Des semaines sont passés depuis la dernière rencontre entre Gabrielle et Mitchell Strange. L’Américain avait tenté de renouer par des appels téléphoniques de nombreuses fois, mais la cadette ne l’avait jamais rappelé. Les derniers évènements n’avait pas joué en la faveur de l’ainé et même s’il avait réagi face à Channing pour protéger les intérêts de sa petite sœur, elle ne l’avait pas entendu de la même oreille. Elle l’avait quitté en le traitant de monstre tout en lui précisant qu’elle ne souhaitait plus jamais le revoir. Il avait tenté de garder ses distances aussi longtemps que possible, mais un mois et demi plus tard s’en était trop, il avait besoin d’aller lui parler, de s’excuser une nouvelle fois et surtout de tenter d’enterrer la hache de guerre. Gabrielle était bien trop importante pour l’Américain pour qu’il ne tente pas de se battre pour qu’elle lui pardonne tout le mal qu’il a pu commettre.
C’est vêtu comme tous les jours qu’il avait passé du temps devant le miroir, observant son reflet longuement. Ce qu’il voyait c’était un homme seul, un homme qui avait choisi de laisser son cœur de côté pour faire de la place à son égo démesuré. Un ego qui l’avait poussé à faire des choses horribles. Il observait dans ce reflet, le sang coulant sur la peau de son visage, témoin des atrocités qu’il avait commises. Mitchell Strange n’était pas un sain, c’était bel et bien une montre, un surnom lui collant à la peau depuis de nombreuses années que même sa petite sœur avait utilisé pour le désigner. Il cherche cet homme qu’il avait laissé à Las Vegas, cet homme qui avait de l’empathie pour les autres et qui ne pensait pas qu’à lui. Cet homme qui faisait passer sa famille avant ses propres besoins, celui qui l’argent ne rendait pas heureux. Il avait essayé de ne pas basculer du mauvais côté, il avait ensuite essayé de garder une part d’humanité après son premier échec, mais tout c’était résumé en un second échec. Alexander Strange avait sombré depuis bien longtemps et Mitchell Strange avait profité de l’opportunité pour être présent à part entière. Mitchell Strange c’est cet homme qui a fait de nombreux mauvais choix, cet homme qui a essayé de faire de son mieux pour ne pas paraître comme un monstre. A l’époque du Club il avait tenté de tendre sa main à de nombreuses personnes, la plupart vivant dans de terribles conditions, leur offrant un toit, de quoi vivre en échange d’un travail, mais il s’était avéré que ce geste n’avait rien d’altruiste, loin de là, ça lui permettait d’avoir du monde autour de lui, du monde soumis pour de l’argent et des conditions de vie respectable. Tout pouvait bien se passer pour lui, il pouvait tout avoir, l’argent, le respect, la loyauté et pourtant son égoïsme et sa paranoïa avaient tout gâché, son règne avait été écourté par la vengeance de son ancienne acolyte. Il avait cherché dans ce reflet le frère qu’il était autrefois. Pourquoi avait-il laissé tomber les siens pour du vent, car oui, l’argent était bien du vent. Alec s’en était allé, vivre une vie meilleure, une vie qu’il méritait, Gabrielle avait réussi sa vie et pourtant elle était arrivée en Australie en quête de réponse, naviguant de déception en déception. Il soufflait fortement, il ne pouvait plus observer son reflet qui lui procurait un fort dégoût. Il tournait finalement le dos à ce miroir et quittait son appartement à Spring Hill pour rejoindre Bayside en moto.
En arrivant devant la villa de sa petite sœur, il resta un petit instant devant, hésitant encore à aller frapper à sa porte. Que pouvait-il lui dire à part qu’il était désolé et qu’elle avait raison. Il s’était assuré d’arriver au bon moment, ne voulant pas croiser Josh et risquer de faire éclater un nouveau drame. Il posa son casque sur la moto et avança doucement jusqu’à la porte, n’hésitant pas à toquer. Son cœur battait à mille à l’heure et l’apparition de sa petite sœur dans l’embrasure de la porte ne tarda pas. Il posa son regard sur elle, conscient qu’il n’avait pas beaucoup de temps pour la convaincre de le laisser rentrer. “Je sais que tu ne veux plus me voir, je sais que je suis un monstre et que je ne mérite pas d’avoir une soeur comme toi, mais Gabrielle, s’il te plait, laisse moi entrer, parlons de tout ça, crie moi dessus s’il le faut, frappe moi, fais ce que tu veux, mais je ne peux pas continuer comme ça, j’ai besoin de ma petite soeur …” Il lâchait prise, il laissait son coeur parler et non la raison, il laissait Mitchell Strange derrière-lui et espérait fortement qu’elle veuille le laisser entrer pour qu’il puisse avoir une discussion à coeur ouvert.
Mi-avril 2022Elle les a bien reçus ces appels téléphoniques, Gabrielle. Parfois, ils étaient effectivement bien manqués parce qu’il l’a appelé alors qu’elle était occupée, mais d’autres fois, c’était uniquement parce qu’elle les a volontairement ignorés. L’américaine n’a pas fait le compte du nombre d’appels téléphoniques que son frère lui a passé, mais à chaque fois que le prénom de ce dernier apparaissait sur son écran, une boule se formait dans son estomac. La colère était toujours bel et bien présente contre son ainé, celui qui n’a fait que la décevoir depuis son arrivée à Brisbane. Une cavale en premier lieu où son visage s’était retrouvé placardé partout que ce soit à la télévision ou dans la presse. Par elle sait bien désormais quel miracle, il était parvenu à s’en sortir, usant de subterfuges et de stratagèmes malgré tout bien pensés pour blanchir son nom, quand il ne le méritait aucunement. Mais ça, Gabrielle l’a appris à son insu le soir de son anniversaire, ce soir où elle a découvert toute l’histoire sur ses frères. Ceux en qui elle avait encore foi, ceux en qui elle faisait encore confiance malgré tous les doutes qu’elle pouvait avoir à leur égard. Jamais elle n’aurait imaginé qu’ils puissent être tous deux membres d’un gang, et qui plus est, à la tête de celui-ci. Tout comme elle ne les aurait jamais imaginé avoir autant de sang sur les mains, que ce soit directement ou indirectement. Les horreurs que les deux frères se sont balancés ce soir-là, balançant par la même occasion tout ce dont ils ont été capable ont permis à Gabrielle de découvrir le vrai visage de Mitchell et Alec. Un simple changement de nom et finalement, c’était bien plus que ça. Ils n’avaient plus rien du Alexander et du Finnegan Strange, ils n’étaient plus ses frères avec qui ils ne formaient qu’un face à leur père violent. Deux étrangers, deux inconnus, c’est ce qu’ils sont devenus ce soir là où la lumière a été faite sur plus de vingt ans de mensonges. Et si Gabrielle est parvenue à pardonner à Finn, c’est envers Alex qu’elle ne parvient à le faire. Elle en est incapable parce qu’il est celui qui a été capable du pire pour assouvir sa soif de pouvoir. Qu’il ait été capable de s’en prendre à Alec – même indirectement – cherchant à tout prix à se venger de la soi-disant trahison de celui-ci n’ont fait que montrer à Gabrielle le monstre qu’il était devenu. Parce que cette image s’est ternie encore plus récemment lorsqu’il n’a fait que conforter un peu plus l’opinion dont elle était incapable de se défaire le concernant. Un mois et demi auparavant, il a été incapable de se retenir, incapable de ne pas s’en prendre physiquement à Channing, et même si elle a clamé haut et fort que ce dernier ne représentait rien pour elle désormais, en s’en prenant à l’héritier, il l’a attaqué elle, indirectement aussi. Mais c’est surtout parce qu’elle a retrouvé dans ses traits la vision quotidienne de son enfance, celle d’un père violent, frappant et usant des poings pour se faire entendre. Et c’est ce qui a eu raison des mots de l’avocate à l’égard de celui qu’elle n’est plus capable de considérer comme étant ce lien du sang.
Quand elle entend frapper à sa porte ce soir-là, elle est quelque peu surprise car elle n’attend personne en particulier. La seule personne possiblement susceptible de venir à l’improviste ainsi est Channing, avec qui elle a échangé quelques messages quelques minutes plus tôt. Ce qui ne l’étonnerait pas, quand il sait que Joshua n’est pas présent dans la villa, lui laissant le loisir de venir passer un peu de temps avec elle sans craindre d’obtenir un quelconque jugement sur sa présence aux côtés de l’avocate. C’est donc de manière décontractée qu’elle se dirige vers la porte, un petit biscuit dans la main qu’elle porte à sa bouche, venant prendre une bouchée alors qu’elle ouvre la porte et que… « Mitch ? » fait disparaitre illico presto son sourire malicieux. Non, elle ne s’attendait définitivement pas à la visite de son frère et encore moins qu’il aurait le culot de se présenter sur le pas de sa porte quand son silence et ses non-réponses à ses diverses sollicitations semblaient être pourtant suffisamment claires à ses yeux « Qu’est-ce que tu veux ? » Ses traits se ferment immédiatement, sa main tenant le petit gâteau retombant le long de son corps alors qu’elle tient de l’autre main la porte qu’elle s’apprête à refermer “Je sais que tu ne veux plus me voir, je sais que je suis un monstre et que je ne mérite pas d’avoir une sœur comme toi, mais Gabrielle, s’il te plait, laisse-moi entrer, parlons de tout ça, crie moi dessus s’il le faut, frappe moi, fais ce que tu veux, mais je ne peux pas continuer comme ça, j’ai besoin de ma petite sœur …” Elle prête à peine attention aux mots qu’il peut prononcer, parce qu’elle n’a tout simplement pas envie d’avoir une énième confrontation qui ne mènerait à rien avec lui, tant elle estime avoir été suffisamment claire lorsqu’elle lui a dit que plus jamais elle ne voulait avoir à faire à lui. Et pourtant… pourtant il parvient à l’atteindre à la faire se figer quand il prononce ces quelques mots j’ai besoin de ma petite sœur…. Gabrielle déglutit difficilement, la porte qu’elle fermait progressivement s’arrêtant finalement. Son regard croise alors celui bleuté de son frère « Tu as besoin de moi, maintenant ? » réagit-t-elle alors avec un faux air ironique et légèrement moqueur pour ne rien laisser transparaitre quant au fait que ses mots la touchent indéniablement. Elle soupire alors, son regard se baladant aux alentours, et sûrement parce qu’elle n’a pas envie d’offrir une scène aux potentiels regards indiscrets ou aux éventuelles paires d’oreilles qui traîneraient par-là, elle réouvre un peu plus sa porte et sans un mot, lui indique de rentrer.
Elle referme la porte derrière lui, et leur laisse le loisir d’atteindre le living room avant de reprendre, croisant ses bras sous sa poitrine « Je pensais avoir été suffisamment claire la dernière fois, Mitchell son nom est prononcé avec dédain, parce que, comme elle le lui a déjà dit, ce Mitchell n’est rien pour elle je ne veux plus rien à voir à faire avec toi. Et ce n’est pas parce que tu me proposes de te frapper que cela va changer quoi que ce soit. Je ne suis pas un m… monstre comme toi allait sortir mais elle se stoppe, se reprenant alors la violence ne résoudra rien elle s’avance vers son ainée Tu devrais le savoir mieux que personne… mais visiblement tu n’as RIEN retenu de notre passé il est là le fond du problème. C’est tout ce qu’elle lui reproche, de ne pas avoir retenu les leçons de leur passé, celui où ils se sont serrés les coudes pour survivre dans cette violence affligée par leur paternel. Son regard planté dans celui de son frère, Gabrielle sent son cœur se serrer davantage. Parce qu’elle a beau resté impassible, au fond d’elle, toute cette situation l’a détruit tout autant qu’elle ne peut le faire à son ainé qui est venu jusqu’à elle pour lui lancer une sorte d’appel au secours sur le pas de sa porte.
Se rendre devant la porte de sa petite sœur avait été très difficile pour l'aîné des Strange. Coupable de nombreuses fois d’avoir dénigré sa propre famille pour son intérêt, il avait réalisé que ses actes suite à sa course vers la gloire avait blessé plus qu’il ne le pensait sa petite sœur, qu’il avait pourtant tenté de garder éloigner de tout ça durant de nombreuses années. Il avait fait ce choix de la garder éloigné de ses affaires avant tout pour sa sécurité, mais la cadette avait mis en avant d’autres raisons qui ne l'avaient pas laissé indifférent. Etais-ce l’égoïsme de l’Américain qui l’avait poussé à la tenir éloigné ? Etais-ce sa soif de pouvoir qui l’avait poussé à disparaître de sa vie ? Il tentait de se convaincre que non, que tout ce qu’il avait fait c’était pour la protéger avant tout, qu’il voulait qu’elle ait une meilleure vie que celle qui lui était destiné lorsqu’ils étaient tous à Las Vegas, il voulait qu’elle ait les moyens de faire ce qu’elle veut de sa vie tout comme il voulait pour sa part réussir également sa vie. Le chemin emprunté n’avait pas été le meilleur certes, mais Gabrielle avait pu faire ses études grâce à ça et il ne pouvait pas regretter complètement ses choix. Malheureusement, la vérité qu’elle n’était pas censée savoir, lui avait éclaté en plein visage et elle avait vu le monstre qu’était son frère. Une grosse déception. Mitchell avait espéré toute sa vie qu’elle ne verrait jamais cette facette de lui et pourtant depuis son arrivée en Australie, Gabrielle n’avait pas été ménagée par les nouvelles concernant son grand-frère. Meurtrier, paranoïaque, criminel, tout ce qu’elle n’avait jamais imaginé au sujet de ce frère qu’elle aimait tant. Un fait que lui-même n’arrivait pas digérer. Qu’elle lui en veuille était légitime, mais qu’elle refuse tout contact avec lui, qu’elle lui tourne le dos avait réveillé une douleur indescriptible chez l'aîné. Il avait tout fait pour montrer à sa petite sœur qu’il pouvait changer, qu’il pouvait être une bonne personne et que malgré tout Alex était toujours là, mais leur dernière rencontre ne s’était pas bien passée face à Channing qui avait manqué de peu de déclencher la tornade à lui tout seul. L’Américain n’avait cependant pas réussi à se contrôler complètement et s’en était pris au brun sous les yeux de sa sœur. Grosse erreur après laquelle sa sœur lui avait dit ses quatre vérités.
Depuis, il n’avait pas eu de nouvelle et c’est en toquant à sa porte qu’il espérait pouvoir réparer ce qu’il avait cassé. Il savait que ça n’allait pas être une tâche facile et lorsque sa petite sœur ouvrit la porte elle lui fit rapidement comprendre qu’il n’était pas le bienvenu, ce qui ne manquait pas de lui pincer le cœur une fois encore. Lui tout ce qu’il voulait c’était ratapper le mal qu’il avait fait, pouvoir être présent pour sa sœur et surtout ratrapper tout le temps perdu, car il se rendait compte que la distance n’avait pas été la meilleure solution. Il n’y allait pas par quatre chemins lorsqu’elle lui demanda ce qu’il faisait ici, il était sincère et comptait l’être tout au long de leur conversation. Il posait son regard sur elle, la lueur brillante dans ses yeux parfaitement visible. Elle le laissait finalement entrer, ne manquant pas de faire une remarque sur ce qu’il venait de dire. “J’ai toujours eu besoin de toi, je ne m’en rendais juste pas compte.” Qu’il soufflait tout en entrant dans la villa, signe qu’elle avait parfaitement réussi sa vie sans lui.
Elle l’appelait Mitchell, “Tu ne devrais pas être si surprise, on est du genre têtu dans la famille non ?” Qu’il disait en avançant. “Je sais que la violence ne résout rien, j’en ai fait les frais depuis tout ce temps.” Qu’il disait d’un ton calme. Il comprenait ou sa soeur voulait en venir, il comprenait que le problème venait de là, qu’il se comportait comme s’il n’avait aucun souvenir de ce qu’ils avaient vécu, bien que malgré lui, il ne s’en rendait pas compte, lui ce qu’il avait toujours voulu c’était avancé tout en réussissant , un peu trop visiblement. Il ne supportait pas d’être comparé à leur père et pourtant ses actions laissait à croire qu’il inspirait de cet homme qui avait fait de leur vie un enfer. “Gabrielle ….” Qu’il commençait. “J’ai conscience que j’ai fait beaucoup de mal dans ma vie, que je suis devenu une horrible personne pour les mauvaises raison, mais je ne suis pas le reflet de notre père, je ne suis pas comme lui, rien que d’y penser me donne envie de me jeter du haut d’un pont. Tout ce que j’ai fait c’était pour réussir, je suis tombé dans un engrenage et si je voulais survivre agir ainsi était la seule solution.” Il tentait de se justifier par rapport à leur conversation de la dernière fois, mais aussi pour ce qu’elle venait de dire. “Je suis impulsif et encore plus quand il s’agit de protéger les gens que j’aime. Pour la dernière fois, je suis désolé, je n’aurai pas dû lever la main sur …” Il ne trouvait pas le mot. “Sur Channing.” Il cherchait son regard. “Tout comme je ne veux pas que tu me regardes comme si j’étais un monstre J’ai fais des erreurs et je fais tout pour changer, pour réparer ce que je peux réparer et j’ai envie de faire tout ça pour notre famille, pour vous montrer que je suis toujours le même, que je me suis juste égaré. Tout le monde fait des erreurs non ?” Qu’il ajoutait, se montrant clairement vulnérable. “Je ne me rendais pas compte à quel point la famille passait avant tout ça, avant le pouvoir, l’argent, je ne me rendais pas compte que j’étais le méchant de l’histoire.” Il soufflait fortement. “Je ne veux pas que tu gardes cette image de moi Gabrielle.” Il marquait une petite pause. “Que tu m’en veuille c’est légitime, mais la haine ne résout rien non plus, je suis certain que discuter de tout ça pourrait nous permettre d’apaiser la situation.” Il lui disait clairement ce qu’il pensait et ressentait, il n’avait pas à faire semblant face à sa sœur et il espérait que la discussion allait être possible.
Mi-avril 2022Il est tout ce qu’elle a fui. Mais il l’ignore. Il l’ignore parce qu’elle n’a jamais pris la peine de dire la vérité sur les réelles raisons de son arrivée, ici, à Brisbane. Elle n’est pas venue parce qu’elle souhaitait les retrouver, lui et Finn. Elle n’est pas venue s’installer ici parce qu’elle avait besoin de renouveau dans sa vie. Elle se complaisait à Los Angeles, elle était parvenue à se construire la vie dont elle avait toujours rêvé et celle-ci la satisfaisait amplement. Il y avait le manque de cette famille qu’ils étaient autrefois, cette fratrie soudée qu’ils ont pu former durant leur enfance et leur adolescence, face à un père violent et un cadre miséreux. Mais avec les années, les rapports ont changé et Gabrielle, malgré le manque, n’a jamais cherché à venir ici en Australie pour les rejoindre. La peur d’être rejetée, la peur aussi de les affronter et de se montrer vulnérable en leur avouant à quel point elle se sentait mis à l’écart depuis des années, de leur faute. Parce qu’elle a toujours cherché à garder contact. Elle y est un peu parvenue avec Finn, mais jamais avec Alex, toujours distant avec elle, les seuls coups de fil étant pour les anniversaires de l’un et de l’autre. Bref, cela ne faisait pas partie des plans de l’américaine de venir s’installer à Brisbane mais la force des choses l’a poussée à y venir finalement. Tout ça parce qu’une affaire dont elle s’est saisie a fini par lui retomber dessus et que les menaces qu’elle a reçues l’ont obligé à fuir. Des menaces proférées par un gang, gang dont elle a mis derrière les barreaux certains de leurs membres. Et nécessairement, l’histoire fait écho. Elle fait écho quand elle a appris que ses frères, ceux avec qui elle a grandi, ceux qu’elle a toujours admiré et ceux qu’elle a toujours tenté de rendre fiers se sont révélés être des criminels. Des criminels, similaires à ceux, nombreux, qu’elle a pu affronter tout au long de sa carrière, et encore plus récemment dans cette dernière affaire qui aura eu raison de sa vie en Californie. Des criminels qui ont mis sa tête à prix, qui ont tenté de l’assassiner, tout comme son client, devant ce tribunal. Alors, savoir que ses frères l’ont été ou le sont toujours – criminels - , et se dire surtout que c’est le genre de choses que son frère ainé, tout particulièrement, serait capable de faire, a plus que détruit l’image que Gabrielle pouvait avoir d’eux et a créé en elle une déception incommensurable. Au point qu’aujourd’hui encore, depuis des mois qu’elle est au courant de la vérité, elle est bien incapable de passer l’éponge sur tout ça, et surtout, de comprendre les choix de son ainé… “J’ai toujours eu besoin de toi, je ne m’en rendais juste pas compte.”. Même si Gabrielle adopte cet air peu convaincu, le toisant légèrement alors qu’elle marque un arrêt suite à cette phrase, au fond d’elle, les mots la touche mais elle ne laisse rien transparaitre… parce que ce n’est sûrement pas qu’avec les mots que son frère parviendra à l’attendrir et à se faire pardonner…
“Tu ne devrais pas être si surprise, on est du genre têtu dans la famille non ?” Pourquoi est-ce si dur pour elle de lui pardonner d’ailleurs ? Elle qui a pu défendre des types qui n’ont pas mieux fait que son frère, qui a cru à leur bonne volonté de se racheter, de leur bonne foi face à leurs regrets formulés ? Pourquoi ne parvient-t-elle pas à avoir ce point de vue là aussi avec son propre frère ? Sûrement parce que cette fois, cela la touche directement, sûrement aussi parce qu’elle a toujours mis Alex sur un piédestal et qu’elle ne peut comprendre comment, après leur passé, il ait pu aussi mal tourner quand elle, en a tiré toutes les leçons. “Je sais que la violence ne résout rien, j’en ai fait les frais depuis tout ce temps.” Le sourcil de l’avocate se arque parce qu’il reste bien des zones d’ombre sur ce passé ou sur ce présent, concernant son frère. Ils lui ont dit certaines choses, mais pas toutes et peut-être est-ce mieux qu’elle n’en apprenne pas davantage. Le veut-t-elle seulement d’ailleurs ? “Gabrielle (…) J’ai conscience que j’ai fait beaucoup de mal dans ma vie, que je suis devenu une horrible personne pour les mauvaises raisons, mais je ne suis pas le reflet de notre père, je ne suis pas comme lui, rien que d’y penser me donne envie de me jeter du haut d’un pont. Tout ce que j’ai fait c’était pour réussir, je suis tombé dans un engrenage et si je voulais survivre agir ainsi était la seule solution.” Ce monde dans lequel il a évolué, celui qu’il a choisi semble être l’excuse toute trouvée pour justifier tous les actes qu’il a pu commettre. Pour survivre. Peut-être était-ce l’unique solution mais ce que reproche finalement Gabrielle a son frère est plus profond que ça. Elle lui reproche d’être devenu un de ceux qu’elle a pu défendre, tout comme ses pires ennemis et ce cheminement et cette acceptation surtout est encore difficile à faire dans sa tête. Et encore plus, ce sont les traits de leur père, qu’elle a pu retrouver quelques semaines plus tôt sur le visage de Mitchell, et cette vision l’horrifie au point qu’elle ne parvienne pas à s’en détacher “Je suis impulsif et encore plus quand il s’agit de protéger les gens que j’aime. Pour la dernière fois, je suis désolé, je n’aurai pas dû lever la main sur … (… ) Sur Channing.” « Non, tu n’aurais pas dû dit-t-elle sur un ton catégorique alors qu’il s’excuse pour ce geste. Si tu cherchais à me protéger, ce n’était clairement pas de la bonne personne » elle le vise lui, estimant qu’il aurait dû la protéger durant toutes ces années en jouant son rôle de frère ainé quand il aurait dû être présent pour elle plutôt que de la laisser à l’écart, tout comme il n’aurait jamais dû entrainer Alec avec lui dans ces histoires « Et je t’interdis de l’approcher à nouveau » glisse-t-elle finalement, toujours les bras croisés sur la poitrine, son regard planté dans celui de son frère. Elle n’a pas oublié les menaces qu’il a proféré à l’encontre de l’héritier et même si désormais, les deux amants se sont réconciliés, ses mots auraient été similaires à son encontre si cela n'avait pas été le cas entre les deux ex-amants. Gabrielle en a fait la promesse à Channing, lui a promis qu’il ne l’approcherait plus et elle sait très bien que Mitchell n’a d’autres choix que de s’y plier, surtout s’il tient à regagner la confiance de sa sœur. Et c’est cette carte qu’elle abat aujourd’hui pour se faire. “Tout comme je ne veux pas que tu me regardes comme si j’étais un monstre. J’ai fait des erreurs et je fais tout pour changer, pour réparer ce que je peux réparer et j’ai envie de faire tout ça pour notre famille, pour vous montrer que je suis toujours le même, que je me suis juste égaré. Tout le monde fait des erreurs non ?” Gabrielle soupire. Elle soupire parce qu’elle entend ce qu’il lui dit, veut le croire quand il dit vouloir se racheter mais… « Ce ne sont plus que de simples erreurs à ce stade, Mitch… à nouveau, elle utilise cette identité qu’il s’est créé, celle qu’elle ne lui connait pas tu as été beaucoup trop loin » et ce n’est pas ce coup dans la figure qu’il a pu mettre à Channing qui la fait parler de la sorte. C’est tout le reste. Tout ce que Finn a pu lui raconter, tout ce qu’elle a pu comprendre sur son frère ainé à travers les paroles de cette Lou Aberline ou cette Raelyn Blackwell. Le chemin va être long pour qu’elle lui accorde à nouveau sa confiance, et c’est exactement ce qu’elle cherche à lui faire comprendre à ce stade. Gabrielle reste de marbre, quand pourtant elle décèle parfaitement la vulnérabilité de son frère à travers ses mots et ses gestes. Elle le dissimule sûrement mieux à ce moment-là, prenant sur elle pour ne rien montrer en retour, pour se protéger… “Je ne me rendais pas compte à quel point la famille passait avant tout ça, avant le pouvoir, l’argent, je ne me rendais pas compte que j’étais le méchant de l’histoire (…) Je ne veux pas que tu gardes cette image de moi Gabrielle (…) que tu m’en veuille c’est légitime, mais la haine ne résout rien non plus, je suis certain que discuter de tout ça pourrait nous permettre d’apaiser la situation.” C’est un petit rire qui s’échappe d’entre ses lèvres, ironique, alors qu’elle le désigne de son index négligemment « Tu ne penses pas être mal placé pour parler de haine qui ne résout rien ? Quand c’est toi, Alex, qui a choisi cette voie et qui a foutu en l’air ce qu’il restait de cette famille ? » le blâme est fort, l’accusant de tous les maux, de cette fratrie qui s’est effritée et qui ne semble plus exister depuis des années. Par sa faute « Le problème c’est que je ne sais pas si je suis prête à te pardonner. Je ne sais même plus qui tu es, Alex Les mots sont tranchants alors qu’ils sont prononcés avec une certaine lassitude Et j’ai cette impression que ce Mitch, n’est jamais très loin. Qu’est-ce qui me garantit que tu ne recommenceras pas ? Que tu ne replongeras pas dans ce monde dès l’instant que tu en auras l’occasion ? » Elle s’est approchée d’un bras, ceux-ci à nouveau croisés sur sa poitrine J’en ai défendu des criminels comme toi, et malgré leur volonté de se repentir, dès l’instant qu’ils avaient purgé leurs peines et semblait pourtant dire avoir compris et appris de leurs erreurs, très peu sont ceux qui n’ont pas replongé Elle est proche de ce milieu malgré tout, étant de l’autre côté, celui de la légalité et de la justice et est donc bien placé pour en parler et pour en avoir conscience, surtout « Ne me dis pas que si l’occasion t’en est donné, tu ne chercheras pas à te venger des personnes qui t’ont causé du tort et t’ont fait tomber ? » Son regard s’est planté dans le sien, cherchant sûrement en amont la réponse de son frère dans ce dernier, alors que peu à peu, la distance s’amoindrit entre eux Ce n’est pas de discussion ou de mots dont j’ai besoin à ce stade. Mais d’actes et de preuves que cette étiquette de criminel est loin derrière toi le qualificatif passe la barrière de ses lèvres alors que son regard danse dans le sien et pour que tu puisses retrouver ma confiance, il va me falloir du temps… laisse-t-elle enfin échapper dans un soupir, ses épaules se détendant subitement, sa vulnérabilité transparaissant à son tour bien que j’ai aussi envie de retrouver cette famille que nous formions… et mon frère ainé en particulier » son regard humide affronte alors le sien sur ces derniers mots en ravalant difficilement.
Il prenait en compte ce qu’elle lui disait sans lui répondre, sans lui promettre qu’il n’approcherait plus Channing,parce qu’il ne pouvait pas lui faire cette promesse, la rancune était bien trop forte. Il avait merdé. Il avait montré son mauvais côté l’autre soir face à Channing, il avait rejeté ceux qui étaient importants au fils des années, ceux qui tenaient le plus à lui pour le pouvoir et pour l’agent. Finalement, seul l’argent était encore présent et il pouvait compter sur personne sans se méfier de leurs intentions. Il n’avait pas d’amis, pas de femme l’attendant le soir avec un grand sourire, il avait rien. Seule la famille avait une place dans sa vie et il s’en rendait compte beaucoup trop tard. S’il avait toujours réussi à acquérir la loyauté de son entourage, lorsqu’il s’agissait de sa sœur et son frère c’était différent et c’était bien cette loyauté familiale dont il avait le plus besoin actuellement, une loyauté qui s’était estompée d’année en année. Ses erreurs avaient coûté bien trop cher et il payait actuellement la facture face à sa petite sœur qui ne le reconnaissait plus et qui tentait de lui ouvrir les yeux. “J’ai toujours été impulsif, il fallait bien qu’un jour ça cause ma perte.” Avouait-il. “J’ai conscience de toutes mes erreurs et crois moi, si je pouvais revenir en arrière je le ferai et je ferai les choses autrement.” Il s’était posé la question bien des fois. S’il en avait l’occasion, ferait-il autrement ? Prendrait-il un autre chemin que celui qu’il a emprunté ? Sa conscience le forçait à dire que oui, qu’il serait resté dans le droit chemin, qu’il n’aurait pas fait confiance à Mavis et qu’il n’aurait jamais trempé dans le business de la drogue, mais la vérité était bien différente. Il empruntait sûrement le même chemin, mais autrement. Dans ce monde, il n’aurait pas tourné le dos à sa famille, il n’aurait pas été si cruel et il n’aurait pas tant de sang sur les mains. Il n’aurait pas fait les mêmes choix, Aaron ne serait pas mort et Raelyn ne se serait jamais retournée contre lui. Lou n’aurait jamais eu à le craindre, il ne lui aurait pas demandé d'avorter. Des choix qui le hantaient chaque jour et qui le faisaient regretter chaque décision prise.
Si l’occasion se présentait, serait-il prêt à franchir la ligne qu’il s’était juré de ne plus franchir ? La réponse n’était pas si évidente et elle donnerait sûrement raison à sa petite sœur. La rage était toujours présente en lui, tout comme la haine et la violence. Il avait beau vouloir se convaincre du contraire, il était cet homme-là, violent, sans pitié et il avait juste endormi ce côté là pour une durée indéterminée, mais il savait au fond qu’il plongerait à nouveau sans préavis si l’occasion se présentait. Il osait à peine la regarder dans les yeux à ce moment précis, parce que la réponse qu’il allait lui donner était un pur mensonge et il ne l' assumait pas. Mitchell Strange, cette pourriture était bien présente dans son esprit et comme dans un mauvais rêve il l’entendait murmurer sans cesse. “Je comprends ce que tu avances, mais je suis vraiment passé à autre chose, je n’ai jamais pris une telle décision et je ne suis pas du genre à revenir sur mes paroles” Qu’il disait avant de finalement plonger son regard dans le sien. “Je ne dis pas que ça sera facile, mais si je n’ai aucun soutien et que tu continues à me tourner le dos, la tâche sera bien plus difficile.” Il avait besoin d’aide, c’était certain. Il avait songé bien des fois à consulter à psy pour pouvoir contrôler ses pulsions, mais l’idée même de se retrouver sur un divan face à une personne qui prend note de tous ses malheurs ne l’enchantait pas vraiment. Il avait besoin de sa famille, la seule qui pouvait le sortir de tout ça. “je te prouverai que je ne suis plus le même, peu importe le temps que ça prendra.” Il ne manquait pas le regard de sa petite sœur qui avait pris une autre tournure alors qu’elle lui avouait vouloir retrouver cette famille qu’ils étaient autrefois. “On redeviendra une famille, une vraie famille je te le promet.” Une promesse qui était dangereuse, car il ne savait ce que le lendemain lui réservait, mais il tentait de se convaincre qu’il allait faire le nécessaire, que vivre comme un homme normal n'était pas si difficile. “Si tu as besoin de quoique ce soit je serai là pour toi et je te promets de ne plus réagir au quart de tour.” Qu’il disait avec un petit sourire pour la rassurer.
Mi-avril 2022Elle le remarque le silence quand elle lui demande de ne plus approcher Channing, ce silence qui n’a rien de rassurant puisqu’il ne lui confirme pas qu’il ne cherchera pas à le retrouver ou à lui régler son compte à un moment ou à un autre. Son regard s’aggrave davantage face à ce silence, presque décontenancée, auscultant son regard pour y voir un mince espoir que cette situation ne se reproduira plus pour autant.
“J’ai toujours été impulsif, il fallait bien qu’un jour ça cause ma perte.(…) J’ai conscience de toutes mes erreurs et crois moi, si je pouvais revenir en arrière je le ferai et je ferai les choses autrement.” Gabrielle se le demande sincèrement. Est-ce que son frère a des remords et des regrets tels qu’il aimerait pouvoir faire machine arrière ? Au point qu’il ferait surtout les choses différemment ? Et jusqu’à quel point ? Si l’occasion lui était donné, partirait-t-il de Vegas à nouveau accompagné de Finn ? Ou cette fois, il déciderait de rester avec elles ? Elle meurt d’envie de lui demander, Gabrielle, la question est sur le bord de la langue mais elle s’abstient. Peut-être parce qu’au fond, elle sait que cette possibilité, celle du retour en arrière, est tout bonnement vaine et inenvisageable. Si les retours en arrière étaient possibles, bien des histoires seraient plus belles…
“Je comprends ce que tu avances, mais je suis vraiment passé à autre chose, je n’ai jamais pris une telle décision et je ne suis pas du genre à revenir sur mes paroles” Mitchell a l’air déterminé et sûr de lui quant à ce changement qu’il semble entreprendre, celui où il se défait totalement de ce monde illégal dans lequel il a évolué pendant des années. Et si Gaby peine à le croire, elle se raccroche pourtant à ses dires, ceux qu’il lui offre à l’instant présent même s’il lui faudra bien plus pour y croire. “Je ne dis pas que ça sera facile, mais si je n’ai aucun soutien et que tu continues à me tourner le dos, la tâche sera bien plus difficile.” Et là, les yeux de la jeune femme s’écarquille quelque peu, alors qu’elle a ce petit mouvement de recul de la tête « Est-ce que tu es en train de me faire du chantage, Alex ? demande-t-elle avec un air sérieux alors qu’une de ses mains vient à se poser sur une de ses hanches Si je te tourne le dos et que je ne t’apporte aucun soutien c’est parce que TU as tout fait pour que ce soit le cas. Ne me reproche pas d’agir de la sorte avec toi quand TU es le seul coupable » il l’a repoussé durant toutes ces années, l’a laissé à l’écart de sa vie ici, à Brisbane, et est lui-même à l’origine de ce fossé qui s’est créé entre eux « Si c’est un appel à l’aide que tu me lances, ce n’est pas en me faisant culpabiliser que tu l’obtiendras » ajoute-t-elle sur un ton catégorique. “Je te prouverai que je ne suis plus le même, peu importe le temps que ça prendra.” Son regard ne quitte pas le sien quand il montre cette détermination qu’il a, celle de lui prouver que le Alexander qu’elle a autrefois connu existe toujours. “On redeviendra une famille, une vraie famille je te le promet.” Gabrielle veut s’y raccrocher à cette promesse, elle veut y croire dur comme fer et c’est à cet instant qu’elle laisse entrevoir sa vulnérabilité. Ses épaules s’abaissent, ses sourcils également, ses traits s’attristant, un soupir s’échappant de ses lèvres « Je l’espère… sincèrement, Alex ». Leurs vies respectives ne sont plus similaires à celle qu’ils avaient autrefois mais celles-ci restent toujours semées d’embûches et rien n’est plus important que d’être entouré. Il leur faudra du temps pour retrouver cette alchimie mais Gaby s’y raccroche fortement malgré cette retenue qu’elle garde encore, en tentant de contenir les larmes bien présentes dans ses yeux “Si tu as besoin de quoique ce soit je serai là pour toi et je te promets de ne plus réagir au quart de tour.” Et si un sourire se forme sur la commissure des lèvres de Mitchell, il en est de même pour sa cadette qui ne peut retenir un petit sourire à son tour, en acquiesçant lentement. « Je ne te garantis pas de réagir mieux surtout si j’apprends que tu as retrouvé tes anciens travers les paroles sont prononcées sur le ton de l’humour et pourtant, c’est aussi un moyen de le mettre en garde tu peux aussi compter sur moi, Alex » il remarquera qu’elle utilise à nouveau son ancien prénom, celui qu’elle lui a toujours connu, celui qui est le sien à ses yeux, celui de son frère ainé qui l’a toujours protégé durant leur enfance.
Gabrielle se mouve dans la pièce pour se diriger vers la cuisine « Je t’offre quelque chose à boire ? » demande-t-elle alors qu’elle sort déjà deux verres du placard et une de ses fidèles bouteilles de vin. Une fois leurs verres servis, la jeune femme invite son frère à venir s’installer à l’extérieur, face à la piscine « Je ne sais pas si tu le sais mais… Meryl est à Brisbane » D’ailleurs, Gaby regarde sa montre et est quelque peu étonnée que leur petite sœur ne soit toujours pas rentré « Elle vit chez moi depuis un mois ».
Plus vulnérable qu'à cet instant, c'était impossible et pourtant il en avait vécu des drames dans sa vie l'Américain. Il se retrouvait face à l'une des seules personne au monde qui l'avait estimé plus que les autres, sa petite sœur, bercé par les mensonges de sa famille jusqu'à se lancer dans la quête de découvrir la vérité. Une vérité qui n'avait pas été facile à entendre, une vérité qui avait transformé le regard qu'elle portait sur son frère autrefois. Puis il y a eu cette histoire avec Channing, qui sans attendre avait ajouté de l'huile sur le feu. La relation entre Gabrielle et Mitchell Strange ne tenait qu'à un fil et pourtant l'ainé faisait tout son possible pour rallié sa petite sœur à sa cause de devenir un homme bon. La famille, rien de mieux. La tâche n'était pas des plus faciles, Gabrielle étant elle-même du genre obstinée, elle n'acceptait pas facilement les excuses de son grand frère. Elle avait raison de le faire, elle avait raison de se méfier de son propre sang finalement, après avoir passé des années à l'écart et dans le mensonge.
L'Américain voulait vraiment que sa petite sœur démarre un nouveau chapitre à son sujet et ne manquait pas de faire les gros yeux lorsqu'elle parla de chantage. Le chantage. Une pratique dans laquelle Mitchell avait été maitre. Un moyen de pression bien plus pratique que la torture et l'argent, il avait souvent obtenu ce qu'il voulait via ce moyen et ça l'avait bien des fois arranger. «Non, je ne te fais pas de chantage, Gabrielle.» Qu'il disait en la regardant droit dans les yeux. «Il y a quelques temps j'aurai pu te faire du chantage, mais ce n'est plus moi.» Qu'il disait, sans vraiment savoir pourquoi il avait poursuivit sur ce sujet. Après le chantage, venait la culpabilité. Ça aussi faisait partie de ses pratiques lorsqu'il attendait quelque chose de quelqu'un, mais dans le cas présent, il tenait qu'à retrouver sa petite sœur, sans arrière pensée. «Je suis maladroit ...» Soufflait-il. «Je ne veux pas te faire culpabiliser, j'ai juste besoin de ma famille, de ma petite sœur.» Qu'il ajoutait avant que l’électricité dans l'air retombe.
La tension s'était évanoui, un moment de répit avait lieu. Mitchell ne manquait pas le fait que Gaby l'avait appelé par son prénom de naissance et le sourire ne mit pas de temps à s'afficher sur son visage. Ils allaient avoir besoin de temps pour recoller les morceaux, mais c'était déjà un bon début qui suffisait à l'Américain pour le moment. Il acquiesait de la tête lorsqu'elle affirma qu'il pouvait compter sur elle et ne mis pas longtemps à lui répondre lorsqu'elle lui demanda s'il voulait boire quelque chose. «Oh oui !» Qu'il disait avec un sourire avant de la suivre jusqu'à l'éxterieur, face à la piscine. Mitchell appreciait le cadre et était vraiment fier de sa sœur pour le chemin parcouru pour en arriver là. «C'est magnifique ici, je te tire mon chapeau !» Qu'il disait en s'installant.
A peine installé et à peine détendu, Gabrielle en profita pour annoncer à son frère que Meryl, leur petite sœur était venu s'installer à Brisbane. «Sérieux ?» Qu'il demandait avant d'être surpris d'entendre qu'elle vivait chez-elle depuis un mois. Il ne manquait pas de croiser ses mains tout en regardant sa sœur. «Depuis un mois ? Tu ne comptais pas me le dire ?» Il aurait bien aimé le savoir, même s'il n'était pas proche de Meryl et qu'il n'avait aucune idée de ce à quoi elle pouvait ressemble aujourd'hui, n'ayant pas pris de ses nouvelles depuis de nombreuses années. «Pourquoi ? Qu'est-elle venue faire ici ? Au dernière nouvelle tout se passait bien aux états-unis.» Qu'il demandait. «Pourquoi n'est-elle pas venue me voir ? Est-ce qu'elle sait quelque chose à mon sujet ?» Des questions il en avait énormément et ne se rendait pas compte que sa petite Meryl lui avait déjà rendu visite.
Mi-avril 2022«Non, je ne te fais pas de chantage, Gabrielle (…) Il y a quelques temps j'aurai pu te faire du chantage, mais ce n'est plus moi.» Dire que Gabrielle n’est pas surprise voire même presque outrée par les propos de son frère serait mentir. Disons que lui confesser une telle chose, de surplus en disant qu’il aurait été capable de lui faire du chantage, à elle, sa propre sœur, n’aidait en rien à défendre sa cause. «Je suis maladroit ...» Et comment… «Je ne veux pas te faire culpabiliser, j'ai juste besoin de ma famille, de ma petite sœur.» Elle baisse les armes. C’est ce qu’elle préfère faire quand elle sent tout de même que son frère est sincère dans ses mots. Elle le blâmera toujours du fossé qui s’est créé entre eux et qu’il a perpétué pendant des années, l’amertume sûrement toujours présente quelque part en elle, quoi qu’il advienne, mais elle aussi a besoin de retrouver ce lien familial. Elle a besoin de retrouver son ainé, de retrouver leur force ensemble, celle qu’ils ont toujours partagé durant leur enfance et une bonne partie de leur adolescence et de pouvoir se dire qu’elle a quelqu’un sur qui elle peut se reposer l’aidera sûrement aussi quand, toute sa vie, elle n’a pu compter que sur elle-même.
«Oh oui !» Son entrain ne manque pas de la faire sourire alors qu’elle leur sert deux verres à tous les deux avant qu’ils ne prennent la direction de l’extérieur «C'est magnifique ici, je te tire mon chapeau !» Gaby invite alors son frère à venir faire tinter son verre contre le sien, non sans un sourire amusé « Tu as en face de toi une des meilleures avocates, je te rappelle… et puis son sourire s’étire davantage je ne sais pas si tu dois prendre ça comme une bonne ou une mauvaise nouvelle pour toi mais ceci explique cela ». Elle s’en amuse mais elle a travaillé durement pour en arriver où elle en est aujourd’hui. S’offrir le luxe d’une grande villa, ici ou à Los Angeles quand elle y vivait encore, n’a été le résultat qu’un travail de longue haleine. Elle en est fière, c’est certain et apprécie désormais ce cadre de vie qui dénote définitivement avec le leur, celui de leur enfance.
Installé tout deux confortablement, Gabrielle confesse l’arrivée de Meryl à Brisbane depuis un mois… ou plutôt trois si on compte les deux où elle a omit de la prévenir… «Sérieux ? (…) Depuis un mois ? Tu ne comptais pas me le dire ?» C’est plus fort qu’elle… « Tu voulais que je te le dise quand ? Quand tu as collé ton poing dans la figure de Channing ? ». Bon, elle n’aurait pas pu à ce moment-là, poing ou pas poing, elle n’était pas encore au courant. Avant que son regard ne se porte devant elle, elle tourne doucement la tête de gauche à droite sans qu’un fin sourire se dessine sur ses lèvres « J’en ai l’occasion maintenant et je le fais » Elle prend alors une gorgée de vin avant de retourner son regard vers Mitch, alors qu’il reprend la parole «Pourquoi ? Qu'est-elle venue faire ici ? Aux dernières nouvelles tout se passait bien aux Etats-Unis. (…) Pourquoi n'est-elle pas venue me voir ? Est-ce qu'elle sait quelque chose à mon sujet ?» Elle a l’impression de revoir Alec le jour où elle s’est présentée sur le pas de sa porte, l’inondant elle-même de question sans prendre la peine de respirer, pour comprendre les raisons de sa venue « Respire, Alex fait-t-elle en déposant son verre doucement sur la petite table basse devant eux, se pivotant de sorte à lui faire face Elle ne sait rien à ton sujet, s’entend et tu ne peux pas lui reprocher de ne pas être venue te voir quand tu n’as jamais daigné prendre de ses nouvelles » ça sonne comme un reproche et pourtant elle emprunte un ton bienveillant se faisant « Elle a visiblement raté son dernier examen… et … c’était dur pour elle d’être loin de moi, et de nous trois » C’était ses mots, des mots que Gabrielle répète à son ainé avec une certaine tristesse perceptible dans sa voix, la culpabilité refaisant surface concernant le fait qu’elle l’ait abandonné du jour au lendemain, tout comme leurs frères l’avaient fait avec elles quelques années plus tôt.
«Tu es sûre que ça ne pose pas de souci ? Ma soeur va être ravie si je lui ramène le dessert ! » Fin de service oblige, il n’est pas rare que les employés faisant la fermeture repartent avec quelques invendus qui finiraient de toute façon à la poubelle. Alors ce soir, elle repart avec une part de Cheesecake, un donuts oreo et quelques cookies, de quoi faire saliver la belle blonde qui n’a pas encore pris le temps de manger. Son tablier rangé, l’américaine prend la direction de Bayside, elle sait qu’elle en a pour un petit moment et elle est pressée de pouvoir se poser dans le canapé ou alors peut-être prendrait-elle un verre sur la terrasse de Gabrielle, la soirée était toute à elle et pour le coup, elle n’avait rien de prévu ce soir... Pas de soirée de dernière minute, juste une soirée chill d’autant qu’elle devait assurer l’ouverture pour rendre service à l’une de ses collègues. Quand Bayside pointe enfin le bout de son nez, la jeune femme est plus que ravie. Elle a hâte de virer ses chaussures, pouvoir prendre une douche, ou un bain peut-être... enfiler une tenue décontracte dans laquelle elle pourra s’étaler dans un canapé. Lorsqu’elle s’engage dans l’allée, la blonde remarque la moto garée non loin et ça l’intrigue car elle ne ressemble en rien à celle de Channing. Elle s’en approche légèrement, pas trop, mais assez pour observer la mécanique et se dire que c’est un bel engin !
Une fois rentrée, Strange vire ses chaussures dans l’entrée sans prendre la peine de les ranger, ses clés déposées sur le meuble, elle ne s’annonce pas tout de suite, elle passe d’abord par la cuisine pour aller déposer les pâtisseries et se servir un grand verre de thé glacé. Il lui semble entendre des voix venant de l’extérieur, Gabrielle et une voix masculine qu’elle ne remet pas tout de suite. Tout ce qu’elle peut affirmer, c’est que ça n’est pas Channing. Et quand elle s’approche, elle distingue quelques mots sans vraiment y prêter attention. «... pas me le dire ?» Cette voix l’intrigue, elle a l’impression de l’avoir déjà entendu quelque part sans savoir réellement où, ni même quand. La jeune femme intriguée reste un instant, écoute aux portes sans honte et si elle songe un instant à signaler sa présence, elle renonce rapidement à la montagne de question qui s’abat sur son aînée. Le ton employé, la voix vient faire écho et elle comprend. « Respire, Alex. Elle ne sait rien, et tu ne peux pas lui reprocher de ne pas être venue te voir quand tu n’as jamais daigné prendre de ses nouvelles » La simple évocation du prénom de son frère vient chatouiller la gamine abandonnée qui bouillonne en elle depuis toujours et de comprendre en prime qu’ils sont en train de parler d’elle ne fait qu’accentuer son envie de tout envoyer valser... Est-il vraiment en train de lui reprocher de ne pas être venue ? Quand il n’a même pas été capable de la reconnaître ?! Elle n’écoute même pas la fin de la conversation, trop prise aux tripes pour ça et dans ces moments là, c’est souvent l’impulsion qui parle.
Incapable de faire comme si elle n’avait rien entendu, la jeune femme passe la porte. « Je peux me joindre à vous ? » Elle vient s’installer dans le plus grand des calmes, et le regard qu’elle jette à son frère est bourré d’amertume qu’elle ne cherche même pas à dissimuler. « Bonsoir Alex... » Elle n’a pas quitté le brun des yeux, peut-être parce qu’elle ne veut pas manquer une seule réaction de sa part. « Oh mais ne vous empêchez surtout pas de continuer... Votre conversation avait l’air... Passionnante ! Je dérange peut-être, je tombe au mauvais moment ? C’était quoi le projet, évoquer l’importance de la famille en contemplant la mer ? » Trop de rancoeur dans la poitrine, elle sent l’acidité lui brûler la gorge et la bouche, au point qu’elle en vient à grimacer en balançant la tête. « Gabrielle a raison à un détail près... C’est elle et Channing qui me manquaient... » Les mots sont prononcés froidement, sûrement pour le blesser autant qu’il a pu la blesser elle. « Pardon, c'est vrai que j’ai pas pris la peine de me présenter la dernière fois... » Parce que je pensais naïvement que tu m’aurais reconnue, que je t’avais ne serait-ce qu’un peu manqué...
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Dernière édition par Meryl Strange le Sam 26 Nov 2022, 18:24, édité 3 fois
L'Américain venait d'apprendre que sa petite sœur Meryl avait emménagé chez Gabrielle, une grande surprise pour l'ainé de la fratrie qui n'avait pas eu de nouvelle de sa petite sœur depuis très longtemps, à défaut de ne pas s'être inquiété à son sujet. Gabrielle lui annonçait qu'elle avait loupé ses examens et qu'elle avait quitté les états-unis pour se rapprocher de sa famille. Le reproche de ne pas avoir pu l'apprendre plus tôt passait très vite à la trape, les conditions n'étaient pas rassembler pour que Gabrielle puisse lui en parler, certes, mais il gardait malgré tout dans un petit coin dans sa tête le fait qu'elle ne lui avait même pas envoyé un texto, juste comme ça, pour le prévenir. Il retenait également le fait qu'elle ne savait rien à son sujet et c'était tant mieux. «Et j'espère que ça restera comme ça le plus longtemps possible ...» Il l’espérait, parce qu'il n'avait pas envie de se confesser à nouveau, de repenser à tout ce qu'il avait fait de mal, remuer le couteau dans la plaie. Il n'eut le temps de poursuivre que des bruits de pas se fit entendre.
Il frôlait la crise cardiaque lorsqu'il aperçu la blonde apparaître dans son champ de vision. Que faisait-elle ici ? Il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu'il s'agissait de Meryl et d'un côté ça le rassurait également, car lors de son départ du restaurant la dernière fois il était resté sur une tout autre idée, une idée qui ne le rassurait pas du tout. La paranoïa, le poids d'un passé bien trop lourd pour un seul homme, il ne pouvait pas vraiment expliquer, mais jusqu'à voir Meryl Strange chez sa sœur Gabrielle, il était persuadé avoir fait face à sa fille, une naissance qui aurait pu avoir lieu après son départ de Las vegas, tout était possible et en réalité ça ne l'aurait pas tant surpris que ça. «Dieu Merci !» Qu'il laissait échapper alors qu'elle disait bonsoir. Des dires non contrôlés, un soulagement venu du fond du cœur qu'il n'avait pas pu retenir. La suite allait être moins appréciable pour l'ainé des Strange. Alors qu'il venait tout juste de faire une petite trêve avec Gabrielle, Meryl venait surenchérir et le bout du tunnel était encore loin. «Meryl !» Laissait-il échapper, hésitant un petit moment à croiser son regard, honteux de ne pas l'avoir reconnu, mais surtout coupable de ne pas s'être inquiéter d'elle au fil des ans. «Gabrielle m'apprenait justement que tu étais des nôtres à Brisbane.» Qu'il disait cherchant rapidement le regard de Gabrielle pour soulager le poids qu'avait le regard posé sur Meryl.
«Qu'est-ce que ce crétin vient faire dans la conversation ?» Qu'il demandait naturellement en jetant un œil à Gabriele avant de reposer son regard sur la cadette des Strange, se sentant perdu, limite dépassé par la situation. Le naturel faisait facilement apparition, surtout lorsqu'on s'appel Mitchell Strange. Il était surpris, choqué même et pourtant il posa finalement son regard sur elle avec certitude cette fois-ci et ne la quitta pas du regard. Meryl était donc celle qui était venue à sa rencontre au Moonshiner et il s'était de lui-même mis dans une mauvaise posture. Il ne l'avait pas reconnu, ce qui d'un côté pouvait-être totalement légitime puisqu'il ne l'avait pas vu depuis de nombreuses années, mais qui ne pouvait pas reconnaître sa propre famille ? Il pouvait bien évidemment comprendre la colère de sa petite sœur et de simples excuses n'allaient sûrement pas suffire. «Tu as toutes les raisons de m'en vouloir, je ne t'ai pas reconnu, je ne t'ai donné de mes nouvelles tout comme j'en ai pas pris, mais tu ne peux pas débarquer et faire une scène, on peut en discuter calmement.» Il mettait sûrement les pieds dans le plat en réagissant ainsi, mais c'était plus fort que lui.
Mi-avril 2022 «Et j'espère que ça restera comme ça le plus longtemps possible ...» A vrai dire, Gabrielle l’espère aussi, surtout quand elle juge Meryl pas prête à apprendre la vérité sur Alex et Finn, alors qu’elle a une relation bien trop complexe avec eux. Mais en même temps, l’avocate préférerait aussi faire preuve de franchise envers sa petite sœur, et si le moment n’est pas opportun actuellement, elle estime toutefois que, tot ou tard, sa cadette méritera de connaitre toute la vérité. Car si elle venait à l’apprendre de la même manière que Gabrielle… il n’est pas certain que Meryl parvienne à passer outre, comme Gaby tente, tant bien que mal, de le faire.
« Je peux me joindre à vous ? » Gabrielle fut tout autant surprise de la voix qui émanait de derrière eux, la faisant se retourner alors que son regard croise alors celui de Meryl. Et il ne lui faut qu’une fraction de secondes pour comprendre, à travers celui-ci, l’état d’esprit dans lequel elle se trouve. « Bonsoir Alex... » «Dieu Merci !» Et si une certaine tension tend à s’installer entre les membres de la fratrie qui se retrouve tous les trois pour la première fois depuis des lustres, Gabrielle ne comprend pas pour autant l’engouement de Mitchell face à l’arrivée de sa sœur. Et surtout, pourquoi il semble autant soulager… Était-t-il réellement si pressé que ça de la retrouver ? « Oh mais ne vous empêchez surtout pas de continuer... Votre conversation avait l’air... Passionnante ! Je dérange peut-être, je tombe au mauvais moment ? C’était quoi le projet, évoquer l’importance de la famille en contemplant la mer ? » «Meryl !» « Meryl ! » disent alors en cœur les deux ainées, Gaby ayant le regard bien plus sévère cependant sur leur cadette «Gabrielle m'apprenait justement que tu étais des nôtres à Brisbane.» « Donc, tu nous dérange pas du tout » Bon, Gabrielle se demandait tout de même depuis combien de temps Meryl était arrivée et espérait qu’elle n’avait pas entendu la partie où ils évoquaient le passé sombre d’Alex. « Gabrielle a raison à un détail près... C’est elle et Channing qui me manquaient... » «Qu'est-ce que ce crétin vient faire dans la conversation ?» Gaby ne sait plus à qui elle doit lancer un regard noir en premier – mais Mitch sera son premier choix pour qualifier Channing de crétin, avant qu’il ne se reporte sur Meryl « Meryl, ne commence pas, s’il te plait » Elle pouvait comprendre la rancœur de sa demi-sœur, pour autant, elle souhaitait que les retrouvailles entre Alex et elle se passent au mieux. Mais la jeune femme ne semblait pas de cette avis, crachant sans hésitation tout son venin, cherchant sûrement à blesser Alex d’une manière ou d’une autre, sorte de revanche qu’elle a à prendre contre lui. « Pardon, c'est vrai que j’ai pas pris la peine de me présenter la dernière fois... » «Tu as toutes les raisons de m'en vouloir, je ne t'ai pas reconnu, je ne t'ai donné de mes nouvelles tout comme j'en ai pas pris, mais tu ne peux pas débarquer et faire une scène, on peut en discuter calmement.» Et Gabrielle ne comprend plus rien et les regardent tour à tour « Attendez… Comment ça la dernière fois ? Vous vous êtes déjà vu ? » parce qu’elle n’est pas au courant et aucun des deux n’a daigné lui dire. Bon, au vu de leur échange, elle comprend qu’Alexander n’a pas reconnu Meryl, et cela s’explique assez aisément au vu des années passés sans qu’ils ne se voient. Et malgré ça, cela désespère un peu l’avocate qui laisse échapper un soupir « Un des deux va prendre la peine de me raconter ou il va falloir que je devine par moi-même ? » insiste-t-elle d’une voix agacée.
Après un court temps d’hésitation, la Strange ne peut s’empêcher de faire son apparition dans cette conversation où elle n’avait visiblement pas été invitée entre ses aînés. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle fait sensation la blonde quand elle voit la réaction de son frère. Une petite pépite dont elle se délecte non sans ressentir une pointe d’amertume ! «Dieu Merci !» Elle arque un sourcil sans vraiment comprendre le pourquoi de ce soulagement évident, mais elle ne prend même pas la peine de relever la chose, bien trop décidée à le mettre dans l’embarras tant elle se sent en position de force, contrairement à ce jour à la pizzeria et les réactions ne se font pas attendre. «Meryl !» « Meryl ! » Quelle synchronisation, alors qu’elle ne quitte pas son frère du regard, elle aime ce qu’elle voit, du malaise, c’est un peu sa façon à elle de reprendre le dessus. «Gabrielle m'apprenait justement que tu étais des nôtres à Brisbane.»« Donc, tu nous dérange pas du tout » Elle fait une petite mou en passant de son frère à sa soeur, peut-être un peu nerveuse, mais surtout agacée... parce que les deux montraient des signes de nervosité et qu’elle était bien convaincue qu’on lui cachait des choses qui la dépassait ! Peut-être pour ça qu’elle évoque Channing, pour faire vriller son frère et se délecter de sa réaction. «Qu'est-ce que ce crétin vient faire dans la conversation ?»« Meryl, ne commence pas, s’il te plait » Agacée, elle soupire, croise les bras comme une adolescente qu’on viendrait de réprimander alors qu’elle fixe toujours Alex, confrontation directe non sans lui offrir un sourire amusé au coin des lèvres, ravie d’avoir pu l’affecter avec de simples petites allusions.
«Tu as toutes les raisons de m'en vouloir, je ne t'ai pas reconnu, je ne t'ai donné de mes nouvelles tout comme j'en ai pas pris, mais tu ne peux pas débarquer et faire une scène, on peut en discuter calmement.» Pardon ?! Est-ce qu’il était vraiment en train de lui dire de se calmer ?! La blonde sent son sang bouillir dans ses veines. « Tu es sérieux ?! En discuter calmement ?! Dit tout de suite que je suis une hystérique ! Elle est calme pourtant en temps normal, mais là présentement l’affection prend le pas sur la raison et elle bouillonne. « Attendez… Comment ça la dernière fois ? Vous vous êtes déjà vu ? Un des deux va prendre la peine de me raconter ou il va falloir que je devine par moi-même ? » Elle lâche un rire amer. « Tu lui dis ou je m’en charge ? » Elle l’interroge du regard, mais c’est plus pour la rhétorique qu’autre chose, car elle compte bien donner sa version des faits, même si elle ne sera pas objective. « Je suis allée à la pizzeria et Alexander m’a accueillie avec un interrogatoire comme si j’étais une criminelle en puissance. » Elle secoue la tête, sûrement trop affectée par la situation même si elle se garde bien de le montrer. « Je pensais qu’il allait me reconnaître, mais pas du tout... » Et ce malgré les perches tendues durant toute leur conversation. « En même temps, je sais pas ce que j’espérai vu que t’as jamais pris la peine de te soucier de moi... » Elle ravale ses mots, s’empêche de laisser sortir ce qu’elle a vraiment sur le coeur et cela même si elle aimerait lui balancer tout l’acide qui lui ronge le bide. « Laisse tomber, j’en ai rien à faire de toute façon, j’ai jamais eu besoin de toi, c’est pas aujourd’hui que ça va changer. Te sens pas obligé de jouer les hypocrites, on sait tous les deux que tu m’as jamais considérée comme ta sœur ! » Qu’il ne tente pas de jouer les grands frères, c’était trop tard... Elle tourne les talons, comme l’ado qu’elle est quand elle n’arrive pas à gérer ses émotions, trop fière pour avouer qu’elle aurait aimé avoir cette relation fraternelle et qu’elle y avait cru durant ses jeunes années... Espoir qui s’était évaporé avec le silence glaçant de ses frères. Lorsqu’elle passe la porte de sa chambre, elle prend soin de claquer la porte mettant un terme à cette mascarade.