Disons qu’au moins, en choisissant un restaurant, Rhett sait qu’il devra se contrôler et qu’ils ne pourront pas non plus parler du passe temps atypique de Channing. Si les deux hommes se sont échangés quelques messages depuis leur dernier échange, la tension est restée palpable et chacun semble terré dans sa rancune. Heureusement qu’en parallèle, leur amitié vieille d’une vie entière leur permet de ne pas tout laisser exploser pour si peu. Il n’y a pas mort d’homme (enfin si, sans doute, mais au moins cela ne concerne pas un homme ou un autre du duo). Même après tout ce temps, l’ancien sportif ne comprend pas ce qu’il fait à risquer sa vie pour se sentir vivre, mais il tente de passer l’éponge dessus et de ne pas continuer à tenir responsable Channing de ce passe-temps, conscient qu’il lui en a en premier lieu énormément coûté que de l’avouer à Rhett. Il lui faisait confiance et, de façon assez naïve, Rhett continuer d’espérer que c’est toujours le cas et que cette soirée n’a en rien entachée leur amitié. Simplement, il vaut mieux continuer à tenter de la rayer de leur esprit et, surtout, ne plus jamais en reparler.

Alors, le présentateur tente de régler ça comme un adulte: le sujet devient un non-dit et ils partagent leur ressenti sur un menu dont ils jugent chaque mot, comme s’ils y connaissaient effectivement quoi que ce soit dans l’art culinaire. C’est ainsi qui font les adultes et c’est ainsi que la plupart des couples subsistent aussi - non pas qu’ils en soient un, mais une amitié fonctionne plus ou moins de la même façon, quand même. “T’aurais dû essayer le truc chez l’habitant en Indonésie, c’était vraiment chouette.” Il reprend donc, d’un sujet à un autre, ne voulant laisser aucun silence pesant s’installer entre eux. De toute façon, ils ne manquent pas de sujet de discussion et dès que Rhett a l’impression que ce moment arrive, il évite l’entourloupe en donnant un commentaire pseudo-professionnel sur le plat qu’il dévore à l’instant T. Il fait comme les adultes, donc, sûrement parce qu’il en est d’ailleurs devenu un il y a un certain temps de ça. “Mon hôte avait surtout l’air de pas s’être rendu compte qu’il n’avait plus l’âge d’être à l’université et de faire des soirées sept fois par semaine, mais c’était chouette.” Sa conclusion reste la même, il y ajoute entre temps quelques détails amusants, souriant face à son plat bien plus qu’il n’ose clairement relever ses yeux dans ceux de Channing. Les choses sont moins pires que ce soir là mais ils doivent réapprendre à vivre ensemble, aussi étrange que cela puisse paraître. “Oh et j’étais avec Sofia, une kiné. Je continue de penser que ça te ferait de bien de consulter, monsieur le grand gaillard.” Lui et ses trois mètres cinquante de haut - au moins. Il ne rajoute pas qu’il le pense d’autant plus depuis qu’il sait comment il occupe ses jours OFF mais oui, c’est effectivement le cas. “Et Mitchell, je crois qu’il a un restaurant ou un bar, mais là je te conseillerai pas d’y aller si tu veux continuer à ressembler à un mannequin.” Et pourtant, c’est en prenant une gorgée de son cocktail au sucre, supplément sucre, qu’il annonce cette dernière réplique, un sourire satisfait et amusé au coin des lèvres.

@channing walker

Encore maintenant, Channing se demande ce qui a bien pu lui passer par la tête le soir où il a voulu avouer au Hartfield prendre part à des courses. Comment Rhett aurait-il pu le prendre autrement, après tout ? Une chance pour l'héritier qu'il soit moins naïf lorsqu'il s'agit de parler affaires que de sa vie privée, ou le Walker Group aurait été voué à sa perte. et si les deux compères ont malgré cette incompréhension continuer d'échanger au fil des semaines puis des mois, comme pour se convaincre que cette rayure à leur amitié n'était rien d'insurmontable, quelque chose a changé dans leur façon d'échanger. La crainte qu'un silence un peu trop long soit annonciateur d'orage, qu'une phrase fasse une référence involontaire à ce qu'ils occultent. Ne plus en parler est une solution, certes, mais pas une sur le long terme. Elle ne peut que leur accorder du temps, un peu de répit pour repousser l'inévitable conversation à laquelle ils vont devoir se prêter tôt ou tard. mais d'ici là, le duo est réuni autour de bons petits plats dans ce restaurant gastronomique du centre-ville, noyant le poisson alors que Channing en porte un bout à ses lèvres. « T’aurais dû essayer le truc chez l’habitant en Indonésie, c’était vraiment chouette. » Il fait une petite moue à ses paroles, hausse brièvement les épaules. Sa curiosité avait été piquée avec cette opportunité de loger chez l'habitant, mais puisque Iris aurait initialement dû l'accompagner le grand brun ne s'était pas penché davantage sur les conditions et avait opté pour un choix plus sûr : l'hôtel. et si la mexicaine lui avait posé un lapin quelques minutes avant le départ, cela n'avait finalement été qu'un mal pour un bien puisqu'il avait pour autant été en très bonne compagnie durant son séjour. « J'ai hésité... mais finalement, je ne regrette pas le moins du monde d'avoir pris un hôtel. Tu as été bien accueilli ? » Cela lui avait permis de s'évader avec Gabrielle, et si l'expérience avait probablement été moins riche de son côté au niveau des coutumes locales et de l'immersion, il n'avait pour autant rien à envier aux autres vacanciers. « Mon hôte avait surtout l’air de pas s’être rendu compte qu’il n’avait plus l’âge d’être à l’université et de faire des soirées sept fois par semaine, mais c’était chouette. » Son regard bien plus intéressé par son assiette que le visage de l'ancien rugbyman, Channing sourit néanmoins aux anecdotes apportées par son interlocuteur. Selon les foyers, l'expérience avait dû être plus ou moins agréable, mais il était heureux d'entendre que Rhett en avait ramené de bons souvenirs. « Qui n'en avait plus l'âge, lui ou toi ? » l'interroge t'il en lui accordant un bref coup d'oeil, la malice perçant au travers de ses yeux noisettes avant qu'il ne reprenne une gorgée de vin. « Oh et j’étais avec Sofia, une kiné. Je continue de penser que ça te ferait de bien de consulter, monsieur le grand gaillard. » Il repose son verre, s'orne d'un sourire taquin qui n'augure rien de bon avant de le regarder. « Mh je vois. Cela a contribué à embellir ton séjour chez l'habitant, j'imagine ? L'hôte en pleine crise d'adolescence ce n'est pas ton genre - quoique ? Mais les demoiselles aux doigts de fée... » Il hausse un sourcil, l'air innocent, comme pour le défier de prétendre le contraire en omettant de rebondir sur cette précision concernant le fait qu'il devrait consulter. Prendre soin des autres il sait faire, prendre soin de lui c'est différent au cas où Rhett ne l'aurait pas encore remarqué. et s'il est aussi septique au sujet des kinésithérapeutes, des spas, des masseurs et de tout cette ribambelle de métiers liés au bien-être, c'est majoritairement à cause d'aprioris. Laisser des inconnus faire courir leurs mains sur sa peau, ce n'est pas ce qui lui donne envie, et il doute des bienfaits pouvant être apportés par des soins bien réalisés. « Et Mitchell, je crois qu’il a un restaurant ou un bar, mais là je te conseillerai pas d’y aller si tu veux continuer à ressembler à un mannequin. » Heureusement, il a déjà avalé sa nouvelle gorgée de boisson quand Rhett prononce le prénom du frère de la californienne. Léger silence alors qu'il déglutit lentement, le regarde une seconde avant d'inspirer d'une manière aussi anodine qui soit. « Tu connais Mitchell ? » Alex, Alexander, Mitchell... peu importe. Est-ce qu'il le connait, ou simplement de nom ? Channing se sent soudain plus mal à l'aise encore à l'idée d'entendre sa réponse, la seconde plus légère ayant précédée s'évaporant. Il échappe toutefois un sourire nerveux à la douleur encore très nette que lui a provoqué l'autre en abattant son poing dans son nez, avant de poursuivre. « et merci de te soucier de mon minois mais... il a survécu au Moonshiner et à son propriétaire. » enfin pas vraiment, ou de justesse. mais inutile de le préciser.

@rhett hartfield

« J'ai hésité... mais finalement, je ne regrette pas le moins du monde d'avoir pris un hôtel. Tu as été bien accueilli ? » Rhett hausse les épaules avant d’acquiescer. L’expérience avait au moins eu le mérite de le changer de ses habitudes, mais il ne dirait pas pour autant que c’étaient là les meilleurs jours de sa vie. C’était amusant, dépaysant. Le terme que n’importe qui utilise, pour signifier tout et son contraire. “Et toi ? T’es allé plus loin que la piscine, au moins ?” Il s’amuse sans se moquer, connaissant les goûts autant que la fortune de Channing, au point où les hôtels de luxe de Semarang ne représentent qu’une bagatelle pour lui. Et dans ce genre d’endroit, il est facile de perdre la notion du temps en même temps que toute envie d’en sortir. De son côté, c’est avec amusement qu’il raconte ses aventures avec son hôte, noyant son ennui en tournant encore et encore ses spaghetti autour de sa fourchette. « Qui n'en avait plus l'âge, lui ou toi ? » Rhett sourit en retour, amusé par ce genre de réflexion uniquement lorsqu’il apprécie assez la personne face à lui pour ne pas le prendre mal. “Les deux ?” Il hausse les sourcils et avale son repas pour ne pas avoir à en dire davantage et ainsi trouver la parfaite parade. Tout de même, il estime que son hôte était bien plus un adolescent que lui ; preuve en est, il a passé l’âge de faire des fêtes sauvages dans son appartement depuis longtemps. Maintenant, ce sont ses amis qu’il reçoit au compte goutte, et certainement pas tous les soirs que Dieu fait.

Pour autant, le sourire que Channing esquisse face à lui laisse largement sous entendre qu’il ne voyait pas Sofia comme une amie, attitude qui laisse déjà Rhett relever les yeux au ciel avant le moindre mot. Il n’est pas fait de ce bois là, son ami le sait très bien, lui qui ne lui a connu que très peu d’histoires amoureuses. « Mh je vois. Cela a contribué à embellir ton séjour chez l'habitant, j'imagine ? L'hôte en pleine crise d'adolescence ce n'est pas ton genre - quoique ? Mais les demoiselles aux doigts de fée... » - “Arrête tes conneries Chan’.” Le ton pourrait être dur mais il n’en est rien: le sportif est tout aussi amusé que l’est son ami. Ce n’est plus un sujet aussi douloureux qu’il a longtemps pu l’être, après le départ de Jenna (ou le fait que Rhett l’ait forcée à se séparer, oui, peut-être). Simplement, il ne souhaite pas laisser son ami imaginer autant de choses qu’il y a de mensonges: il n’y a rien eu entre Sofia et lui, pas même le moindre regard appuyé ou sourire en coin. Elle est une personne qu’il a sincèrement apprécié le temps de son séjour mais cela ne va guère plus loin. “L’hôte en pleine crise d’ado, sérieux ?” Il reprend finalement dans un rire sincère et appuyé, moquant l’idée qu’il puisse être attiré par les hommes. Non pas que l’homosexualité, la bisexualité, ou n’importe quel nom pour expliquer une telle attirance vers une personne du même sexe puisse le déranger moindrement, mais il n’est simplement pas de ce bord là. “C’est ta façon de vouloir aborder le sujet pour mieux te confier, ou bien ?” Finalement, c’est un sourcil amusé qu’il relève en même temps qu’il rapproche son torse de la table et y avance ses coudes, s’attendant à tout aveux de la part de Channing Walker.

Étrangement, le ton de la situation change du tout au tout lorsque Rhett énonce l’existence de la seconde personne avec laquelle il a partagé son logement chez l’habitant. Mitchell est énoncé avec autant d’insouciance que Sofia l’avait été, mais il faut croire que les choses sont bien différentes. « Tu connais Mitchell ? » Les gestes du journaliste ralentissent pour finalement s’arrêter, lui qui l’observe avec une curiosité non feinte. “Toi oui ? Je sais pas, c’est juste un gars que j’ai rencontré là-bas.” Il hausse les épaules, ne comprenant pas réellement le fond de la question de Channing, ni même comment est-ce qu’il pourrait connaître son Mitchell avec si peu d’explications. « et merci de te soucier de mon minois mais... il a survécu au Moonshiner et à son propriétaire. » - “Développe.” Il demande aussitôt, ses yeux ne laissant pas un seul instant de répit aux siens. C’est une demande, non une question.

Sa tête se penche curieusement sur le côté à l'acquiescement simple de l'ancien rugbyman. Channing a du mal à cerner son ressenti, et Rhett a à la fois l'air de s'être plu loin de chez lui autant qu'il semble heureux d'être rentré à la maison. Ce qu'il peut tout à fait comprendre, en soit. Le dépaysement est agréable, mais rien n'égale le confort de son propre toit, et le brun est plutôt bien placé pour le savoir. L'héritier est habitué à voyager régulièrement aux quatre coins du globe et ce généralement dans des palaces tous plus somptueux les uns que les autres, dans des villes toutes plus enrichissantes que les précédentes, pour autant son lit demeure le plus confortable de tous et sa terasse la plus réconfortante. Peut-être son ami avait-il apprécié l'expérience, sans pour autant être certain de la réitérer s'il s'en était donné la chance. « Et toi ? T’es allé plus loin que la piscine, au moins ? » le bougre. Il le réprimande d'un regard entre deux gorgées de vin, feignant d'être offensé par son sous-entendu. Celui sonnant comme un : est-ce que le richou que tu es s'est donné la peine d'aller plus loin que la piscine, parmi le peuple et au milieu d'endroits tous plus authentiques et sauvages les uns que les autres, au milieu des moustiques et de la faune parfois mal aimable ? De la bouche d'autrui, son regard se durcirait à la remarque, mais à l'instant T ses yeux noisettes sont à peine crédibles. « Tu serais surpris. » annonce t'il avec aplomb avant d'égarer son regard dans son assiette, repensant aux divers moments vécus là-bas. « J'ai été jusqu'à me perdre dans un village arc-en-ciel, c'est pour dire. » Il avait même pris le risque de s'empoisonner - ou plutôt de faire prendre feu à sa gorge, en goûtant à des spécialités d'étals de marché. Gabrielle et lui avaient parcouru bien des kilomètres durant leur séjour, la californienne tenant à tout imprimer dans la pellicule de sa caméra tandis que lui la suivait plus tranquillement. Si ce n'était pas en sa compagnie, il aurait peut-être été moins emballé par l'idée de visiter toute la région. Il aurait visité quelques incontournables et s'en serait contenté, mais Gaby avait eu la main lourde sur les cases à cocher avant de repartir. « Les deux ? » Sa répartie l'amuse et son sourire s'étire un peu davantage tandis qu'il lui jette un regard. soit.

Leurs verres se vident progressivement et le contenu de leurs assiettes baisse plus lentement, comme si les deux hommes cherchaient à se réserver le plus de bouchées possible pour combler à tout silence. La dernière fois que le brun s'était comporté de la sorte, il devait à peine avoir atteint sa majorité. « Arrête tes conneries Chan’. » Bien sûr qu'il le taquine quant à cette certaine Sofia, la perche trop belle pour être laissée de côté. Ils se connaissent depuis l'enfance et Channing n'a que rarement vu l'autre être accompagné si ce n'était à l'époque de Jenna, pas faute qu'il soit pourtant agréable à l'oeil. Enfin, s'il est heureux ainsi - mais l'est-il vraiment ? « L’hôte en pleine crise d’ado, sérieux ? » Son rire est contagieux et il s'y joint un instant, avant de placer ses mains en évidence pour se dédouaner. « Pas de jugements entre nous, tu le sais bien. » ajoute t'il avant d'échapper un nouveau rire amusé, se jouant de la situation. L'image de l'hôte fêtard et de l'entraîneur qui se fait malmener à ses côtés lui provoque d'agréables crampes aux joues, et il est forcé de secouer la tête pour chasser l'image et ne pas renchérir avec de quoi amplifier la photo. « C’est ta façon de vouloir aborder le sujet pour mieux te confier, ou bien ? » Lui s'hydrate l'œsophage et Rhett se penche sur la table, tendant l'oreille en attendant tout aveu de la part de l'héritier. Chose à laquelle il répond en posant sa boisson, la malice se reflétant sur ses traits. « Tu crois que j'aurais attendu tout ce temps si j'aimais les hommes et toi en particulier ? » Il adresse une moue appuyé à son ami, répondant avec la même énergie à son interrogation. « Chéri, voyons. » souffle t'il d'une voix plus basse, volontairement moqueuse.

et si ce n'était pas pour le pseudonyme du grand frère de Gabrielle, peut-être seraient-ils parvenus à alléger la drôle d'électricité qui planait sur la table depuis qu'ils s'y étaient installés. Mais ses joues se détendent, les courbes de son sourire deviennent plus plates et son regard étrangement sérieux. La malice de ses yeux disparait et le fait que Rhett ait été en contact avec Mitchell durant son séjour le fait tiquer. L'autre n'est pas un monstre, enfin Channing ne le considère pas comme tel, mais n'est pas un ange de bonté non plus. et l'imaginer en brave citoyen qui fait du tourisme et qui loge chez l'habitant le fait grimacer. « Toi oui ? Je sais pas, c’est juste un gars que j’ai rencontré là-bas. » Un peu. Beaucoup, en réalité. Channing l'a connu il y a quelques temps, l'a fréquenté en coup de vent sans problème jusqu'en mars dernier, et n'a depuis pas recroisé son chemin et ce à son plus grand plaisir. « Si on parle du même Mitchell, vaguement. » répond t'il prudemment. Parler de Mitchell implique de parler des courses puis de Gabrielle, et ce ne sont pas des sujets sur lesquels il a envie d'échanger maintenant. « Un mec trapu, assez imposant sans être particulièrement grand ? Brun, les cheveux courts ? » Il ne fait pas mention de son nom de famille, pas certain que ces derniers aient été échangé lors de leurs présentations. Son regard trouve refuge dans son verre et l'héritier aimerait que la parenthèse se ferme, naïvement. Mais l'attention que Rhett lui porte le force à redresser les yeux, et son regard se scelle à celui de l'autre. « Développe. » « Pourquoi faire ? » répond t'il du tac au tac, se braquant un tant soit peu. Il plante les freins le Walker, avant de se forcer à inspirer profondément et en silence puis de battre des paupières pour détourner une seconde son attention derrière Rhett. Cela ne sert à rien, il le sait au moins aussi obstiné que lui. Mais qu'est-il censé lui dire, exactement ? « C'est juste pas le genre de type qui j'imagine voyager tranquillement en logeant chez l'habitant, c'est tout. » Impossible qu'il se contente de si peu comme réponse, et Channing le regarde à nouveau après une courte pause. Il reprend, d'une voix un peu plus basse sans pour autant devenir un murmure. « Ce que je fais moi à côté de ce qu'il fait lui, c'est de la rigolade. Ce mec est instable, j'espère que tu ne voulais pas faire copain-copain avec de retour à Brisbane. » Quelques courses à la nuit tombée à côté du casier long comme le bras d'Alex, Channing est un saint. C'est étrange et déconcertant pour lui de visualiser l'américain se la couler douce en Indonésie, comme une personne normale, à passer du bon temps. L'héritier a la peau dure et pourtant, il se souvient très nettement du coup que lui a décoché l'autre en apprenant qu'il avait fréquenté sa petite soeur. Que serait-il advenu de lui s'il lui avait fait part de leur relation récente ? étrangement, il n'avait aucune envie de le savoir.

@rhett hartfield

Channing est ce genre d’ami avec qui il sait pouvoir rigoler sans le moindre mal, n’hésitant pas un seul instant à se moquer de lui et du fait qu’il aurait été capable de ne jamais sortir de son hôtel indonésien. De toute façon, il sait bien que ce n’est pas le problème de Rhett et qu’il n’en a rien à faire, lui, qu’il sorte ou non de son lit. Tout ce qu’il cherche à faire, c’est la discussion autant que prendre de ses nouvelles autour d’un repas. « Tu serais surpris. » Pourtant, il le lui annonce en prenant un verre de vin, le dos droit, le geste parfait. Le sportif ne dit rien et se contente de sourire de la situation, une part de lui étant pourtant heureuse et soulagée d’entendre qu’il a pleinement pu profiter de son séjour. Il en a besoin et il le mérite. « J'ai été jusqu'à me perdre dans un village arc-en-ciel, c'est pour dire. » - “Mais non !?” Garrett surjoue la surprise, amusé que ce soit la seule chose que Channing ait trouvé à lui répondre. Il est heureux d’entendre ses anecdotes de voyage, mais il ne s’attendait pas à ce qu’il appuie sur ce point tout particulier. Grand bien lui fasse, s’il a aimé ce village arc-en-ciel, n’est-ce pas ? De toute façon, arrive rapidement le moment où il raconte son propre séjour, Channing ne sachant faire autre chose en retour que se moquer de lui. Le contraire aurait été étonnant, en réalité. « Pas de jugements entre nous, tu le sais bien. » C’est ce qu’il dit quand il se moque, justement, mais venant de son ami de toujours, Rhett n’arrive pas le moins du monde à s’en offusquer - ce n’est pas comme s’il le voulait non plus, en réalité. Qui plus est, cela l’amuse sans doute d’autant plus alors que le sujet tourne autour d’une possible attirance pour les personnes du même sexe, ce qui n’est en rien synonyme de vérité ou réalité, alors il n’a aucun mal à en rigoler. Son ego n’est en rien blessé. « Tu crois que j'aurais attendu tout ce temps si j'aimais les hommes et toi en particulier ? » Channing fait la moue, Rhett n’est pas assez bon acteur pour cacher l’immense sourire amusé qui naît sur son visage. Sa main retrouve la sienne, il y noue rapidement ses doigts et caresse sa phalange de son pouce. Le geste pourrait sembler sincère, mais tous deux savent ce qu’il en est alors que Rhett retire rapidement sa main. « Chéri, voyons. » - “On garde le secret, mon amour, ne t’en fais pas.” Et lui d’aussitôt reprendre une bouchée de nourriture pour ne pas laisser éclater un rire qu’il retient difficilement. Si seulement il parlait aussi ouvertement et facilement aux femmes qu’il le fait à Channing.

Pourtant, et sans qu’il n’arrive à comprendre pourquoi, le ton de la discussion change du tout au tout lorsque Rhett continue son récit et prend le temps de s’attarder sur le second homme qui a partagé leur domicile de fortune le temps de ce séjour. « Si on parle du même Mitchell, vaguement. » Et ? Donc ? En quoi ce prénom semble-t-il aussi important pour Channing, soudainement ? Le sportif reste silencieux, soucieux aussi. Il observe les réactions étranges de son ami, incapable d’en comprendre la raison, le fondement. « Un mec trapu, assez imposant sans être particulièrement grand ? Brun, les cheveux courts ? » - “T’es en train de me décrire ton amant ?” Il demande dans un rire entendu, tentant de calmer la discussion sans pour autant y parvenir. Alors, il reprend tout aussi rapidement son sérieux. “Ouais, il ressemble à ça.” Comment tu le sais ? Comment tu le connais ? Les questions sont nombreuses mais une part de lui ne peut que se douter qu’il ne vaut mieux pas les lui poser. Il ne le sent pas, ce sujet, pour des raisons qu’il reste pourtant incapable d’expliquer.

Ce sur quoi il ne fait pas l’impasse et prend au contraire le temps d’interroger Channing, c’est sur cette discussion qui aurait mal tourné. « Pourquoi faire ? » Ce n’est pas la bonne réponse à donner, si tant est que cela puisse être qualifié de réponse. Il continue d’ancrer ses yeux dans les siens, Rhett, n’ayant aucune envie de vouloir changer de sujet. Simplement, il aurait préféré que Channing parle de lui-même, ce qui aurait facilité beaucoup de choses et tout rendu plus facile. « C'est juste pas le genre de type qui j'imagine voyager tranquillement en logeant chez l'habitant, c'est tout. » - “Explique moi, bon sang.” Il demande de nouveau, commençant sans doute à perdre patience alors qu’il a un peu trop l’impression d’être infantilisé et protégé, comme s’il en avait moindrement besoin. « Ce que je fais moi à côté de ce qu'il fait lui, c'est de la rigolade. Ce mec est instable, j'espère que tu ne voulais pas faire copain-copain avec de retour à Brisbane. » Rhett joue nerveusement avec la fourchette entre ses doigts, la balançant rapidement alors qu’il essaye de démêler cette histoire sans trop y perdre des plumes. Pourtant, il lui manque trop de pièces du puzzle pour que ce soit le cas. “Tu le connais via tes trucs, là ? C’est encore de ça dont il est question ?” Nul besoin de préciser que tes trucs là se résume à risquer sa vie sur des voitures ; il y a trop d’oreilles indiscrètes. “Sérieux, Chan.” Il souffle, expire. Il pensait qu’ils avaient avancé, qu’ils allaient de l’avant. Cela ne semble pas être le cas.

La façon dont ils se comportent l'un avec l'autre est confortée par la longévité de leur amitié, forcément, mais pas que. Certaines personnes se rencontrent puis se fréquentent des années durant sans jamais devenir proches pour autant, mais les deux bruns ont noué ce quelque chose d'impérissable au fil du temps. Cette facilité à se moquer sans jamais soupçonner de mauvaises intentions, celle à flirter ouvertement puis à reprendre du sérieux sur un sujet l'étant davantage. Ils se comprennent et se complètent sans grand mal, malgré leurs divergences qui leur font se souvenir au détour d'une phrase de trop pourquoi Rhett est initialement l'ami d'enfance de son aîné et pas le sien. « Mais non !? » Son visage fait mine de se lasser, appuyant un air réprobateur et grincheux sur celui de l'ancien rugbyman qui surjoue l'étonnement. Ce village arc-en-ciel est le premier à être venu à son esprit sans qu'il ne l'explique vraiment, peut-être de par son côté tout à fait unique et atypique. Pas que raconter à quel point tous les luxes de l'hôtel dont il a pu bénéficier semble intéressant, ni pour lui à décrire ni pour le Hartfield à écouter. Alors il fait mine de râler dans sa barbe, son comportement encourageant à croire qu'il se vexe quand il n'en est rien. C'est de bonne guerre, cela l'a toujours été. Il reprend une gorgée de vin avant de s'amuser à nouveau, son air blessé se volatilisant, de cette potentielle attirance entre eux. Ils sont deux hommes qui se sentent bien dans leurs peaux et ont confiance en eux, et ce assez pour plaisanter sur le sujet sans sentir une quelconque atteinte à leur virilité. Cela apaise sans détour la tension qui plane sur leur table, tandis que son ami répond de la même façon que lui à ces sous-entendus. « On garde le secret, mon amour, ne t’en fais pas. » Il se penche pour nouer ses doigts aux siens sur la table, caresse sa phalange du bout des doigts et Channing a tout le mal du monde à refouler le rire qui monte dans sa gorge. L'art de se faire prendre à son propre jeu, alors que ses lèvres renoncent à se presser l'une contre l'autre et qu'un rire disgracieux s'échappe d'entre ses lippes. « Pas en public, un peu de tenue. » et pour les empêcher de se regarder une seconde de plus au risque de partir d'un rire moins discret, les deux acolytes plongent leurs couverts dans leurs plats.

et pourtant, sans prévenir, le ciel gronde à nouveau alors que le prénom de Mitchell résonne entre deux bouchées. À croire que Brisbane est une ville minuscule, un village de montagne dans lequel tout le monde se connait et se côtoie. Rhett ne pouvait se douter que l'américain et lui se connaissaient, et pourtant il n'était pas celui dont il fallait parler pour préserver la légèreté de leur repas. « T’es en train de me décrire ton amant ? » Il grimace à cette tentative d'apaiser l'atmosphère, se mord brièvement l'intérieur de la joue. Il aimerait plaisanter au sujet de l'homme et changer de conversation, mais la douleur qui électrise irrégulièrement l'arrête de son nez ne l'y motive pas. « Pas... exactement. » souffle t'il avec une réserve, portant une main dans ses cheveux pour se gratter le crâne une seconde. C'est sa soeur son amante, pas le chien méchant qui lui sert de frère. « Ouais, il ressemble à ça. » alors tous les espoirs de malentendu s'évanouissent pour de bon. et si Channing perçoit et comprend les interrogations de son ami, il est toutefois incapable de savoir par où commencer.

Alors il essaie, réprimande sa pudeur et prend la parole pour essayer d'apaiser la tension des traits du brun qui lui fait face. Mais comment trouver une balance entre la vérité et la complexité de l'histoire ? Est-il censé commencer par Gabrielle, puis partager des détails assez confidentiels sur le compte du Strange, aborder leur rencontre et finir par leur dernière entrevue en date ? Il ne veut pas le faire tomber de sa chaise, pas prendre non plus le risque qu'une oreille indiscrète écrive tout ce qui sorte de sa bouche sur un bout de papier pour le faire paraître dans la presse demain matin. « Explique moi, bon sang. » Il s'agace et l'héritier est incapable de l'en blâmer. Dans quel état serait-il, lui, à sa place ? En apprenant qu'il participe à des courses, connait un mec soit disant louche, et refuse d'aligner plus de deux mots qui font sens ? Ses yeux noisettes dansent dans les siens et il n'a soudain plus faim alors que ses doigts viennent s'appuyer nerveusement sur le pied de son verre de vin. « Tu le connais via tes trucs, là ? C’est encore de ça dont il est question ? Sérieux, Chan. » Oui, mais je ne te défendrais pas de le fréquenter uniquement pour ça. Je serais déjà sorti de ta vie si je pensais cela nécessaire. Il déglutit, la gorge nouée par les pensées qui se bousculent dans son esprit, s'agaçant contre lui-même de ne pas parvenir à commencer par un bout ou un autre. « C'est pas aussi simple, Rhett. » Il a l'impression d'être un enfant pris en flagrant délit, et la situation le rend plus nerveux qu'elle ne le devrait. Mais faire l'impasse, ne pas parler de l'américain et se risquer à entendre dans quelques mois que lui et Rhett sont devenus amis est impensable. Il tient au Hartfield, et ne se le pardonnerait pas s'il venait à tomber dans des combines simplement parce qu'il avait souhaité fermer les yeux pour se protéger, lui. Il veut le mettre en garde, pas qu'il lui fasse la morale, même si l'un va sûrement engendrer l'autre. « C'est le frère de la femme que je fréquente. Il a fait de la prison, du trafic de drogues... et j'en passe. » lâche t'il finalement. Il se doute qu'il n'est pas au courant de tout, que Gabrielle ne lui a pas tout partagé, que l'autre n'a pas dû s'arrêter en si bon chemin depuis. Il baisse le regard sur son verre, et la façon dont son langage corporel a changé depuis que le sujet Mitchell ait été abordé contraste avec les minutes précédentes. « et pas plus tard qu'en mars, il m'en a collé une. Il baigne toujours dans tout ça, alors oui je suis surpris que vous ayez... cohabitez ensemble normalement. » poursuit-il en redressant le regard vers lui, tout à fait sérieux. Il aimerait plaisanter, partir d'un rire en lui disant qu'il le taquine une nouvelle fois, mais il n'en est rien. « J'ai pas envie d'apprendre qu'il est devenu ton ami après votre escapade, alors je préfère te mettre en garde. C'est pas uniquement de mes trucs dont il est question. »

@rhett hartfield

Les blagues ne sont que de courte durée tant Rhett sent que son ami n’a pas le coeur à ça et que, justement, ce dernier se trouve ailleurs, loin, avec ses pensées. Il arrête bien rapidement de tenter de lui extirper un rire, bien conscient qu’il semble un peu trop préoccupé pour se faire prendre au jeu, comme l’aurait été un jeune enfant. Et rapidement, c’est au tour de Rhett de perdre toute sa patience, incapable de savoir ce dont il en retourne et encore moins d’anticiper ce que Channing pourrait avoir à lui dire. Ce ne devait être qu’un repas pour tenter de recoller les morceaux d’une amitié mise à mal par l’aveu de Channing et voilà qu’un autre problème, bien plus profond encore, semble faire son apparition sans que Rhett n’ait su le voir arriver. Le goût de déjà vu est difficile à accepter, il déglutit avec difficulté. « C'est pas aussi simple, Rhett. » Alors, c’est bien ça ? C’est encore une fois lié à ces fichues courses de voiture ? Mitchell lui avait pourtant l’air d’être un homme bien sous tous rapports, loin d’être capable de ce genre de stupidités. Pour autant, une autre évidence lui saute à la figure: Channing aussi lui a toujours paru être un homme bien sous tous rapports, et les choses sont pires alors qu’il le connaît depuis toujours et qu’il a toujours pensé que si une mauvaise tendance devait se développer chez le Walker, il aurait dû la voir. A ce point là de la discussion, le journaliste se moque bien de ce qui pourrait être simple ou non: il veut des réponses. Il n’est plus un gamin, il peut entendre les choses.

« C'est le frère de la femme que je fréquente. Il a fait de la prison, du trafic de drogues... et j'en passe. » Il lui avait vaguement parlé d’une personne dans sa vie sans qu’aucun détail ne soit donné, Rhett ayant sans doute conscience qu’il ne voulait pas en parler davantage. Les histoires de cœur n’ont jamais été sa passion, de toute façon, il doit bien l’avouer. “Pardon ?” Et dans cette phrase, ce n’est certainement pas le fait qu’il soit en couple que Rhett retient le plus. La prison et le trafic de drogues retiennent étrangement bien plus son attention, en réalité, et cela n’a rien de quelque chose d’égocentrique. Ses sourcils froncés, il attend avec impatience le moment où Channing laissera son rire éclater pour lui faire savoir que tout ceci n’est qu’une immense blague et que non, bien sûr que non il ne fréquente pas de telles personne. Est-ce qu’il prend de la drogue ? Est-ce qu’il a un certain attrait pour une vie derrière les barreaux, lui aussi, et ainsi au moins être assuré de ne plus jamais rien avoir à faire avec l’empire familial ? “A quoi tu joues avec ce genre de personnes au juste ?” Les reproches ne prennent pas la peine d’être voilés et Rhett ne s’en cache pas un seul instant. Peu importe si son ami semble montrer des signes de doute et de remords, ce n’est certainement pas assez à ses yeux pour suffire à excuser tout le reste, à lui faire passer l’éponge sur ce qui s’avère être une vie toute entière de mensonges. « et pas plus tard qu'en mars, il m'en a collé une. Il baigne toujours dans tout ça, alors oui je suis surpris que vous ayez... cohabitez ensemble normalement. » Il avait l’air d’être une personne tout à fait normale, pourtant, raison pour laquelle Rhett se veut totalement désemparé. Il aurait aimé croire qu’ils ne parlent pas de la même personne mais il l’a décrit bien trop en détails pour que ce soit le cas. « J'ai pas envie d'apprendre qu'il est devenu ton ami après votre escapade, alors je préfère te mettre en garde. C'est pas uniquement de mes trucs dont il est question. » Il relève son regard dans le sien, la gorge nouée mais les pensées claires. Il espère sincèrement que Channing n’est pas en train de lui dire qui fréquenter ou ne pas fréquenter puisque c’est une attitude avec laquelle l’australien aurait beaucoup, beaucoup de mal. “T’en as encore beaucoup, des confessions à me faire ?” Ce n’est pas de ce Mitchell dont il veut parler, à vrai dire. Il s’en moque, de cet homme qu’il n’a rencontré qu’une fois et qu’il ne reverra sûrement plus jamais de sa vie. Ce qui le blesse et l’énerve profondément, par contre, c’est qu’à chaque fois qu’il retrouve Channing, ce dernier lui fait part d’un nouvel aveu toujours un peu plus sombre. “C’est quoi la prochaine, t’es dans un gang adverse et vous devez vous tuer ?” Parce qu’après tout, il ne serait plus à ça près, n’est-ce pas ? “Tu l’as rencontré avec tes courses de bagnoles, ta fréquentation ?” Il reprend le terme qui avait été le sien, quand bien même le sous entendu de “petite-amie” est immense et impossible à nier. “Sérieux, à quel moment t’as vrillé à ce point, Chan ?” Où est passé le gamin avec qui il passait le plus clair de son temps à s’amuser d’un rien et à inventer des histoires impossibles, des histoires d’enfant ?

Ils se connaissent depuis aussi longtemps que Channing se souvienne et pourtant, à la façon dont l'ancien rugbyman le regarde, l'héritier comprend qu'il a l'impression d'être face à un inconnu. Les yeux de son ami reflètent toute son incompréhension, sa déception également, et cette dernière est probablement la plus difficile à affronter. Alors voilà, voilà comment ses proches l'auraient regardé s'il leur avait avoué à tous qui il était réellement. Qui il était derrière son masque de perfection, son sourire de magazine et ses belles paroles. Voilà la façon dont ceux qu'il aime l'auraient regardé, jugé sans comprendre comment le cadet à la vie vraisemblablement parfaite avait pu tombé si bas. Ils n'auraient pas compris, auraient déduit un caprice et peut-être lui auraient-ils tourné le dos. Allait-il le faire, Rhett ? lui tourner le dos ? Sa gorge se tord une seconde à la pensée alors que ses yeux noisettes soutiennent ceux de l'autre, au moment où une certitude l'effleure : il avait bien fait de ne parler qu'à très peu des courses. La réussite était bien plus facile à aimer que la déchéance, et même l'ami d'enfance d'Elijah ne faisait pas exception. « Pardon ? » Sa mâchoire se contracte nerveusement à ce mot qu'il échappe, détestant cet air qu'il adopte. Il a l'impression de lui avouer avoir commis un crime et avoir besoin de son aide pour cacher le corps, quand en réalité il se contente de faire mention de faits qui ne sont pas les siens. Il comprend bien que la prison et le trafic de stupéfiants sont les seules choses qu'il retient, et c'est un détail de plus qui s'ajoute à sa propre déception. Non, le Hartfield n'est pas le seul à l'être. « A quoi tu joues avec ce genre de personnes au juste ? » Son regard se fait plus dur à la nouvelle remarque et peu à peu, l'agacement entreprend de prendre le dessus sur l'amertume. Gabrielle n'a pas le moindre point commun avec son frère, et si là n'est pas le débat l'air offensé que s'approprie Rhett au fil de leur échange commence à le faire perdre patience. Le consultant à la ABC joue bien les saints pour quelqu'un qui a failli passer à l'arme à gauche en prenant des anti-douleurs. « et toi ? Si ce genre de personne te dégoûte à ce point, qu'est-ce que tu fais assis à cette table ? » l'interroge t'il aussi calmement qu'il le peut, même si son impatience ne prend pas la peine d'être dissimulée. Leurs regards dansent toujours l'un dans l'autre et en réalité, Channing est blessé que son ami le considère de la sorte. Il ne l'aurait jamais cru, n'aurait jamais abaissé ses murs de la sorte face à lui s'il avait eu le moindre doute. « T’en as encore beaucoup, des confessions à me faire ? » Sa salive qu'il avale se coince une seconde dans sa gorge alors qu'il secoue la tête par la négative. Qu'il soit tranquille, Channing n'a pas l'intention de lui faire le moindre aveu supplémentaire. « C’est quoi la prochaine, t’es dans un gang adverse et vous devez vous tuer ? » Cette fois, son audace lui arrache un ricanement sans fond. Il chasse le regard, souriant pour se détendre davantage qu'à l'intention de l'ancien sportif. « Peut-être bien. » Qu'il s'amuse à déduire le vrai du faux si cela lui chante, cela lui importe de moins en moins. Si Rhett veut enlaidir l'image qu'il a de lui un peu davantage, que grand bien lui fasse s'il croit que tout cela est un jeu. « Tu l’as rencontré avec tes courses de bagnoles, ta fréquentation ? » Cette fois, son sourire disparaît et son rire se tait au moment où les paroles du Hartfield franchissent la barrière de ses lèvres. « Laisse là en dehors de ça. Elle n'a rien à avoir avec son timbré de frère. » siffle t'il d'une voix soudainement dissuasive, ne tenant pas à le voir juger Gabrielle de la même façon qu'il les considère Mitchell et lui. L'avocate est bien trop bonne pour lui, il en a conscience et n'a pas besoin de l'entendre, ne supporterait pas non plus de l'écouter tirer des conclusions hâtives sur son compte. « Sérieux, à quel moment t’as vrillé à ce point, Chan ? » Il est prêt à se lever et à partir pour limiter les dégâts, mais Rhett le retient avec cette seule phrase. Son regard retrouve le sien après l'avoir quitté un instant, et l'héritier garde le silence une seconde. Pas assez longtemps pour le laisser reprendre la parole avant lui, mais il ne la reprend pas assez vite pour masquer l'hésitation provoqué par sa question. Celle qu'il s'est souvent posé, celle dont il a accepté d'affronter la réponse avec le temps. « Le jour où mon père est mort, Rhett. Ou bien celui où Elijah s'est barré ? Oh quoique, non, peut-être celui où j'ai empêché Lexie de m'abandonner à son tour. » Il le pousse dans ses retranchements, et cela lui fait bien plus de mal que son ami ne peut l'imaginer. Mentionner le décès de Richard, l'abandon d'Elijah ou l'addiction de Lexie sont des choses qu'il ne fait qu'en dernier recours et il venait de faire les trois d'un coup. Il se lève après une brève pause, incapable de rester assis une seconde de plus, puis se penche légèrement vers lui pour poursuivre sans hausser le ton pour autant. Les tables voisines n'ont pas à savoir tout ça. « J'ai pas sombré du jour au lendemain. Et je crois que tu t'en veux davantage pour n'avoir rien vu, que tu ne m'en veux à moi Rhett. »

@rhett hartfield

D’ores et déjà, il sait que le moindre drapeau blanc jusque là agité va se retrouver tâcher de sang et de reproches. « Et toi ? Si ce genre de personne te dégoûte à ce point, qu'est-ce que tu fais assis à cette table ? » Les mots de Channing sont plats, posés, mais ce n’est pas pour autant qu’il l’est tout autant. S’il était un chien, il aurait deviné sa queue qui fendrait l’air par agacement. Pour l’heure, ce ne sont que ses yeux qu’il observe, azur dans azur. “Je me le demande.” Il n’est pas ce jeune garçon avec lequel il a grandi et il refuse de croire que le Channing d’aujourd’hui est le même qu’hier. Il s’est passé quelque chose, il a forcément dû se passer quelque chose et ce n’est pas la mort d’un proche qui peut autant transformer une personne: lui aussi il a perdu quelqu’un, lui aussi il a senti son cœur littéralement se briser. Pourtant, il n’a pas décidé de jouer avec sa vie et de tirer à pile ou face pour savoir s’il allait voir le soleil se lever un jour de plus. Comment Channing peut-il oser une telle chose en retour, lui en qui il s’est toujours retrouvé, lui avec qui il a toujours eu tant de points communs si rassurants ? Les mots de Rhett sont moins posés, ce n’est pas sur le terrain que quiconque a pu lui apprendre à canaliser sa colère et bien au contraire. Il ne compte pas le nom de matchs qu’il a fini sur le banc de touche, exclu pour une injure ou une autre. « Peut-être bien. » Peut-être bien qu’il est dans un gang, comme Rhett le dit lui-même, et voilà une idée qui le fait rire ? Cela n’agace qu’un peu plus le sportif en retour, lui qui se mord littéralement l’intérieur de la joue pour ne pas avoir des paroles qu’il regretterait instantanément. Peu importe à quel point il est en colère contre lui, il refuse de lui souhaiter la mort, et ce même si le contexte de leurs dernières paroles lui tend une immense perche à ce sujet. Finalement, il ne sait même pas si Channing se moque de lui ou statue la vérité. Il pourrait être dans un gang que cela ne changerait plus rien tant la confiance acquise en trois décennies semble se briser à chaque nouvelle seconde écoulée.

S’il refuse de jouer sur le même terrain que la mort, il n’hésite pas un seul instant à aller sur celui de l’amour. Là-bas, au moins, personne ne peut rien lui enlever: il s’en est déjà chargé tout seul, comme un grand. « Laisse là en dehors de ça. Elle n'a rien à avoir avec son timbré de frère. » Il a perdu son grand sourire, le premier de la famille. Il a perdu son rire, aussi, laissant un vent glacial s’immiscer dans le restaurant. Qu’importe. Malheureusement, il en faudrait bien plus pour que Rhett ose faire un pas en arrière. Mauvaise habitude de terrain oblige, il a déjà tenu tête à bien plus fort que lui. “Sinon quoi ?” Il siffle à son tour, amusé par l’instinct protecteur de Channing. Il l’aurait trouvé touchant, dans d’autres circonstances. Pas aujourd’hui, pas ici. Pas sur un tel sujet. Et s’il aurait été heureux d’en apprendre davantage sur Gabrielle hier encore, aujourd’hui il jurerait qu’elle n’a rien de bon pour lui. Si son frère est timbré, alors elle l’est sûrement tout autant que lui, et s’il demande à son ami comment il a pu en arriver là, il n’a finalement aucun espoir qu’il lui donne une véritable réponse. Il a pris le mauvais chemin, voilà tout. « Le jour où mon père est mort, Rhett. Ou bien celui où Elijah s'est barré ? Oh quoique, non, peut-être celui où j'ai empêché Lexie de m'abandonner à son tour. » Il le toise désormais d’un regard froid, l’héritier Walker. Ce n’est pas la réponse qu’il attendait. Ce n’est pas la réponse qui lui permet de dire ‘mais oui bien sûr’ et de baisser les armes en se rendant compte de l’absurdité de ce débat stérile. Channing ne lui apprend rien ; c’est comme s’il était un Walker lui-même, finalement. Il rejoint l’addiction de Lexie, la fuite d’Elijah, le poids familial de Channing. Ne serait-il pas un parfait mélange de tous les Walker à la fois, Rhett qui n’a jamais fait autre chose que de fuir sa propre famille pour trouver refuge dans celle des autres ? Lui aussi a été dévasté par chacune de ses nouvelles, mais à aucun moment il n’a choisi le chemin de Channing. Parce qu’il a été lâche, voilà tout. Rhett n’est pas lâche. Il ne veut pas l’être. Il ne veut pas accepter un tel sort. “Tu veux un mouchoir ou ça ira ?” Rien n’excuse son geste. Absolument rien.

Rhett l’observe se lever sans un mot, sans un geste non plus. Les pics de sa fourchette se plantent dans la pulpe de son index pour l’aider à gérer la situation, douleur plus que soutenable qui l’aide à garder les pieds sur terre. Lorsque Channing s’abaisse pour lui parler ce qu’il pense être la dernière fois, c’est un regard déjà noir qu’il fait remonter en sa direction. « J'ai pas sombré du jour au lendemain. Et je crois que tu t'en veux davantage pour n'avoir rien vu, que tu ne m'en veux à moi Rhett. » La mâchoire serrée mais sur le même ton bas, il répond du tac au tac, sans y réfléchir une seule seconde. “Va-t-en ou je vais t’en mettre une.” Et il jure qu’il pense à bien, Rhett, parce qu’une esclandre publique ne serait bonne ni pour son image, ni pour celle de son amie, ni même pour leur amitié tout simplement. Parce qu’il jure qu’il va effectivement lui coller son poing sur son parfait minois, s’il continue à rester là et à le toiser de ses reproches qui sont bien trop véridiques pour que Rhett s’en sorte indemne en retour. S’il lui en veut, ce n’est pas parce qu’il avait besoin d’aide, c’est justement parce qu’il ne l’a pas vu et qu’il l’a observé sombré à grands coups de sourires et de virées en bar, comme si de rien n’était.

« Je me le demande. » Les mots lui font l'effet d'un électrochoc. Bien sûr que ses paroles ont pour but de le provoquer, de chercher à savoir où le Hartfield veut en venir. De chercher à savoir si ses sous-entendus sont véridiques, ou s'il va s'abstenir de répondre une fois au pied du mur de peur de le regretter aussitôt. Mais à la façon dont leurs regards se plantent l'un dans l'autre, dont leurs mâchoires se contractent et dont Rhett répond en sifflant, l'héritier comprend qu'ils ne vont pas en rester là. Il est décontenancé de la facilité avec laquelle l'autre le regarde comme un inconnu, une pointe de dégoût au fond des prunelles. Trente ans d'amitié, une jeunesse partagée même s'ils n'ont jamais été les meilleurs amis des bacs à sable, et voilà qu'en un seul aveu il était sûrement prêt à le balancer à la presse et aux flics contre quelques misérables liasses. Est-il naïf à ce point ? Aveugle à celui de faire trop souvent confiance aux mauvaises personnes ? Il est blessé, blessé de sa propre stupidité. Blessé d'avoir cru que l'ancien sportif pouvait être différent, pouvait le comprendre et peut-être même l'aider. Mais c'est tout le contraire alors que l'autre s'agace, rapidement et facilement en se durcissant à chacune de ses prises de paroles, et Channing se contente de déglutir, sûrement trop choqué pour trouver quoique ce soit à rétorquer alors que le coeur n'y est pas. Il ne veut pas consciemment lui faire mal, même si sa répartie pourrait trouver quelque chose de cinglant à répondre. Mais il ne le souhaite pas. « Sinon quoi ? » Est-il sérieux ? Le grand brun encaisse à nouveau, mais cette fois son visage se renfrogne alors qu'il se place sur la défensive. Il le pique, et dans le mile à chaque fois. Rhett emprunte une pente glissante, et il lui souhaite de s'arrêter avant d'atteindre le point de non retour. « Tu ne tiens pas à le savoir. » Il l'infantilise à nouveau, et s'il s'abstient de le menacer d'une manière plus explicite, Channing n'en demeure pas moins tout à fait sérieux. On ne touche pas à ceux qu'il aime, et que l'ancien rugbyman plaisante autant qu'il veut à son sujet et concernant les courses, lui ne rigole pas le moins du monde concernant ses proches. Ce n'est pas lui qui va lui faire peur.

« Tu veux un mouchoir ou ça ira ? » De la bouche de n'importe qui d'autre, le coup serait parti. Channing l'aurait empêché de prononcer le moindre mot de plus, aurait probablement attiré l'attention en faisant un joli remue ménage au centre du restaurant. Peut-être même se serait-il servi de cette carafe d'eau pour lui rafraîchir les idées avant de partir en lui laissant le soin de régler la note, le pas assez ferme pour dissuader le moindre serveur de l'empêcher de partir. Mais il est muet, cloué sur place, la mâchoire sur le point de rompre sous la pression qu'il lui fait exercer. Cet homme là a pour ainsi dire fait partie de leur famille toute sa jeunesse durant, le cadet lui a fait confiance et l'aîné encore plus, et qu'il puisse tenir de tels propos en connaissance de cause le blesse bien plus qu'il ne veut bien le reconnaître. Le décès de Richard a secoué les Walker comme rien d'autre n'y est parvenu depuis, le nom qu'ils portent s'étant réduit à un enchaînement de lettres vide de sens dès le jour où celui qui les liait s'en est allé. Rhett sait tout ça, sait à quel point Lexie en a souffert, sait que Channing a dû endossé bien trop de responsabilités sur ses épaules alors qu'il n'était qu'un gamin de vingt ans. Il sait, et ne fait rien d'autre qu'en profiter pour enfoncer un couteau partout où la cotte de maille n'est pas. « t'es un sacré connard. » souffle t'il à voix basse sans le quitter des yeux avant de se lever, incapable de rester immobile et en sa compagnie plus longtemps. Il attrape sa veste, jette négligemment un billet près de l'assiette du brun et s'apprête à partir lorsqu'il se penche vers lui, mettant un point d'honneur à lui adresser quelques derniers mots faisant visiblement leur petit effet. « Va-t-en ou je vais t’en mettre une. » Il se redresse légèrement, croise son regard noir qu'il lui rend puis fait une petite moue avec son visage en haussant les épaules. « On a que ce qu'on mérite, pas vrai ? » Le sous entendu est évident, et Channing ne lui laisse pas le temps de réagir alors qu'il quitte le restaurant sans un regard en arrière.

@rhett hartfield