Le programme de leurs vacances est vide, terriblement vide, et c’est parfait ainsi. Aucun appel à passer, aucun script à lire, aucun rendez-vous nulle part, aucun patient pour lequel faire exception. Quelques appels de Wendy, tout de même, mais rien d’envahissant. Ils se le sont promis: ces vacances-là sont faites pour les faire déconnecter autant que possible de la frénésie de Brisbane autant que des dernières semaines passées en dents de scie. Si l’état de santé de Rory s’est nettement amélioré, il lui est pourtant encore demandé de ne pas forcer sur les muscles de sa jambe, chose à laquelle Swann veille avec soin. Pas de randonnées interminables, encore moins d’escalade, et pas même de visites sans fin dans toutes les petites rues de la ville - quand bien même ils auraient sûrement tous deux apprécié de la découvrir un peu plus que depuis le balcon de leur chambre d’hôtel. La seule exception au repos de mise se trouve être une sortie d’un jour, quelques heures de bateau à peine pour changer de paysage et retrouver, à nouveau, le repos. Cette fois-ci pourtant, c’est sur une plage de sable fin et avec l’océan à perte de vue.

Les quelques degrés gagnés entre Semarang et Brisbane valent à Rory l’ordre de garder une casquette, sans que cela n’ait plus rien d’une nouveauté depuis toutes ces années écoulées. C’est toujours avec un sourire d’enfant que l’anglais la lui replace sur la tête, incapable de faire autre chose que de prendre soin de lui. “Attention, je vais finir par froncer les sourcils.” qu’il menace avec un sourire immense, replaçant correctement son couvre-chef, se moquant lui-même de son incapacité à tenir rigueur de quoi que ce soit à Rory. L’instant d’après, pourtant, il laisse sa tête glisser contre l’épaule de son petit-ami et ainsi mieux observer l’étendue face à eux. Ils n’ont pas attendu bien longtemps pour simplement trouver un coin de plage sur lequel s’asseoir à peine leur ferry arrivé, le bruit des vagues (et sans doute l’envie de descendre de ce bateau de malheur) ayant même été plus fort que l’attrait de l’anglais pour un des restaurants de l’île. L’odeur du poisson est des épices est douce, mais rien ne vaut quelques précieuses minutes de répit supplémentaires, mises à mal par le téléphone de Swann se mettant soudainement à sonner.

Il grogne, râle, relève sa tête bien malgré lui et se contorsionne pour retrouver son téléphone perdu au fond de la poche de son short. Le nom de sa mère s’affiche à l’écran, il ne tarde pourtant pas avant de couper le son de l’appareil et le laisser sonner dans le vide. Elle n’est pas une des exceptions à la règle statuant qu’ils ne doivent prendre aucun appel. Comme pour se faire pardonner, c’est finalement son bras qu’il fait passer autour du dos de Rory, laissant sa main se loger contre sa hanche. “On devrait ramener un cadeau à Donna ou quelque chose.” Il commente autre chose, préférant parler de la femme à qui ils doivent ce voyage parce qu’elle est la première à en avoir eu l’idée, ayant sans doute conscience que Rory avait besoin de voir autre chose que le plafond de leur (son) appartement. Elle observe beaucoup, comprend tout autant, et Swann l’apprécie sincèrement pour ces quelques qualités autant que son don de ne jamais rien en dire. Elle s’est contentée de leur parler de cette ville, de ses belles plages, de son accès simple depuis Brisbane et, surtout, du fait qu’elle n’allait pas avoir besoin de Rory sur le qui vive pour plusieurs jours encore. Et Swann, de son côté, n’y a bien sûr vu aucune objection, encore moins lorsqu’est naturellement venue la proposition de le suivre. “On passera en ville le jour où on reprendra l’avion, je suis pas certain qu’on trouve autre chose que des coquillages à lui ramener ici.” Il précise et propose dans un rire, lui qui pourtant aurait sans doute apprécié un cadeau à base de coquillages. Un jour peut-être, c’est son enfant qui le lui en ramènera un, et Swann de l’exposer telle la Huitième Merveille du monde.

“Je crois que finalement, ça va me manquer de pas partir en vacances tous les deux mois.” Oh, il retirera bien rapidement ces mots quand il aura repris le chemin du travail et recommencera à apprécier le fruit de son travail auprès de ses patients, mais pour l’heure il est vrai qu’il apprécie sans doute un peu plus que de raison tout ce temps passé auprès de Rory, quand bien même beaucoup de leurs voyages sont construits sur les cendres de disputes plus ou moins douloureuses. Un mal pour un bien, certains diront, là où Swann est certain qu’ils pourraient se contenter de vivre uniquement de biens pour être pleinement heureux. Il se serre un peu plus contre lui encore, un vent frais laissant s’installer la chair de poule sur son bras laissé ballant.

caught up in a dream.

@SWANN BUCHANAN & RORY

A défaut d'être encore parfaitement rétablie, sa jambe allait enfin beaucoup mieux. La douleur ne subsistait presque plus, les anti-douleurs n'étaient plus nécessaires et Rory retrouvait progressivement une pleine autonomie, d'autant plus appréciable qu'il pouvait en profiter auprès de Swann, sous le soleil indonésien. Certains diraient qu'ils étaient partis sur un coup de tête, lui se contenterait de dire qu'ils avaient suivi leur cœur et profité de l'occasion de s'évader pour oublier les dernières semaines. Ils n'avaient qu'à se laisser porter, profiter de chaque instant et lézarder des heures sur la plage sans avoir à s'inquiéter de rien, pas même d'une vieille blessure qui cette fois avait l'interdiction formelle de se réveiller. Ils évitaient pour ça toutes les activités à risques, bien trop conscients que même les vacances les plus idylliques ne tenaient parfois qu'à un fil. Ils avaient appris de leurs erreurs, ensemble, et en étaient à nouveau ressortis plus forts. Rory, lui, était plus heureux que jamais de pouvoir enfin mettre ça derrière eux. “Attention, je vais finir par froncer les sourcils.” Son sourire amusé répondit à celui de Swann, qui insistait comme bien souvent pour qu'il garde son couvre-cheffe sur la tête. Si Rory jouait toujours volontiers les élèves indisciplinés, ce n'était toujours que pour le taquiner. « Et si j'arrive à te trouver une glace pour me faire pardonner, tu bouderas quand même ? » De tels propos avaient presque l'allure d'un défi que Rory se lançait à lui-même, pourtant il n'y avait pas encore l'ombre d'un marchand de glace à perte de vue, cette partie de la plage se voulant bien moins touristique. Ils pouvaient voir leur hôtel d'ici, la vue depuis le balcon se voulant tout aussi époustouflante que celle dont ils profitaient maintenant. Distrait par la sonnerie du téléphone de Swann, Rory posa finalement sur lui un regard soucieux lorsque son petit-ami filtra aussitôt l'appel. « Tu peux répondre, tu sais. Ça m'embête pas. » Ils s'étaient promis de ne rien laisser les déranger durant ces quelques jours, mais ça ne voulait pas dire que Swann ne pouvait pas répondre à un simple coup de fil. Qui plus est, qu'il ne lui dise pas qui venait de l'appeler lui laissait craindre qu'il puisse s'agir de sa mère, un sujet qu'il savait susceptible de lui causer du souci.

“On devrait ramener un cadeau à Donna ou quelque chose.” Rory reporta toute son attention sur son petit-ami, touché qu'il ait une pensée pour son agente et lui semble si reconnaissant depuis que Donna avait soumis l'idée de ce voyage. « C'est vrai qu'elle a eu une bonne idée en nous parlant de cet endroit. » C'était comme si elle lisait toujours en lui, devinant quand il avait besoin de s'évader quelques jours loin de Brisbane et se remettre de sa blessure aux cotés de l'homme qu'il aimait. Pour sûr, elle le connaissait par cœur. « C'est magnifique, ici. Et tellement reposant. » Lui aussi était extrêmement reconnaissant à Donna de l'avoir laissé partir, alors même qu'il avait déjà pris plusieurs mois de repos et avait laissé plusieurs projets de films en suspens derrière lui. Ce n'était que partie remise, et il savait qu'elle en était bien consciente. Ils se fiaient totalement l'un à l'autre, et c'est en ça que leur relation lui était si importante depuis toutes ces années. “On passera en ville le jour où on reprendra l’avion, je suis pas certain qu’on trouve autre chose que des coquillages à lui ramener ici.” Rory hocha doucement la tête, approuvant cette idée sans que ça n'ait rien d'une surprise. En ville, ils ne manqueraient pas de choix pour gâter leurs proches – parce qu'il paraissait évident, quand on les connaissait, qu'ils ne sauraient pas s'arrêter à Donna. « Je suis sûr qu'on pourra lui trouver quelque chose de typiquement local. Et je suis sûr que si je lui dis que c'est toi qui l'a personnellement choisi, ça lui fera encore plus plaisir. » Il glissa dans un sourire. « Elle t'apprécie vraiment beaucoup. » Et à juste titre, si on lui demandait son avis. Pourtant cette fois ce n'était pas seulement parce que Swann avait cet effet là sur quiconque le rencontrait et le trouvait aussitôt attachant. C'était aussi parce que Donna savait mieux que personne qu'il rendait Rory heureux et était depuis des mois – des années, en réalité – la source de tous ses sourires.

Et des sourires, il y en avait déjà eu des tas depuis leur arrivée sur place, chaque minute de temps étant consacrée à se créer de nouveaux souvenirs dans ce cadre paradisiaque. “Je crois que finalement, ça va me manquer de pas partir en vacances tous les deux mois.” Blotti dans les bras de son petit-ami, Rory laissa échapper un léger rire puis pivota son visage vers le sien de façon à le rassurer. « J'ai promis à Donna de me remettre au travail dès notre retour, mais ça veut pas dire que tu me perdras de vue ou qu'on pourra plus rien faire. On a toujours une maison à trouver. » C'était une promesse, celle qu'il ne recommencerait pas à se noyer dans le travail ou à passer son temps entre deux avions simplement parce que ses tournages le nécessitaient. Il lui avait promis de moins en faire, d’aménager son temps différemment et de façon à pouvoir le passer auprès de lui, à Brisbane, tout en continuant de faire ce qu'il aimait. Et lorsqu'ils seraient prêts, ils reprendraient aussi leurs projets communs là où ils les avaient laissé : celui de trouver une maison, de travailler main dans la main sur les plateaux de tournage et, bien sûr, de fonder une famille. « On pourrait en chercher une près de la plage, si tu veux te sentir dépaysé à chaque fois que tu regarderas dehors. » Ce n'était qu'une idée que Swann était parfaitement en droit de balayer, simplement il aurait ainsi l'impression d'être toujours un peu en voyage. La plage n'était pas un paysage avec lequel l'anglais avait grandi, elle avait forcément un caractère plus dépaysant pour lui. « J'ai peur de finir blasé par le paysage si t'es pas là pour me rappeler à quel point il est unique. » Il souffla dans un petit sourire, mais sans beaucoup de sérieux. Rory avait peut être grandi suffisamment proche de l'eau pour que la plage ait toujours fait partie du panorama qu'il avait connu, il était malgré tout bien trop amoureux de l'océan pour un jour cesser de s'émerveiller devant lui. Tout comme il s'émerveillait à cet instant d'observer Swann, l'air contemplatif.

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“Est-ce que j’ai l’air d’avoir huit ans et la capacité à arrêter de bouder avec une glace ?” Il riait, Rory, inévitablement attendri par chaque tentative de Swann de lui tenir tête même quand ils savaient l'un comme l'autre que ses traits restaient bien trop doux pour lui donner l'air crédible. « Disons que je m'assurerai d'avoir toujours des glaces au congélateur, dans notre future maison. » Et il aurait tout aussi bien pu se contenter de lui sourire, comme à cet instant, ou de caresser sa joue comme ses doigts entreprirent de le faire lorsqu'il se rapprocha encore un peu plus. “Ok, ouais, peut-être bien. C’est malin, j’en veux vraiment maintenant.” Et pas l'ombre d'une grimace n'aurait pu éclipser le sourire de l'acteur, au contraire plus radieux et amusé encore, simplement parce que c'était le genre de moments qu'il voudrait éternellement partager avec Swann. Pas forcément au bord de la mer, pas forcément au bout du monde, pas forcément pour une histoire de glace. Car c'est au quotidien qu'il voulait entendre son rire, contempler les fossettes au creux de ses joues et s'amuser d'un rien avec lui. « Mince, tu veux dire qu'on va pas avoir d'autre choix que de prévoir une escale au marchand de glaces le plus proche ? Quel dommage. » Bon, d'accord, peut être qu'en réalité une glace viendrait aussi parfaire cette journée, bien qu'elle n'en ait pas besoin pour être des plus douces. Et si le cadre rendait leurs cœurs particulièrement légers, c'était avant tout la présence de Swann qui faisait comme chaque fois son bonheur. Lorsque la sonnerie du téléphone de l'anglais retentit, pourtant, Rory décela une émotion quelques peu différence dans le regard de son petit-ami. Suffisamment en tout cas pour qu'il s'assure qu'il n'avait pas filtré cet appel uniquement parce qu'il croyait le devoir. Qu'ils soient en vacances et profitent d'un moment de calme ne changeait rien au fait qu'il était parfaitement libre de répondre, ne serait-ce que pour demander à la personne qui désirait le joindre de rappeler plus tard. “Moi ça m’embête. Je veux profiter de toi.” Et loin de lui l'envie de rétorquer quoi que ce soit, surtout quand la douceur de son sourire parlait déjà pour lui. Pourtant Rory ne put garder pour lui les mots qu'il partagea ensuite. « D'accord. Mais si jamais c'était pas l'unique raison pour laquelle t'as pas décroché, j'espère que tu sais que tu peux tout me dire. » Et que si une partie de lui n'avait pas envie de répondre, peut être parce qu'il s'agissait de sa mère comme Rory l'avait pressenti lorsque le regard de Swann s'était échoué sur l'écran, il savait qu'il n'était pas obligé de garder ça pour lui. L'australien pouvait tout entendre, y compris qu'il ne tienne pas à recevoir de ses nouvelles dans un moment où tout ne pourrait pas mieux se passer, et alors que ses appels avaient bien souvent en commun de bouleverser Swann. Jamais il ne lui reprocherait de vouloir profiter de ce voyage sans vouloir laisser quoi que ce soit d'extérieur les atteindre, parce qu'il le désirait tout autant que lui. « On n'est pas non plus obligés d'en parler maintenant. » Il souffla tout bas, resserrant ses doigts autour des siens comme pour lui rappeler qu'il était là et qu'il n'irait nulle part. Qu'il pourrait toujours tout lui dire, même ce qu'il ne dirait à personne d'autre, et qu'il n'y avait rien en ce monde qui puisse un jour lui faire reconsidérer son amour pour lui ou son envie de passer le restant de ses jours à ses cotés.

Rien qui puisse non plus lui faire regretter d'avoir cédé à l'appel de ce voyage, qui constituait une merveilleuse occasion de profiter d'un peu d'accalmie à ses cotés après quelques semaines un peu difficiles. Le seul fait d'être ici avec Swann, de pouvoir embrasser sa peau réchauffée par les rayons du soleil et de pouvoir prévoir avec lui de gâter leurs proches, ça suffisait à le rendre pleinement heureux. “Surtout quand on va de la plage à l’hôtel et de l’hôtel à la plage.” Oh, à nouveau son sourire suffisait à traduire combien ce simple programme pouvait combler Rory. Peu importe qu'il n'ait effectivement rien de tellement original ou qu'il puisse même donner l'impression qu'ils gâchaient une partie de leur temps à profiter de la même vue, encore et encore, sans pourtant jamais s'en lasser. Ils se fichaient de tout ça, autant parce qu'il leur suffisait de s'asseoir comme maintenant à quelques dizaines de mètres de leur hôtel pour se sentir dépaysés que parce qu'ils auraient de toute façon des milliers d'autres occasions de s'évader ensemble. Ils iraient partout où ils voudraient aller, c'était une promesse que leurs regards ancrés l'un à l'autre suffisaient à immortaliser. « La dernière fois qu'on a dérogé à ce programme on a rencontré quelques difficultés, alors je suis d'avis de le suivre à la lettre. » Il glissa dans un petit sourire en coin, aussi comme une manière de dédramatiser une bonne fois pour toutes ce qui s'était passé en Nouvelle-Zélande, et combien sa blessure au genou avait bouleversé leur quotidien après ça. Ce n'avait pas été des moments faciles, mais ils les avaient surmonté comme tant d'autres choses et n'étaient aujourd'hui que plus heureux encore de pouvoir profiter pleinement de cette nouvelle escapade, sans fausse note cette fois-ci. Rory y veillerait personnellement, et si ça voulait dire éviter de s'aventurer beaucoup plus loin qu'autour de leur hôtel, alors ça n'était pas un si grand prix à payer que ça. Pas quand se blottir entre les bras de son petit-ami et admirer avec lui cette vue sensationnelle était déjà la plus belle chose qu'il puisse expérimenter au cours de ce voyage. Il ne voudrait pas être ailleurs qu'ici auprès de lui. “Moi aussi. C’est vraiment quelqu’un de bien.” Ce n'est pas Rory qui lui donnerait tort au sujet de son agente, encore moins après tout ce qu'elle avait fait pour lui au cours des dix dernières années. Donna était véritablement devenue comme une figure maternelle pour lui, et un repère qui lui était précieux. “Je suis content que tu l’aies dans ta vie.” Et le sourire étirant les lèvres de l'acteur se fit plus doux encore. « Tu sais, c'est exactement ce qu'elle m'a dit à ton sujet la première fois qu'elle t'a rencontré. » Et il n'avait sans doute pas besoin de lui préciser qu'il n'oserait jamais lui mentir à ce sujet : Swann connaissait Donna par cœur et savait que c'était le genre de choses qui avaient assurément effleuré l'esprit de son agente le jour où Rory les avait présenté. Comme de beaucoup d'autres de ses proches, à vrai dire. « Maintenant, c'est plus « Ne le laisse plus jamais filer sinon gare à tes fesses. » » Et c'est son rire qui s'éleva autour d'eux avant que Rory ne dépose finalement sa tête sur l'épaule de son petit-ami, comme une manière de dire qu'il n'avait pas même besoin des menaces de Donna pour savoir qu'il ne prendrait plus jamais le risque de le perdre, lui, sans qui rien n'avait le moindre sens. Il l'avait expérimenté une première fois, la mort dans l'âme, et s'était promis de ne plus jamais le perdre. Il l'aimait au point que tout lui paraîtrait plus supportable qu'une vie loin de lui.

“Et on la trouvera, notre maison.” « Bien sûr que oui. » Et il s'en faisait une telle joie qu'à coté, le temps qu'ils pouvaient bien passer à éplucher toutes les annonces de la ville avait bien peu d'importance. Ils ne seraient pas les plus difficiles, mais il y avait malgré tout certaines choses sur lesquelles ils n'étaient pas prêts à faire des concessions pour trouver la maison qui leur correspondrait parfaitement, celle qui accueillerait un jour leur famille. Ils étaient prêts à prendre le temps qui serait nécessaire pour que le coup de cœur s'impose à eux, un jour où ils seraient absolument certains que l'endroit qu'ils auraient choisi aurait tout pour faire leur bonheur. “Je serai le premier heureux de te voir travailler à nouveau, et c’est même pas uniquement parce que ça veut dire que je vais pouvoir cuisiner sans que tu me regardes avec tes yeux curieux.” Il le savait, évidemment, mais l'entendre de la bouche de Swann valait tout à ses yeux. Parce qu'il n'aurait pas hésité à renoncer à ce boulot s'il avait du craindre de le perdre une seconde fois, parce que c'était lui qui comptait plus que n'importe quoi d'autre, y compris sa plus grande passion et un job qui le rendait sincèrement heureux. « Je risque quand même d'avoir un gros pincement au cœur le jour où je repartirai travailler. Même si je sais que ce sera pour mieux te retrouver ensuite. » Chez eux tout d'abord, puis lorsque Swann prendrait part à cette nouvelle aventure professionnelle et qu'ils pourraient aussi profiter l'un de l'autre sur leur lieu de travail – quand bien même ils s'assureraient d'être professionnels et garderaient les marques d'affection pour leurs différentes pauses. Ce n'était pas un détail qui risquait de l'inquiéter le moins du monde : il serait avec lui et ses journées n'en seraient que plus épanouissantes encore. “J’espère que je reste ton premier choix pour réviser tes textes.” Son sourire retrouva une teinte plus malicieuse, son regard retrouvant celui de Swann tandis qu'il souffla sans l'ombre d'une hésitation. « Mon premier et mon unique choix. » Il l'était depuis le premier jour, depuis cette soirée dans son loft où Swann ne lui avait pas seulement donné la réplique mais lui avait aussi et surtout volé son cœur. Ce cœur qui n'avait toujours fait que battre plus fort pour lui, même quand il paraissait encore un peu trop tôt pour qu'il se l'avoue – et pour qu'il l'avoue à Swann. De tels moments paraissaient aujourd'hui si loin et pourtant, Rory y repensait avec une émotion immense. Au moins, il pouvait aujourd'hui l'embrasser autant qu'il le voulait chaque fois qu'il lui faisait répéter son texte – et dieu sait que Rory ne s'en privait jamais. « Pour ça comme pour beaucoup d'autres choses, tu auras toujours l'exclusivité. » Beaucoup d'autres choses qu'il n'avait probablement pas besoin de préciser tant elles paraissaient évidentes, rien qu'à cet instant où ses yeux ne voyaient que par lui. Il n'était pas seulement son grand amour, depuis déjà des années, il était aussi le seul avec qui il ait jamais rêvé de concrétiser le moindre de ses rêves. Le père de ses futurs enfants, son futur mari et l'homme auprès de qui il passerait chaque jour, les plus heureux comme les plus tristes : Swann était tout ça à la fois et encore tellement plus. “Ça fait partie du deal, mon cœur. Je sais que tu n’auras jamais des horaires de bureau et que tu continueras de voyager mais tout est différent, maintenant.” Ses lèvres retrouvèrent la plus douce des esquisses, trahissant déjà combien ces quelques mots le rendaient heureux. C'est vrai, les épreuves qu'ils avaient eu à traverser avaient consolidé leur amour et les avaient aussi rendus plus forts, ensemble comme séparément. Aujourd'hui écrire ce futur avec Swann n'avait jamais autant eu un goût d'évidence et ils savaient que rien ne les empêcherait plus d'être heureux, pas seulement aujourd'hui ni demain, mais aussi pendant les prochaines décennies. Quelques voyages, au milieu d'autant de certitudes, paraissaient finalement bien peu. Et bientôt, c'est ensemble qu'ils s'envoleraient à nouveau et s'émerveilleraient d'un endroit puis d'un autre, où ils se créeraient de nouveaux souvenirs. “J’ai confiance en toi et en nous. Et je suis fier de toi.” De tels mots, que si longtemps Rory avait espéré entendre de la bouche de ses propres parents, avaient toujours eu bien plus de sens encore de la bouche de l'homme qu'il aimait. Ainsi son cœur rata un battement ou deux avant qu'il ne lui sourit avec émotion. « Et moi je suis si fier qu'aujourd'hui tout le monde sache que mon cœur est pris. Être ton petit-ami, ça a toujours été mon plus beau rôle. » Et s'il ponctua ses mots d'un petit rire, c'est uniquement parce que l'émotion était à deux doigts de lui faire dire l'inverse de ce qu'il ressentait. « Enfin, tu m'as compris. » Partager sa vie, ça n'avait justement rien d'un rôle et c'était tout ce qu'il y avait de plus précieux au monde à ses yeux. Il pourrait se lasser d'absolument tout, y compris des lumières d'un plateau de tournage, mais jamais de lui.

Et plus il réfléchissait à l'endroit où il se verrait vivre avec lui, plus Rory ne pouvait s'empêcher de les imaginer en bord de mer, profitant à tout instant d'une vue imprenable sur l'océan et se laissant bercer par le bruit des vagues. “J’adorerais. Mais faudra que je prenne des leçons de châteaux de sable avant qu’on ait notre famille, par contre.” Oh, Rory ne se faisait pas le moindre souci à ce sujet : ils seraient prêts, pour ça comme pour tout le reste, cette famille étant tout ce qu'ils désiraient le plus au monde. Ils ne laisseraient rien au hasard lorsque le moment serait venu, et Swann saurait probablement construire les plus beaux châteaux de sable que quiconque ait jamais vu. « Je suis sûr que Noah se ferait une joie de t'apprendre à en construire. La prochaine fois qu'il passera nous voir on aura qu'à organiser une journée à la plage. » Il proposa, cette seule image suffisant à répandre l'émotion au creux de son cœur. Swann savait combien Rory était attaché à Noah et qu'il était toujours heureux de l'accueillir, même que pour quelques jours. Il faisait partie de la famille de l'anglais et donc de la sienne, tout naturellement. “Peut-être que tu pourrais m’apprendre à surfer, même.” Cette fois son regard sonda le sien en silence, ne pensant pas même l'en déloger pour admirer le coucher de soleil à l'horizon. « C'est vrai, tu en aurais envie ? » Le surf faisait partie des activités laissées en suspend après la mort de Matt, parce que ça lui avait paru plus sûr et que Rory n'aurait jamais pris le risque de réveiller de douloureux souvenirs lorsque Swann apprenait encore à vivre avec la perte de son frère. A l'époque, il était encore trop tôt, mais à présent le temps semblait avoir adouci la douleur et refermé certaines plaies. “Matt a décrété que j’étais un cas désespéré, mais je suis sûr que c’est parce qu’il avait peur que je devienne meilleur que lui.” Swann parvenait aujourd'hui à évoquer le souvenir de Matt sans que ce ne soit plus aussi éprouvant, et le voir ainsi réchauffait considérablement le cœur de Rory, encore hanté par cette nuit où tout ce qu'il avait été capable de faire était le serrer de longues heures dans ses bras pendant que Swann vivait l'un des pires moments de sa vie. Le voir aussi apaisé avait tout pour le rassurer, parce que c'est aussi ce que Matt aurait voulu et qu'il le savait. « T'es quand même au courant que je suis bien moins doué que Matt et que t'aurais plus de chances avec un vrai prof ? » Il demanda dans un sourire doucement amusé et parce que pur australien ou pas, Rory avait toujours été meilleur sur un terrain de foot que sur une planche de surf. Quand bien même il s'en sortait honorablement. « Mais j'adorerais t'apprendre, alors tant pis si ça nous prend des mois. J'aurais pas osé te le proposer sans être sûr que tu étais prêt, mais je suis certain que Matt adorerait te voir monter sur une planche et admettre qu'il s'était trompé. » Oh oui, Matt aurait été le premier à l'acclamer lorsque Swann aurait été capable de tenir debout sur sa planche, parce que c'est ainsi qu'était Matt et qu'il aurait sans doute été infiniment heureux de le voir un jour apprendre à ses propres enfants à surfer eux aussi. “Si les médecins sont d’accord aussi, bien sûr.” « Les médecins disent que mon genou aura aucune séquelle, et puis mon petit-ami est justement kiné. Ça tombe bien. » Ça tombait tellement bien qu'il comptait justement reprendre une activité normale, quoi que progressivement, maintenant que sa jambe était presque entièrement rétablie. Les dernières semaines paraissaient maintenant loin et Rory avait plus que hâte de rattraper le temps perdu. “Je t’aime.” C'est contre son front qu'il apposa finalement le sien, l'espace d'un instant suspendu. Dire qu'il avait véritablement tout pour être heureux ne serait en rien exagéré. « Moi aussi, je t'aime. » Ça avait tout d'une évidence et méritait pourtant d'être dit et répété, parce que Swann lui mériterait toujours de l'entendre. D'avancer avec la certitude qu'il était heureux grâce à lui et qu'il l'aimait inconditionnellement. « Je me rends compte que je t'ai pas assez remercié pour toute la patience dont t'as fait preuve ces dernières semaines. Je sais que c'était pas évident, que moi j'étais pas toujours facile à supporter non plus. Et j'y serais pas arrivé sans toi. » Il souffla d'une voix douce mais assurée, ses mains encadrant à présent le visage de son petit-ami avec tendresse. « Merci, pour tout. Mais surtout d'être un petit-ami en or. » D'être lui, tout simplement. De toujours donner de sa personne sans concession et de faire son bonheur chaque jour. Merci de le soutenir en dépit des épreuves, quelles qu'elles soient. « J'espère que je pourrai toujours profiter de tes massages, même maintenant que ma jambe est guérie. Tu sais ce qu'on dit, il faut prendre aucun risque. » Et oui, c'était bien lui qui quelques minutes plus tôt assurait qu'il n'aurait aucune séquelle, et qui maintenant ne pouvait retenir le sourire malicieux au coin de ses lèvres.

Le sujet est simple, doux, sans importance apparente. Ils ne parlent que de glace comme s’ils étaient des enfants avec, miraculeusement, quelques dollars en poche pour se faire plaisir. Elles ne sont qu’une excuse comme une autre pour s’autoriser à rêver davantage encore à cette maison qui sera la leur et à tout ce qui la composera, parfaite bâtisse sortie tout droit de leurs rêves. Swann s’accroche aux paroles de son petit-ami, même s’il se laisse sans doute un peu plus bercer par le ton de sa voix plutôt que les mots en eux-même. L’un comme l’autre, rien ne l’empêche de le serrer davantage encore contre lui et de s’amuser de sa répartie. “C’est vraiment un programme sans pitié pour des vacances, ça.” Il rétorque face à l’idée (devenue un véritable besoin) de faire un petit détour vers le marchand de glace des environs, chose qu’ils ne feront pourtant qu’une fois le soleil couché pour de bon. D’un ton bien moins enjoué, Rory précise sa pensée quant à l’appel que Swann a rapidement refusé et passé sous silence, sans avoir besoin de préciser la personne au bout du fil tant tout paraît être évident. « D'accord. Mais si jamais c'était pas l'unique raison pour laquelle t'as pas décroché, j'espère que tu sais que tu peux tout me dire. » Ne pas vouloir penser à autre chose qu’à lui pendant leurs vacances est la raison principale de son refus de décrocher mais Rory le connaît assez pour savoir qu’il n’y a pas que ça et, comme toujours, il se contente de suggérer l’idée d’un ton calme, amenant Swann à le remercier pour ça. Et pour tout le reste. « On n'est pas non plus obligés d'en parler maintenant. » L’anglais note qu’il serre un peu plus fort ses doigts, il en profite pour caresser le dos de sa main pour le rassurer. “On en parlera. Plus tard. Ça ne presse pas.” Il lui assure donc dans un sourire, pensant le moindre de ces mots. Bien sûr qu’il sait qu’il peut tout lui dire, simplement il estime qu’en parler ne réglerait en rien le problème en cet instant alors il préfère continuer à profiter de cette soirée avec lui, sans le moindre tracas. Un baiser contre sa tempe finit de le lui confirmer, merci silencieux de son temps.

« La dernière fois qu'on a dérogé à ce programme on a rencontré quelques difficultés, alors je suis d'avis de le suivre à la lettre. » Sur un fond de vérité qui n’est pourtant pas comparable à les vacances du moment, Swann ne peut pourtant qu’être d’accord avec son petit-ami, déplaçant ses bras et ses jambes pour qu’il puisse se blottir le plus confortablement possible contre lui, le tout pour déjà l’étouffer sous son étreinte la seconde suivante. Il ne sait pas comment il a fait pour passer autant de temps loin de lui l’année passée alors qu’il a l’impression d’être une coquille vide s’il ne l’enlace pas ou ne l’embrasse pas désormais. “J’aime les choses telles qu’elles sont.” Leur programme en Indonésie autant qu’eux, leur situation, leurs rêves. Tout est sous-entendu mais le sourire de l’anglais ne laisse finalement que très peu de place au doute d’aucune sorte. Lorsque la discussion dérive vers Donna, il n’en perd pas pour autant son sourire, estimant et admirant énormément cette femme qui a tant d’importance dans la vie de Rory. « Tu sais, c'est exactement ce qu'elle m'a dit à ton sujet la première fois qu'elle t'a rencontré. » Les yeux qu’il écarquillent doucement trahissent sa surprise et, rapidement, c’est une certaine émotion qui l’emporte alors qu’il sourit en déportant son regard vers le sol, fier et ému. « Maintenant, c'est plus « Ne le laisse plus jamais filer sinon gare à tes fesses. » » Finalement, le rire du brun trouve écho dans celui de son petit-ami, ce dernier accueillant avec délicatesse sa tête contre son épaule. La main de Swann remonte depuis son dos vers l’arrière de son crâne et ses cheveux entre lesquels il s’immisce. Il y a peu de temps encore, une telle réplique aurait ravivé une flamme mélancolique et désolée en lui. Aujourd’hui, il sait qu’un tel scénario ne se reproduira plus jamais. “Gare à tes fesses, Rory Craine.” Il répète donc, amusé, pensif, se retenant de l’embrasser uniquement parce que l’acteur est blotti contre lui et qu’il ne voudrait un seul instant l’en déloger.

Sur le même ton ou presque, il en profite pour le rassurer et insister sur le fait que leur relation ne changera pas le jour où Rory reprendra le chemin des plateaux. Ils ont appris de leurs erreurs et sont plus soudés que jamais, surtout alors que maintenant il est aussi prévu que Swann le suive pour exercer une nouvelle version de son métier. « Je risque quand même d'avoir un gros pincement au cœur le jour où je repartirai travailler. Même si je sais que ce sera pour mieux te retrouver ensuite. » Ses bras viennent de nouveau l’entourer, rassurants, alors que le dos de Rory trouve place contre le torse de Swann. “J’aurai aussi un pincement au coeur mais ce n’est pas une mauvaise chose pour autant.” Parce qu’ils se retrouveront quoi qu’il advienne juste ensuite, parce que cela sera enfin synonyme de Rory qui renoue avec sa passion, parce que Swann pourra s’adonner de nouveau à son passe-temps favori en l’observant silencieusement jouer sur la caméra en plein tournage. Parce qu’il aura autant de raisons supplémentaires de lui rappeler qu’il est merveilleux et aimé - tant qu’il reste son premier choix pour l’aider à apprendre et réviser ses textes, il le précise. « Mon premier et mon unique choix. » Le sourire de Swann est tout aussi amusé, tout aussi malicieux aussi alors qu’ils sont les seuls à comprendre tout ce que ces quelques mots sous-entendent. « Pour ça comme pour beaucoup d'autres choses, tu auras toujours l'exclusivité. » La main de Swann, jusque-là posée au-dessus de son genou, remonte doucement le long de sa cuisse, s’arrêtant le plus haut possible et recommençant le même parcours sans même qu’il n’ait à y penser. “Je suis pas certain de savoir ce dont tu parles, il faudrait qu’on ait de nouveau cette discussion plus tard.” Ses lèvres embrassent sa tempe, il lui offre un sourire plus malicieux que jamais, n’ayant pas un seul instant douté de ce à dont Rory voulait parler.

« Et moi je suis si fier qu'aujourd'hui tout le monde sache que mon cœur est pris. Être ton petit-ami, ça a toujours été mon plus beau rôle. Enfin, tu m'as compris. » - “Je t’ai compris, oui, bien sûr.” Et il l’aime terriblement, au point de ne plus savoir comment il a pu cacher de tels sentiments pour lui durant autant d’années et lui imposer ce silence douloureux alors qu’il ne s’est jamais senti aussi libre et lui-même qu’en acceptant leur amour au grand jour. Ca a toujours été lui et, au fond, Swann l’a toujours su. Le grand amour de sa vie, le premier, un homme, peu importe. C’est Rory, et tout ce que ce prénom implique, sans la moindre nuance ni contrepartie. C’est avec lui qu’il se permet de rêver sans demi-mesure, chose à laquelle il s’est longtemps refusé, ne se jugeant pas apte à planifier le futur de la sorte. Avec lui aussi, ce sentiment a changé et evolué. « Je suis sûr que Noah se ferait une joie de t'apprendre à en construire. La prochaine fois qu'il passera nous voir on aura qu'à organiser une journée à la plage. » Il devrait proposer à son neveu de passer, lui qui sait par avance qu’une telle visite ravirait autant Noah que Rory - et lui-même aussi, au passage. Il hoche la tête vivement, convaincu que cette idée se doit d’être mise en place. “On l’utilisera comme excuse pour acheter des glaces.” La gourmandise du jeune McGrath n’était plus à prouver, il sera le premier à courir vers le camion, le couple suivant juste derrière.

C’est d’une voix pourtant bien différente qu’il propose à Rory de lui apprendre à surfer. Le sujet, qui aurait pourtant tout pour paraître simple et sans conséquence, en est pourtant lourd. Le ton même de la réponse que son petit-ami lui offre trahit une pointe de soulagement ou bien d’inquiétude, il ne saurait le dire. « C'est vrai, tu en aurais envie ? » Silencieusement, il hoche doucement la tête. Ne pas avoir profité de la présence de son frère à ses côtés pour apprendre à nager est l’un des plus grands regrets de sa vie. « T'es quand même au courant que je suis bien moins doué que Matt et que t'aurais plus de chances avec un vrai prof ? » - “Mais tu te doutes que j’en ai pas grand chose à faire de n’importe quel vrai prof.” Il reprend dans un sourire, ne voulant pas prétendre à devenir un champion, ni même fondamentalement doué sur une planche. C’est avec Rory et personne d’autre qu’il veut partager ce genre d’instant, pour des raisons évidentes. C’est lui qu’il veut observer sur une planche, aussi, qu’il avouerait s’il était complètement transparent. « Mais j'adorerais t'apprendre, alors tant pis si ça nous prend des mois. J'aurais pas osé te le proposer sans être sûr que tu étais prêt, mais je suis certain que Matt adorerait te voir monter sur une planche et admettre qu'il s'était trompé. » Il reprend sa main dans la sienne pour l’embrasser, le rassurer aussi au passage. Il a toujours un pincement au cœur lorsqu’il est question de son frère disparu trop tôt mais plus le temps passe et plus les doux souvenirs prennent le dessus sur l’infinie tristesse. “Merci.” De le comprendre, de l’aider, de savoir ce qui le touche sans même que Swann ait à poser de mots dessus. « Les médecins disent que mon genou aura aucune séquelle, et puis mon petit-ami est justement kiné. Ça tombe bien. » - “Ils recommanderaient sûrement le double de massages après les séances de surf, ça devrait pouvoir s’arranger.” Il n’a jamais été aussi heureux d’avoir choisi une telle vocation que depuis qu’il peut, à son niveau, aider Rory à aller un peu mieux et le suivre dans tous ses efforts pour aller mieux.

Leurs fronts posés l’un contre l’autre, l’anglais ferme les yeux et se laisser bercer par le bruit des vagues autant que les doux mots de l’homme qu’il aime. « Moi aussi, je t'aime. » Ses doigts jouent avec ses boucles entre lesquelles le sable s’est immiscé, signe ultime qu’ils profitent effectivement de leur temps de pause. « Je me rends compte que je t'ai pas assez remercié pour toute la patience dont t'as fait preuve ces dernières semaines. Je sais que c'était pas évident, que moi j'étais pas toujours facile à supporter non plus. Et j'y serais pas arrivé sans toi. » Swann ne niera pas que certains jours étaient plus difficiles que d’autres mais ce n’est pas pour autant qu’il a remis en question leur avenir ensemble ou même leur couple. Sa main continue de caresser ses cheveux alors qu’en retour, Rory place les siennes de part et d’autre de son visage. « Merci, pour tout. Mais surtout d'être un petit-ami en or. » Touché par ces quelques mots, il sourit avec émotion, ses yeux brillant d’une lueur nouvelle. “Tu le mérites, Rory. Tu fais toujours de ton mieux pour tout le monde, tu mérites qu’on soit là pour toi en retour.” Lui, ses amis, sa famille. Il est bien entouré, c’est indéniable, et Swann n’oserait jamais se considérer seul dans tout ceci, bien qu’il accepte volontiers d’être le seul à avoir une place dans son cœur. Pour ça, c’est différent. “Je te laisserai pas tomber. J’ai cru te perdre, quand tu es tombé, et ça m’a complètement détruit. Je laisserai pas ça arriver.” L’émotion est grande, sans doute plus nuancée aussi. Pourtant, il se devait de lui dire, il se devait d’être pleinement honnête avec lui, ayant désormais compris qu’il ne peut pas partager uniquement ses joies mais que ses peines doivent aussi suivre.
« J'espère que je pourrai toujours profiter de tes massages, même maintenant que ma jambe est guérie. Tu sais ce qu'on dit, il ne faut prendre aucun risque. » - “Je vais commencer à me demander si tu m’aimes pas uniquement pour mon métier.” Son sourire trahit son peu de sérieux quant à la question. Il est trop occupé à plonger des yeux amoureux dans les siens pour que quiconque puisse croire que le moindre doute l’habite, et tout est un peu plus confirmé encore lorsqu’il l’embrasse avec passion, ne doutant pas un seul instant que ce coin de plage leur appartient à eux et à eux seuls. “Je suis sûr d’avoir senti une contraction tout à l’heure, on devrait peut-être s’assurer de régler ce problème avant qu’il n’empire, t’en penses quoi ?” Il avait mis un terme à leur baiser bien malgré lui et le voilà qui le prolonge finalement sans vergogne après ces quelques mots, repoussant à plus tard la réponse que Rory pourrait lui donner, laquelle ne laisse pourtant que peu de place au doute.

caught up in a dream.

@SWANN BUCHANAN & RORY

“C’est vraiment un programme sans pitié pour des vacances, ça.” Et c'était un programme que, définitivement, Rory appréciait tout particulièrement. La simple idée de partir en quête d'un marchand de glace si tôt leur après-midi terminée et le soleil couché avait déjà tout pour le mettre en joie. Parce qu'il savait que Swann n'avait pas besoin de beaucoup plus pour être heureux et qu'il s'était promis que ces vacances-là se passeraient sans encombre. Et tant pis si ça voulait dire prendre moins de risques et rester proches de leur zone de confort : ils étaient heureux ainsi, à profiter de la présence l'un de l'autre et d'un panorama unique, et c'était précisément leur définition de vacances réussies. Ils auraient tout le temps de découvrir beaucoup d'autres choses, ensemble. Ils auraient toute une vie pour ça. Pour l'heure, la seule chose qui inquiète un tant soit peu Rory était ce coup de fil que Swann avait préféré filtrer et qu'il craignait de voir devenir une source de préoccupation pour son petit-ami. Qu'il n'ait pas envie de répondre tandis qu'ils profitaient d'un moment de calme était on ne peut plus compréhensible, simplement Rory voulait s'assurer que ça ne cachait rien de plus. Sans pour autant le forcer à avoir cette discussion, que ce soit maintenant ou à n'importe quel autre moment. Ils n'en discuteraient que si Swann le désirait, en attendant tout ce qu'il pouvait faire c'était s'assurer que son petit-ami soit certain de pouvoir tout lui dire. “On en parlera. Plus tard. Ça ne presse pas.” « D'accord. Quand tu voudras. » Et parce qu'il voyait bien que le moment n'était définitivement pas bien choisi et que Swann aspirait à oublier ce coup de fil, ils n'en reparleraient plus d'ici la fin de leur séjour. Son petit-ami voulait garder ça pour lui et décider du moment où il lui confierait ce qu'il avait sur le cœur, et Rory se devait de lui prouver qu'il lui faisait confiance pour gérer ce genre de choses sans avoir besoin qu'on s'inquiète continuellement pour lui. C'était cette confiance qui, il le savait, l'aiderait bien plus que de se sentir infantilisé et surprotégé en permanence, peu importe à quel point certaines choses restaient sources de craintes bien réelles pour Rory. Il devait simplement composer avec elles sans les faire peser sur son petit-ami.

“J’aime les choses telles qu’elles sont.” Parce que Swann allait bien, aujourd'hui, et que c'était véritablement tout ce qui comptait à ses yeux. Si ça n'était plus le cas demain, ou qu'un jour son cœur pesait à nouveau trop lourd et menaçait l'équilibre et la sérénité qu'il était parvenu à retrouver au cours des derniers mois, alors c'est ensemble qu'ils combattraient ses démons. Ensemble qu'ils affronteraient ces nouvelles épreuves, parce que quoi qu'il arrive l'idée de l'abandonner un jour était tout bonnement inconvenable. Il n'irait jamais nulle part, et sacrifierait encore moins leur avenir ensemble. Swann était son avenir, et son seul grand amour. Ce ne serait pas différent même si leur ciel se couvrait subitement de nuages. « Moi aussi. L'endroit où on peut bien se trouver est toujours qu'un détail, à mes yeux. » Parce que c'était lui, son seul véritable repère. Lui, qui faisait que chaque instant valait la peine d'être vécu, où qu'ils se trouvent. En vacances ou bien chez eux, à Brisbane, le bonheur était chaque fois au rendez-vous parce qu'ils étaient ensemble et qu'ils n'avaient pas besoin de beaucoup plus. « Même si je me plains pas de pouvoir profiter d'une telle vue. » Et c'était véritablement une chose pour laquelle il veillerait de nouveau à remercier son agente, décidément de bon conseil lorsqu'elle lui avait conseillé de prendre ces quelques jours de vacances avec son petit-ami. Donna avait toujours veillé sur leur histoire comme une marraine protectrice et son affection pour Swann n'était pas non plus un secret depuis toutes ces années. On pouvait dire qu'elle leur avait même toujours souhaité de se retrouver et de regoûter au bonheur. Autant dire qu'elle avait été l'une des premières que Rory ait mis dans la confidence, lorsque Swann et lui s'étaient effectivement remis ensemble. Et la joie de son agente n'avait laissé à ce moment-là laissé aucune place au doute. “Gare à tes fesses, Rory Craine.” Ses lèvres formèrent une petite moue amusée, Rory redressant juste assez son visage pour retrouver le regard de son petit-ami avec tendresse. Oh, Donna ne serait pas la seule à vouloir lui courir après avec une fourche s'il osait laisser filer un homme tel que Swann, il le savait. « Elles risquent rien, parce que t'es pas près de te débarrasser de moi. » Mais tous ceux qui le connaissent et connaissaient surtout son amour pour l'anglais n'étaient sans doute pas inquiets le moins du monde. Ces deux-là avaient échoué à vivre l'un sans l'autre une première fois, ils n'étaient pas près de vouloir un jour revivre une expérience aussi douloureuse.

L'idée de reprendre bientôt le chemin des plateaux de tournage, elle, le partageait entre la joie de se remettre enfin au travail après une trop longue immobilisation, et la peine provoquée par l'idée qu'il ne passerait plus le plus clair de ses journées auprès de Swann. Pour autant, Rory savait qu'ils ne resteraient jamais bien longtemps loin de l'autre, notamment parce qu'il n'était plus question de s'envoler plusieurs semaines loin de Brisbane si son petit-ami n'était pas du voyage. Quelques aménagements, voilà ce dont ils auraient simplement besoin pour que tout se passe au mieux. “J’aurai aussi un pincement au cœur mais ce n’est pas une mauvaise chose pour autant.” C'est vrai, Swann savait combien son métier était source d'épanouissement pour Rory, qui plus est depuis que sa carrière s'était remise sur les rails après l'affaire Byers. L'année dernière était décidément douloureuse à plus d'un titre mais les choses étaient toutes progressivement rentées dans l'ordre et à présent, elles ne pourraient mieux se porter. « Je sais. Et je me fais vraiment une joie de retourner au travail, ça m'a beaucoup manqué ces dernières semaines. » Il aimait ce qu'il faisait et ne pouvait pas imaginer y renoncer, sachant combien Swann et lui avaient aussi besoin de vivre de leur passion pour s'épanouir dans leur vie de couple. Ils étaient aussi fusionnels qu'on pouvait l'être et saisiraient toujours chaque occasion d'être ensemble, mais leurs boulots comptaient beaucoup à leurs yeux. « J'aime toujours l'agitation sur le plateau, même si j'aime encore plus nos moments rien qu'à nous. » Sa vie avec lui compterait toujours bien plus que tout le reste, c'est pourquoi il en ferait sa priorité et ne sacrifierait plus aucun de leurs moments pour courir après son rêve. Son boulot passerait en seconde position et il en était heureux, étant bien décidé à construire avec lui la vie dont ils avaient toujours rêvé, sans plus de concession sur leur bonheur. “Je suis pas certain de savoir ce dont tu parles, il faudrait qu’on ait de nouveau cette discussion plus tard.” Et le baiser que Swann déposa sur sa tempe autant que l'air malicieux de son petit-ami arrachèrent à Rory un rire sincèrement attendri – mais non moins équivoque, à son tour. « C'est définitivement une discussion qui mériterait de se poursuivre dans un endroit un peu plus intime. » Et s'il n'y avait que peu de doute sur l'endroit en question – d'autant plus alors que leur hôtel ne se trouvait toujours qu'à quelques centaines de mètres de la plage – Rory se contenta d'exprimer le fond de sa pensée par un sourire. “Je t’ai compris, oui, bien sûr.” Bien sûr, parce que Swann avait toujours lu en lui comme un livre ouvert, à tel point qu'il n'y avait véritablement rien que Rory puisse ou veille seulement lui cacher. Ainsi il savait que rien ne le rendrait jamais plus heureux que de partager son quotidien, ainsi que ces voyages où ils n'auraient plus la moindre obligation de se reconnecter au reste du monde le temps de quelques jours. C'était véritablement la vie qu'il aspirait à vivre, à chaque instant, à ses cotés. “On l’utilisera comme excuse pour acheter des glaces.” « Tu lis dans mes pensées. » Noah aurait toute sa place, lui aussi, dans l'avenir qu'ils s'apprêtaient à bâtir ensemble. Un jour le couple veillerait sur leurs propres enfants, lorsqu'ils auraient enfin goûté au bonheur immense de fonder une famille tous les deux, mais ça n'empêcherait jamais le jeune garçon de leur rendre visite. Au contraire, il aurait un jour de la compagnie pour courir jusqu'au marchand de glace ou se défouler d'un bout à l'autre de leur futur jardin. Toutes ces choses avaient beau n'être encore qu'hypothétiques, elles n'en étaient pas moins réelles dans l'esprit de Rory. « On a quelqu'un à lui présenter, en plus. Et je suis sûr que notre chien ne rêve que d'avoir un compagnon de jeu à sa portée. » Ce qui n'était pas exactement le cas avec Swann et Rory, quand bien même ils en prenaient soin comme de la prunelle de leurs yeux. L'animal, encore tout petit de part sa taille de chiot, ne se plaindrait sans doute pas d'avoir un mini humain avec qui jouer et chahuter durant des heures – car les enfants se fatiguaient aussi moins vite, c'était bien connu.

L'idée que Swann puisse vouloir apprendre à surfer avait finalement tout pour émouvoir Rory, qui savait que le sujet restait potentiellement sensible depuis l'accident qui avait malheureusement coûté la vie à Matt. C'est donc avec un immense soulagement qu'il abordait aujourd'hui la question avec Swann, devinant rien qu'à sa façon d'en parler qu'il le voulait réellement. Mais surtout qu'évoquer le souvenir de son frère se voulait beaucoup moins douloureux aujourd'hui, ce qui apaisait forcément son cœur éternellement inquiet de le voir à nouveau souffrir comme c'avait été le cas quelques mois plus tôt. Swann allait mieux, il le voyait véritablement à l'éclat bien moins triste dans son regard, et ça représentait absolument tout à ses yeux. “Mais tu te doutes que j’en ai pas grand chose à faire de n’importe quel vrai prof.” Alors il n'avait plus la moindre raison de retenir le sourire qui ne demandait qu'à étirer ses lèvres, sincèrement heureux que le sujet puisse être source de légèreté et non plus de tourments pour son petit-ami. Ils iraient en douceur, de toute façon, dans la pratique comme dans la théorie. « Tout bien réfléchi, ça m'aurait sûrement déplu de laisser quelqu'un d'autre t'apprendre à monter sur une planche. » Il confia d'un ton amusé, et parce que ça comptait forcément plus que tout à ses yeux que Swann le lui demande personnellement. Rory n'était peut être pas le meilleur, et l'histoire avait prouvé qu'il avait aussi encore un peu de boulot avant d'être un pédagogue digne de ce nom, mais il ferait de son mieux pour l'épauler à chaque instant. Et tout se passerait pour le mieux. “Merci.” C'est avec tendresse que son sourire répondit au sien et que Rory saisit doucement ses doigts entre les siens. Tout tombait finalement pour le mieux, maintenant que son genou était presque entièrement remis. “Ils recommanderaient sûrement le double de massages après les séances de surf, ça devrait pouvoir s’arranger.” Oh, voilà une idée qui ne serait absolument pas pour lui déplaire, comme en témoignait son petit air rieur. « Le triple, même. J'ai lu ça dans une revue médicale super sérieuse, si si, je te jure. » Et s'il n'était sans doute pas crédible le moins du monde, Rory s'en moquait bien tant que le sujet prêtait à sourire, comme c'était le cas à cet instant. Tout allait bien.

A présent si proche de Swann que les sons de leurs battements de cœurs se confondaient presque entre eux, Rory profita de cette étreinte pour le remercier pour tout ce qu'il avait fait pour lui, durant les dernières semaines qui par bien des égards n'avaient pas toujours été simples. Sa blessure et ses conséquences sur leur quotidien n'avaient en rien entamé la douceur et la dévotion de son petit-ami, qui au contraire avait redoublé de petites attentions à son égard lorsqu'il était forcé de se ménager. Swann avait été parfait, à chaque instant, et c'est grâce à lui que Rory avait véritablement tenu le coup. “Tu le mérites, Rory. Tu fais toujours de ton mieux pour tout le monde, tu mérites qu’on soit là pour toi en retour.” Son sourire se fit le doux miroir de celui de Swann, tandis que l'émotion se lisait dans la façon dont son regard brillait en l'observant. « Je ferai tout pour continuer de le mériter. Parce que j'ai jamais été plus heureux qu'aujourd'hui. » Et il n'avait pas même besoin de se montrer démesurément optimiste pour savoir que ce n'était qu'un début, et qu'ils vivraient encore de nombreux bonheurs ensemble, dans les prochains mois comme dans les prochaines années. Il y a tant de choses qu'il avait hâte de vivre à ses cotés, et tant d'autres encore qui s'imposeraient comme des évidences à leur tour. “Je te laisserai pas tomber. J’ai cru te perdre, quand tu es tombé, et ça m’a complètement détruit. Je laisserai pas ça arriver.” C'est cette fois un voile de tristesse qui recouvrit son regard, sa main cherchant doucement la sienne pour enrouler leurs doigts. « Mon amour... » Repenser à la tournure qu'avait connu leur dernier voyage ne lui retournait plus autant l'estomac que lorsque les souvenirs étaient les plus frais, pour autant Rory ne pouvait empêcher son cœur de se serrer, de culpabilité sans doute. Peut être que s'il avait fait plus attention, peut être que s'il avait mieux vérifié son matériel... il aurait pu éviter toutes ces frayeurs à son petit-ami. « Tout ce qui m'importait à ce moment-là, c'est que toi tu ailles bien. Et que je puisse m'en sortir pour ensuite passer le reste de ma vie auprès de toi. » Et c'est ce qu'il s'emploierait à faire, le baiser qu'il déposa au coin de ses lèvres faisant lui aussi office de promesse, tout comme la façon dont il replongea son regard dans le sien. Tout irait bien, à partir de maintenant, et après avoir traversé tant d'épreuves ensemble il n'y avait rien qu'ils puissent réellement craindre. Ils s'en sortiraient toujours, même dans les moments les moins évidents. La facilité seule ne l'intéressait pas : il voulait tout vivre avec lui, leurs joies comme leurs peines ou leurs moments de doutes. Absolument tout vivre. “Je vais commencer à me demander si tu m’aimes pas uniquement pour mon métier.” Finalement, c'est un sourire bien plus léger qu'il esquissa et qui trahit à son tour son amusement. Rory savait qu'il n'avait pas même à prendre la peine de répondre sérieusement, Swann sachant déjà qu'il l'aimerait de la même façon quelle que soit la voie qu'il aurait choisi de suivre, y compris s'il décidait d'en changer un jour. Il le soutiendrait et croirait toujours en lui. « Je t'aime pour un million d'autres choses, mais je nierai pas que je me sens extrêmement chanceux de t'avoir pour masseur personnel. » Il y avait néanmoins une part importante de vérité là-dessous, Rory n'ayant jamais caché qu'il lui faisait toute confiance pour s'occuper de ses muscles parfois malmenés par de longues répétitions ou des scènes particulièrement physiques – il n'en était pas à réaliser ses propres cascades, sachant que ça aurait pour effet d'inquiéter son petit-ami, mais certaines fois Rory repoussait ses limites un peu trop loin. Pour l'heure, cependant, prolonger leur baiser ne lui demandait pas le moindre effort et risquait encore moins de lui causer le moindre mal. Bien au contraire, il ne pourrait pas être plus heureux et en sécurité qu'entre les bras de Swann.

“Je suis sûr d’avoir senti une contraction tout à l’heure, on devrait peut-être s’assurer de régler ce problème avant qu’il n’empire, t’en penses quoi ?” « J'en pense que c'est toi, l'expert. Loin de moi l'envie d'aller contre ton avis de professionnel. » Et le sourire au coin de ses lèvres, finement malicieux, trahissait peut être bien les quelques idées qui effleurèrent aussitôt son esprit. « Tu vois, je pense que j'aurais adoré dormir chez l'habitant, découvrir cet endroit auprès de personnes qui connaissent vraiment les lieux et qui auraient eu énormément de choses à m'apprendre, mais... » Il y avait un mais, oui, comme en témoigna le regard un brin espiègle et amusé qu'il reposa dans celui de son petit-ami. « Je suis bien content qu'on ait pas à partager notre chambre avec qui que ce soit. Je suis pas sûr que j'aurais pu me passer de cette intimité pendant plusieurs jours. » Et Swann comprendrait fort bien de quelle intimité il voulait parler, alors que Rory promena ses doigts le long du bras de l'anglais, caressant sa peau jusqu'à s'échouer à hauteur de sa nuque et les glisser à travers ses boucles. « Sans compter que tu es bien trop séduisant pour que je veuille que plusieurs personnes te voient peu vêtu au réveil. » Son rire, pourtant, confirmerait à Swann ce dont il n'avait jamais eu à douter : Rory n'était pas quelqu'un de jaloux, tout du moins il avait bien trop confiance en son petit-ami pour se formaliser d'aussi peu de choses. Il ne partagerait pas son amour avec qui que ce soit, pas plus qu'il ne prendrait le risque de le perdre, mais il lui faisait entièrement confiance et savait qu'il était la dernière personne au monde qui pourrait lui faire le moindre mal. « Et oui, je sais que ce serait pas très différent de la coloc', je dis juste que je me fais de plus en plus à l'idée que je serai bientôt le seul à pouvoir en profiter. » Dans leur nouvelle maison, ce qui ne pouvait que l'emplir d'une joie encore plus grande. Ils n'avaient pas encore trouvé leur nouveau lieu de vie et n'avaient pas encore le nez dans les cartons de déménagement, mais Rory se connaissait suffisamment pour savoir qu'une fois qu'ils auraient eu leur coup de cœur, les choses s’enchaîneraient naturellement.

« Moi aussi. L'endroit où on peut bien se trouver est toujours qu'un détail, à mes yeux. » Plus que jamais, Swann comprend l’importante évidence de cette phrase et de son besoin d’être auprès de Rory, et ce bien avant de savoir où. Son amour pour lui n’a rien à voir avec tout ce que le brun peut lui offrir, matériellement parlant, même s’il est vrai qu’il est heureux de pouvoir profiter à ses côtés de tels instants privilégiés et de vacances tout confort. Seulement, il est aussi bien placé pour savoir qu’ils ont longtemps payé le prix fort d’une telle vie et qu’ils ont enfin le droit d’en profiter comme il se doit désormais. « Même si je me plains pas de pouvoir profiter d'une telle vue. » Les paroles de l’acteur complètent ses pensées, il se contente une fois de plus de replacer ses bras tout contre lui pour l’étreindre et profiter autant que possible de sa présence. « Elles risquent rien, parce que t'es pas près de te débarrasser de moi. » Il trouve son regard un instant, replace une mèche qui ne cachait pas le moins du monde le visage du brun. “J’y compte bien.” Parce que lui non plus n’a aucune intention de s’éloigner de lui, encore moins sur le long terme, et surtout pas de façon définitive.

Puisque le sujet dérive doucement vers leur imminent retour à la vie réelle et surtout le retour au travail de Rory, Swann tente de le rassurer à ce sujet, lui assurant que plus rien ne sera comme avant et qu’il n’est pas prêt de lui reprocher ses absences répétées et prolongées. A commencer parce qu’il ne les verra plus du même oeil, lui aussi voué à voyager à ses côtés, en sa nouvelle qualité de kinésithérapeute sur les tournages, pour être toujours aux côtés de l’homme qu’il aime. « Je sais. Et je me fais vraiment une joie de retourner au travail, ça m'a beaucoup manqué ces dernières semaines. » Et ça aussi, Swann le sait. Il l’a bien vu, tourner en rond comme un chien en cage, incapable de se concentrer, incapable de faire quoique ce soit qu’il juge productif. Il n’est pas de ceux qui aiment passer leurs journées à rien faire (n’en démente leurs vacances) et c’est ce quotidien qui commençait à le tuer à petit feu, sans que Swann ne puisse rien faire d’autre que l’observer devenir toujours un peu plus triste et sombre, sans pouvoir aider. Alors, il accueille ses paroles avec sourire en coin, plus doux et aimant que jamais - jusqu’au prochain, du moins. « J'aime toujours l'agitation sur le plateau, même si j'aime encore plus nos moments rien qu'à nous. » Il replace en arrière tous ses cheveux, désormais, encore humides d’une baignade improvisée. Ce n’est qu’une excuse pour sentir sa peau contre la sienne ; une de plus. “Tu auras les deux.” Il pourra reprendre sa passion et cela ne l’empêchera en rien de retrouver Swann une fois sa journée terminée, pour s’endormir contre ses bras à cause de la fatigue ou pour lui raconter ses aventures du jour pendant des heures et des heures. Et peu importe le programme, ce sera toujours avec des yeux éternellement reconnaissants et toujours surpris de partager la vie d’une personne aussi exceptionnelle que Rory Craine qu’il le regardera et l’aimera. Nul doute qu’ils occuperont leurs instants ensemble à d’autres activités bien moins sages, c’est aussi évident que le souligne leurs sourires amusés et leurs regards en biais. « C'est définitivement une discussion qui mériterait de se poursuivre dans un endroit un peu plus intime. » Déjà, son for intérieur le laisse penser qu’ils ne resteront pas sur la plage bien longtemps encore, sans que ce soit le moins du monde pour le déranger.

L’avenir semble plus doux que jamais alors qu’ils peuvent en parler sans crainte, de Noah qui jouera sur la plage avec eux, du chien qui deviendra le meilleur ami de son neveu, de toutes ces après-midi dont ils pourront profiter pour être heureux, simplement heureux, quand Rory ne s’époumonera pas à essayer de faire tenir l’anglais sur une planche de surf. Parce que ce n’est pas tant apprendre à surfer qu’il souhaite faire, mais bien partager ces moments de vie avec l’homme qu’il aime et l’une des personnes les mieux placées en ce monde pour comprendre toute l’importance et l’ambivalence de ce sport à ses yeux. Il serait le seul à comprendre que si Swann se fige sur la planche, ce n’est pas par peur de tomber ou Dieu sait quoi, mais bien parce que soudainement lui reviendront en mémoire bien trop de souvenirs douloureux liés à la disparition trop soudaine de son frère tant aimé. « Tout bien réfléchi, ça m'aurait sûrement déplu de laisser quelqu'un d'autre t'apprendre à monter sur une planche. » L’anglais répond à son sourire par un autre, préférant bien évidemment aborder le problème sous cet angle plutôt que de laisser place à un pathos peu le bienvenue en cet instant. Oh oui, bien sûr qu’il comptait aussi profiter de l’occasion pour observer avec attention son professeur d’un jour, quand bien même il le connaît déjà dans le moindre de ses détails. Swann laisse rapidement les sous-entendus derrière lui pour le remercier avec émotion, liant ses doigts aux siens pour appuyer le geste, n’en oubliant pas en retour que la santé physique reste à surveiller, quitte à passer de nombreuses heures à le masser, encore et encore sans jamais s’en lasser. « Le triple, même. J'ai lu ça dans une revue médicale super sérieuse, si si, je te jure. » - “Oh, si t’as lu ça dans une revue médicale super sérieuse alors, qui suis-je pour aller contre ?” L’ironie est évidente, tout comme le fait qu’il serait le dernier à se plaindre de masser Rory, l’ayant lui-même proposé en premier lieu. Ses lèvres s’étirent d’un sourire plus amusé que jamais, retrouvant les siennes brièvement, comme pour sceller muettement la promesse du triple de massage.

« Je ferai tout pour continuer de le mériter. Parce que j'ai jamais été plus heureux qu'aujourd'hui. » Ému par ces quelques mots qui restent pourtant simples mais ô combien sincères, il enveloppe un peu plus encore le torse de Rory entre ses bras, enfouissant son visage contre les cheveux du brun, cachant une partie de son émotion de cette façon. “Je suis tellement heureux de te l’entendre dire.” Parce qu’il sait que Rory est sincère et qu’il ne prononce pas ces mots simplement pour lui faire plaisir, quand bien même c’en est une des conséquences directes. Il est heureux à son tour, sincèrement comblé, son coeur débordant de joie. Il a eu besoin de le perdre une première fois pour se rendre compte de toute son importance mais désormais, il ne veut plus jamais avoir à vivre une telle expérience. « Mon amour... Tout ce qui m'importait à ce moment-là, c'est que toi tu ailles bien. Et que je puisse m'en sortir pour ensuite passer le reste de ma vie auprès de toi. » Bien plus que de couvrir son torse, c’est désormais contre son front qu’il place désormais sa main, laissant la tête du brun retomber contre son cou, tout près de sa clavicule, assez pour sentir sa chaleur contre sa peau. “Et on va l’avoir, notre vie ensemble. Je te le promets Rory.” Une vie longue, heureuse, parfaite, sans égale. La vie dont ils rêvent tous deux, entourés de leur chient et d’enfants, les leurs autant que ceux de leurs familles et amis, assez pour remplir plusieurs tables de petites têtes blondes à leur mariage, le jour venu. L’alliance de Swann a retrouvé son cou, il la caresse du bout des doigts avec envie autant que soulagement. Ils ne font que commencer à goûter à cette vie et bientôt, tout bientôt, ils la vivront pleinement, pour de nombreuses années. Il accueille le baiser de son petit-ami avec délicatesse, éternellement heureux de pouvoir partager avec lui des gestes aussi simples et pourtant ô combien nécessaires. “Tu es tellement beau.” Qu’il ne peut finalement que commenter, ses yeux tout près des siens, son sourire immense. Si seulement ils pouvaient avoir des enfants qui lui ressembleraient comme deux gouttes d’eau. “« Je t'aime pour un million d'autres choses, mais je nierai pas que je me sens extrêmement chanceux de t'avoir pour masseur personnel. »” Et Swann de déjà sourire différemment suite à cette annonce, laquelle n’en a que le nom. “T’es mon patient préféré, mais ne le répète pas trop aux autres.” Pour des raisons évidentes, il a une position bien à part et surtout bien loin de toutes considérations purement professionnelles. A vrai dire, ils sont justement tout sauf professionnels, mais c’est un sujet qui ne mérite pas de s’y attarder, le baiser qu’ils prennent le temps de prolonger avec passion occupant déjà à lui seul leur esprit.

Finalement, c’est dans un discours à peine voilé que l’anglais propose de continuer cette conversation dans leur chambre - uniquement pour s’occuper d’un muscle contracturé de Rory et absolument rien d’autre, cela va de soi. Comme quoi l’excuse d’être son kiné professionnel peut être utile dans toutes les situations ou presque. « J'en pense que c'est toi, l'expert. Loin de moi l'envie d'aller contre ton avis de professionnel. » Oh non, il ne doutait effectivement pas un seul instant que Rory pourrait aller contre cette idée autant que cette demande de son médecin. « Tu vois, je pense que j'aurais adoré dormir chez l'habitant, découvrir cet endroit auprès de personnes qui connaissent vraiment les lieux et qui auraient eu énormément de choses à m'apprendre, mais... » Il le voit déjà arriver, le mais très peu crédible et uniquement porté sur l’intimité de leur couple, un aspect essentiel à leurs yeux et dont il n’ont aucun mal à parler entre eux. Le sourire de Swann reste le même, éternellement malicieux et amusé, se demandant comment est-ce qu’il pourrait s’en sortir avec une telle entrée en matière alors qu’il le connaît assez pour savoir à quel point Rory aurait effectivement adoré vivre une telle expérience. « Je suis bien content qu'on ait pas à partager notre chambre avec qui que ce soit. Je suis pas sûr que j'aurais pu me passer de cette intimité pendant plusieurs jours. » Les doigts de Rory courent contre son bras pour finalement trouver refuge contre sa nuque, laissant une impression d’inachevé sur leur chemin alors que les idées du blond dérivent déjà ailleurs. “L’intimité patient-médecin, oui, bien sûr.” Bien sûr que non, Swann joue à l’imbécile pour mieux souligner l’évidence, n’ayant aucun mal à comprendre les mots de Rory, surtout pas alors que ce dernier caresse désormais ses boucles et qu’il résiste surtout difficilement à l’envie de l’embrasser autant qu’à faire l’amour avec lui, ici et maintenant. « Sans compter que tu es bien trop séduisant pour que je veuille que plusieurs personnes te voient peu vêtu au réveil. » - “Qu’est-ce qui te ferait dire que j’aurais été peu vêtu au réveil, monsieur Craine ?” Il reprend, faussement outré, pleinement amusé, lui et son habitude de dormir torse nu peu importe le moment de l’année - ce n’est pas de sa faute s’il fait toujours aussi chaud, en Australie. S’il aurait aussi adoré l’idée de dormir chez l’habitant, il ne peut pas regretter une expérience qu’il n’a pas vécue, pleinement heureux de pouvoir profiter de Rory pour lui et pour lui seul, leur intimité étant temporairement écorchée par le passage du room service, de temps à autre. Au fond, il a surtout l’impression de devoir rattraper des années à ses cotés, ce qui passe invariablement par l’existence de leur intimité. « Et oui, je sais que ce serait pas très différent de la coloc', je dis juste que je me fais de plus en plus à l'idée que je serai bientôt le seul à pouvoir en profiter. » Entre amusement et malice, Swann n’a aucun mal à faire place à un sentiment bien plus doux, bien plus amoureux aussi. Bientôt, ils auront leur maison rien qu’à eux et s’il a encore un léger pincement au coeur à l’idée de quitter ses deux colocataires qu’il aime sincèrement, tout est bien vite balayé par son désir de pleinement vivre avec Rory, pour la première fois en six ans de vie de couple, à une près. “Tu sais que je pourrais dire la même chose de tout l’inverse, pas vrai ?” Lui aussi, il ne cache pas apprécier leurs moments ensemble autant que leur vie privée, tous ces murmures qui n’appartiennent qu’à eux au milieu de la nuit, au milieu de draps dont plus personne ne saurait désigner le début ou la fin. “Qu’est-ce que tu dirais de vérifier si on est vraiment sûrs de vouloir vivre ensemble, toi et moi ?” Ses lèvres retrouvent les siennes alors qu’il ne sait plus s’arrêter de sourire, ses mains caressant dangereusement ses hanches, déviant parfois quelque peu sous ses vêtements. “Et je fais pas une autre proposition simplement parce que tu veux pas que d’autres me voient peu vêtus.” Il glisse finalement contre son oreille avec une malice évidente, se relevant le premier sans réellement attendre une réponse de la part de Rory, essuyant sa main pleine de sable contre son short pour uniquement la proposer au brun pour l’aider à se relever, leur destination étant désormais évidente. Il l’aime, et il lui a sans doute assez prouvé par ses mots aujourd’hui, mais il lui reste encore bien des façons de s’exprimer et de continuer à le prouver.

caught up in a dream.

@SWANN BUCHANAN & RORY

“Tu auras les deux.” C'est doucement que Rory secoua la tête et amoureusement qu'il lui sourit, plus que jamais conscient d'à quel point il était aujourd'hui chanceux de ne pas avoir à choisir entre son bonheur avec Swann et cette passion qui constituait une part importante de sa vie. Il ne serait pas heureux en faisant autre chose, il ne serait pas heureux en s'éloignant de ce milieu qui avait symbolisé une seconde chance pour lui, lorsqu'il peinait à croire en quoi que ce soit. Alors il avait besoin de cet équilibre, quand bien même il était d'ors et déjà acté que leur couple, leur bonheur ensemble, passerait toujours bien avant le reste. Parce qu'il l'avait perdu lui aussi, deux ans en arrière, et que bien plus que de perdre n'importe quel contrat ou n'importe quel boulot, c'était une chose qu'il se savait incapable de supporter à nouveau. Swann était l'amour de sa vie, et s'il ne devait plus un jour avoir qu'une seule certitude au monde, ce serait celle-ci. Alors oui, il se considérait particulièrement chanceux de pouvoir aujourd'hui dire que son bonheur était complet : et ils avaient tant de projets ensemble qu'il ne s'inquiétait pas non plus pour l'avenir. « Je t'aime tellement. » Furent les mots par lesquels il se contenta de répondre, ne voyant rien de plus symbolique et véridique au monde, à cet instant où ce cadre pourtant paradisiaque ne suffirait pas à détourner son regard de celui de son petit-ami. Tout était magnifique, à commencer par cette plage, mais ses sourires trouvaient comme toujours leur origine dans la manière que Swann avait d'illuminer sa vie. Ici ou bien à Brisbane, son cœur s'affolerait de la même façon de se savoir aimé d'un homme aussi doux et patient.

En repensant finalement à l'année dernière, et aux nombreux drames venus ponctuer la vie de son petit-ami, Rory ne pourrait pas être plus reconnaissant qu'aujourd'hui tout soit enfin derrière eux. Que le regard de Swann soit pour de bon dépourvu de la tristesse qu'il y voyait briller quelques mois en arrière, et que ses sourires n'aient jamais paru plus heureux et spontanés. Swann allait bien, et le cœur de l'australien n'avait sans doute jamais été aussi léger que depuis qu'il en était sûr. Si longtemps il avait espéré qu'il irait mieux, que les nuages trônant depuis si longtemps au-dessus de sa vie laisseraient place à de grandes et belles éclaircies, signes d'un futur ô combien heureux. Aujourd'hui c'était le cas et Rory le voyait bien, la seule idée que Noah puisse leur rende visite ou qu'il puisse lui apprendre à faire du surf suffisait à ce que son petit-ami ait l'air profondément épanoui et serein. A tel point que l'humour et la légèreté étaient plus que jamais de mise. “Oh, si t’as lu ça dans une revue médicale super sérieuse alors, qui suis-je pour aller contre ?” Rory riait ainsi de bon cœur, sans que l'idée d'avoir droit à trois fois plus de massages ait quoi que ce soit pour lui déplaire, et bien au contraire. Sa blessure était déjà comme un lointain souvenir, aussi prudents restaient-ils malgré tout pour ne prendre aucun risque, mais dans ces conditions il est certain qu'il ne se plaindrait pas de redevenir son patient. Il ne cessait jamais vraiment de l'être, après tout, et pour son plus grand plaisir. Rory en abusait sans doute parfois un peu, mais toujours uniquement parce que ces massages étaient souvent la porte ouverte à des échanges beaucoup moins innocents et beaucoup plus passionnés. « On peut leur faire confiance, elle était vendue à coté d'un magazine people et d'un livre de mots croisés. » Son regard amusé et complice remonta jusqu'à celui de Swann tandis qu'il entremêla plus encore leurs doigts entre eux. Dans ces conditions, vraiment, comment pourraient-ils douter de la bonne foi de ce genre d'articles ?

“Je suis tellement heureux de te l’entendre dire.” Et Rory, lui, était tellement heureux que son bien-être n'ait aujourd'hui plus rien d'un mensonge. C'était certainement le cas à une époque, lorsqu'il forçait quelques sourires pour ne pas inquiéter ses proches sur son état psychologique et émotionnel, particulièrement mis à mal après l'affaire Byers et lorsque Swann était momentanément sorti de sa vie. Aujourd'hui pourtant, c'était comme si cette époque n'avait jamais été aussi lointaine. Comme s'il avait presque oublié à quel point son cœur avait pu peser lourd, des moins durant, et lorsqu'il avait pris de plus en plus conscience que l'unique amour de sa vie était quelque part loin de lui, à rêver d'un avenir avec une autre. Ces souvenirs n'avaient plus d'importance, parce que son bonheur ne se conjuguait désormais plus au passé et que Swann, lui, rendait chacune de ses journées plus belles. Il ne pourrait pas être plus heureux de partager sa vie, précisément parce qu'il ne savait que trop bien combien l'inverse l'avait détruit. Rory était prêt à chérir cette vie à ses cotés et à l'aimer à chaque instant, parce que c'était précisément sa définition du bonheur. « Je m'excuse d'avance, parce que tu risques d'y avoir droit souvent. » Il souffla dans un sourire tout contre sa peau, profitant de leur étreinte pour déposer un baiser dans son cou et respirer son odeur une seconde. Si ce voyage représentait une formidable occasion de découvrir un panorama unique et une culture différente de la leur, c'était avant tout pour ce genre de moments qu'il s'en rappellerait avec une émotion singulière. Pour cet instant bien précis, blotti dans ses bras, bercé par le bruit des vagues quelques mètres plus loin. “Et on va l’avoir, notre vie ensemble. Je te le promets Rory.” Il se redressa finalement avec délicatesse, simplement heureux qu'ils n'aient plus aujourd'hui la moindre raison d'appréhender la suite. Encore moins de douter de ce qu'ils voulaient, l'un comme l'autre, pour cette vie à deux. « Je le sais. Je me rends compte que les choses n'ont sans doute jamais été aussi simples. » Et c'était merveilleux, de pouvoir avancer avec la certitude qu'ils s'aimaient et désiraient autant l'un que l'autre mener à bien les projets dont ils avaient déjà si longuement discutés. Et dont ils rediscuteraient, impatients de les voir prendre forme. Leur foyer, leur famille, et tout ce qui ferait leur bonheur. “Tu es tellement beau.” C'est cette fois un rire attendri que ses lèvres laissèrent échapper, profitant de l'occasion pour retrouver les siennes – leur dernier baiser ne datait jamais que de plusieurs secondes, après tout. « Ne me fais pas rougir. » Swann y arrivait toujours aussi bien, peu importe qu'ils aient déjà passé plus de quatre années à s'aimer et lui à entendre toutes sortes de mots doux venant de la bouche de son petit-ami. Swann était romantique, tendre et attentionné. Mais un seul de ses regards suffisait déjà à colorer ses joues et affoler son cœur : avec lui, Rory se sentait éternellement comme un adolescent éperdu. Et il devait reconnaître qu'il adorait ça, parmi de nombreuses autres choses auxquelles il ne renoncerait pour rien au monde. “T’es mon patient préféré, mais ne le répète pas trop aux autres.” Ses lèvres s'étirèrent cette fois dans une petite moue amusée. « Je garderai le secret, c'est promis. » Il n'avait pas besoin que ses clients soient au courant tant que lui le savait, et ça n'était pas comme si la nature de leurs rapports avait quoi que ce soit de comparable. En témoignait la façon dont il laissa ses doigts courir contre la nuque de son petit-ami, avant de prolonger la baiser qu'il lui offrit avec une passion assumée.

Finalement, Rory en arriva à la conclusion que partager une chambre rien qu'avec Swann présentait bien d'autres avantages que de pouvoir traîner au lit – et dans ses bras – durant de longues minutes au réveil. Notamment celui de pouvoir profiter d'une vue à laquelle personne d'autre n'avait droit, et qui cette fois n'incluait aucunement la plage sur laquelle donnait leur hôtel. C'est bel et bien le visage autant que la silhouette de son petit-ami que ses yeux étaient heureux de retrouver chaque matin, et Rory avait particulièrement hâte de pouvoir expérimenter ça tous les jours de leur vie, dès l'instant où ils auraient officiellement trouvé la maison de leurs rêves. Ils avaient tout d'un couple officiel depuis maintenant de longs mois et vivaient ensemble presque toute la semaine, si bien que plus personne à la coloc' ne s'étonnait de le voir passer en coup de vent ou de voir Swann découcher. Emménager ensemble, pourtant, aurait quelque chose de vraiment différent. Parce qu'aussi attaché soit-il lui-même aux amis et colocataires de Swann, il serait plus qu'heureux de ne plus avoir à s'inquiéter pour leur intimité – tout du moins jusqu'au jour où ils auraient des enfants. Mais là encore, ce n'était pas une pensée qui avait quoi que ce soit de déplaisante. “L’intimité patient-médecin, oui, bien sûr.” L'ironie était plus que jamais de mise, et c'est ce qui l'amusait. « Exactement. C'est tout à fait déontologique. » Il plissa le nez, les yeux pleins de malice, non sans s'amuser lui aussi de l'évidence : il n'était plus question un seul instant de massages à caractère professionnel, et il ne manquerait pas de le lui prouver dès l'instant où ils pourraient s'isoler tous les deux. L'envie se faisait forcément plus grande de minute en minute, à présent que les sous-entendus se voulaient quant à eux de moins en moins voilés. “Qu’est-ce qui te ferait dire que j’aurais été peu vêtu au réveil, monsieur Craine ?” « Oh, juste une intuition. » Cette même intuition, sans doute, qui le poussait à multiplier les contacts physiques depuis déjà plusieurs minutes, ses mains se plaisant tantôt à s'égarer entre les cheveux de Swann ou à s'infiltrer sous l'épaisseur de son t-shirt avec une subtilité subitement accessoire. Mais c'est avant tout un regard amoureux qu'il ne cessait de reposer dans le sien, alors que son incapacité à rester loin de l'homme qu'il aimait était aussi la preuve de son amour pour lui. Un amour qu'il se plaisait à exprimer de mille manières, mais toujours avec cette même impatience au fond du cœur lorsqu'il pensait à leur futur, à cette maison qui verrait grandir leur bonheur et à cette vie de famille à laquelle ils pourraient un jour goûter. Le plus tôt serait le mieux, bien sûr, mais Rory était prêt à s'armer de la patience nécessaire pour conquérir ce rêve avec lui. “Tu sais que je pourrais dire la même chose de tout l’inverse, pas vrai ?” Son sourire répondit au sien avec douceur et malice, d'ors et déjà incapable de contenir la joie qu'il éprouvait à l'idée d'habiter une maison à eux, où ils pourraient recevoir leur famille et leurs amis tout autant qu'être simplement heureux, ensemble, et partager mille moments qui n'appartiendraient qu'à eux seuls. « J'ai hâte. J'ai tellement hâte d'habiter officiellement avec toi. » Avec tout ce que ça aurait justement d'officiel, oui, il avait profondément hâte d'écrire cette nouvelle page de leur histoire avec lui. Tout autant que de tisser de nombreux souvenirs dans un endroit qui, cette fois, ne les aurait jamais connu autrement qu'ensemble et heureux. “Qu’est-ce que tu dirais de vérifier si on est vraiment sûrs de vouloir vivre ensemble, toi et moi ?” Le sourire de l'acteur n'eut cette fois plus rien d'innocent, quand bien même il était toujours empreint de la même tendresse. « J'en dis qu'on doit impérativement s'en assurer. » Et ça n'avait évidemment rien à voir avec le fait qu'il sentait son palpitant s'accélérer rien qu'à la façon dont les mains de son petit-ami flirtaient maintenant avec les bords de ses vêtements. Ni avec son envie grandissante de retrouver ses lèvres sans plus cette fois que rien ne l'incite à s'en séparer. Son regard brûlant lui donnerait à lui seul une idée du désir qui grondait dans son ventre et de toutes les manières dont il s'emploierait à l'aimer si tôt qu'ils auraient rejoint leur chambre. “Et je fais pas une autre proposition simplement parce que tu veux pas que d’autres me voient peu vêtus.” « Je me plaindrais absolument pas d'avoir droit à un show privé, en revanche. » Sourire au coin des lèvres, il ne s'encombrait plus d'aucune subtilité, glissant sans tarder sa main dans celle de Swann lorsqu'il lut dans ses pensées et se releva sur ses jambes. Ils avaient définitivement eu une bonne idée en ne s'éloignant pas trop de leur hôtel.

« Viens. » Arrivés dans le hall, Rory resserra ses doigts autour des siens pour l'attirer jusqu'à l'ascenseur, ses lèvres retrouvant toute leur malice au moment où ils se glissèrent à l'intérieur. La porte tout juste refermée, l'australien ne perdit pas une seconde pour réduire la distance qui les séparait et fondre sur lui avec envie. Ses lèvres retrouvèrent les siennes avec langueur et passion, son corps plaquant le sien contre la paroi tandis que ses bras se nouaient autour de sa taille pour le ramener plus encore à lui. Le ballet incandescent de leurs lèvres dura de longues secondes avant qu'il ne mette fin à leur baiser et recule légèrement son visage de celui de Swann, sans rien perdre de son petit sourire malicieux. « Oui, je sais, il y a des caméras. Mais je suis sûr qu'elles en ont vu d'autres. » Et il ne faisait après tout rien d'autre que l'embrasser, quand bien même chaque baiser se voulait un peu plus langoureux et passionné que le précédent. Il l'aimait et profitait simplement de chaque occasion pour le lui rappeler, ses doigts subitement occupés à se perdre dans les cheveux de son petit-ami et lui bien trop distrait pour remarquer au bout d'une ou deux minutes qu'ils étaient déjà arrivés à leur étage. « Oh, on descend ici. » Sa main retrouva la sienne, non sans pourtant qu'ils ne reprennent leur baiser là où ils l'avaient arrêté si tôt sortis de l'ascenseur. Ce serait certainement un peu embarrassant si quelqu'un avait dans l'idée de traverser le couloir à cet instant précis, mais par chance celui-ci était plutôt désert. Il valait toutefois mieux qu'ils ne s'y éternisent pas, leurs pas les menant ainsi rapidement jusqu'à la porte de leur chambre. « La clé magnétique est dans ma poche arrière. » Il glissa tout contre ses lèvres, dans un sourire qui laissait volontiers sous-entendre qu'il se languissait d'ors et déjà de pouvoir s'isoler avec lui et passer les prochaines heures à ne rien faire d'autre qu'embrasser chaque parcelle de sa peau et se blottir sous les draps. Pour preuve, sa main avait déjà retrouvé sa place sous son t-shirt, peut être un peu trop pressée de le lui retirer. Ils profiteraient de la plage un autre jour, tout compte fait.