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Message(#)CARL#1 › spaces in between  EmptyMar 24 Mai 2022 - 8:46


C’est une de ces soirées ; de ces soirées chiantes qui finissent pas, jamais, qui ont comme envie de s’étirer dans le temps et de nous la faire à la journée de la marmotte, mais la nuit. Je me sens comme Natasha Lyonne dans son rôle afférent : les déjà-vu s’enchaînent, se répètent dans une monotonie grinçante, je vis un cauchemar éveillé. Mon troisième Sex on the beach s’évapore dans l’air ou sous mes lèvres, les visages se meuvent sans me donner le temps de les reconnaître, mon date du soir s’est absenté pour un énième rail de coke coupée sur le bord des chiottes et j’ai dû décliner, cette fois, parce que mes tympans sifflent et que l’anxiété de la retombée me prend à la gorge.
Je me demande ce que tu penserais de moi, Ro, moi vautrée sur un fauteuil près du bar, les yeux vides et les pupilles élargies par la fatigue et l’effort. Je me demande, surtout, ce que t’aurais fait à ma place ; mais non, t’aurais refusé, c’est sûr, t’aurais abandonné y a longtemps, parce que t’aurais réalisé que tu valais mieux et qu’il n’y avait pas grand-chose qui méritait de se faire traiter comme ça. J’ai jamais eu ta sagesse, au fond, et c’est sûrement parce que j’ai jamais eu la conscience aiguë que j’allais crever avant d’atteindre la majorité.
Alors critique-moi autant que tu veux, mais putain, je vis. Traînée jusqu’au fond du Styx par des mecs qui ont l’âge de papa et des fantasmes inavouables, à empiler les nuits de taf sans aucune envie d’être tripotée de la sorte par des mecs de cet acabit, mais je suis là.
Jusqu’à ce que je le sois plus.
Trois secondes se passent entre le moment où je commande mon quatrième cocktail, celui où James revient des chiottes et celui où je me retrouve plaquée contre un mur. C’est trois secondes puis d’un coup c’est trois ans ; je revois des mains autour de mon cou, la couette rugueuse qui me griffe le dos alors que j’essaie de me dégager, le cendrier que j’abats sur un crâne dur jusqu’à ce qu’il se ramollisse complètement. Trois ans puis trois secondes, à nouveau : mes mains le repoussent d’un coup violent et je tente de le blesser de mes ongles rouge pute. Je sais pas où le temps est passé, ni ce qu’il a fait : c’est flou, et j’ai à peine le temps de me rendre compte de ma réaction violente que je me retrouve dans la ruelle derrière le bar, à essayer de détruire le client de ma carrure de crevette anémique. « Tu m’touches pas », je hurle, aussi fort que possible pour rendre impossible l’idée même de m’ignorer, « tu m’touches pas, sinon je te jure que tu vas le regretter. » Ca me revient en même temps que je l’engueule ; ses mains sur moi, l’impression soudaine d’être enfermée entre lui et le mur d’un couloir, laissée pour morte, à suffoquer contre son corps à lui. Je réfléchis à peine, je me précipite pour ramasser un truc, une bouteille en faux verre même pas cassée, pour le menacer avec : « Tu prends tes putains d’aiguilles de merde et tu vas taper des rails ailleurs, j’veux plus te voir ni ici ni au casino. Tu m’approches à nouveau et j’te jure que ça va mal finir. »
J’aboie et je m’époumone, le pauvre client semble à peine réaliser ce qui lui arrive et lève les mains en l’air pendant que je le menace avec une bouteille à la con, prête à la casser contre un mur pour l’enfoncer dans les chairs, prête à me défendre contre une menace invisible qu’il voit peut-être même pas. C’est une de ces soirées où rien n’a de sens, ni pour moi ni pour personne, et où j’ai désespérément besoin qu’on me laisse respirer.

@Carl Flanagan CARL#1 › spaces in between  1949770018
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Message(#)CARL#1 › spaces in between  EmptyDim 29 Mai 2022 - 14:10


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Whatcha got? Whatcha want? Whatcha need? Can I be your Savior? Everything's gonna crash and break. But I know, yeah, I know. Your Savior. I am the one who's haunting you, I am the eyes inside of you, stare back at you. You need me, yeah.
@CARLY WARSHAW ☆ CARL FLANAGAN


Il n'a rien d’un garçon aux mœurs nocturnes Carl, alors ce n’est pas habituel de le voir mettre le nez dehors quand la nuit est officiellement tombée. Le bonhomme n'a pas de comptes à rendre à Talia sur ses sorties et il le sait, tant qu'il est opérationnel le lendemain pour emmener Maya à l'école sa maman d'accueil ne cherche pas à savoir où il peut trainer, et pourtant ce soir Carl a laissé un mot sur la table de la cuisine dans l'hypothèse où il ne rentrerait pas avant le petit matin. C'est peu probable en vérité, il ne voit pas ce qui pourrait le retenir dehors toute une nuit mais c'est bien connu qu'il ne prévoit jamais rien, Carl, encore moins en ce moment. Ne lui demandez pas si sa vie se porte bien, il ne saura pas quoi vous répondre – avec quand même un léger penchant pour bof, comme d'habitude. Car on ne peut pas dire que le garçon soit sur une pente ascendante de son existence, non, on pourrait davantage parler de surplace en ce qui le concerne si sa vie intime n'était pas la seule à connaître une avancée certaine – improbable, mais bien réelle. Son principal problème tient toujours en quatre lettres : ce père qui n'arrive pas à le regarder dans les yeux et qui lui fait dire que l'objectif est encore loin d'être atteint, après deux ans. Pas l'ombre d'un progrès à souligner de ce côté-là, Carl a même tendance à creuser de plus en plus ce fossé entre eux à force d'insistance, parce qu'il ne peut toujours pas accepter que Neil poursuive sa vie à quelques maisons de là sans qu'il fasse partie de l'équation. Lui, son minable fils mais son fils, malgré tout. Il y croyait vraiment, Carl, au fait de reconstruire ce lien sacrifié douze ans plus tôt en revenant brusquement dans son paysage mais tout ce qu'il récolte depuis n'est que le rejet perpétuel du premier homme de sa vie. Parce qu'il reste ce père dont il a tant manqué, cette figure essentielle à cet équilibre qu'il n'a jamais trouvé. Et c'est peut-être bien chez lui que Carl compte encore débarquer ce soir, à une heure où les rejetons de son père sont certainement endormis et où sa venue sera encore moins désirée que les autres fois. Parce que ça ne fonctionne pas quand il choisit bien son moment, alors pourquoi ne pas tenter l'inverse et voir ce qui advient, au point où il en est.

Carl n'a pas la moindre idée de ce qu'il fait quand il avance à travers les habitations de la Doggett Street, ses pieds le mènent tout droit vers ce domicile qu'il connait bien mais la suite n'est pas écrite, tout comme ce qu'il lui dira si Neil daigne lui ouvrir sa porte. Comment justifier une visite aussi tardive alors qu'il a été prié plusieurs fois de ne plus remettre les pieds ici ? Carl n'a encore rien tenté que les choses s'annoncent déjà mal. Et dans le quartier règne un silence de plomb, typiquement de quoi angoisser le grand pétochard qu'il est et de quoi lui faire rebrousser chemin, assez rapidement derrière. Car c'est inévitable ça, et la raison même pour laquelle Carl ne sort jamais après une certaine heure. C'est bête parce qu'il y était presque et en même temps le bonhomme s'évite certainement le plus terrible des accueils, car il aurait fallu assumer de réveiller la petite famille et les mots de son père probablement plus durs qu'à l'accoutumée, que le garçon aurait ensuite ressassé des semaines durant. Tu es un lâche Carl, mais tu es au moins raisonnable sur ce coup-là. Il fait donc bien de renoncer dans un sens même s'il ne le fait pas par sagesse, cette peur irraisonnée d'être suivi l'ayant une fois de plus saisi au ventre. Le bonhomme revient sur ses pas à toute vitesse après ça, se perdant au passage dans les rues de Fortitude Valley où il n'a pas vraiment ses habitudes, et où son sens de l'orientation déplorable ressurgit aussi bien vite. Il ne sait pas où ses pieds le mènent, il devine juste que le chemin n'est pas le bon quand le décor se dressant devant lui n'a rien à voir avec celui de son premier trajet. Et pourtant Carl ne panique pas, du moins pas encore parce que la rue qui l'entoure est assez animée pour qu'il se sente presque en sécurité. Mais cette impression ne dure pas, elle disparait même en un rien de temps lorsque des cris se font entendre, à quelques mètres seulement de là.

« Tu m’touches pas », cette voix de femme l'appelle sans qu'il ne sache pourquoi. La curiosité sans doute, mais aussi le sentiment qu'elle pourrait avoir besoin d'aide.. et pourquoi pas de son aide ? Cette grosse blague, comme s'il était en mesure d'aider qui que ce soit, lui, le trouillard que le moindre bruit peut faire fuir. Ce n'est pas le cas ici pourtant, Carl tâche même de localiser cette voix quand elle retentit de nouveau. « tu m’touches pas, sinon je te jure que tu vas le regretter. » Des menaces proférées à l'encontre d'une personne qu'il n'entend pas riposter, mais qui doit bien exister malgré tout. Il arrive que les gens parlent tous seuls mais là ce sont presque des cris de détresse que Carl intercepte, ou ce qu'il identifie en tout cas comme tels. Une demoiselle à sauver ? Il n'est pas dans l'un de ses jeux vidéo mais il se met à rêver que cette mission est la sienne, et qu'il ne s'est peut-être pas égaré par ici sans raison si son destin doit être de botter les fesses du grand méchant de l'histoire. Oui, tout ça c'est bien joli mais en pratique Carl n'en mène pas large. Il finit par trouver la propriétaire de cette voix au niveau d'une ruelle et l'homme auquel elle s'adresse, et son cerveau lui dicte d'avancer à pas de loup plutôt que d'amorcer la moindre fuite. Il n'en a pas le droit cette fois, pas après avoir déjà capitulé devant la maison de son père et pas alors qu'il peut peut-être enfin se rendre utile. « Tu prends tes putains d’aiguilles de merde et tu vas taper des rails ailleurs, j’veux plus te voir ni ici ni au casino. Tu m’approches à nouveau et j’te jure que ça va mal finir. » Plus il s'avance et mieux il détecte l'objet que cette jeune femme tient dans sa main, une bouteille intacte brandie comme arme contre cet homme qui n'a pas l'air bien menaçant. Mais Carl se fie aux cris qui l'ont alerté, il prend même peur en s'imaginant que les choses pourraient subitement dégénérer sous ses yeux. Le chaos de ses jeunes années lui revient à l'esprit et cette violence qu'il a bien connu semble à nouveau le guetter, avec la possibilité cette fois d'y faire quelque chose. Parce qu'il n'est plus un enfant incapable d'agir, et qu'il serait vraiment le pire des dégonflés s'il partait maintenant. « Hey... » il lâche timidement en alignant vers eux des pas qui le sont tout autant. Plus aucun retour en arrière n'est possible, désormais. « Je.. je crois qu’elle veut vraiment pas que tu la touches. » Sa voix manque cruellement d'assurance alors que la crainte de s'en prendre une n'est pas loin, ne connaissant pas ce type ni son degré de dangerosité. Certes c'est la demoiselle qui tient la bouteille, mais vous vous défendriez, vous, contre une menace inexistante ? « T’as entendu non ? Parce que moi oui, elle l’a même dit plusieurs fois. » Il ne le prend pas pour un débile ce type, pas du tout mais si c’est l’impression que ça donne ce n’est potentiellement pas très bon pour lui. Le bonhomme reporte son regard sur la jeune femme, la gratifiant au passage d'un sourire. « Faut pas s’énerver tu sais, je suis sûr qu’il va partir. » Sa voix se fait plus douce mais une tension palpable demeure. « Tu.. tu vas partir pas vrai ? » Carl demande en vrillant son regard vers le type, réduisant le peu de distance le séparant encore du duo pour venir se placer entre eux. Il ne sait pas ce qu'il risque exactement en faisant ça, il préfère juste prendre un coup à la place de cette fille si ça fait partie des éventualités car si l’homme n’a pas l’air dangereux Carl, lui, s'attend à peu près à tout. « S’il te plait ? » Il se permet d'insister tout en restant planté devant elle, en espérant sans doute faire bouclier avec cette silhouette qui ne s'y prête pourtant pas. Un seul coup et il s'envole, tout le monde ici le sait bien mais cet homme va tranquillement les laisser, le garçon veut y croire. Il va y avoir comme un souci sinon, parce que Carl vient tout juste de décider qu'il ne bougerait pas de là. Vous reprendrez bien une petite dose d'inconscience ?

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Message(#)CARL#1 › spaces in between  EmptySam 25 Juin 2022 - 16:38

J’ai déjà tué. Et la vérité, c’est que je pourrais sûrement le refaire, sans avoir à me soucier des conséquences ou répercussions, si jamais je l’estimais absolument nécessaire ; et je crois avoir été dans une plâtrée suffisante de situations dangereuses pour estimer quand je suis en danger. Ce soir, pourtant, c’est moi qui martèle l’autre type : un poing fermé contre son épaule, juste de quoi le faire reculer, le provoquer jusqu’à la volte-face, et en même temps, j’ai presque envie qu’il réplique. Je me rappelle du type échoué sur son lit et j’ai envie de voir la même lueur dans ses yeux : la peur mêlée à la confusion, celle qu’on ressent quand on passe de prédateur à proie et qu’on n’a rien vu venir. Mais il laisse tomber. Il recule de quelques pas, puis se retourne franchement, disparaît de l’allée et moi, je suis presque déçue. Me reste qu'à contempler mes mains verrouillées en poing, le cœur qui bat jusque dans ma gorge, et les regards lointains, peu rassurés de notre entourage. Dont lui, qui doit avoir l'âge de Dudley, mon voisin un peu stupide, recourbé sur lui-même et l'air complètement à la ramasse. J'hésite un instant à lui faire prendre à la place de l'autre type, et je renonce. Plus rien, d'un coup : un vide immense, le même qui guette toujours, partout, tout le temps.

« J’avais pas besoin de toi », je réplique sèchement au pauvre mec qui se tient toujours près de moi, les mains dans les poches, le seul à être venu calmer le lion quand les autres passants se sont tenus à distance, circonspects, trop flippés pour intervenir. J’ai presque envie de lâcher ma colère contre eux, maintenant, tous ces types qui ralentissent devant les accidents mais qui font rien pour les empêcher, les mêmes vautours qui guettent les incidents avec leur caméra et qui se masturbent l’égo en déformant l’horreur du truc. « Si t'attends une pipe de remerciement, tu peux te brosser le cul avec du Clorox, enculé. » Je relève les yeux pour les planter droit dans les siens, et je le pousse de deux doigts contre l'épaule. Il est grand, le genre longiligne mais désossé, pas de muscles pour supporter la structure ; gamin qui a grandi trop vite et dont tout le corps a pas encore suivi. Il est beau, à sa façon, avec ses bouclettes et son air doux, le genre à qui on donne le bon dieu sans confession, le genre qui me donne des envies de protection. « Tu fous quoi ici, même ? » J'ai envie de lui donner le bénéfice du doute, à ce gamin qui a dit s'il te plaît à un type qui allait me cogner. Personne dit s'il te plaît. Encore moins à mon bénéfice. « T'as l'âge pour traîner dans ces rues ? »

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Message(#)CARL#1 › spaces in between  EmptySam 9 Juil 2022 - 13:58


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@CARLY WARSHAW ☆ CARL FLANAGAN


Carl ne comprend rien à la scène qui se joue sous ses yeux, le pourquoi du comment de ces cris et de cette bouteille brandie, absolument tout lui échappe car c'est un pur hasard s'il se trouve là et il arrive de toute évidence après la guerre. Il est le parfait touriste qui débarque avec deux trains de retard mais qui se permet, quand même, de supposer que le grand méchant ne peut être que l’homme en mauvaise posture car ils ont toujours le mauvais rôle dans ses histoires, c’est bien connu. Et ce type, juste là, est condamné avant même d’être jugé à ses yeux pour ne pas avoir saisi le message la première fois quand la demoiselle lui a demandé de ne pas la toucher. Quel genre d'homme fait ces choses-là sans autorisation ? Même Carl, avec sa morale bien à lui et ses nombreuses limites franchies, ne le ferait jamais. S’il n’est pas témoin d’une agression ça y ressemble fort alors il n'a pas le droit de fuir à toutes jambes ce soir, ce n’est pas le moment de la jouer poltron et étrangement, l’idée même de sauver sa peau ne lui traverse pas du tout l’esprit. Il n’y a finalement que cette fille qui compte, vers laquelle Carl accourt de façon bien plus glorieuse dans sa tête que dans la réalité mais à défaut d’être un héros, il doit être au moins assez repoussant pour dissuader ce type de rester une seule seconde de plus. Et maintenant ? Carl ne s’attendait pas à ce que ce soit si facile, le voir simplement s’éloigner lui laisserait presque un sentiment d’inachevé car il s’était préparé à devoir en découdre – et à prendre accessoirement la dérouillée de sa vie, tout ça pour les beaux yeux d’une inconnue que la reconnaissance est loin d’étouffer après ça.

« J’avais pas besoin de toi. » Ah ça. Carl a généralement bien plus besoin des gens que les gens n’ont de leur côté besoin de lui mais son aide il l’offre gracieusement, qu’on en veuille ou non elle est posée là. Il se persuadera vite qu’il n’aura pas servi à grand-chose ce soir mais il n’a au moins pas été le plus lâche des alentours, pour une fois. « D’accord mais euh.. ça va quand même ? » Son regard inquiet analyse sa posture, encore nettement sur la défensive. Il ne voudrait pas qu’elle se fasse mal et il craint peut-être aussi que ce bref élan de bravoure ne se retourne finalement contre lui, au vu du ton que la demoiselle emploie après ça. « Si t'attends une pipe de remerciement, tu peux te brosser le cul avec du Clorox, enculé. » Eh bien, ça, ce n’est pas très gentil. C’est aussi très gratuit mais le bonhomme ne s’en formalise pas, car lui bloque surtout sur ses premiers mots. « Une quoi ? » Une pipe, enfin Carl, fais un effort. Il n’aura pas besoin d’aller se brosser quoique ce soit car il ne comptait pas sur le moindre remerciement et de ce type encore moins. Ce genre de choses sont peut-être monnaie courante par ici mais aussi biscornue soit sa logique parfois, il ne lui viendrait personnellement pas à l’esprit de quémander ce genre de.. faveur ? « Non non, je.. j’attends rien du tout. » Alors certes, il est sans doute le plus désespéré de tous les gars que l’on peut voir trainer dans le coin mais il n’en est quand même pas à baisser son pantalon en échange de sa bonne action du jour. « Tu fous quoi ici, même ? » Le sait-il seulement lui-même, rien n’est moins sûr. Carl pourrait partir d’ailleurs, il n’a techniquement plus rien à faire là et cette fille n’a pas l’air enchantée par sa présence mais il n’est toujours pas disposé à la laisser seule, pour une raison qui ne s’explique pas. Il hausse alors les épaules, cherchant ses mots dans le fond de ses poches. « J'sais pas trop. C’est pas un coin où je traine d’habitude et je savais pas vraiment où j’allais quand.. » Comme s’il savait où il va le reste du temps, alors que sa vie se résume à mettre un pied devant l’autre sans avoir jamais la moindre idée de ce qu’il fait. « j’ai entendu tes cris et j’ai vu la bouteille dans ta main. J’ai cru qu’on te faisait du mal, en fait. » Et il ne veut pas laisser ce genre de choses se produire pour les autres, quand bien même personne n’a jamais levé le petit doigt lorsque c’était pour sa pomme et ne le ferait encore pas aujourd’hui. « T'as l'âge pour traîner dans ces rues ? » Carl l’observe avec décontenance, l’air de demander s’il y a vraiment un âge requis pour ça. « J’en sais rien mais je suis majeur, si jamais ça se voit pas. » Un sourire tendu prend place le long de ses lèvres alors qu’il était au final bien moins crispé au moment de s’interposer face au type. Elle l’impressionne doublement plus cette fille, à moins qu’il ne soit juste bêtement troublé. « Ce mec, là.. il t’a fait quelque chose ? » De mal s’entend, puisque le reste n’est pas censé le regarder. « T’es pas blessée ? » Ses yeux cherchent sur elle la moindre trace de blessure car il continue de penser qu’on ne se défend pas sans raison, face à quelqu’un. « Tu sais il est parti alors tu peux peut-être lâcher ça maintenant. » Carl effectue un pas en avant pour aller saisir le col de la bouteille dans un geste parfaitement improvisé, avant de la retirer délicatement de ses mains. « Je voudrais pas que tu te fasses mal. » qu’il ajoute, paré d'un sourire comme celui qu’on esquisserait pour convaincre son interlocuteur de ses bonnes intentions. Ce qu’il ne voudrait pas non plus c’est qu’elle finisse par l’assommer avec, c’est parce qu’il imagine à peu près tout que Carl s’empresse d’écarter ladite bouteille qui le dérangeait depuis son arrivée. Elle sera mieux n'importe où ailleurs qu’entre ses mains, c’est ce qu’il se dit.

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