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 (colin) a cover is not the book

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Message(#)(colin) a cover is not the book EmptyLun 6 Juin 2022 - 20:00


☾ a cover is not the book
You can't judge an apple by looking at a tree. You can't judge honey by looking at the bee. You can't judge a son by looking at the father. You can't judge a book by looking at the cover.
@COLIN BRENNER ☆ CARL FLANAGAN


Le calendrier épinglé sur le frigo de Talia est formel : le seizième anniversaire de Keefe approche à grand pas et Carl réalise qu’il ne sera encore pas présent pour le fêter à ses côtés cette année, à l’image des deux précédentes. Il doutait déjà d’assurer en tant que frère avant ça mais à présent il en est sûr : il craint complètement quand il n’est même pas fichu de rentrer au pays pour ce genre d’occasions, pas plus qu’il n’est fichu d’être un fils et un frère au moins quelques jours par an. C’est bien joli d’envoyer de l’argent pour participer à sa façon mais Keefe préférerait sûrement qu’il l’honore de sa présence, alors quelques fois Carl se demande s’il ne prend pas tout doucement le même chemin que son père. Il pourrait rentrer à Carrick de temps en temps s’il s’arrangeait avec ses patronnes pour poser quelques jours, mais l’idée le rebute plus qu’elle ne l’enchante et ce n’est pas une chose qu’il s’imagine leur avouer. Le motif qui l’empêche véritablement de revenir relève de l’évidence, sa mère ne voudra simplement pas l’entendre et il n’a plus la force de faire semblant comme à l'époque. Parce qu’Hector est encore l’homme de la maison et que, malgré le temps qui passe et le jeune adulte qu’il devient, Carl aura éternellement la résistance d’un enfant face à lui. Il peut toujours prétexter que sa vie ici le retient, même s’il aura du mal à faire croire qu’il est enchainé à Brisbane au point de n’avoir jamais un seul moment pour quitter la ville. Une ville que Carl est d’ailleurs loin de connaitre comme sa poche, après deux ans. C’est en s’aventurant dans les rues entourant le cinéma de Maisie à la recherche d’un cadeau pour son frère que le bonhomme se rend compte qu’il se cantonne vraiment trop à ses petites habitudes. Le secteur où se situe son refuge est aussi celui où il s’attarde le moins en général, quand Carl ramène sa carcasse dans le coin c’est toujours pour se rendre au Twelve et jamais ailleurs, ce qui pourrait changer s’il décidait d’accorder au quartier toute l’attention qu’il mérite. C’est ainsi que la moins fructueuse des virées shopping se transforme en grande exploration des alentours, et que Carl finit encerclé de petits commerces vintage dont il ignorait avant ça l’existence. Non seulement l’endroit revêt un charme très atypique mais il est aussi terriblement instagrammable, alors c’est tout naturellement que le garçon dégaine son téléphone pour capturer ce qui l’entoure avant de passer la première porte qui se présente.

Celle d’un antiquaire, visiblement, ce que Carl aurait probablement su s’il avait ne serait-ce qu’observé la devanture. Sa première impression du lieu est de se dire qu’il regorge de vieilles choses, il n’est pas certain d’y trouver un cadeau pour Keefe sachant que son frère est plutôt un adepte de l’over moderne, mais ces étalages de vieux livres aux quatre coins de la boutique lui rappellent qu’il doit aussi mettre la main sur des manuels de mathématiques pour Moïra. C’est une vraie nécessité car l’adolescente est passée en classe supérieure depuis déjà plusieurs mois, ce qui signifie que les manuels dont Carl dispose ne sont actuellement plus de son niveau. Le garçon parcourt alors le moindre recoin de la boutique avec une nette idée de ce qu'il cherche pendant que ses yeux se posent un peu partout, pour s’assurer de ne rien rater. Il se remémore des collections qu’il a pu faire à travers certains objets, tente de deviner de quel siècle les plus anciens peuvent provenir et se laisse attirer vers des vinyles qui feraient un bien meilleur cadeau pour lui-même que pour son frère, sauf qu’à côté de ça Carl ne trouve pas son bonheur. Il voulait éviter de demander de l’aide mais il s’y résout finalement, en repérant un vendeur que le ciel n’a pas mis là pour rien. « Oh euh, excusez-moi..? » Sa voix est hésitante car la crainte de déranger ne le quitte jamais, même en tant que client en quête de renseignements et censé être roi, selon l'adage. « Vous auriez des manuels de mathématiques ? J’ai fait toutes les allées sans en trouver mais j’ai peut-être mal cherché. » Carl pense avoir passé en revue le moindre bouquin que cette boutique peut compter mais allez savoir s’il n’a pas été un peu trop aspiré par son amour des vinyles, qu’il a eu tant de mal à laisser derrière lui et vers lesquels ses yeux naviguent encore. « Elle est chouette cette boutique, je sais pas comment j’ai pu passer à côté jusqu’ici. » lance-t-il d’un air rêveur tout en connaissant la réponse à la question qu’il soulève, puisque c’est la rue toute entière qui lui était inconnue une heure plus tôt. « J’ai envie de tout acheter, c’est normal ? » Bon, peut-être pas cette horloge flippante près de l’entrée et ce fauteuil possiblement hanté derrière eux, mais le reste a un cachet indéniable auquel Carl se découvre sensible. Un rire nerveux lui échappe toutefois en réalisant qu’il pourrait faire de fausses joies au vendeur, alors qu’il n’est même pas certain de repartir avec quoi que ce soit à l’arrivée. « Enfin, façon de parler ! Je vais pas sérieusement vous dévaliser. » Mais est-il seulement permis d’en douter ? Avec son blouson raccommodé et ses baskets plus qu’usées il doit être difficile de l’imaginer acheter les trois quarts du magasin, à moins qu’on le prenne pour un habitué de la seconde main et qu’il fasse au contraire illusion parmi toutes ces vieilleries.

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Message(#)(colin) a cover is not the book EmptyMar 21 Juin 2022 - 22:20

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Aujourd'hui était un jour où Colin aurait normalement du quitter la boutique un peu plus tôt, remplacé par sa collègue qui s'était laissée convaincre de le dépanner s'il acceptait en échange de prendre sa place lundi matin pour lui permettre d'arriver plus tard – comprendre, de traîner plus longtemps au lit avec son mec. Elle était dure en affaires, Jill, mais Colin aurait été prêt à marchander encore davantage pour pouvoir être présent au spectacle de danse de sa sœur, prévu depuis déjà plusieurs mois. Il s'en faisait une joie depuis qu'Henley avait décroché ce rôle important dans un ballet dont il ne se rappelait pas le nom mais qui semblait être une opportunité énorme pour elle. La danse n'était définitivement pas un domaine dans lequel il pouvait prétendre avoir certaines connaissances, pourtant l'avoir vu danser toute leur adolescence lui donnait l'impression de faire un peu partie de cet univers, lui aussi. Il était donc impatient de pouvoir s'asseoir au premier rang pour la soutenir, elle qui n'avait pas ménagé ses efforts pour en arriver là. Il n'y avait que des raisons pour que cette soirée se passe bien, surtout alors que Flora et leur mère seraient là elles aussi, et Colin s'était promis de laisser ses tracas aux portes du théâtre. Autant dire que la déception avait été énorme lorsque sa sœur l'avait appelé quelques jours plus tôt pour lui apprendre que la représentation n'aurait pas lieu et serait reportée. Le danseur vedette s'était blessé et toute la production était depuis en stand-by, ce qui devait être encore plus désespérant pour sa sœur que pour lui. Elle s'était entraînée si dur, et avec tant de rigueur qu'il avait à peine le souvenir d'avoir déjeuné plus de quatre ou cinq fois avec elle durant les six derniers mois. Peut être qu'ils en auraient un peu plus souvent l'occasion, si ses répétitions lui prenaient moins de temps dans les prochaines semaines. A quelque chose malheur est bon, n'est-ce pas ?

Et fort heureusement, Colin aimait assez son boulot pour ne pas se plaindre d'y rester aussi tard que d'habitude, ayant tenu à faire acte de présence même si Jill s'était dite d'accord pour s'occuper de tout. Ce n'est pas qu'il ne lui faisait pas confiance en son absence, c'est plutôt qu'il n'avait pas de plan b et préférait encore rester là plutôt que de traîner chez lui, à remettre le nez dans des articles qu'il avait déjà suffisamment épluchés. Ici, c'était loin d'être le pire endroit où traîner quand on avait comme lui tendance à ressasser beaucoup trop de choses, et rien n'était apriori susceptible de lui faire penser à son père. Et ça, c'était une victoire comme une autre. Petite, mais bien réelle. « Oh euh, excusez-moi..? » Relevant le nez de sa caisse, Colin surprit un jeune homme qui devait avoir à peu près son âge, et qu'il n'avait pas le souvenir d'avoir déjà vu traîner à la boutique. « Ouais ? Je peux t'aider ? » Le tutoiement, c'était un traitement qu'il réservait exclusivement à ses clients les plus jeunes, qu'ils aient l'âge de jouer avec des petits soldats en bois ou de s'intéresser à leurs consoles de jeux vidéos vintage. Ce type, lui, entrerait plutôt dans la deuxième catégorie. « Vous auriez des manuels de mathématiques ? J’ai fait toutes les allées sans en trouver mais j’ai peut-être mal cherché. » Pour sa défense, la boutique était plutôt encombrée et il fallait généralement l'étudier sous toutes les coutures pour en observer les moindres recoins. « Oh euh, oui je pense qu'on doit avoir ça. Sûrement dans l'une des allées du fond, je vais te montrer. » Il précisa au moment de quitter son comptoir pour lui emboîter le pas. Il n'y avait pas d'autre client susceptible d'avoir besoin de lui derrière sa caisse, alors autant qu'il lui fasse gagner du temps.

« Elle est chouette cette boutique, je sais pas comment j’ai pu passer à côté jusqu’ici. » Ah, il était peut être bien tombé sur un autre amoureux de l'ancien, à en juger par les grands yeux émerveillés qu'il le voyait écarquiller à mesure qu'ils s'enfonçaient dans la boutique. « C'est clair qu'elle est chouette. J'y bosse que depuis un an mais c'est assez génial ici. Je suis content que ce genre d'endroits aient pas tous fermé. » On en trouvait de moins en moins mais les quartiers comme Fortitude Valley, plus authentiques et dans leur jus que certains coins de Brisbane, renfermaient encore quelques boutiques alternatives. C'est précisément en ça que Colin s'y sentait chez lui, chaque fois qu'il s'y aventurait. « J’ai envie de tout acheter, c’est normal ? Enfin, façon de parler ! Je vais pas sérieusement vous dévaliser. » Son rire répondit à celui du jeune homme, qui sans doute s'était dit qu'il le prendrait au mot et dégainerait ses meilleures techniques de vente s'il ne revenait pas sur ses paroles. Et ce ne serait pas si mal le connaître, en effet. « Oh bah, c'est pas moi qui t'en empêcherait. Mais c'est plutôt rare que quelqu'un nous dévalise à vrai dire, vu qu'ici c'est quand même un poil plus cher que chez Ikea ou ailleurs. » Il n'était pas là pour tromper ses clients sur la marchandise : ce qu'ils vendaient ici n'était peut être pas neuf ni toujours en excellent état, mais ces meubles avaient tous une histoire et valaient parfois au départ le triple de ce qu'ils étaient revendus. « Quelqu'un de ton âge, je veux dire. » Parce que la plupart de leurs clients les plus fidèles ou de ceux qui étaient prêts à dépenser des fortunes pour ce genre de mobilier avaient plutôt l'âge d'être ses parents. Ce type était peut être plein aux as, mais si c'est le cas, ça ne se voyait pas forcément au premier abord. « Ah, je crois que j'ai trouvé. » Il finit par reprendre, en sortant une pile de livres d'une étagère. « Une pile de manuels de mathématiques qu'on a récupéré chez un prof à la retraite. Ils ont une quinzaine d'années mais ces trucs là ça se démode pas. » Des maths restaient des maths, et ça n'était pas comme si quelqu'un avait eu dans l'idée d'inventer un nouveau théorème entre temps. « On a du niveau primaire jusqu'au lycée. Tu cherches un niveau en particulier ? » Parce que s'il étudiait les mathématiques à la fac, comme son âge le laissait supposer, ils risquaient de ne pas avoir ce qu'il cherchait.
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Message(#)(colin) a cover is not the book EmptyVen 24 Juin 2022 - 20:50


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@COLIN BRENNER ☆ CARL FLANAGAN


Il ne se fait pas vraiment confiance pour dénicher un bouquin ou toute autre chose parmi des antiquités Carl, car après un tour de plusieurs minutes dans la boutique le garçon s'apprête à repartir bredouille et ça, selon lui, c'est bien la preuve qu'il n'est pas fichu d’entreprendre correctement des recherches. À moins qu'il ait passé la mauvaise porte pour mettre la main sur des manuels de mathématiques, c’est ce qu'il commence à doucement envisager avant de se résoudre à aborder le premier vendeur que ses yeux repèrent, l'un des seuls également d'après ce qu'il peut voir. « Ouais ? Je peux t'aider ? » Cette familiarité le surprend autant qu'elle le rassure, ils ne doivent pas être bien éloignés en âge tous les deux et Carl craignait un peu de se noyer dans l'ancienneté du lieu avant de voir qu'il n'est finalement pas la seule âme jeune entre ces murs. Quant à pouvoir l'aider c'est ce qu'il croit ou plutôt ce qu'il suppose car si ce type travaille ici il doit savoir ce qu'on y vend, un peu comme Carl saurait réciter la carte du Death Before Decaf par cœur à force de la présenter aux clients tous les jours. Il l'informe donc de la quête qui l'amène tout en espérant ne pas passer pour un client aux demandes saugrenues, parce qu'il n'a généralement pas besoin de faire ou de dire grand-chose pour gagner son étiquette de gars bizarre partout où il passe, Carl. Celui que les vendeurs aiment avoir à l'œil, entre ceux qui le reconnaissent et craignent pour la réputation de leur boutique, et les autres à qui sa tête ne revient tout simplement pas. « Oh euh, oui je pense qu'on doit avoir ça. Sûrement dans l'une des allées du fond, je vais te montrer. » Là où il n'a en l'occurrence pas cherché, mais à part ça il a regardé partout. Carl se laisse guider jusqu'au fond de la boutique tout en s'émerveillant au passage du contenu de celle-ci, car c'est typiquement le genre d'endroit que le bonhomme pourrait explorer des heures durant sans jamais se lasser et là où il pourrait, aussi, dépenser à-tout-va sur un coup de tête en se prenant d'une fascination soudaine pour à peu près tout ce qui l'entoure. Il lui serait si simple de replonger dans ses anciennes monomanies collections avec tout ça. « C'est clair qu'elle est chouette. J'y bosse que depuis un an mais c'est assez génial ici. Je suis content que ce genre d'endroits aient pas tous fermé. » C'est un regard surpris que Carl pose sur son interlocuteur alors qu'il croit saisir que les antiquaires se font rares, de leurs jours. « Ah ? C’est vrai que c’est la première fois que j’en vois un de ce genre dans cette ville. » Deux ans, c'est le temps qu'il lui a fallu pour s'attarder sur ce quartier aux richesses insoupçonnées et pour admettre qu'il y a bel et bien un monde en dehors du Twelve. « Les gens qui possèdent cette boutique sont de votre.. euh.. ta famille ? » il questionne d'une voix hésitante, très peu sûr de ce qu'il avance alors qu'il se plait à imaginer une affaire de famille, une sorte d'héritage ancré dans le temps comme toutes ces choses autour d'eux.

Carl n'exclut pas de se laisser tenter par une ou deux emplettes en plus de ses manuels, des petites choses qu'il pourrait ramener à Talia et à Maya ou s'offrir à lui-même, à défaut de trouver un cadeau d'anniversaire pour son frère qui, le connaissant, se montrerait trop peu sensible à ces objets chargés d'histoire. « Oh bah, c'est pas moi qui t'en empêcherait. Mais c'est plutôt rare que quelqu'un nous dévalise à vrai dire, vu qu'ici c'est quand même un poil plus cher que chez Ikea ou ailleurs. » Ce n'est pas tellement une question de moyens qui le dissuaderait d'acheter beaucoup plus, non, c'est surtout que le bonhomme ne peut pas se permettre d'encombrer une maison qui n'est pas la sienne sans compter qu'il ne possède pas de voiture, et que le transport à lui seul lui poserait des difficultés. « Quelqu'un de ton âge, je veux dire. » Il tique légèrement à cette remarque, qu'il laisse toutefois de côté pour se focaliser sur le reste. « C'est pas de la camelote que vous vendez ici, ça se voit. » C'est avec conviction que Carl en atteste car une simple exploration du lieu l'a convaincu de la valeur des biens exposés, valeur que le temps a probablement renforcé. « Et je préfère largement me perdre ici que dans le labyrinthe d’Ikea. » Il n'est pas très friand du géant suédois Carl, et ses raisons sont multiples comme plus ou moins recevables. Le fait de se décourager bien trop vite face à un meuble à monter lui-même et face à une notice que le garçon n'a jamais été du genre à lire, par exemple. « Mais j’ai l’air d’avoir quel âge du coup ? » Oui, il revient dessus car la question le taraude depuis l'allusion du vendeur. Ce ne serait pas habituel de voir quelqu'un de son âge faire chauffer sa carte bleue par ici mais si ce type savait dans quoi passe parfois son argent, il ferait peut-être une exception pour lui. « C’est pas grave si tu te trompes. » qu'il ajoute dans un léger sourire, histoire qu'il n'ait pas de crainte à formuler ses suppositions. Bon, il se remettrait quand même en question si on lui attribuait dix ans de trop mais du reste, la marge d'erreur tolérée est plutôt grande.

« Ah, je crois que j'ai trouvé. » Ses yeux noisette détaillent la trouvaille du vendeur, un assortiment de livres qui n'ont pas dû voir la lumière du jour depuis belle lurette. « Une pile de manuels de mathématiques qu'on a récupéré chez un prof à la retraite. Ils ont une quinzaine d'années mais ces trucs là ça se démode pas. » Il ne va pas faire le difficile alors que ces manuels n'ont en principe aucune chance d'avoir été rendus inexacts par les années écoulées. « Oh. Ça m'a l'air parfait pour Moïra. » Voilà que le nom de l’adolescente lui échappe, amenant Carl à ne pas savoir comment combler les prochaines secondes. Il pourrait s'arrêter là mais cette information se sent forcément bien seule, maintenant. « C’est la petite que j’aide en maths, elle est pas si petite d’ailleurs mais comme je m’occupe d’autres enfants je- » Tout ça c’est bien joli mais il commence à raconter un peu sa vie, là, et ce vendeur n'a pas signé pour un grand déballage. « Pardon, c’est pas intéressant. » Il secoue la tête pour chasser ces confessions malvenues selon lui, une occasion de se taire que Carl a sûrement raté comme de trop nombreuses fois avant ça. « On a du niveau primaire jusqu'au lycée. Tu cherches un niveau en particulier ? » Le choix ne manque pas et le garçon sait à vrai dire ce qu'il veut, accordez-lui juste un instant pour entreprendre le calcul de son côté. « Elle aura 13 ans cette année alors.. niveau collège, merci. » Il plonge une main dans sa poche pour en sortir son portefeuille, prêt à régler son achat avant de faire des folies mais un bref regard jeté derrière lui suffit à ce que sa curiosité le rattrape. « Désolé de poser cette question mais.. » Il ne voudrait pas abuser de son temps mais ne pas savoir pourrait bien l’empêcher de dormir ce soir, une idée fixe étant toujours si vite arrivée avec lui. « C’est quoi le truc le plus invendable qu’on peut trouver ici, dans le genre qui n’intéresse jamais personne ? » En supposant qu'il y en ait un, au point de faire peut-être même l'objet d'une private joke entre collègues. Une chose trainant là depuis des lustres dont personne ne voudrait et à laquelle Carl pourrait facilement s'identifier, pour vivre sensiblement la même chose depuis vingt-deux ans pour sa part.

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Message(#)(colin) a cover is not the book EmptyVen 8 Juil 2022 - 19:42

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Le fond de la boutique renfermait toutes sortes d'objets généralement atypiques qui ne trouvaient pas leur place dans le reste des allées mais vers qui certains connaisseurs s'attardaient bien souvent. C'était le cas de ces manuels scolaires qu'ils recevaient parfois par cartons entiers et qui trouvaient une seconde vie auprès de parents ou d'étudiants au départ venus arpenter la boutique sous de tout autres prétextes. Ce type, lui, semblait plutôt faire partie de cette deuxième catégorie. « Ah ? C’est vrai que c’est la première fois que j’en vois un de ce genre dans cette ville. » Colin avait déjà découvert quelques endroits semblables à celui-ci en s'aventurant dans des rues alternatives où les grandes enseignes ne s'installaient que rarement, mais il n'y avait jamais trouvé autant d'âme que dans cette boutique. En entrant ici, vous deviniez facilement que ses propriétaires lui avaient consacré leur vie. « Les gens qui possèdent cette boutique sont de votre.. euh.. ta famille ? » Relevant son regard vers lui, Colin songea que c'était sûrement la première chose qu'on était tenté de croire en voyant un type de son âge bosser dans ce genre d'endroit. Et sans surprise, ça suffit à lui donner des idées. « En fait... ouais. Je suis le petit-fils des gérants. » Mensonge. Mais à le voir tout heureux de s'occuper des trésors qu'ils vendaient ici, ça n'était pas bien difficile de croire qu'il puisse s'agir d'un héritage familial. Il était prêt à parier que si ses propriétaires avaient eu des petits-enfants, il se serait particulièrement bien entendu avec eux. « Et donc, hm, je bosse pour eux parce que j'ai comme qui dirait grandi dans cet endroit. Ils me paient moins cher qu'un employé lambda et moi, je peux me faire la main sur ce qui m'intéresse vraiment. » Mensonge, à nouveau, bien qu'il se plaise particulièrement à travailler dans ce lieu faisant la part belle à l'ancien et à l'atypique. Un univers préservé où il ne craignait ni les jugements ni les questions intrusives, à moins qu'elles portent sur un cendrier ancien. Ici, pourtant, c'est derrière un de ses rempares habituels qu'il s'était réfugié, sautant comme il en avait l'habitude sur la moindre occasion d'offrir une version embellie et moins sordide de la réalité. Parce qu'il pourrait tout simplement lui dire qu'il n'avait pas revu ses grands-parents paternels depuis des années, que sa famille s'était déchirée après l'incarcération de son père et que ce dernier lui écrivait depuis la cellule d'un établissement pénitentiaire de haute sécurité. Au lieu de ça, il aimait autant lui dire qu'il était le petit-fils du couple attachant qui lui servait de patrons. Oui, c'était bien mieux.

Son client, lui, semblait s'émerveiller de tout ce qui lui tombait sous les yeux, une certaine candeur dans le regard. En général, les gens ici avaient l'habitude et décelaient au premier coup d’œil les bonnes affaires, mais ce type-là semblait presque se demander s'il avait seulement le droit de toucher à ce qu'il y avait autour de lui. « C'est pas de la camelote que vous vendez ici, ça se voit. Et je préfère largement me perdre ici que dans le labyrinthe d’Ikea. » Ce n'est pas Colin qui lui donnerait tort, l'idée d'avoir exactement la même table et le même lit qu'un demi-million de personnes à cent kilomètres à la ronde ne le faisant pas vraiment rêver. Il avait toujours aimé ce qui sortait de l'ordinaire, ce qui ne se trouvait pas à tous les coins de rue. « Et on a des certificats d'authenticité pour la plupart des trucs que tu vois ici. » Parce que certains avaient traversé les époques, parce que d'autres étaient des exemplaires devenus si rares qu'on ne pouvait plus espérer les trouver nulle part ailleurs. En achetant ici, vous ne repartiez pas seulement avec du mobilier, vous mettiez aussi la main sur un bout d'histoire. « Mais j’ai l’air d’avoir quel âge du coup ? C’est pas grave si tu te trompes. » Les gens disaient toujours ça avant de se vexer parce que vous leur avait ajouté ou retiré quelques années au compteur, personne n'aimant s'avouer que ne pas faire son âge pouvait mettre un petit coup à l'ego. Les hommes n'aimaient pas paraître plus jeunes, les femmes plus âgées. « La vingtaine, je dirais. Sûrement pas beaucoup plus. » Sur ce coup pourtant, il n'avait pas l'impression de prendre beaucoup de risques. Il avait sans doute l'âge de conduire, d'aller à la fac et de boire de l'alcool. Mais c'est à peu près tout.

La pile de manuels, elle, se dévoila finalement sous ses yeux. Il y en avait de toutes sortes et de tous niveaux et Colin savait déjà que le jeune homme cherchait un bouquin de mathématiques, ainsi donc il savait lesquels écarter avant de lui soumettre ses trouvailles. « Oh. Ça m'a l'air parfait pour Moïra. » Tiens, peut être qu'en fin de compte ces manuels n'était pas pour lui et que contrairement à ce qu'il en avait déduit, il n'était pas étudiant en maths. « C’est la petite que j’aide en maths, elle est pas si petite d’ailleurs mais comme je m’occupe d’autres enfants je- Pardon, c’est pas intéressant. » Colin secoua la tête, l'air de dire que ça n'était pas la première histoire qu'il entendait entre ces murs, certains de ses clients se voulant très bavards, d'autres appréciant simplement de faire la conversation. « Donc t'es prof... en soutien scolaire, un truc du genre ? » C'est ce qu'il lui semblait comprendre et s'il pouvait paraître un peu jeune pour tenir ce rôle, il était bien placé pour savoir qu'il n'y avait pas de petits profits. C'était un moyen comme un autre de mettre du beurre dans les épinards. « Tu dois être assez balaise en maths pour donner des cours, non ? » Et maintenant qu'il y regardait à deux fois, c'est vrai qu'il avait un petit coté intello. Colin n'avait jamais excellé dans les matières scientifiques, l'histoire et la littérature ayant toujours eu sa préférence. « Elle aura 13 ans cette année alors.. niveau collège, merci. » « Okay, je vais te trouver ça. » Et tandis qu'il replongea le nez dans sa pile de manuels, Colin se fit la réflexion que la petite à qui son client donnait des cours avait exactement le même âge que sa sœur. Flora aurait bien besoin de quelques cours, elle aussi, atteignant l'âge ingrat où les sorties entre copines commençaient à devenir plus attrayantes que ses devoirs. Mais ils se connaissaient à peine et très franchement, ce type ne venait sûrement pas chercher une nouvelle clientèle. « Désolé de poser cette question mais.. C’est quoi le truc le plus invendable qu’on peut trouver ici, dans le genre qui n’intéresse jamais personne ? » Colin se redressa, pas tant surpris par la teneur de sa question que légèrement désarçonné de ne pas l'avoir vu venir. « Oh, ici crois-moi y'a un paquet de trucs improbables. Comme cette planche de Ouija dont on connaît pas vraiment les origines à ce jour. » Il s'éloigna d'un pas ou deux pour désigner une vieille planche en bois, sur laquelle étaient gravées des lettres et des chiffres. Le genre d'objet un peu mystique qui aurait beaucoup plu à Jina, mais pas sûr qu'elle veuille quoi que ce soit qui puisse provenir de lui. « En général les gens sont un peu trop superstitieux pour vouloir ramener ce genre d'objets chez eux. Même sans croire aux fantômes, la plupart s'en tiennent loin. » C'était ces mêmes personnes qui n'entreraient pour rien au monde dans un château dit hanté : ne pas y croire était une chose, mais prendre le risque d'être détrompé en était une autre. Un risque que tous n'étaient pas prêts à prendre. « Moi j'ai jamais vu la pointe bouger depuis que je suis ici, mais ma collègue m'a juré qu'elle avait intercepté un message l'autre jour. Ça ressemble à un bobard, si tu veux mon avis, je sais pas si tu crois à ce genre de trucs ? » Lui n'y croyait pas et très franchement, il soupçonnait Jill de raconter ce genre de choses pour se faire mousser. Il se passait toujours de drôles de trucs quand elle était seule à la boutique, et rien qu'elle soit jamais capable de prouver. « Au fait, moi c'est Colin. » Comme indiqué sur sa plaque, oui, mais autant qu'il sache qu'elle n'était pas seulement là pour décorer.
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Message(#)(colin) a cover is not the book EmptyDim 24 Juil 2022 - 21:04


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@COLIN BRENNER ☆ CARL FLANAGAN


Carl trouverait symbolique que cette boutique s'inscrive dans la postérité qu'il s'imagine mais il prend peut-être trop exemple sur son village natal où tout était une affaire de famille, de la boulangerie des O'Malley à la quincaillerie des Horan jusqu’au cabinet de son fichu beau-père, lui aussi dentiste de père en fils. « En fait... ouais. Je suis le petit-fils des gérants. » « Oh wow. » Il ouvre de grands yeux surpris, pas franchement habitué à sentir aussi bien les choses mais plutôt fier de s'être correctement fié à sa première impression pour une fois. Après tout il ne peut que croire ce jeune homme à la voix rassurante, qui passerait sans problème pour le petit-fils de n'importe quel vieillard du coin et qui n'aurait bien sûr aucune raison de se présenter comme ce qu'il n'est pas. « Et donc, hm, je bosse pour eux parce que j'ai comme qui dirait grandi dans cet endroit. Ils me paient moins cher qu'un employé lambda et moi, je peux me faire la main sur ce qui m'intéresse vraiment. » Il trouve ça fascinant, Carl, de grandir au milieu de tous ces trésors et il aurait grandement préféré ça au fait d'avoir pour sa part grandi entre les boites d'antidépresseurs de sa mère et les instruments de torture d'Hector. Pas d'heureuse succession en ce qui le concerne, ce n’est pas demain la veille qu’il perpétuera dignement son nom de famille. « Mais c'est génial, tu connais tout par cœur alors ici et puis ça doit les rendre fiers. » Il le serait en tout cas à leur place, que son petit-fils entretienne la tradition et participe à sauvegarder cet héritage. « Un jour c'est toi qui gérera la boutique du coup. » C'est ce qu'il suppose, ayant c'est vrai encore un peu de mal à visualiser ce tout jeune homme dans un costume de gérant mais il y a un temps pour tout. Le bonhomme étire même un sourire encourageant, teinté bien vite d'une légère mélancolie lorsque Carl se rappelle que certains ont un avenir tout tracé, pendant que le sien parait incertain en tous points. Ce n'est pas comme si qui que ce soit dans ce monde comptait sur lui pour prendre sa relève, et cette absence d'enjeu est l'un des nombreux points d'ancrage lui manquant dans ce monde, face à un imaginaire nettement plus attrayant où il n'est une déception pour personne, au moins.

« Et on a des certificats d'authenticité pour la plupart des trucs que tu vois ici. » Il vrille un regard curieux vers le vendeur, sans trop saisir la valeur des certificats en question. Les acheteurs ont peut-être l'habitude de les réclamer pour s'assurer qu'ils ne mettent pas la main sur n'importe quelle pièce mais Carl n'aurait personnellement que faire d'un tel bout de papier, lui qui fonctionne bien trop au coup de cœur pour se turlupiner l'esprit au sujet d'une éventuelle contrefaçon. Il se contente donc d'un hochement de tête visant à faire croire qu'il comprend quand il ne comprend justement pas, avant de s'interroger sur l'âge que ce type lui donnerait à première vue. Carl ne surprend généralement personne quand il révèle celui-ci mais qui sait, ses trois insomnies de la semaine dernière lui vaudront peut-être de prendre cinq ans d'un coup. « La vingtaine, je dirais. Sûrement pas beaucoup plus. » Bon, il ne se mouille pas des masses mais il opte au moins pour la bonne décennie, ce que Carl lui accorde dans un sourire et une légère approbation de la tête. « Vingt-deux, en fait. » La petite vingtaine donc, encore assez loin du prochain cap et c'est une très bonne chose sachant que Carl n'a pas du tout hâte de voir les bougies s'ajouter les unes après les autres sur son gâteau d'anniversaire. « T'as pas l'air beaucoup plus vieux non plus, parce que si tu me dis que t'as trente-cinq ans je vais vraiment croire que les objets d'ici ont vieilli à ta place. » Qu'ils ont même aspiré les effets du temps pour lui offrir la jeunesse éternelle, oui, c'est peut-être ce qui arrive d'ailleurs quand on passe tout son temps entouré de vieilleries. Ou alors Carl a vu juste et ils n'ont effectivement que quelques années d'écart, hypothèse demeurant quand même nettement plus probable.

Sa mission du jour semble bien partie pour être accomplie au vu des manuels présentés sous ses yeux, parmi lesquels Carl espère maintenant trouver son bonheur quand bien même ces bouquins ne lui sont pas entièrement destinés. C'est là, précisément là que le nom de Moïra lui échappe et l'amène à se justifier comme s'il ne pouvait pas partir en quête de manuels pour quelqu'un sans que ça paraisse automatiquement suspect. Et tandis qu'il s'enfonce dans des détails toujours plus futiles le jeune vendeur lui évite un grand moment de solitude. « Donc t'es prof... en soutien scolaire, un truc du genre ? » C'est drôle, il n'a pas du tout l'impression de coller au premier rôle suggéré et il comprendrait déjà plus qu'on le prenne pour un étudiant arrondissant ses fins de mois avec quelques dépannages, ce qu'il est déjà plus proche d'être à une nuance près : ses études sont abandonnées depuis belle lurette. « Euh ouais, enfin.. pas vraiment. » Carl se gratte la tête, réalisant qu'il ne connait même pas le nom donné aux gens comme lui. Est-il un accompagnateur, ou bien juste un petit gars se débrouillant assez bien pour aider les autres dans ce qu'ils maitrisent un peu moins bien ? « Soutien scolaire oui, prof non. Je fais de l'aide aux devoirs sur mon temps libre. » Et ainsi résumé tout parait plus clair, ce n'était donc pas la peine de chercher plus loin pour tenter d'embellir ce qui n'a jamais eu besoin de l'être. « Tu dois être assez balaise en maths pour donner des cours, non ? » Ah, si Carl peut au moins s'attribuer un mérite dans la vie c'est celui-là. Il ne se considère pas doué pour grand-chose mais il n'a pas volé son étiquette de matheux, seul domaine avec l'informatique où le bonhomme n’a jamais eu de mal à se démarquer. « Oui ça a toujours été mon truc, j’étais même bon qu’à ça à l’école. » Mais plutôt que d'en faire un métier par la suite Carl s'est dit qu'il n'en tirerait jamais rien, son manque de courage n'ayant d'égal que son manque d'ambition. « Okay, je vais te trouver ça. » Son regard noisette s’attarde sur les manuels passés en revus devant lui avant de s'égarer tout autour en moins de temps qu'il n’en faut pour le dire, comme bien trop souvent lorsque Carl tente de rester focus plus de dix secondes sur quelque chose.

Sa concentration ne tient à rien entre ces murs, ses yeux ne savent bientôt plus où se poser et les questions que cette boutique lui inspirent n’en finissent quant à elles pas. « Oh, ici crois-moi y'a un paquet de trucs improbables. Comme cette planche de Ouija dont on connaît pas vraiment les origines à ce jour. » Carl oriente son regard vers l'objet désigné, dont l'apparence lui semble bizarrement familière mais dont le nom lui parle en revanche beaucoup moins. « Une planche de quoi ? » Ouija, c'est bien la première fois qu'il l'entend et pourtant il mettrait sa main à couper que ce genre de planche ne lui est pas inconnu. « Oh mais attends, ça me rappelle une série ça. Je savais pas que ces trucs-là existaient en vrai ! » Son regard s'illumine alors que cette planche revêt aussitôt un caractère mystique à ses yeux, tendant à se confirmer avec les prochains dires du vendeur. « En général les gens sont un peu trop superstitieux pour vouloir ramener ce genre d'objets chez eux. Même sans croire aux fantômes, la plupart s'en tiennent loin. » Et dans le genre superstitieux Carl aussi se pose là, même s'il n'arrive étrangement pas à trouver quoi que ce soit d'inquiétant à cette planche. Les fantômes n'existent pas après tout, c'est ce qu'on lui a toujours répété. « Moi j'ai jamais vu la pointe bouger depuis que je suis ici, mais ma collègue m'a juré qu'elle avait intercepté un message l'autre jour. Ça ressemble à un bobard, si tu veux mon avis, je sais pas si tu crois à ce genre de trucs ? » Il hausse les épaules, pas vraiment certain de savoir où positionner ses croyances connues pour être aussi instables que lui. « Euh.. je sais pas trop, j'ai jamais été témoin de trucs étranges et j'ai pas forcément envie que ça arrive un jour. » Il préfère donc lui aussi penser à une blague de la fameuse collègue car ça l'arrange bien à cet instant de ne pas croire à tout ça, mais demain est un autre jour. « Au fait, moi c'est Colin. » Ses lèvres s'animent d'un fin sourire en recueillant l'information, sous son nez depuis le départ sans qu'il s'en soit même aperçu. « Et moi Carl. » il l'informe à son tour sans parvenir à défaire son regard de la grande indésirable du jour, qui pourrait presque lui faire office de miroir tant le garçon croit y voir son reflet. « Hum Colin ? La planche, elle coûte combien ? » S'il parvient à résister aux vinyles tout porte à croire qu'il cèdera en revanche à cette dernière, une possibilité se transformant en certitude moins d’une seconde plus tard. « Parce que je pense la prendre en fait. » Il se met même au défi de l’acheter pour tout ce qu'elle représente, car s'il ne le fait pas alors qui le fera ? « Je tiens pas à lui faire de la peine maintenant que t'as parlé d'elle devant moi, surtout si les gens ont tendance à l'ignorer la pauvre. » Carl donnerait presque l'impression de se trouver dans un refuge et non dans un antiquaire mais qu'y peut-il si le triste sort de cette planche le touche de cette façon ? « Et puis je sais ce que c'est d'être mis de côté, à force elle doit désespérer que quelqu'un s'intéresse à elle. » D'être la pièce tordue du puzzle ne matchant pas avec les autres, oui, Carl vit avec ce sentiment depuis toujours et rien ne semble pouvoir l'empêcher de repartir avec son équivalent en bois, car à ce stade même le plus exorbitant des prix ne pourrait pas le freiner.

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Message(#)(colin) a cover is not the book EmptyVen 19 Aoû 2022 - 21:35

a cover is not the book.

Il n'avait pas vraiment prévu de se cacher derrière un bobard, parce qu'il n'avait pas vraiment prévu d'évoquer quoi que ce soit de personnel en accueillant ce client dans la boutique. Mais comme bien souvent avec Colin, tout ne s'était pas passé comme prévu. « Oh wow. » La surprise sur les traits du jeune homme lui arracha le début d'une grimace, rapidement camouflée derrière un sourire poli, un peu nerveux. « Mais c'est génial, tu connais tout par cœur alors ici et puis ça doit les rendre fiers. » Fiers, ses grands-parents ne l'étaient pas dans la mesure où il n'avait plus de nouvelles d'eux depuis assez d'années pour qu'ils n'aient eu aucune occasion de se tenir au courant de sa vie, pas plus que de celle d'Henley ou de leur petite-soeur. Ce qui était vrai en revanche, c'est qu'il avait trouvé chez ses patrons des figures bienveillantes et protectrices qui à certains égards se rapprochaient de grands-parents. « C'est clair qu'ils préfèrent me voir bosser ici, avec eux, que dans des bureaux au Centre Ville. » Non pas que c'eut de toute façon été une option pour Colin, qui sans diplôme et sans ambition particulière savait qu'il était bien plus à sa place derrière la caisse de cette boutique. « Un jour c'est toi qui gérera la boutique du coup. » « ...Ouais ? Ouais, sûrement. Enfin, je crois qu'ils ont l'intention de rester ici encore pas mal d'années, mais l'idée c'est que cet endroit reste dans la famille. » C'est qu'il croirait presque lui-même à ses mensonges, quand il regardait cette boutique avec les yeux d'un gamin qui pour sûr aurait adoré y grandir et y jouer lorsqu'il était plus jeune. Au lieu de ça, il avait passé les premières années de sa vie dans un mensonge complet, auprès d'un homme qui n'était rien de ce qu'il laissait paraître. « Enfin bref, je vais pas t'ennuyer en te racontant toute ma vie. » Il n'était pas venu pour ça, et il y avait un certain nombre de mensonges qu'il était capable de débiter à la minute avant de commencer à manquer légèrement d'imagination.

« Vingt-deux, en fait. » Il avait vu juste, en devinant que le jeune homme était plus jeune que la majorité des clients qui poussaient la porte de cet endroit. Il l'avait tout de suite repéré, et pas juste parce qu'il avait plutôt l'âge de se perdre dans les allées d'une salle d'arcades. Il semblait aussi un peu se demander ce qu'il faisait là, comme s'il était perdu. Peut être bien que c'était son expression naturelle, au fond, maintenant qu'il l'observait d'un peu plus près. « T'as pas l'air beaucoup plus vieux non plus, parce que si tu me dis que t'as trente-cinq ans je vais vraiment croire que les objets d'ici ont vieilli à ta place. » Oh, Colin serait tenté de dire qu'il s'était toujours perçu comme une vieille âme, coincée dans un corps un peu trop jeune pour être le sien. Mais ce genre de choses, il n'y a bien qu'à Charlie ou à Henley qu'il irait le dire. Parce que c'était risible, quand on y pensait. « J'en ai vingt-cinq. Ce qui à l'échelle de ce qu'on peut trouver ici a l'air ridicule, quand tu penses que cette commode là-bas a dans les cent-dix ans. » Il désigna brièvement le meuble en face d'eux, relique dont l'origine remontait au début du 20ème siècle. De quoi les faire se sentir minuscules, au milieu de tant d'objets qui avaient traversé l'Histoire.

Colin n'en oubliait pas pour autant sa mission : débusquer des manuels de mathématiques pour son client. Ce n'était pas ce qui devait manquer, étant donné le nombre de bouquins qu'ils recevaient chaque semaine à la boutique, mais il ne pouvait pas exactement lui proposer n'importe quoi. Il avait à faire à un spécialiste, de toute évidence, ou quelqu'un qui s'en rapprochait en tout cas. « Euh ouais, enfin.. pas vraiment. Soutien scolaire oui, prof non. Je fais de l'aide aux devoirs sur mon temps libre. » Il fallait sans doute pas mal de patience pour aider des gamins dans leurs devoirs lorsqu'on avait soit-même passé des années sur les bancs de l'école. « Ah d'accord, et tu fais ça... pour payer tes études, ou un truc comme ça ? » Ce serait un bon moyen de se faire un peu de fric, ne serait-ce que pour mettre du beurre dans les épinards. « C'est plutôt cool. J'ai une petite sœur, elle a treize ans, et on peut pas dire que les maths ce soit tellement la matière qu'elle préfère. » Il précisa de façon anodine, en poursuivant ses recherches. Ils n'avaient jamais été tellement branchés sciences, dans la famille, et sa petite sœur se destinait plutôt aux langues et à la philosophie. Elle était encore un peu jeune, d'après sa mère, mais il fallait la connaître pour savoir qu'elle avait déjà un paquet d'opinions bien arrêtées. « Oui ça a toujours été mon truc, j’étais même bon qu’à ça à l’école. » « Donc tu maîtrises tout ce qui est équations à deux inconnues ? Parce que j'y ai jamais rien pigé, moi, pour être honnête. Maintenant tu sais pourquoi j'aide pas ma sœur avec les siennes. » Il le voudrait bien, et il s'occupait heureusement d'autres matières quand il pouvait se libérer et qu'elle avait besoin d'un coup de main. Mais les maths, c'était un peu trop abstrait pour lui, et il avait bêtement toujours fait partie de ces gens qui se répétaient ça me servira jamais à rien, de toute façon, pour se rassurer.

Alors que le jeune homme face à lui était sur le point de repartir avec les manuels qu'il recherchait, sa curiosité poussa Colin à lui parler d'un des objets les plus surprenants qu'ils vendaient. « Une planche de quoi ? » La question tira un sourire amusé au vendeur, qui se souvenait avoir montré le même scepticisme la première fois qu'il s'était retrouvé face à cet objet. « Ouija. C'est pas le genre de trucs que tu trouverais dans la brocante de ton village un dimanche matin. » Parce que ça avait trait à l'occulte et n'était pas tellement le genre de choses qu'on se verrait acheter pour faire un cadeau à sa grand-mère ou à son petit-cousin. « Oh mais attends, ça me rappelle une série ça. Je savais pas que ces trucs-là existaient en vrai ! » Bien qu'il ne soit pas certain de voir de quelle série il voulait parler, Colin put attester de l'authenticité de cette planche. « Il faut croire que si. Elle est plus vraie que nature, son origine remonte aux années 30 pour être précis. » Elle avait du en voir, du monde, depuis toutes ces années. Colin n'avait pas beaucoup plus d'informations à son sujet, s'agissant d'un objet rare sur lequel il existait peu de traces. Ça lui conférait forcément un certain mystère, susceptible de plaire à ceux qui aimaient ce qui sortait de l'ordinaire. A l'image de sa collègue, Jill, persuadée que quelqu'un avait utilisé cette planche pour communiquer avec elle. « Euh.. je sais pas trop, j'ai jamais été témoin de trucs étranges et j'ai pas forcément envie que ça arrive un jour. » Colin secoua la tête. « Ma collègue, elle passe son temps devant des émissions surnaturelles. Moi je pense qu'elle confond un peu ce qu'elle voit à la télé avec la réalité, mais bon, je suis pas censé te dire tout ça. » Il n'était pas non plus censé lui parler de sa collègue dans le dos de celle-ci, ça ne plairait pas à la principale intéressée mais aussi à ses patrons. Il n'était pas censé sympathiser à ce point avec la clientèle, à vrai dire, mais il n'en faisait comme bien souvent qu'à sa tête. « Et moi Carl. Hum Colin ? La planche, elle coûte combien ? Parce que je pense la prendre en fait. » Tournant son visage surpris en direction de Carl, Colin questionna. « Tu comptes vraiment l'acheter ? Si j'avais su, je t'aurais parlé d'un truc encore plus invendable, histoire de. » Il plaisanta, comprenant que c'était probablement de savoir que cette planche n'intéressait pas grand monde qui le poussait à vouloir l'acheter. C'est ce qu'il en avait déduit à sa question, et ce ne serait pas une si mauvaise raison d'acheter. « Je tiens pas à lui faire de la peine maintenant que t'as parlé d'elle devant moi, surtout si les gens ont tendance à l'ignorer la pauvre. » Bingo, comme il l'avait senti, il avait affaire à un sentimental d'un genre particulier. « Et puis je sais ce que c'est d'être mis de côté, à force elle doit désespérer que quelqu'un s'intéresse à elle. » Pris de court, un brin de perplexité s'invita sur ses traits mais Colin tâcha de garder un air aussi impassible que possible. Pourtant, le coin de ses lèvres se retroussa avec amusement. « Euh... ouais, sûrement. Je veux dire, ouais, c'est pas souvent que les gens s'arrêtent à sa hauteur et me demandent s'ils peuvent l'acheter. » Cette planche suscitait de la curiosité mais la plupart du temps, elle fichait probablement la trouille aux clients. Sans compter qu'à part dans un grenier, il était difficile de savoir où ranger ce genre de choses. Mais ça, c'était le problème de Carl après tout. « On la vend 250 dollars. Je te la fais à 220 parce que t'es sympa et que comme ça Jill arrêtera de me parler d'esprits à longueur de journées. » Sa collègue allait vraiment finir par avoir les oreilles qui sifflent, mais au moins son obsession pour cette planche allait cesser d'elle-même. Et ça lui ferait des vacances, oui. « Par contre, t'es venu en voiture j'espère. Parce que ça pèse une tonne. » Il précisa, empoignant à deux mains l'objet qui effectivement pesait son poids. Disposant la planche dans du papier journal pour la protéger pendant le transport, il remonta son regard vers Carl. « Prends la carte du magasin, au cas où y'aurait un souci avec la planche. Mais nous appelle pas si t'entres en communication avec quelqu'un, pigé ? » Ils pourraient lui donner des conseils pour l'entretenir, ça oui, mais leur domaine de compétences s'arrêterait là.
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Message(#)(colin) a cover is not the book EmptyMar 23 Aoû 2022 - 19:08


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You can't judge an apple by looking at a tree. You can't judge honey by looking at the bee. You can't judge a son by looking at the father. You can't judge a book by looking at the cover.
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« C'est clair qu'ils préfèrent me voir bosser ici, avec eux, que dans des bureaux au Centre Ville. » Comme son père, que Carl imagine au même moment confortablement installé dans son fauteuil en cuir pendant que son misérable fils ne sait toujours pas comment exister dans son monde. Son père dont la réussite sauterait aux yeux de n’importe qui et dont le regard domine forcément le monde, depuis son bureau haut perché dans l’un des grands buildings du centre-ville. Ça ne doit pas beaucoup tracasser Neil de ne pas savoir ce qu’il devient, ça doit encore moins l’empêcher de travailler et cette idée arrache une grimace au garçon alors qu’il s’égare un peu trop dans ses pensées. Où en étaient-ils déjà ? Ah, oui, aux grands-parents du jeune vendeur qui doivent être fiers de lui et compter sur le fait qu’un jour, il assurera sûrement la relève en prenant la tête de la boutique. Ce doit être la suite logique, après tout ça. « ...Ouais ? Ouais, sûrement. Enfin, je crois qu'ils ont l'intention de rester ici encore pas mal d'années, mais l'idée c'est que cet endroit reste dans la famille. » Carl serait à vrai dire le premier déçu d’apprendre que la transmission n’aura finalement pas lieu alors il espère bien que cette boutique restera une affaire de famille, que les choses se dérouleront telles qu’elles sont écrites et que tout ce petit monde en sera content. Il aimerait une fin heureuse, en somme. « Enfin bref, je vais pas t'ennuyer en te racontant toute ma vie. » Il remue aussitôt la tête pour marquer son désaccord avec ce qu’il entend. « Tu m’ennuies pas du tout, je la trouve jolie moi ton histoire. » Et il lui tarde déjà d’en connaitre la suite même si ce garçon n’est sans doute pas près de troquer son statut de vendeur contre celui de gérant, du haut d’un âge que Carl présume être assez jeune.

Et de ce côté-là le bonhomme se pose certainement plus bas encore, lui qui n’a fêté sa vingt-deuxième bougie qu’en début d’année. Ce n’est pas si jeune mais c’est pourtant trop jeune pour trimballer une vie comme la sienne. Son camarade doit faire un peu monter la moyenne même si contrairement à son nom, son âge n’est inscrit ni sur sa veste, ni sur son front. « J'en ai vingt-cinq. Ce qui à l'échelle de ce qu'on peut trouver ici a l'air ridicule, quand tu penses que cette commode là-bas a dans les cent-dix ans. » « Cent-dix ans ?? Elle vient du Titanic ou quoi ? » Carl en attrape le tournis de se dire que la commode en question était sur cette terre presque un siècle avant eux. Elle porte bien les effets du temps sur son bois mais il n’aurait pas cru qu’elle revenait de si loin, ce qu’il trouve fascinant et effrayant à la fois. « Elle est aussi vieille que mon arrière-grand-père quand il est parti. » Caoimhe s’est envolé à cent-neuf ans et lui non plus ne donnait pas l’impression d’avoir traversé autant d’époques, il avait encore toute sa tête et c’est une chose que Carl a le sentiment d’avoir perdu très tôt, pour sa part. « J’espère jamais vivre aussi longtemps. » qu’il souffle d’un air ailleurs, la perspective de faire centenaire le rebutant bien plus qu’elle ne l’attire et ce depuis toujours. Il ne signera jamais pour un si long supplice, rien que d’imaginer que quatre-vingt années d’errance l’attendent peut-être encore le déprime au plus haut point. Pitié, qu’on le rappelle bien avant ça.

Professeur, lui ? Il ne sait pas s’il doit être flatté de l’étiquette ou s’il doit s’auto-flageller d’avoir manqué d’ambition pour ça, étant donné qu’enseigner les mathématiques aurait été à sa portée s’il s’en était donné le courage et les moyens. Tous ses professeurs s’accordaient à le dire, après tout : Carl n’était pas doué à grand-chose mais dans la catégorie des matheux, au moins, il n’avait aucun mal à briller. Tout ça pour donner aujourd’hui des cours de soutien sur son temps libre, un potentiel gâché diraient certains mais s’il continue malgré tout de faire ce qu’il aime ce n’est pas forcément une mauvaise chose, si ? « Ah d'accord, et tu fais ça... pour payer tes études, ou un truc comme ça ? » « Oh non haha, pas du tout. » il souffle dans un rire timide et se garde bien de préciser que ses études sont désormais loin, très loin derrière lui. Sa mère aurait préféré le voir sur les bancs de l’université mais ce n’était pas le plan, en admettant que plan il ait eu. « J’aime les maths et passer du temps avec les enfants alors ça me plait de les aider. L’argent j’avoue que je m’en fiche assez. » Ce n’est pas pour gagner sa croûte qu’il le fait, pas plus qu’il ne sert des cafés au DBD pour arrondir ses fins de mois. S’il n’était pas payé Carl le ferait quand même et ça Lily comme Tommy le savent bien. « C'est plutôt cool. J'ai une petite sœur, elle a treize ans, et on peut pas dire que les maths ce soit tellement la matière qu'elle préfère. » Carl le détaille de son regard curieux, sa petite sœur a le même âge que Moïra et allez savoir pourquoi, il le voit aussitôt comme un signe. « Si ta sœur veut un coup de main pour progresser un jour.. » Il plonge une main dans la poche de son jean pour en sortir une vieille liste de course qu’il retourne puis se saisit d’un crayon traînant près de la caisse. La suite n’est alors pas difficile à deviner. « Tiens, t’auras qu’à m’appeler. » Ce n’est pas habituel pour Carl de distribuer son numéro mais il ne peut que se sentir concerné par les lacunes de cette adolescente, si toutefois celle-ci désire s’améliorer. « Donc tu maîtrises tout ce qui est équations à deux inconnues ? Parce que j'y ai jamais rien pigé, moi, pour être honnête. Maintenant tu sais pourquoi j'aide pas ma sœur avec les siennes. » Un sourire amusé vient étirer ses lèvres car étonnamment ces équations à plusieurs inconnues n’ont pas bonne réputation. Remplacez des nombres par des lettres et admirez la confusion s’installer. « C’est pas aussi compliqué que ce qu’on croit, tu peux les résoudre de deux façons mais ce serait un peu long à expliquer ici. » Car quitte à prouver ce qu’il avance autant qu’il puisse le faire dans de bonnes conditions plutôt qu’entre deux encyclopédies poussiéreuses. « Mon offre vaut aussi pour toi du coup. Je pourrai t’apprendre, si tu veux. » C’est proposé sans trop y croire, Carl pourrait très bien se contenter que le dénommé Colin lui confie sa petite sœur mais la porte reste ouverte s’il décide de considérer sa deuxième offre.

« Ouija. C'est pas le genre de trucs que tu trouverais dans la brocante de ton village un dimanche matin. » Oh, non, surtout pas à Carrick où la plupart des babioles exposées sont en rapport avec la pêche. L’aspect de la planche parle en tout cas au bonhomme qui jurerait en avoir vu une semblable à la télé un jour, entre les mains de célèbres sorcières. « Il faut croire que si. Elle est plus vraie que nature, son origine remonte aux années 30 pour être précis. » « Ooooh. » Carl va décidément de surprise en surprise, il ne lui reste plus qu’à trouver quelqu’un à qui raconter tout ça car bien sûr, le garçon aura besoin de partager ses découvertes. Ce qu’il n’est pas pressé de découvrir, par contre, c’est s’il sera touché un jour par des phénomènes étranges comme ceux que la collègue de Colin dit avoir vu. À l’entendre la flèche reliée à cette planche aurait bougé toute seule pour former un message mais elle a peut-être inventé cette histoire de toutes pièces comme le jeune vendeur le pense, et comme Carl préfère lui aussi le croire. « Ma collègue, elle passe son temps devant des émissions surnaturelles. Moi je pense qu'elle confond un peu ce qu'elle voit à la télé avec la réalité, mais bon, je suis pas censé te dire tout ça. » Ce n’est pas comme s’il prenait beaucoup de risques à le confier à Carl, qui ne connait pas la concernée et qui ne cherchera pas non plus à savoir si ce qu’il entend est vrai. D’un côté comme de l’autre, d’ailleurs. « Je répéterai à personne que tu m’as dit ça. » il assure dans un sourire avant de faire entendre son intention d’acquérir la fameuse planche. « Tu comptes vraiment l'acheter ? Si j'avais su, je t'aurais parlé d'un truc encore plus invendable, histoire de. » Il s’imagine plus l’adopter que l’acheter à vrai dire, quant à la plaisanterie de Colin elle se heurte sans surprise à son premier degré en lui passant complètement dessus. « Oui oui, je suis sûr. » Savoir que les clients de la boutique se passent tous le mot pour l’ignorer lui donne d’autant plus envie de ramener cette planche avec lui car entre parias, au moins, Carl est convaincu qu’ils ne pourront que s’entendre. « Euh... ouais, sûrement. Je veux dire, ouais, c'est pas souvent que les gens s'arrêtent à sa hauteur et me demandent s'ils peuvent l'acheter. » Tant pis pour eux, ils ne savent simplement pas ce qu’ils perdent. « On la vend 250 dollars. Je te la fais à 220 parce que t'es sympa et que comme ça Jill arrêtera de me parler d'esprits à longueur de journées. » « Sympa ? » il relève avec étonnement car s’il avait dû s’attendre à marquer Colin d’une certaine façon aujourd’hui, il n’aurait pas vraiment cru que ce serait par sa sympathie. « C’est cool merci ! » Pour le petit arrangement de prix, sachant que cette planche n’est déjà pas donnée et qu’il n’avait pas franchement prévu que ses emplettes du jour lui coûteraient autant. « Par contre, t'es venu en voiture j'espère. Parce que ça pèse une tonne. » Ah, voilà un autre détail que Carl n’avait pour ainsi dire pas prévu. Oups ? « Euh non mais je vais me débrouiller, t’en fais pas. » Le garçon n’a en fait pas la moindre idée de comment il va ramener cette planche jusque chez Talia mais il y réfléchira en chemin, n’est-ce pas. Carl règle le tout et fourre les manuels un à un dans son sac avant de récupérer son achat le plus coûteux, soigneusement emballé par Colin. « Prends la carte du magasin, au cas où y'aurait un souci avec la planche. Mais nous appelle pas si t'entres en communication avec quelqu'un, pigé ? » « Non mais y’aura pas de souci avec Kleo. » qu’il déclare très sereinement, trouvant dans un même temps un nom à la planche et ce le plus naturellement du monde. « Je suis content qu’elle ait trouvé une maison. » Une maison qui n’est accessoirement pas la sienne mais il ne pense pas que Talia trouvera à redire sur l’arrivée de cette toute nouvelle acquisition. Son compagnon en revanche... « Merci Colin, j’aime bien cette boutique et toi aussi t’es sympa alors je reviendrai sûrement un de ces quatre. Et hésite pas, hein, pour les maths. » Pour sa sœur ou pour lui Carl sera ravi d’aider même si, dans l’immédiat, c’est peut-être bien lui qui aurait besoin d’aide pour transporter Kleo. Colin n’a pas menti sur son poids et ne devait pas être si loin du compte en l’estimant en tonne mais allez, si Carl se met en route maintenant à raison d’une pause toutes les dix secondes il devrait atteindre sa destination d’ici le mois prochain. Deal.


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