| (adèle) i used to think i could fly. |
| | (#)Mer 1 Juin - 20:42 | |
| i used to think i could fly. Une heure. C'est ce que durait habituellement sa pause déjeuner, laquelle ne pouvait pas s'éterniser tant qu'ils n'étaient encore que deux à faire tourner la boutique en l'absence de ses propriétaires. Une heure, c'était le temps qu'il lui fallait habituellement pour aller manger un morceau au parc, après être passé s'acheter un casse-croûte à l'épicerie la plus proche. Colin n'avait pas les moyens de se payer un restaurant tous les midis et surtout, il se trouverait idiot à rester assis tout seul à sa table pendant que les autres clients seraient venus en couple – ou à défaut, avec un collègue. La sienne de collègue, il ne la connaissait pas encore assez pour l'inviter à déjeuner, ou bien c'était simplement une excuse que Colin avait trouvé pour fuir sa compagnie. Elle était tout ce qu'il y avait de plus agréable, là n'était pas le problème, mais Jill était aussi et surtout beaucoup trop curieuse. Du genre à ne jamais se satisfaire de ses silences et à relancer inlassablement les mêmes conversations, sur ces mêmes sujets qu'il n'avait pas la moindre envie d'évoquer derrière sa caisse enregistreuse – ni même à aucun autre moment. Alors aussi charmante soit-elle, il préférait encore passer son heure de pause seul, avec un sandwich et son appareil photo pour unique compagnie. Tout du moins, c'avait toujours été le programme jusque là.
« Bonjour, désolé, vous auriez pas vu un appareil photo ? » Sa virée au parc avait connu un dénouement un peu plus embêtant que d'ordinaire, aujourd'hui, lorsqu'il avait repris la direction de la boutique en oubliant derrière lui la sacoche qui contenait son appareil photo. Ça ne lui était encore jamais arrivé, et il dirait probablement que ça avait tout d'un hasard et certainement rien à voir avec le fait qu'il ne dormait que quatre heures par nuit depuis plusieurs semaines. C'était pas comme si sa thérapeute lui avait spécifiquement demandé de retrouver un rythme de sommeil normal, ni comme s'il enchaînait déjà les bourdes à la boutique. Ce n'était jamais qu'habituel, dans son cas. « (…) Oui, non, c'est un argentique. Sa sacoche est noire, oui. Et ça ressemble à... une sacoche d'appareil photo ? » Des passants à interroger pendant qu'il passait les environs du parc au peigne fin, ce n'était pas ce qui manquait. Mais tous étaient bien trop pressés ou occupés par leurs propres problèmes pour prêter attention à un type désœuvré qui courait après une sacoche. Souvent, c'était comme s'il s'adressait directement à un mur, n'obtenant ni réponse ni réaction d'une femme occupée à faire ses étirements après sa séance de footing ou d'un homme hurlant au téléphone pendant que son chien faisait ses besoins aux pieds d'un banc. « (…) Non, non, je veux pas fumer de l'herbe. Mais restez dans les parages, j'en aurai peut être besoin dans cinq minutes. » S'il ne retrouvait pas son appareil, qui valait plus cher que certaines des reliques qu'ils vendaient au magasin et pour lequel il avait littéralement cassé sa tirelire, Colin ne répondrait plus de rien. Il en avait besoin, pour sa valeur sentimentale autant que pour le sentiment d'évasion qu'il lui offrait chaque fois qu'il pouvait nier l'existence de quoi que ce soit d'autre en dehors de ce que captait son objectif. C'était vital pour lui de le retrouver.
« (…) Non, si je savais où je l'ai laissé, je serais pas là à vous demander si vous l'avez vu. » Colin n'était pas vraiment le genre de personne à avoir ses habitudes et à se poser sur le même banc chaque fois qu'il se rendait au parc : avec lui, tout était dans l'improvisation la plus totale et c'était justement ce qu'il appréciait dans ces pauses déjeuner. Ne pas savoir qui il croiserait, ce qu'il verrait ou s'il ne finirait pas par prêter beaucoup plus d'intérêt à la vue d'une silhouette perdue dans le paysage que par son propre déjeuner. Il venait là pour ça, pas pour retrouver le même coin chaque fois qu'il repasserait par ici. « (…) D'accord, euh, merci quand même. » Et c'était de toute évidence ce qui jouerait aujourd'hui contre lui, ne jamais rien prévoir à l'avance et se retrouver complètement pris au dépourvu lorsqu'un minuscule grain de sable se glissait dans l'engrenage. Sa sacoche, il pouvait tout aussi bien l'avoir laissé d'un bout à l'autre du parc, s'étant de nouveau montré bien trop distrait pour avoir fait attention. Alors il ne lui restait plus qu'à passer le coup de fil de la honte – dans son cas, ça consistait simplement à prévenir sa collègue qu'il serait en retard, sans que ce ne soit susceptible de la surprendre un seul instant. « Jill, tu peux te débrouiller seule une heure de plus à la boutique ? J'ai toujours pas remis la main sur mon appareil et je vais sûrement res... Oh, désolé. Je regardais pas où j'allais. » Colin s'arrêta net, réalisant qu'il était tellement absorbé par sa conversation téléphonique qu'il avait bousculé une jeune femme sans ménagement. Il n'aurait sûrement pas pu la blesser même s'il l'avait voulu – tous les Davies n'avaient pas la même dextérité dans ce domaine, il faut croire – mais il pouvait au moins s'assurer qu'elle allait bien.
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| | | | (#)Jeu 25 Aoû - 12:11 | |
| « i used to think i could fly. » colin brenner & adèle shephard.
Adèle n’était pas venue au parc aujourd’hui pour promener l’un des nombreux chiens du refuge ou bien de ses gens bien trop occupés par leur boulot ou par leur départ en vacances pour s’en occuper eux-mêmes. C’était en son sens, le meilleur compromis pour ne pas adopter, elle-même. Elle se doute qu’en appartement, ce n’était pas la vie de rêve qu’ils aimeraient, d’autant plus qu’elle n’a pour l’heure aucun domicile fixe depuis qu’elle a quitté volontairement la coloc il y a quelques mois désormais. Elle est bien trop instable ses dernières semaines. Elle ne parvient pas vraiment à trouver un partenaire parfait pour la supporter depuis son retour, et quand bien même elle squatte le canapé de son frère, son cœur se sent seul et solitaire. Dans ce grand appartement, que Cody fuit sûrement à cause de sa venue, et de la mort de leur petit frère – il ne parvient encore moins qu’Addie à supporter la sentence. Et cette famille soudée et unie d’autrefois n’est qu’un miroir de ce qu’ils étaient autrefois. Une mascarade. Les mains dans les poches, le regard qui se promène autour d’elle sans prêter réellement attention à ce qui se passe autour d’elle, à ses courbes qui défilent devant ses yeux, Addie soupire une énième fois. Elle ne sait pas vraiment jusqu’où elle se décidera d’aller, encore moins le temps qui défilera alors qu’elle a sans doute bien mieux à faire : trouver la villa parfaite pour cette famille riche, un nom de famille russe, imprononçable, et qui franchement agace la jeune Shephard. Bien loin désormais de ses villas, elle perd peu à peu pied, quant au Mexique, on semble avoir besoin d’elle. A contrario d’ici, apparemment. Elle ne comprend pas où elle a réellement merdé et si elle devait rejeter la faute sur quelqu’un, ce serait sans aucun doute sur elle. Et pourtant, aller au refuge lui fait le plus grand bien, lui permets de s’échapper de ce monde étouffant durant quelques brefs instants, quelques heures tout au plus, ce qui est suffisant, de son point de vu. Le parc est aussi, un endroit reposant, et elle aime s’y retrouver. Juste pour réfléchir un peu, juste pour se vider la tête, un peu. Alors même qu’aucun visage n’a réellement attiré son attention jusque-là, pas même une séquence drôle à être témoin, comme si souvent elle a ce besoin irrépressible d’observer, Adèle se pose sur l’un des premiers bancs qu’elle trouve libre et qu’elle remarque. Les écouteurs dans les oreilles, le regard un peu perdu autour d’elle sans qu’une silhouette lui fasse relever son regard, elle aperçoit une pochette noire, au pied d’un banc. N’importe qui, aurait froncé les sourcils et continuait son chemin sans même perdre de temps à se baisser pour la ramasser. Pas Adèle Shephard. Bien que plus discrète depuis la mort de son frère, elle se fait toute petite depuis son retour, n’offrant qu’un discours à ses personnes anciennement proches d’elle que quand elle les croise par hasard au détour d’une rue, d’un café ou tout autre lieu où elle se rend. Peut-être est-elle en quête d’une situation qui la sortirait de cette routine implacable. Elle se saisit de la pochette avant de la fixer un instant, juste suffisamment pour que la folle envie d’ouvrir la pochette et en extirpé l’appareil lui fasse écho. D’un de ses doigts, elle vient à démarrer l’appareil photo, elle qui n’y connaît presque rien, elle est plus souvent devant les clichés que derrière, et très clairement celui qui possède cet engin ne s’est pas foutu d’elle. Bien qu’elle n’est pas vraiment de connaissance, elle voit bien que ce bijou vaut une petite fortune, et un sourire s’étire au fur et à mesure que les clichés défilent devant ses yeux innocents. Si bien qu’elle se remet en route, sans aucun doute qu’une fois qu’elle aura tout observé, elle le rendra à la personne concernée, ou aux employés du parc, mais pour l’heure, si elle emprunte l’allée centrale du parc, elle ne regarde pas vraiment devant elle, bien trop absorbés par les photos. « Jill, tu peux te débrouiller seule une heure de plus à la boutique ? J'ai toujours pas remis la main sur mon appareil et je vais sûrement res... Oh, désolé. Je regardais pas où j'allais. » La voix de l’homme l’extirpe de ses pensées mais surtout de ses images qui défilent devant ses yeux, alors qu’elle laissa la pochette vide tombait sur le sol, ses doigts se cramponnant autour de l’appareil pour pas qu’il lui échappe. Elle aurait juste pu se contenter de récupérer la sacoche, pour la déposer à l’accueil – parce que la laisser au pied de ce banc lui avait été trop demandé, mais fallait croire que la curiosité est un vilain défaut parce qu’Adèle avait eu besoin d’en savoir plus, et quand bien même l’homme tentait d’attirer l’attention sur lui, elle en releva que quelques instants son regard, les baissants de nouveau rapidement vers l’appareil. « Vous en faites pas, j’aurai pu tout autant regarder devant moi… » Elle releva brusquement le visage sur Colin, en fronçant les sourcils, sa tête lui disait vaguement un truc… Mais de là à faire le rapprochement entre certaines photos de l’appareil et lui, il y aura un peu de chemin entre eux. « Bonne journée ! » Qu’elle s’exclame, avant de lui tourner le dos pour poursuivre sa route, sans même se douter que le propriétaire de ses photos était devant elle. |
| | | | (#)Mer 21 Sep - 20:16 | |
| i used to think i could fly. Arriver en retard à la boutique après sa pause déjeuner n'aurait rien de tellement inhabituel pour Colin, qui n'était pas connu pour sa ponctualité exemplaire ou sa conscience professionnelle irréprochable. Ce qui l'embêtait bien plus, c'était d'avoir perdu l'une des choses les plus précieuses qu'il possède : l'appareil photo qui l'avait accompagné partout ces dernières années et dont la valeur sentimentale ne saurait être compensée par quoi que ce soit. Il y tenait comme à la prunelle de ses yeux et ne s'imaginait pas dire à sa petite sœur qu'il l'avait bêtement égaré pendant sa balade au parc – elle lui rirait probablement au nez et le traiterait d'idiot, et elle aurait bien raison. Pas décidé à déserter les lieux tant qu'il n'aurait pas remis la main sur son appareil, il s'était donc lancé dans d'interminables recherches avec l'espoir de voir réapparaître sa sacoche. Des recherches jusqu'ici infructueuses et qui l'accaparèrent suffisamment pour qu'il trouve en plus le moyen de bousculer une jeune femme qui passait par là. Même l'univers se payait maintenant sa tronche, ce n'était définitivement pas sa journée. « Vous en faites pas, j’aurai pu tout autant regarder devant moi… » Au moins, il n'était pas tombé sur quelqu'un de désagréable ou de mal embouché. Certaines personnes pouvaient presque vous sauter à la gorge pour ce genre d'incidents mais par chance, la jeune femme semblait plus pressée de se re-concentrer sur ce qu'elle faisait. Une bonne chose pour Colin, qui ne pensait lui-même qu'à se replonger dans ses recherches. « Ça fait rien, vous inquiétez pas pour ça. » Les torts étaient peut être partagés mais il avait certainement manqué de vigilance en voulant à tout prix remettre la main sur son appareil photo. Quand on sait qu'il pouvait déjà être dans la lune en temps normal.
L'échange aurait donc logiquement pu s'arrêter là, mais c'était sans compter sur un retournement de situation inattendu. « Bonne journée ! » - « Bonne jour... » Soudain, son regard fut attiré bien malgré lui par la vue de cette sacoche qu'il observa s'éloigner et qui lui apparut bien plus familière. Il n'y avait pas vraiment fait attention avant ça, trop occupé à se confondre en excuses, mais un détail lui sautait cette fois aux yeux. « Oh, euh, attendez ! » La brune avait déjà parcouru quelques mètres lorsqu'il la rattrapa et arriva à sa hauteur, à peu près certain qu'elle risquait de le prendre pour un fou. « Ça va sûrement vous sembler dingue, mais vous auriez pas trouvé cet appareil photo quelque part dans ce parc ? » La coïncidence pourrait sembler énorme, après tout quelqu'un qui trouverait ce genre d'objets aurait soit le réflexe de rechercher son propriétaire, soit celui de se sauver avec en priant pour qu'on ne l'ait pas vu. Et puis, il pourrait très bien appartenir à cette jeune femme, qui serait elle aussi dans son bon droit de venir photographier la faune et la flore locales durant son temps libre. Non, vraiment, il allait probablement passer pour un illuminé. « C'est le même modèle que celui que j'ai perdu et la sacoche... je crois que c'est la mienne. » Heureusement pour lui, il avait quelques éléments pour prouver ce qu'il attestait, auquel cas elle pourrait être tentée de le prendre pour un pervers qui scrutait les environs à la recherche d'une jolie proie à aborder. Mais si elle avait regardé à l'intérieur de son appareil photo comme il lui avait semblé, elle savait au moins qu'il n'y avait aucune photo là-dedans qui prête à la moindre confusion. C'était l'un des avantages à photographier plus souvent des paysages que des modèles en chair et en os. « La grosse éraflure, là, sur le coté. » Il désigna du doigt l'endroit où le tissu était un peu abîmé. « C'est le jour où le chien d'une ex-copine a voulu en faire son quatre heures parce que je l'avais laissé traîner par terre. » Okay, c'était peut être pas nécessaire de rentrer dans les détails, surtout alors que sa vie amoureuse était à peu près aussi chaotique que l'état de sa sacoche. Au moins il ne lui précisait pas qu'il s'en était servi d'excuse pour rompre avec elle la semaine suivante, fidèle à sa tendance de tout gâcher avant que ça ne devienne moindrement sérieux avec qui que ce soit.
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| | | | (#)Lun 7 Nov - 14:40 | |
| « i used to think i could fly. » colin brenner & adèle shephard.
Elle n’avait pas vu venir l’homme sur elle, parce qu’elle était un peu trop attirée par regarder dans cet écran, il n’y avait pas que des personnes, mais aussi des paysages. Et elle était admirative de ce boulot. Un peu comme un peintre le serait de ses toiles. Adèle a toujours vécu avec son temps et la technologie fait partie de son quotidien. Elle est de ses personnes qui attachant de l’importance à l’image qu’on renvoie. Qui ne sort jamais sans maquillage et sans être bien habillée. Qui passe du temps sur les réseaux sociaux, autant que sur son téléphone, qui prend des photos de ses plats quand elle va au restaurant pour en garder une trace. Ce qui lui valait parfois de gentilles moqueries de Ash, ou de Cody, ses frères. Qui sont moins dans leur monde, plus terre à terre, moins rêveur sans doute. Elle a toujours été un peu plus fragile que ses frères, plus le genre à se réfugier dans de belles histoires, qu’accepter les fins tragiques. Elle reporte que brièvement ses yeux sur l’homme, sans même le reconnaître. Il faut dire qu’il n’y a pas tant de photos de lui que ça dans son appareil, pas qu’elle est eu le temps de tout visionner, mais son visage à première vue, ne la frappe pas. « Bonne jour... » Tout comme l’homme, elle allait repartir de son côté, mais il semble hésiter, et surtout bizarrement, il n’a même pas finit sa phrase, comme si alors, il n’avait pas la moindre prétention de partir. Elle n’en remarqua ses traits que lorsqu’elle reprit son chemin et qu’il vient en courant, levant le bras en l’air vers elle. Elle finit par se retourner, cette fois, il est parvenu à la faire ressortir de ses pensées plus facilement que la première fois. « Oh, euh, attendez ! » Elle fronça les sourcils, serrant machinalement ses doigts autour de l’appareil photo. Ne comprenant pas bien ce qu’il voulait de nouveau, et surtout elle ne songeait même pas à l’appareil à présent. « Ça va sûrement vous sembler dingue, mais vous auriez pas trouvé cet appareil photo quelque part dans ce parc ? » Elle baissa ses yeux en même temps qu’il pointa de la tête, l’appareil. Effectivement, elle venait bien de trouver l’appareil à côté d’un banc de ce parc. « Euh… Oui, pas très loin d’ailleurs, sur un banc. » Qu’elle répondit, voulait-il dire que c’était son appareil ou en tout cas, qu’il connaissait son propriétaire ? Combien ça devait coûter ce genre de truc ? Elle se l’était demandé. Il semblait sophistiqué en plus, il y avait pleins de boutons, dont elle ne connaissait pas la moitié. Bien trop complexe pour elle. Mais sans doute que n’importe qui, qui viendrait à perdre un engin pareil, ferait tout – ou presque, pour le retrouver. D’autant plus quand il y a déjà autant de photos dans l’appareil. Combien de temps avait-il passé à prendre ce qui l’entourait en photo ? Sûrement des heures, une vraie passion, c’est plus que certain, elle n’en n’aurait pas la patience Adèle. « C'est le même modèle que celui que j'ai perdu et la sacoche... je crois que c'est la mienne. » Elle garde la sacoche en main, alors qu’il désigne du doigt, un côté abîmé. Elle ne peut que constater, Addie. « La grosse éraflure, là, sur le coté, » Et finit par sourire, devant son histoire. Comme si il voulait avoir la preuve qu’elle le croit. « C'est le jour où le chien d'une ex-copine a voulu en faire son quatre heures parce que je l'avais laissé traîner par terre. » Elle le sait mieux que personne, pour s’occuper des chiens et chats abandonnés, ils peuvent parfois avoir des comportements incompréhensibles, tout comme faire des bêtises. Au moins il en garde un souvenir. « Tant que c’est que la sacoche… » Qu’elle s’autorise, doucement. Et puis finalement, sans même opposer aucune résistance, elle tend l’appareil au jeune homme, « vous devriez avoir hâte de le retrouver entre vos mains. » Elle aurait bien continué à admirer ses beaux paysages et ses jolies fleurs. « Vous avez du talent en tout cas, » qu’elle souligne, sans même se forcer, parce qu’elle n’a pas vu le temps passer en pressant sur le bouton suivant de l’appareil. Elle relève ses yeux maintenant que l'appareil photo est entre de bonne main, « je ne me suis pas présentée, Adèle Shephard. » |
| | | | (#)Jeu 24 Nov - 20:06 | |
| i used to think i could fly. Qu'il soit suffisamment tête en l'air pour ne pas regarder devant lui et trouve le moyen de bousculer une jeune femme n'avait rien de très étonnant lorsqu'on connaissait Colin. Ce qui l'était déjà beaucoup plus, c'était que ladite jeune femme semble tenir une sacoche grandement similaire à la sienne, celle-là même qu'il avait égaré quelque part dans ce parc et qu'il cherchait depuis maintenant de nombreuses minutes. La coïncidence pouvait paraître énorme, un peu trop grosse même, mais son regard fut immédiatement attiré par la ressemblance frappante entre cet étuit et le sien – l'avantage de traîner son appareil partout avec lui, c'est qu'il était au moins capable de reconnaître les marques d'usure sur sa sacoche. Maintenant, restait à convaincre cette jeune femme de lui laisser regarder ça de plus près, quand elle serait parfaitement en droit de juger son attitude étrange. Après tout, elle n'avait aucun moyen d'être sûre qu'il lui disait la vérité, et il y avait toujours la possibilité que sa vision lui joue simplement des tours et que cet appareil soit celui de la brune. Dans un cas comme dans l'autre, Colin ne pouvait pas poursuivre sa route sans en avoir le cœur net. Pas sûr que courir vers elle en agitant les bras pour la faire s'arrêter était tellement le meilleur moyen de gagner sa confiance et de lui paraître honnête, mais il ne pouvait pas prendre le risque de la voir disparaître. Ou il ne remettrait peut être jamais la main sur son appareil photo. « Euh… Oui, pas très loin d’ailleurs, sur un banc. » Et à nouveau, les pièces du puzzle semblaient se reconstituer sous ses yeux, tout faisant à nouveau sens. Il s'était bel et bien assis sur un banc, une heure plus tôt, lorsqu'il avait avalé un sandwich et profité de l'occasion pour faire quelques photos. Cet endroit avait toujours eu sa préférence pour ça, Colin aimait particulièrement l'idée de photographier des passants absorbés par leur quotidien. « Quel idiot. Je me suis posé pour déjeuner tout à l'heure et en partant j'ai réalisé que j'avais plus mon appareil. » Et qu'il l'avait très vraisemblablement oublié derrière lui, sans se rappeler par la suite sur quel foutu banc il avait bien pu le laisser. Ils avaient le désavantage de tous se ressembler ici, rien n'étant plus facile à confondre qu'un banc avec un autre banc. Alors ses recherches étaient restées infructueuses, tout du moins jusqu'ici.
De plus en plus persuadé que cette sacoche était bien la sienne et qu'elle contenait l'appareil photo qu'il avait malheureusement égaré, Colin savait qu'il lui restait encore à convaincre cette jeune femme qu'il en était bel et bien le propriétaire. Si elle disait effectivement avoir trouvé cette sacoche sur un banc, elle n'était pas obligée de le croire sur parole et avait peut être appris à se méfier de n'importe quel inconnu qui prétendrait vouloir retrouver son bien. On voyait de drôles de types partout, après tout, et tous n'étaient pas aussi insoupçonnables qu'ils en avaient l'air. Il en savait quelque chose. « Tant que c’est que la sacoche… » Un demi-sourire amusé étira ses lèvres lorsqu'il comprit qu'elle ne mettait pas en doute son histoire et le croyait très probablement. C'était un soulagement, bien sûr, Colin n'étant pas certain de comment il s'y serait pris s'il avait du lui prouver que cet appareil était bien le sien. Il aurait sans doute pu s'amuser à en deviner le contenu, prouvant ainsi à la jeune femme qu'il avait bel et bien pris ces photos puisqu'il savait ce qu'elles renfermaient. « Il a pas eu le temps de faire plus de dégâts, heureusement. » Le chien en question n'avait pas été un problème bien longtemps, sa relation avec cette fille ayant tourné court comme toutes ses relations avaient généralement eu une durée de vie limitée. Il y avait toujours eu comme un pattern, dans sa façon de gérer sa vie sentimentale, il ne chercherait pas à le nier. « Vous devriez avoir hâte de le retrouver entre vos mains. » C'était même encore un euphémisme, compte tenu de tout ce que représentait cet appareil à ses yeux. Plus qu'un simple outil pour laisser s'exprimer sa créativité. « Plutôt, oui. Cet appareil est pas de première jeunesse, mais il a une grande valeur sentimentale pour moi. J'ai pas mal vadrouillé avec lui alors ça m'embêtait beaucoup de pas savoir si j'allais le retrouver. » Il aurait été profondément ennuyé de devoir en changer, lui qui ne touchait déjà pas un salaire mirobolant et aurait péniblement économisé pour s'en acheter un autre. Définitivement, il était plus qu'heureux que cette histoire trouve une issue heureuse. « Vous avez du talent en tout ca. » Finalement, son sourire s'étira un peu plus, surpris de constater qu'elle avait vraisemblablement jeté un œil à ses yeux. Ce qui était loin de le déranger, au contraire. « C'est gentil. Je suis un passionné de la première heure, mais beaucoup diraient que je photographie toujours un peu les mêmes choses. » Et c'était probablement vrai, Colin se focalisant en général sur son propre environnement, dont il sortait assez rarement. On y retrouvait les mêmes lieux chers à son cœur, les mêmes visages familiers, le même univers réconfortant. Peut être justement parce qu'il ne cherchait rien de plus qu'à partager un peu de son monde, au travers de ces clichés.
Colin avait maintenant remis la main sur son appareil, dans un soulagement décidément palpable. « Je ne me suis pas présentée, Adèle Shephard. » - « Colin Brenner. Enchanté. » Au bout du compte, cette rencontre lui avait non seulement permis de retrouver son bien précieux, mais aussi de constater que les gens étaient plus serviables et désintéressés qu'il ne le croyait bien souvent. C'est qu'il avait toujours eu quelques difficultés pour faire confiance, Colin. « Et merci... de pas juste vous être sauvée avec cette sacoche sous le bras. Je sais que certains auraient pas hésité. » Trouver un appareil photo n'était pas exactement comme trouver un briquet, et tout le monde n'aurait pas nécessairement consenti à le restituer à son propriétaire. Mais elle l'avait fait, et il lui en était sincèrement reconnaissant. « Je sais pas trop comment je pourrais vous remercier ? Je voudrais pas vous faire perdre votre temps, vous avez sûrement des trucs à faire. » Et il l'avait déjà interrompu dans sa journée en débarquant devant elle, il ne voudrait pas abuser. « Mais si jamais, ils vendent du café pas trop mauvais à l'entrée du parc. C'est pas le meilleur en ville, mais ça a l'avantage d'être tout près. » Lui avait l'habitude de se contenter de peu, le café servi à son boulot n'étant définitivement pas l'un des meilleurs lui non plus. Il ne faisait généralement pas la fine bouche, n'étant même pas tellement un amateur confirmé à la base. Mais il fallait au moins une carafe entière pour compenser de ses nuits écourtées par diverses tergiversations. Et il se sentirait un peu coupable de simplement disparaître comme il était venu, alors qu'elle avait fait pour lui bien plus qu'elle ne devait en avoir conscience.
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| | | | (#)Lun 28 Nov - 14:57 | |
| « i used to think i could fly. » colin brenner & adèle shephard.
Si en récupérant cette sacoche, Adèle savait que tôt ou tard on viendrait la lui réclamer, elle n’avait pas anticipé le fait que ce soit si tôt. Elle n’avait pas encore pu totalement regarder toute les photos, tant elle se perdait sans doute un peu trop longtemps sur certains paysages, mais curieuse de nature, elle avait eu ce besoin de fouiner un peu. Et il n’y avait pas vraiment de photos du propriétaire, seulement des individus qui se dissimulent parfaitement dans un décor souvent chaotique, et il lui arrivait parfois de se demander si c’était inconscient, ou si il y avait bien une âme torturée derrière tout ça. Peut-être une souffrance cachée, très curieuse, elle se laissait souvent glisser dans sa petite bulle, la Shephard, et nul doute que le propriétaire de ses photos, avait une âme qui inspirait la jeune femme. Certains clichés en noir et blanc, ou dans l’ombre d’une tierce personne attirait particulièrement son attention. Et elle ne pouvait s’empêcher de sourire, se prêtant au jeu de vouloir connaître l’identité de la personne quitte à en être déçue. Elle avait donc décidé de partir d’elle-même, jusqu’à l’entrée du parc pour signaler la présence de l’objet tout en zieutant les photos restantes, alors même que sa route fût coupée par l’homme qui se tient à présent face à elle, après lui avoir couru derrière. Si elle n’était pas aussi pensive et absorbée par cette tâche difficile, Adèle aurait sans aucun doute prit l’homme pour un fou, voulant peut-être le fuir, plus que de rester auprès de lui, mais il lui inspirait aucune méfiance. Rien qui ne pourrait le définir comme une menace flagrante à son existence, et elle comptait bel et bien reprendre son chemin après ses furtives questions, dont une qui la laissait perplexe. Pourquoi s’intéressait-il soudainement à cet appareil si il n’en était pas le propriétaire ? Et surtout comment pouvait-il savoir que ce n’était pas le sien ? « Quel idiot. Je me suis posé pour déjeuner tout à l'heure et en partant j'ai réalisé que j'avais plus mon appareil. » Confirmation faîte, d’autant plus que les premières photos portaient la date de ce jour, comme si la perte de l’appareil est récente. Mais si elle ne doute pas de cela, restait que l’appareil pouvait appartenir à n’importe qui, présent dans le parc. « Et vous reveniez le cherché ? » Qu’elle demande, intriguée, en tous les cas, il n’avait pas fallu beaucoup de temps pour qu’il s’en rende compte. Un sourire en coin en parlant d’animaux, mais son histoire tenait debout, et c’était assez drôle pour elle, qu’il tente de tout faire pour s’assurer qu’elle le croit. Il a peut-être peur qu’elle ne le croit pas, et qu’elle ne veuille pas lui rendre l’appareil, bien que cela n’est pas passé dans la tête de l’agente immobilière. « Il a pas eu le temps de faire plus de dégâts, heureusement. » Sa main joue avec la sacoche alors qu’elle reporte son attention sur le brun. « Plutôt, oui. Cet appareil est pas de première jeunesse, mais il a une grande valeur sentimentale pour moi. J'ai pas mal vadrouillé avec lui alors ça m'embêtait beaucoup de pas savoir si j'allais le retrouver. » Elle finit par sourire Adèle, et elle ne peut que comprendre. Parce que finalement, sans rentrer dans le genre matérialiste, certains objets font partie de nos quotidiens, et s’en séparer devient pénible à nos yeux. « J’imagine qu’il a de la valeur, une passion c’est important. » Qu’elle avoue, sans même savoir elle-même si elle possède une passion. Hors mi aider et prendre soin des autres, elle est davantage dans le monde associatif qu’autre chose. Et à réfléchir il y a des choses qu’elle aime faire : le sport par exemple ou dépenser tout son argent dans les magasins de vêtements, faire du shopping, mais aucune passion à proprement parler. Rien qui la dépasse et pour lesquelles, elle serait prête à se ruiner et à passer tout son temps libre. « C'est gentil. Je suis un passionné de la première heure, mais beaucoup diraient que je photographie toujours un peu les mêmes choses. » Et elle était sincère, elle s’est perdue sur plus d’une image, envoutée par le silence et la beauté des paysages, comme si certains demandaient à l’aide sans pouvoir réellement le dire comme tel. « Non je ne trouve pas… » Elle réfléchit un instant, « dans quels pays êtes-vous allés photographiés ? » Elle n’a pas reconnue l’Australie partout, mais finalement, elle n’est jamais vraiment partie de son Brisbane natale, à part pour se rendre au Mexique. Seul autre pays qu’elle a pris le temps de découvrir. « Colin Brenner. Enchanté. » Qu’il dit, en tenant fermement sa sacoche, « elle ne partira pas. » Qu’elle s’ose, un sourire en coin, d’un air taquin. Il avait peut-être eu si peur que machinalement il tenait l’appareil fermement, comme si il avait peur de nouveau qu’il lui échappe. « Enchantée aussi, j’ai enfin pu mettre un visage derrière ses photos. » Et ça, elle en était plutôt fière la Shephard. « Et merci... de pas juste vous être sauvée avec cette sacoche sous le bras. Je sais que certains auraient pas hésité. » Elle hausse les épaules, elle était peut-être naïve sur les bords Adèle, mais c’est pourtant pas à quoi elle soneait en premier. « Je sais pas trop comment je pourrais vous remercier ? Je voudrais pas vous faire perdre votre temps, vous avez sûrement des trucs à faire. » Elle relève le visage sur le brun, avant qu’il poursuive, « mais si jamais, ils vendent du café pas trop mauvais à l'entrée du parc. C'est pas le meilleur en ville, mais ça a l'avantage d'être tout près. » Elle le regardait discrètement et pouvait voir que maintenant, en tenant son appareil, on dirait presque un gosse à la veille de noël. Il pouvait bien tout affronter tant que l’objet se retrouvait dans ses mains. « C’est avec grand plaisir, je suis pas très difficile en terme de café. » Juste en terme de café alors. Ca la fait sourire, alors qu’ils se dirigent vers l’entrée, il y avait encore tant de questions qui se bousculaient, mais l’une d’entre elles plus que les autres. « Alors sinon, à part être photographe, vous faîtes quoi d’autre dans la vie ? » Elle entend par là, son boulot. Qu’est-ce qu’il pourrait bien faire dans la vie, elle a beau chercher, elle ne parvient pas à savoir d’elle-même, elle est pourtant douée pour les devinettes la Shephard. |
| | | | (#)Sam 14 Jan - 22:12 | |
| i used to think i could fly. « Et vous reveniez le chercher ? » En y repensant, Colin ne saurait plus vraiment dire combien de temps s'était exactement écoulé entre le moment où il avait repris le chemin de la boutique et celui où il s'était aperçu que sa sacoche n'était plus là. Il se rassurait au moins en se disant qu'il aurait pu ne s'en rendre compte que bien plus tard, une fois pris dans l'animation de son après-midi et de ses ventes. « J'avais l'espoir de remettre la main dessus, oui. Je me suis dit que si j'attendais la fin de ma journée de travail, j'aurais moins de chances de le retrouver. » Entre les nombreuses allées et venues au parc et le fait que tout le monde n'était pas aussi honnête que semblait l'être la jeune femme en face de lui, qui sait s'il aurait seulement fini par retrouver son appareil. Sans lui, c'est sa principale source d'évasion qui lui aurait été arrachée et le brun en avait rarement autant eu besoin que ces derniers mois. « J’imagine qu’il a de la valeur, une passion c’est important. » Elle imaginait bien, peut être parce qu'elle même entretenait une passion qui comptait tout autant à ses yeux. La question lui paraissait encore un peu trop indiscrète pour être posée, à ce stade, mais la curiosité de Colin était définitivement piquée. « Une vraie valeur sentimentale, je m'en sépare presque jamais. » C'était visiblement un tort puisqu'il était suffisamment tête en l'air pour réussir à oublier sa précieuse sacoche pendant sa pause déjeuner, mais aucune journée ne lui semblait vraiment complète s'il n'en profitait pas pour photographier le monde autour de lui. Les vrais clichés, ceux qui étaient pris sur le vif et qui avaient le plus de sens, il ne choisissait pas de les prendre à tel ou tel moment. Parfois l'occasion se présentait simplement à lui, en fonction du moment ou de la personne, de ce qu'une scène lui faisait ressentir aussi. Là, il dégainait son appareil avec la certitude d'avoir immortalisé ce moment de la seule façon qui importe à ses yeux.
L'idée que la jeune femme ait jeté un œil à ses photos était un brin intimidante, notamment parce que sa petite sœur était l'une des rares personnes à lui avoir jamais donné son avis sur ses clichés. « Non je ne trouve pas… » Alors qu'elle ne semble pas trouver ses photos redondantes ou dénuées de sens avaient plus de symbolisme qu'on pourrait le croire, et ce malgré le fait qu'ils se connaissaient depuis à peine quelques minutes. Elle n'était pas obligée de prendre le temps de le rassurer sur la question, pourtant elle semblait parfaitement sincère. « Dans quels pays êtes-vous allés photographier ? » - « J'ai pas tellement voyagé, en réalité. J'ai parcouru un peu le pays, mais... disons que mes moyens me permettent pas d'aller beaucoup plus loin, pour l'instant. » Et il avait un peu honte, Colin, d'avouer ce genre de choses à une quasi inconnue. La question était loin de le gêner, mais elle sous-entendait des détails qu'il ne pouvait aucunement lui partager et qui l'aideraient pourtant à comprendre que voyager n'ait pas toujours été une possibilité pour sa famille et lui. Dieu sait pourtant qu'ils avaient pendant un temps envisagé de partir refaire leur vie ailleurs, bien loin de l'Australie. Et dieu sait que c'était encore une possibilité, certains jours. « Elle ne partira pas. » L'esquisse d'un sourire amusé au bord des lèvres, Colin réalisa seulement après coup qu'il n'avait pas lâché sa sacoche d'un pouce depuis qu'il l'avait retrouvée. Nul doute que cet épisode lui servirait de leçon, la prochaine fois qu'il s'aventurerait quelque part avec son précieux appareil.
« Enchantée aussi, j’ai enfin pu mettre un visage derrière ses photos. » Et il se réjouissait que cette rencontre d'abord un peu embarrassante pour lui les amène finalement à faire connaissance et à trouver du positif dans toute cette situation. « J'espère que vous êtes pas déçue. Maintenant que le mystère n'en est plus un, je veux dire. » Il s'amusa, pas certain de ce qu'elle imaginait exactement en découvrant ces photos et de l'image qu'elle s'était peut être faite de celui ou celle qui avait pris ces clichés. Il savait à peu près quelle impression il avait tendance à faire aux autres, Colin, et qu'il n'était pas toujours facile à cerner au premier abord. Il savait aussi que son jeune âge impliquait aussi qu'on ne le prenne pas toujours au sérieux, dans sa passion comme pour le reste. Finalement, et parce qu'il considérait lui devoir une fière chandelle, il lui proposa d'aller boire un café à l'entrée du parc. « C’est avec grand plaisir, je suis pas très difficile en terme de café. » - « Alors on est deux. » Et cette proposition avait l'avantage d'être moins suspicieuse que s'il lui avait proposé d'aller boire un café chez lui : elle n'aurait probablement pas consenti à suivre un inconnu ailleurs que dans un lieu public et elle aurait eu parfaitement raison. Non pas qu'elle court le moindre risque avec lui, mais il était bien placé pour savoir que se méfier était parfois la clé de la sécurité. « Alors sinon, à part être photographe, vous faîtes quoi d’autre dans la vie ? » Il n'avait pas la chance de vivre de sa passion, mais n'était même pas certain qu'il la saisirait si elle venait seulement à se présenter. Ce serait trop de pression, et il aurait peur de ne plus photographier par pure envie. « Je travaille dans une boutique d'antiquités. Je suis le plus souvent à la caisse, mais je conseille aussi les clients. On pourrait croire qu'on s'y ennuie vite, mais c'est loin d'être le cas. » Il y avait toujours beaucoup à faire, beaucoup à gérer. Les clients étaient parfois nombreux et difficiles, on n'achetait définitivement pas une commode Louis XV comme on achèterait un sweat à 30 dollars. Et puis, ça lui plaisait, d'évoluer au milieu des vestiges du passé. Il y avait quelque chose d'à part, quelque chose qui le faisait se sentir étrangement à sa place. « Et vous ? Je suppose que vous retrouvez des objets perdus seulement sur votre temps libre. » Il lui renvoya la question dans un sourire curieux. A première vue, elle semblait avoir à peu près son âge, difficile de dire si elle était encore étudiante ou si elle était elle aussi lancée dans la vie active. Finalement, une fois leurs deux cafés commandés et servis, Colin sortit son porte-feuille avant de souffler. « Laissez, je vous invite. Je vous dois bien ça, et puis comme ça pas de regrets s'il est pas à votre goût. » Elle lui avait rendu un sacré service sans vraiment en avoir conscience, aujourd'hui, alors c'était la moindre des choses.
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| | | | (#)Lun 30 Jan - 15:20 | |
| « i used to think i could fly. » colin brenner & adèle shephard.
Elle n’aurait jamais pensé qu’il serait aussi facile de retrouver les propriétaires d’un objet perdu, elle s’attendait à devoir se rendre à l’accueil du parc, si encore elle parvenait à y dénicher l’un des gardiens ou jardinier du parc et à devoir faire un long et grand monologue de comment et où elle aurait retrouvé le précieux appareil photo trouvé quelques instants plus tôt, sur un banc. A côté de ça, elle fait la rencontre du brun, qui s’avère en réalité être celui qui recherche le précieux objet, et elle n’opposera aucune résistance, après tout, son discours tient complètement la route et ce n’est pas Adèle qui contredira quelque chose. « J'avais l'espoir de remettre la main dessus, oui. Je me suis dit que si j'attendais la fin de ma journée de travail, j'aurais moins de chances de le retrouver. » Elle hoche la tête et comprend parfaitement le jeune homme. Il est inutile de penser le contraire : il y aurait peu de chance de retrouver l’appareil toute une après-midi après. Même si on considère bien volontiers que le nombre de passage en semaine est inférieur à celui du week-end, c’est sans compter sur l’honnêteté des gens pour retrouver un appareil qui coûte si cher. Et qu’on peut finalement revendre assez rapidement, du moins c’est l’idée que s’est faîte la jeune femme. Elle a toujours beaucoup aimé être de l’autre côté de l’objectif. Elle se souvient encore de ses partages avec ses frères pendant les périodes de noël ou de vacances, et les multitudes de photos qu’elle prenait – parfois pour rien, parfois raté. Avec le numérique d’aujourd’hui, il est si facile de maîtriser cette part de spontanéité de l’époque, il n’est plus possible de faire des loupé au jour d’aujourd’hui, on supprime bien vite tout ce qui dérange, abîme la beauté du lieu. « Et vous avez eu raison. » Qu’elle peut que notifier, il le savait sûrement, mais elle lui assurer une remise en main propre sans excès, elle n’est pas douée pour ça de toute évidence. « Une vraie valeur sentimentale, je m'en sépare presque jamais. » Il se détend face à son appareil, qu’il a cru perdre pour de bon. « Presque alors… » Qu’elle précise, un sourire en coin, il faut croire qu’il y a des exceptions comme aujourd’hui, mais c’est surtout pour le taquiner. Une chose est sûre : c’est qu’il ne se fera pas reprendre de sitôt ! Elle avait pris le temps de regarder quelques photos, elle avait beaucoup appréciés certains clichés, et n’était pas vraiment déçue de connaître finalement le propriétaire, « j'ai pas tellement voyagé, en réalité. J'ai parcouru un peu le pays, mais... disons que mes moyens me permettent pas d'aller beaucoup plus loin, pour l'instant. » Il n’y a pas de moue déçue sur ce visage, encore moins de jugement. Elle n’pensait juste pas reconnaître son Australie natale, mais finalement, elle n’avait voyagé que pour une destination, que pour une raison : venir en aide aux Mexicains dans le besoin après des épisodes compliqués de tempêtes rares, ou de bouleversement climatique. « J'espère que vous êtes pas déçue. Maintenant que le mystère n'en est plus un, je veux dire. » Elle hoche la tête positivement, son sourire qui s’illumine sur ce visage qui répond sans aucun doute à la question du brun, et certainement à ses craintes. « Alors ses photos sont d’autant plus réussies, parce que j’ai réellement crue qu’elles n’étaient pas d’ici… » Qu’elle confie, sans faire davantage durer le suspense. « Pourquoi devrais-je être déçue ? » Tout doucement, elle demande finalement, relevant son regard sur lui. Et finalement il vient à répondre à sa question de son possible métier alors qu’elle n’arrivait pas à le deviner sans aide de sa part. « Alors on est deux. » Qu’il ajoute devant le fait que l’un comme l’autre s’avère friand de café. Ils commencent d’ailleurs la traversée restante du parc pour retrouver le commerçant, alors que la conversation se poursuit. Visiblement il n’est pas du genre à tout vouloir garder pour lui, et cela l’a ravi. « Je travaille dans une boutique d'antiquités. Je suis le plus souvent à la caisse, mais je conseille aussi les clients. On pourrait croire qu'on s'y ennuie vite, mais c'est loin d'être le cas, » elle l’écoute avec attention, l’art et elle ça fait pas bon ménage, c’est du moins ce qu’elle pense sans trop avoir chercher davantage à en apprendre plus. « Cet appareil vient de là-bas ? » Qu’elle demande finalement, voulant combler ce désir d’en savoir toujours plus. « Et vous ? Je suppose que vous retrouvez des objets perdus seulement sur votre temps libre. » Ca la fait rire, « je vends des maisons, je suis agent immobilière. Donc quelque part, je dois aussi dénicher le petit paradis pour mes clients. » Qu’elle avoue, ce n’est évidemment pas son métier de dénicher des objets perdus, mais ça semble pas si lointain que ça, finalement. « mais qui sait, je saurai où chercher quand j’aurai besoin d’en changer. » Qu’elle ajoute, si pour le moment elle fait ce métier en toute connaissance de cause, et avec l’envie de toujours faire plus et de rendre la vie meilleure à ses clients, elle saura au moins quoi faire lorsque la roue tournera. En arrivant devant le commerçant, les cafés ne tardent pas à se retrouver devant eux. « Laissez, je vous invite. Je vous dois bien ça, et puis comme ça pas de regrets s'il est pas à votre goût. » Avant même qu’elle n’eut le temps de sortir quoi que ce soit. « Merci alors, » elle en était même assez surprise, elle finit par porter le café à ses lèvres, ce que ça faisait du bien, de commencer l’après-midi avec un café.
FIN |
| | | | | | | | (adèle) i used to think i could fly. |
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