| (colin) let's start a revolution |
| | (#)Ven 20 Mai 2022 - 13:31 | |
| L’ordre avait été de le laisser rentrer chez lui. Après de maigres explications, ses collègues n’avaient pas eu de mal à accepter que Colin puisse effectivement travailler dans le magasin forcé et qu’à défaut d’être un génie du crime, il était surtout un garçon avec la tête dans les nuages. Cette affaire n’étant pas celle de Charlie, elle n’a fait qu’écouter la conversation d’une oreille discrète, petit matin faisant qu’elle est loin de crouler sous le travail. Preuve en est, elle a occupé la dernière heure à essayer d’apprendre à faire rouler son stylo sur le côté de sa main - en vain. Finalement, c’est d’enfin comprendre que le Colin en question est son Colin, ce Colin qui lui offre la perspective d’une suite d’événements plus amusante. Pour elle, du moins. Si elle avait au moins vu son visage, tout aurait été plus simple et rapide à comprendre et elle aurait pu mûrir son plan plus longuement. A défaut, elle improvise donc, contournant le regroupement autour de la Sainte machine à café pour déjà rattraper le jeune homme tentant de filer en douce. “Colin Brenner!” Elle annonce, la voix forte sans pour autant crier, voulant rester neutre alors qu’elle l’appelle comme elle aurait appelé n’importe quelle autre personne au poste. A la seule différence que pour lui, elle n’a pas eu besoin de lire son dossier pour connaître son nom de famille.
Ses pas retrouvent les siens, le talon de ses lourdes chaussures s’écrase sur le goudron pour pallier au silence de la journée encore trop jeune. Pour la première fois depuis longtemps, si ce n’est toujours, elle ne l’enlace pas lorsqu’elle se retrouve assez proche de lui. Elle ne l’embrasse pas non plus, quand bien même l’idée la démange, force d’habitude oblige. Ses mains sont gardées dans ses poches pour éviter de sortir de son rôle. “On a reçu l’appel d’un témoin et le propriétaire ne répond toujours pas. Je vais devoir vous poser d’autres questions.” Elle prend de la distance, Charlie, et bien que cela n’ait absolument rien de naturel pour elle, c’est au moins très amusant. “Vous connaissez le chemin.” De son bras tendu, elle désigne l’entrée du poste, jouant son rôle au point de ne pas accorder la moindre confiance à Colin, certainement pas au point de le laisser derrière elle, sans surveillance. Il devrait s’estimer heureux qu’elle ne lui mette pas les menottes, surtout.
Si jamais on lui pose la question (oui, bien sûr que quelqu’un le fera), elle tentera de s’en sortir en disant qu’elle a besoin de davantage d’expérience en termes d’interrogatoire, ou d’expérience tout court. Elle nagera à contre courant contre ses supérieurs, déjà consciente qu’elle n’agit pas de la bonne façon et qu’utiliser le poids de son badge pour inventer un pseudo-interrogatoire va à l’encontre de toutes les règles ou presque. Si quelqu’un est naïf dans cette histoire, ce sont ses supérieurs pour avoir cru être capable de mettre un oiseau sauvage en cage et de l’apprivoiser. Elle ne cherche pas à renverser le système, ce n’est l’affaire que de quelques minutes. Avec un peu de chance, personne ne s’en rendra compte, et sans doute la raison pour laquelle elle lui fait presser le pas dès qu’ils entrent dans le bâtiment et filent en direction d’une salle vide - puisqu’il n’y a de toute façon que ça. “Pas de conneries.” Elle ordonne en lui appuyant doucement sur l’épaule, comme s’il ne savait pas comment s’asseoir et avait réellement besoin d’une aide extérieure.
Dans un silence pesant, elle contourne le bureau pour retrouver l’ordinateur, faisant un instant pianoter ses longs doigts sur le clavier du siècle dernier, sonore et désagréable. Le clair de ses yeux éviter soigneusement celui de son ami pour mieux se concentrer sur la lumière de l’écran et les fichiers de la police qui défilent sous ses yeux. Bingo. “Colin Zachariah Brenner Davies, tu t’en sors plutôt bien en terme de second prénom.” Elle commente, tentant autant que possible de ne pas rigoler, se contentant d’un mince sourire en coin. Ce qu’elle ne commente pas, c’est l’existence d’un second nom de famille dont elle n’a jamais entendu parler, se contentant de réfléchir à ce sujet. Sans doute un peu trop, au point de rapidement se perdre dans ses pensées et avoir du mal à reprendre son rôle. Elle se racle la gorge pour y pallier. “On reprend. Depuis quand est-ce que vous dites travailler dans ce magasin ?” En tant que Charlie, elle connaît la réponse. En tant qu’inspectrice, l’homme face à elle est un parfait inconnu et un possible délinquant. |
| | | | (#)Dim 22 Mai 2022 - 21:00 | |
| let's start a revolution. Certes, ce n'était pas bien malin de forcer la porte de la boutique où il bossait parce que ses clés étaient comme bien souvent restées au fond de la mauvaise poche. Mais Colin avait paré au plus pressé lorsque personne n'avait été en mesure de lui ouvrir et qu'il avait bien fallu qu'il s'introduise à l'intérieur : une journée de fermeture représentait un manque à gagner suffisant pour que l'idée de forcer une serrure ne lui ait pas paru si stupide, sur le moment. Ce n'est finalement que lorsque la police avait débarqué qu'il avait réalisé combien c'était précisément inconscient. Et que si ses patrons auraient sûrement passé l'éponge sur ses méthodes discutables, un passant avait quant à lui jugé bon de le dénoncer. On ne lui avait rien demandé, mais les gens aujourd'hui se sentaient obligés de se mêler de tout. Et ça n'était pas bon pour ses affaires, quand bien même son petit aller-retour au poste de police s'était finalement avéré sans conséquences. Deux-trois vérifications et un bref interrogatoire plus tard, il était libre de rentrer chez lui. “Colin Brenner!” Tiens, en voilà une qu'il s'attendait honnêtement à voir débarquer plus tôt. Par exemple lorsque ses collègues l'avaient escorté à l'intérieur. Colin parierait que la scène l'aurait fait rire. « J'ai pas le temps Charlie, 'faut que je file. » Cette parenthèse était amusante le temps qu'elle avait duré, mais hors de question qu'il reste ici une minute de plus.
“On a reçu l’appel d’un témoin et le propriétaire ne répond toujours pas. Je vais devoir vous poser d’autres questions.” Que Charlie adopte une attitude aussi distante avec lui aurait sûrement du lui mettre la puce à l'oreille, une seconde plus tôt, pourtant Colin ne pouvait s'empêcher de croire à une mauvaise blague. Il la fixa d'un air incrédule, sourcils froncés. « Un témoin ? Tu te fous de moi ? » Quel témoin ils comptaient encore sortir de leur chapeau, c'était pas suffisant de l'avoir arrêté pour une broutille qu'il n'avait eu aucun mal à expliquer ? « J'ai déjà tout expliqué à tes collègues, tu peux pas... » “Vous connaissez le chemin.” Vous ? De mieux en mieux. Charlie lui jouait visiblement son petit numéro de flic, profitant de sa plaque pour asseoir son autorité. Mâchoires serrées, Colin avait bien du mal à trouver la plaisanterie amusante, pour une fois. Et ce n'était pas la perspective de retourner à l'intérieur du poste de police, dont il était bien content d'être sorti, qui risquait de l'enthousiasmer. « Fait chier. » Il allait coopérer, si c'était la condition pour qu'on lui foute la paix et accepte enfin de le laisser rentrer chez lui. De toute façon, ils n'avaient pas de quoi le mettre en garde à vue. C'était tout au plus un cafouillage administratif, pas vrai ? Il n'aimait pas le ton que prenait Charlie, pourtant, et il aimait encore moins être ballotté d'un bout à l'autre du poste de police comme un malfrat. L'endroit était suffisamment oppressant pour qu'il ne pense déjà plus qu'à s'enfouir, hésitant le temps d'une seconde à lui fausser compagnie. Mais connaissant Charlie elle se ferait un plaisir de l'enfermer dans une cellule si tôt qu'elle lui aurait mis la main dessus. Et si on lui demandait son avis, la salle où elle l'avait conduit ressemblait déjà bien trop à une cellule à son goût. “Pas de conneries.” Ouais, il se tiendrait à carreaux. Puisqu'elle n'était pas là pour blaguer et qu'il connaissait trop bien son caractère pour savoir que ça n'annonçait rien de bon, il ferait au moins l'effort de ne pas trop l'énerver. Mais ça ne voulait pas dire qu'elle obtiendrait quoi que ce soit de plus que ses collègues : il avait déjà donné sa version et elle ne changerait pas même pour ses beaux yeux.
Ce silence était inhabituel entre eux, tout comme ce cadre qui contrastait avec leurs lieux de rendez-vous habituels. Colin ne connaissait pas le Manuel de l'Amitié par cœur, mais il était à peu près sûr que les vrais amis ne vous enfermaient pas entre quatre murs pour vous soumettre à un interrogatoire. Et qu'ils vous traitaient encore moins comme un criminel notoire simplement parce que vous aviez forcé une porte. “Colin Zachariah Brenner Davies, tu t’en sors plutôt bien en terme de second prénom.” Merde. C'est exactement pour ce genre de choses qu'il avait toujours su que c'était tout sauf une bonne idée d'être ami avec une flic. Que Charlie ait choisi cette voie était une malencontreuse coïncidence, un grain de sable au milieu d'une amitié pourtant sans fausse note. Il aurait peut être du prendre la fuite quand il en avait l'occasion, mais son affection pour elle l'en avait dissuadé. Ça lui aurait pourtant évité de se retrouver dans cette situation aujourd'hui ; il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. « T'as mon dossier ? Pourquoi t'as mon dossier ? T'es même pas sur cette affaire, Charlie. » Sa voix n'avait plus rien d'assurée mais Colin s'efforçait de garder la face, pourtant soumis à un stress rarement atteint depuis la dernière fois qu'il avait mis les pieds dans ce genre d'endroits. S'ils étaient dans un cartoon, probablement que Charlie verrait de grosses goûtes de sueur dégouliner depuis son front. A la place, ses muscles s'étaient raidis et sa gorge s'était serrée à la seconde où il avait compris qu'elle en savait maintenant bien trop, mais sans paradoxalement en avoir elle-même conscience. “On reprend. Depuis quand est-ce que vous dites travailler dans ce magasin ?” Le soupire qu'il laissa échapper fut aussi bruyant qu'agacé. « Je l'ai répété vingt fois à tes collègues, ça fait un an que je bosse là-bas et ça m'arrive parfois d'oublier mes clés. » Parce qu'il oublierait même sa tête si elle n'était pas accrochée au reste de son corps, qu'il avait souvent trop peu d'heures de sommeil à son actif pour être pleinement lucide. Charlie le savait, elle l'avait déjà vu se placer dans des situations bien plus cocasses encore, mais aujourd'hui son amie avait revêtu un masque d'impartialité. Et c'était particulièrement frustrant. « D'habitude mes patrons sont là pour m'ouvrir, vu qu'ils vivent au-dessus de la boutique. Mais là j'ai pas eu de réponse alors je me suis débrouillé pour entrer. » Et oui, c'était pas forcément très moral, mais il n'avait jamais prétendu le contraire. « J'ai rien cassé, tu peux vérifier. Je sais pas qui vous a appelé mais je te jure que si j'avais voulu voler quelque chose j'aurais eu des tas d'occasions de le faire avant ça. » D'accord, c'était pas forcément le truc à dire pour assurer sa défense mais il y a longtemps qu'il se serait servi directement dans la caisse s'il avait voulu être malhonnête. Ses patrons n'auraient sûrement rien remarqué, vu leur âge. « Pourquoi on m'a dit que je pouvais partir si t'es encore là à m'interroger ? » Et pourquoi est-ce qu'il avait l'impression qu'elle prenait un malin plaisir à le faire ? « Je risque quoi ? Parce que tu sais que je peux pas me payer d'avocat. » Et il pouvait encore moins perdre ce boulot, mais ça aussi elle le savait.
|
| | | | (#)Sam 28 Mai 2022 - 22:29 | |
| « J'ai pas le temps Charlie, 'faut que je file. » Et Charlie, elle, n’a justement que ça: du temps, du temps, encore du temps. Sa voix l’interpelle une fois de plus, précisant désormais qu’ils ont le témoignage d’un témoin supplémentaire et que son bref interrogatoire ne suffit désormais plus. Elle gagne son regard, son attention, ses sourcils froncés. En retour, Colin continue de faire face à une Charlie plus impassible que jamais, attitude que beaucoup se contenteraient de qualifier de professionnelle - tu parles. Il s’emballe, s’énerve, tente de rétorquer quelque chose. Pourtant, il n’a face à lui qu’une Charlie impassible, bien loin de l’amie qu’il connaît. Elle passe outre ses explications et au vouvoiement par la même occasion, pointant de son bras tendu l’entrée du poste de police. « J'ai déjà tout expliqué à tes collègues, tu peux pas... » Comme si qui que ce soit, même lui, pouvait dire à Charlie ce qu’elle peut ou ne peut pas faire. Elle esquisse un sourire faux, entêté. « Fait chier. » Il s’énerve à son tour, maladie se répandant au contact d’autrui. Grand bien lui fasse, Charlie ayant d’ors et déjà décidé qu’elle ne ferait rien pour le calmer. Même le café qu’elle pourrait lui proposer sera infect ; il lui en faut peu pour se montrer rancunière et vouloir tout rendre au centuple.
Ainsi, c’est dans un silence pesant qu’elle le suit au travers du poste, le renseignant seulement au moment de tourner tantôt à droite, tantôt à gauche. S’il ne l’avait pas vu avant, elle est certaine que Colin aurait pu douter que ce soit effectivement elle, seulement elle, qui lui parle d’une voix aussi éteinte. Ils sont à des années de leurs échanges habituels et rien ne change lorsqu’il se retrouve finalement de l’autre côté du bureau, la blonde occupée à lire les informations de son dossier, sans qu’aucune ne soit réellement importante. Son nom complet, bien qu’encore inconnu jusqu’à présent, ne représente par exemple par une information nécessaire. Pire encore, elle ne devrait pas l’avoir sous les yeux, bien consciente qu’elle enfreint très largement toutes les règles ou presque de son métier. « T'as mon dossier ? Pourquoi t'as mon dossier ? T'es même pas sur cette affaire, Charlie. » Ses grands yeux clairs, jusque là nichés sur les pixels de l’écran, se déplacent lentement sur le visage de son ami dont elle connaît parfaitement les traits. Et c’est justement parce qu’elle le connaît qu’elle observe avec d’autant plus d’attention le changement dans son attitude et les signes évidents de stress, qu’elle ne peut (veut) qu’associer au contexte de leur échange et rien de plus. “Preuve en est que si.” Non, elle n’est pas sur l’affaire. Il a raison et il le sait, sans doute plus encore maintenant que l’affaire en question est déjà close, refermée aussi vite qu’elle a été ouverte. "Répète moi encore une fois ce que je peux faire ou non et je te mets les menottes, c’est bien compris ?” Sa tête dodeline doucement à la façon d’une poupée de film d’horreur sans budget et elle repose finalement ses yeux sur l’ordinateur, comme si elle lui avait annoncé préférer commander un café plutôt qu’un mimosa pour leur brunch. Charlie est sérieuse, et c’est sûrement le pire dans toute cette histoire. Le soupire de Colin sert de transition alors qu’elle le noie à nouveau sous les questions, sûrement identiques au mot près de celles que ses collègues ont eu à son égard. « Je l'ai répété vingt fois à tes collègues, ça fait un an que je bosse là-bas et ça m'arrive parfois d'oublier mes clés. » Elle note ses réponses mot pour mot, consciencieusement, comme elle le ferait pour n’importe quelle véritable affaire. Les détails ont leur importance, généralement - quand l’interrogé a la moindre chance d’être coupable, justement, et pas d’être uniquement son ami en qui elle a une confiance sans faille. “Pas très professionnel.” Elle lâche finalement d’une voix blanche, jugement qu’elle n’aurait jamais émis en temps normal. « D'habitude mes patrons sont là pour m'ouvrir, vu qu'ils vivent au-dessus de la boutique. Mais là j'ai pas eu de réponse alors je me suis débrouillé pour entrer. » - “Pas très légal.” Et d’ordinaire, elle l’aurait aidé en personne à trouver une ouverture par laquelle se faufiler ou la parfaite barrette pour passer dans la serrure et lui faire croire à une véritable clé. Elle aurait été son acolyte de toutes les mauvaises idées, elle est son acolyte de toutes les mauvaises idées, mais encore une fois le seul contexte suffit à changer toute la situation d’un simple claquement de doigts. « J'ai rien cassé, tu peux vérifier. Je sais pas qui vous a appelé mais je te jure que si j'avais voulu voler quelque chose j'aurais eu des tas d'occasions de le faire avant ça. » - “T’aggraves ton cas là, Colin.” C’est l’amie autant que l’inspectrice qui le lui dit, cette fois-ci en sortant quelque peu de son rôle. Son but n’est pas qu’il avoue des faits et qu’il se fasse réellement coffrer, loin de là. “On te pose juste quelques questions pour des faits d’effraction, pas de vol. Et il n’y a pas besoin d’aller par là, n’est-ce pas ?” La seule bonne réponse à donner à cela se résume à “non”, en témoigne le ton employé par Charlie autant que son regard insistant. Tout n’est qu’un jeu et elle espère qu’il n’envenimera pas la situation plus que nécessaire, lui et sa fâcheuse manie de tout foutre en l’air. “Quand on arrivera à joindre le propriétaire, vous me confirmez qu’il pourra attester que tout est à sa place et que rien ne manque ?” La question est différente mais le fond reste le même: elle souhaite qu’il lui dise mot pour mot qu’il n’a rien volé et qu’il n’est pas un garçon dans ce genre là. C’est un gars bien, Colin, mais il a tendance à s’enticher des mauvaises personnes, voilà tout.
« Pourquoi on m'a dit que je pouvais partir si t'es encore là à m'interroger ? » - “Je te l’ai dit. Nouveau témoin. Il dit que tu avais l’air assez paniqué, comme si tu craignais d’être vu.” Elle invente de toute pièce, pourtant trop habituée à mentir au premier venu pour se faire prendre dans un piège aussi grotesque. Elle n’est pas une parfaite menteuse mais dans cette situation-ci, elle ne sait que trop bien avoir l’avantage pour ne pas en profiter jusqu’au bout. « Je risque quoi ? Parce que tu sais que je peux pas me payer d'avocat. » Pendant une seconde, elle hésite à tout arrêter, à éclater dans un rire, à prendre ses mains ente les siennes plutôt que faire rouler son index contre la roue de la souris. Elle hésite encore plus lorsqu’elle croise son regard triste, sans doute un peu paniqué aussi. Charlie voudrait le prendre dans ses bras et s’excuser platement, mais Charlie est aussi bien trop têtue pour tout ceci, alors elle met un pied de plus dans son mensonge et s’enfonce jusqu’au cou. “Cinq ans.” De prison. Elle ne le précise pas. Tout comme elle ne dit pas que c’est la peine maximale et qu’elle ne serait jamais utilisée pour lui, un homme sans casier et sans histoire, un citoyen lambda qui a définitivement oublié sa clé par maladresse. “Plus si les tests reviennent positifs. T’as pris quelque chose ? Le témoin avait émis l’hypothèse alors fais gagner du temps à tout le monde en me disant la vérité.” De la drogue, bien sûr qu’il s’agit de drogue. Et ironiquement, elle est la seule inspectrice du poste à être susceptible d’en avoir consommé, la seule aussi à lui poser la question - parce qu’elle ne fait aucun sens pour un interrogatoire normal mais qu’elle est ô combien amusante à annoncer devant lui. “Si t’as pas l’argent pour un avocat, je te précise même pas le montant de l’amende.” Elle est une mauvaise amie, Villanelle, et plus personne ne devrait encore en douter désormais. |
| | | | (#)Jeu 9 Juin 2022 - 21:18 | |
| let's start a revolution. “Preuve en est que si.” Preuve en est surtout que Charlie se complaisait dans son rôle, elle qu'il sentait à deux doigts de lui agiter sa plaque juste sous le nez pour lui rappeler que dans cette salle d'interrogatoire, c'était elle qui menait la danse. Colin ne risquait pas de l'oublier, mais ça ne voulait pas dire qu'il se conformerait à cette pièce de théâtre sordide pour autant. Il n'était pas franchement connu pour sa docilité, encore moins lorsqu'on usait de menaces. "Répète moi encore une fois ce que je peux faire ou non et je te mets les menottes, c’est bien compris ?” L'endroit n'était déjà pas pour le mettre à l'aise, il ne manquerait plus que Charlie dégaine une paire de menottes pour lui faire passer l'envie de jouer au plus malin. C'était pourtant sa spécialité et elle devrait le savoir, probablement mieux que n'importe qui d'autre. Bien sûr qu'elle le savait. « T'oserais pas. » Il pesta en plantant ses deux yeux dans les siens, bras croisés sur son torse. Si cette scène était pourtant entrain de lui prouver une chose, c'est qu'il pouvait remballer ses certitudes en ce qui concernait leur amitié. Charlie n'avait pas plus de scrupule à le traiter en criminel que ses collègues juste avant elle, à vrai dire elle faisait même bien pire que ça en le fixant comme si elle prendrait le moindre risque à le relâcher. « ...T'oserais ? » Il ne savait pas, ne savait plus, ou seulement que son « amie » oubliait quand ça lui chantait qu'ils n'avaient jamais vraiment été des parfaits enfants de chœur, tous les deux, quand bien même ils n'avaient jamais été des mauvais bougres non plus. Des conneries, bien sûr qu'ils en avaient déjà fait ensemble, et bien sûr que Charlie était loin de le suivre à contre-coeur quand ils s'y risquaient. Alors la voir agiter sa morale devant lui était aussi ironique que finalement désolant.
Ajoutez à ça le fait qu'elle détenait son dossier, et Colin n'était pas près de se détendre. Bien sûr que c'était un risque à partir du moment où Charlie travaillait au sein de la police et pouvait théoriquement avoir accès à tout ce qu'il pourrait vouloir garder pour lui, mais il n'avait jamais vraiment cru que ça pourrait poser un problème. Précisément parce qu'ils étaient amis et que Colin s'était convaincu que s'il devait un jour se retrouver dans cette situation, elle ferait tout pour l'en sortir. Tout pour en terminer au plus vite, plutôt que de sortir toutes les informations qu'un registre informatique était susceptible de détenir sur son compte. De toute évidence il s'était bercé d'illusions et ça lui coûtait maintenant de gérer une angoisse grandissante et qu'il n'avait pas pu prévoir. Il vivait dangereusement, sans l'ombre d'un doute, mais elle n'était pas censée savoir à quel point. “Pas très professionnel.” « Je sais. » Oh oui, il n'avait jamais eu besoin que ses patrons lui remontent les bretelles pour savoir qu'oublier ses clés était le genre de choses qui pouvaient vous attirer des ennuis quand vous étiez le seul en charge de la boutique en leur absence. Il le savait, non pas que ça l'incite pour autant à faire plus attention. “Pas très légal.” « Je. Sais. Charlie. » Et il ne comprenait vraiment pas pourquoi elle lui imputait un procès pour aussi peu de choses, quand elle était l'une des personnes les mieux placées pour savoir qu'il faisait des erreurs, oui, mais qu'il avait un bon fond. Et qu'à défaut d'être aussi responsable qu'il le devrait, il s'efforçait d'être quelqu'un sur qui on pouvait compter – en tout cas la plupart du temps. La vérité c'est qu'il était prêt à tout pour ne pas perdre son job, y compris forcer une porte quand ça s'avérait être l'unique solution. Et y compris en sachant que c'était une connerie. « Devenir flic c'était pas suffisant, tu t'es aussi reconvertie en donneuse de leçons ? » Charlie était loin d'être rabat-joie, elle avait même toujours su s'amuser. Mais dans cet endroit c'était comme s'il ne savait plus vraiment à qui il avait affaire. « Ça te va pas au teint, Charlie. Et on est que tous les deux alors pas la peine de faire du zèle. » Il ne rentrerait pas dans son jeu même si elle visait secrètement une promotion ou comptait simplement se faire bien voir de ses collègues. Après tout, elle ne le soutenait pas elle non plus. Et semble-t-il qu'il ne pouvait même plus se défendre sans avoir l'air encore plus coupable. “T’aggraves ton cas là, Colin.” Il relâcha les épaules et soupira, faute de savoir comment s'y prendre pour qu'elle comprenne qu'il n'avait rien fait de plus que s'en prendre à une porte. La communication n'avait pourtant jamais été un souci, avant ça. “On te pose juste quelques questions pour des faits d’effraction, pas de vol. Et il n’y a pas besoin d’aller par là, n’est-ce pas ?” Elle ne pouvait pas être sérieuse, pas sur ça. « Bien sûr que non. Tu me prends pour qui ? » Pour un voleur, de toute évidence. Pour quelqu'un de tout sauf honnête, visiblement. « Je reconnais que forcer la porte était pas l'idée du siècle, mais j'irais jamais voler les gens pour qui je bosse. Tu connais mon appart', tu sais que je resterais pas avec une table bancale et un canapé en mauvais état si je pouvais juste me servir là où je travaille. » Il aurait l'embarras du choix, après tout, à la boutique. Les meubles étaient souvent vétustes mais ils étaient loin d'être irrécupérables et ils donneraient même un cachet indéniable à son appartement. Si des collectionneurs pouvaient les acheter, un type dans son genre en serait aussi plus qu'heureux. “Quand on arrivera à joindre le propriétaire, vous me confirmez qu’il pourra attester que tout est à sa place et que rien ne manque ?” Colin n'arrivait toujours pas à croire que toute cette histoire résultait d'un défaut de communication et qu'il n'avait pas d'autre choix que d'attendre ici que quelqu'un règle cette situation. « Il te le confirmera. Il est vieux et il perd un peu la tête, mais il te dira que je suis pas un voleur. » Il avait des défauts, mais pas encore celui-ci.
“Je te l’ai dit. Nouveau témoin. Il dit que tu avais l’air assez paniqué, comme si tu craignais d’être vu.” Oui, oui. Les témoins semblaient tomber des arbres au moment les plus opportuns, simplement parce que tout le monde se sentait investi du devoir de se mêler des affaires des autres. Où étaient ces mêmes témoins, quelques années plus tôt, lorsque son père commettait ses crimes en toute impunité et cultivait cette carapace insoupçonnable auprès des autres ? Pourquoi personne n'avait jamais rien dit, à l'époque ? Et comment il pouvait se faire coincer en quelques minutes pour une porte forcée quand un meurtrier pouvait espérer passer sous les radars pendant des années ? La police avait toujours livré les mauvaises batailles, il en avait encore la preuve aujourd'hui. « Parce que j'étais pas censé avoir oublié mes clés et que j'avais déjà une heure de retard parce que j'étais... » Non, il n'allait pas entrer dans les détails. « Peu importe, c'est pas ça l'important. » Et il avait eu sa dose de leçons de morale pour aujourd'hui, c'était pas la peine de tendre un énième bâton pour se faire battre. Charlie serait bien tentée de le saisir. « Je voulais pas prendre le risque de me faire virer. T'es contente ? » Elle était aussi simple que ça, la vérité. Il avait besoin de ce job et il ne pouvait pas prendre le risque de tout ruiner parce qu'il avait cette fâcheuse tendance à oublier tout et son contraire. C'était seulement des clés, rien n'était supposé tourner aussi mal. “Cinq ans.” « Tu déconnes ? » Estomaqué, Colin retomba lourdement contre le dossier de sa chaise. « Tu les laisserais vraiment m'arrêter sans broncher ? » Est-ce que travailler avec tous ces gens signifiait véritablement qu'ils ne se connaissaient plus tant qu'elle était entre ces murs et lui du mauvais coté de ce bureau ? C'était l'impression qu'il ne pouvait s'empêcher de nourrir, le cœur lourd. “Plus si les tests reviennent positifs. T’as pris quelque chose ? Le témoin avait émis l’hypothèse alors fais gagner du temps à tout le monde en me disant la vérité.” Colin resta silencieux quelques secondes, comprenant qu'à défaut d'avoir souvent pris des bonnes décisions au cours de sa vie, il en avait au moins pris une en tournant le dos aux substances illicites. « J'ai pas fumé de cannabis depuis des mois. Ma petite sœur a failli tomber dessus un jour alors j'ai tout balancé. » Et il lui disait la vérité, si elle ne le croyait pas elle pouvait toujours attendre le retour de ses tests. « Et oui, je sais, je vais pas non plus concourir au prix du frère de l'année. Surprenant, hein. » Au point où il en était, de toute façon. Charlie avait beau connaître Flora et les avoir souvent vu à l’œuvre tous les deux, tout autant que savoir qu'il ferait n'importe quoi pour sa petite sœur, ça ne l'empêcherait sûrement pas d'en tirer des conclusions là encore. “Si t’as pas l’argent pour un avocat, je te précise même pas le montant de l’amende.” Et cette fois, l'heure n'était plus vraiment à jouer ou à tenter de gagner cette petite guerre de répartie implicite entre son amie et lui. « Tu dois bien connaître un avocat pas trop cher qui accepterait de me représenter. Quelqu'un qui te doit un service, ou j'en sais rien. » Il ne prétendait pas savoir comment se passait ses affaires au sein de la police : il en avait toujours demandé le moins possible, pour des raisons évidentes. Raisons caractérisées aujourd'hui par l'embarras écrasant qu'il éprouvait depuis qu'il était entré dans cette pièce. « J'ai pas grand chose de coté et je peux pas demander un coup de main à ma mère. Elle a pas besoin de ça. » Elle avait eu bien assez de problèmes à gérer par le passé, mais ça n'était pas une chose dont il pouvait se confier à Charlie. Une part de lui le voudrait, mais une autre s'en empêchait encore et toujours, convaincue que c'était pour le mieux.
|
| | | | (#)Lun 13 Juin 2022 - 21:33 | |
| Elle ne sera pas ce genre de policier qui abuse de son insigne, elle le promet, mais le faire face à Colin n’a rien de comparable: bon sang que c’est amusant. « T'oserais pas. » Il tente de donner du poids à son assurance en observant Charlie dans les yeux, ne rencontrant finalement que le bleu de son iris qu’elle garde à son tour ancrée dans la sienne, arrêtée sur ses positions. Elle oserait, ne serait-ce que parce qu’il vient de remettre en doute sa parole et sa capacité à aller au bout des choses. « ...T'oserais ? » Parfois, le silence vaut mieux qu’un long discours, n’est-ce pas ? Par simple esprit de contradiction autant que parce qu’elle veut prouver qu’elle est capable d’aller au bout de ses idées, elle n’aurait effectivement aucun mal à mettre en place ses menaces et lui passer les menottes. Ce n’est pas non plus si terrible que ça, il pourrait s’en remettre sans le moindre mal, tout comme il se remettra tout aussi bien des commentaires que la blonde ajoute à son récit plutôt catastrophique sur sa matinée difficile. Colin n’est pas non plus en reste, éternelle répartie du jeune garçon oblige. « Je sais. » Et de toute son coeur, la blonde se retient d’y ajouter un sourire, une part d’elle étant amusée qu’il trouve encore l’audace de lui répondre malgré le contexte. « Je. Sais. Charlie. » - “Madame. Il n’y a pas de Charlie qui tienne ici.” Elle le reprend rapidement, son amusement ne se lisant qu’au travers de ses prunelles qu’elle ballade d’un côté ou de l’autre du visage de Colin. Elle use et abuse de son pouvoir, c’est un fait, mais c’est aussi dénué de toute mauvaise intention. Il devrait s’estimer heureux qu’elle n’exige pas le Villanelle allant de paire avec le Madame, n’est-ce pas ?
« Devenir flic c'était pas suffisant, tu t'es aussi reconvertie en donneuse de leçons ? » Cette remarque-là sonne différemment des autres. Ce n’est pas seulement Colin qui est déstabilisé et apeuré, c’est Colin qui est sur la défensive pour un sujet tout autre. Charlie marque une pause et sort de son rôle un instant, prise de court autant que piquée au vif. Elle n’arrive pas à comprendre d’où vient sa question: il est un bon garçon, il n’a rien contre la forme d’autorité que représente la police ou même le gouvernement. Ce n’est pas ça. Le problème est ailleurs, sans pouvoir exactement désigner le lieu de la douleur. Ce sera une question pour plus tard, quand elle aura repris le rôle qui lui convient le mieux: être elle-même. Elle lui demandera pourquoi devenir policière était déjà un premier problème, parce que c’est bien là que réside le problème: elle n’a aucun mal à comprendre pourquoi il n’aime pas la voir en tant que donneuse de leçons. Même elle, ça commence déjà à ne plus l’amuser. « Ça te va pas au teint, Charlie. Et on est que tous les deux alors pas la peine de faire du zèle. » - “Doucement sur les ordres Colin, tu te souviens ?” Comment pourrait-il oublier, entre deux menaces de la blonde qui a perdu tout aspect angélique depuis de longues minutes déjà ? Elle ne ment qu’à moitié, naturellement agacée par l’idée qu’on puisse lui dicter la conduite à tenir. Cette fois-ci, elle ne fait que mettre plus de formes qu’à la normale, à chaque fois sincèrement émue lorsqu’il tente de reprendre le fil de ses explications autant que de lui faire comprendre qu’il n’est pas une mauvaise personne, qu’il s’est seulement retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment - avec beaucoup d’étourderie. Il prêche une convaincue qui ne peut (veut) pas lui dire, en réalité, raison pour laquelle elle se contente généralement de ne rien répondre à ses explications, mimant de les noter sur son fichier internet, préférant encore parcourir le dossier de Colin comme si elle allait réellement pouvoir trouver quoi que ce soit qu’elle ne sache déjà.
Ponctuellement, et au gré de l’interrogatoire, c’est la véritable Charlie qui reprend le dessus et qui s’en fait pour son ami, lui qui commence des phrases sans les terminer, lui dont l’inquiétude ne semble pas totalement lié à la possibilité qu’elle laisse volontairement planer quant à son avenir en prison. Elle se joue de luit, c’est un fait, mais il existe encore bien d’autres éléments du puzzle dont elle ignore totalement l’existence et surtout le poids. « Parce que j'étais pas censé avoir oublié mes clés et que j'avais déjà une heure de retard parce que j'étais… Peu importe, c'est pas ça l'important. » Ce sera un sujet pour plus tard ; un autre qu’elle note dans un coin de sa tête, incapable de l’oublier. « Je voulais pas prendre le risque de me faire virer. T'es contente ? » Elle souffle, faussement agacée. “Mon rôle c’est juste de savoir les faits, d’accord ? Je me moque du reste et mon avis n’entre pas en compte.” En théorie, c’est bien ce dont il est question. Aujourd’hui, et puisque tout est purement inventé, seul son état d’esprit de l’instant lui dicte la suite de la discussion.
Lui dicte, par exemple, sa fausse franchise lorsqu’il s’agit de lui avouer ce qu’il risque s’il est jugé coupable de vol. « Tu déconnes ? » Elle laisse sa tête glisser de droite à gauche, le tout ponctué par le seul son du corps de Colin retombant lourdement contre le dossier de sa chaise. « Tu les laisserais vraiment m'arrêter sans broncher ? » - “J’ai aucune autorité là dedans, Col.” Et pour une fois, elle dit totalement vrai, utilisant même le surnom habituellement donné au garçon pour donner du poids à ses paroles. S’il était réellement inculpé, pour un vrai motif, alors personne n’irait demander à Charlie ce qu’elle en pense, et ce peu importe l’étape du processus. Tout ce qu’elle peut faire, encore, c’est le prévenir des circonstances aggravantes de la chose, jouant faussement le rôle de l’amie-flic quand ça l’arrange (et l’amuse). Par exemple, c’est à ses yeux le parfait moment pour parler de la consommation de drogues à laquelle il pourrait s’être essayé. Le silence qui suit sa réponse ne dit rien qui vaille à la blonde, qui aurait sincèrement préféré un non catégorique face à une telle question. « J'ai pas fumé de cannabis depuis des mois. Ma petite sœur a failli tomber dessus un jour alors j'ai tout balancé. » Elle laisse échapper un sourire attendri face à cette énième preuve statuant une vérité évidente: il est un bon garçon. « Et oui, je sais, je vais pas non plus concourir au prix du frère de l'année. Surprenant, hein. » Elle ne l’aurait jamais attaqué sur ce point là, beaucoup trop personnel, beaucoup trop intime, beaucoup trop lourd en conséquences aussi. Charlie baisse les yeux, touchée et émue, sans doute aussi blessée qu’il ressente le besoin d’anticiper une remarque qu’elle n’aurait jamais osé proférer. “On va aller vérifier ça de suite alors.” Elle rétorque pour reprendre contenance et, avec, les rennes de ce faux interrogatoire. “J’espère que t’as envie de pisser.” Le sortir de cette pièce sera le parfait moyen pour le faire sortir du commissariat tout court, ce n’est qu’une dernière petite blague, ou alors la continuité de la même éternelle blague qui n’en finit jamais.
Déjà levée de sa chaise, le bras pointé en direction de la porte, elle le laisse prendre le devant, le guidant au son de sa voix pour qu'il se rende jusqu'aux toilettes des hommes dont elle compte bien garder l'entrée pour rester dans son rôle. Colin, pourtant, semble avoir encore de nombreuses préoccupations. « Tu dois bien connaître un avocat pas trop cher qui accepterait de me représenter. Quelqu'un qui te doit un service, ou j'en sais rien. J'ai pas grand chose de coté et je peux pas demander un coup de main à ma mère. Elle a pas besoin de ça. » Elle voudrait passer une main dans ses cheveux, le prendre dans ses bras, lui assurer que tout ira très bien et qu'il n'aura aucune pression supplémentaire à mettre sur les épaules de sa mère. Elle voudrait lui dire qu'il est un bon garçon, un bon frère, un bon fils et surtout un bon ami ; mais elle doit attendre quelques minutes encore, simplement pour pouvoir dire qu'elle est allée au bout des choses et de son idée, ses heures de travail étant pourtant passées en cet instant. "On étudiera les possibilités plus tard." Elle ne veut pas déjà lui dire que tout ira bien mais au moins elle se retient de mettre de l'huile sur le feu, ce qui devrait déjà être un bon point puisqu'elle s'apprête à lui faire croire qu'elle a besoin qu'il pisse dans un gobelet en plastique pour vérifier qu'il n'a pas consommé d'alcool récemment - bon sang, quelle aventure. |
| | | | (#)Mer 29 Juin 2022 - 20:58 | |
| let's start a revolution. Lui passer les menottes ? Bien sûr que Charlie en serait capable. Il avait peut être été assez crédule pour se convaincre qu'ils ne se retrouveraient jamais dans cette situation, parce qu'elle était son amie et que les amis s'entraidaient plutôt que de se s'enfoncer, mais de toute évidence il s'était mis le doigt dans l’œil et jusqu'au coude. Charlie ne le connaissait pas, ici. Il était tout au plus un énième petit délinquant qu'elle cuisinait dans l'espoir d'obtenir de quoi lui faire passer la nuit en cellule, ou plus si ça se trouve. “Madame. Il n’y a pas de Charlie qui tienne ici.” Comme si ça n'était pas déjà suffisant qu'elle fasse comme si les dernières années n'avaient pas eu lieu. Comme si elle ne le connaissait pas suffisamment pour savoir que toute cette histoire n'était qu'un énorme malentendu et que jamais il n'avait eu l'intention de voler ses patrons. « Toutes mes excuses, Madame. » Il énonça d'un ton sarcastique, dans un sourire tout ce qu'il y avait de plus faux lui aussi. Charlie voulait jouer, alors ils allaient jouer. Et tant pis si ça avait tout d'une mauvaise idée de la provoquer sur son lieu de travail : il ne serait pas assis sur cette chaise aujourd'hui si les mauvaises idées n'étaient pas sa spécialité. « Tu sais que la plupart des filles détesteraient qu'on les prenne pour des dames avant qu'elles aient l'âge d'avoir des rides ? » Mais Charlie n'était pas la plupart des filles et entre ces murs la jeune femme cherchait surtout à asseoir son autorité, loin de se douter que cet environnement contribuait à mettre son ami particulièrement à cran. Colin ne se rebiffait pas pour le plaisir, quand bien même il avait toujours été du genre contrariant. C'était d'être enfermé dans cette pièce, traité comme un vulgaire criminel pour une porte enfoncée, qui jouait avec ses nerfs. Le fait que de l'autre coté de cette porte, des dizaines de polices s'affairaient tandis que sur les murs du poste de police étaient toujours placardées ces affiches de personnes disparues. Personnes qui toutes laissaient derrière elles des proches inquiets et éplorés. Comment pourrait-il regarder ces affiches sans détourner les yeux ? Comment pourrait-il le faire sans se sentir terriblement mal, alors que le sang d'un meurtrier coulait dans ses veines ? « Mais bon, si tu veux je peux carrément te renommer dans ma liste de contacts. Si ça craint pas trop que l'inspectrice la plus chevronnée de Brisbane traîne avec un type comme moi, bien sûr. » Les inspecteurs et leurs suspects restaient rarement bons amis, après tout, non ?
Et c'est vrai, il cherchait les ennuis en l'attaquant sur un terrain sensible, celui de son métier dont il n'était pas sans savoir que Charlie était profondément fière. Il était fier d'elle lui aussi, bien évidemment, mais ça n'empêchait pas qu'il aurait préféré qu'elle se lance dans n'importe quelle voie plutôt que celle-ci – et devenir flic à la criminelle ? Bon dieu, il ne manquait plus que ça. “Doucement sur les ordres Colin, tu te souviens ?” « Ouais, ouais. Je risque pas d'oublier. » Qu'elle faisait la pluie et le beau temps dans cette pièce et qu'il avait tout intérêt à filer droit, s'il ne voulait pas se retrouver avec une paire de menottes aux poignets et aller passer une nuit en garde à vue avec un colosse des plus dangereux. Charlie serait bien capable de l'enfermer avec le pire de tous juste pour lui donner une bonne leçon, et il y avait des limites que même lui préférait ne pas franchir juste pour avoir le dernier mot. On gagnait rarement à ce genre de jeux, avec Charlie, et sa plaque de police lui donnait un avantage contre lequel il faisait difficilement le poids. Même en faisant un peu de charme au gardien, il était peu probable qu'il en ressorte gagnant. Et il avait promis à Flora de l'aider avec ses devoirs, ce soir, il ne pouvait pas simplement disparaître et ne plus donner de nouvelles de toute la nuit. Peu de personnes s'inquiéteraient véritablement pour son sort mais sa petite sœur, elle, comptait véritablement sur lui.
Des détails sur ce qui s'était passé avant qu'il n'ait la fabuleuse idée de forcer cette porte, Colin accepta de lui en donner dans l'espoir qu'elle saurait y voir un peu de bonne volonté. Ce qu'il avait fait était une belle connerie, il ne le nierait pas, mais il n'avait pensé qu'à son boulot. Charlie devrait pouvoir comprendre ça, quand bien même tous les deux n'avaient pas vraiment empruntés des chemins similaires à ce niveau-là. Peut être que c'était justement ça, le problème. Charlie gravissait les échelons dans un milieu qui la passionnait, un milieu pour lequel elle était incontestablement faite. Qu'il puisse ou non perdre son petit boulot devait lui sembler dérisoire. Il n'avait que ça pour vivre, pourtant. “Mon rôle c’est juste de savoir les faits, d’accord ? Je me moque du reste et mon avis n’entre pas en compte.” Colin poussa finalement un soupire, conscient qu'ils ne pourraient pas se parler normalement tant que leur échange prendrait la forme d'un interrogatoire et que lui écoperait du rôle de suspect. Pas vraiment la manière la plus saine de passer un moment entre amis, même quand on était aussi proches qu'eux. « J'aurais pourtant parié que tu me jugeais, y'a pas trois minutes. Déformation professionnelle, j'imagine. » Ou bien elle le voyait vraiment comme un idiot dont la dernière bonne idée en date avait été d'entrer sur son lieu de travail par effraction. Le pire, c'est qu'elle n'aurait pas tort. Bien sûr qu'il se sentait idiot et que ça lui servirait de leçon, au moins jusqu'à la prochaine fois.
“J’ai aucune autorité là dedans, Col.” « Laisse tomber. » Elle en avait pourtant, de l'autorité, dans cette salle d'interrogatoire. Mais il faut dire qu'elle pouvait espérer gagner l'ascendant sur lui sans craindre ensuite d'en subir les conséquences : aussi agacé soit-il à cet instant, elle le connaissait assez pour savoir qu'il ne lui en faudrait pas beaucoup pour qu'il oublie cette histoire. Ça ne prendrait sans doute qu'une journée avant qu'il ne fasse lui-même le premier pas et proposer d'oublier ce malentendu autour d'un verre et d'une pizza. Parce qu'il n'avait décidément pas assez d'orgueil pour risquer de perdre l'un de ses piliers pour une histoire de porte. Bien sûr que non. “On va aller vérifier ça de suite alors.” Comme il s'y était attendu, sa seule parole ne lui suffisait pas et Charlie avait besoin de preuves concrètes qu'il n'avait effectivement pas touché au cannabis depuis des mois. “J’espère que t’as envie de pisser.” Là tout de suite, pas spécialement, mais il faut dire qu'il ne s'était pas enfilé une bouteille d'eau en prévision du moment où il aurait à subir un test de dépistage. C'était pas vraiment la façon dont il s'imaginait commencer sa journée, étrangement. « Tout vaut mieux que de rester dans cette pièce. » Alors l'envie, il la trouverait d'une manière ou d'une autre, rien que parce qu'une escale aux toilettes était toujours une meilleure option que de fixer les murs de cette salle d'interrogatoire. "On étudiera les possibilités plus tard." Elle ne voulait pas parler d'avocats ou de poursuites tant qu'il n'avait pas fait son test, et soudain, Colin songea que c'était peut être bien sa meilleure chance. Sa chance de prendre la tangente avant que cette histoire ne sente encore plus mauvais pour lui. Et parce qu'il devait se rendre à l'évidence que Charlie ne pourrait pas le tirer du pétrin, cette fois. C'est donc docilement qu'il la suivit jusqu'à la porte des toilettes, ses yeux analysant chaque détail de son environnement pour étudier ses options. Il n'y en avait qu'une, de toute évidence, et ça ne plairait pas du tout à Charlie. « Tu restes devant la porte, hein ? Je veux dire, tu rentres pas on est d'accord ? » Parce que lui, il avait un plan. Un plan qui nécessitait que Charlie l'attende devant la porte pendant qu'il trouvait un moyen de se faire la malle. Ce serait probablement la connerie de trop, mais au point où il en était. « J'aimerais garder le peu de dignité qu'il me reste, alors... je préfère être tranquille. » Il n'avait pas besoin de lui faire un dessin, ce serait juste humiliant qu'elle le regarde entrain de remplir son fichu gobelet. La vérité, il ne pouvait pas la lui donner sous peine de l'énerver pour de bon et compromettre ses chances de sortir de là au plus vite. Alors, une fois de plus, c'est derrière un mensonge qu'il se réfugia. Et la porte qu'il referma derrière lui après s'être faufilé à l'intérieur, attendant moins d'une seconde après ça pour mettre son fichu plan à exécution.
Charlie ne s'en doutait pas, mais il n'avait pas la moindre intention de pisser dans son gobelet. Son attention était déjà portée ailleurs, tandis qu'il levait la tête à la recherche d'une fenêtre qui lui permettrait de rejoindre l'extérieur en toute discrétion et de se tirer loin de cet endroit sans demander son reste. Il y en avait bien une, au-dessus d'une des cabines, qu'il devrait pouvoir atteindre en se hissant depuis la cuvette. Il l'avait déjà fait des dizaines de fois au lycée sans jamais se faire prendre, ce ne serait sûrement pas différent ce coup-ci. Et parce que cette fois il ne risquait pas qu'une simple heure de colle mais bien de vrais ennuis, hésiter n'était pas une option. Colin balança ainsi le gobelet vide dans le lavabo et grimpa sur les toilettes avant d'ouvrir le velux et d'entreprendre son ascension. Ils étaient au rez-de-chaussée, il avait déjà escaladé des murs bien plus hauts et même une mauvaise chute de l'autre coté ne pourrait pas lui faire grand mal. Moins en tout cas que si Charlie le prenait en flagrant délit.
|
| | | | (#)Ven 1 Juil 2022 - 14:45 | |
| Colin fait un véritable pied de nez à tous les ordres qu’a pu lui donner Charlie jusque-là, tous se résumant à ce qu’il tienne sa langue et reste sagement assis, le cul sur sa petite chaise inconfortable. Mais Colin reste Colin et bien sûr que non, il n’obéit pas. Il ne fait rien du genre, même, accumulant les incartades en tous genres parce que c’est sûrement le domaine dans lequel il est le plus doué, finalement. Charlie tente de garder son calme autant qu’elle le peut, n’ayant aucun mal à se souvenir que pour elle il s’agit à moitié d’un jeu et qu’elle n’a pas le droit de se laisser aller à hausser la voix ou n’importe quelle mauvaise idée du genre au commissariat. Alors, elle referme sa paume contre son genou, laisse ses ongles s’y enfoncer doucement au travers de son épais pantalon de travail, le tout pour offrir le plus grand et faux sourire qui soit à son ami, sa main libre jouant avec l’éternelle même mèche blonde. Lui proposer de faire un petit tour dans les toilettes pour un test de drogue semble finalement nécessaire, elle-même ayant l’impression d’étouffer dans cette pièce qu’elle commence pourtant à bien connaître. Le jeu perd en amusement à chaque nouvelle minute écoulée, c’est une étrange impression qui l’enveloppe désormais. « Tout vaut mieux que de rester dans cette pièce. » Il ne dit pas que des conneries, le garçon, finalement. Tout ne vaut pas mieux que cette pièce mais en cet instant bien précis, c’est au moins la même impression qu’ils se permettent de partager.
Son ami un pas devant lui, elle l’observe de ses grands yeux déjà quelque peu coupable, le visage fermé non pas pour jouer le jeu mais bien parce qu’elle ne s’amuse déjà plus et que lui, trop docile, n’est que l’ombre de l’homme qu’elle connaît. « Tu restes devant la porte, hein ? Je veux dire, tu rentres pas on est d'accord ? » - “Quoi ? Non, bien sûr que non.” Les idées tordues, qu’elle invente au fur et à mesure, ne vont certainement pas jusque là. Rester devant la porte pour s’assurer que personne d’autre n’entre pour qu’il puisse se plaindre de son pseudo test de drogue, voilà tout ce en quoi son rôle consiste. Du reste, elle a assez confiance en lui pour qu’il pisse tout seul et sache viser dans un gobelet ; il n’a pas besoin d’elle pour si peu, n’est-ce pas ? « J'aimerais garder le peu de dignité qu'il me reste, alors... je préfère être tranquille. » Elle souffle doucement face à cette pause dramatique qu’il improvise, comme si après ça elle allait l’envoyer au bagne ou une sombre idée du genre. “Je te laisse tranquille, c’est bon, arrête de chouiner.” Elle statue sans nuance, plaçant ses cinq empreintes entre ses omoplates pour lui intimer de rentrer dans lesdites toilettes sans pour autant avoir à le pousser à l’intérieur. Après ça, elle n’aura qu’à improviser le besoin d’attendre les résultats et lui rendre sa liberté, le jeu a assez duré. “Tu fermes pas à clé, c’est tout.” Elle n’ouvrira pas, elle le jure, mais il y a encore certaines règles qui existent au cas où.
Son dos appuyé contre le béton froid, elle pianote sur son téléphone pour passer le temps comme elle peut, n’ayant de toute façon rien d’autre à faire que d’attendre - oh, quelle terrible phrase. “[colo=crimson]Colin, t’as besoin de combien de temps pour pisser au juste ?[/color]” Elle demande pourtant, sans doute un peu excédé, après avoir vu changer les minutes de son téléphone et déjà éconduit trois personnes pour leur souligner d’aller dans les toilettes des femmes, celle des hommes ayant un problème de tuyauterie (un carnage, elle le jure). Face au silence pesant suivant sa question, son ton change aussitôt, bien plus intrigué et, sans doute, soucieux. “Colin ?” Il n’est pas tombé dans les pommes ou quelque chose du genre, au moins, le bougre ? N’est-ce pas ? Oh, et désormais elle pense que si, oui, bien sûr, ce serait possible et plausible. A cause du stress, à cause de la panique, à cause de tous les autres synonymes de “Charlie tu es une sombre idiote d’avoir voulu jouer à un jeu dont tu es la seule à créer et connaître les règles”. “Je vais rentrer, j’espère que t’es pas à poil.” Elle souffle dans l’embrasure de la porte, assez fort pour qu’il puisse l’entendre, pas assez pour ameuter tout le poste de police et leur laisser penser qu’elle s’adonne à Dieu sait quelles pratiques dans les toilettes des hommes - ou qu’elle parle seule, au choix. Alors, les yeux fermés (au cas où), elle actionne la poignée de porte au ralenti.
Et finalement, le reste se passe à la vitesse de l’éclair. Colin, la tête déjà dehors, à moitié happé par la fenêtre menant à l’extérieur et Charlie, aussi étonnée que furieuse, laissant la porte claquer derrière elle pour mieux accourir en direction du garçon et tenter de le ramener à l’intérieur de la pièce en l’attrapant par les pieds. “Colin! Colin arrête tes putain de conneries, c’est pas un remake des Evadés!” Elle chuchote et hurle à la fois, prise en étau, son visage virant au rouge alors qu’elle fait de son mieux pour le ramener à l’intérieur, le raisonner et éviter des coups de pied. Force est de constater, pourtant, qu’elle n’y arrive qu’à moitié, pour ne pas dire ‘pas du tout’. Le garçon réussit à se faufiler à l’extérieur mais puisqu’elle l’entend lourdement tomber et étouffer un grognement, elle ne peut que se douter du peu de réussite de son évasion. Tel un personnage de dessin animé dont de la fumée s’échapperait des oreilles, elle trouve la sortie du commissariat et la rue donnant accès aux toilettes, plus remontée que jamais. “T’es vraiment un sombre putain d’imbécile Brenner.” Maintenant, elle peut lui hurler dessus, l’index pointé en sa direction au cas où il pourrait croire qu’elle s’adresse à un autre Brenner, lui aussi adepte des idées brillantes dans le genre. Après avoir soufflé pour tenter de faire passer sa rage, elle se reprend. Plus ou moins. “Remonte ton pantalon.” Il a des égratignures sur les bras dont il se remettra sans problème, mais à en juger par la difficulté avec laquelle il tente de se relever, elle doute pouvoir en dire de même de façon aussi équivoque pour sa cheville. “Joue pas la sainte nitouche, tu peux me montrer trois centimètres de peau, oui ?” Elle devrait surtout lui demander s’il a mal mais la blonde est sans doute encore un peu trop remontée à son sujet pour cela, raison pour laquelle elle préfère se rendre compte des choses par elle-même avant d’en tirer des conclusions. Dans tous les cas, elle déteste déjà la fin que s’apprête à prendre cette ridicule blague. |
| | | | (#)Ven 15 Juil 2022 - 23:58 | |
| let's start a revolution. “Quoi ? Non, bien sûr que non.” Il y a encore une poignée de minutes, jamais il n'aurait même pensé à mettre sa parole en doute, leur amitié forgée par les années rendant chaque promesse immuable à ses yeux. Mais dans ce contexte, Colin n'oubliait pas que Charlie était avant tout une inspectrice qui tentait de faire respecter la loi, et lui un apprenti délinquant qu'on avait traîné au commissariat pour lui faire subir un interrogatoire. Autrement dit, il n'était pas censé prendre pour argent content tout ce qu'elle lui racontait. Ironique, sachant qu'il était très certainement le moins honnête des deux. « Si t’essaies d'entrer, je crie au harcèlement sexuel. » D'accord, il n'en ferait rien mais était comme d'habitude beaucoup trop tenté de faire l'idiot même quand une situation tournait clairement à son désavantage. Charlie le connaissait par cœur, une telle attitude ne la surprendrait pas et elle s'estimait déjà probablement chanceuse qu'il n'ait pas opposé plus de résistance avant d'aller faire ce maudit test. Si seulement elle avait la moindre idée de ce qu'il mijotait, elle aurait certainement insisté pour l'escorter personnellement à l'intérieur. “Je te laisse tranquille, c’est bon, arrête de chouiner. Tu fermes pas à clé, c’est tout.” S'enfermer à l'intérieur laisserait penser qu'il préparait un sale coup, ce qui était précisément l'inverse de ce qu'il souhaitait pour endormir sa méfiance et gagner du temps. « Oui, maman. » Bientôt, le verrou de la porte des toilettes serait de toute façon le cadet de ses soucis.
Car sitôt entré, c'est son plan qu'il ne tarda pas à mettre à exécution et des risques parfaitement inconsidérés qu'il prit au moment de se hisser sur la cuvette des toilettes pour tenter d'atteindre la première fenêtre venue. Parce que Colin le savait, s'il ratait son coup et que Charlie lui tombait dessus avant qu'il n'ait eu le temps de se tirer de là, ce n'est plus seulement son casier judiciaire que la blonde pourrait décider de marquer au fer rouge. Elle lui ferait aussi passer un si mauvais quart d'heure qu'il prierait probablement pour être envoyé en cellule, loin de son courroux. Une raison supplémentaire de calculer le moindre de ses mouvements et de ne pas perdre inutilement du temps à faire dans la dentelle : il avait juste besoin d'atteindre l'extérieur, le reste il s'en soucierait plus tard. “Colin, t’as besoin de combien de temps pour pisser au juste ?” En entendant la voix de son amie résonner depuis l'autre coté de la porte, pourtant, c'est un pincement au cœur qui lui fit subitement l'effet d'un électrochoc. Comment est-ce qu'ils avaient bien pu en arriver là, eux qui d'habitude œuvraient ensemble quelles que soient les circonstances, prêts à se défendre bec et ongle contre quiconque voudrait s'en prendre à l'un d'eux ? Comment pouvait-il en ce moment-même être en équilibre sur ces toilettes, à tenter de fuir l'une des personnes qui lui étaient les plus chères, comme si Charlie représentait un ennemi dont il devait se tenir loin à tout prix ? Ce n'était pas le cas, non bien sûr, il n'avait simplement pas trouvé d'autre moyen de se sortir de cette situation et avait opté pour la pire des alternatives, comme d'habitude. Charlie ne serait jamais le problème, pas plus qu'il n'éprouverait un jour l'envie de prendre ses distances avec elle. Si le simple fait qu'elle puisse détenir son dossier le terrifiait autant, c'est parce qu'il craignait plus que tout qu'elle puisse un jour découvrir quelque chose qui changerait à jamais la façon dont elle le voyait. Alors ce n'est pas elle qu'il fuyait, mais bien tout ce que représentait cet endroit à ses yeux. “Colin ? Je vais rentrer, j’espère que t’es pas à poil.” Elle disait vrai, il le savait, c'est pourquoi il ne lui restait que quelques secondes pour quitter cet endroit.
Mais il comprit qu'il avait légèrement présumé de ses forces et de sa rapidité lorsque la porte s'ouvrit sans ménagement, laissant à Charlie tout le loisir de constater qu'il n'avait jamais eu la moindre intention de faire son fichu test. Qu'en revanche, il n'avait pas perdu une minute pour grimper sur ces toilettes et céder à l'une des idées les plus stupides qu'il ait jamais eu – et dieu sait pourtant qu'il en avait eu, des idées sacrément bêtes. “Colin! Colin arrête tes putain de conneries, c’est pas un remake des Evadés!” Encore heureux, parce que lui était présumé innocent jusqu'à preuve du contraire, quand bien même on l'avait vu entrer par effraction dans la boutique où il bossait. Et puis s'échapper d'un commissariat, ce n'était pas exactement comme s'échapper d'une prison, si ? « T'es vraiment entrain de me comparer à un mec qui a éliminé sa femme ? » Il pesta en tentant de hisser le reste de son corps par la fenêtre, pour le coup soulagé que Charlie ne puisse pas voir sa tête se décomposer depuis là où elle se trouvait. Ni percevoir combien ça le terrifiait à cet instant au plus profond de lui que son propre père puisse peut être un jour envisager de mettre ce genre de plan à exécution. Lui, coincé dans sa tour inviolable, pourtant suffisamment malin pour avoir agi en toute impunité pendant des années et n'avoir jamais éveillé aucun soupçon de la part de ses proches. Lui, qui ferait sans l'ombre d'un doute bien plus de dégâts qu'un Colin désœuvré et toujours en proie aux pires idées en serait capable. Ça n'arriverait pas, non. Ça ne pouvait pas arriver. « Lâche-moi, Charlie ! » Il la sentait tirer sur ses jambes et tenter de le retenir par les pieds, l'unique raison pour laquelle il ne tenta pas de se dégager étant qu'il ne voulait pas risquer de lui faire mal. Pour autant il redoubla de force pour atteindre l'extérieur et y parvint finalement au prix de nombreux efforts... « Ah !... Argh. » …mais non sans s'écraser de tout son long sur le bitume en contrebas. Une chute qui aurait pu tourner bien plus mal s'ils s'étaient trouvés au premier étage, mais une chute malgré tout assez douloureuse pour l'empêcher de se relever pour s'enfuir.
« Putain. » Dans la longue liste de raisons qui auraient du le dissuader de tenter cette stupide évasion, l'idée qu'il pourrait potentiellement se blesser aurait probablement du figurer en tête de liste. Parce qu'outre la douleur, il se retrouvait maintenant bien incapable de mener le reste de son plan à bien. Autrement dit, il avait fait tout ça pour que Charlie puisse finalement le cueillir et le ramener à l'intérieur par la peau des fesses. Bien joué. “T’es vraiment un sombre putain d’imbécile Brenner.” La silhouette de la blonde s'approcha et Colin ne se leurrait pas, elle était vraiment très en colère contre lui. Probablement assez en colère pour retenir un rire face à l'absurdité de cette situation, qui ferait probablement une sacrée histoire à raconter à ses collègues pendant une pause café. « Tu croyais peut être que j'allais me laisser gentiment enfermer ? Tu me connais mieux que ça, Charlie. » Et oui, bien sûr que le moment était mal choisi pour faire le malin et venter une idée qui avait pourtant tout de mauvaise, et pas uniquement parce qu'il se retrouvait affalé par terre pendant que Charlie le surplombait de tout son long. Il aurait simplement du faire son test, accepter pour une fois de jouer selon les règles et arrêter de douter de toutes les personnes qui comptaient pour lui sous prétexte que l'une d'elles l'avaient trahi une fois. Il aurait du s'en remettre à Charlie, précisément parce que c'était Charlie. “Remonte ton pantalon.” « C'est rien. » Il s'était mal réceptionné en tombant, mais ça n'était sûrement rien que quelques points de suture ne sauraient pas arranger. Il serait même tenté de lui dire qu'il avait déjà connu pire, mais ça Charlie le savait déjà. “Joue pas la sainte nitouche, tu peux me montrer trois centimètres de peau, oui ?” Alors maintenant, elle se souciait de lui ? S'il avait su, peut être qu'il aurait tenté une évasion foireuse plus tôt. « C'est rien j'ai d... merde. » Son pantalon maintenant remonté le long de sa jambe, Colin avait tout le loisir de découvrir que ses conneries lui coûtaient cher, une fois de plus. « C'est moche. » La plaie n'était vraiment pas belle à voir et il s'était éraflé la peau sur plusieurs centimètres, celle-ci se retrouvant maintenant à vif. S'il était loin d'être douillet de nature, le simple fait de se redresser sur ses jambes allait poser un léger problème. « Laisse-moi partir. T'auras des ennuis si on voit que je me suis blessé sous ta supervision et j'ai pas les moyens de me payer ce foutu avocat. » Elle était bien placée pour savoir qu'il ne présentait pas le moindre danger pour la société, et qu'à la rigueur le seul qu'il puisse vraiment mettre en péril était lui-même. « Sérieux Charlie, tout le monde y gagnerait. » Il lui demandait un service, rien de moins, parce qu'ils savaient tous les deux qu'elle avait de quoi lui créer des problèmes maintenant qu'il avait en plus rajouté une tentative d'évasion à son dossier. Mais ce n'était plus à l'inspectrice qu'il s'adressait ici, mais bien à son amie. Celle qui ne l'avait jamais laissé tomber. « Laisse-moi cinq minutes et je te jure que je débarrasse le plancher sans me faire voir. T'auras qu'à dire que je t'ai semé et... argh. » Oui, il avait peut être oublié un léger détail. « Je vais juste avoir besoin que tu m'aides à marcher jusqu'à l'arrêt de bus. » Après ça, promis, elle n'entendrait plus parler de lui pendant au moins plusieurs jours, jusqu'à ce qu'il tente de se racheter par dieu seul sait quel moyen. Ça n'était pas obligé de mal se finir, et moins encore d'impacter leur amitié.
|
| | | | (#)Sam 16 Juil 2022 - 19:36 | |
| « Lâche-moi, Charlie ! » Et lorsqu’elle finit effectivement par le lâcher, bien malgré elle, la lourde chute qu’elle entend de l’autre côté, suivi d’un grognement du même genre, n’est en rien pour la rassurer. A la colère fait place l’inquiétude quand elle entreprend de faire le tour du commissariat pour le retrouver au plus vite et s’assurer que son état n’a rien de grave. « Putain. » Une insulte ne pouvant pas la renseigner davantage sur son état, Charlie passe outre et s’approche de lui sans le moindre commentaire, son silence équivalant à tout le souci qu’elle ressent pour le jeune homme. Des insultes fusent après quelques secondes, pourtant, parce qu’elle n’est pas non plus maîtresse d’elle-même à ce point là. « Tu croyais peut être que j'allais me laisser gentiment enfermer ? Tu me connais mieux que ça, Charlie. » Et si elle ne répond rien, ce n’est que parce qu’elle est profondément blessée par ces paroles pourtant anodines alors qu’il est le seul qui pourrait justement avoir le droit d’être blessé par toute cette discussion. Ce qu’elle déplore c’est qu’en retour, il puisse croire aussi naïvement et simplement qu’elle n’a aucun égard pour lui, qu’elle se moque de son bien être et, surtout, qu’elle joue autant au parfait flic alors qu’un de ses meilleurs amis risquerait d’aller en prison pour une faute qui n’en est même pas une. Si elle veut être une bonne inspectrice qui ne sort pas du droit chemin, elle cherche avant tout à rester une bonne amie. Lui aussi, il la connaît mieux que ça. Elle veut le croire, alors elle serre les dents et passe à autre chose, chien hargneux qui lui force déjà la main pour qu’il remonte son pantalon et lui laisse observer l’ampleur des dégâts.
« C'est rien. » Justement parce qu’il s’entête à vouloir lui faire croire, la blonde insiste pour le voir d’elle-même, de toute façon déjà accroupie devant lui. Ce n’est pas comme si elle lui demandait son avis, ou même son consentement. Elle n’y connaît peut-être pas grand-chose en médecine et chevilles abîmées, mais elle sait au moins juger les situations. L’étonnement se lit sur son visage lorsqu’elle se rend compte que le problème n’est pas (uniquement ?) une cheville foulée ou Dieu sait quoi, mais bien une plaie béante contre sa chair. Son sang colore déjà sa chaussette et l’arrière de sa cheville. « C'est rien j'ai d... merde. » Elle remonte son pantalon aussi doucement qu’elle le peut, rapidement bloquée par l’épaisseur de ce dernier pour aller plus haut. Ce sera sans doute mieux que rien pour Colin, tant que ce dernier ne frotte pas contre sa plaie, qu’elle n’a aucun mal à croire très douloureuse. Il ne s’en était simplement pas rendu compte dans le feu de l’action mais maintenant, il ne voit plus que ça. « C'est moche. » - “T’as dû te couper contre un bout de verre sur la fenêtre.” Et mal réceptionner ensuite, ce qui l’a stoppé dans sa fuite et lui a infligé une première douleur. La seconde est arrivée dans son cerveau lorsqu’il a pu voir la plaie, aidée par la demande express de Charlie à ce sujet. Il semblait de toute façon impossible de le laisser s’enfuir, et encore moins après l’avoir entendu grogner de douleur. Mentalement, elle tente de se souvenir d’une possible boîte à pharmacie au poste de police, ou quoi que ce soit qui pourrait lui être utile pour nettoyer sa plaie, à défaut d’être capable de le soigner davantage.
La suite, ce sont des mots que la blonde entend sans jamais les écouter, le discours de Colin dénotant avec son propre état d’esprit. Non sans vouloir se vanter, elle pense en savoir un peu plus que lui sur la situation actuelle des choses, autant parce qu’il est le seul blessé que parce qu’il est le seul en habits civils. « Laisse-moi partir. T'auras des ennuis si on voit que je me suis blessé sous ta supervision et j'ai pas les moyens de me payer ce foutu avocat. » Peu intéressée par ce qu’il dit, elle laisse désormais son regard dériver en direction des mains du garçon, pour vérifier qu’il ne s’est pas planté quelque chose dans la paume. Ses bras subissent le même sort alors qu’elle les tourne et les déplace à sa guise, sans commentaire. Fort heureusement, elle ne trouve rien. « Sérieux Charlie, tout le monde y gagnerait. Laisse-moi cinq minutes et je te jure que je débarrasse le plancher sans me faire voir. T'auras qu'à dire que je t'ai semé et... argh. » Ce n’est pas de sa faute, elle le jure. La douleur qu’il étouffe lui fait remonter ses yeux en direction du garçon, soucieuse. Peu importe la situation, le contexte, ou le niveau d’animosité qu’elle ressent à l’instant T, elle a toujours autant de difficulté à constater la douleur chez ses proches sans se sentir coupable ou au minimum terriblement mal. « Je vais juste avoir besoin que tu m'aides à marcher jusqu'à l'arrêt de bus. » Elle souffle finalement, espérant qu’il a terminé tout son laïus. “Je te laisse pas repartir comme ça, Colin.” Son ton est bas, désolé, son regard déjà posé sur sa plaie à nouveau - comme si elle avait pu s’être soignée seule, comme par magie et en quelques secondes à peine. Son index se relève rapidement, seul et unanime, pour lui demander de se taire et non de déjà en venir aux conclusions et s’offusquer de la réponse de la blonde. “On va aller aux urgences, c’est vraiment pas anodin.” Et avec une enfant telle que Siobhan, elle connaît au moins le chemin jusqu’à l’hôpital. Pour Colin, au moins, ils ne douteront pas un seul instant du diagnostic: il a besoin de points de suture, ou, tout du moins, de très bons bandages. Si Charlie n’a aucune chance de faire la différence entre l’un et l’autre, elle sait qu’elle peut s’appuyer sans mal sur l’expérience et les connaissances des médecins à l’hôpital. “Tiens toi à moi.” Ce sur quoi il avait raison, au moins, c’est le fait d’aller jusqu’à l’arrêt de bus. Simplement, il n’est pas encore prêt à rentrer chez lui et Charlie veille au grain, se relevant déjà face à lui, une main tendue pour qu’il puisse l’attraper à son tour, avant qu’elle ne passe sa main autour de sa taille pour tenter de retenir autant de son poids que possible.
“T’étais pas vraiment en interrogatoire, de toute façon. Mes collègues t’avaient vraiment relâché y’a au moins une heure. C’était une blague et toi, t’as vraiment un instinct de survie à chier.” Des excuses se glissent dans le son de sa voix à défaut d’être réellement formulées et le reste, c’est des reproches qu’elle utilise encore et toujours pour tenter de garder la tête haute. Et puis de toute façon, il a vraiment un très mauvais instinct de survie ; il n’aurait pas vécu bien longtemps, quelques millions d’années plus tôt. |
| | | | (#)Ven 29 Juil 2022 - 22:30 | |
| let's start a revolution. Ce n'était pas rien, définitivement, à en juger par la douleur qui pulsait le long de sa jambe. Si sur le coup l'adrénaline provoquée par sa fuite l'avait empêché de ressentir quoi que ce soit d'autre que l'irrépressible besoin d'échapper à l'emprise de Charlie, à présent Colin se rendait bien compte qu'il ne s'était pas loupé. L'inquiétude perceptible dans le regard de son amie était pourtant comme une consolation au milieu de ce fiasco, et Colin en oublierait presque qu'il était lourdement retombé sur le bitume, autrement dit qu'il était loin d'avoir brillé dans sa tentative de fuir le commissariat et les conséquences qui lui pendaient au nez. Sans surprise, ça avait l'air bien plus facile au cinéma. “T’as dû te couper contre un bout de verre sur la fenêtre.” C'était donc probablement ça, la douleur. Et le sang, qui dégorgeait sur son pantalon et donnait à lui seul une petite idée de l'ampleur de sa blessure. « Je crois que je vais devoir peaufiner mes techniques d'évasion. » D'ici la prochaine fois, si prochaine fois il y avait – car pas sûr qu'il tienne à remettre ça de si tôt. Il avait déjà donné suffisamment de raisons à Charlie de vouloir le mettre au trou, ce n'était pas pour recommencer ses conneries et s'attirer de vrais ennuis cette fois. Colin avait toujours été inconséquent par nature et il y avait fort à parier pour que cet épisode ne lui serve pas vraiment de leçon, mais devoir marcher sur des œufs avec l'une de ses plus proches amies lui avait décidément fait l'effet d'un électrochoc. Tout à l'heure, c'était comme si un mur se dressait entre Charlie et lui, et il ne voudrait pas revivre cette sensation même pour sauver son job. Il se ferait bien virer un jour ou l'autre, de toute façon.
Et à défaut de pouvoir mettre la suite de son plan à exécution en mettant le plus de distance possible entre cet endroit et lui, Colin tentait de négocier pour s'éviter un détour par la case prison. C'est ce qui semblait lui pendre au nez, et sans doute que cette stupide tentative d'évasion n'allait pas non plus arranger son cas. Mais dans l'état qui était le sien, même Charlie verrait sûrement qu'il était dans leur intérêt à tous les deux qu'elle le relâche sans faire mention de ce qu'il venait de se passer. Il ne serait pas le premier type à les semer, et la bonne nouvelle c'est qu'il ne représentait pas le moindre danger pour la société. Autrement dit, il ne lui demandait pas tant de le protéger lui que de préserver ses intérêts, à elle. Intérêts qui lui importaient bien plus que ses choix le laissaient probablement penser. Il serait bien moins gênant dans la nature qu'à ses cotés avec la jambe en sang, c'est certain. “Je te laisse pas repartir comme ça, Colin.” Mais il la connaissait trop bien pour savoir qu'elle rechignerait à l'abandonner à son sort, maintenant qu'il était à peine capable de se redresser et moins encore de se redresser sur ses deux jambes. C'est sûr, il ne ferait pas un mètre avant de s'écrouler sous le poids de la douleur. Peut être même qu'il chuterait sur la chaussée et finirait écrasé par un poids lourd qui passait par là. Au point où il en était, de toute manière. « C'est pas ton problème, Charlie. Je me suis fourré dans les emmerdes tout seul. » Et pour une fois, il acceptait sans mal de le reconnaître. Il avait enchaîné les décisions stupides en l'espace d'à peine quelques heures, et tout ce qui s'était passé était de sa faute. Si seulement il avait été fichu d'arriver à l'heure au travail, pour une fois. “On va aller aux urgences, c’est vraiment pas anodin.” Relevant son regard vers elle, il hésita une seconde. « C'est la flic ou l'amie qui le propose ? » Est-ce qu'elle s'inquiétait autant pour lui que son regard le laissait penser ? Il aimerait penser que oui, parce qu'il la connaissait trop bien pour savoir que plus rien d'autre ne comptait dès l'instant où Charlie se retrouvait face à quelqu'un qui avait besoin d'aide. En ça il ne nierait jamais qu'elle avait parfaitement trouvé sa vocation. Charlie était quelqu'un de bien, il n'avait jamais été tenté de penser le contraire. Pas même une seconde lorsqu'il s'était retrouvé coincé dans cette salle d'interrogatoire. Ça n'avait pourtant pas été un moment évident pour lui. « Je veux juste savoir comment je suis censé me comporter avec toi. » Il avait confiance en elle, là n'était pas la question. Tout ce qu'il voulait c'est retrouver le naturel de leurs échanges et pouvoir mettre derrière eux les dernières minutes, aussi bien celles passées au commissariat que cet incident sordide dont il n'était décidément pas fier. “Tiens toi à moi.” « Bon, okay. » Il ne lutterait pas contre elle. Pas à nouveau. Et pas alors qu'il savait qu'elle faisait ça dans son intérêt et parce que son état la préoccupait. Il n'aurait aucun intérêt à rester assis par terre, blessé, à serrer les dents pour tenter de contenir la douleur. Alors il saisit doucement sa main, et prit appui sur elle tandis qu'ils s'éloignèrent de quelques pas.
“T’étais pas vraiment en interrogatoire, de toute façon. Mes collègues t’avaient vraiment relâché y’a au moins une heure. C’était une blague et toi, t’as vraiment un instinct de survie à chier.” Subitement, c'est son visage qu'il tourna vers elle et une stupéfaction bien réelle qui s'imprima sur ses traits. « Tu déconnes ? » A l'instar d'une caméra cachée, Charlie s'était visiblement amusée à tester ses réactions pendant qu'elle le plaçait dans une situation de stress intense. Autant dire que tout avait l'air si vrai qu'il n'avait pas envisagé un seul instant qu'elle puisse s'être moquée de lui. « Donc tout ce temps, j'étais juste libre de m'en aller ? Pourquoi tu m'as fait croire le contraire ? » Le ton de sa voix trahissait son incrédulité. Non, il n'était pas en colère, mais il ne pouvait pas prétendre être amusé non plus. Les motivations de Charlie étaient un mystère à ses yeux, ce n'était pourtant pas faute d'avoir lui aussi fait preuve d'initiatives foireuses. « T'as vraiment des idées de merde, Charlie. Et ouais, je sais que c'est l'hôpital qui se fout de la charité, mais putain. » Tu parles d'une blague. Il s'était vraiment cru en état d'arrestation, ou pas loin de l'être en tout cas. Il avait vraiment cru qu'il aurait besoin d'un avocat, ou qu'il risquait de gros ennuis rien que pour avoir forcé la porte du magasin. Il avait cru chaque seconde de cette scène surréaliste dans la salle d'interrogatoire, et il se sentait stupide. Un peu trahi, aussi. « Si j'ai chopé un truc en me coupant sur cette fenêtre, on sait tous les deux que t'arriveras pas à te le pardonner. Alors ouais, c'était vraiment une idée de merde. » Parce que maintenant ils allaient devoir aller aux urgences et que ce n'était sûrement pas ce qu'elle voulait au départ, lorsqu'elle s'était lancée dans cette plaisanterie d'un goût douteux. « Mais j'ai été un peu con moi aussi, alors... j'imagine qu'on est quittes. » Il n'aurait jamais eu ces réactions s'il ne s'était pas senti acculé par celle qu'il pensait de son coté, mais ça n'enlevait rien au fait qu'il l'avait provoqué quand il aurait simplement pu prendre sur lui. Ça n'enlevait rien au fait qu'il l'avait dévisagé comme une ennemie quand il aurait du savoir, même dans ces circonstances, que Charlie ne ferait jamais rien contre lui. Qu'ils étaient du même coté, qu'ils le seraient toujours. « Maintenant tu peux me le dire. Ce témoin, il existe vraiment ? » Quelle surprise ce serait de s'apercevoir que Charlie était aussi douée que lui pour broder et mentir, lorsque la situation l'exigeait. Colin ne prétendrait pas que ça n'allégerait pas sa conscience, au moins un peu.
|
| | | | (#)Dim 31 Juil 2022 - 4:09 | |
| Il a beau tenter de lui faire comprendre qu’elle peut passer son chemin, Charlie n’écoute pas. Elle ne le laissera pas derrière tout en sachant qu’il est blessé et que ça pourrait être plutôt grave. « C'est la flic ou l'amie qui le propose ? » Il retourne contre elle la question qu’elle avait eu plus tôt à son égard, ce qui lui vaut un regard noir même si le contexte ne s’y prête pas. “L’amie.” Elle tranche rapidement, sans la moindre envie de rire du sujet. La flic aurait été bien ennuyée s’il s’était blessé sous sa surveillance, c’est vrai autant que cela n’a aucun rapport avec le reste. « Je veux juste savoir comment je suis censé me comporter avec toi. » Charlie balance sa tête de gauche à droite, ne voulant pas en arriver à la conclusion que les choses ont changées entre eux. Pas simplement à cause d’aujourd’hui, pas simplement à cause d’une stupide blague sans histoire. Elle est toujours la même, lui aussi, et leur relation n’a pas changé d’un iota. Maintenant, ils pourront simplement ajouter cette escapade à l’hôpital à leur liste d’anecdotes, voilà tout. “Comme d’habitude, fais pas l’imbécile.” Sa voix porte bien plus le ton de la culpabilité, désormais, alors qu’elle gagne quelques degrés dans les aigus. Elle ne veut pas le perdre pour si peu, parce que si cela venait à arriver alors elle s’en voudrait terriblement. Sans pouvoir régler ce problème dans l’heure, elle tente donc de se concentrer sur celui qui reste le plus important, à savoir sa blessure. Ainsi, ce n’est pas une demande mais bien un ordre qu’elle lui donne, celui de s’accrocher à elle pour qu’ils puissent effectivement prendre ce bus, non pour le ramener chez lui mais bien pour se rendre aux urgences. Le voir souffrir, même à un niveau supportable, n’est pas une image qui la laisse de marbre.
Ainsi, c’est balancée au gré de la conduite hasardeuse de leur chauffeur qu’elle confesse la réalité des faits, celle dont elle est peu fière, au point de se mordre un instant les lèvres à l’image d’une enfant. Son regard vacille, s’accroche à la décoration piteuse des sièges, et ne remonte dans les yeux de Colin qu’en dernier recours. « Tu déconnes ? » Elle aurait aimé. Pour sa défense, rien ni personne n’aurait pu la prévenir que tout déraperait à ce point et que ce ne serait pas aussi amusant qu’elle l’avait imaginé. Ses cheveux virevoltent doucement, quand elle hoche la tête de la négative pour la deuxième fois déjà. « Donc tout ce temps, j'étais juste libre de m'en aller ? Pourquoi tu m'as fait croire le contraire ? » Elle voudrait qu’il parle plus bas mais force est de constater qu’elle n’est plus en position de donner le moindre ordre désormais. “C’était supposé être une blague, juste une blague.” - « T'as vraiment des idées de merde, Charlie. Et ouais, je sais que c'est l'hôpital qui se fout de la charité, mais putain. » L’hôpital a aujourd’hui le droit de se plaindre mais il devrait en profiter, parce que l’ego de Charlie a beaucoup de mal à accepter cette situation et très bientôt, sa patience y mettre fin, peu importe ce que lui hurle la culpabilité non loin. Il a le droit d’être en colère, tout comme il a le droit de se sentir trahi, mais une part de la jeune inspectrice ne cesse de se dire que c’est dans des situations telles que celle-ci que les véritables personnalités se dévoilent et la sienne était pleine de surprises. Il ne ressemblait pas totalement au Colin qu’elle connaît, sans que cette métamorphose soit nécessairement qualifiée de positive - elle ne l’est pas, en réalité. « Si j'ai chopé un truc en me coupant sur cette fenêtre, on sait tous les deux que t'arriveras pas à te le pardonner. Alors ouais, c'était vraiment une idée de merde. » - “Ouais, va te faire foutre avec tes idées d’évasion à la con et tes deux mains gauches.” Va te faire foutre, Colin, parce que tu as totalement raison sur toute la ligne. Elle s’en veut déjà et tout serait atrocement pire s’ils en venaient à apprendre qu’il a effectivement trouvé le moyen de se choper Dieu sait quelle maladie pendant sa fugue. Comme pour s’assurer du contraire, elle jette un nouveau regard à son pied, n’ayant pourtant pas le pouvoir de scanner sa chair et d’en tirer un diagnostic, malheureusement.
Lorsque le chauffeur du bus pile une nouvelle fois, bien plus brusquement que toutes celles d’avant, la blonde barre le torse de Colin avec sa main, accrochée à une barre de la seconde. Réflexe maternel qu’elle ne commente pas, trop soucieuse qu’il ne se fasse pas davantage mal. Ce serait ironique alors qu’ils sont sur le chemin de l’hôpital. « Mais j'ai été un peu con moi aussi, alors... j'imagine qu'on est quittes. » Elle remonte son regard près du sien, étonnée de la conclusion qu’il arrive à tirer de toute cette histoire. A sa place, elle se serait plutôt condamnée à des tourments éternels dans les flammes de l’enfer, rien de moins. Mais sans doute a-t-elle un problème d’affection, de vengeance et de rancune. Tout ceci à la fois donnant un joyeux mélange couronné d’un doux visage au teint de poupée. “Je pensais pas que ça prendrait de telles proportions.” Mais elle a un peu plus de mal à demander le pardon, alors pour l’heure c’est par ces quelques mots et son bon bas qu’elle le fait comprendre. Désolée, elle l’est pourtant sincèrement.
« Maintenant tu peux me le dire. Ce témoin, il existe vraiment ? » Le regard qu’elle partage avec lui se mue soudainement en une surprise dubitative. “Pourquoi tu me demandes ça ?” Elle ne comprend pas, et c’est sans doute là son instinct d’inspectrice qui reprend le dessus, ou peut-être sa formation en la matière. Charlie ne comprend pas pourquoi ça a autant d’importance pour lui, au point d’en faire son cheval de bataille au beau milieu d’une discussion où il avait clairement l’ascendant sur elle. Ce n’est donc même pas une esquive. “Non, bien sûr que non.” Elle statue pourtant, après une seconde supplémentaire de silence, ne voulant plus lui mentir, même pour la blague. Elle a tout inventé sur le tas, sans même y réfléchir et uniquement pour les besoins de sa blague, ça lui semblait pourtant être évident désormais. “Tu me le dirais, si t’avais un truc sur le bout de la langue, pas vrai ?” C’est une question rhétorique: elle sait que la réponse est négative, autant qu’elle aimerait qu’elle soit positive. Peu importe ce qu’elle en dit, Charlie est désormais certaine d’avoir brisé quelque chose entre eux et ce de façon irrémédiable. |
| | | | (#)Mar 23 Aoû 2022 - 22:04 | |
| let's start a revolution. “L’amie.” Colin l'observa du coin de l’œil, soulagé que les choses semblent progressivement revenir à la normale et s'apaiser entre la blonde et lui. A défaut que cette situation ait quoi que ce soit de tellement normale, justement. “Comme d’habitude, fais pas l’imbécile.” Et l'unique raison pour laquelle le brun s'abstint de répondre, c'est parce que ces quelques mots et la sincérité qu'il y perçut le laissèrent bien plus ému qu'il ne voulut le montrer. C'était encore un peu tôt pour complètement baisser sa garde devant elle, et alors qu'il s'était conduit comme un imbécile et ne pourrait déjà pas se sentir plus vulnérable qu'à cet instant. Il referait beaucoup de choses différemment s'il le pouvait, et il ferait en sorte de leur éviter cette issue pour ne jamais avoir à nourrir l'impression qu'il était passé tout proche de perdre l'une des personnes les plus importantes à ses yeux. Et pour une connerie, en plus de ça. Colin secoua la tête, tentant de reprendre contenance un peu par fierté, c'est vrai, et parce qu'il avait sans doute l'air suffisamment idiot comme ça maintenant qu'il était à terre, blessé et sans pouvoir aligner un seul pas sans l'aide de Charlie. Pour sûr que la jeune femme lui rappellerait cet épisode, une fois tout ça derrière eux. Oh oui, il lui faisait confiance pour ça.
Sa confiance, justement, il la lui avait toujours offerte aveuglément et sans jamais se dire qu'il aurait un jour à le regretter. Ce n'était pas le cas ici, pas même pour cette histoire de blague qui pourtant s'avérait de très mauvais goût. Colin avait pourtant bien du mal à comprendre ce qui avait pu la pousser à lui faire croire qu'il aurait des ennuis, dans un contexte anxiogène et dans lequel personne n'aurait assurément pu passer un bon moment. Charlie ne connaissait pas son histoire, elle ne connaissait pas son passé, et ça lui offrait certainement des circonstances atténuantes que Colin ne comptait pas nier. Mais elle avait vu son stress, et ça ne l'avait pas arrêté. En étaient-ils arrivés au point où leur amitié leur semblait à ce point acquise pour qu'ils se poussent à bout sans même réaliser qu'ils se faisaient aussi du tort ? C'est la question qui le rongeait depuis plusieurs secondes, alors qu'il n'était pas certain que la réponse lui plairait. “C’était supposé être une blague, juste une blague.” Et il l'entendait, bien sûr, ne pouvant pas même imaginer un instant qu'elle l'ait fait avec de mauvaises intentions. C'était Charlie, bien sûr qu'elle ne pensait tout au plus qu'à le tester. « J'arrive pas à croire que tu te sois dit qu'on en rirait ensuite autour d'une bière et d'une pizza. » Ces quelques mots, Colin les souffla avec un certain dépit. Pas d'agacement, pas de reproche, juste du dépit. Il aurait voulu qu'elle s'arrête avant que les choses prennent une telle tournure, et pas seulement parce qu'il avait maintenant le genou en mauvais état. Aussi parce que la situation leur avait plus généralement échappé : ils s'étaient dit des choses qu'ils regrettaient sans doute déjà. “Ouais, va te faire foutre avec tes idées d’évasion à la con et tes deux mains gauches.” « Okay, on est deux imbéciles. Ça fait plutôt une belle morale à toute cette histoire, quand on y pense. » Et c'était la pure et simple vérité compte tenu du fait qu'ils n'en seraient pas là sans cette histoire de blague et cette stupide initiative de s'enfuir par la fenêtre des toilettes. Un point partout, la balle au centre.
Dans le bus, le trajet se voulait mouvementé et Colin s'accrochait tant bien que mal à Charlie. Il la sentait, faire contre-poids chaque fois qu'une secousse un peu plus forte menaçait de les déséquilibrer. Il la voyait, faire comme de si de rien était lorsque leurs regards se rencontraient quelques secondes et que le silence devenait un peu plus pesant encore. Il y avait bien de l'agitation, tout autour d'eux, mais un froid existait bel et bien entre les deux amis et Colin ne pouvait pas l'ignorer. “Je pensais pas que ça prendrait de telles proportions.” Finalement, c'est un soupire qui franchit la barrière de ses lèvres. Il n'allait pas lui faire la tête, ni pendant des jours, ni même pendant des heures. Tout ce qu'il voulait, c'était mettre les dernières minutes derrière eux. Filer à l'hôpital, en ressortir avec une jambe en meilleur état, et ne plus jamais reparler de cette foutue journée. « Moi non plus. » Il confessa doucement, comprenant qu'à cet instant c'était leur manière à l'un comme à l'autre de simplement dire je suis désolé, à défaut qu'ils ne soient pas encore un peu trop buttés pour prononcer les mots sans détour.
Cette histoire de témoin, elle, semblait presque tomber comme un cheveu sur la soupe. Ça ne devrait plus avoir la moindre importance, à présent que la supercherie avait été révélée. Mais c'était plus fort que lui, il avait besoin de savoir, besoin d'être sûr que personne ne l'avait à l’œil quand il déployait déjà une énergie considérable pour ne pas se trahir. “Pourquoi tu me demandes ça ?” C'était sans compter sur l'instinct de la jeune femme, plus développé encore depuis qu'elle était passée inspectrice et voyait probablement passer pas mal d'apprentis criminels au mensonge facile. S'il aimait croire qu'elle ne le rangeait pas dans cette catégorie, le fait est qu'il avait le mensonge facile. « J'en sais rien, juste... pour être sûr, tu sais. » Et ça lui coûtait, aujourd'hui comme à n'importe quel autre moment, de lui cacher des choses. De ne pas simplement pouvoir tomber le masque devant elle, parler à cœur ouvert de ce qui le tourmentait chaque jour depuis qu'il devait cacher toute une partie de sa vie pour, le croyait-il, se faire accepter. “Non, bien sûr que non.” « Okay, okay. C'est cool. » Pas de témoin, pas de vraie garde à vue, c'était subitement comme si un poids considérable était ôté de ses épaules. Lui qui était prêt à tout pour fuir il y a encore quelques instants s'autorisait à reprendre son souffle. “Tu me le dirais, si t’avais un truc sur le bout de la langue, pas vrai ?” Ces mots, pourtant, le prirent par surprise. Il n'aurait pas du poser la question, il aurait du laisser couler et accessoirement se taire jusqu'à leur arrivée à l'hôpital. « Qu'est-ce que tu voudrais qu'il y ait ? » Si Charlie se mettait à douter de lui, à supposer qu'il puisse lui cacher des choses, alors il n'avait pas la moindre idée de comment il s'en sortirait. Parce que c'était déjà éprouvant de lui mentir, mais ce le serait encore plus s'il le faisait en la regardant droit dans les yeux. « Non, tout va bien, j'ai juste... mal, c'est tout. » Quand bien même c'était la vérité, c'était aussi un sacré mensonge, là encore. Mais il ne pouvait rien dire, pas alors qu'il n'avait aucun moyen de savoir si ce qu'il avait sur le bout de la langue ne lui ferait pas poser un regard totalement différent sur celui qu'il était. C'était un risque suffisamment important pour qu'il ne veuille pas le prendre. « Mais j'en ai vu d'autres, t'inquiète. Et d'ici quelques jours, tu peux être sûre que je serai en état d'escalader à nouveau une fenêtre. » Il tenta un trait d'humour, entre deux rires nerveux. Too soon ? C'est ce que semblait déjà hurler le regard que lui lança Charlie. « Ou pas, ouais. » Plutôt pas, donc, s'il voulait éviter de s'attirer plus d'ennuis. Charlie aussi préférerait sans aucun doute qu'il s'abstienne, et ça tombe bien, il avait aussi dans l'idée de ne pas lui redonner (de si tôt) des raisons de s'inquiéter pour lui. Peut être aussi pour endormir sa méfiance, et les questionnements qu'il avait lu l'espace d'un instant dans le regard de son amie.
|
| | | | | | | | (colin) let's start a revolution |
|
| |