☽ 29 avril 2022. Voilà maintenant plusieurs semaines que Joy et Jackson s’étaient lancés dans les procédures officielles pour ouvrir leur association. Tout tournait autour de papiers administratifs, d’appels à rallonge et de coups de fil avec Jackson pour s’assurer que tout soit en ordre. Autant l’un que l’autre voulait faire les choses biens, surtout que l’état de Judy avait fini par s’améliorer, elle s’était finalement réveillée, et Jackson avait réussi à la voir, lui parler et montrer tout ce que l’on faisait pour elle. Plus jamais Judy ne serait seule, et les deux amis avaient envie d’étendre leur aide aux plus d’adolescents possibles. Joy ne pouvait qu’être impliquée dans cette démarche, quand on connaissait son adolescence, on pouvait largement deviner à quel point ce projet lui tenait à cœur.
Alors que Jackson s’occupaient déjà des premières courses qui seraient lancées dans les semaines à venir, Joy s’était occupée de promouvoir leur projet à travers l’hôpital mais aussi autour d’elle. Ainsi, des tracts et flyers s’étaient glissés dans les couloirs de l’hôpital, et elle en avait partagé certains sur ses réseaux sociaux. La jeune femme était déterminée à ce que cette association prospère de manière lucrative, bien entendu. Elle avait déjà quelques contacts avec des anciens sportifs qui voulaient s’impliquer dans des ateliers ou autres activités pour les adolescents. Aujourd’hui d’ailleurs, Joy avait bloqué deux heures de son emploi du temps après son service pour tenir un stand dans le réfectoire de l’hôpital. Aidée d’internes, d’infirmiers et d’une secrétaire administrative, Joy allait s’occuper des prochains inscriptions de la journée. Après avoir répandu la nouvelle depuis plusieurs semaines, elle espérait que la journée portes ouvertes à la découverte de l’association soit un franc succès. Ni le nom de Jackson, ni celui de Joy, n’avait été glissé dans la création de ce projet, la seule chose qui comptait était les adolescents, et les gens devaient littéralement venir dans le but de s’investir de bon cœur.
Habillée simplement, elle avait eu à peine le temps de prendre une douche dans les vestiaires. Ses cheveux étaient relevés dans un chignon chiffonnée par l’activité qu’elle menait, marcher de table en table pour récupérer diverses informations, parler avec les intéressés, mais aussi avec des parents de malades, Joy ne s’arrêtait pas. Un coup d’œil à la montre, dix-sept heures – cela faisait déjà donc une heure qu’elle était là et elle était ravie de pouvoir dire que l’association semblait intéressée pas mal de monde. Elle envoya un SMS à @Jackson Mills pour lui partager cette bonne nouvelle, et ne vit pas réellement qu’à quelques mètres seulement, un couple fit son entrée pour eux aussi, venir s’inscrire.
Avril 2022 C’est sur le comptoir de sa cuisine qu’Iris remarque ce dépliant faisant mention d’une association tout nouvellement créée pour venir en aide aux adolescents hospitalisés du St Vincent’s Hospital. Alors qu’Aiden était encore sous la douche, Iris a pris le temps de lire celui-ci et l’idée de participer à un tel projet, d’une quelconque manière qu’il soit, la motive tout particulièrement. Il est notamment question de run organisé pour soulever des fonds au profit des enfants et étant donné qu’Iris est sportive, participer aux marathons qui seront prochainement organisés par l’association ne lui font pas peur. Au contraire, lorsque le chirurgien la rejoint dans la cuisine, elle lui démontre son enthousiasme, en lui demandant si ce dernier compte s’y inscrire « Je vois qu’il y a une permanence aujourd’hui. On pourrait peut-être s’y rendre ensemble à la pause déjeuner, je peux te rejoindre à l’hôpital » dit-t-elle tout en continuant de fixer le dépliant alors qu’elle porte sa tasse de café aux lèvres. Quelques minutes plus tard, elle quitte à la hâte la maison d’Aiden, en retard, une fois de plus, quand ils s’attardent bien trop dans les bras l’un de l’autre.
La matinée est pas mal remplie pour l’architecte d’intérieur qui enchaîne deux rendez-vous qui sont à l’opposé l’un de l’autre dans la ville. Heureusement, le dernier, est proche du St Vincent’s Hospital et permet donc à Iris d’être à l’heure au moment de la pause déjeuner, où Aiden l’attend à l’extérieur de l’établissement. Elle court légèrement pour arriver à sa hauteur, manquant de faire tomber ses lunettes qu’elle rattrape à la hâte « Je suis à l’heure… contrairement à ce matin » par ta faute n’ajoute-t-elle pas mais son regard est suffisant pour lui faire comprendre. Elle dépose délicatement un baiser sur ses lèvres avant qu’ils ne prennent la direction de la cafétéria de l’hôpital, où se tient le stand de l’association. Aiden la laisse entrer en première sur les lieux et Iris le gratifie alors d’un sourire, avant que sa main ne vienne trouver la sienne lorsqu’elle aperçoit le stand en question qu’elle lui indique discrètement d’un signe de tête. Ils s’y dirigent alors et la personne qui se trouve derrière celui-ci lui est familière. « Bonjour… et puis, il y a ce petit moment d’hésitation, durant lequel elle cherche à se remémorer de son identité. Et puis, les souvenirs lui reviennent, ceux de cette période difficile qu’elle a eu à traverser, seule, et pourtant, c’est sur elle qu’elle a pu compter et à qui elle s’est confiée. Son sourire reprend place sur ses lèvres « Joy, c’est ça ? » demande-t-elle avec bienveillance. Elle se tourne alors vers Aiden, qui semble s’être enfermé dans un mutisme soudain, ce qu’elle ne manque pas de remarquer, ses sourcils se fronçant. Pour autant, elle poursuit « Nous aimerions beaucoup avoir des informations sur l’association et y participer » en tout cas pour elle, au vu de l’air adopté par Aiden, qui a changé du tout au tout en quelques secondes de temps. Iris se retourne alors vers lui, l’air inquiet, attendant qu’il réagisse ou dise quelque chose.
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☽ avril 2022. « Je vois qu’il y a une permanence aujourd’hui. On pourrait peut-être s’y rendre ensemble à la pause déjeuner, je peux te rejoindre à l’hôpital. » lance Iris alors qu’il apparaît dans la cuisine. Il plisse les yeux pour essayer de voir ce dont elle fait mention et c’est en arrivant à sa hauteur qu’il aperçoit et reconnait le dépliant de cette oeuvre caritative à laquelle il participe, comme de nombreux de ses collègues. « Volontiers. J’crois qu’il y a pas mal de collègues qui vont y participer … l’idée de te courir après au sens propre est encore plus motivant. » Il lui donne un petit coup de coude pour accompagner sa remarque digne de celle d’un adolescent. Un gamin, une fois encore. Et c’est sur le pas de sa porte que leurs chemins se séparent jusqu’à la pause déjeuner. Une routine à laquelle ils se sont habitués, à laquelle ils s’accrochent car c’est cette routine qui leur permet de se reconstruire, de se retrouver. Bras dessus, bras dessous, ils pansent leur plaie comme ils le peuvent.
Il est posé sur un banc devant l’établissement hospitalier, le regard rivé sur son téléphone portable. Comme la majeure partie de ceux et celles qui attendent quelqu’un ou quelque chose, il se perd sur la toile. Il lit des articles, souvent juste les titres et relève de temps en temps les yeux pour vérifier qu’Iris n’apparaisse pas dans le décor. Et il finit par la voir. Un sourire amusé, il se lève alors qu’elle se hâte de le retrouver. « Je suis à l’heure … contrairement à ce matin. » L’air innocent à la Aiden, il dépose en guise de répondre un tendre baiser sur sa tempe avant d’enrouler son bras autour d’elle pour se diriger vers le stand de l’association. Apparemment, ils n’ont pas changé d’avis : ils vont vraiment s’inscrire à cette run. Les doigts entrelacés à ceux de celle qu’il appelle désormais sa petit-amie, il reconnaît aussitôt la silhouette de celle qui tient le stand. Son coeur glisse aussitôt dans ses chaussures et sans s’en rendre compte, ses doigts pressent doucement la main d’Iris. Joy. Sa Joy. Son regard ne parvient pas à se détacher de ses traits. Certes ils se voient au boulot, mais ils ne se voient pas en privé. Ils se contentent de parler de cas, quelques small talks polis …
« Bonjour … Joy, c’est ça ? » Il secoue la tête et pose désormais son regard sur Iris, qui connaît sa Joy. Pourquoi la vie veut-elle toujours le secouer ? Pourquoi ne pas le laisser en paix ? Il lui adresse un simple sourire rassurant, à Iris. « Nous aimerions beaucoup avoir des informations sur l’association et y participer » Il est devenu spectateur de la situation. Il n’est pas là en tant qu’acteur. Tout est beaucoup trop réel. Iris et lui. Joy face à eux. Pourquoi est-ce-qu’il se sent aussi mal à l’aise ? Il a pourtant dit avoir tiré un trait sur Joyden. Il s’est promis d’aller de l’avant … avec Iris, d’ailleurs. Prenant une profonde inspiration, il décide alors de mentir à lui-même. Une fois de plus. Caressant du pouce le dessus de la main de sa petite-amie avant de la lâcher, il redevient acteur de la situation. « Exactement. Tu peux ajouter nos noms à la liste qui j’espère est déjà longue » et il laisse son regard se poser sur les documents qui se trouvent face à Joy. Un moyen de ne pas croiser son regard ? Possible. Sa main se pose dans le dos d’Iris quand il relève la tête pour dire alors : « J’savais pas que vous vous connaissez … » Il essaie de transmettre par la pensée à Iris que Joy est sa Joy, celle dont ils ont souvent parlé. Cette ancienne relation dont il essaie du mieux qu’il peut de se remettre. Un sourire aux lèvres, il ajoute : « Je me moque toujours de ceux qui disent que le monde est petit mais bordel … le monde est microscopique à ce niveau-là, non ? »
☽ 29 avril 2022. Joy avait pris le temps de s’occuper de cette association au côté de son ami Jackson. On pouvait dire qu’entre ça et son nouveau statut de résident, la brune avait repris du poil de la bête. On était loin de la Joy complètement perdue et déboussolée de l’année dernière, à la même époque. Elle s’était lancée dans la promotion de l’association depuis quelques jours gardant son anonymat, le but n’était pas de recevoir des éloges. Les seuls stars du projet étaient les adolescents, et depuis ce qui s’était passé avec Judy, on pouvait dire que le métis et elle-même s’étaient donnés pour mission que cela ne se reproduise plus jamais. Ils étaient donc chacun lancés dans leur mission respective, et entre autres, aujourd’hui, Joy s’occupait d’une des permanences pour s’occuper des inscriptions mais aussi répondre aux questions autant des familles que des volontaires.
Elle avait donc fini sa garde, enfilant ses vêtements de jour très rapidement avant de rejoindre quelques collègues volontaires pour l’aider. Ils avaient investi le réfectoire avec quelques tables, des dépliants et les listes d’inscription. Elle avait contacté son ami Jax pour le rassurer sur le bon déroulé de l’opération. Elle ne faisait pas forcément attention aux gens qui entraient et sortaient, mais elle leva la tête lorsqu’elle entendit son prénom. « Bonjour… Joy c’est ça ? » Elle se pinça les lèvres levant la tête avant de croiser le regard de cette jeune femme. Joy sourit. « C’est bien moi » dit-elle dans un premier temps avant de se rendre compte qu’elle ne portait pas son badge, et donc que la brune en question devait donc la connaître. Puis, une seconde après, elle remit à son tour la jeune femme, une ancienne patiente avec qui le dialogue et la confiance s’étaient facilement installées. « Oh, Iris. Comment tu vas ? » dit-elle avant que son regard se porte sur la personne derrière elle, elle reconnut Aiden, elle fronça les sourcils un instant avant que la jeune femme ajoute : « Nous aimerions beaucoup avoir des informations sur l’association et y participer. » Toujours ses papiers à la main, elle tiqua sur le ‘nous’, ne comprenant pas de suite à qui elle faisait référence. « Exactement. Tu peux ajouter nos noms à la liste qui j’espère est déjà longue » Et tout devint plus clair alors, le nous faisait référence à Iris, et à Aiden. Comment se connaissaient-ils ? « J’savais pas que vous vous connaissiez… » Joy avait toujours ce sourire figé sur le visage, son regard passant de la jeune femme à son ex, et vice versa. Elle voyait bien qu’Aiden avait l’air gêné et Joy finit par faire l’équation adéquate dans sa tête pour comprendre pourquoi son ex semblait tant gêné. « Je me moque toujours de ceux qui disent que le monde est petit mais bordel … le monde est microscopique à ce niveau-là, non ? » Joy eut un petit rire, de quoi être poli même si elle n’aimait pas trop cette situation. « Apparemment oui. » se contenta-t-elle de répondre en adressant un rapide regard à Aiden. Mais son attention se porta sur la jeune femme, venant attraper le document correspondant, elle prit un stylo et ajouta : « Miss Leckie et Dr Iaroslavtsev, donc ? » dit-elle pour confirmation, ne se doutant pas qu’elle mettait peut-être les pieds dans le plat, elle ajouta : « La première course est prévue pour le 1er juin, mon ami et moi réfléchissons encore aux événements qui animeront l’association, mais tout sera mis en œuvre pour le bien être de nos petits loups. » D’un ton professionnel, Joy essayait de ne pas se poser un millier de questions face à cette situation rocambolesque.
Avril 2022 « C’est bien moi » La jeune femme ne semble pas la reconnaitre tout de suite, et si Iris n’aurait pas nécessairement insisté si cela n’avait pas été le cas, un sourire vient étirer ses lèvres quand finalement, elle semble se souvenir d’elle « Oh, Iris. Comment tu vas ? » « Très bien. Et toi, comment tu vas ? » demande-t-elle en retour, sans réellement prêter attention au fait qu’Aiden est soudainement bien trop muet et discret, ce qui ne lui ressemble pas réellement. C’est alors elle qui prend les devants en signifiant à Joy que le chirurgien et elle-même viennent s’inscrire auprès de l’association. « Exactement. Tu peux ajouter nos noms à la liste qui j’espère est déjà longue » Aiden semble être soudainement revenu sur Terre, et Iris se pivote légèrement vers lui, acquiesçant à ses dires. Puis elle sent la main de son petit-ami se poser dans son dos, délicatement « J’savais pas que vous vous connaissez … (…) Je me moque toujours de ceux qui disent que le monde est petit mais bordel … le monde est microscopique à ce niveau-là, non ? » Et c’est alors qu’Iris fait le rapprochement, comprenant bien que ce regard insistant qu’il lui lance est celui qui lui signifie que cette même Joy qu’elle connait et celle dont il lui a déjà parlé. Et soudainement, peut-être que la Castillo se sent légèrement mal à l’aise et c’est elle cette fois qui reste silencieuse « Apparemment oui. » . Elle pourrait aussi à cet instant préciser à Aiden comment elles se sont connues toutes les deux, mais elle n’y tient pas réellement. Les circonstances ne sont pas de celles sur lesquelles elle s’est épanchée avec lui, ne lui ayant jamais parlé de sa fausse couche peu après son divorce avec Caelan. Alors, elle use de son sourire, celui qu’elle revêt le plus naturellement possible et finit par répondre le plus vaguement possible « Joy et moi nous sommes rencontrés il y a de ça trois ans, ici même, à l’hôpital fait-t-elle avant de retrouver le regard d’Aiden « Rien de grave, c’était dans le cadre d’une visite de routine ajoute-t-elle pour ne pas qu’il se doute de quoi que ce soit et l’interroge davantage à ce sujet Mais nous nous sommes jamais vraiment revus depuis » Est-ce que la précision est nécessaire ? Peut-être, sûrement pour apaiser un peu l’appréhension d’Aiden, pour lui signifier que Joy et elle n’étaient pas spécialement en contact depuis. Iris reporte son regard dans celui de l’infirmière de l’époque qui l’avait épaulé et surtout écouté dans cette épreuve difficile qu’elle était en train de traverser, souriant à celle-ci avant de baisser son regard sur la paperasse présente sur la table.
« Miss Leckie et Dr Iaroslavtsev, donc ? » Et l’appellation qu’elle utilise lui fait immédiatement relevé le regard alors qu’elle avait celui-ci plongé dans un dépliant « Euh, non, c’est Castillo désormais » Il y a ce sourire gêné sur ses lèvres, même si, à ce sujet, Iris n’a rien à cacher, Aiden étant au courant qu’elle a été précédemment marié. « La première course est prévue pour le 1er juin, mon ami et moi réfléchissons encore aux événements qui animeront l’association, mais tout sera mis en œuvre pour le bien-être de nos petits loups. » « En tout cas, c’est une excellente initiative que vous avez eu répond Iris avec sincérité Et si jamais vous avez besoin d’extra-hands… Ce sera avec plaisir. Je vais essayer aussi d’en parler davantage autour de moi » user de son réseau autant professionnel que personnel pour relier l’information, et elle sait déjà qu’en rentrant chez elle, ce soir, elle appellera Deklan et Channing pour les convaincre de se joindre à elle pour les courses… et sûrement aussi pour leur raconter cette situation… un peu awkward.
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☽ avril 2022. « Apparemment oui. » Elle ne semblait pas vouloir s’attarder sur lui et il mit ça sous le compte de l’association. Beaucoup de choses en tête, elle n’avait certainement pas le temps pour des ronds de jambe et de politesse. Il préférait se dire que c’était la raison pour cette distance. « Miss Leckie et Dr Iaroslavtsev, donc ?» « Euh, non, c’est Castillo désormais » Il acquiesça d’un signe de tête tout en jetant un coup d’oeil par dessus l’épaule de Iris pour s’occuper l’esprit et surtout ne pas regarder Joy. Se concentrer sur les prospectus était devenu une excellente dissimulation. « La première course est prévue pour le 1er juin, mon ami et moi réfléchissons encore aux événements qui animeront l’association, mais tout sera mis en œuvre pour le bien être de nos petits loups. » Il releva la tête pour croiser son regard un court instant. Il connaissait les zones d’ombre de son enfance, il connaissait également son dévouement presque angélique pour la pédiatrie. Ce projet était fait pour elle ou mieux encore, on reconnaissait un bout de son âme dans ce projet. Il était impressionné. « En tout cas, c’est une excellente initiative que vous avez eu. Et si jamais vous avez besoin d’extra-hands… Ce sera avec plaisir. Je vais essayer aussi d’en parler davantage autour de moi »
« Une excellente initiative et je pense qu’on pourrait trouver ou espérer mieux pour la guider. » dit-il avec la plus sincérité. Ils avaient par le passé échanger sur leur métier, la valeur de ce dernier. Ils avaient échangé pendant des heures, des nuits entière sur le fait de pouvoir changer la donner, de pouvoir faire plus, de faire en sorte que tout ne s’arrête pas après une visite médicale, que la vie et le combat continuaient toujours. Ils avaient échangé leurs fêlures. Lui et son enfance cabossée. Elle et ces traumatismes enfouis au plus profond de son âme. Il la voyait briller, irradier face à une telle initiative et étrangement, ca le rendait lui-même … heureux. « Si Iris est douée pour rameuter du monde … tu me connais, je pense que c’est mieux si je reste dans les coulisses et me contente de courir.» dit-il tout en riant. On le connaissait. Lui et son talent pour mettre les pieds dans le plat, pour parler de grossesse à une femme qui a pris un peu de poids après des vacances, pour faire des maladresses dans l’espoir de bien faire. Il valait mieux le tenir loin de tout sujet sensible, lui donner un chasuble et le faire courir. C’était peut-être la meilleure idée qu’il ait eu depuis des années.
Quoique ... il était plutôt doué avec les enfants, les adolescents. Enfants, adolescents. Paternité. Ce sujet de conversation le mettait toujours mal à l'aise. Elle le voyait sans doute comme le père à en devenir, celui qui veut se créer une équipe de foot ... évidemment qu'il serait parfait avec les adolescents. Il jeta un coup d'oeil au prospectus qu'il tapota du bout des doigts pour ajouter : « Et on te trouvera sur la ligne de départ le 1er juin ?» Y avait-il un léger ton de défi dans sa question ? L'idée de courir à ses côtés lui rappelaient pas mal d'anecdotes, cette fichue tendance à toujours vouloir parier et se mettre au défi : celui qui arriverait le dernier ici ou là paierait le restau, le genre de broutilles que l'on fait quand on est candidement amoureux de l'autre. Mais on ne changeait pas une équipe qui gagne, même quand cette équipe ne pensait plus exister.
☽ 29 avril 2022. A première vue, la chirurgienne était tellement plongée et concentrée dans sa mission du jour qu’elle mit quelques secondes à reconnaître Iris – une ancienne patiente. Elles avaient partagé un moment intense dans le passé, des histoires similaires qui s’entrechoquaient. « Très bien. Et toi, comment tu vas ? » « Un peu dans le speed, mais ça va. » répondit-elle naturellement. Joy n’avait pas encore fait l’équation dans sa tête, voir Aiden en arrière-plan ne l’avait pas percuté à vrai dire. Ce fut quand le chirurgien s’approcha et décida de se mêler à la conversation que Joy comprit ce qui était en train de se passer sous son nez. Le monde était clairement petit, et comme ce n’était pas à elle de s’épancher sur le sujet, elle n’ajouta rien mais Iris précisa tout de même les circonstances de leur rencontre. « Joy et moi nous sommes rencontrés il y a de ça trois ans, ici même, à l’hôpital. Rien de grave, c’était dans le cadre d’une visite de routine. Mais nous nous sommes jamais vraiment revus depuis » A ses propos, Joy comprit qu’Iris n’avait pas forcément parlé de cet épisode dans sa vie – elle trouvait cela presque dommage car pour le coup, Aiden savait ce que c’était de traverser une fausse couche. Il l’avait vécu avec elle, et ça avait coûté leur relation. Les deux jeunes femmes se ressemblaient bien plus qu’elles ne le pensaient probablement.
Joy ne préférait pas étayer la conversation, trop personnelle à son goût. Elle se replongea donc à sa mission, venant les inscrire officiellement à l’association et notamment à la course qui aura lieu en juin. « Euh, non, c’est Castillo désormais » Elle leva la tête et croisa le regard de la jeune femme, si Joy avait une mémoire des noms, il était clair qu’elle venait de faire une bourde à ce moment-là. Elle se pinça les lèvres pour ne rien rajouter de gênant et vint se corriger sur le papier. Le mieux était d’enchaîner la conversation, et de parler de l’association, après tout ils étaient là pour ça. « En tout cas, c’est une excellente initiative que vous avez eu. Et si jamais vous avez besoin d’extra-hands… Ce sera avec plaisir. Je vais essayer aussi d’en parler davantage autour de moi » « Une excellente initiative et je pense qu’on pourrait trouver ou espérer mieux pour la guider. » Elle sourit naturellement à ces compliments. « Oui, ça nous tient à cœur. » dit-elle dans un premier temps « A Jackson et moi. » Elle ne savait pas pourquoi elle avait voulu préciser le nom de Jackson, comme si elle voulait émettre l’idée qu’elle n’était pas seule dans ce projet aussi professionnel et personnel soit-il. Voulait-elle aussi laisser entendre qu’elle était accompagnée de Jackson, et plus si affinités ? Peut-être mais elle ne l’avouerait jamais, préférant laisser le doute dans la tête de ses interlocuteurs. « Si Iris est douée pour rameuter du monde … tu me connais, je pense que c’est mieux si je reste dans les coulisses et me contente de courir.» La brune se contenta de sourire, ne préférant pas ajouter quoique ce soit qui pourrait s’avérer gênant dans cette situation. « C’est gentil de participer en tout cas, plus on est, mieux c’est. » conclut-elle en posant le formulaire sur la table qui les séparait. « Et on te trouvera sur la ligne de départ le 1er juin ?» La course allait être retardée mais ça, Joy ne le savait pas encore, l’organisation n’était pas toujours simple pour de tels événements. « Oh oui, je serai dans les starting blocks, sans aucun doute. Faut bien montrer l’exemple. » dit-elle, fière mais aussi stressée par tout ce projet. « On se revoit très vite alors. » ajouta-t-elle, un sourire qui se voulait sincère mais qui ne l’était pas totalement. Joy ne se réjouissait pas non plus de retrouver son ex petit ami accompagné de sa nouvelle compagne mais soit, ils étaient là pour la bonne cause et c’était le principal.
Avril 2022 « Une excellente initiative et je pense qu’on pourrait trouver ou espérer mieux pour la guider. » « Oui, ça nous tient à cœur. (…) A Jackson et moi. » Iris n’intervient pas dans cet échange et peut-être a-t-elle un regard en premier pour Aiden quand il tarit d’éloges pour Joy qui est, semble-t-il, la personne parfaite pour gérer cette association et un regard ensuite pour l’interne dont la précision qu’elle apporte en parlant d’un certain Jackson avec qui elle fait équipe, laisse penser à Iris qu’il est possiblement son petit-ami. Après tout, tout comme Joy ignorait le changement de nom de famille d’Iris, cette dernière ne connait rien de la vie privée de la jeune femme, si ce n’est ce combat commun qu’elles ont eu à mener à une période presque similaire de leur vie. « Si Iris est douée pour rameuter du monde … tu me connais, je pense que c’est mieux si je reste dans les coulisses et me contente de courir.» Iris sourit en retrouvant le regard d’Aiden et ne manque pas de remarquer qunad il souligne le fait que Joy le connait suffisamment. Il n’y a plus réellement de doute à cet instant pour Iris quant à la jeune femme qui se tient devant elle et la Joy dont Aiden lui a déjà parlé, il s’agit bel et bien de la même personne. « C’est gentil de participer en tout cas, plus on est, mieux c’est. » « Et on te trouvera sur la ligne de départ le 1er juin ?» « Oh oui, je serai dans les starting blocks, sans aucun doute. Faut bien montrer l’exemple. (…) On se revoit très vite alors. » « Merci, Joy. A bientôt » dit alors Iris avec un sourire sincère même si elle doit reconnaitre qu’elle se sent un peu mal à l’aise soudainement.
L’impression d’être de trop, l’impression d’être au milieu de deux personnes qui n’ont pas totalement tournés la page de leur histoire, une histoire qui s’est précipitamment terminée. Et peut-être qu’à cet instant, des interrogations viennent s’immiscer dans son esprit, celle de sa place auprès d’Aiden mais aussi cette similarité finalement entre eux deux, celle de leurs blessures respectives, de leurs histoires respectives, celles sur lesquelles ils ne sont pas longuement épanchées et pourtant, semble, qu’ils le veulent ou non, venir leur éclater en pleine figure à un moment ou à un autre.
Ils ont pris de quoi manger avant de ressortir de la cafétéria et prenne place à une table à l’extérieur, sous un arbre. A cette heure, l’endroit est pas mal fréquentée mais ils sont quelque peu à l’écart. Tranquillement, Iris défait le papier enveloppant le sandwich qu’elle a choisi et vient à rompre ce silence qui s’est un peu installée entre eux « J’espère que tu as une bonne endurance, doc’ lâche-t-elle sur le ton de l’humour il ne faudrait pas que je te sème durant le marathon ». Elle est sportive, Iris, et la course est un sport qu’elle pratique de manière assez régulière, que ce soit seule ou avec ses plus proches amis « Je trouve que c’est une belle cause qu’ils défendent là. Et je suis contente de pouvoir y contribuer ». Oh, elle peine à entrer dans le vif du sujet, elle tarde même à le faire alors que des interrogations subsistent, nombreuses, bien qu’ils aient déjà parlé de Joy et lui, brièvement. Elle mord dans son sandwich, en prend alors un morceau et lorsqu’elle a fini de l’avaler, elle reprend « C’est donc de cette Joy, dont tu me parlais… » lâche-t-elle sur un ton calme et bienveillant, le sourire aux lèvres.
I don't wanna wait until tonight I'm lost without you I don't wanna stay up late tonight Just thinking about you -- @Iris Castillo & @Joy Petterson
☽ avril 2022. Joy laissait toujours une marque particulière sur son cœur, sur son âme quand elle croisait son chemin. C’était comme ça depuis le premier jour. Elle ne le laissait pas indifférent. Jamais. Pas même aujourd’hui, quand il était aux côtés de sa nouvelle petite amie. Et, il se détestait pour cela. Il pensait avoir tourné la page. Il pensait être allé de l’avant mais il lui suffisait de croiser son regard pour qu’il prenne conscience qu’il ne tournerait jamais la page. Il était sien. Pour le restant de ses jours. Installés à une table avec de quoi passer le déjeuner en compagnie d’Iris, Aiden balayait le parc du regard à la recherche d’une quelconque explication pour ce qui se passait en son for intérieur. Gorgée de limonade pour essayer de reprendre contenance, il tourna la tête vers Iris quand celle-ci eut le courage de briser le silence qui s’était imposé entre eux. « J’espère que tu as une bonne endurance, doc’ » Il esquissa un sourire amusé à cette remarque, pencha la tête sur le côté quand elle ajouta sur un ton de défi : « il ne faudrait pas que je te sème durant le marathon. » Mimant un faux air outré, il resta ainsi une ou deux secondes. « Oh ! Quel culot ! Tu te lances sur un terrain glissant, tu le sais ? Je ne suis pas du genre à faire des cadeaux quand il est question de compétition sportive et tu ne feras pas exception, Castillo. Pas même grâce à cette bouille innocente. » qu’il dit tout en agitant son index sous son nez, avant de prendre une bouchée de son sandwich.
« Je trouve que c’est une belle cause qu’ils défendent là. Et je suis contente de pouvoir y contribuer » La bouche pleine, il lui donnait raison en hochant la tête positivement. Oui, c’était une bonne cause. Oui, c’était plutôt chouette de participer à cet événement, de mettre sa minuscule pierre à l’édifice même si cela signifiait … se sentir comme le plus vil des connards de cette planète. « C’est donc de cette Joy, dont tu me parlais … » Il cessa de macher pendant trois secondes. Boum ! Elle jetait le pavé dans la mare. Il se redressa, avala une gorgée de limonade pour faire passer le tout.
« Je suis désolé. Je ne savais pas que vous vous connaissiez et je ne savais pas que … désolé si ça t’a mis mal à l’aise. » commença-t-il par dire avec la plus grande honnêteté. « Ouais, c’est Joy. » Il n’y avait pas beaucoup à ajouter. C’était Joy, celle qu’il avait présenté à Iris comme son grand amour, sa plus grosse erreur, celle avec qui il aurait voulu fonder une famille, celle pour qui il aurait abandonné l’idée de devenir père pour pouvoir être avec elle, celle qui avait bouleversé tous les codes de sa vie, celle qui lui avait appris à aimé et être aimé. Joy. Tout un univers. Son univers. « Depuis son retour, on a pris pour habitude de s’éviter avec diplomatie et politesse …» Pas de crise de nerfs, pas de disputes, ils s’évitaient tout simplement sans se l’avouer. Ils se contentaient de quelques salutations polies, sans plus. Ils gardaient leur distance. Ils se protégeaient. « J'aurais dû t'en parler. Je suis désolé. », finit-il par dire en plongeant son regard dans le sien.
Avril 2022C’est une remarque qu’elle était tout à fait capable d’avoir avec lui, qui n’avait rien de surprenante. Pourtant, aujourd’hui, elle utilise ce subterfuge pour éviter un tout autre sujet, celui qui ne la met pas tout à fait confortable, concernant de cette rencontre qu’il vient d’avoir lieu entre Aiden, Joy et elle. Mais briser ce silence en entrant dans le vif du sujet ne lui semble pas être la meilleure des solutions, et c’est sûrement pour cette raison qu’elle l’amène progressivement. Parce que c’est délicat, parce qu’elle ne veut pas froisser Aiden, le mettre plus mal à l’aise qu’il ne doit l’être sûrement lui aussi. Parce que, malgré tout, Iris est compréhensive, ne lui en veut même pas, quand elle aussi ne lui a pas tout dit à son sujet… Oh ! Quel culot ! Tu te lances sur un terrain glissant, tu le sais ? Je ne suis pas du genre à faire des cadeaux quand il est question de compétition sportive et tu ne feras pas exception, Castillo. Pas même grâce à cette bouille innocente. » « Really ? » demande-t-elle en accentuant les traits de l’air innocent qu’il décrit, portant ses mains sous son menton et battant des cils à plusieurs reprises. Et puis elle laisse retomber ses mains pour se saisir de son sandwich « Et je ne compte pas t’en faire non plus » annonce-t-elle d’un ton de défi, non sans petit sourire amusé au bout des lèvres.
Et puis arrive ce moment où Iris décide de briser la glace, parce qu’elle n’a pas envie de rester dans cette impasse, dans ce malaise avec lui. Alors, elle évoque cette Joy qu’ils viennent de rencontrer à ce stand, cette Joy qu’elle connait parce qu’elle a été celle présente lors de sa fausse couche, cette Joy qui semble être sa Joy, celle dont il lui a parlé lorsqu’ils ont eu cette conversation à cœur ouvert ensemble, cette même conversation où elle aussi à évoquer Caelan. « Je suis désolé. Je ne savais pas que vous vous connaissiez et je ne savais pas que … désolé si ça t’a mis mal à l’aise. » Iris tourne la tête doucement de gauche vers la droite, lentement pour lui montrer qu’il n’avait pas à l’être. Ouais, c’est Joy (…) Depuis son retour, on a pris pour habitude de s’éviter avec diplomatie et politesse … (…) J'aurais dû t'en parler. Je suis désolé. » « Don’t be… dit-t-elle sur un ton qui se veut compréhensif, accompagné d’un sourire Je l’ai connu il y a trois ans. J’étais… Je suis entrée à l’hôpital parce que je venais de faire une fausse couche. Elle était dans le service pédiatrie et elle a été à l’écoute pour moi, elle s’est montrée très compréhensive, très douce… j’ai énormément parlé avec elle, elle a été d’un énorme soutien Evoquer cette période pour Iris n’est pas chose aisée, c’est d’ailleurs un sujet qu’elle aborde pour la première fois avec Aiden et c’est ce qui explique son air hésitant et quelque peu gêné On ne s’est jamais revue par la suite, c’est la seule fois où je lui ai parlé. Mais le monde est petit ». Elle ne lui fait pas un reproche quand elle dit ça, elle a d’ailleurs à nouveau un mince sourire qui se forme au coin de ses lèvres.
I don't wanna wait until tonight I'm lost without you I don't wanna stay up late tonight Just thinking about you -- @Iris Castillo & @Joy Petterson
☽ avril 2022. « Je l’ai connu il y a trois. J’étais … je suis entrée à l’hôpital parce que je venais de faire une fausse couche. » Le mot « faux couche » est tabou. Il déglutit avec difficulté en l’entendant car ce simple mot rappelle de douloureux souvenirs. Il lui rappelle cette paternité prématurément effacée. Il lui rappelle le début de la fin avec Joy : la frustration, la douleur, la peur, le deuil, le manque de communication puis finalement la fin d’une relation si longtemps idéalisée. Il ne connaissait pas cette tragédie dans la vie d’Iris, un sujet tabou pour elle aussi et il comprend. Aiden le comprend car il vit exactement la même chose. « Elle était dans le service pédiatrie et elle a été à l’écoute pour moi, elle s’est montrée très compréhensive, très douce … J’ai énormément parlé avec elle, elle a été d’un énorme soutien. » Et, il l’imagine sans trop de difficulté. Joy avait vécu la même chose. Elle devait sans doute avoir les mots justes pour apaiser ce genre de blessures mais soudain … Aiden s’imaginait les blessures de Joy s’ouvrirent de nouveau car il savait d’expérience que ce genre de blessures ne guérissait jamais. Jamais. Il lui adressa un tendre sourire tout en soufflant un « Je suis désolé, Iris. » bien que ce désolé ne devait pas avoir trop de sens en ce moment. Il en avait eu le besoin, le besoin de lui dire qu’il était désolé car il savait ce que cela signifiait. Lui et Joy. « Et, je sais combien avoir un soutien de taille dans ce genre de tragédie est essentiel. »
« On ne s’est jamais revue par la suite, c’est la seule fois où je lui ai parlé. Mais le monde est petit. » Il lui sourit tout en acquiesçant la tête. « Minuscule, tu veux dire, oui. » réplique-t-il avec calme et un sourire dans la voix. Le monde n’est peut-être pas petit. Peut-être que c’est Joy qui ne semble pas sortir de sa vie. Ils sont faits pour être ensemble, c’est ce qu’il avait cru et pensé pendant des années … des mois à essayer de la conquérir. Il avait fini par baisser les bras, se dire qu’elle appartenait désormais au passé. Il avait accepté le statut de « collègue » qu’elle avait bien voulu lui donner. Pourtant, désormais, il avait conscience de ce qu’elle provoquait en lui … ses pensées se troublent, ses émotions se chamboulent. Joy est une tornade dans sa vie, elle l’a toujours été. Le plus beau sourire d’Iris ne semble pas pouvoir atténuer les bouleversements en lui. A quoi bon lutter ? « Plus j’y pense et plus je me dis qu’elle n’est jamais sortie de ma vie … que je le veuille ou non. » Est-ce-qu’il le veut ? Après tout, il est revenu ici, à Brisbane et travaille toujours à l’hôpital, étant son collègue. Inconsciemment, il ne veut pas la faire quitter sa vie.
Avril 2022« Je suis désolé, Iris. » La jeune femme acquiesce mollement, avec un petit sourire en coin avant que son regard ne se porte sur ses mains qui tiennent toujours son sandwich. Elle en a parlé à très peu de personnes, même pas à son ex-mari qui ignore totalement cet épisode de sa vie, et finalement, de leur vie, quand cela les concernait autant l’un que l’autre malgré leur séparation. Mais Iris n’en a pas touché un mot à Caelan, et une part d’elle s’en veut de ne pas l’y avoir inclus. « Et, je sais combien avoir un soutien de taille dans ce genre de tragédie est essentiel. » Malgré le chamboulement qui était en train d’être opéré dans sa vie du fait de son divorce et de son souhait de couper les ponts avec bon nombre de personnes, Iris a été bien épaulée durant cette épreuve et Joy a d’ailleurs joué un rôle dans ce soutien lors de son hospitalisation. « Ca l’est » dit-t-elle sans se douter une seule seconde qu’Aiden est très bien placé pour en parler, tout comme elle ignore que Joy a aussi traversé la même épreuve quelques temps avant Iris.
« Minuscule, tu veux dire, oui. » Il semblerait qu’il le soit malgré l’immensité de la ville de Brisbane. Malgré ce constat, surtout vis-à-vis de celle qui n’est autre que l’ex d’Aiden, il n’y a pas de jalousie ou de haine dans l’échange. Au contraire celui-ci est calme et posé, il n’y a pas une once de reproches d’un côté ou de l’autre. Chacun est prêt à attendre les dires et les confidences de l’autre, malgré ce lien indéniable qui s’est créé entre eux ces derniers mois. Plus j’y pense et plus je me dis qu’elle n’est jamais sortie de ma vie … que je le veuille ou non. ». Et Iris ne peut que comprendre. Elle ne peut que comprendre quand elle-même ressent la même chose vis-à-vis de Caelan. Alors, elle acquiesce une fois de plus avant de reprendre la parole en trouvant le regard d’Aiden « Je comprends… je ressens la même chose vis-à-vis de Caelan ». Il serait donc malvenu pour elle de surréagir à cet instant là même si un petit pincement au cœur se fait ressentir, appréciant la relation qu’elle a actuellement avec le chirurgien « On a beau avoir été sans contact depuis notre divorce, il y a de ça trois ans, depuis qu’il est venu m’annoncer qu’il allait se rendre à propos de son délit de fuite et que je le savais en prison, tout a refait surface… elle marque une pause, son regard se tournant quelques secondes vers des personnes qui passent à proximité d’eux et surtout ça n’a fait que faire ressortir ma culpabilité de l’avoir laissé tomber au moment où il avait, pourtant, le plus besoin de moi » Parce que c’est ainsi qu’elle le perçoit, quand elle a donné un ultimatum à Caelan en lui demandant de choisir entre son secret et elle avant qu’ils ne divorcent.
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☽ avril 2022. « « Je comprends… je ressens la même chose vis-à-vis de Caelan ». Le prénom de celui qui n’a jamais cessé d’avoir une place dans le cœur de sa petite amie n’est pas une surprise pour le chirurgien. Il connaît ce nom. Il connaît l’importance de cette personne pour la jeune femme. Il comprend, il la comprend car ils sont exactement au même stade de leur relation, de leur reconstruction. Aiden ne cesse de penser à Joy. Elle hante ses pensées, qu’il le veuille ou non. Et, il ne cesse de comparer le monde entier à celle qui hante ses pensées. Iris a beau être un être merveilleux, elle n’est pas Joy tout comme il n’est pas Caelan. Ils font du sur-place tout en prétendant aller de l’avant, tout en prétendant construire quelque chose ensemble. A vrai dire, ils ne font que panser leurs plaies sans vraiment aller à la source. Ils se mentent à eux-mêmes tout en s’aidant à ouvrir les yeux sur ce qui les animent réellement. « On a beau avoir été sans contact depuis notre divorce, il y a de ça trois ans, depuis qu’il est venu m’annoncer qu’il allait se rendre à propos de son délit de fuite et que je le savais en prison, tout a refait surface ». Il ne réagit pas. Il se contente de la regarder avec tendresse, la même tendresse habituelle, celle qui se veut compréhensive et réconfortante. « et surtout ça n’a fait que faire ressortir ma culpabilité de l’avoir laissé tomber au moment où il avait, pourtant, le plus besoin de moi ». Leur histoire est bien trop similaire et il s’en rend compte aujourd’hui. Cette culpabilité qui les ronge. Aiden a le sentiment de se retrouver face à un miroir de ses sentiments. Cette culpabilité, elle le ronge toujours. Il aurait dû agir autrement. Il aurait dû se battre. Il aurait dû se battre. Il n’aurait pas dû écouter Joy, il aurait dû la convaincre de se battre ensemble, pour leur couple, pour leur amour, pour eux… Les « et si » sont ce qui le pousse toujours vers les abysses de la culpabilité. Elles sont dangereuses.
Son bras se tend pour qu’il puisse poser sa main sur celle d’Iris, cherchant son regard avec une toute nouvelle complicité. « Je sais exactement ce dont tu parles … Je connais ce sentiment qui ronge de l’intérieur. » Son pouce caresse le dos de sa main, plus qu’un geste romantique il s’agit là d’un geste tout simplement tendre, celui d’un ami. « Des fois, je me dis qu’il est trop tard et qu’il vaut mieux tout laisser derrière soi … et des fois, je me laisse penser à une possibilité de réparer, de reconstruire, de se retrouver. » Sa main retrouve sa place initiale et Aiden hausse les épaules comme s’il n’est pas encore complétement convaincu par cette seconde théorie bien que c’est celle qui le fait toujours avoir un œil protecteur sur Joy. « Est-ce que ça fait de moi un éternel romantique qui se cache derrière une carapace de sarcasmes ? Possible mais je te fais confiance pour ne le répéter à personne », finit-il par ajouter d’une voix rieuse et taquine.
Mais cette conversation est la première étape de la prise de conscience. Prise de conscience qu’ils ne sont plus avec la bonne personne. Prise de conscience que ce qu’ils ont vécu n’est plus ce dont ils ont besoin. Ils avaient eu besoin l’un de l’autre pour comprendre, pour apprivoiser leurs sentiments. Prise de conscience qu’il est temps de clôturer ce chapitre pour essayer d’en démarrer un nouveau …
Avril 2022« Cela fait des mois qu’Iris est bien trop chamboulée. Elle l’a été dès l’instant où Caelan est arrivé sur le pas de sa porte et qu’elle a posé son regard dans le sien. Elle l’a été davantage en apprenant qu’il allait se rendre pour le délit de fuite commis quelques années plus tôt, et l’a été encore davantage quand il l’a embrassé, faisant renaitre des sentiments qu’elle pensait pourtant enfouis à jamais. Mais comment être surprise d’une telle possibilité quand leur histoire a été stoppée précipitamment ? Des choses n’allaient pas dans leur couple, mais rien d’insurmontable jusqu’à ce jour où elle a appris cet accident qu’il a provoqué et duquel il a fui. Et si elle pensait avoir fait le bon choix, désormais elle ne sait plus. C’est la cause de leur divorce, et pourtant, en le sachant derrière les barreaux durant six mois, elle n’a jamais autant douté de ce choix qu’elle a fait plusieurs années plus tôt en le quittant. Et dans le doute, dans ce trouble dans lequel elle s’est subitement trouvée, Iris sait qu’elle n’a pas agi de la meilleure des manières en allant se réfugier dans les bras d’un autre. Cet autre étant Aiden pour qui elle a pourtant une profonde et sincère affection. Mais ce n’est pas de l’amour. Elle s’est interrogée un temps, mais se rendant compte que cette histoire était différente de celle qu’elle a connu avec Caelan, elle a préféré rester dans une ignorance totale et continuer avec lui, sans même se demander si, lui en retour, pouvait être sincère dans ses sentiments. Et pour rien au monde elle ne voudrait faire souffrir le chirurgien à son tour, mais leur conversation à cet instant tend à lui montrer le contraire. Il semble sur la même longueur d’ondes, tout deux s’étant voilé la face en se consolant dans les bras de l’un et de l’autre « Je sais exactement ce dont tu parles … Je connais ce sentiment qui ronge de l’intérieur. » Il semble bien plus similaire qu’ils n’ont voulu le reconnaitre, peut-être ont-t-ils fait les choses à l’envers et auraient-t-ils dû commencer par ça. Par parler, par apprendre à se connaitre, à devenir amis avant de tenter quoi que ce soit. Ils se sont perdus, le reconnaissent à cet instant quand le geste d’Aiden est différent de ceux qu’ils ont pu échanger encore ce matin. « Des fois, je me dis qu’il est trop tard et qu’il vaut mieux tout laisser derrière soi … et des fois, je me laisse penser à une possibilité de réparer, de reconstruire, de se retrouver. » Iris baisse son regard se demandant si cette possibilité est envisageable, celle où Caelan et elle pourraient s’autoriser à reconstruire quelque chose. Des milliers de questions se bousculent alors dans sa tête, et elle prend conscience qu’avant d’envisager quoi que ce soit, Caelan et elle vont devoir réussir au moins à redevenir amis… « Est-ce que ça fait de moi un éternel romantique qui se cache derrière une carapace de sarcasmes ? Possible mais je te fais confiance pour ne le répéter à personne » Il parvient à refaire naitre un sourire sur les lèvres de la jeune femme, et elle se rend compte à cet instant que quoi qu’ils décident ensemble, Aiden restera une personne importante dans sa vie « On use tous d’une carapace. Je ne risque pas de te le reprocher quand j’en fais de même » Que ce soit concernant son romantisme ou cette relation qu’ils ont entamé mais qui n’était qu’une façon pour eux de se persuader qu’ils avaient tourné définitivement la page avec leur ex. « Quoi qu’on décide, Aiden, je veux que tu saches que j’ai passé six mois parfait à tes côtés. Tu es un homme merveilleux et que ce soit avec Joy, ou avec une autre, elle aura beaucoup de chance de t’avoir dans sa vie ». Et elle le pense, venant à son tour trouver sa main, se penchant légèrement au-dessus de la table, pour venir déposer un baiser sur sa joue. Des larmes viennent tout de même humidifier son regard, consciente que ceci marque la fin de leur relation, et même si elle sait que c’est pour le mieux, cela l’émeut malgré tout. Elle se rassoit doucement, sans pour autant se détacher de sa main « Promets-moi juste qu’on restera en contact » Et il peut lire dans son regard toute la sincérité de sa demande.