L'insolite colocation

w/ @Kalon Yoon
28 mai 2022.

C

onsole allumée, game lancée, t’es complètement dans ta bulle. Journée de repos, parfait. Même pas de répétition de danse. Une journée vraiment pour toi. Pieds sur la table base, complètement concentré, tu es parti pour jouer à ce nouveau jeu vidéo jusqu’à pas d’heure et tant pis si demain, t’es crevé au boulot. Cependant le destin en décidé autrement. Ou peut-être pas le destin en fait. Juste toi et ta non organisation qui avez oublié un événement assez important.
La sonnette qui retentit, tu n’attends personne. Soupir. Faire semblant d’être absent, en voilà une bonne idée. Tu restes le plus silencieux possible en espérant que la personne qui se trouve derrière la porte se barre rapidement. Sauf que ça n’a pas l’air d’être le cas. Ca sonne encore. Tu grognes. Qu’il ou elle se casse. Puis d’un coup, il y a un élan de lucidité. Une sorte de doute qui s’installe. Aussitôt tu jettes un coup d’œil à ton téléphone, l’appli agenda plus précisément. Arrivée colocataire. Eh merde, si ça se trouve c’est lui. Surtout que le propriétaire n’a jamais vraiment donné l’heure d’arrivée. Tu quittes rapidement ton canapé pour aller enfiler quelque chose de plus décent aka un jogging. Parce qu’accueillir ton ou ta colocataire en boxer et tee-shirt, ce n’est peut-être pas la meilleure idée. Après être correct, tu te pointes devant la porte pour venir l’ouvrir. D’un coup, tu te retrouves nez à nez avec un homme. Tu ne peux t’empêcher de le regarder de haut en bas pour l’inspecter légèrement. Tu as l’impression que tu vas te retrouver à vivre avec un chieur. Il n’a pas l’air dans ce mood du je m’en foutisme. Tu es clairement mal barré. "Salut. Désolé d’avoir tardé pour ouvrir la porte, j’ai pas entendu la sonnette, j’avais mes écouteurs dans les oreilles." Fausse excuse qui devrait passer normalement. Une colocation qui débute sur un mensonge, c’est parfait ça ! Enfin, ce n’est qu’un petit mensonge, tu n’en es pas à ton premier, ce n’est donc pas bien grave. "Vas-y rentres, s’cuse, c’est un peu le foutoir." Bah ouais, Sun, ça fait bien longtemps que tu n’as pas rangé cet appartement. Et puis tu as surtout pris goût à vivre en solitaire, donc le ménage est passé au dernier rang des choses à faire. Et tu comptes bien continuer à vivre de cette manière alors le petit nouveau va devoir s’y faire. Mais si ce dernier rechigne à ce que tu fasses régulièrement le ménage, tu vas souffler.
Tu le laisses découvrir la pièce qui vous sert de salon mais aussi de cuisine. Tu cherches à lire dans ses gestes ce qu’il peut bien penser de l’appartement. A moins qu’il ait visité l’appartement durant une de tes absences parce que tu n’as pas le souvenir de l’avoir accueilli pour tâter le terrain. "Tu connais déjà l’appart ou faut que je te fasse la visite ? Le proprio a été assez avare sur les infos…" Puis c’est bien, en jouant au mec sympa, tu ne passes pas pour le type bougon, vite saoulé de tout voire pire pour l’asocial du quartier.

Nouvel emménagement, nouvelle vie ? Kalon ne réagit pas avec ce genre de façon de penser, il voit plus son emménagement comme un autre style de vie à avoir. Ce n’est pas qu’il en a marre de vivre avec monsieur et madame Sweeney mais il est temps qu’il se trouve un appartement pour lui. C’est pour cela qu’il a regardé les annonces immobilières quotidiennement. Après quelques visites, une agence lui avait trouvé une colocation. S’il n’était pas parti pour faire une coloc dans les premiers temps, il était assez désespéré pour accepter. Au moins il devra apprendre à vivre avec un inconnu. C’est pour cela qu’aujourd’hui il avait rendez-vous pour emménager. Il a quelques affaires dans sa voiture, peu de choses restent sur les Sweeney. Il n’a pas grand-chose, il ne s’est jamais encombré de beaucoup d’affaires. Au fil du temps il a su conserver les seules choses essentielles. Il va de toute manière devoir faire des achats pour tout ça mais tant qu’il a un lit dans un premier temps, ça lui va, il ne débarque pas non plus dans un lieu vide normalement.
Devant l’appartement, il sonne une première fois avant de se demander s’il est bien à la bonne adresse. Aucune réponse, personne pour l’accueillir. Il n’attend pas qu’on lui déroule le tapis rouge mais qu’on vienne au moins lui ouvrir. Il tente alors de sonner, encore une fois et tandis que Kalon allait faire demi-tour, la porte s’ouvre. Un homme de plus ou moins son âge lui ouvre et il comprend qu’il est au bon endroit. On a toujours dit à Kalon de ne pas juger au premier coup d’œil mais ils n’ont pas l’air d’avoir beaucoup de points communs ces deux-là. « D’accord, je n’étais pas certain d’être au bon endroit ! » Il ne va pas faire de remarque, pas maintenant, pas à la première seconde où ils se rencontrent. Le mot ‘foutoir ‘ vient résonner dans ses oreilles et ça ne l’enchante guerre. Ce n’est pas qu’il soit manique mais beaucoup quand même. Mais bon, il a besoin d’un appartement alors il ne veut pas s’arrêter sur cette première impression. Il regarde le moindre détail et il lui faut un effort monstre pour ne pas montrer de grimace à la vue de trucs qui trainent. Kalon va vraiment devoir faire sûr lui mais il ne rebrousse pas le chemin. Il s’aventure dans l’appartement qui va devenir le sien. « J’ai vu quelques photos mais pas plus donc je veux bien que tu me fasses le tour ouais » il n’a pas osé ajouté qu’il aimerait bien voir aussi les règles entre eux. Non, il ne veut pas être chiant, il doit prendre sur lui. C’est ce qu’il n’arrête pas de se répéter. « Au fait je ne sais pas ce qu’ils t’ont dit sur moi, je suis Kalon ! » Ce n’est pas avec son prénom qu’il va en savoir beaucoup sur lui mais c’est un début. « Tu vis l'appart depuis longtemps ? » C’est assez gênant pour l’instant, comment deux inconnus totalement différents vont devoir s’apprivoiser et apprendre à vivre ensembles. Enfin, en espérant que ça se passe bien en tout cas.

@Sunan Erckens

L'insolite colocation

w/ @Kalon Yoon
28 mai 2022.

L’

homme qui se trouve devant la porte devient un peu une bête de foire quand tu te mets à le dévisager. Tu ne devrais pourtant pas être surpris de son arrivée puisque tu as été prévenu mais non, il faut toujours que tu oublies les dates importantes et celle-là en est bien une. "Ouais, c'est le bon endroit... Désolé encore d'avoir tardé à ouvrir." Tu te dis que t'excuser encore devrait faire passer cette attente que le nouvel arrivant a connu. Puis tu décides de te faire bien voir en lui demandant s'il a déjà fait le tour mais le jeune homme répondant à la négative, te voilà transformé en guide touristique de ton propre appartement. Tout ça parce que le propriétaire n'est pas capable de faire lui même la visite. "Ok.. Ouais, je vais te montrer..." Tu n'es pas très enthousiaste, tu devrais y mettre un peu plus du tien si tu ne veux pas que ce colocataire se tire aussi vite qu'il est arrivé. Tu le laisses un instant découvrir ce qui vous sert de pièce principale, et tu peux voir dans son regard que ta manière de vivre laisse quelque peu à désirer. Tu ne dirais pas qu'il en est dégoûté mais tu sens bien que tu vas devoir bousculer un peu tes habitudes si vous voulez cohabiter correctement. Celui qui se prénomme Kalon a l'air complètement différent et tu ne sais pas si ça collera réellement entre vous. La seule chose commune que vous pouvez avoir c'est ce nom original que vos parents vous ont donné. "Ouais nan, vraiment j'ai pas eu beaucoup d'infos sur toi... Le proprio est vraiment chelou... Mais ton nom je savais !" Enfin, ça c'est ce que tu dis mais le rappel était clairement de rigueur. "Moi, c'est Sunan, enfin je pense que tu le sais déjà." Premier sourire, peut-être parce que tu es un peu fier de la connerie que tu viens de dire. "Ouais, ça fait un petit moment maintenant, j'ai même eu un coloc avant mais il s'est vite barré, soit disant casé avec une meuf. Et depuis plus rien et comme le propriétaire cherchait pas de nouveau locataire, j'ai bien cru que j'allais garder l'appart pour moi tout seul !" Mais ce n'était que partie remise puisque Kalon se trouve maintenant devant toi.
"Bon avant de faire le tour de l'appart, je te montre ta chambre comme ça tu poses tes affaires dedans ?" Et avant même qu'il ne réponde, tu lui tournes le dos pour aller vers la pièce qui lui servira de petit cocon. Tu te plantes devant une porte, celle qui se trouve être la plus au fond du couloir puis tu l'ouvres. Tu aurais clairement pu ouvrir la fenêtre durant la journée pour retirer un peu cette odeur de renfermé. Kalon va te détester. Alors aussitôt, tu vas vers la fenêtre pour l'ouvrir. "Voilà, c'est ta piaule. On a chacun une clé pour la fermer si besoin... La tienne est sur le bureau. T'as ton jeu de clés de l'appart quand même ?" T'es sûr de rien puisque le jeune homme a sonné pour rentrer.

Il est encore temps de reculer, il a quelques jours avant de faire opposition au contrat et conserver l’avance du loyer mais il veut bien lancer sa chance à cette colocation qu’il a trouvé. De toute façon il ne doute pas qu’il trouvera des failles dans le contrat s’il veut partir plus tard sans que ce soit à perte. C’est assez utile de travailler dans le droit pour cette raison. « Ca fait rien » il n’est pas très loquace pour l’instant, il se contente de regarder à droite et à gauche l’appartement qui est désormais le sien, ou du moins une partie de celui-ci pour il ne sait combien de temps. Il vient à peine d’arriver qu’il comprend déjà que la colocation ne va pas se passer sans le moindre accroc. Quand un accroc de la propreté partage son toit avec quelqu’un qui ne l’est de toute évidence pas, c’est pas facile. Mais Kalon va devoir faire des efforts et il espère qu’il ne sera pas le seul à en faire. « Bon c’est déjà ça » ils savent le nom l’un de l’autre même s’ils ont pas forcément retenu mais c’est toujours mieux de se présenter. « Je vois, t’as eu le temps de faire des marques et avoir tes habitudes du coup. Moi je compte pas partir avant un moment » normalement, il ne sait pas de quoi l’avenir est fait et puis, si leurs tempéraments vont coller. Kalon n’est pas très expressif mais en général il arrive à supporter le caractère des autres. Du moins jusqu’à un certain stade, avant que ce soit la goutte d’eau de trop. « Et ça va pas te manquer d’être seul ? » il demande comme ça alors que Sunan lui montre la pièce qui lui servira de chambre, sans doute là où il passera le plus de temps sans aucun doute. Timide non, solitaire un peu quand même. La pièce n’est pas ouf mais assez grande pour qu’il puisse faire quelque chose et mettre un minimum de déco. Déposant les quelques affaires qu’il avait directement prises avec lui, au moins ça sera plus simple. « D’acc ça marche. Ouais j’ai les clés de l’appart mais bon je me voyais pas débarquer comme une fleur et risquer d’interrompre je ne sais quoi ! » Il est honnête, on sait jamais sur quoi il aurait pu tomber s’il n’attendait pas son arrivée tout de suite et qu’il était arrivé sans frapper. D’ailleurs en parlant de ça ils vont devoir poser quelques règles mais il ne veut pas faire le casse pied maintenant, déjà qu’il est assez froid comme une porte de prison Kalon. « Bon, j’vais confirmer avec le proprio que j’emménage alors, en espérant que ça colle » la cohabitation, leurs caractère tout ça tout ça. C’est toujours bizarre de vivre avec un inconnu mais c’est toujours mieux que de prendre un appartement seul avec un seul salaire qui s’apparenterait à un semblant de cagibi. Suivant Sunan pour le reste de la visite il essaye de faire un peu la conversation, s’ouvrant peu à peu « Et tu fais quoi dans la vie Sunan du coup ? » Faut bien commencer à apprendre à se connaitre sinon les silences seront de plombs quand ils ne seront que tous les deux au quotidien.

@Sunan Erckens

L'insolite colocation

w/ @Kalon Yoon
28 mai 2022.

I

l ne sera pas un coloc de passage. Il a bien l’intention de poser ses valises pendant un petit moment. C’est chiant. C’est dans des moments comme celui là que tu te dis qu’un appart pour toi serait plutôt pas mal mais les loyers élevés te rappellent rapidement à l’ordre. La colocation perdurera encore longtemps. "En effet, mais ça me fait toujours un peu bizarre de voir les autres partir et de découvrir de nouvelles têtes mais bon, tu me diras, c’est un peu ça le principe de la colocation." Et les départs, les arrivées, il faut faire avec. Même si ça bouscule tes habitudes à chaque fois. Une nouvelle personne égale un nouveau fonctionnement. Et il arrive malheureusement que ça ne fonctionne pas toujours, comme ce fut le cas avec l’ancien colocataire. Alors malgré l’appréhension de l’arrivée de Kalon, tu espères que la bonne entente sera présente entre vous deux. Tu hausses les épaules, ne sachant pas trop quoi répondre. Il faut dire que ta tranquillité vient d’être totalement bousculée par le nouvel habitant mais l’adaptation est de rigueur. Tu ne peux pas lui dire de se barrer juste pour satisfaire tes petites habitudes d’ermite. "Oh bah on va essayer de retrouver les bonnes vieilles habitudes, hein ! M’en veux pas si tu vois que je mets un peu de temps à me réadapter." Au moins, le Kalon est prévenu qu’il fait face à un mec qui galère plutôt pas mal avec la sociabilité.
Tu le conduis jusqu’à sa chambre pour lui expliquer le fonctionnement cette petite clé qui vous permet de créer une véritable intimité. D’ailleurs la tienne, de chambre, est une véritable grotte et il est préférable au nouvel arrivant de ne pas s’y aventurer s’il ne souhaite pas être choqué. Peut-être qu’un jour, tu devrais te mettre à la ranger. Tu pouffes un léger rire à la réponse de ton colocataire. Il n’a pas tords, s’il avait dérangé quoi que ce soit, cette rencontre entre vous aurait davantage été gênante qu’elle ne l’est maintenant. "T’as bien fait, oui !" Même si en vrai, tu ne reçois jamais grand monde dans ton appartement, préférant carrément la solitude. Ceux qui viennent, quand tu y penses, c’est juste ton groupe de danse. "Ca marche. Ouais, on verra bien." Tu lui laisses un mois pour faire ses preuves. Et si l’un doit partir, ça sera lui, pas toi.
Tu vogues à travers l’appartement pour lui montrer les différentes pièces et le tout est rapidement fait. Il n’est pas non plus hyper grand votre appartement. "J’bosse dans une épicerie asiatique qui se trouve dans le quartier. J’suis un peu le cliché de l’asiat qui vit et qui bosse dans le quartier asiat’." Tu lâches un léger rire avant de rajouter plus sérieusement "Et je fais de la danse à mes heures perdues." Entendre ici que tu n’es pas vraiment présent à l’appart, qu’il sera tranquille comme ça. "Et toi, tu fais quoi ?" En l’inspectant, tu essaies de deviner le domaine dans lequel il travaille et tu as l’impression que lui n’a pas signé de CDD dans la boutique du coin de la rue. Tant mieux pour lui, s’il a réussi dans la vie. Vous retrouvant à nouveau dans la cuisine ouverte, tu ouvres le frigo pour proposer quelque chose à boire "T’es du genre à boire des sodas ou bien de l’eau ?" Pitié qu’il fasse partie de la team pizza, mal bouffe et sodas que tu te mets alors à penser.  

Ça serait beaucoup plus simple que Kalon trouve son propre chez soi ou bien qu’il tisse des liens avec quelqu’un avant de faire une colocation mais il en a marre de squatter à droite et à gauche et ça commence à lui revenir cher les chambres d’hôtel qu’il se paye de temps en temps pour se retrouver seul. Il était à deux doigt l’autre jour de dormir au travail, de toute manière il bosse tard mais quand même, il ne voulait pas en arriver là. Kalon il aime bien tout contrôler et à cet instant ce n’est pas du tout ce qu’il se passe. Ça le rend un peu anxieux mais ça se voit pas. On pourrait dire que c’est à cause de cela qu’il est aussi peu loquace mais non, ça aussi ça fait partie de sa personnalité. « Oui c’est sûr, au moins tu te sens bien chez toi ! » Kalon lui faudra quelque temps d’adaptation pour qu’il se sente chez lui et de ne pas être un squatteur. Son nom est sur le bail c’est bon, on ne pourra pas lui faire sentir qu’il est de trop. Mais d’un autre côté, il aura toujours l’impression d’être le deuxième arrivant, il ne pourra pas imposer sa loi sans laisser le choix non plus. Tel un associable il avoua « T’en fais pas je risque d’être pas mal dans ma chambre ! » Il n’explique pas pourquoi mais ça se voit un peu, la solitude il aime ça. Il aime se retrouver seul avec ses pensées même si c’est pas pour autant qu’il est casanier. Au contraire plus il est dehors, ou surtout au taf et plus il se sent bien. Peut-être pour ça qu’il a presque pris le premier appartement décent qu’on lui proposait car il compte pas y passer ses journées non plus. Regardant plus en détail les pièces et surtout sa chambre qui sera sienne, il n’a pas grand-chose à y dire. Il y a le strict minimum, ce dont il a besoin en somme. Pas besoin de plus non plus. « Moi je suis l’autre penchant du cliché, le bosseur, je suis avocat » ce qui pourrait l’étonner. Pas parce qu’il n’a pas le look qui va avec mais bien pour la pensée qu’il a un bon salaire normalement. C’est le cas oui, mais il reste un débutant et les loyers dans le coin sont pas donné. Il n’a pas non plus envie de tout foutre dans un loyer exorbitant. « Tu fais de la danse seul ou t’as un groupe ? » il s’y connait absolument pas, mais faut bien apprendre à se connaitre un minimum. De retour dans la cuisine, il prend un peu plus ses aises même si ça ne sera pas ça directement. « Tout tant qu’il y a su sucre » avoue-t-il. Bon l’alcool il peut en boire des litres mais plus occasionnellement. Par contre les sodas, pas besoin d’occasion particulière. « t’es le genre à faire des soirées souvent ? » Ou, comment détourner la question sur le fait que ses potes viendront souvent mettre le bordel ou non. Il ne veut pas non plus passer pour le relou directement, juste le curieux

@Sunan Erckens

L'insolite colocation

w/ @Kalon Yoon
28 mai 2022.

T

u ne peux pas le nier, tu te sens clairement chez toi. Il faut dire que tu as été un des premiers à mettre les pieds dans cet appartement et personne ne t’a remplacé depuis. Tu fais partie des meubles maintenant. Tu souris à ton interlocuteur avant de lui répondre "C’est clair ! En espérant que ça le soit pour toi aussi, même si ton colocataire donne l’impression d’un rustre." Tu l’es, Sun, tu ne donnes pas juste l’impression. Mais bon, cela n’a pas l’air de l’effrayer tant que ça le nouveau. Surtout qu’il a l’air d’être comme toi sur certains points comme par exemple le coup de rester dans sa chambre. Tant mieux que tu te mets à penser, j’aurais le canapé rien que pour moi. Car si ta chambre est un peu ta grotte, ton environnement principal, le sofa, c’est un peu ton deuxième lit. Tu y passes bien trop de temps à cause de cette console qui traine à côté de la télé. Si ta vie pouvait se résumer en deux mots : les jeux vidéo et la danse. Ok, trois en fait, il ne faut pas oublier la moto. Ton petit bijou. "Je vois ! On risque de pas se croiser souvent alors si on sort pas tant que ça." Tu mèneras donc ta vie comme bon te semble dans le salon. Ou alors le jeune homme en face de toi sera curieux et viendra jeter un coup d’œil. Tu verras.
"Ah oui en effet ! Nous sommes vraiment deux clichés ambulants." dis-tu pour blaguer mais au fond de toi, tu n’oublies pas l’info cruciale qu’il vient de balancer. Avocat. Il pourra donc peut-être t’aider dans cette nouvelle entreprise qui n’est autre que sauver ta mère. "Ca fait longtemps que tu exerces ?" demandes-tu alors pour en savoir un peu plus et cela uniquement par intérêt. Tu aimerais d’ailleurs le bombarder de questions, surtout lui demander sa spécialité mais ne l’effraies pas tout de suite. Ton histoire est bien trop compliquée pour tout lui raconter maintenant. Mais le fait d’avoir un avocat chez toi, tu vois cela comme un signe. Sans le savoir Kalon vient d’attiser cette flamme qui sommeillait en toi.
Quant à ton nouveau colocataire, il s’intéresse davantage à cette passion qui t’anime, et est ce que ça te fait plaisir d’en parler ? Carrément. Car s’il y a bien une chose dont tu es fier, c’est ton groupe de danse. "En groupe. On a formé la team, on était au lycée." A chaque fois, tu le précises pour montrer qu’aujourd’hui vous êtes plus une famille qu’un simple groupe, pour montrer que vous avez vécu tout un tas de choses ensemble.  
"Donc si je comprends bien, tu mets du sucre dans l’eau ?" Tu ne peux t’empêcher de lui faire la remarque avec ce qu’il vient de dire. Même si tu te doutes bien qu’il ne sucre pas son eau, c’est une façon de parler. "Des soirées ? Presque jamais, de temps en temps les gars passent mais c’est rare et je préviens quand c’est le cas. On préfère faire faire nos soirées au studio, on est tranquille comme ça. C’est même presque devenu une règle de bienséance. Et toi, t’es du genre à faire des soirées ?" Tu sors alors deux canettes de soda du frigo et les poses sur le plan de travail. Par habitude, tu ne sors pas de verre, ouvres ta canette pour prendre une gorgée. L’ours qui ne pense qu’à lui est de retour. Ou presque car tu captes rapidement que certains préfèrent boire dans un verre. "Ah oui, merde, tu veux un verre peut-être ?" S’il le souhaite, tu lui indiqueras le placard pour qu’il apprenne où trouver la vaisselle.

Ce début de colocation n’a rien de naturel mais il leur faudra du temps avant de voir s’ils arrivent ou non à s’adopter. Pas besoin de bien connaitre une personne pour vivre ensemble, ni même de devenir les plus grands amis, pourvu qu’il y a du respect et un minimum d’entente c’est ce qui compte. De toute façon, ça peut briser certaines amitiés d’emménager ensemble alors vivre avec un parfait inconnu, ça lui va à Kalon, même s’il sait que selon quelques détails il pourrait repartir vite fait bien fait. « On verra bien ! » dit comme ça on pourrait trouver Kalon assez froid mais en réalité c’est juste qu’ils vont devoir laisser le temps agir avant de voir s’il se sent comme un poisson dans l’eau par ici. Mais bon, s’ils vivent chacun leur vie de leur côté, ils ne devraient pas être très gênant l’un pour l’autre. « C’est vrai, après je passe pas mal de temps au travail donc je vais pas être dans tes pattes souvent si ça peut te rassurer ! » la solitude, il aime ça, il ne la fuit pas. Il trouve toujours quelque chose à faire pour s’occuper, l’ennui il ne connait pas même enfermé entre quatre murs. Puis, c’est loin du regard des autres qu’il se sent être lui-même. A trop vouloir cacher qui il est, il se referme sur lui-même depuis trop longtemps maintenant pour que ça change. Kalon est habitué aux clichés, ayant grandi dans plusieurs pays, il en a entendu des belles alors il en plaisante sur le coup même si les clichés ne font pas toujours rire. Mais les coréens sont réputés pour beaucoup travailler et Kalon ne fait pas exception à la règle. « Quelques années maintenant mais j’étais à Séoul. Ça fait presque un an que je bosse ici ! » Le travail reste le même, mais les collègues et la façon de travailler des entreprises sont différents. Il ne s’attarde pour le moment pas sur le sujet, posant des questions à Sunan. Parler des autres est toujours plus simple pour quelqu’un d’aussi mystérieux qu’est Kalon. « Ah oui je vois ça commence à dater votre groupe. C’est pas difficile de toujours vous entendre ? » pour un solitaire comme lui, c’est un mystère. Il en a des potes depuis des années mais ce qui lui réussit c’est de pas se voir très, trop souvent, sinon les prises de tête pour des broutilles prennent place. Mais bon, tout le monde n’est pas pareil. Heureusement. Plus il parle et plus annonce la couleur : c’est un solitaire. Kalon fronce les sourcils, soit il est mal réveillé soit ils se sont mal compris. « Bah tout ce qui est soda, jus ou boisson sucré quoi. » répond-il simplement en haussant des épaules. Lui il est bien le style à inonder son café de sucre avant de le boire. Ça l’arrange de se dire qu’il ne fait pas beaucoup de soirée, au moins ça ne va pas être un champ de guerre tous les matins et il pourra dormir sans forcément sortir les boules quies. « Non, si j’ai une soirée c’est surtout en ville ! » il préfère les soirées au bar que chez lui. Peut-être parce que c’est l’occasion aussi de sortir de sa grotte. Puis aussi ça évite la corvée du ménage juste après. « T’inquiètes faut que je fasse comme chez moi » après tout il l’est. Avec ses index et son air interrogatoire il l’interroge sur l’endroit. Bingo, la première porte qu’il ouvre. Se servant du soda, il prononce avant d’en boire une gorgée. « A notre colocation alors, à voir combien de temps elle dure ! » Une semaine, un mois, un an, plus ? Il ne sait pas mais on peut le féliciter de faire un effort à parler et non pas filer droit dans sa chambre dès le départ.

@Sunan Erckens

L'insolite colocation

w/ @Kalon Yoon
28 mai 2022.

P

etit rire qui s'échappe, légère satisfaction voire même une petite victoire. Apprendre qu'il sera peu présent dans l'appartement t'arrange bien. Au fond de toi, tu le remercies d'avoir un emploi qui lui prend énormément de temps. Tu vas presque pouvoir vivre comme d'habitude, mais tu ne pourras plus le transformer en grotte comme tu le faisais avant. Un minimum de savoir vivre est, maintenant, requis. Sinon, tu sens qu'un côté ultra maniaque apparaîtra chez ton interlocuteur. Simple intuition mais c'est le sentiment qu'il fait transparaître. "On ne se croisera donc vraiment pas souvent." réponds tu alors en guise de conclusion.
Séoul… Un expatrié donc. Tu l’envies un peu. Lui a pu bouger de son plein gré, découvrir un nouveau continent… Peut-être même qu’il a déjà voyagé. Chanceux qu’il est. Dans le fond, tu aimerais l’écouter te raconter ses histoires de là-bas, qu’il te fasse un peu rêver, toi qui n’as jamais mis les pieds autre part qu’en Australie. Et non, ton voyage entre la Tasmanie et Brisbane ne compte pas comme un trajet de rêve. C’était une course contre la montre, un jeu de cache-cache entre gentils et méchants. Et tu ne préfères pas t’en rappeler, ni même en parler. Aujourd’hui, à chaque fois qu’on te pose la question, tu parles d’un simple déménagement, d’un divorce qui s’est mal passé, etc… Tant de mensonges pour cacher la vérité. Et heureusement, personne n’a cherché à creuser, cela t’a évité de t’embourber. "Le changement n’a pas été trop rude ?" demandes-tu. Car Séoul et Brisbane, ce n’est pas vraiment la même chose mais sans doute que s’il est venu dans le coin, c’est qu’il doit s’y sentir mieux. Comme toi au final.
"C’est parfois compliqué…" souffles-tu. Évoquer les querelles qu’il peut y avoir dans ton groupe de danse te fait toujours un pincement au cœur. Quand vous étiez plus jeunes, vous étiez davantage plus insouciants, vous ne réfléchissiez pas et les disputes se réglaient rapidement. Maintenant c’est plus compliqué, les conversations peuvent être plus amères, plus difficiles à digérer. A chaque fois, tu essaies de prendre sur toi, de jouer le diplomate mais un jour, tu exploseras forcément. "Heureusement quand même, on ne se dispute pas tous les jours sinon je serai déjà parti." Et tu aurais tiré un trait sur la danse... Chose que tu feras très certainement un jour.
Tu l’as taquiné au moment de servir les boissons, et il va falloir qu’il s’y fasse car tu as toujours été comme ça. Mais apparemment, il n’a pas compris la petite blague au vu de sa réponse. Tu hoches seulement la tête, ne voulant pas rendre la situation encore plus gênante et vous finissez par avoir vos boissons dans les mains. Boisson qu’apparemment Kalon préfère boire dans un bar quand il décide de faire la fête. Vous êtes donc bien différents là-dessus. Tu espères juste que tu n’auras jamais à aller le chercher car il sera bien trop bourré pour rentrer. Ce dernier s’est d’ailleurs levé pour trouver un verre puisque tu as fait comme à ton habitude, boire directement à la canette et tout de même pour l’aider, lorsqu’il te montre un placard, tu réponds "Yes, c’est là." Puis il revient s’installer près de toi, pour trinquer à cette nouvelle colocation. Cela te fait sourire et tu trinques avec lui. "Bienvenue dans ta nouvelle maison ai-je envie d'ajouter !" dis-tu. Au final, ce début n’est pas si catastrophique que ça. Deux introvertis sous un même toit, il ne devrait pas y avoir trop de dégâts.

Première rencontre qui au final ne se passe pas si mal que ça. Même si Kalon a fait la démarche de prendre une colocation, il n’y allait pas de gaieté de cœur pour autant. L’avantage de payer qu’une partie du loyer est séduisant, cohabiter avec un parfait inconnu l’est un peu moins. Kalon n’est pas quelqu’un difficile à vivre mais il a ses habitudes et il n’a pas l’habitude de les changer. Alors, on le prend comme il l’est. En contre parti, le jeune homme essaye d’accepter les autres comme ils sont. Mais ça c’est peut-être parce qu’il ne vit pas avec eux. Car au quotidien, il y a quelques petites règles de bienfaisance qu’il faut respecter si on ne veut pas le faire grincer des dents. Mais bon, ce n’est que le début, il ne peut juger temps qu’ils n’ont pas essayé. Autant il s’avance un petit peu et ce n’est pas lui qui ne supportera pas de vivre avec Sunan mais bien l’inverse. Peut-être qu’il a tort sur toute la ligne lorsqu’il dit qu’il est facile à vivre. « Ouais on dirait bien ! » fit-il remarquer pour clore le sujet sur le fait qu’il va surement passer beaucoup de temps dans sa chambre, ou au travail, mais en attendant pas trop dans les pièces communes. Lui tant qu’il a une chambre tranquille, une salle de bain et une cuisine dont il peut se servir, ça lui va très bien. «[color=#0099ff] En fait pour être plus précis j’ai grandi ici, mais je suis parti à Séoul pour faire mes études et j’ai commencé ma carrière là-bas avant de refaire mes valises pour revenir au bercail ! «[color=#0099ff] Et le moins que l’on puisse dire c’est que son retour n’a pas ravi tout le monde. La preuve, la personne dont il avait le plus hâte – bien qu’une grosse appréhension quand même – ne veut plus le voir depuis qu’il est revenu. Joie bonheur. « C’est le plus important, de rester souder avec ses proches » dit-il avec un petit pincement au cœur. Sunan c’est pour ses amis de son groupe de danse, lui c’est Nixie mais c’est pas le genre de conversation qu’il compte avoir avec lui, pas pour le moment du moins. Si Kalon est secret sur sa vie, il l’est d’autant plus sur ce qu’il ressent. Après avoir fait le tour du propriétaire et échangés quelques banalités. Ils se retrouvèrent dans la cuisine pour trinquer. Après avoir fini son verre de soda il se leva « je ferai mieux d’aller chercher mes dernières affaires et en acheter d’autres dont j’aurais besoin ! » Oui, ce n’est pas en restant là à rien faire qu’il va s’avancer dans tout ce qu’il a à faire. « Au plaisir Sunan » rajoute-t-il en guise de salutation avant d’aller chercher ses clés dans le sac qu’il a posé dans sa chambre pour pouvoir repartir chez les Sweeney pour récupérer le peu d’affaire qu’il n’a pas pu prendre à l’aller, maintenant qu’il est sûr de faire au moins un essai ici.

fin.

@Sunan Erckens