pas que tu vas passer devant une occasion de me faire mal.” Pas le genre de douleurs que tu apprécies. “La prochaine fois, vérifies le nom de ton patient.” Car tu n’as pas menti pour ce coup-ci.

“Je suis touchée d’avoir encore une signification pour toi.” La brune soupire bruyamment en levant les yeux au ciel. Il y a bien longtemps que Birdie n'a plus de signification pour Sofia. Elle en avait quand l'avis de la blonde comptait, quand Sofia avait pour mari, le meilleur ami de sa nouvelle patiente. L'avis et la vie de la blonde n'ont plus aucune signification pour Sofia, plus depuis que le divorce a été prononcé. Et pourtant, elles ont tendance à trop se croiser, à trop se retrouver confronter l'une à l'autre et Sofia commence à se dire que le destin veut lui faire passer un message. Ou peut-être qu'il veut juste se venger et lui donner une leçon en lui rappelant son passé. Birdie n'est pas la meilleure partie de son passé pourtant, mais si elle était là, c'est que Will l'était aussi. Parfois la blonde était même plus présente que Will mais c'est un détail auquel elle n'a pas envie de repenser. « Tu n'as jamais vraiment eu de signification pour moi, je t'ai supporté par amour pour Will, mais ne crois pas que je t'ai apprécié. » Elles auraient pu être amies. Sofia aurait aimé avoir une personne comme Birdie dans sa vie. Enfin, dans d'autres circonstances, elle aurait pu l'aimer beaucoup si elle ne l'avait pas crainte, si elle n'avait pas senti que Birdie pouvait être un obstacle pour son couple. Si elle n'avait pas eu à sentir le poids de la présence et du jugement de la blonde, ni son influence sur son désormais ex-mari. Sofia aurait pu apprécier Birdie, elle aurait pu la trouver fascinante mais la vie en a décidé autrement et à défaut de s'être appréciée mutuellement, elles ont du partager une partie de leur vie et surtout partager un homme qu'elles ont au moins en commun d'avoir aimé toutes les deux. Elle l'a perdu Sofia, mais elle n'a pas le plaisir de perdre Birdie non plus. Et de tout les kinés présents à Brisbane il faut que ce soit elle qui se retrouve à soigner les bobos de la Cadburry.

 “A la bonheur.”   Au moins elles semblent d'accord sur une chose. Aucunes d'elles n'a envie d'être là et pourtant, Sofia n'a pas vraiment le choix et Birdie a besoin de ses soins, enfin c'est ce que dit le dossier mais Sofia préfère s'en assurer pour ne pas avoir à s'infliger une séance aussi inutile que désagréable pour les deux. “J’ai des mains à la maison qui peuvent me masser si je veux et quand je veux donc clairement, non, je serai pas venue jusqu’ici juste pour ça.” Birdie qui a quelqu'un à la maison pour la masser quand elle veut, c'est une première ça, du moins Sofia n'a jamais vraiment connu Birdie en couple. Elle a bien eu vent de cette nouvelle relation de Birdie quand elle a croisé Will abandonné le soir de son anniversaire, mais de là, à apprendre que visiblement Birdie ne vit plus seule, c'est quelque chose qui surprends Sofia et qui aurait tendance à lui donner un sacré coup au moral. Elle n'a jamais aimé l'amour Birdie, jamais voulu de relation sérieuse, et aujourd'hui elle semble vivre avec quelqu'un, et Sofia trouve cela tellement injuste. Tout le monde a le droit au bonheur sauf toi, même les gens qui ne veulent pas tomber amoureux, réussissent à finir par connaître l'amour, avoues que tu es jalouse, avoues que ça te fait chier de voir que le bonheur sourit à tout le monde sauf à toi! « Tu es bien venue jusqu'ici pour me pourrir la vie une fois alors pour un massage ça n'aurait rien de surprenant venant de toi. » Mais la béquille à côté de Birdie et le dossier complet qu'elle vient de finir de lire prouve pourtant le besoin de soin de la blonde. « Et peut-être que les mains que tu as chez toi ne te satisfont plus, faut dire que tu as jamais été du genre à te contenter d'une même personne très longtemps. » La voilà la remarque qui trahit la jalousie de Sofia alors qu'elle se replonge dans son dossier pour cacher que son visage si doux ne laisse paraitre aucune douceur aujourd'hui. Mais le dossier est formel, elle es blessée Birdie. Et oui tu ne vas pas y échapper et dire que tu aurais du être chez toi depuis déjà une heure, c'est peut-être la preuve que tu passes vraiment trop de temps ici. Mais elle va devoir y rester encore un peu et avec une patiente qu'elle n'a pas du tout envie de voir. “Si j’ai demandé un homme, c’est pour éviter cette situation donc tu peux garder ton sarcasme dans ta bouche.” Elle soupire légèrement Sofia face à la remarque de Birdie qu'elle trouve un peu trop ironique. « Si tu savais le nombre de fois ou j'ai voulu te dire ces mots. » Oh si Birdie avait pu garder toutes ses remarques, si elle avait pu rester à sa place aussi. C'est à dire en dehors de la maison du couple selon Sofia, elle aurait sans doute réussi à se faire apprécier un peu plus de la kiné. Sauf, que Birdie s'en fout d'être appréciée ou non, et elle s'en fout sans doute encore plus de l'avis de Sofia à son sujet. “Fais ce que t’as à faire. Me dis pas que tu vas passer devant une occasion de me faire mal.” Elle sait que ses séances ne sont pas toujours des parties de plaisirs pour ses patients, mais jamais elle n'a prit de plaisirs à les voir souffrir et elle n'a pas l'intention de faire souffrir Birdie par pur plaisir. « Je n'ai pas l'intention de te faire mal, du moins pas par plaisir. » Oh elle en a eu envie bien des fois de faire mal à Birdie. Des petits bobos insignifiants, pas des blessures mortelles genre 78 coups de couteaux dans le dos. Elle n'est pas comme ça Sofia. Mais Birdie a souvent poussé Sofia dans ses retranchements, sans même le savoir, juste sa présence suffisait à énerver Sofia. Aujourd'hui, tout ceci est du domaine du passé, la rancœur est toujours là, mais Sofia aime trop son métier pour risquer de faire une connerie qui pourrait la mettre dans une position délicate. Elle est là pour soigner, et peu importe l'identité de son patient, ils méritent tous le même traitement et Birdie va avoir le droit aussi à des soins de qualités. Mais sans le sourire habituelle de la kiné et les mots rassurants et encourageants. Professionnelle oui, mais pas non plus trop gentille. “La prochaine fois, vérifies le nom de ton patient.” Un nouveau soupir de la part de Sofia. « La prochaine fois dit clairement que tu ne me veux pas comme kiné, ça nous évitera ce genre de moment, ou mieux encore, va dans un cabinet ou je ne travaille pas. » Ils sont nombreux, ils sont compétents, et ils n'ont pas Sofia dans leurs effectifs, ce qui devrait être leur gros point positif pour aider Birdie à faire son choix. « Installes toi sur la table et essaye de te détendre sinon je ne pourrais pas manipuler ta cheville. » Et si Sofia a toujours prit le temps pour mettre à l'aise ses patients, a toujours eu un petit mot rassurant pour ceux qui passent entre ses mains, pour Birdie elle ne fait aucun effort. « Tu t'es blessé comment ? J'ai besoin de comprendre les raisons de ta blessure et les lésions pour les soins. » Et uniquement pour ça, parce que pour le reste, la vie de Birdie n'est plus liée à la sienne et ça lui va très bien ainsi.

« Tu n'as jamais vraiment eu de signification pour moi, je t'ai supporté par amour pour Will, mais ne crois pas que je t'ai apprécié. » tu n’es vraiment pas là pour te batailler - pour une fois. Ca te gonfle déjà assez comme ça de devoir passer par tout ce processus à la con - pour une bêtise à la con - mais si Sofia n’y met pas du sien, ça va être encore plus chiant. Alors, c’est en roulant des yeux et avec un ton sarcastique que tu réponds ; “Oh, tu brises mon petit coeur, là. Je pensais qu’on avait un lien spécial.” tu parles. Elle était la femme de ton meilleur ami, celle qui n’était pas pour lui, celle qui ne lui allait pas, qui avait des envies différentes des siennes. Tu as beau avoir été attendrie au début de leur relation - c’est mignon, ça a des étoiles dans les yeux, c’est tout niais et avec plein d’espoir - tu as aussi vite remarqué que ce n’était pas non plus la relation espérée pour ton meilleur ami. Jamais tu n’as remis ses sentiments en question - Will est quelqu’un de fidèle, lui - mais il est clair que sa relation n’était pas une priorité. Le choc de s’absenter deux ans et de recevoir une invitation à leur mariage ; la sensation que c’est du sérieux et que peut-être, peut-être Sofia a réussi à prendre cette place dont tu ne bougeais pas. Sauf quand t’es partie à Melbourne sans un regard en arrière - Sofia était là pour récupérer le désarroi de Will, ta fuite a presque un miracle pour elle certainement. Deux ans, c’est long, et tu t’en es rendue compte quand tu as vu cette invitation. Ca puait l’erreur mais tu revenais la queue entre les jambes alors t’étais qui pour venir entacher leur bonheur de jeunes fiancés ?

« Tu es bien venue jusqu'ici pour me pourrir la vie une fois alors pour un massage ça n'aurait rien de surprenant venant de toi. » “Je serai allée dans un centre, alors. Ne joue pas les idiotes, ça ne te va pas.” elle joue les compliquées et les dures, Sofia. Un joli camouflage qui a tendance à te blaser plutôt qu’autre chose, d’autant qu’aujourd’hui, tu es sincère. Tu as vraiment eu une blessure, tu as vraiment une béquille et t’en chies vraiment. Elle devrait être heureuse de ça, non ? « Et peut-être que les mains que tu as chez toi ne te satisfont plus, faut dire que tu n'as jamais été du genre à te contenter d'une même personne très longtemps. » ta mâchoire se crispe alors que tu lui lances un regard noir qu’elle ne voit pas puisqu’elle fait mine de s’intéresser à ton dossier. “Les mains chez moi me satisfaient amplement. Aussi surprenant que cela soit, je suis fidèle, moi.” la réflexion n’est pas voilée ; elle est insistante alors que la rancune est tenace. Oser avoir trompé Will - deux fois! - c’est vraiment une trahison que tu as pris trop à coeur. “Mais il se trouve que j’ai besoin d’un professionnel pour pouvoir marcher de nouveau normalement. T’es sûre que t’en es une ?” la vérité est que tu es la première surprise d’être toujours en couple, d’avoir réussi à t’accrocher à quelqu’un et que cette personne ait suffisamment d’attrait à tes yeux pour que tu en sois toujours dingue après autant de mois. Tu sais que tu pourrais faire crever Sofia de jalousie si tu lui contais ton histoire et à quel point Jordan te fait du bien aussi bien à l’âme qu’au corps et au coeur mais t’es sympa comme ça, tu ne dis rien. Elle n’a pas besoin de savoir que ton couple est bien plus fusionnel que celui qu’elle formait avec Will. « Si tu savais le nombre de fois où j'ai voulu te dire ces mots. » "Ça m'aurait pas arrêté.” que t’affirmes en haussant les épaules tout en déviant ton regard dans la pièce. Tu commences à t’ennuyer et surtout, tu trouves le temps terriblement long.

« Je n'ai pas l'intention de te faire mal, du moins pas par plaisir. » une main sur le coeur, tu répliques ; “Aw, trop gentil à toi. Tu es une professionnelle, alors.” comme si tu t’en rends compte que maintenant. « La prochaine fois, dis clairement que tu ne me veux pas comme kiné, ça nous évitera ce genre de moment, ou mieux encore, va dans un cabinet où je ne travaille pas. » “Je ne manquerai pas à ne plus foutre un orteil ici.” que tu réponds avec lassitude ; c’est clair que tu ne reviendras pas ici. Qu’importe si tu dois aller de l’autre côté de la ville, il doit bien y avoir des kinés plus proches de chez toi en plus. « Installe- toi sur la table et essaye de te détendre sinon je ne pourrais pas manipuler ta cheville. » tu t’installes comme elle te le demande en soupirant. C’est vraiment gonflant à souhait. « Tu t'es blessé comment ? J'ai besoin de comprendre les raisons de ta blessure et les lésions pour les soins. » “T’as juste à savoir ce que j’ai eu, nan ? Pourquoi le comment est important ?” tu ne vas certainement pas lui dire que t’es tombée parce qu’alcoolisée. Non, tu seras tombée pour sauver un enfant sur la route dont le parent n’était pas vigilant. Oui, voilà, c’est très bien ça.

Il y a peu de gens qui peuvent se vanter d'avoir réussi à voir Sofia vraiment énervée. Peu de gens qui ont réussi à faire perdre le sourire à Sofia, mais Birdie fait partie de ce cercle restreint de personnes que Sofia n'apprécie pas. Et, elle est plutôt bien placée dans cette liste. Si liste il y avait bien sur. La liste n'existe pas, mais c'est un détail non ? Les deux filles ne s'apprécient pas. Elles auraient pu s'entendre, bien qu'elles soient assez différentes, qu'elles ne voient pas le vie de la même manière, qu'elles n'expriment pas leurs émotions de la même manière, en bref qu'elles ne se ressemblent pas. Et pourtant, elles ont eu une chose en commun, l'amour pour un même homme. Pas le même type d'amour, mais une affection forte pour William Dunham Cadburry, ça te fait mal mais c'est pourtant son nom désormais. Peut-être que c'est aussi ce qui les a poussé à ne pas s'apprécier, deux femmes pour un même homme ? Deux femmes si différentes qui voulaient s'attirer l'attention du si sexy geek. Une meilleure amie trop présente, une petite amie trop exigeante, et aucune ne pouvait réellement plaire à l'autre, tant pis pour cette belle histoire d'amitié qui aurait pu naître. “Oh, tu brises mon petit coeur, là. Je pensais qu’on avait un lien spécial.” elle lève les yeux au ciel Sofia, par exaspération, et ça aussi c'est assez rare mais c'est l'effet Birdie. « On a été marié au même homme c'est déjà bien assez comme lien. » Aujourd'hui, elles ne sont plus que des connaissances qui espèrent ne plus avoir à se croiser, mais c'est sans compter sur les coups du sort qui semblent s'acharner à mettre Birdie entre les mains de Sofia. Littéralement. “Je serai allée dans un centre, alors. Ne joue pas les idiotes, ça ne te va pas.” Pourtant idiote, Sofia est certaine que Birdie a du employer ce qualificatif pour parler d'elle plus d'une fois. Idiote de croire en l'amour. Idiote de croire que Will pouvait être l'homme dont elle rêvait. Idiote de croire que ça pouvait marcher. Idiote d'avoir cru que Will pouvait grandir, changer, mûrir pour elle. Oh oui idiote, elle l'a été aussi en pensant que tromper son copain était une idée pour renforcer son couple. Idiote, Sofia peut l'être oui, mais elle ne joue pas aujourd'hui. Elle n'était pas prête pour une énième dispute, pas prête pour qu'on vienne l'affronter sur son lieu de travail, et comme un réflexe de défense c'est pourtant elle qui attaque. Qui sort les reproches et les réflexions, elle devrait pourtant savoir qu'avec Birdie, elle part perdante, qu'elle perds toujours. “Les mains chez moi me satisfaient amplement. Aussi surprenant que cela soit, je suis fidèle, moi.” Qu'est-ce que je disais, elle perds tout le temps Sofia et celle là, elle l'a pas volé. Elle serre la mâchoire, elle ne devrait pourtant pas laisser à Birdie la possibilité de la blesser, mais faut croire que que même si elle a peu d'estime pour la blonde, Sofia se laisse bien trop affectée par ce genre de remarque sur son passé. Sur ce qui fut son couple et son histoire d'amour avec le beau brun. Histoire d'amour il n'y a plus, et Birdie devrait en être heureuse, et c'est sans doute pour ça que Sofia ne peut s'empêcher d'être touchée par les mots de Birdie. « On verra quand tu seras restée plus d'un an avec le même mec, tout est beau, tout est neuf et Birdie aime la nouveauté, mais on verra quand tu auras fait le tour et que le quotidien sera venue entre vous comment tu réagis. » Et encore un an aux yeux de Sofia ça semble long pour Birdie qu'elle n'avait jamais vu se poser avec quelqu'un, bien qu'elle en aurait rêvé Sofia. Que Birdie trouve l'amour et reste en dehors de son histoire mais ça n'a pas été le cas et ça n'aurait sans doute rien changé, parce qu'elle le sait Sofia, Birdie n'est en rien responsable de son divorce, non, ça elle est la seule à blâmer. “Mais il se trouve que j’ai besoin d’un professionnel pour pouvoir marcher de nouveau normalement. T’es sûre que t’en es une ?” Et si elle peut accepter (ou presque) les remarques sur la manière dont elle a géré (ou plutôt pas géré) son couple, elle n'a pas à accepter les remarques de Birdie sur son métier, surtout que ce n'est pas la première fois que Birdie vient sur son lieu de travail et remet en cause son métier. Elle est professionnelle Sofia, bien qu'en présence de Birdie, son professionnalisme soit mit à rude épreuve, mais elle est douée. Elle s'investit dans son travail, elle a toujours à cœur de faire aux mieux pour ses patients. Mais Birdie n'est pas une patiente comme une autre, même si elle est vraiment blessée. Même si elle a réellement besoin de soin. « Tu devrais faire gaffe à ce que tu dis parce que comme tu le dis, tu as besoin d'aide pour marcher normalement et aujourd'hui tu n'as que moi. » Jamais Sofia ne ferai de mal à un patient de façon volontaire et intentionnée, mais elle n'est pas celle qui a besoin d'aide aujourd'hui, elle n'est pas celle qu'il faut attaquer non plus, pas aujourd'hui. "Ça m'aurait pas arrêté.” Rien ne peut arrêter la tornade Cadburry, c'est ce que Sofia a apprit au fil du temps, elle a toujours le dernier mot, parce qu'elle est comme ça Birdie et que Sofia n'a pas apprit à être dure, à mordre. Au mieux elle aboie tel un petit chien qui se sent en danger mais elle n'a pas une once de violence en elle, pas de méchanceté non plus et pourtant parfois elle aimerait vraiment.

 “Aw, trop gentil à toi. Tu es une professionnelle, alors.” Une énième provocation de la part de la blonde, Sofia soupire, Sofia pense à son cocktail et à son chien qui l'attende chez elle et qu'elle aurait déjà du rejoindre il y a un petit moment maintenant. Ca t'apprendra à vouloir aider et éviter d'être seule chez toi, tu vois la solitude c'est mieux que la compagnie de Birdie non? “Je ne manquerai pas à ne plus foutre un orteil ici.” Voilà enfin une bonne nouvelle dans cette journée et puisque c'est la dernière fois qu'elle a à faire face à Birdie, du moins ici dans cet hôpital, elle prends sur elle. Elle est professionnelle, ici c'est une kiné parmi d'autres et Birdie n'est qu'une patiente parmi d'autres et c'est en remettant sa blouse en place qu'elle s'approche de Birdie et de sa cheville blessée. Elle fait abstraction de leur passif, elle fait abstraction de l'identité de la patiente, et elle agit comme elle aurait agit avec n'importe qui d'autres pour lequel elle ne ressent pas d'animosité. “T’as juste à savoir ce que j’ai eu, nan ? Pourquoi le comment est important ?” Et si Sofia essaye d'être professionnelle, Birdie n'est pas décidée à être une patiente modèle. « J'ai besoin de savoir quel type de torsion tu as eu, quel mouvement tu as fais pour te blesser et déterminer quels ligaments ont potentiellement été touchés donc j'ai besoin de savoir le comment pour pouvoir déterminer quels types de mouvements je vais devoir faire et ceux à éviter, enfin ça c'est dans l'éventualité ou tu veux remarcher correctement un jour. » A absolument personne d'autres Sofia aurait parlé de la sorte, mais c'est Birdie et elle essaye vraiment de faire abstraction de leur passif, elle essaye de toutes ses forces mais Birdie n'a pas l'air décidé de lui faciliter la tâche. « Depuis que tu as retiré ton plâtre, tu as sentis des zones douloureuses précises, ou des gonflements sur ta cheville ? » Professionnelle, professionnelle, professionnelle, elle se le répète encore et encore tout en espérant que Birdie accepte d'être une patiente lambda pour le reste de la séance et peut-être que tout va bien se passer.

« On a été marié au même homme c'est déjà bien assez comme lien. » c’est un lien non négligeable, c’est certain. Tu as d’ailleurs le sourire fier car même si Will est loin d’être un objet, c’est quand même toi qui as eu le dernier mot. Ceci dit, tu pourrais remercier Sofia qui a vacciné ton meilleur ami - mari de toute future relation à venir. Comme si être trahi par son père ne lui avait pas suffi, il a fallu que sa femme lui fasse le même coup, deux fois. Autant dire qu’en remettant les choses en perspective, on pourrait plus croire que ça aurait été ton comportement à toi actuel que le sien, elle qui a visiblement toujours rêvé de prince charmant, d’enfants et de tout ce bordel incroyable que la société veut mettre dans la tête des jeunes filles. Ce qui amène naturellement le prochain point dont tu es extrêmement fière de pointer ; ta fidélité. Ce qui doit contrarier Sofia plus qu’elle ne le laisse paraître - de toute façon, la brune sait qu’elle a merdé à l’époque et qu’au final, si son mariage a explosé, c’est surtout de sa seule faute. Oui, tu n’accepteras jamais les critiques faites à Will ; il a fait de son mieux et plus encore, à ton sens. Cet idiot qui pense que le mariage va résoudre leurs problèmes, si ce n’est pas une belle preuve d’amour ça. Surtout pour quelqu’un qui ne donne pas facilement sa confiance. « On verra quand tu seras restée plus d'un an avec le même mec, tout est beau, tout est neuf et Birdie aime la nouveauté, mais on verra quand tu auras fait le tour et que le quotidien sera venue entre vous comment tu réagis. » le visage se resserre, les traits aussi et ton regard se durcit en conséquence. “Je manquerai pas de t’informer. Pour l’instant, tout va très bien. J’habite même chez lui.” rien que ça, ça va la clouer sur place, la Shaw. Tu l’espères en tout cas car venant de toi, c’est assez surprenant, toi qui n’as jamais vraiment posé tes bagages très longtemps quelque part. Tu ne souhaites pas que la routine s’installe et vous faites en sorte que ce ne soit pas le cas. Mais comme le dit Sofia, est-ce que tu ne vas pas finir par tourner en rond un moment ou un autre ? Aucune chance. Ton histoire avec Jordan est bien plus intense et passionnée que celle de Sofia avec Will. “La jalousie ne t’a jamais fait de bien au teint, Sofia.” que tu dis en la scrutant du regard. Le fait qu’elle sache que tu sois dans une relation est importante pour toi car c’est tout ce dont elle aimerait. Elle ne s’est pas raccrochée à Will comme la sangsue qu’elle était pour rien - même si elle n’a pas non plus hésité à aller se faire la malle, deux fois ailleurs. Mais bon, que Sofia te souhaite du malheur dans ton couple n’est pas non plus une surprise ; tu as bien foutu ton bordel dans le sien, involontairement ou non.

« Tu devrais faire gaffe à ce que tu dis parce que comme tu le dis, tu as besoin d'aide pour marcher normalement et aujourd'hui tu n'as que moi. » “On est à Brisbane. Je peux en trouver des centaines de kinés. Ne te rends pas plus essentielle que la réalité.” ça aurait été à Elimbah, dans le trou du cul du monde, okay, tu n’aurais rien dit. Mais il va falloir plusieurs séances, on te l’a dit, et il est clair que tu ne reviendras pas ici. Choisir la solution de facilité n’est jamais le bon deal, tu devrai le savoir pourtant. « J'ai besoin de savoir quel type de torsion tu as eu, quel mouvement tu as fais pour te blesser et déterminer quels ligaments ont potentiellement été touchés donc j'ai besoin de savoir le comment pour pouvoir déterminer quels types de mouvements je vais devoir faire et ceux à éviter, enfin ça c'est dans l'éventualité ou tu veux remarcher correctement un jour. » n’importe quoi, que tu penses en roulant des yeux. “Je suis tombée. Et pour tout le blabla médical, j’ai ramené les radios et scanners si y’a besoin. Ils sauront mieux te dire que moi.” car tu n’y connais rien. Tout ce que tu sais, c’est que t’arrives à marcher mais pas longtemps et ça commence à te faire chier - même si ça fait à peine une semaine que ton plâtre a été enlevé. « Depuis que tu as retiré ton plâtre, tu as senti des zones douloureuses précises, ou des gonflements sur ta cheville ? »  tu regardes ton pied en pointant le côté intérieur et le talon. “Là et là. Ça avait genre doublé voire triplé de volume de ce côté-là. C’est passé par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel mais je m’en serai bien passé.” t’es contente de voir que ça a bien dégonflé durant ces foutues quatre semaines. “Je suis pas non plus handicapée, hein, j’arrive à marcher. Mais pas longtemps. Et pas sans les béquilles. Ca fait qu’une semaine, faut dire.” t’essaie de te dire que c’est normal - et surtout de ne pas être plus que gonflée face à cette situation qui commence à peser sur ton moral. “Fais ce que t’as à faire, qu’on en finisse.” que tu finis par dire en posant ton dos contre le dossier du siège, le regard levé vers le plafond. Pas aussi joli que Sofia mais clairement plus agréable quand même.

Sofia ne manque pas de voir que sa remarque ne laisse pas indifférente Birdie, elle apprécie presque de voir qu'elle réussit à l'agacer. Un peu au moins. “Je manquerai pas de t’informer. Pour l’instant, tout va très bien. J’habite même chez lui.” Et ça elle ne s'y attendait pas vraiment la Mexicaine. Elle n'a jamais été du genre à se poser, à se lier, plus du genre à squatter. C'est le regard de Sofia sur la meilleure amie de son ex-mari, autant dire un regard subjectif et sur lequel on ne peut pas vraiment se fier. Et visiblement, elle a changé Birdie depuis le temps, elle s'est mariée pour de faux, mais elle à l'air en couple pour de vrai et ça c'est presque plus incroyable que le mariage entre meilleurs amis que Sofia n'a toujours pas comprit, ou plutôt pas accepté. Mais, personne n'a besoin qu'elle donne son avis ou qu'elle donne sa bénédiction. « Tant mieux pour toi. » Non elle ne dira pas qu'elle est heureuse pour elle, Birdie n'a jamais vraiment été heureuse pour Sofia non plus. « Et pas besoin de m'informer, vraiment te donne pas cette peine. Quand il te virera de chez lui, je n'aurais pas à te voir débarquer au milieu de la nuit chez moi, et ça me va très bien comme ça. » Elle n'a pas l'habitude d'être méchante, pas l'habitude de souhaiter même le malheur des autres, mais Birdie qui lui balance son bonheur en amour, c'est un peu trop à encaisser pour Sofia qui ne peut se contenter de sourire. Parce que c'est Birdie. Parce qu'elle n'a jamais souhaité le bonheur de Sofia, parce qu'elle n'a toujours attendu qu'une chose ; que son couple s'écroule. Et c'est encore une fois, la vision déformée d'une Sofia qui n'a en mémoire que les mauvais moments, que les souvenirs les plus négatifs. Birdie représente un passé, à la fois pleins de bons souvenirs, mais qui s'est écroulé et un passé qui n'existe plus. “La jalousie ne t’a jamais fait de bien au teint, Sofia.” Elle soupire, elle lève les yeux au ciel comme pour juger la remarque de sa patiente. « Je n'ai jamais été jalouse de toi et ça commencera pas aujourd'hui. » Faux, mensonge. Elles le savent sans doute toutes les deux, Sofia le sait très bien qu'elle ment. Elle a été jalouse, elle a été jalouse de tout le temps que son ex-mari a pu consacrer à sa meilleure amie alors qu'elle se sentait seule. Elle a été jalouse de les voir aussi proches, aussi connectés, aussi liés. Elle a été jalouse de n'être pas la seule femme dans la vie de son mari. C'est du passé désormais, mais elle ment Sofia, et Birdie le sait très bien sinon elle ne serait pas venue il y a quelques mois lui mettre sous le nez son alliance et son mariage avec Will. « Et c'est bien de voir que ce que tu reprochais à Will au début de notre histoire, tu sois la première à le faire. Heureusement que j'étais là pour son anniversaire parce que tu l'avais abandonné. » Encore Et ça c'est une petite remarque qu'elle attendait de faire Sofia, parce qu'après tout c'est la stricte vérité non ?

“On est à Brisbane. Je peux en trouver des centaines de kinés. Ne te rends pas plus essentielle que la réalité.” Sofia aurait aimé d'ailleurs que sur les centaines de kinés dispos, ça ne soit pas elle qui tombe sur Birdie, mais visiblement la vie a décidé qu'elles devaient se croiser encore et toujours. Sofia ne doute pas de ses compétences, elle ne doute pas de son métier, ni d'elle en tant que kiné et heureusement parce qu'à chaque rencontre avec Birdie, elle doit faire face à des remarques peu agréables sur son rôle et son travail. Mais, si la jeune Sofia aurait pu être touchée par les mots de Birdie, parce qu'elle était impressionnée par la blonde, parce qu'elle craignait l'influence de la blonde, aujourd'hui ce n'est plus le cas et la remarque glisse sur elle. Elle n'est pas essentielle, elle le sait, mais Birdie n'est qu'une patiente parmi tant d'autres et d'ici trente minutes elle pourra passer à autre chose Sofia. Et comme pour prouver qu'elle peut être professionnelle, elle se concentre sur la cheville de Birdie. Voilà une chose qu'elle peut gérer. Ou pas. Parce que Birdie ne l'aide pas. “Je suis tombée. Et pour tout le blabla médical, j’ai ramené les radios et scanners si y’a besoin. Ils sauront mieux te dire que moi.” Comme si expliquer les circonstances de la chute étaient si compliquées, elle refuse de le faire et Sofia n'insiste pas. Et si les radios ne parlent pas, elles sont pourtant plus intéressantes à regarder et elles captent l'attention de Sofia afin de répondre à ses questions auxquelles Birdie refuse de répondre.  Et si les radios apportent certaines réponses, il y a des détails que Birdie est la seule à pouvoir apporter. “Là et là. Ça avait genre doublé voire triplé de volume de ce côté-là. C’est passé par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel mais je m’en serai bien passé.” Œdème, ecchymose, rien de ce que décrit Birdie ne semble réellement surprenant après une entorse, c'est même tout à fait normal et Sofia observe l'aspect de la cheville de Birdie avant d'envisager de commencer les manipulations pour tester la mobilité de celle ci. “Je suis pas non plus handicapée, hein, j’arrive à marcher. Mais pas longtemps. Et pas sans les béquilles. Ca fait qu’une semaine, faut dire.”  « C'est normal, ta cheville a été immobilisée, il faut que tu sois patiente et que tu sois rigoureuse dans ta rééducation pour retrouver ta mobilité, ta souplesse et ta force. » Même si elle sait que ça ne sera pas avec elle, et si en soit la santé futur de Birdie ne la regardera plus quand elle aura passée cette porte dans quelques minutes, Sofia est sérieuse, et appliquée. A défaut d'être vraiment impliquée totalement dans le parcours de soin futur de Birdie. « Tu as déjà eu de la chance de ne pas te fracturer la malléole interne, avec ce genre d'entorse ce n'est pas rare. Donnes toi du temps ça va revenir.» C'est presque comme si elle était en train de rassurer Birdie là non ? De lui dire que ça aurait pu être pire, mais est-ce que ça aide vraiment ? Pas sur. “Fais ce que t’as à faire, qu’on en finisse.” Sofia soupire légèrement en entendant les mots de Birdie. Elle n'attends pas de Birdie une reconnaissance ou même d'être agréable, après tout elle ne l'est pas non plus, mais au moins d'être présente et investie parce qu'elles sont là toutes les deux pour une chose et Sofia n'a rien à perdre ou à gagner aujourd'hui. « Désolée mais tu vas devoir participer aussi, c'est ta cheville pas la mienne. » Qu'elle soupire légèrement en s'avançant un peu plus vers la salle de soin. Frottant ses deux paumes de mains l'une contre l'autre pour les réchauffer un peu avant de venir passer ses mains autour de la cheville de la blonde. « Je vais manipuler un peu ta cheville pour voir comment réponde tes ligaments, tu me dis quand tu as mal et que tu sens que ça bloque c'est important. » Elle pourra sentir les tensions, elle pourra sentir si ça bloque mais elle ne pourra pas savoir niveau douleur et Sofia a peu confiance en Birdie pour être une patiente parfaite.

 “Ow, je suis sûre que ça te manque si tu m’en parles. Tu peux me donner ton adresse, je serai ravie de te voir au réveil.” Il y a des choses qui manquent à Sofia. La vie de couple, lui manque. Le fait d'avoir quelqu'un dans son lit avec qui s'endormir, ça lui manque. Le fait de partager le quotidien avec quelqu'un, ça lui manque. Mais, pas le fait de voir débarquer une autre blonde, meilleure amie collante et possessive de son mari, à n'importe quel moment du jour ou de la nuit. Non, ça clairement ce n'est pas à noter dans les moins du divorce, c'est même peut-être l'un des plus gros points positifs. Il n'y en a pas beaucoup des points positifs dans la divorce, mais le fait de ne plus avoir à côtoyer au quotidien Birdie Cadburry en fait partie. « Si tu savais comme j'ai adoooré te voir débarquer chez nous, c'était le meilleur moment de ma journée à chaque fois. » Le sarcasme et l'ironie, elle ne le manie pas forcément très bien, mais avoir vécu avec quelqu'un qui en fait beaucoup, ça aide un peu. Mais, aujourd'hui, si Birdie ne fait plus partie de sa vie, elle est là sur sa table de soin, et c'est à Sofia de prendre soin de la blessure de Birdie, parce qu'elle est professionnelle même si soyons clair, ça n'amuse pas du tout la kiné de voir le sort venir mettre sur sa route la blonde constamment. Elles n'auraient sans doute jamais pu être amies, la seule chose qu'elles avaient en commun était leur amour pour Will. Un amour différent, mais fort, si fort qu'elles se sont supportées (à peine) durant quelques années et aujourd'hui, il n'y a plus Will entre eux, même si pourtant il revient dans la conversation régulièrement. Sans qu'on ne lui ait rien demandé, sans qu'il puisse donner son avis sur les choses, de toute façon, ce n'est qu'un énième concours de celle qui est la moins pire ou un concours pour rappeler à l'autre ses erreurs. Elles en ont fait toutes les deux avec Dunham, mais Sofia a sans doute décroché la palme et pourtant elle ose, elle cherche Birdie en rappelant, avec un peu d'ironie, à quel point elle a pu reprocher à Will de la délaisser pour au final en faire de même au premier semblant d'amour qui passe dans sa vie. “J’avais mes raisons mais j’ai pas de compte à te rendre.” C'est une réponse qui n'étonne pas Sofia. Birdie n'a pas de compte à lui rendre, non clairement. « Birdie n'a jamais de compte à rendre à personne. » Qu'elle souffle plus pour elle même que pour la blonde, parce que c'est un fait non ? C'est ce que Sofia en pense du moins, mais elle n'a jamais été objective la kiné. Parce que Birdie l'a toujours intimidé, elle s'est toujours sentie plus faible face à la blonde, face à ce qu'elle représentait pour l'homme qu'elle aimait tellement et c'est ce sentiment qui depuis a toujours guidé les pensées de Sofia. Jusqu'à aujourd'hui alors qu'il n'y a plus d'enjeu, plus rien à gagner ou à perdre, parce qu'elle a perdu Will, toute seule sans même que Birdie n'ait rien à faire. Mais elle a perdu et voir la blonde venir lui ramener son bonheur jusqu'ici au cabinet, ça agace la kiné et ça lui rappelle aussi comme elle se sent faible face à la blonde.

La cheville devient le centre d'intérêt des deux filles, voilà au moins quelque chose sur laquelle elles vont pouvoir s'entendre non ? “Je compte pas me trimbaler avec des béquilles toute ma vie donc t’inquiète pas pour mon assiduité.” Une phrase que Sofia aurait aimé entendre de la bouche de bien des patients mais pour Birdie, elle s'en moque un peu finalement parce qu'elle sait déjà que ce n'est pas elle qui fera la suite de sa rééducation. Pour leur bien à toutes les deux sûrement, elle pourrait Sofia, parce qu'elle est professionnelle et qu'elle peut faire la part des choses, mais elle n'en a pas vraiment envie. “Oui oui, je vais participer, mais faudrait commencer pour que je participe.” Elle soupire Sofia, sentant sa patience diminuer et son agacement augmenter en flèche. Mais elle reste dans son protocole, dans son schéma pour éviter de faire une erreur qui pourrait lui entraîner des problèmes ensuite, à elle et à Birdie, parce qu'elle n'aime peut-être pas la femme face à elle, elle ne va pas aggraver sa blessure juste parce qu'elle est agaçante. Alors, elle se met en place Sofia, elle manipule la cheville de Birdie, avec douceur, avec sérieux aussi. Prenant son temps pour manipuler le ligament qui a souffert et sentir les limites et les fragilités, chose qui ne semble pas plaire à la patiente modèle qu'est Birdie. "Ça va durer encore longtemps ?” Sofia lève les yeux au ciel et soupire à nouveau. « Désolée que ça n'aille pas assez vite pour toi, je veux juste éviter d’aggraver ta blessure. » Elle teste à nouveau l'amplitude de la cheville et ça semble faire réagir Birdie. “Hey, mais ça fait mal, t’en fais exprès ou quoi ?” Elle a de nouveau envie de soupirer Sofia, parce que non elle ne fait pas exprès et elle ne prends aucun plaisir à faire mal à la blonde, mais elle reste professionnelle, préférant se concentrer sur l'idée que ce mouvement entraîne une vraie réaction de douleur, en espérant que ce n'est pas feint. « Pour aujourd'hui, ça semble encore trop sensible, je vais continuer le travail d'étirement et de manipulations pour diminuer les raideurs et pour tes prochaines séances, ton futur kiné pourra sans doute te faire retravailler un peu en position debout. » Ton futur kiné, donc pas moi. Voilà ce que Sofia espère. Elle fait ce pourquoi elle est payée, prendre soin des autres, essayer d'apporter un peu de soulagement, mais pour Birdie elle sait que c'est bien mieux qu'elle trouve quelqu'un avec qui elle pourra être juste elle, sans ce passif entre les deux femmes.