2008. Étudiante en informatique, je … quoi ? Comment et pourquoi est-ce-que je me retrouve étudiante en informatique ? Je vous le demande moi-même. Cela fait partie des mystères de ma vie, de ma quête de moi-même. Peut-être un abus de la série Matrix. Peut-être que je souhaitais pouvoir décrypter des codes secrets ou alors acheter des milliards de chatons sur le darknet. Qui sait ? Dans tous les cas, je suis étudiante en informatique et qui dit étudiante … dit … soirée étudiante. Je crois que c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je ne me suis jamais lassée de changer de licence, de voie. Pas conne la Johnny, elle savait que cela faisait que rallonger les possibilités de soirée étudiante.
Un crop top fabriqué de mes propres mains à partir d’un tee-shirt à l’effigie de Queens, j’ai accompagné le tout d’un jeans un peu trop large pour moi mais qui dit soirée étudiante, dit mieux vaut être à son aise. La soirée étudiante se déroule dans un bar étudiant ; ah tiens, que c’est logique ! Le bar est bondé. L’ambiance est bonne enfant. La musique est rapidement oubliée à cause des rires éloquents des étudiants en train de se noyer dans de minuscules verres colorés. Moi, je suis celle qui est en train de raconter une ribambelle d’anecdotes débiles près du babyfoot. J’agite mes mains comme un coordinateur sur un aéroport. Quelques-uns gloussent, d’autres sourient mais tous boivent. A force de parler, j’ai la bouche sèche. La pateuse ne vient pas encore de la Marijuana qui m’accompagnera au cours de mes prochaines soirées. Je prends ma respiration pour poursuivre mon histoire quand mon partenaire du côté de la table de babyfoot me donne un coup de coude dans les cotes qui me fait rugir.
« Concentre toi, Johnny ! Si tu sais pas arrêter la balle, on change de place. »
Apparemment, monsieur le nerd n’est pas bon perdant et a le sentiment que nous sommes en train de jouer le match de notre vie. Je me redresse sans lâcher les barres du babyfoot et lève un sourcil, intriguée. Est-ce-qu’il va être ravi de savoir que désormais, je n’ai qu’un but : voir la tronche qu’il a quand il doit payer la prochaine tournée et surtout laisser sa place autour du babyfoot. Mon sourire se fait malicieux et je m’excuse en une révérence candide avant de me re-concentrer sur le jeu. Quelques minutes plus tard, je pose ma main sur son épaule tout en la pressant avec réconfort. Perdus. Il apprendra à être perdant, à perdre avec le sourire et à se relever. Petite leçon de vie made by Johnny. Je saisis mon verre de rhum cola pour en boire une gorgée. Vide. Et c’est en me dirigeant vers le comptoir du bar que je la vois.
Elle est là. Accoudée au comptoir du bar. Elle parle à … aucune idée. Mes sourcils se froncent sans que je n’en ai conscience. Une once de jalousie me donne le courage de bomber le torse, afficher un large sourire pour finalement me placer entre elles avec la plus grande des aisances. Parfois, il faut jouer des coudes pour ne pas couler.
« Ethel, c’est ça ? », que je lui demande tout en posant mon verre vide sur le comptoir du bar. « Tu bois quoi ? Oh tu sais quoi, c’est moi qui t’invite pour la prochaine tournée. » Jouer l’insouciance. Jouer l’assurance. « Jolene. Johnny. » dis-je en posant ma main sur ma poitrine. Présentation Tarzan-Jane.
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Dernière édition par Jolene King le Dim 29 Mai 2022, 23:29, édité 1 fois
... that you're the hottest biscuit this side of the gravy boat.
début 2008. ☽ Voilà que le début d’année commençait fort, pour un début de licence, tu te mettais vite dans le bain. Toi qui étais de nature à observer avant d’agir, on pouvait dire que ta promo ne t’avait pas laissé le choix de ton intégration. Pour te promettre un bel avenir doux et simple parmi eux, il fallait que tu parles, que tu sociabilises, mais surtout que tu boives. Et oui, qui dit étudiants, dit soirée, et te voilà donc embarquée dans cette soirée, seulement quelques jours après avoir découvert tes camarades. Tu t’étais habillée d’un jeans mom, et d’un débardeur blanc, laissant apparaître légèrement ton ventre. L’une des filles avec qui tu avais parlé dès les premières minutes dans ce couloir en attendant votre professeur t’avait pris sous son aile, tu étais déjà avec un verre de rhum très mal dosé entre les mains. Tu n’avais pas l’habitude d’être loin de tes parents, de tes frères, et pourtant tu étais bien à Brisbane, à voler de tes propres ailes, tu savais que tu avais une certaine pression sur les épaules et pourtant, tu acceptais la clope que l’on te tendait. Tu n’étais pas fumeuse, mais tu allais le devenir très rapidement.
Tu écoutais plus que tu ne parlais, tu étais spectatrice plus qu’actrice. Néanmoins, tu allais devoir faire entendre le son de ta voix car on vint t’interpeler. « Ethel, c’est ça ? » La jeune femme s’était glissée entre toi et sa comparse de la soirée. « Euh oui » dis-tu, prise de court et pourtant, tu la reconnus immédiatement la nana que t’avais vu arriver en retard le premier jour de la rentrée, sans aucune gêne elle était entrée dans la pièce, à peine un regard envers le professeur, et elle avait capté l’énergie de toute la pièce, une énergie qui t’avait captivée. « Tu bois quoi ? Oh tu sais quoi, c’est moi qui t’invite pour la prochaine tournée. » Machinalement, tu regardais ton verre presque vide. « Jolene. Johnny. » Un sourire s’empara de ton visage, tu étais quand même ravie de connaître enfin le prénom de la femme qui avait attiré tous les regards dès le premier jour. Mais comment connaissait-elle ton prénom ? « Je bois du rhum, enfin c’est ce qu’ils disent. » dis-tu avec un rire gêné, sous-entendant la mauvaise qualité de son dernier verre. « Enchantée, Jolene. » Tu lui accordas un sourire sincère, fascinée par son grand sourire à elle, et son regard pétillant. Tu te trouvais bien idiote à devoir tirer sur une clope, la première de toute ta vie, et cela ne sera pas de loin, ta dernière, mais elle te donnait une certaine contenance devant la jeune femme, remplie d'assurance.
« Je bois du rhum, enfin c’est ce qu’ils disent. » Ses lèvres remuent mais je ne suis pas vraiment concentrée sur ce qu’elles prononcent. Je suis davantage concentrée sur la courbe de ses dernières et leurs mouvements. Elle m’intrigue. Chaque particule de son corps m’intrigue. Elle dégage cette aura qui vous coupe le souffle. Mon regard se pose sur son verre car c’est ce qu’elle a regardé avant de parler. Un verre à moitié vide. Du rhum. Elle boit du rhum. « Enchantée, Jolene. » qu’elle répond avec ce sourire poli qui me donne aussitôt un élan de confiance. Les présentations sont faites. Ethel connait mon prénom. Elle sait qui je suis et apparemment elle n’a pas encore entendu les un millions d’anecdotes et rumeurs qui circulent à mon sujet : un boulet, un cas social, une cause perdue, celle qui change de filière comme de chemise, l’étudiante plus assidue pour les soirées que pour les cours théoriques. Je ne l’effraie pas et c’est déjà un bon point.
Je repose mon attention sur le comptoir du bar à la recherche du serveur ou de la serveuse qui a intérêt à vite ramener ses fesses dans notre direction pour que je puisse de nouveau boire un peu de rhum coca. Ça aide pour la conversation surtout quand on essaye d’impression une parfaite inconnue. Une fois que je croise le regard du serveur, je lève mon verre en l’agitant en l’air : une méthode simple et efficace pour montrer qu’on a besoin d’un nouveau plein. De cette manière, je tourne le dos à l’ancienne comparse d’Ethel, qui comprend rapidement qu’elle est désormais de trop. Efficace et simple, aussi simple et efficace que ma manière de commander un second verre. « J’étais pas certaine que tu viendrais ce soir … pas certaine que ce genre de soirées t’intéresse. Aucune idée de pourquoi j’pensais ça mais je suis heureuse de m’être plantée. » Une fois encore, je parle beaucoup trop. Une fois que je suis sur ma lancée, il est presque impossible de m’arrêter. Un énorme défaut que je trimballe derrière moi depuis mon plus jeune âge. Noyer le poisson, disaient certains professeurs. Avant même qu’elle ne réponde, je me hisse sur la pointe des pieds pour m’approcher du serveur: « je vais reprendre un rhum cola et la même chose pour Ethel … » Je désigne d’un geste de la tête le contenu de son verre pour qu’il comprenne qu’il a juste à nous servir la même chose. Un sourire poli et bien trop gigantesque pour être sincère, je retrouve le sol et me tourne vers elle.
« Alors, Ethel … dis m’en plus sur toi. Tu viens d’où ? Et surtout est-ce-que tu t’y connais en babyfoot ? » En voyant sa réaction, je comprends qu'elle a besoin de quelques détails. Je tends le bras pour désigner le babyfoot un peu plus loin. « Je cherche une partenaire et je me suis dis que peut-être t'aurais envie de gagner quelques verres gratuits ... les perdants paient leur tournée et je suis plutôt douée. » dis-je en bombant le torse et en époussetant mes épaules d'une poussière invisible, ce qui ressemble dès lors à une danse de l'arrogance.
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début 2008. ☽ Tout ton corps te criait de t’ouvrir, de ne pas jouer celle que tu avais l’habitude d’être quand tu étais plongée dans un contexte social où ton diagnostic d’hpi te mettait à mal. Il fallait que tu arrêtes d’essayer de décoder les gens, il fallait que tu te décroches de cette faculté à te connecter à toute personne qui t’accordait plus de deux secondes d’attention. Mais Jolene te regardait avec des yeux de chiot qui te donnait envie de l’écouter pendant des heures. Tu devais garder de ta contenance pour ne pas paraître fragile, tu ne l’étais pas, malgré ce que pouvaient penser tes frères. Quelque chose chez la jeune femme t’invitait à te tourner vers elle pour lui accorder toute ton attention, tout ton pouvoir d’écoute et de compréhension – une vraie éponge émotionnelle qui pouvait parfois se retourner contre toi.
T’essayais quand même de faire de l’humour, blaguant sur ton verre mal dosé de rhum, tirant sur ta première clope comme si tu étais une fumeuse aguerrie, tu te donnais un genre pour…quoi ? Pour lui plaire ? C’était étrange, mais t’avais l’impression que c’était bien le cas. « J’étais pas certaine que tu viendrais ce soir … pas certaine que ce genre de soirées t’intéresse. Aucune idée de pourquoi j’pensais ça mais je suis heureuse de m’être plantée. » Tu fronçais les sourcils, cette remarque piquant ta curiosité, après découvrir qu’elle connaissait ton nom, voilà maintenant qu’elle t’informait clairement espérer te croiser ce soir. « je vais reprendre un rhum cola et la même chose pour Ethel … » Tu souris à cette commande, et finis par lui répondre : « Mais… mmh.. Tu me connais ? » Gênant peut-être, mais tu te disais que si elle connaissait ton nom, si elle espérait te croiser encore, peut-être que t’avais loupé un épisode dans tout ça. Loin de là l’idée qu’elle ait pu te remarquer dans cet amphithéâtre, et encore moins dans le labo où vous avez dû partager un travail de groupe. Elle n’avait pas posé un seul regard sur toi ce jour-là, mais peut-être que sa discrétion avait joué en ta défaveur et que ce soir, tu passais pour une débile avec une telle question.
« Alors, Ethel … dis m’en plus sur toi. Tu viens d’où ? Et surtout est-ce-que tu t’y connais en babyfoot ? » Tu fronçais les sourcils, intriguée par une telle question – et tu compris que son apparence était le reflet d’une personnalité toute aussi colorée. « Je cherche une partenaire et je me suis dis que peut-être t'aurais envie de gagner quelques verres gratuits ... les perdants paient leur tournée et je suis plutôt douée. » Tu pouffas de rire en la voyant faire, curieuse d’en voir plus de sa part, tu la remercias d’un regard quand tu attrapas le verre à nouveau rempli du serveur. « Je n’ai que des frères, j’ai grandi avec eux, t’es mal barrée. » confias-tu sur un ton fier, tout ce qui était relatif au sport t’avait été inculqué par ton père, et ton plus grand frère, tout ce qui était relatif aux livres et à la culture générale, ton petit frère s’était chargé de faire le job. Alors, babyfoot, ping pong, jeu de la balle en tout genre, et surtout : l’esprit de compétition, on pouvait dire qu’on te l’avait appris à ton insu. « Tu veux te frotter à moi ? T’es sûre ? » finis-tu par relancer en te levant de ton tabouret, venant prendre une longue gorgée du rhum toujours aussi mal servie, ton regard ne lâchait pas le sien, comme hypnotisée par l’aura qu’elle dégageait.
« mais … mmh … tu me connais ? » Excellente question, Watson. Non je ne te connais pas. Je n’ai aucune idée de qui tu es et pourtant je sais que j’ai envie d’être ici, avec toi, que j’ai envie de tout connaitre. Tes défauts, tes peurs, tes envies, tes rêves les plus fous, absolument tout. Certains disent que c’est le coup de foudre, moi je m’en moque à gorge déployée prétendant que ce sont les hormones. La technique de l’autruche, celle qui refuse de croire en l’amour. Et pourtant … J’aurais pu lui faire prendre peur et lui dire tout ce qui me passait dans la tête à cet instant précis. Mais je ne voulais pas l’effrayer, je voulais lui plaire. Lui plaire sans savoir ce qui lui plaisait ? Chaque phrase, chaque geste, chaque blague était un risque. Un risque que je ne voulais pas prendre mais que je devais prendre. « Tout dépend de ce que tu entends par connaître. » Jouer celle qui sait utiliser les mots. Oh mon dieu ! Je me sentais ridicule mais c’était la stratégie que je semblais avoir choisi. Mon regard se plongea dans le sien. « Disons que j’t’avais vu lors de notre dernier coup de SQL et … » Je m’arrêtais soudainement. « J’ai un radar pour repérer les gens qui valent le coup d’être connus. » Je choisis un petit changement de direction : l’humour quoiqu’il y ait beaucoup de vrai dedans. En accompagnant le mot radar, je tapotais du bout des doigts ma tempe tout en ayant un petit air ahuri. Un radar à lesbienne, bisexuelle, potentielle partenaire aurait sans doute été plus correct. De ce radar, je parlais souvent … mes amies se moquaient de moi mais j’étais persuadée que mon radar était parfaitement huilé et ne se plantait jamais. Au pire, la personne en question ne savait pas encore pour son penchant pour le deuxième sexe.
« Je n’ai que des frères, j’ai grandi avec eux, t’es mal barrée. » Mon sourire s’élargit automatiquement en entendant cette once de fierté venir teindre ses paroles. Elle avait donc du répondant. Parfait ! « Tu veux te frotter à moi ? T’es sûre ? » Je la suivais du regard et constatais qu’elle était un peu plus grande que moi. Dans mes souvenirs, c’était le contraire. Est-ce-que c’était ce premier échange qui était la raison de ce sentiment de grandeur qui se dégageait d’elle ? Mon sourire se fit plus malicieux et je saisissais mon nouveau verre avec entrain.
« OK Rambo - changement de plan. » J’enroulais mon bras autour d’elle comme si nous nous connaissions depuis toute une vie. Au bout de mon bras, mon verre. Et de l’index, je pointais la table de babyfoot. « Toi et moi contre les bouseux là-bas. Arthur prend ça très au sérieux et je serais ravie de le voir nous payer plusieurs tournées à la suite ; qui plus est, mon compte en banque me remercierait de cette courte pause. »
Je tournais la tête vers elle sans perdre mon sourire. « Toi et moi contre le reste du monde ? » Une drôle de proposition mais prononcée par Johnny, ca avait tout de suite plus de gueule.
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début 2008. ☽ De nature observatrice en premier lieu, depuis la rentrée, tu t’étais faite toute petite observant ses camarades dans leur milieu naturel. Tu n’as jamais été considérée comme la fille la plus cool de son lycée ou la pire nerd de la classe, mais que cela soit d’un penchant ou d’un autre, tu avais tous les attributs pour être l’une ou l’autre. Toutefois, tu t’étonnais toujours quand on te remarquait et le fait que Jolene sache ton prénom t’étonna très fortement. Tu ne pus t’empêcher de lui demander si elle te connaissait autrement que par le biais de votre TP un peu plus tôt dans la semaine. « Tout dépend de ce que tu entends par connaître. » Jolene était solaire, elle était le Soleil, l’astre vers lequel tout le monde se tournait. « Disons que j’t’avais vu lors de notre dernier coup de SQL et… » Tu osas finalement lever la tête pour la regarder. « J’ai un radar pour repérer les gens qui valent le coup d’être connus. » Ton rire cristallin se fit entendre pour une fois mais tu étais à la fois intimidée et flattée. « Vraiment ? Tu me mets une certaine pression sur les épaules là. » Tu ne savais pas ce que Jolene entendait par là mais tu n’avais pas envie de la décevoir.
Donc, quand elle te proposa un babyfoot, ta défense pour l’impressionner était le fait que tu avais grandi entouré de garçon et qu’à ta manière t’étais un petit garçon manqué. Tu ne voulais pas trop en faire non plus car on ne pouvait pas dire que tu portais le sens de la compétition dans ton cœur. « Ok Rambo – changement de plan. » Tu étais intriguée, tu l’interrogeais alors du regard alors qu’elle s’expliqua : « Toi et moi contre les bouseux là-bas. Arthur prend ça très au sérieux et je serais ravie de le voir nous payer plusieurs tournées à la suite ; qui plus est, mon compte en banque me remercierait de cette courte pause. » Tu suivais la direction qu’elle pointait, et remarquas aussi qu’elle avait l’air sérieuse, contrairement à toi, elle avait l’air de prendre à cœur la compétition. « Toi et moi contre le reste du monde ? » enchaîna-t-elle, alors que tu venais tout juste de reprendre une gorgée de ton verre, c’était comme si l’effet de l’alcool te permettait de te détendre un peu plus. Tu passas alors ton bras dans le sien pour l’embarquer dans ta marche vers ces chers bouseux en question. « On va les rétamer. » Bizarrement, tu préférais te dire que tu étais avec elle plutôt que contre elle, l’idée te plaisait déjà beaucoup plus à l’idée de faire équipe avec Jolene. Sans plus tarder d’ailleurs, vous vous retrouviez à ce babyfoot, en train d’échauffer l’égo de ces messieurs.
« Vraiment ? Tu me mets une certaine pression sur les épaules là. » Je ne réponds pas à cette remarque et me contente de garder mon regard quelques secondes supplémentaires plantés dans le sien. Si elle sait lire dans les pensées, elle entendra surement qu’elle n’a pas avoir la pression … qu’elle m’a déjà convaincue et conquise. Mais les télépathes n’existent que dans les séries de science fiction que je regarde jusqu’à en avoir les yeux rouges.
Et c’est bras dessus bras dessous comme si nous étions amies depuis une éternité que nous fîmes notre entrée dans le coin des nerds accros aux baby-foot. Sur ma tronche, un sourire radieux qui peut sans doute éblouir les ténèbres. J’avale une gorgée de mon verre tout en me détachant de l’étreinte de cette nouvelle partenaire ; à contre coeur mais soit, il le fallait. « On enchaine les vainqueurs. », que je lance comme César annonce une guerre, dans mon esprit. Je cale mes poings sur mes hanches, tout en penchant la tête sur le côté. Le regard des deux duos se cale sur nous. Ils nous toisent sans doute et je leur fais un clin d’oeil pour qu’ils comprennent que je suis sérieuse, que nous sommes sérieuses et que je joue toujours mieux avec du rhum dans le sens. « Et avec nous, les perdants … paient leur tournée. On ne joue pas pour la gloire. » que j’enchaine en relevant le menton tout en scrutant la manière dont les duos allaient se démener pour leur fin de partie … qui ne dure pas si longtemps.
A notre tour. Nous prenons place sur un côté du monstre de bois. Je m’occupe du gardien ; un poste que j’ai toujours occupé quand je devais rester dans le bar avec ma mère. Elle se gavait de bière, disparaissait dans les toilettes, revenait en s’essuyant sur la bouche pour se payer une nouvelle bière. Pendant ce temps, je jouais au babyfoot. Un souvenir horrible de gamine pouvait finalement avoir un point positif dans mon présent. Je me penche doucement au-dessus du baby-foot, échange un regard complice avec Ethel avant que l’un des deux types ne lance la première balle au milieu du terrain. Nous échangions plusieurs balles. Le match est serré. A chaque but contre nous, une gorgée de rhum. A chaque but de notre part, nous nous faisons un high five. Nous plaisantons. Nous rions et … à la deuxième victoire, et troisième tournée de rhum, je me rends compte que je deviens plus tactile. Des petits coups de hanche sur le coté quand l’une d’entre nous fait une erreur. Des étreintes enthousiastes et dansantes quand nous gagnons.
«Quand je te dis que j’ai un radar hors paire — il ne me plante jamais. » dis-je en faisant référence à la conversation plus tôt dans la soirée. «Tu m’as tapé dans l’oeil. » La phrase laissée en suspens, je la regarde encore une seconde avant de me concentrer de nouveau sur la balle qui finira par marquer une nouvelle fois dans le camp ennemi à moins que je ne sois plus vraiment concentrée et laisse ce trou du cul marquer ...
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début 2008. ☽ Tu n’aimais pas être au centre des attentions. Toute ta vie tu avais été habituée à être évincée des projecteurs par tes frères, et tu avais fini par t’y faire. Tu n’étais pas faite pour la lumière, de toute façon. Tu n’avais rien d’extraordinaire et pourtant, la manière dont Jolene te regardait te perturbait. Tu n’avais jamais été confrontée à une telle connexion, tu avais l’impression qu’elle lisait dans tes pensées, qu’elle t’analysait mieux que personne alors que sur ce jeu-là, c’était toi, l’HPI, qui étais la plus forte à ce jeu.
Tu te laissais porter par la vague Jolene, t’embarquant dans une histoire de babyfoot, tu espérais pouvoir prouver que tu ne l’avais pas allumée pour rien. « On enchaîne les vainqueurs. » Toujours sûre d’elle, les deux duos se tournèrent vers vous et tu sentis tes joues rougirent. Tu savais maintenant que tu devais tenir ta parole et ainsi gagner la partie. Jolene n’accepterait pas la défaite. « Et avec nous, les perdants … paient leur tournée. On ne joue pas pour la gloire. » C’était bien ce que tu disais, la blonde à tes côtés n’avait pas l’air de vouloir perdre et elle annonçait la couleur d’une manière si sûre d’elle, cela te mit presque mal à l’aise. Mais très vite, tu devais te joindre à elle, joindre vos forces pour faire comprendre à ces messieurs, que vous ne rigoliez pas. Ce fut d’ailleurs le cas – vous ne rigoliez pas, vous n’étiez pas là pour rire même si chaque regard complice avec ta partenaire te donnait un peu plus envie de rétamer vos adversaires. Son regard sur toi te rendait plus forte, et surtout plus à l’aise en société. Ce n’était pas ton fort de te mêler à la foule mais pour une fois tu arrivais à te lâcher un peu – sans doute que les gorgées de rhum que tu enchaînais t’aidaient clairement aussi à te désinhiber.
« Quand je te dis que j’ai un radar hors paire — il ne me plante jamais. » Tu lui accordas un regard inquisiteur, tu n’avais probablement pas compris encore qu’elle flirtait avec toi – ou du moins tu l’avais compris, mais tu n’arrivais pas à comprendre comment cela pouvait avoir de l’effet sur toi… à ce point. « Tu m’as tapé dans l’œil » affirma-t-elle en plus de cela, comme si tout était normal, elle reprit la partie. Les parties s’enchaînèrent, les victoires aussi, et au bout d’un énième verre de rhum tu fis une croix avec tes mains, signalant à ta partenaire que tu allais finir par régurgiter toutes les boissons enchaînées si vous continuez à jouer, mais surtout à gagner. « Je peux plus. » dis-tu en te reculant du babyfoot. « Le rhum va me sortir par le nez ! » ajoutas-tu en la regardant, tu pouffas de rire, et vins glisser ta main dans la sienne pour l’entraîner hors de ce jeu diabolique. « On vous a rétamé, mais promis on le dira pas trop fort ! » chantas-tu en t’éloignant des mecs que vous aviez ridiculisé à tour de rôle. « C’est quoi ce radar ? » finis-tu par dire, tu avais lâché sa main mais tu t’étais mise face à elle, l’interrogeant du regard, tu sentais ton esprit divagué à cause de l’alcool, mais ta présence d’esprit très développé te permettait encore de garder un peu de lucidité – assez pour en savoir plus.
Les parties s’enchainent et chaque nouvelle équipe pense pouvoir nous déloger de là. La blague ! On n’en a pas vraiment envie d’être délogée et je crois bien que mon compte en banque me remercie. Pas de tournée à payer. Pas de verre à payer. Avec un peu de chance, je pourrais éviter de manger des pâtes à la fin du mois. Les parties s’enchainent tout comme les verres et j’ai beau avoir l’alcool amusant … il y a un moment où le corps pose lui-même ses limites. « Je peux plus. Le rhum va me sortir par le nez ! » Jamais fait l’expérience mais ça doit pas être le genre de truc qu’on veut expérimenter. Je laisse un éclat de rire venir se joindre à ma réponse, qui est en fait une simple onomatopée : « Oups. » Sa main se glisse dans la mienne avec le plus grand naturel et un courant électrique me traverse. « On vous a rétamé, mais promis on le dira pas trop fort ! » qu’elle se met à chanter avec une assurance tout trouvée. L’alcool lui donne des ailes. Elle a l’air beaucoup plus sure d’elle à moins que ce soit ce jeu diabolique qui ait une conséquence comme celle-ci sur sa personne. Pas la moindre idée mais quand je la regarde en coin, je me dis qu’elle doit encore avoir pas mal de surprises la Ethel. De mon autre main, je salue la petite troupe tout en leur envoyant des baisers dignes d’une professionnelle de la dramaturgie. Il ne manque plus qu’une musique bien imposante pour accompagner notre départ mais on se contentera de ce qui se passe dans le bar et qui est couvert par les rires et voix des étudiants un peu trop enivrés de la soirée.
« C’est quoi ce radar ? » lâche-t-elle comme une bombe au milieu d’un hall de gare.
Je détourne mon regard du comptoir du bar que j’ai pris en ligne de mire une seconde. « Mmmh? » parviens-je à marmonner tout en reposant mon attention sur la brune. Oh mon radar ! Face à moi, elle me pose cette question avec la plus jolie des candeurs. Elle ne semble pas avoir compris ce que cela veut dire. Elle ne semble pas comprendre que je l’ai catégorisé comme potentielle partenaire … elle ne semble pas comprendre ou elle ne veut pas comprendre. Je les connais les demoiselles qui jouent les surprises après qu’on ait flirté pendant des heures avec elle. Elles ont tendance à enchainer les excuses tout en rougissant, replaçant les mèches parfaitement coiffées d’une coiffure totalement structurée pour reprendre contenance. Je connais le numéro par coeur. D’ordinaire, j’opte pour la carte humour mais pas ce soir. Non, ce soir, il y a eu beaucoup trop d’alcool pour que je sorte la carte de sauvetage. « Comme je te l’ai dit, j’ai un radar pour repérer les gens qui valent le coup d’être connus …» dis-je en haussant les épaules, jouant la naturelle. Puis, je me redresse sans la quitter du regard. « Possible que je t’ai trouvé mignonne par la même occasion et j’ai espéré que tu sois pas juste mignonne … » Je lève un index, sourire malicieux aux lèvres. « … ce qui est définitivement le cas. »
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Dernière édition par Jolene King le Mer 15 Juin 2022, 09:44, édité 1 fois
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début 2008. ☽ T’étais plutôt sage en général, tu étais une toute nouvelle étudiante et ce genre de fêtes, ce n’était clairement pas ton quotidien. Tu voulais te faire bien voir, tu avais dans l’idée de plaire à Jolene alors que tu ne savais même pas pourquoi l’image qu’elle avait de toi t’importait autant. Tu t’attachais beaucoup à ce que pensaient les autres, c’était ton défaut mais cela faisait aussi partie de ton trouble. Tes frères t’avaient trop longtemps chouchouté, et maintenant tu étais face aux autres, baignée dans le monde social et tu étais toute seule, tu devais faire tes armes. Ce qui voulait aussi dire que tu suivais un peu le move, n’ayant pas l’âme d’une leader, tout du moins pas comme Jolene. Tu enchaînais les verres mais finis par lui avouer que tu arrivais à tes limites. « Oups » Elle semblait plutôt mieux gérer l’alcool que toi, elle avait probablement plus de pratique, mais elle décida de te suivre sans broncher. Tu avais pris un peu d’assurance, probablement les maintes gagnes au babyfoot et surtout le rhum qui avait remplacé ton sang.
En tout cas, tu te sentais plus apte en parler maintenant. « Mmmh ? » Tu semblais l’étonner avec ta question, mais tu avais dû mal à comprendre ce qui se jouait sous tes propres yeux. « Comme je te l’ai dit, j’ai un radar pour repérer les gens qui valent le coup d’être connus …» Tu souris, tu rougis, encore un combo gagnant pour toi. « Possible que je t’ai trouvé mignonne par la même occasion et j’ai espéré que tu sois pas juste mignonne … ce qui est définitivement le cas. » Elle avait un air malicieux sur le visage, elle savait de quoi elle parlait, pas comme toi. Tu n’étais pas habituée à ce qu’on te couvre de compliments de la sorte, personne ne t’avait remarqué jusqu’à aujourd’hui et tu ne savais pas comment l’appréhender. Tu te mordis la lèvre, contenant la gêne que tu ressentais, tu ne voulais pas paraître comme une gamine de douze ans qui ne savait pas quoi dire mais pour le coup, c’était clairement le cas. « T’as l’air de quelqu’un que tout le monde aime et regarde. » dis-tu finalement pour recentrer l’attention sur elle, et pas sur toi. « Ton aura est puissante » tu ajoutas sans savoir pourquoi mais toi qui aimais tout ce qui concernait les énergies et les ascendants astrologiques, c’était quelque chose que tu avais ressenti dès la première fois que tes yeux s’étaient posés sur elle. Tu n'avais pas l'air de voir ce qui était en train de se passer : ces regards, ces compliments, toi qui avais tendance à tout analyser et tout voir venir, tu étais loin de saisir l'ampleur du moment.
Alors qu’on se trouve dans un bar miteux pour étudiants sans exigence pour un bar, elle rend cet instant un peu plus magique. Les traits fins de son visage prennent des airs candides quand ses joues viennent se teindre d’un ton rosé. Ce serait mentir que de nier le fait qu’à cet instant, j’ai compris que c’est ce visage que je voulais avoir à mes côtés. Pour la première fois de ma vie, j’ai le sentiment qu’une personne pourrait me suffire. Je n’ai besoin de rien d’autre que de la voir me sourire de cette manière. Cette candeur lui donne des airs angéliques. Elle et moi, nous sommes des opposés. Elle et sa candeur. Moi et mon franc-parler. Elle et cette douceur qui s’émane de sa personne. Moi et mes gros sabots. Elle me plait. Elle me plait au point que j’en oublie mes principes … comme celui de ne surtout pas tomber amoureuse. Je crois qu’il est trop tard et que je suis en train d’éprouver ce que l’on appelle un coup de cœur. Peut-être que cela vient de là quand on dit que Cupidon vous perce de sa fameuse flèche.
« T’as l’air de quelqu’un que tout le monde aime et regarde. »
Je penche la tête sur le côté tout en venant glisser mes mains dans les poches arrière de mon jean. Quelqu’un que tout le monde aime ? Pas sûr mais que tout le monde regarde sans aucun doute. Le tout est une stratégie. Quand on est bruyante comme moi, on se focalise sur vos sourires, vos rires, vos blagues, vos tenues un peu farfelues et on ne s’attarde pas sur vos traits fatigués, sur ces instants où vos pensées se dispersent. Exagérer, porter un masque, être le clown : ne laisse voir que ce que l’on veut bien laisser paraitre. « Ton aura est puissante. » vient-elle conclure avec le plus grand sérieux et ses mots me coupent l’herbe sous le pied. Elle est parvenue à me clouer le bec. Je ne dis rien. Pas tout de suite. Je la fixe comme pour essayer de percevoir ce qu’il se passe dans son esprit. J’essaie.
« Heu … », dis-je pour essayer de me lancer mais je me rends vite compte que je me suis lancée bien trop tôt, que je ne sais absolument pas quoi répondre ni même dire. Mon regard se baisse et j’étouffe un rire amusé, gênée. Relevant la tête, un sourire a pris possession des traits de mon visage. « Je pense que c’est la première fois que je ne sais pas quoi répondre. » L’explosive Jolene a laissé place à une autre, une apparemment plus calme et sans doute plus humaine, plus réelle. Une main s’échappe de sa prison de tissu pour venir se passer dans mes cheveux, j’essaie de reprendre mes esprits et surtout reprendre le contrôle de la situation. Ce n’est pas dans mes habitudes d’être à ce point déstabilisée et alors que je me pince les lèvres, je change d’avis : ne pas avoir le contrôle … avec elle … ça en devient une aventure à laquelle je veux volontiers participer. « J’ai sans doute trop abusé de l’alcool pour dire quelque chose de raisonnable et choisir avec soin mes mots … » Je m’approche d’un pas sans la quitter du regard. « Avec toi, j’ai pas envie de faire de conneries – j’ai envie de faire les choses bien comme il faut et je me demandais si tu serais partante pour qu’on se voit ailleurs ... » Mon regard se plonge davantage dans le sien et je finis par répéter pour être le plus clair possible : « ouais, je suis en train de te proposer un date en version old school et je n’en ai même pas honte. » Si elle a des doutes, avec ces quelques mots, elle ne devrait plus en avoir. Pourtant, je ne cille pas. Il fut une époque où cela m’aurait effrayé et engendré une horde de questions comme : et si elle n’est pas homosexuelle ? et si je l’effraie et qu’elle part en courant ? aujourd’hui, je fais confiance à ce fameux radar et ne cille pas.
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début 2008. ☽ Ton habitude à vouloir cerner les gens dans la seconde avait été mis à rude épreuve face à Jolene. Elle était rentrée dans la pièce le jour de la rentrée, et tout le monde s’était retournée pour la regarder. De ton côté, on t’avait assigné une tâche en groupe, elle avait été la leader sans même savoir de quoi elle parlait. Tu l’avais remarqué, mais à l’inverse tu étais étonnée de voir qu’elle aussi t’avait remarqué, plus que les autres. Un peu intimidée, tu l’avais suivie dans son délire et maintenant que la pression retombait, et que l’alcool coulait dans tes veines, tu osais un peu plus t’ouvrir, lui offrant même des sortes de compliments. « Heu… » Son regard te transperçait et pourtant tu arrivais à comprendre que tu venais de la surprendre, tu étais plutôt fière de ton coup même si maintenant tu ne te souvenais même plus de comment tu avais réussi à en arriver là. « Je pense que c’est la première fois que je ne sais pas quoi répondre. » Tu te mets à rire, observant chacun de ses traits et bombant finalement la poitrine ressentant une certaine fierté. Elle était un sacré numéro, le genre de personne que l’on écoutait sans se forcer, et qui arrivait à parler des heures sans s’arrêter – pourtant, tu venais de la surprendre. « J’ai sans doute trop abusé de l’alcool pour dire quelque chose de raisonnable et choisir avec soin mes mots … » Elle s’approchait de toi, et tu ne reculais pas. Toi qui étais de nature peu docile et difficilement approchable, comme hypnotisée, tu la laissais rentrer dans ton cercle vital. « Avec toi, j’ai pas envie de faire de conneries – j’ai envie de faire les choses bien comme il faut et je me demandais si tu serais partante pour qu’on se voit ailleurs ... » Ton regard bleuté et troublée venait rencontrer le sien. « ouais, je suis en train de te proposer un date en version old school et je n’en ai même pas honte. » Tu ne t’étais jamais posée de questions quant à ta sexualité et alors qu’elle te pose cette question aussi naturellement qu’il en était possible, tu te demandais si alors tout le monde savait que tu pouvais aimer n’importe qui, et que la seule qui n’était pas au courant, c’était juste toi-même… Tu vins passer ta langue sur tes lèvres, ton regard déviant derrière elle un instant pour trouver une certaine contenance que tu n’avais plus. C’était donc ça ce que tu ressentais ? De l’attirance ? Pour une femme ? Ta main resserrait le verre de rhum, et ton autre main vint se glisser dans la poche arrière de ton jeans, tu sentais tes joues rougir, probablement gênée et terriblement intimidée par Jolene. « On peut se voir ailleurs, oui, ça serait cool » finis-tu par dire replongeant tes yeux dans les siens, tu n’étais pas obligée de lui raconter encore que tu n’avais jamais fait ça, tu étais juste intriguée de voir ce qu’elle pouvait t’apporter, et tu avais bien envie de la voir dans un autre contexte. « J’aime bien le old school, vintage. » ajoutas-tu sous un trait humoristique, un sourire mutin au coin des lèvres pour tenter de détendre un peu l’atmosphère. « Tu as une idée d’où et quand ? » demandas-tu finalement, ne sachant ce qu’elle avait réellement en tête.
Mon regard se plante dans le sien et j’attends. J’attends sans ciller sa réponse. Pas besoin qu’elle soit verbale, faite d’une tonne de mots. Non, je me concentre sur la moindre de ses réactions. Cette langue qui se passe sur ses lèvres. Ce regard qui dévie pour essayer de dissimuler les conséquences de mon invitation on ne peut plus honnête et franche. Je l’ai perturbée. Mon invitation lui fait de l’effet. Positif. Négatif. Peu importe, je m’en fous, l’essentiel est que je viens de la bousculer. Maintenant, je n’ai plus qu’à attendre que les mots sortent, que je puisse me faire un véritable avis, que je sache. On pourrait y ajouter un petit jingle. J’attends mais je ne la quitte pas du regard. J’attends impassible mais au fond de moi, c’est la panique. Les sens sont aux aguets. Mon palpitant va finir par se retrouver à ses pieds. Il faut qu’elle réponde. Maintenant. « On peut se voir ailleurs, oui, ça serait cool » Si ses joues avaient pris une teinte rose, mes lèvres couleur carmin s'étiraient en un large sourire radieux, ravi et soulagé. Soulagée de ne pas me voir prendre une porte radicale en pleine tronche. Cool. Il y a mieux comme mot pour définir le fait que je viens de l’inviter pour un rendez-vous galant mais cool est suffisant pour me soulager et me rassurer. Elle n’allait tout de même pas sauter au plafond et me faire une danse de la joie ? J’aurais préféré, j’aurais aimé même … mais il n’y a que dans mes rêves sous herbe et alcool que ce genre de trucs se passent, il faut bien l’avouer. « niquel », c’est ce que je suis parvenue à placer tout en essayant de ne pas imploser de bonheur. « J’aime bien le old school, vintage » Un rire s’échappe de mes lèvres alors qu’elle vient de m’attendrir plus que de raison. « Tu as une idée d’où et quand ?»
« Heu … ouais, il y a une expo d’art contemporain sur Spring Hill, je me disais qu’on pourrait aller y faire un tour, jouer les érudits avant d’aller faire exploser notre taux de glucose dans le sang chez O’Donnell. Ils ont les meilleurs milkshakes de la ville. » que je réponds avec le plus grand naturel, reprenant doucement mes aises. « Mercredi ? » Je lui demande tout en levant un sourcil, priant tous les dieux de toutes les religions pour qu’elle soit disponible. « Oh et il va falloir que tu me files ton numéro … » dis-je en sursautant presque, sortant de ma poche un téléphone que je débloque pour finalement le lui tendre, me pinçant les lèvres. « Promis, j’en ferais bon usage et je vais l’utiliser avec parcimonie. » La laissant pianoter sur mon téléphone, je lève les mains en ajoutant dans un éclat de rire pour détendre l’atmosphère : « les poèmes et les drôles de photo, je les envoie qu’à partir du troisième date»
Quoi ? Les poèmes romantiques ? A partir du troisième date ? Je n’ai jamais eu de troisième date. Les relations qui durent et se comptent en date, ou démarrent après plusieurs dates : une terre inconnue.
... that you're the hottest biscuit this side of the gravy boat.
début 2008. ☽ Tu te laissais porter par le moment sans réellement comprendre et assimiler ce qui se passait. La fille qui était rentrée dans l’amphithéâtre avec une telle attitude que tout le monde s’était retourné sur son passage, t’accordait plus d’attention que de raison. Tu ne comprenais pas réellement ce qui se passait, mais l’alcool te permettait de ne pas trop stresser. Toi qui avais l’habitude de devoir tout analyser et contrôler, tu apprenais à ce moment-là à lâcher prise, ce qui ne te ressemblait pas vraiment en réalité. Elle te fixait, et tu finissais par lui répondre, essayant d’être aussi naturelle que possible. « Niquel » Jolene ne devait pas essuyer beaucoup de refus de toute façon, au vu de la manière dont elle arrivait à captiver l’attention de tout le monde, tu te retrouvais perplexe à l’idée qu’elle se soit arrêtée sur toi. Mais tu ne savais même pas quelle était la nature de cette invitation… mais tu tentais tout de même de la jouer cool, lui demandant si elle avait une idée de quoi faire. « Heu … ouais, il y a une expo d’art contemporain sur Spring Hill, je me disais qu’on pourrait aller y faire un tour, jouer les érudits avant d’aller faire exploser notre taux de glucose dans le sang chez O’Donnell. Ils ont les meilleurs milkshakes de la ville. » Bien sûr qu’elle savait quoi faire, elle avait toujours dix coups d’avance. « Mercredi ? » La bouche entrouverte, tu essayais de réfléchir correctement, de repenser à ton emploi du temps pour éviter les foudres de tes proches si jamais tu avais déjà quelque chose de prévu. « Après le CM ? » demandas-tu comme confirmation, vous partagiez la plupart des modules d’informatique, et donc presque le même emploi du temps, c’était pour être sûre de ne pas se louper, et lui mettre un vent involontairement. « Oh et il va falloir que tu me files ton numéro… » Tu n'avais pas réellement le temps de réagir que son téléphone était déjà entre tes mains, tu pianotais ton numéro en l’enregistrant à ton nom. « Promis, j’en ferais bon usage et je vais l’utiliser avec parcimonie. » Tu levas la tête pour croiser son regard pétillant. « les poèmes et les drôles de photo, je les envoie qu’à partir du troisième date» Date ? Tu n’étais pas sûre d’avoir bien saisie l’information. Mais qu’étais-tu en train de faire ? Toi Ethelyn Hartfield, celle qu’on ne voyait jamais, hétérosexuelle jusqu’au dernière nouvelle, tu étais en train de prendre un rendez-vous galant avec une nana ? Comment allais-tu annoncer ça ? Peut-être qu’il n’y aurait rien à annoncer, peut-être juste que c’était de la curiosité, peut-être que tu essayais juste quelque chose qui t’intriguais et que tu te rendrais compte que ce n’était pas fait pour toi. Peut-être qu’un jour finalement, tu arrêterais de te poser un milliard de questions et que tu finirais par vivre : « Je te fais confiance, à mercredi. » que tu lanças d’un air enjoué comme si tu savais de quoi tu parlais, tu lui rendis son téléphone en venant lui faire un bisou sur la joue, probablement engrainée par l’alcool dans ton sang, tu te sentais pousser des ailes, faisant demi-tour pour éviter tout eye-contact avec elle, et te prendre la honte de ta vie. Allez, hop, emballé c’est pesé, tu allais te faire t’oublier le plus vite possible.