| unexpected reunion ∞ leslie |
| | (#)Lun 9 Mai 2022 - 8:56 | |
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unexpected reunion (life is full of surprises) Les bras croisés contre son torse bombé, fier comme un paon, le Sergent Benson se penche au-dessus de ma carcasse douloureuse, me toisant de toute sa hauteur. J'ai beau avoir une irrépressible envie de lui faire ravaler son rictus victorieux, mon corps refuse de faire le moindre mouvement supplémentaire. « Je vais t'inscrire à un speed-dating. » Au prix d'un effort presque surhumain, je réussis à me relever sur un coude et, grimace à l'appui, darde mes prunelles assassines dans les siennes. « Tu te fous de ma gueule, j'espère ? » Un peu plus tôt, quand il a annoncé vouloir pimenter nos entraînements en donnant un gage à celui qui finirait au tapis, j'ai résisté puis capitulé. Benson est un con fini, sauf que c'est le seul de mon district à pratiquer les mêmes sports de combat que moi, ce qui, malheureusement pour ma pomme, en fait le meilleur partenaire possible. Il a beau être un con, il a conscience qu'ensemble, on se tire vers le haut, donnant le maximum de nos capacités afin d'aller toujours plus loin. « J'irais pas à un putain de speed-dating, Benson. Trouve autre chose. » Je secoue la tête de dépit. « Et sans déconner, qu'est-ce que ça t'apporte, en plus ? Tu peux pas… Je sais pas, moi, me demander de danser la Macarena dans l'open-space devant tout le monde ? » Je râle en me remettant sur mes deux guibolles flageolantes. Il accueille ma proposition d'un rire moqueur. « Si aller à un speed-dating t'emmerde plus que de te ridiculiser devant tout ton service… alors j'ai choisi le meilleur gage possible. » Le pire, c'est qu'il n'a pas tort. Du tout. « Connard. » Je lance à travers ma mâchoire serrée, ce qui a le don de le faire marrer encore plus fort. « Je t'inscris, je te retiens au courant. T'auras intérêt à m'apporter la preuve de ta présence, Monroe ! » Comme il s'éloigne déjà en direction des vestiaires, je lui crie, en guise de conclusion. « Tu me le paieras, Benson ! » En excellente perdante que je suis, je passe les heures suivantes à ruminer ma cuisante défaite, cherchant d'ores et déjà le meilleur moyen de me venger.
Samedi 8 Mai 2021.
Voilà pourquoi quatre jours plus tard, je me retrouve dans un vaste hall, devant les portes d'un ascenseur sensé m'emmener au bar rooftop le plus célèbre du centre-ville : le Sixteen Antlers. À défaut d'apprécier le moment, je pourrais au moins profiter de la vue. La skyline de Brisbane est si belle la nuit, et compte tenu des températures assez clémentes, j'ai espoir que la terrasse soit accessible. « Bonsoir, bienvenue. » Je suis accueillie telle une reine parmi les reines. Les seuls hommes présents sont les membres de l'équipe : le barman et les serveurs. Je réponds à mon interlocuteur avec un sourire aussi affable que possible, bien que je me sente déjà mal à l'aise au cœur d'un monde qui n'est définitivement pas le mien. « Par ici. » On me guide à une table, on m'explique ce qui va se passer lorsque je précise que c'est ma première participation, et je me retrouve bientôt avec un verre entre les mains visant à me faire patienter jusqu'à ce que le speed-dating commence. Une gorgée après l'autre, je peste tout ce que je peux contre Benson. J'aurais évidemment pu ne pas venir, mais je n'ai qu'une parole. J'ai accepté le gage. Il m'est impossible de revenir en arrière. Et puis, dans un tel cas, Benson n'hésiterait pas à aller clamer partout dans les couloirs du commissariat que je ne tiens pas mes promesses. Je suis déjà bien contente d'avoir obtenu de lui qu'il ne parle de cette histoire à personne si je lui ramène au moins deux tickets de consommation espacés d'une heure. Soixante minutes. Rien que soixante petites minutes et je pourrai rentrer chez moi. C'est pas la mer à boire, si ?
Je profite d'un temps de pause afin d'envoyer un texto à mon frère. J'espère au moins le faire sourire, en lui racontant où je suis et surtout ce que j'y fais. Enfin, s'il est assez sobre pour le déchiffrer, je songe avec amertume. En ce moment, c'est pas la grande forme - l'euphémisme du siècle. Si Olivia semble aller mieux, c'est Jacob qui plonge dans les abysses. Elle décide de se reprendre en main, abandonnant enfin la boisson, et c'est lui qui se met à en abuser à l'extrême. Comme s'ils avaient échangé une bouteille contenant, en plus d'un alcool néfaste, le pire de leurs rancœurs et de leurs douleurs communes. Maintenir mon grand frère à flot est devenu mission impossible : il s'est complètement renfermé sur lui-même, ces dernières semaines. Je peine à lui parler, à l'atteindre, à le faire réagir, d'autant que ses périodes de sobriété se font de plus en plus rares. Il a besoin d'aide, ça ne fait aucun doute, mais il s'obstine pourtant à refuser chaque main tendue dans sa direction, et moi, je ne me suis jamais sentie si désemparée, si inutile. Totalement impuissante.
Une silhouette s'installant à ma table me fait lever le nez de mon Samsung. Jacob ne m'a pas répondu. Je range le téléphone à l'intérieur de mon perfecto noir et porte mon attention sur la séduisante brunette me faisant face. Séduisante, encore un euphémisme. Les années ont passé, mais elle n'a rien perdu de son charme, au contraire. Et je me retrouve soudain renvoyée à ma dernière année de lycée avec l'impression de l'avoir vécue la veille. Finalement, il y aura peut-être quelque chose à sauver de ce speed-dating forcé. « Leslie, » je souffle, en proie à la surprise, détectant dans son regard qu'elle m'a également reconnue. On ne change pas autant qu'on le voudrait - pas autant qu'on le croit - en deux décennies. À fortiori quand on s'est autant côtoyées qu'elle et moi, à l'époque. Mes lèvres s'étirent en un sourire ravi, teinté d'une douce malice, et par-dessus tout, des plus sincères. « T'as l'air en forme. » Ai-je déjà mentionné qu'elle est toujours aussi radieuse ?
@Leslie Oxton |
| | | | (#)Mar 10 Mai 2022 - 11:15 | |
| Être célibataire, ça semble être une corvée pour toutes les personnes autour. Comme si être célibataire venait également avec le fait de vouloir désespérément être en couple. Parfois, tu te dis (ou tu espères plutôt) qu'avec les années de solitude qui passent et l'envie de te jeter en bas du pont qui est toujours aussi absente, les autres finiront par comprendre qu'il n'y a pas besoin de forcer les choses. Qu'ils ne sont pas obligés de te présenter tous leurs potes célibataires parce que vous iriez trop bien ensemble. De un, c'est du grand n'importe quoi, quand le seul fait que votre célibat est la seule chose que vous avez en commun. De deux, y'a longtemps que les rendez-vous galants ne sont pas tes principaux choix quand tu as quelques heures de libre - ce qui arrive que très peu souvent. Disons que ton célibat dérange plus les autres qu'il te dérange toi-même. Mais bon, tu n'es jamais contre des nouvelles rencontres, alors il est plutôt rare que tu ne te prêtes pas au jeu, même si les chances que l'amour en découle sont très faibles. Pas besoin de courir après l'amour. C'est lui qui finit par nous rentrer dedans lorsqu'on s'y attend le moins. « Le speed-dating ? » Voilà une méthode de rencontre que tu n'avais pas encore exploitée. Ce serait toutefois mentir de dire que tu n'es pas un tantinet curieuse par l'événement - même si tu crois que c'est une grande perte de temps pour faire une rencontre sérieuse. « Les meufs là-bas sont désespérées t'auras ta chance. » Parce que, oui bien sûr, il faut être complètement désespéré pour penser partager sa vie avec quelqu'un comme toi. Ça lui mérite un coup sur le bras. « Tu es hilarant. » Non, pas vraiment. Lui, il se bidonne bien parce qu'il éclate de rire. Qu'importe, tu iras à ce speed-dating - parce que t'es déjà inscrite et qu'il a gentiment (non tu l'as forcé) proposé de garder Abby. Une soirée sans enfant ? C'est un grand OUI pour n'importe quoi.
Un verre à la main, l'étiquette avec ton prénom fièrement affiché sur ta robe soleil. La terrasse du Sixteen Antlers est toujours agréable à fréquenter. Le coucher de soleil qui arrivera au courant de la prochaine heure apportera presque une ambiance romantique. Ouais, les femmes normales sont adeptes de romance, c'est bien pensé. Ce n'est pas tous les jours que ce bar se retrouve aussi peu rempli de présence masculine. C'est loin d'être désagréable pour les yeux. Les femmes sont belles ce soir. Et c'est pas faux que quelques-unes d'entre elles ont l'air un peu désespérées - ou ce n'est que la nervosité ? À peine quelques minutes après ton arrivée, le jeu est lancé - c'est ce que c'est non ? un jeu ? Ce n'est pas que tu es mauvaise perdante. Loin de là, mais tout le monde aime gagner. Et la compétition est toujours un challenge excitant. On ne fera pas comme si ce n'était pas le cas. On t'indique à quelle table tu dois prendre place en premier lieu. Et à chaque dix minutes, on doit passer à la table de droite. Dix minutes pour en mettre plein la vue ? Très bien, allons-y. Lorsque tu t'installes à la première table et que la brune devant toi lève la tête vers toi, la surprise peut facilement se lire sur ton visage. Une surprise qui semble également partagée avec ton interlocutrice. « Leslie ». Sa voix qui prononce ton prénom te ramène à une douce nostalgie, au temps où on pensait vivre les pires problèmes du monde. Ah les adolescentes! « Alexa. » Tes lèvres s'étirent en un sourire. Ce n'était pas vraiment au programme de revoir une vieille connaissance, mais ce n'est pas désagréable pour autant. Surtout pas quand on a aussi bien vieilli qu'elle. Elle n'a plus rien avoir avec cette jeune fille que tu as déjà connu. C'est une femme, avec les courbes qui viennent avec. Oh bien sûr que ton regard à déjà pris le temps de détailler sa silhouette. « T'as l'air en forme. » - « Toi aussi. » Et c'est là où les dix minutes alloués jusqu'à ce que l'alarme sonne pour passer à la prochaine te semble soudainement très court. Impossible de rattraper vingt ans en un laps de temps si court. « Je t'évite les détails sur d'où je viens et avec qui j'ai perdu ma virginité. » que tu ajoutes dans un rire. Deux informations cruciales lors d'une première rencontre. Lex connaît déjà l'information de la première et qu'elle était au première loge pour le second. Disons qu'elle connaît relativement bien le background, mais pas le reste. « On m'a presque tordu un bras pour venir ici. Et toi ? » Bon, ce n'était pas ton idée à la base, mais tu ne t'es pas non plus trop obstiné pour ne pas venir. Elle est du genre à fréquenter ce genre d'endroit Lex ? Quelque chose te dit que non. Mais elle a peut-être énormément changé depuis le temps. |
| | | | (#)Dim 15 Mai 2022 - 9:09 | |
| Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en me rendant à ce genre de soirée. Majoritairement, à rien. Ou pas grand-chose. Au pire, à écouter les histoires insipides de femmes tout aussi insipides mais donnant sévèrement dans le too much, parce qu'on n'est jamais vraiment soi-même quand on cherche à séduire, n'est-ce pas ? Je serais donc rentrée chez moi, accompagnée d'un puissant sentiment d'ennui, avec la ferme intention de ne plus recommencer, gage ou pas. Au mieux ? À trouver une partenaire digne d'un intérêt éphémère : celui de partager des draps le temps d'une nuit, la subtilité étant de trouver le moyen de se faire inviter - aucune de mes conquêtes ne met les pieds au loft, c'est la plus primordiale de mes règles. Et maintenant que Leslie Oxton se trouve face à moi, installée de l'autre côté de la table, rayonnante dans une robe qui épouse parfaitement ses formes, je me dis que j'ai largement sous-estimé ce speed-dating. Soudain, je ne pense plus au décompte jusqu'aux soixante minutes libératrices qui satisferont Benson. Je ne pense plus à partir. Je ne pense même plus à me lever de ma chaise. Je n'ai qu'une unique envie : rattraper les vingt ans qu'elle et moi avons perdus en laissant la vie séparer nos chemins.
« Toi aussi. » J'esquisse un sourire charmé. C'est le bon côté de se revoir durant un événement basé sur les rencontres : pas besoin de me poser la question de son éventuel célibat. Si elle est ici, c'est qu'elle est libre comme l'air, elle aussi. Par conséquent, il est hors de question que je fasse le moindre effort pour dissimuler mes humeurs au fil de la conversation. « Je t'évite les détails sur d'où je viens et avec qui j'ai perdu ma virginité. » En effet. Je connais déjà la première partie, et je me rappelle très bien à quoi ressemblait la responsable de la seconde. Leslie avait perdu davantage que sa virginité avec elle, d'ailleurs, et moi, sans trop la connaître, je ne l'appréciais pas beaucoup. Sans doute parce qu'elle avait fait souffrir celle qui allait, par la suite, devenir un chouïa plus qu'une amie à mes yeux. J'acquiesce aux mots de Leslie, une expression amusée peinte sur mes traits. « Idem. » Elle sait déjà d'où je viens. Quant au reste, c'est l'une des rares histoires de mon passé que j'ai accepté de partager avec elle. À l'époque où elle tentait de recoller les morceaux de son cœur brisé, je lui ai raconté comment j'avais fait pour réparer le mien après l'ouragan Shaylee.
« On m'a presque tordu un bras pour venir ici. Et toi ? » Je me demandais si les speed-datings étaient son truc. Manifestement, elle n'est pas là de son plein gré non plus. J'éclate de rire parce qu'elle n'aurait pas pu choisir meilleure façon d'exprimer son ressenti. Je relève ma manche trois-quart, indiquant un bleu à l'intérieur du bras. « Oh, moi ? On me l'a littéralement tordu. » Il est évident que j'exagère, Benson ne serait pas allé jusque-là. Mais quand on sollicite son corps aussi souvent que je le fais, les hématomes deviennent partie intégrante du quotidien. « Mon collègue a réussi à me mettre au tapis pendant notre entraînement, » je finis par expliquer en dissimulant de nouveau la marque violacée sous le tissu. « Et le perdant se coltine un gage. » Inutile de préciser la nature de ce fameux gage : Leslie l'aura déjà compris. Par sa simple présence, elle vient de transformer un moment chiant au possible en des retrouvailles inattendues. Sans le savoir, elle est l'arme avec laquelle je frapperai Benson lundi matin. Je suis persuadée qu'il fulminera quand il saura qu'en fait, cette supposée torture a été appréciable et agréable. Ça lui apprendra.
Autour de nous, les voix se mélangent, enthousiastes et animées : aucune des femmes présentes ne perd la moindre minute sur les dix allouées avant de devoir changer de partenaire. Si je pouvais, je stopperais cette danse infernale et emmènerait Leslie dehors, loin des autres, afin de découvrir celle qu'elle est devenue aujourd'hui. Sauf que ça ne dépend pas de moi. Ce jeu a des règles, et je n'ai pas d'autre choix que de les respecter. Fort heureusement, il prévoit bien un temps libre lorsque les participantes se seront toutes rencontrées, laissant le soin à celles qui ont matché de discuter plus avant, sans pression, voire de s'échanger un moyen de se recontacter. N'est-ce pas là le but de tout ce manège ? « On s'arme de courage, et on se rejoint sur la terrasse après ? » Je propose à Leslie, anticipant déjà la fin. Ce sera long, jusque-là, très long. En attendant, notre tête-à-tête n'est pas terminé, alors autant en tirer le meilleur. Officiellement galante, officieusement peu encline à parler ma propre existence, je laisse à la ravissante brune le soin de lancer les hostilités. « Raconte. Qu'est-ce que j'ai manqué, en deux décennies ? »
@Leslie Oxton |
| | | | (#)Jeu 26 Mai 2022 - 22:15 | |
| « Oh, moi ? On me l'a littéralement tordu. » qu'elle te répond tout en remontant la manche de son tee-shirt pour laisser voir une marque bleutée sur son bras. À voir le rire qui vient avec cette annonce, la phrase n'est certainement pas à prendre au pied de la lettre malgré l'hématome présent sur son bras. De toute façon, elle ne s'en serait certainement pas vantée si c'était le cas. « Mon collègue a réussi à me mettre au tapis pendant notre entraînement, » Ah, voilà qui explique un peu mieux la chose. Tu te demandes ce qu'elle fait comme travail pour qu'un entraînement puisse laisser de telles traces. À moins qu'elle s'entraîne avec un collège sans que cela ait un lien avec leur emploi ? C'est une autre possibilité, oui. « Et le perdant se coltine un gage. » Évidemment. Donc, si être ici est une conséquence, c'est que c'est vraiment une corvée pour elle. Ce n'était pas forcément ton idée, mais tu es quand même prête à te prendre au jeu. De toute façon, qu'est-ce que tu as à perdre mise à part quelques heures de ta soirée ? Rien du tout. « Heureusement qu'il n'a pas perdu. Il collerait mal dans le décor. » que tu ajoutes alors qu'un sourire en coin se dessine sur tes lèvres. Entourée de magnifiques femmes célibataires qui, pour la plupart, n'auraient aucun intérêt pour lui, un peu décevant comme soirée oui. Bon, sûrement que son gage n'aurait pas été le même que celui imposé pour Alexa, mais ce n'est qu'un détail.
Autour de vous, la soirée semble s'animer petit à petit. Le bruit des voix et des rires emplissent rapidement la salle. Les autres femmes s'empressent sûrement de faire ressortir la meilleure version d'elles-mêmes. Une version qui ne dure jamais longtemps si on te demande ton avis. Ah les femmes, si séduisantes, mais à la fois si perfides. « On s'arme de courage, et on se rejoint sur la terrasse après ? » C'est sûrement mal de proposer à la première femme de la soirée de se rejoindre à la toute fin. Elle est vraiment fermée à une éventuelle rencontre ou toutes les autres sont devenus hors compétition depuis que t'es là ? Allez, la deuxième option fait du bien à l'égo. « Deal. »Parce qu'il n'est pas faux que les dix minutes allouées passeront beaucoup trop rapidement pour pouvoir bien profiter de ces retrouvailles. Elles ont déjà commencé à s'écouler d'ailleurs. Bientôt, ce sera le moment de changer de partenaire. La rejoindre plus tard n'empêche pas la possibilité de faire d'autres rencontres non plus - ou pas, dépendamment du degré de divertissement des autres participantes, et de beauté. On ne fera pas de cachette. Dans ce genre d'endroit, le physique l'emporte sur le reste. « Raconte. Qu'est-ce que j'ai manqué, en deux décennies ? » Par où commencer ? Beaucoup trop de choses. Beaucoup de mauvais choix, de rire, d'amour et de coeur brisé, des voyages, des expériences de vie incroyables. Des hauts et des bas, mais dans l'ensemble, tu aurais tendance à dire que les deux dernières décennies ont été belles. « J'suis médecin au St-Vincent depuis quelques années. » Adolescente, tu avais déjà des idées de grandeur, tu voulais un avenir prometteur. Et niveau professionnel, on peut dire que c'est une réussite. « J'ai deux filles. » que tu ajoutes consciente que ça donnait l'air d'une réussite de plus, mais cette partie là de ta vie reste la plus compliquée. Ce n'est pas des détails que Lex a besoin de savoir pour le moment. « Et je suis célibataire depuis visiblement trop longtemps pour que quelqu'un juge nécessaire que je viennes ici. » que tu ajoutes en riant. Oh oui, le célibat prolongé, ça met tout le monde mal à l'aise. Tout le monde sauf toi. Tu le vis bien. Très bien même. Tout ça reste la version abrégée. « Et toi ? » Parce que ce que, elle, elle est devenue, ça t'intéresse bien plus. |
| | | | (#)Lun 6 Juin 2022 - 6:17 | |
| Le contexte est posé, aussi limpide que de l'eau de roche : aucune de nous deux n'est présente volontairement. Une courte seconde, je me demande combien d'autres femmes sont assises aux diverses tables, éparpillées tout autour de nous, dans les mêmes circonstances. Après avoir reçu une sommation de participer - avec ou sans menaces, en ayant fait les frais d'une inscription surprise à laquelle elles ne pouvaient plus se dérober, ou encore en subissant un pari inattendu, comme moi. Je sais, pourtant, que Benson n'est pas le dernier à avoir des idées à la con. Je ne me suis pas assez méfiée de lui et de son esprit tordu, et voilà où ça m'a menée. J'aurais pu lui en vouloir. C'est exactement ce qu'il attend de moi, et c'est d'ailleurs ce qui aurait dû se passer. Il doit se demander quelle horrible vengeance je lui prépare en douce afin de lui faire payer cette torture qu'il m'impose. Il va déchanter. Car depuis que mon regard s'est posé sur le sourire rayonnant de Leslie, pour rien au monde je n'aurais voulu d'autre gage. « Heureusement qu'il n'a pas perdu. Il collerait mal dans le décor. » Sa remarque m'inspire un rictus amusé alors que j'imagine mon collègue au beau milieu de toutes ces femmes aussi séduisantes qu'inaccessibles. « Le peu de cerveau qu'il possède ferait un court-circuit. » J'hésite entre deux options : soit il s'évanouirait à la vue d'autant de personnes du sexe opposé regroupées dans un même endroit, soit il se donnerait pour mission de faire apprécier le mâle à quelques-unes d'entre elles - en donnant de sa personne au passage, bien entendu. Quel crétin.
Je propose à Leslie de nous retrouver sur la terrasse à la fin des rendez-vous. « Deal. » Parfait. Parce que dix minutes ne suffiront jamais à rattraper vingt longues années sans se voir. La perspective d'un verre partagé plus tard, lorsqu'on aura le champ libre, nous permet d'échanger dès maintenant sans aucune pression. Certes, ces six cent secondes vont passer à la vitesse de l'éclair, mais qu'importe : d'autres nous seront accordées très vite. « J'suis médecin au St-Vincent depuis quelques années. » Elle a toujours une eu une vibe ambitieuse. Je ne suis pas étonnée qu'elle se soit trouvé une vocation parmi les blouses blanches. « J'ai deux filles. » Doctoresse et maman. Leslie semble avoir trouvé un bel équilibre. Du moins, en apparence. Et les apparences peuvent parfois être trompeuses. D'ailleurs, si tout allait si bien, que ferait-elle à un speed-dating ? Le côté romantique de son existence n'est sûrement pas aussi épanoui que le reste. « Et je suis célibataire depuis visiblement trop longtemps pour que quelqu'un juge nécessaire que je viennes ici. » J'échappe un rire, inclinant la tête avec l'air de celle qui comprend parfaitement son ressenti. « Et toi ? »
Je n'ai pas pour habitude de parler de moi. Je déteste ça. Cependant, face à Leslie, ma réserve naturelle semble s'évanouir quelque peu. Elle n'est pas une parfaite inconnue, au contraire. Ça rend les choses plus faciles quant à donner le change, et je lance les hostilités en reprenant et adaptant sa propre remarque. « Je suis célibataire depuis visiblement trop longtemps pour qu'un collègue qui me connaît à peine juge nécessaire que je vienne ici. » Ce n'est pas tout à fait vrai, et je m'empresse de corriger ce qui doit l'être. « En fait, je pense qu'il se fout royalement de ma vie privée. Il sait juste que je déteste les speed-datings. » Sinon, pourquoi en faire un gage suite à un combat perdu ? « Mon célibat est un choix. Je n'ai pas plus envie de me caser aujourd'hui qu'au temps du lycée, » j'ajoute pour la forme, haussement d'épaules à l'appui. Elle en déduira sans doute que je n'ai pas d'enfant non plus, ce qui ne risque pas de la surprendre.
Reste le côté le professionnel. « Tu te souviens de tous ces profs qui s'imaginaient que j'allais mal finir ? » En plus d'en avoir discuté à plusieurs reprises avec elle à l'époque, Leslie avait, à l'instar des autres élèves, entendu chuchoter dans les couloirs qu'un destin de criminelle m'attendait, et que j'échouerais forcément derrière les barreaux. Mes pairs avaient simplement trop peur de se frotter à moi pour oser me le balancer en pleine figure. Quand au corps enseignant, c'était la réputation de mon père adoptif qui les retenait de l'ouvrir un peu trop fort à mon sujet. « Je suis inspectrice de police, » je lui révèle, un sourire en coin étirant mes lèvres. Ça, c'est ce qu'on appelle un pied-de-nez. Je revois la tête de mes anciens professeurs - et anciens détracteurs - encore en activité qui m'ont vu débarquer en uniforme, badge sur la poitrine, aux journées d'orientation de mon ancien lycée. Je me dis que j'aurais voulu que Leslie soit là pour le voir aussi. On en aurait sûrement ri à gorge déployée, telles les deux ados que nous étions il y a vingt ans.
Je passe sous silence la spécificité de ma brigade, histoire de ne pas jeter un froid dès le départ. Les homicides, ça ne fait rêver que dans les œuvres de fiction, pas dans la réalité. Et puisque ce qui m'intéresse réellement c'est elle, je ne perds pas la moindre seconde pour tourner à nouveau la discussion dans l'autre sens, et en particulier sur le sujet que tous les parents du monde préfèrent. « Parle-moi de tes filles, » je l'encourage avant de boire une nouvelle gorgée de mon cocktail coloré.
@Leslie Oxton |
| | | | (#)Sam 2 Juil 2022 - 18:56 | |
| « Le peu de cerveau qu'il possède ferait un court-circuit. » Ton rire se mêle rapidement aux siens. Ah les hommes ! Tous les mêmes, hm ? Incapable de se mettre en tête qu'une femme puisse se passer d'un homme dans leur vie. Bon, tu n'es clairement pas un bon exemple, puisque tu joues autant dans une équipe que dans l'autre, mais ça a toujours été plus facile avec les femmes. Sans vraiment savoir pourquoi, la connexion a toujours été plus facile avec elles. Pressée par le temps, vient rapidement le sujet des dernières années où vous ne vous êtes pas côtoyé. Ce qu'elle a manqué dans ta vie. Le célibat qui est plus qu'évident, ta carrière au sein de la médecine, puis finalement les deux filles qui meublent ta vie. Le reste des petits détails finiront par venir à leur tour, mais voilà les grandes lignes de ta vie. Tu ne perds d'ailleurs pas de temps à lui retourner la question. « Je suis célibataire depuis visiblement trop longtemps pour qu'un collègue qui me connaît à peine juge nécessaire que je vienne ici. » Tu éclates de rire suite à tes mots qu'elle reprend en l'adaptant à sa situation à elle. « J'crois que c'est vraiiiiment pire que moi. » que tu la nargues la seconde d'après en retroussant légèrement le nez. Est-ce qu'il y en a une pire que l'autre ? Non, absolument. Vous êtes deux femmes très bien à l'aise avec leur statut matrimonial, et du nombre d'années qu'il persiste. C'est pas difficile de voir que Lex ne fait pas partie des femmes qui viennent ici en recherchant désespérément l'amour. Elles le réalisent d'ailleurs qu'elles n'ont aucune chance ? Plus on cherche, moins on trouve…ou on trouve des idiotes. Ce qui est encore pire si on demande ton avis. « En fait, je pense qu'il se fout royalement de ma vie privée. Il sait juste que je déteste les speed-datings. » Ça va de soi. Sans quoi venir ici ne serait pas une conséquence à leur pari perdu. « Mon célibat est un choix. Je n'ai pas plus envie de me caser aujourd'hui qu'au temps du lycée » A-t-elle vraiment été célibataire depuis toutes ses années ? Est-ce qu'elle se ferme complètement ou elle n'a simplement jamais trouvé quelqu'un qui la fasse vraiment vibrer ? Tu es bien dans ton célibat aussi, mais tu n'es pas fermé à l'amour pour autant. Tu ne cherches pas, mais tu prends quand ça te tombe dessus. L'amour, c'est sûrement la plus belle et la pire chose au monde. « Toujours aussi indépendante hm ? » Tu te souviens de Lex comme d'une femme qui n'avait besoin de personnes. Ça peut sûrement être un défaut. Ce l'est pour bien des personnes, mais pas pour toi. « Ça m'a toujours plu chez toi. » Et ça te plaît toujours autant. Elles ne courent pas les coins de rue les femmes indépendantes. Mais sûrement que deux femmes indépendantes ensemble, ça ne fonctionnerait jamais. Ce serait comme conduire directement en plein dans un mur. « Tu te souviens de tous ces profs qui s'imaginaient que j'allais mal finir ? » Tu hoches systématiquement de la tête. Bien sûr que tu te souviens. Tu te souviens des ragots que tout le monde racontait à son sujet. Toujours dans son dos, jamais devant elle. « Tu veux dire les mêmes qui disaient que tu allais m'entraîner dans l'enfer de la drogue ? » Personne n'a jamais rien compris à cette amitié qui unissait la première de classe à celle qui, à leurs yeux, n'auraient jamais un diplôme en poche. Alexa t'a pourtant apporté bien plus qu'aucune autre durant ton parcours scolaire. « Je suis inspectrice de police » Plot twist; la fille qu'on prédisait un avenir de criminelle est finalement du côté de la loi. « Et ça te plaît ? » Parce que c'est vraiment ça l'important : faire un boulot qui nous passionne peu importe la branche qu'on choisit. « Parle-moi de tes filles. » Vraiment ? « Habituellement, c'est la partie qui fait peur à tout le monde. » Les enfants, c'est jamais la partie fun quand on date quelqu'un. Les autres semblent toujours attendre qu'on n'est pas de passé. Aucun ex, aucun gosses à charge. Désolé, avec le temps qui avance, les chances de croiser une femme sans enfants est plutôt rare. Même dans un bassin de femmes homosexuelles. Tu pourrais gager que plus de la moitié des femmes ici sont mamans. « Ella a cinq ans. C'est ma petite artiste. Elle est plus réservée disons. » Elle ne déplace pas beaucoup d'air Ella. C'est la plus facile des deux sans l'ombre d'un doute. « Et Abby a quatre ans. C'est une vraie petite tornade. » Elle est difficile Abby. Très. Enfin, tu espères encore que ça se calme en vieillissant. « La plus vieille veut être une princesse et l'autre une ninja. Tu vois le genre ? » Le clash entre les deux filles est énorme. C'est sûrement pour ça qu'elles passent leur temps à se chamailler. |
| | | | (#)Sam 23 Juil 2022 - 5:48 | |
| Si la belle brune a sûrement été inscrite par une personne de son entourage - quelqu'un qui la connaît bien et qui sait qu'elle ne se serait jamais lancée seule - en ce qui me concerne, je dois ma participation à un simple collègue de travail. Leslie plisse le nez, amusée par la situation. « J'crois que c'est vraiiiiment pire que moi. » Elle se moque gentiment, ce qui m'arrache un rire. Je ne tarde évidemment pas à lui expliquer les circonstances : ce speed-dating est en réalité un gage imposé après un combat perdu. En tout état de cause, Benson ne manque pas d'originalité. Je peux lui reprocher beaucoup de choses mais certainement pas ça. Je dois avoir un côté masochiste, parce qu'au final, malgré une irritation certaine et une bonne envie de représailles, j'ai presque hâte de savoir ce qu'il va me concocter pour la prochaine occasion qu'il aura de me mettre au tapis. Il est doué, le bougre, quand il s'agit de dénicher ce qui m'emmerdera le plus. Cette fois, je me dis que j'ai quand même eu de la chance dans mon malheur : avec Leslie à mes côtés, cet événement sera bien moins ennuyeux et fade que ce que j'imaginais en traversant le seuil du bar.
Le fait que mon comparse flic ait choisi de m'envoyer ici amorce la discussion sur ce que la vie m'a réservée ces vingt dernières années, à commencer par ma situation sentimentale. Si on devait la comparer à un biome, ce serait sans aucun conteste un désert aride, parsemé d'une poignée de végétaux qui ne survivent jamais bien longtemps. Mais le truc, c'est que je l'apprécie, ce désert. Pour rien au monde je ne l'abandonnerai. Enfin, presque. Ne nous engageons pas sur ce terrain-là, il ne mènerait nulle part. Ce n'est qu'une pente glissante se terminant en impasse. « Toujours aussi indépendante hm ? Ça m'a toujours plu chez toi. » Un sourire étire mes lèvres. À l'époque, c'était déjà le cas, en effet, et ça n'a pas changé. « Je te retourne le compliment. » Elle me donne l'impression d'élever ses deux filles avec brio et pourtant, elle est manifestement célibataire. Il en faut, de la force et de l'indépendance, pour gérer une famille et tout ce que ça implique sans l'aide quotidienne d'un ou d'une partenaire. J'ai le plus profond respect pour les foyers monoparentaux. Un respect qui me vient, sans doute, de ma propre expérience sur le sujet. Ma mère n'était rien de moins qu'une héroïne à mes yeux. Leslie, avec sa carrière d'urgentiste qui lui demande déjà pas mal de temps et d'énergie, m'inspire la même admiration.
Nos boulots sont différents mais il est vrai qu'ils requièrent un niveau similaire d'implication. C'est pour ça que je sais que même si j'avais voulu des enfants, je n'aurais pas pu. Je n'aurais pas assuré. Et puisque justement, mon existence est dénuée de conjointe et de progéniture, j'enchaîne ce rapide résumé par ma voie professionnelle, non sans rappeler à Leslie que par le passé, mes profs me voyaient déjà finir en prison. « Tu veux dire les mêmes qui disaient que tu allais m'entraîner dans l'enfer de la drogue ? » J'acquiesce avec un rictus complice. Aujourd'hui, je peux en rire. Aisément, même. Autrefois, j'avais beau ne pas le montrer, ces accusations infondées me blessaient. Certes, je n'avais rien d'une ado facile à vivre, au contraire, mais mon comportement n'était pas non plus le pire de tous, et je trouvais ce jugement trop facile. Il était la preuve que quoi que je fasse, je serais toujours la gamine du système, la mauvaise graine, la future criminelle. Avec le recul, je les remercie, ces gens-là. Sans le savoir, ils m'ont donné la détermination, la niaque nécessaire afin de réussir à rester du bon côté des barreaux, et mieux encore : d'y enfermer ceux qui le méritent vraiment. « Et ça te plaît ? » « Plus que ça, » je réponds aussitôt. Je n'ai pas à réfléchir. Quand je participe à faire condamner un coupable, c'est ma mère que je venge un peu, quelque part. Et j'offre aux proches des victimes ce à quoi je n'ai moi-même pas eu droit : des réponses et, par conséquent, la possibilité de faire leur deuil.
Oui, j'aime ce que je fait. Ça reste un sujet de conversation lourd, et j'ai envie de légèreté, ce soir. Envie d'oublier mon impuissance face à la descente aux Enfers de mon frère, envie que rien ne vienne entacher mes retrouvailles avec Leslie. Alors, je lui demande de me parler davantage de ses filles. « Habituellement, c'est la partie qui fait peur à tout le monde. » Elle a raison, et c'est dommage. Quand on cherche l'amour à presque quarante ans, il faut s'attendre à devenir beau-parent, voire à former une famille recomposée. « Profites-en : j'en redemande. » Je la taquine mais dans le fond, je déplore celles qui, autour de nous, refuseront de mieux connaître une conjointe potentielle simplement parce qu'elle est maman. Qui sait si elles ne passeront pas à côté de leur âme soeur ? Si elles ne resteront pas seules toute leur vie alors qu'elles auraient pu tout avoir ? « Ella a cinq ans. C'est ma petite artiste. Elle est plus réservée disons. Et Abby a quatre ans. C'est une vraie petite tornade. La plus vieille veut être une princesse et l'autre une ninja. Tu vois le genre ? » Je lui coule un regard amusé. « Je vois surtout que tu ne dois jamais t'ennuyer. » Et pour cause : ses deux filles n'ont presque pas d'écart d'âge et leurs personnalités ne pourraient pas être plus à l'opposé l'une de l'autre. Ça doit déménager quand elles se chamaillent. Une image me vient en tête : celle d'une princesse invoquant son pouvoir magique fait de mots inventés pour contrer le coup de sabre en plastique d'une combattante aguerrie. Et au milieu des deux, une maman, les deux pieds ancrés dans la réalité, essayant de leur faire signer une trêve, au moins le temps du dîner. Qui ne serait pas attendri par une telle scène ?
Le temps passe plus vite que prévu. Déjà, la clochette retentit dans la salle, indiquant le fameux changement de table pour la moitié d'entre nous. « Peut-être à tout à l'heure ? » Je lance à Leslie avant qu'on ne se sépare. Le peut-être est malicieux mais n'en garde pas moins son sérieux : je ne voudrais pas qu'elle passe à côté d'une belle opportunité pour papoter avec moi. Je sais que dans le pire des cas, on se retrouvera avant de partir, au moins le temps d'échanger nos numéros, ce qui nous permettra de rattraper le temps perdu un autre jour. Ensuite, les minutes s'égrènent, barbantes. Disons que lorsque j'annonce la couleur, ça jette un froid : la majorité des participantes se sont effectivement inscrites dans le but de trouver la perle rare et moi, je suis incapable de leur offrir davantage qu'une aventure sans lendemain. Je m'assure d'avoir les deux tickets prouvant à Benson que j'ai tenu le coup et j'en récupère même un troisième à l'instant où la première partie du speed-dating prend fin : je commande deux coupes au bar et me fraie un chemin sur la terrasse. Accoudée à la balustrade de métal, j'observe la splendide vue de nuit de Brisbane. Je n'ai pas à attendre longtemps : Leslie arrive, toujours aussi radieuse, et je lui tends la boisson que je lui ai réservée. « Désolée, » je grimace. Je suis contente de la voir cependant, ça veut surtout dire que ça n'a pas fonctionné de son côté. « T'as pas trouvé ton bonheur, mmh ? Moi qui croyais que ce genre de trucs, ça marchait à tous les coups, » je raille d'une ironie évidente. Je lève mon verre. « On trinque à quoi, alors ? À la fin du calvaire ? » Cette fois, ce n'est pas ironique du tout, et je sais qu'elle partagera ce point de vue.
@Leslie Oxton |
| | | | (#)Jeu 11 Aoû 2022 - 17:55 | |
| « Je te retourne le compliment. » C'est vrai que l'une comme l'autre, vous étiez de nature plutôt indépendante. Du genre à n'avoir besoin de personnes et n'en faire qu'à sa tête oui. Encore heureux qu'aucune de vous deux n'avait envie de se poser. Vous deux ? En couple ? Non, vos similitudes auraient sans doute tué votre couple bien trop rapidement. L'amitié était ce qu'il y avait de mieux pour vous deux. C'est sûrement encore le cas aujourd'hui. « Plus que ça, » qu'elle te réponds ensuite lorsque le sujet de sa carrière vient sur le tapis. Et voilà une autre jolie qualité que tu apprécies chez elle : elle est passionnée par son travail. Ça paraît juste dans l'intonation de sa voix. Ton menton se pose dans la paume de ta maison. Honnêtement, tu pourrais l'écouter parler des heures durant. Sauf que le sujet retourne de nouveau vers toi, vers les deux jeunes demoiselles qui remplissent ta vie. Le fameux sujet qui a l'habitude de faire fuir les prétendant(es). Mais Lex n'est qu'une vieille connaissance n'est-ce pas ? « Profites-en : j'en redemande. » Tu ris doucement sous ses paroles, mais tu t'exécutes sans te faire prier. Après tout, tu ne peux pas vraiment mettre Alexa au courant des dernières années de ta vie sans mettre le sujet enfant sur le tapis. Tu n'as que tes filles et le boulot en bouche. Ce qui est un peu triste d'ailleurs, mais bon, on en est pas là dans les confidences. Personne n'est là pour brimer l'ambiance. « Je vois surtout que tu ne dois jamais t'ennuyer. » - « Tu ne pourrais pas mieux dire. » Oh ça non. Tu cours continuellement après le temps. Vingt-quatre heures ce n'est définitivement pas assez dans une journée. Vous êtes toutefois interrompu dans votre discussion par la sonnette qui retentit, qui annonce la fin de vos dix minutes allouées. « Peut-être à tout à l'heure ? » qu'elle annonce, sourire malicieux aux lèvres. « À tout à l'heure. » que tu lui confirmes en lui adressant un clin d'oeil. Au diable les peut-être vous savez toutes les deux que vous allez vous retrouver d'ici quarante-cinq minutes - une heure au grand maximum.
Plusieurs étaient très très jolie - en même temps, on se met toutes à son meilleure ici - certaines étaient même intéressantes, peut-être bien que la présence d'Alexa ici t'empêche de vraiment leur porter de l'importance, mais la plupart d'entre elles étaient un peu trop motivées à vendre leur salade. C'est toujours louche quand elles en font trop. Ça cache quelque chose. M'ouais, à peine le tour de toutes les tables terminées, tu repères rapidement Lex qui se faufile jusqu'à la terrasse. Tu ne perds pas une seconde de plus pour aller la rejoindre. « Désolée, » qu'elle annonce en brandissant une des coupes vers toi. Son visage n'a absolument rien de désolée, ça te fait sourire. Tu viens d'ailleurs prendre la coupe entre tes doigts. « T'as pas trouvé ton bonheur, mmh ? Moi qui croyais que ce genre de trucs, ça marchait à tous les coups, » qu'elle nargue sans aucune gêne. Tu laisses échapper un rire, avant de glisser sa main libre contre la balustrade. « Si, je l'ai trouvé. » que tu ajoutes alors qu'un sourire espiègle s'affiche sur tes lèvres. Le bonheur, c'est aussi de retrouver une vieille amie, ce n'est pas simplement de trouver le grand amour, n'est-ce pas ? Surtout que ce n'était pas ce que tu es venu chercher ici. Alexa n'est qu'une agréable surprise qui te comble de bonheur pour la soirée. « On trinque à quoi, alors ? À la fin du calvaire ? » Tu lèves ta coupe pour aller la cogner contre la sienne. « À nous deux plutôt. » que tu rectifies. À vos retrouvailles vingt ans plus tard. « Et à la plus belle vue de Brisbane. » que tu ajoutes en cachant ton sourire derrière ta coupe de vin. Parles-tu de la vue sur les grattes ciel de la ville, qui est absolument magnifique et presque romantique à cette heure-ci, ou alors d'Alexa devant toi ? Mystère. Tu te retournes pour venir appuyer ton bassin contre la rambarde alors que tu repères un visage parmi la foule à l'intérieur. « Tu vois celle-là ? » que tu lui demandes en pointant du doigt une magnifique brune, élégante un peu plus loin. « Elle m'a presque fait un powerpoint de son chihuahua et de ses ensembles qui vont avec ses sac à mains. » que tu lui racontes en laissant échapper un rire. Ouais, les femmes les plus séduisantes sont souvent les plus perturbées. |
| | | | (#)Dim 4 Sep 2022 - 5:10 | |
| La silhouette de Leslie entre dans mon champ de vision et je me dis, naturellement, que ses recherches ont été infructueuses. Je me demande si c'est voulu. S'est-elle montrée sur la réserve avec les autres participantes parce qu'elle ne voulait pas être ici ce soir, parce qu'elle ne tenait pas vraiment à trouver quelqu'un ? Ou a-t-elle malgré tout joué le jeu et juste manqué de chance ? Car si elle avait matché, comme le dit si bien le jargon du speed-dating selon ce que j'ai pu entendre à divers instants de la soirée, elle aurait tenté sa chance avec l'inconnue en question au lieu de me rejoindre pour passer du temps avec moi. Je ne suis qu'une vieille amie qu'elle aurait tout à fait pu retrouver à un moment plus opportun. Ça ne fait aucun doute : elle n'a pas trouvé son bonheur. Je lui tends donc sa propre coupe de mousseux avec un 'désolée' qui, à défaut de sonner juste - puisque je suis contente qu'elle termine l'événement en ma compagnie - a le mérite de la faire rire. « Si, je l'ai trouvé. » Son air espiègle m'arrache un rictus complice. Je laisse planer un court silence avant d'acquiescer à ses mots. « Si tu pars de ce principe, alors on peut définitivement affirmer que j'ai trouvé le mien aussi. » Je suis venue au Sixteen Antlers en me disant que j'allais vivre une soirée aussi longue que barbante, et me voilà en train de boire un verre et de rattraper le temps perdu avec Leslie Oxton. Je suis même en train d'espérer que cette fameuse soirée ne prenne jamais fin. Comme quoi, la vie ne manque pas de surprises.
Je demande à Leslie ce qui ferait un bon toast, proposant d'emblée de fêter la fin de ces rencontres dénuées de sens qui ont été les nôtres, sur ordre d'un tiers ayant eu zéro considération pour notre plein gré. « À nous deux plutôt, » elle rectifie, et je dois admettre qu'elle a raison. Le speed-dating n'est déjà plus qu'un souvenir, en revanche, nos retrouvailles sont un million de fois plus importantes et méritent d'être célébrées. « À nous deux. » Nos flûtes cognent doucement l'une contre l'autre. « Et à la plus belle vue de Brisbane. » Son sourire mutin appelle le mien, et il ne me faut qu'une fraction de seconde pour capter son regard et renchérir. « Sans aucun conteste. » Leslie se retourne afin de se caler contre la rambarde. De sa main libre, elle m'indique une brunette au corps parfaitement mis en valeur par sa robe prune. « Tu vois celle-là ? Elle m'a presque fait un powerpoint de son chihuahua et de ses ensembles qui vont avec ses sac à mains. » Oh. Une grimace étire mes traits. Elle me semble beaucoup moins attirante maintenant que je sais ça. Même si elle m'avait proposé une nuit unique et sans attache, aucune partie de jambes en l'air, aussi géniale soit-elle, ne mérite un tel sacrifice à mes yeux - celui de devoir l'écouter déblatérer sur son chien et, pire, sur les fringues de son chien. Huh-huh. Dans un tel cas, je préfère encore rentrer bredouille. D'un geste discret du menton, j'indique à Leslie une grande blonde en combinaison ébène accoudée au comptoir. « Et elle, là-bas, elle collectionne les canards en plastique. » Face à la mine suspecte de Leslie, j'éclate de rire. « Si si, je te jure. Il paraît qu'on appelle ça la… attends. » Ça me revient assez vite puisque, quand on décortique le mot en question, ça fait un minimum sens. Ce qui ne rend pas la chose moins étrange, soit dit en passant. « Canaro… plastiquo… philie. » Je secoue la tête, désabusée. « Elle m'a balancé ça dès le départ, presque sans préambule. Au moins, je peux pas lui reprocher d'avoir menti ou caché sa vraie nature pour se rendre plus intéressante. What you see is what you get, » je conclus, amusée.
On passe encore une bonne demi-heure à comparer nos expériences de ce soir, entrecoupées de petites anecdotes sur nos quotidien respectifs. Je réalise peu à peu que ça fait longtemps que je n'ai pas autant ri, et de façon aussi légère, aussi franche. Comme quand on était au lycée, toutes les deux, et qu'entre nous, on se moquait - gentiment ou un peu moins selon la situation - de certains de nos camarades. Dans ces moments-là, de par sa simple présence et ses commentaires hilarants, elle m'offrait un insouciance que je n'avais plus connue depuis la mort de ma mère. « Je suis vraiment heureuse de te retrouver, Les, » je lâche enfin, après avoir bu la dernière gorgée de mon verre. Le bar va bientôt fermer, chacune va devoir rentrer chez elle, et pourtant, je ne me sens pas prête à lui dire au revoir. Je n'en ai pas envie. « Ça te dirait de venir boire un dernier verre à la maison ? » Je n'oublie pas qu'elle a deux petites filles, mais je me dis que vu l'heure tardive, elles doivent être déjà couchées, et gardées par quelqu'un de confiance. « J'ai du sans alcool, si tu as besoin de conduire pour rentrer après. Et sinon… j'ai aussi une chambre d'ami. » Ou une chambre tout court. Que je serais ravie de partager, j'ajoute en mon for intérieur. Ce serait loin de me déplaire et j'ai cru percevoir que ce sentiment était réciproque. Toutefois, sans certitude, je préfère ne pas m'avancer. Continuer à discuter jusqu'au bout de la nuit, une bière ou un verre de vin entre les mains, me conviendrait tout autant. Après tout, n'a-t-on pas vingt ans à rattraper, elle et moi ?
@Leslie Oxton |
| | | | (#)Sam 17 Sep 2022 - 19:27 | |
| Après avoir trinqué à vos retrouvailles, et après les sous-entendue à double sens, tu optes plutôt pour parler de tes échanges bien particulier avec cette charmante brune au loin. Voilà une belle preuve qu'il n'y a que les personnes un peu chelou qui s'inscrivent à ce genre de rencontre. Fallait bien s'y attendre. La grimace de Lex te fait automatiquement rire. Vient rapidement son tour à parler de sa mauvaise expérience de la soirée. « Et elle, là-bas, elle collectionne les canards en plastique. » Les canards en plastiques ??? C'est forcément une plaisanterie. Ça ne peut pas être possible. Ton visage parle pour toi. Tu ne la crois absolument pas. Elle veut juste gagner le concours du date le plus chelou de la soirée. « Si si, je te jure. Il paraît qu'on appelle ça la… attends. » Elle prend une pause pour chercher dans sa mémoire. Qu'elle arrête de chercher. Aucun mot n'existe pour ça, parce que c'est juste impossible avoir une passion pour les canards en plastique. Même auprès d'un enfant de trois ans, ça te semble impossible. Alors une demoiselle dans la trentaine…. non, non, non. « Canaro… plastiquo… philie. » - « Oh mon dieu, c'est encore plus horrible. » Tu es soudainement prise d'un fou rire. Elle vient d'inventer ce mot. C'est pas possible - oui tu vas le googler immédiatement en entrant chez toi. Incapable d'arrêter de rire, Lex poursuit tout de même pour prouver la véracité de ses paroles. « Elle m'a balancé ça dès le départ, presque sans préambule. Au moins, je peux pas lui reprocher d'avoir menti ou caché sa vraie nature pour se rendre plus intéressante. What you see is what you get, » Okay. Elle est vraiment sérieuse. Comment elle a fait pour ne pas éclater de rire devant la blonde ? C'est que tu es presque déçu de ne pas avoir assisté a ce moment incroyable en vrai. « Tu réalises la soirée incroyable que tu es en train de manquer ? Bain mousseux, canards en plastique. » que tu lui dis d'un air faussement enjôleur avant de te remettre à rire de plus belle. Honnêtement, tu penses ne jamais pouvoir te remettre de cette histoire. Toutes les autres qui ont suivi n'ont naturellement rien de bien intéressant après avoir entendu une telle histoire.
Le reste de la soirée se passe en toute légèreté. Bientôt vos coupes arrivent à leurs fins et le bar à sa fermeture également. « Je suis vraiment heureuse de te retrouver, Les » Oh, elle n'a pas vraiment besoin d'en dire plus que tu vois déjà la suite se dessiner d'elle-même. C'est tout de même vrai que c'est bien dommage que vous vous soyez perdu de vue. En même temps, les amitiés du lycée dépassent rarement le lycée, voilà tout. « Moi aussi. » que tu lui réponds pour confirmer que son bonheur était également partagé de son côté. Tu ne sais pas trop à quoi tu t'attendais comme soirée, mais tu ne t'attendais certainement pas à ce qu'elle soit aussi agréable. « Ça te dirait de venir boire un dernier verre à la maison ? » Ton verre terminé. Tes lèvres se pincent doucement. Ce ne serait sûrement pas une bonne idée. Pas pour la fatalité de la soirée, mais surtout à cause de l'heure et que tu as deux enfants qui t'attendent à la maison…. bien endormie, mais elles ne se lèveront pas plus tard parce que toi tu t'es endormi à l'aube. Tu jettes un coup d'oeil rapide à l'heure avant de venir prendre une décision. « J'ai du sans alcool, si tu as besoin de conduire pour rentrer après. Et sinon… j'ai aussi une chambre d'ami. » qu'elle ajoute sûrement pour te convaincre d'accepter sa proposition. Dormir là-bas, n'est certainement pas une option. Parce que tu dois absolument rentrer ce soir, mais aussi parce que tu ne restes jamais pour la nuit. Une règle qui évite bien des malentendus, même si tu connais assez Alexa pour savoir qu'il n'y en aurait pas avec elle. Tu ne comptes tout de même pas déroger de tes règles. « Pas longtemps. Je dois rentrer chez moi après. » que tu lui réponds, acceptant tout de même sa proposition au passage. Un dernier verre, oui, oui.
Après l'échange de son adresse, vous prenez chacune votre voiture qui vous mènera jusqu'à destination. Il ne faut que quelques minutes à peine pour te stationner devant chez Alexa. Tu montes les escaliers qui mènent jusqu'à sa porte où elle s'occupe de déverrouiller. « C'est sympa. » que tu déclares en pénétrant à l'intérieur après elle. Tu retires ta veste que tu accroches dans l'entrée juste avant de retirer tes chaussures. « Laisse tomber le verre. » que tu ajoutes en voyant que c'était sûrement ce qu'elle s'apprêtait à t'offrir. Tu as dis pas longtemps, du coup, on peut sauter la partie où vous faites semblant que c'est ce que tu es venu faire. En trois pas seulement, tes mains se posent sur chaque joues de Lex. Tu attires son visage vers le tien pour venir voler ses lèvres des tiennes. |
| | | | (#)Dim 25 Sep 2022 - 6:48 | |
| De toute évidence, je me souviendrai de ces quelques heures au Sixteen Antlers en deux parties bien distinctes et diamétralement opposées. Celle, ennuyeuse à souhait, où je me suis vue écouter sans la moindre sollicitude les histoires tout aussi dénuées d'intérêt de femmes que je n'ai aucune envie de recroiser un jour. Et celle que je suis en train de vivre, mille fois plus douce, mille fois plus passionnante, passée à discuter et à rire avec une vieille amie retrouvée. Plutôt pas mal comme résultat pour un premier (et dernier) speed-dating, non ?
Ainsi, quand Leslie me fait remarquer que je pourrais être dans un bain moussant avec une totale étrangère et ses dizaines de canards en plastique, plutôt que de boire un simple verre avec elle en terrasse, j'éclate de rire. J'ai bien évidemment saisi son ironie, mais je ne peux m'empêcher de me dire qu'elle a raison. Surtout que la fameuse collectionneuse était l'une des seules à être ouverte à une aventure d'une nuit, à condition qu'elle ne trouve pas de vrai match avec une autre. Donc si Les n'avait pas été là, j'aurais pu me laisser entraîner dans ce plan foireux et vivre pour le regretter. Sans en avoir forcément conscience, Miss Oxton a sauvé ma soirée, et à bien des égards.
Peu à peu, beaucoup trop vite à mon goût, les lieux sont désertés. Certaines femmes repartent seules, d'autres en duo avec l'une des participantes. Les serveurs débarrassent les tables de leurs verres désormais vides. Le barman nettoie puis essuie ces derniers au fur et à mesure. Indéniablement, la fermeture se rapproche. J'anticipe, demandant à Leslie si elle a envie de m'accompagner au loft histoire de passer un dernier moment ensemble avant de se séparer. Peu importe ce qu'elle voudra en faire, ça me conviendra. Je ne l'ai pas vue depuis vingt ans. J'ai envie d'en profiter le plus possible. « Pas longtemps. Je dois rentrer chez moi après. » Ses obligations de maman la rappellent à la maison. Je comprends, bien sûr. J'acquiesce, sourire aux lèvres, parce que même si c'est court, ça reste un oui. « Allons-y. » Je termine la dernière gorgée de ma coupe d'un trait, soudain pressée de quitter cet endroit puisque ce sera avec elle.
Leslie prend sa voiture. Je récupère ma moto et la précède, la guidant jusqu'en bas de mon immeuble aux allures à la fois modernes et industrielles - s'agissant d'une ancienne usine rénovée. On se retrouve devant la porte vitrée du hall. Je déverrouille cette dernière et appelle l'ascenseur. « Je suis au dernier, » je précise à l'instant où la cabine s'ouvre devant nous. Une minute plus tard à peine, je franchis le seuil du loft, Leslie suivant de près. Son regard erre ici et là, absorbant l'agencement et la décoration de la spacieuse pièce de vie, qu'elle finit par approuver. « Merci. » Pendant qu'elle retire sa veste et ses chaussures, je passe derrière elle, sur le point de rejoindre la cuisine et de nous préparer cette fameuse ultime boisson à partager. Puisqu'elle manque de temps, autant ne pas en perdre.
« Laisse tomber le verre. » Je ne sais pas si ce sont ses mots, le ton décidé de sa voix ou les deux, mais je me coupe dans mon élan et fais volte-face. Son regard ne laisse planer aucun doute sur ce dont elle a envie, là, maintenant. Et je suis si disposée à céder. Je n'ai pas besoin d'être convaincue. Pas le moins du monde. En toute franchise, j'espérais qu'on en arriverait là avant même de quitter le rooftop du bar, tout à l'heure. Je me pare d'un air malicieux, et laisse l'éclat dans mes yeux faire le reste. « Avec plaisir. » Lorsque ses lèvres capturent les miennes, ma réponse est immédiate, et laisse présager une fin de soirée que ni l'une ni l'autre ne risque d'oublier de sitôt.
THE END. @Leslie Oxton |
| | | | | | | | unexpected reunion ∞ leslie |
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