Peut-être que l’aide de Thomas n’apporterait pas un seul miracle, c’était vrai, mais cela faisait du bien de savoir ses proches prêts à s’engager pour lui, surtout dans des démarches qui pouvaient ne pas être des plus simples. » C'est normal. Je suis passé par là avec Arthur, et même si ça n'a rien à voir étant donné que les procédures étaient plus faciles grâce au fait que Myrddin était son gardien légal... Voilà, je m'y connais quand même un minimum. » Le sourire affiché par le lèvres d’Ezra était le parfait miroir de celui de son ainé. « Et j'ai aussi essayé d'aider Cian avec la fille de son ex. » - « C’est peut-être toi qui va mener ma bataille alors, avec toute cette expérience. » Bien sur qu’il ajoutait là une couche d’humour, même si le sujet était sérieux et sensible; cela permettait de garder cette touche de légèreté qui leur correspondait bien, ou à défaut qui correspondait parfaitement à Ezra. Il ne pouvait de toutes façons pas faire grand chose pour le moment, et il avait d’autres soucis qui lui étaient tombés dessus - littéralement - entre temps. Chaque chose en son temps.

Pour le moment, sa guérison à lui et celle de sa nièce étaient les deux choses qui importaient au sein des Beauregard. Cette dernière était sortie d’affaire mais pour le moment toujours hospitalisée, si bien que s’il voulait allait lui rendre une visite surprise il allait avoir besoin de l’aide de Thomas; sans grande surprise, ce dernier accepta sans y réfléchir à deux fois. La seule chose qui pourrait contrecarrer le plan était si son supérieur se mêler des jours de repos qu’avait obtenu son frère. « Tu n'as pas idée de la merde que c'est au boulot depuis l'arrivé de Nicholson. » Thomas secoua la tête, Ezra fronça les sourcils. « Le genre de militaire machiste, arrogant, qui en a plus dans les muscles que dans la tête malgré son statut de capitaine et homophobe. » Pinçant les lèvres, il retint un léger soupire. « Il profite tellement de son statut de supérieur et n'a de cesse de m'engueuler comme du poisson pourris pour des raisons tellement futiles… La dernière fois une recrue n'avait pas mis sa cravate correctement et c'est moi qui en a payé les frais parce que j'aurais dû dire quelque chose avant qu'ils ne se présentent devant lui. » Son frère était un grand garçon, et il avait déjà bien vécu dans sa vie. Il n’était pas du genre à se plaindre pour rien et savoir un minimum encaisser les aléas de la vie - et du boulot compris dedans. Alors, pour qu’il en vienne à parler de la sorte de son supérieur, c’était que les choses n’étaient pas des plus belles. « Enfin bref … La seule solution pour pouvoir dire quelque chose, c'est de monter encore en grade, mais ce ne sera pas possible avant longtemps donc j'ai absolument aucun pouvoir et ça me soûle, à un point que tu n'imagines même pas… » Deux options s’offraient à Ezra, et sans grand étonnement ce fut celle qui étira d’abord un sourire sur ses lèvres qu’il choisit. « Tu sais, moi je peux plus trop marcher, mais tu verrais le mec d’en face il fait encore moins le fier. Si tu veux un coup de main pour te débarrasser du vieux con… » Il n’irait jamais jusque là - les seules personnes sur qui sont poing s’était abattue, l’une avait passé l’arme à gauche et l’autre il n’en avait rien à faire de lui -, mais il aurait aimé pouvoir faire quelque-chose en réalité pour son frère. Le voir abattu par cet homme qui se prenait pour un demi-dieu à se pavaner, tout ça parce-qu’il possédait quelques grades supplémentaires… Un frisson s’arracha le long de son échine. « Et t’as essayé d’en parler à d’autres personnes, à son propre supérieur ? Doit bien y avoir un autre gars au dessus de lui non ? » Thomas adorait son métier; Ezra ne comprenait pas bien pourquoi mais il ne méritait en aucun cas que ce dernier soit gâché de la sorte par une enflure comme Nicholson.

Je souris doucement, amusé et hoche la tête lorsque Ezra annonce avec humour qu’au final c’est moi qui vais faire sa bataille vu l’expérience que j’ai en terme d’adoption. «Ben écoute, pourquoi pas ? » haussais-je les épaules   « Tu sais bien que si je peux aider, je le ferais » et je le pense vraiment. D’autant plus que là, en l’occurrence, ça touche la famille et Ezra sait exactement que je serais prêt à tout pour la famille.

La conversation continue encore un petit moment sur le thème de la famille avec Clara, le fait que mon frère pourrait aller la voir quand il le souhaite et que je pourrais l’aider sous couvert d’avoir droit à des jours de permissions. Et c’est ainsi que je commence à parler de Nicholson et de l’enfer que je suis en train de vivre avec Nicholson, le pire supérieur de ma carrière. Je ne suis pas du genre à me plaindre, j’ai appris au fil des années à accepter et composer avec les choses que je vis quotidiennement, mais là, je dois avouer que le vase est en train de déborder. C’est sans aucun doute pour cela que j’en parle avec Ezra. Je n’attends pas forcément de réponse de sa part ni même des conseils, juste qu’il m’écoute déverser mon sac et laisser ma rage et mon désespoir sur la table basse du salon.

Evidemment, mon frère ajoute sa touche d’humour personnelle, répondant que même s’il ne peut pas marcher correctement, ses poings, eux, fonctionne parfaitement et qu’il peut me filer un coup de main pour qu’on se débarrasse ensemble du vieux con. « Demain, 22h30 , je te retrouve sur le parking de la base navale. Habille toi de noir et prépare les armes » dis-je sur le même ton d’humour, alors que j’étais sur le point de prendre les paroles d’Ezra au premier degrés.

Je fini toutefois par reprendre mon sérieux alors qu’Ezra me demande si j’ai pensé à en parler avec quelqu’un d’autre, genre le supérieur de Nicholson « Ouais, y a bien quelqu’un mais il est basé à Perth et même si Nicholson suit ses ordres, il y ajoute sa sauce et jusqu’à ce que les écho arrive à l’autre bout du pays ça met vraiment du temps » je pince les lèvres, pinçant les lèvres   «Tu sais que j’ai même pensé à recontacter Papa ? Vu le grade qu’il avait, je sais qu’il encore des contacts et comme la RAAF et RAN travaillent régulièrement ensemble …enfin bref » je laisse échapper un soupire et lance un coup d’œil vers Alex qui est à nouveau plongé dans son portable   « Je pense qu’on ne va pas tarder, y a encore des devoirs qui t’attendent à la maison » dis-je à l’attention de mon fils, un demi sourire sur les lèvres alors qu’il laisse échapper le plus lourd de tous les soupires, comme s’il devait porter toute la misère du monde.

Quelques rires se firent de mise en cet instant, même si la conversation que les deux frères avaient en cours de route ne portait en rien sur un sujet des plus joyeux. Cependant, les faits étaient ce qu’ils étaient et pour le moment, Ezra ne pouvait pas faire bien grand chose qu’attendre que la situation se soit quelque que peu calmée. Cela ne faisait donc pas de lui une si mauvaise personne, que d’ajouter ici et là une touche d’humour pour donner un air dramatique à une situation qui l’était déjà assez toute seule dans son coin sans son aide. « Ben écoute, pourquoi pas ? Tu sais bien que si je peux aider, je le ferais. » Doucement, le plus jeune des deux frères Beauregard opina du chef. « Je sais, t’en fais pas. » Et ce n’était pas d’aujourd’hui. Ezra avait toujours eu le contact facile avec tous ses frères et soeur, depuis des années, mais il était vrai que ces quelques dernières avaient permis à Thomas et lui de se rapprocher plus, de partager également plus de choses - de se confier davantage sur certains doutes, certaines appréhensions parfois aussi. Ils avaient su être le pilier de soutien l’un de l’autre dans des situations qui n’étaient en rien faciles et qui, malheureusement, s’étaient répétées dans les dernières années. Noah était un exemple pour le compte d’Ezra, mais Thomas avait des soucis avec ses propres enfants également - ces derniers temps, c’était la santé de Clara qui avait fait des siennes. Comme l’ainé se montrait présent pour lui, Ezra répétait qu’il serait plus que ravi de pouvoir aller voir la petite à l’hôpital s’ils arrivaient à s’organiser. Cela n’allait pas être des plus simples avec le fauteuil qu’il était obligé de garder jusqu’à temps que ses  jambes daignent fonctionner de nouveau normalement, mais le jeu en valait la chandelle.

Cependant, bien malheureusement, ce n’était pas le seul soucis qui semblait peser sur les épaules de son frères ces dernières semaines. Ce dernier se mit finalement à se confier sur la façon d’agir d’un de ses supérieurs, son supérieur direct même en réalité; et si la réponse d’Ezra que de prêter main forte à Thomas pour se débarrasser de cet homme qui lui pourrissait son quotidien n’était pas des plus idéales, c’était surtout parce-qu’il ne voyait pas réellement d’autres façons de lui venir en aide. « Demain, 22h30, je te retrouve sur le parking de la base navale. Habille toi de noir et prépare les armes. » Il ne sut faire autrement que de tout de même lâcher un petit rire aux mots de son aîné. Il savait pertinemment qu’il s’agissait là de paroles en l’air, mais cela le rassurait tout de même que Thomas soit capable d’ajouter une pointe d’humour dans une situation qui ne relevait pourtant ne rien de l’amusement. « Laisse moi partir maintenant alors, que j’arrive pas en retard. » Mais presque pour de vrai, s’il voulait partir vers cette décision là, Ezra suivrait son frère. Le sérieux fut pourtant rapidement remis sur le tapis. « Ouais, y a bien quelqu’un mais il est basé à Perth et même si Nicholson suit ses ordres, il y ajoute sa sauce et jusqu’à ce que les écho arrive à l’autre bout du pays ça met vraiment du temps. » Pour éviter de laisser échapper un grognement, ce fut un soupire qu’Ezra exprima; il ne comprenait pas l’intérêt de ces hiérarchies où celui qui se trouvait le plus en dessous, ou en dessous de gars avec une soit-disant importance puisse se faire marcher sur les pieds de la sorte. Ce n’était juste pour personne, et il ne voyait pas en quoi cela pouvait être d’une quelconque façon productif.

« Tu sais que j’ai même pensé à recontacter Papa ? Vu le grade qu’il avait, je sais qu’il encore des contacts et comme la RAAF et RAN travaillent régulièrement ensemble …enfin bref. » Et de toutes les informations que Thomas venait de lui donner, ce n’était pas les acronymes reliés à l’armée qu’Ezra retint, mais bien le fait que son aîné en était arrivé à envisager de contacter de nouveau leur père à cause de cette histoire. Et pour avoir été présent lorsque les choses avaient dérapé entre Thomas et David, il savait que ce n’était pas là des paroles en l’air et que les choses étaient peut-être bien plus sérieuses que son frère lui disait, lui expliquait. Contacter leur père reviendrait à lui redonner du crédit, chose que le brun face à lui n’avait pas fait depuis des années maintenant; si Ezra continuait de parler à leur patriarche et à être en contact quelque peu régulièrement - surtout ces dernières semaines, Noah étant retourné vivre avec sa mère résidait désormais à Sydney, non loin de chez David -, ce n’était pas le cas de Thomas. Entre le père et son premier né, les choses étaient loin d’être au beau fixe. Cependant, Ezra ne fit aucun commentaire sur les hésitations de son frère, se contentant d’hocher la tête, d’enregistrer l’information. Peut-être qu’il glisserait un mot à leur père la prochaine fois qu’il l’aurait au téléphone - de façon discrète, presque innocente, comme s’il s’était toujours intéressé à ce que faisait les hommes Beauregard dans le corps de l’armée jusque maintenant. « Je pense qu’on ne va pas tarder, y a encore des devoirs qui t’attendent à la maison. » Les mots de Thomas s’adressèrent cette fois ci à son fils, toujours à leur côté, n’ayant surement pas perdu une miette de leur conversation. Si Alex n’arrivait pas à en discuter avec son père par la suite, Ezra savait que le garçon n’aurait aucun mal à se tourner vers lui si des questions faisaient leur apparition dans son esprit. « Je pense que l’infirmière va pas tarder à arriver de mon côté de toutes façons. » L’infirmière, et même en double puisque Lily avait dit qu’elle passerait également surement en sortant du travail - comme si cette dernière ne passait pas toutes ces soirées ici ces derniers mois de toutes façons. « Je vous aurais bien raccompagnés, mais je vais rester assis ici si ça vous dérange pas. » Il avait déjà fait pas mal d’efforts pour aujourd’hui, et il savait que les deux autres hommes Beauregard présents ici sauraient retrouver leur chemin jusque la sortie de la maison sans grand mal - et surtout qu’ils ne lui en voudraient pas de ne pas se déplacer pour le chemin retour.