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Message(#)time capsule (laila) EmptyJeu 9 Juin 2022 - 16:26


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Nate Ellis-Boyle & @laila ferrer :l:

Des semaines. Cela faisait des semaines que Flora insistait pour que leurs fiançailles soient annoncées lors d'une belle soirée d'été, en compagnie de tous leurs amis. Elle qui, d'ordinaire, était plutôt réservée mettait une énergie folle à organiser ce grand évènement. Nate avait fini par craquer un de ces soirs, dans l'intimité du petit appartement de la fleuriste aux yeux perçants. Certaines fois, il se plaisait à imaginer qu'ils étaient faits pour se rencontrer. Que peut-être, il fallait qu'il baisse la garde pour lui laisser une chance. Pour se laisser une chance. Alors, il faisait un pas en avant. Puis, le lendemain, ses vieux démons lui rendaient visite et il en faisait trois en arrière. Flora était une femme sensible, créative, tolérante et incroyablement bienveillante. Elle était faite pour lui, mais elle n'était pas Elle. Cette comparaison avec l'amour de sa vie, bien qu'il ne l'ait jamais appelée ainsi en public, le poursuivait dans toutes ses relations. Nate était devenu l'éternel insatisfait qu'il exécrait ; une pâle copie de son père. Cette idée lui étant tout bonnement insupportable, il avait fini par céder à la requête de sa belle. Ce jour-ci, force était de constater qu'elle s'était vraiment bien débrouillée. Sirromet Wines était un lieu splendide, en plus d'être surprenant. Ici, les éléments étaient en parfaite symbiose : le vignoble s'épanouissait discrètement, lentement, en symbiose avec l'air de la mer et le soleil rasant d'une chaude fin de journée. C'était un lieu parfait pour organiser un évènement romantique et décontracté. Des fauteuils anciens, des coussins colorés, des longues tables en bois, de la vaisselle dépareillée, des objets de décoration chinés et des tapis persans donnaient une allure rustico-bohème à la scène. Les invités trinquaient déjà à cette belle soirée, sans même savoir ce qui les attendait. Tout était parfait, à l'exception près que Nate rêvait de prendre ses jambes à son cou. Il prit sur lui pour supporter les questions malaisantes sur la date d'une potentielle grossesse, "histoire d'agrandir la famille" sans trop s'inquiéter de "l'horloge biologique". Heureusement pour l'australien, Flora était du même avis que lui : un projet bébé était précoce. Ils s'apprêtaient à organiser leur mariage (mais ça, leurs amis l'ignoraient encore), et c'était déjà une belle étape. Pour éviter toute répartie désagréable, Nate comptait sur le tact de la fleuriste. Et elle s'en sortait à merveille. Après une énième insistance sur le sujet de la famille, il se permit de lui glisser discrètement à l'oreille : "Rappelle-moi ce qu'on fout là..." Elle laissa échapper un petit rire amusé, sous le regard mi-attendri, mi-perplexe de leurs interlocuteurs du moment. Nate aurait volontiers poursuivi cette récréation, histoire de se détendre un peu, mais son sourire s'évapora à l'instant même où il aperçut, dans la foule, le fantôme de son passé. Laila. Comme des années auparavant, sa beauté transcendait la lumière. Elle le transcendait, lui. Elle était plus belle que n'importe qui, plus belle que tous les invités réunis. Sans même s'en rendre compte, son bras relâcha l'étreinte autour de la hanche de Flora, qui se tourna vers lui. "Tout va bien ?" s'inquiéta-t-elle devant le visage pâle et brusquement fermé de son fiancé. Cette question tira Nate des sombres songes dans lesquels il s'enfonçait doucement. Il feint de reprendre ses esprits et lui adressa un sourire forcé sur lequel, heureusement, elle ne s'attarda pas. "Je vais nous chercher des verres, la surprise ne devrait pas tarder à être dévoilééée." Trop excitée pour se rendre compte du malaise, Flora trépigna, frappa silencieusement des mains et déposa un rapide baiser sur le coin des lèvres de Nate avant de disparaître vers le bar à vin éphémère... laissant le disquaire à la merci du fantôme qui hantait ses pensées depuis plus de treize ans. Panique à bord. Aucune issue de secours. Ni pour lui, ni pour elle. La rencontre était inévitable. Impact dans 3, 2, 1... "Hey, ça fait longtemps." Pathétique. Evidemment que ça faisait longtemps, et c'était bien de sa faute. Plus fébrile que jamais, il sentait son cœur battre à tout rompre. Sans doute était-il (enfin) prêt à s'extirper de sa poitrine. Bordel, la revoir était tout aussi agréable que dévastateur. "Qu'est-ce que... tu fais ici ?" C'était LA question. Que pouvait-elle bien faire dans ce vignoble, au moment même où il s'apprêtait à annoncer ses fiançailles ?
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Message(#)time capsule (laila) EmptyVen 10 Juin 2022 - 6:07


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Laila Ferrer & @Nate Ellis-Boyle :l: (crédit gif/hillsidepacks)

"Descends boire un verre." Le rire grave de Laila résonna doucement dans l’habitacle comme elle laissait l’arrière de sa tête mal peignée rebondir contre l’appui-tête de la dépanneuse. Dania avait hérité de la propension de leurs parents à croire que plus on est de fous, plus on rit. Mais à en juger par le standing de la soirée à laquelle elle déposa sa sœur, sœur qui l’avait appelée à la rescousse pour la sauver d’un pépin de voiture sur la route de cette même-soirée, les imprévus n’étaient sans doute pas les bienvenues. Même de l’extérieur, il embaumait un parfum d’organisation stricte qu’elle n’aurait pas voulu démonter en s’imposant avec ses gros souliers "Je connais personne, et je suis pas habillée pour l’occasion. Mais file, amuse-toi et profite. Je m’en remettrais." Assurément, lui disait le regard insistant qu’elle lui lança pour l’encourager à s’en aller. Et avant qu’elle ne le fasse, elle déposa un baiser sur sa joue, la remerciant tacitement pour le service qu’elle venait de lui rendre, et parce que malgré les tentions, malgré les jalousies, elles restaient des sœurs qui s’aimaient et qui se respectaient assez pour ne pas partir sans se dire au revoir. Dania sauta de la dépanneuse, Lali laissa un nouveau rire filer ; qui se transforma en soupir désabusé quand elle s’aperçut qu’elle avait oublié son sac sur le siège passager "Putain, Dania." Son espagnol darda comme la preuve irréfutable qu’elle était soudainement agacée par la maladresse de son aînée. Pas assez toutefois pour refuser d’aller lui rapporter son dû. D’une certaine façon, qu’elle lui enviait certainement en peu en secret, elle avait réussi son coup.
La gêne n’était pas un sentiment qu’elle maîtrisait, elle avait appris à s’en défaire rapidement, quand elle avait compris que sa vie ne serait pas celle qu’elle à laquelle elle avait toujours aspiré. Laila préférait assumer qui elle était, ce qu’elle représentait, sans se soucier qu’on pose vraiment le regard sur elle. Alors qu’elle dénotait dans l’environnement dans lequel elle venait de mettre les pieds, avec son t-shirt oversize estampillé de la figure d’Hendrix, concentré sur sa guitare, enfoncé dans un jean taille haute ourlé sur des bottines usés par le temps, et sans doutes trop lourdes pour son poids-plume, elle ne se soucia pas tellement d’attirer les regards sur le moment. Occupée à chercher Dania, se juchant sur la pointe des pieds pour se rendre compte qu’elle n’était pas dans l’endroit qu’elle venait d’investir, elle eut une légère moue d’assentiment quand elle se rendit compte de l’ensemble et de la merveille de décoration que représentaient les tables ainsi disposées, surplombées de guirlandes de lumières qui rendaient le tout chaleureux. Peut-être se laisserait-elle tenter par un verre finalement, encore qu’elle devait reprendre le volant, mais loin d’elle l’idée de jouer à la sainte-nitouche en prétendant qu’elle n’était pas coutumière du fait. Sans traces de Dania, elle haussa les épaules, toupillant sur ses pieds, retenant ses longs cheveux bruns et bouclés d’une main baguée jusqu’aux phalanges qu’elle y glissa par habitude tandis qu’elle cherchait le bar à investir ; quand elle marqua un temps d’arrêt.

Je connais personne, avait-elle dit à sa sœur. Pourquoi avait-elle l’impression de connaître l’homme par qui ses yeux furent immédiatement attirés, dans ce cas ? Ce n’était pas une impression, et comme si son cœur avait compris ce qui se passait bien avant elle, il se mit à battre à tout rompre dans sa poitrine Sa myopie était ce qu’elle était, elle ne l’empêchait pas de faire le point sur l’évidence qui pointa quand les yeux de Nate rencontrèrent les siens depuis… combien de temps exactement ? Sur l’instant, elle prétendit ne pas savoir vraiment, alors que dans sa tête tournait les aiguilles d’une montre sur lesquelles elle n’avait cessé de caler son rythme de vie. Treize ans, ça paraissait une éternité à ses yeux. Ils s’étaient croisés parfois, ils ne s’étaient jamais arrêtés l’un face à l’autre néanmoins — là encore, le respect, la tendresse… le chagrin aussi, d’avoir des souvenirs en communs trop douloureux à aborder. C’était probablement son signal pour déguerpir. Seulement ses pieds semblaient ancrés dans les lames de la terrasse en bois sur laquelle elle se tenait debout, à remonter la lanière du sac de sa sœur sur son épaule pendant que ses yeux suivaient le trajet de Nate jusqu’à elle.
Sa silhouette fût plus nette au fur et à mesure qu’il avançait, les traits de son visage devenant plus distinct pour qu’elle s’y arrête enfin quand il ouvrit la bouche, et que sa voix grave la percuta suffisamment fort pour qu’elle oublie, pour un temps, qu’il venait d’abandonner une jeune femme pour la rejoindre. Elle ne se demanda pas tout de suite qui elle était, se composant une expression polie, ses yeux papillonnant pour l’aider à reprendre vie, sa bouche s’ouvrant graduellement pour lui répondre doucement, sans doute un peu trop "Trop longtemps." affirma-t-elle en se sentant au moins aussi pathétique que le jeune homme qu’elle fixa encore un instant. Soudainement, elle se sentit crasseuse face à l’apparence qu’il arborait et qui lui fit réaliser que, si les années avaient passées et avaient fait leur travail en conséquence, ça n’avait fait qu’asseoir les qualités qu’il avait pour lui et qui le rendait encore plus beau qu’à l’époque. Elle secoua la tête pour reprendre pieds cette fois, fermant très brièvement les yeux pour mieux se concentrer sur une réponse correcte à accorder au jeune homme dont l’attention était dirigée tout droit sur elle — elle se liquéfiait, tout bonnement. Elle sentait son sang courir dans ses veines à une vitesse assez alarmante pour que son cœur en devienne douloureux  à chaque nouvelle impulsion "J’ai déposé Dania. Elle a oublié son sac." Dania. La réalisation fût aussi brusque qu’elle fût pénible à envisager alors qu’un instant encore, elle garda les yeux fermés pour les rouvrir après quelques secondes à dérouler mentalement tout un chapelet d’insultes à l’encontre de sa sœur aînée ; que là encore, elle oublia presque quand son regard croisa de nouveau celui de Nate, et que pour la première fois de sa vie sans doute, elle se sentit assez gênée pour ne savoir quoi ajouter pendant une, deux, trois secondes ; jusqu’à ce que le désignant d’une main leste, un rire lui échappant comme témoin ultime d’une fausse décontraction, elle lui lança "T’as l’air en forme." Pathétique.


Dernière édition par Laila Ferrer le Jeu 16 Juin 2022 - 5:06, édité 2 fois
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Message(#)time capsule (laila) EmptyDim 12 Juin 2022 - 11:31


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Nate Ellis-Boyle & @laila ferrer :l:

Dans le beau vignoble où il s'apprêtait à faire une grande annonce, Nate se sentait comme un marin paumé en pleine mer. Une mer étrangement calme, en surface. Un environnement lisse et silencieux, certes serein mais figé dans une attente infinie, à l'image de son quotidien depuis treize longues années. Comme un souffle puissant, Laila venait de pousser son embarcation aux abords d'un gigantesque maelström. Un tourbillon de sentiments cachés au fin fond de son âme, prêt à l'engloutir à la moindre seconde d'inattention. Cachés, c'était un bien grand mot. S'il ne parlait que rarement de Laila, son souvenir l'accompagnait chaque jour, de chaque semaine, de chaque mois depuis plus d'une décennie. Sans grande conviction, il avait pourtant tout essayé pour l'oublier : une longue errance sentimentale, des aventures à la pelle puis, une histoire sérieuse avec cette jolie fleuriste. Merde, Flora. Pendant cet instant de lucidité, il jeta un regard furtif vers le bar à vin pour s'assurer qu'elle n'observait pas la scène... et leurs émotions trop intenses pour être inoffensives. Les viticulteurs de Bayside, charmés par cette belle blonde, lui avaient mis le grappin dessus et s'affairaient à se rendre, chacun leur tour, plus intéressant que jamais. Flora, flattée et trop réservée pour freiner leur enthousiasme, se contentait de participer avec le sourire. Et à en juger par les petits verres qu'ils installaient face à elle, les viticulteurs s'apprêtaient sans doute à lui proposer un tour des meilleurs cépages de la région. Intimement, Nate leur en fut très reconnaissant. Il ne lui en fallut guère plus pour s'accorder le droit de plonger, tête la première, dans le maëlstrom. Trop longtemps, avait-elle dit, doublant ainsi les battements d'un cœur lourd et douloureux. Un Putain, quel con silencieux vint s'ajouter aux milliers d'insultes qu'il s'était déjà infligés depuis leur rupture. De l'eau avait coulé sous les ponts, et il avait eu maintes occasions de revoir Laila, mais il n'en avait jamais eu le courage. Inexorablement, le temps avait continué de s'écouler. Chaque jour sans elle accroissait la honte qu'il ressentait à l'avoir abandonnée, repoussant plus encore l'échéance de leurs retrouvailles. Ce cercle vicieux, il ne l'avait jamais quitté.

Sous ses airs malins et assurés, Nate n'avait jamais - JAMAIS - eu le courage de se confronter à elle. Mais ce jour-là, le destin en avait décidé autrement. Le destin... avec un D comme Dania, surtout. Quand Laila prononça le prénom de sa sœur, l'australien remit les choses en perspective. "Dan... Dania est là ? Je ne l'ai pas croisée." dit-il maladroitement. Bordel, elle l'a fait. Il en était persuadé : cette situation n'était pas improvisée. Dania connaissait parfaitement l'issue de cette journée, avec la nouvelle que le couple s'apprêtait à annoncer. Lors d'une soirée avec des amis communs, Nate, un peu éméché, avait joué sa dernière carte. Il avait joué sur la passion potins de Dania pour chuchoter quelques futilités à un gars de la bande, histoire d'éveiller son intérêt. Pari gagné : elle s'était innocemment rapprochée de la table, prétextant se servir un verre d'un alcool que, dans les souvenirs de Nate, elle détestait. Au moment opportun, le disquaire avait révélé, peu discrètement, le secret de leurs fiançailles à son ami. Même avec un coup dans le nez, il le savait : Dania, l'oreille tendue, n'en avait pas perdu une miette. Il avait compté sur son indélicatesse pour aller tout cafter à sa petite sœur, dans l'espoir que le scoop agisse comme un déclic et que Laila reprenne contact avec lui. C'était tordu, mais possiblement efficace. Nate avait néanmoins sous-estimé les capacités de Dania ; elle était encore plus fourbe qu'elle en avait l'air, à emmener sa sœur ici, ce jour-ci. Lali allait vivre un moment (très) désagréable, et Nate s'en voulait déjà affreusement. La mâchoire serrée, il inspira longuement pour résister à l'envie d'en découdre. Il ne s'agissait pas de sauver son honneur, non celui-là était entaché depuis bien trop longtemps, mais de protéger celle qu'il avait déjà trop fait souffrir. La tension de son visage fut légèrement gommée par le compliment de Laila, bien qu'il fut d'habitude réservé à quelques politesses élémentaires. "Je... Je vais bien, oui." C'était un si gros mensonge qu'il ne s'en convainquit pas lui-même. "Et toi ? Tu es rayonnante." Ses joues rosirent à la seconde même où il se rendit compte des mots qu'il venait de prononcer. C'était incroyablement vrai et parfaitement inapproprié. Ses yeux papillonnèrent à la recherche d'une idée à laquelle se raccrocher. Sans trop réfléchir, il ajouta, la bouche pâteuse : "Tu es venue en dépanneuse ?!" Elue pire répartie de l'univers. Chapeau bas. Mais voyons le verre à moitié plein : c'était l'opportunité de s'écarter du groupe pour éviter la rencontre avec Flora (Nate n'avait aucune envie qu'elle vienne le bécoter devant elle), la raccompagner à son véhicule et l'inciter à quitter les lieux avant l'annonce fatidique.
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Message(#)time capsule (laila) EmptyLun 13 Juin 2022 - 9:22


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Laila Ferrer & @Nate Ellis-Boyle :l: (crédit gif/hillsidepacks)

"Vous côtoyez les mêmes personnes visiblement. Je savais même pas que vous aviez renoués." Si ça sonnait comme un reproche, ça n’en était pas un. Anesthésiée par ces retrouvailles fortuites — ou pas, elle savait maintenant que Dania avait préparé son coup en douce, elle avait toujours été d’une fourberie sans nom quand il s’agissait de faire avaler de force la dureté de la vie à sa petite-sœur —, Laila se contentait de déblatérer ce qui lui passait par la tête sans savoir par où commencer, ses yeux bruns accrochés à ceux de Nate dans une attraction à laquelle elle ne pouvait pas échapper, à laquelle elle ne savait pas échapper. Le plus douloureux dans leur histoire, en plus d’avoir pris conscience qu’ils avaient vécu dans une bulle trop belle, montée de toutes pièces par leur naïveté, c’était que sa finalité leur avait été imposée et que d’une certaine façon, ils ne s’étaient jamais dit au revoir. Les Ferrer avaient appris la grossesse de leur fille de sa propre bouche, ils avaient chassé Nate de chez eux  dans la foulée en ne faisant pas de quartier, le répudiant autant que l’affection qu’ils avaient ressenti pour lui à l’époque. C’était simple : un jour il avait été là, à vadrouiller chez eux comme un membre à part entière de leur tribu, et le lendemain il ne l’avait plus été, laissant la toute jeune femme qu’elle était au prise de la volonté de ses parents de ne pas ébruiter sa condition, de ne pas la rendre plus indigne du nom qu’elle portait en ayant commis cette grosse erreur de parcours. Ils ne s’étaient pas vraiment reparlés ensuite, ils n’avaient pas pu faire le point sur quoi faire et quoi décider — ça aussi, ça leur avait été imposé.
Si elle avait été entourée par ses parents furieux, par ses frères et sa sœur désolés de ne pas avoir la force de faire quoi que ce soit pour elle durant cette période compliquée, par son oncle qui l’avait recueillie par la suite, elle avait été seule à vivre sa grossesse et à comprendre que si elle la mènerait à terme par conviction, il n’y aurait rien pour elle une fois qu’elle aurait fait ce pourquoi son corps avait été modelé par les cieux. Et pour ça aussi, elle avait été seule, pour se faire à l’idée qu’elle n’avait été qu’un vaisseau, qu’on lui avait autorisé aucune forme d’attachement à ce qui grossissait dans son ventre alors qu’elle le sentait donner des coups de pied, prendre de la place et devenir un mix parfait des deux êtres qui l’avaient modelé. Lali n’en voulait pas à Nate de ne pas s’être imposé pour faire entendre son droit d’être à ses côtés. Elle avait eu le temps de réfléchir toutefois, elle avait eu le temps de songer à la conclusion qui l’avait frappée quand elle avait repensé au doux instant où ils s’étaient embrassés pour la première fois : elle n’avait été, sans doute, qu’une vulgaire opportunité.
C’était lui faire offense que de le penser, une partie d’elle le savait. Mais comment interpréter son silence, durant toutes ses années ? Le pointant d’une main pour désigner sa silhouette, pour le désigner dans toute la splendeur du trentenaire qu’il était devenu, elle se sentit aussi idiote que minuscule — et ça ne lui était jamais arrivée auparavant, de se sentir insignifiante à ses côtés. Leur différence d’âge avait été le plus gros problème qu’ils avaient eut à gérer, pour autant Nate ne lui avait jamais donné l’impression d’être autre chose que son égale. Il ne l’avait jamais reprise sur sa vision du monde, il ne lui avait jamais imposé sa vision du sien ; ils avaient simplement  tout partagé sans se soucier de ce genre de choses jusqu’à ce qu’on leur fasse comprendre que ce n’était pas bien. Dania, encore, avait été la première à la mettre en garde, à lui rappeler qu’elle n’était encore qu’une gamine quand elle l’avait vu rougir la première fois, confrontée au charisme de cet ami qu’elle amenait de temps en temps à la maison.

Tous ses compliments lui avaient toujours fait quelque chose, ainsi celui qu’il laissa échapper à ce moment-là ne dérogea pas à la règle, quand bien même elle fit mine de ne pas s’y arrêter alors que son cœur menaçait d’être expulsé de sa poitrine qu’elle sentait vibrer sous le tissu vieilli de son t-shirt. Encore moins sur la question qu’il lui retourna et qui mettait en exergue une envie de sa part de prendre de ses nouvelles, de savoir ce qu’elle devenait. Elle remonta de nouveau le sac de sa sœur sur son épaule avant de changer d’avis, secouant la tête pour faire bonne mesure, et de l’en faire glisser pour le tendre au jeune homme dans une tentative désespérée de ne pas attirer l’attention sur cette question éludée.
"Tiens, t’auras qu’à lui donner quand tu la croiseras. Elle sera pas sans venir te saluer." Ses doigts crispés contre le cuir, il tremblèrent peut-être un peu quand il s’empara du sac et que sa voix résonna de nouveau, la faisant opérer un léger pas en arrière pour mettre un peu de distance entre eux pendant qu’elle ne réussissait pas à se résoudre à rompre le contact visuel malgré ses mouvements de tête supposés l’aider à mieux faire le point sur ce qui se passait dans son corps ; tellement de choses à la fois, que pour garder bonne contenance, elle fourra de nouveau une main dans ses longs cheveux bouclés, emmêlés par sa journée au garage "Ouais, je dois passer récupérer sa voiture sur le bas-côté. Elle m’a dit qu’elle était déjà très en retard, j’ai préféré la déposer avant de me lancer dans le remorquage." Tout était si confus, tout était si étrange qu’elle ne se demanda pas comment il pouvait s’être douté qu’elle était venue en dépanneuse. L’endroit où elle l’avait garée n’était pas visible de là où ils se trouvaient, face à face, à se jauger sans en avoir l’air, leurs yeux se confrontant sans discontinuer. Dans une légère bascule de la tête, elle vérifia discrètement si elle n’avait pas de tache d’huile sur son jean, si elle ne sentait pas l’essence à plein nez… elle ne décela qu’une odeur douçâtre de tabac froid et de d’Opium éventé. De fait, elle releva la tête, pointant du pouce un coin désigné au hasard par-dessus son épaule, un sourire de convenance faisant saillir ses pommettes bien dessinées "D’ailleurs, je devrais y aller. C’est pas vraiment ma place ici." Et en disant ça, elle le fixait toujours, ne pouvant se résoudre à abandonner avant d’être conviée par qui que ce soit à tourner les talons pour de bon.
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Message(#)time capsule (laila) EmptyDim 19 Juin 2022 - 10:50


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Nate Ellis-Boyle & @laila ferrer :l:

Ses sourcils se froncèrent légèrement à l'évocation de Dania, et de la supposée relation que Laila leur prêtait. Derrière l'agacement apparent de la belle, Nate crut déceler une pointe de jalousie. Il n'en aurait pas mis sa main à couper, pas après tant d'années sans se fréquenter, mais la simple idée que cette hypothèse ne la laisse pas indifférente lui était plaisante. "Ce n'est pas vraiment le cas." se contenta-t-il d'ajouter, tant pour être honnête que pour laisser planer le doute dans son esprit. Non, ils n'avaient pas renoué. Et aujourd'hui, il le savait : ils ne renoueraient sans doute jamais. Leur amitié avait été aussi puissante qu'éphémère. Ils s'étaient adorés, adulés, amusés. Puis, des grains de sable avaient enrayé la machine et ils s'étaient éloignés, méprisés, détestés. De l'eau avait coulé sous les ponts depuis leurs différends, mais rien n'était jamais redevenu comme avant. Ils s'étaient croisés, à maintes reprises, en compagnie de leurs amis communs. Et mise à part une explosion de ressentiments peu après l'accouchement de Laila, ils ne s'étaient jamais plus accordé la moindre importance. Aujourd'hui, contraints de fréquenter les mêmes lieux en compagnie des mêmes personnes, les deux aînés se toléraient. Dania n'abordait plus le sujet délicat de la famille, et Nate ne mentionnait plus le moindre souvenir de jeunesse en sa présence. Il s'étaient accordés, tacitement, sur une non-ingérence dans la vie de l'autre, et c'était très bien comme ça. Jusqu'à ce qu'ils prennent part, plus ou moins tacitement, à la pièce de théâtre qui se jouait désormais entre Nate et Laila. "Tu ne préfères pas le pos..." L'australien n'eut pas d'autre choix que de réceptionner le sac tendu fébrilement, il le remarqua, par la jeune Ferrer qui opéra un léger recul. Elle semblait vouloir se débarrasser à la fois du sac et de cette situation malaisante. "Ok, je m'en occupe." Si, en dépit de leur différence d'âge, Nate n'avait jamais joué de rôle paternaliste avec Laila, il n'avait jamais été aussi attentionné avec quiconque. Ni avant leur rencontre, ni après leur rupture. Il avait toujours eu ce besoin, tout au long de leur histoire, de s'assurer qu'elle allait bien. Un regard par-ci, une parole par-là, il n'avait jamais été aussi prévenant. Jazmin, elle-même, en était sidérée. Et puis, son expulsion manu militari de la vie des Ferrer avait fait valser ses bonnes intentions pour élever, de nouveau, un joli bouclier. Bouclier que, malgré les apparences, sa fiancée n'avait pas même réussi à fendre.

La voix de Flora, justement, se fit entendre au loin. Nate jeta un regard vers elle pour constater, avec effarement, qu'elle avait échappé à l'insistance des vignerons et qu'elle se dirigeait droit vers lui. Vers eux. Merde. Il restait quelques marches et trente mètres, à tout casser, avant qu'elle n'arrive à leur niveau. Nate se tourna prestement vers Laila pour engager, maladroitement, des aurevoirs. "J'ai été content de te voir." avoua-t-il, sans même chercher à la retenir. Il ne fallait vraiment pas qu'elle voit la suite. "Vraiment." se permit-il d'ajouter en plongeant dans ce regard, espérant lui transmettre les émotions qui l'assaillaient à ce moment précis : regret, tristesse, nostalgie, joie, bonheur, plénitude. Un melting pot de sentiments contre lesquels il luttait difficilement, bloqué par les non-dits de ces treize dernières années et oppressé par l'arrivée imminente de... "Flora." affirma-t-il d'un souffle las. "Hey, enchantée, je suis... Flora !" annonça-t-elle joyeusement, sans s'imaginer un seul instant qu'elle s'adressait à sa principale (et unique) rivale. "La Flora de Nate." Ces quatre mots eurent l'effet de quatre coups de couteau dans le ventre du disquaire, et sans doute aussi dans celui de Laila. Son regard s'affola vers les prunelles sombres de celle qui avait toujours plus de place dans son cœur que "la Flora de Nate". Il déglutit, guettant les moindres micro-expressions de la brune, tandis que sa fiancée lui adressait une bise chaleureuse. La découverte du prénom de Laila n'éveilla aucun soupçon dans l'esprit de la fleuriste, pour la simple et bonne raison que Nate avait gardé leur histoire sous scellé. De son passé amoureux, elle ne connaissait que des bribes : une histoire douloureuse avec son premier amour, des aventures sans lendemain, et c'est tout. Flora acceptait de ne rien connaître, ou presque, du passé mystérieux de son fiancé. Elle était très tolérante à ce sujet, ce qui renforçait le respect que Nate lui portait depuis le premier jour. "Comment vous vous connaissez ? Tu ne serais pas la sœur de Dania ? On ne s'est jamais rencontrées, je crois." Devant l'air interrogateur de Laila, l'australien secoua la tête brièvement, et très discrètement, de droite à gauche. Ils se comprirent sans échanger un mot, comme avant. Ce constat lui décrocha un petit rictus. "Tu restes, n'est-ce pas ?"  Nate tenta, sans grande conviction, d'offrir une porte de sortie à la mécano. "Tu sais, peut-être que Laila a des choses à faire." Aujourd'hui, Flora se révélait très insistante. "Oh, ta dépanneuse peut attendre encore un peu. Crois-moi, tu ne vas pas le regretter !" Personne n'avait encore osé aller contre la volonté de l'organisatrice du jour, qui arborait le plus grand des sourires... Et pour cause, elle s'apprêtait à annoncer une nouvelle toniturante. "Je vous laisse, j'ai une dernière chose à régler. Et pas d'excuse : voilà deux verres. A tout à l'heure !" lança-t-elle avant de s'envoler vers le coin des musiciens, laissant les deux amants perdus à la merci de leurs émotions.

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Message(#)time capsule (laila) EmptyLun 20 Juin 2022 - 4:43


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Laila Ferrer & @Nate Ellis-Boyle :l: (crédit gif/hillsidepacks)

Elle ne s’était jamais vraiment inquiété de la relation que Dania entretenait avec Nate. Elle y avait toujours vu le genre d’amitié qui construit et qui forge, devenant assez importante pour laisser des marques, mais pas assez pour perdurer dans le temps. Elle n’avait jamais été jalouse de sa sœur, Laila, même quand elle l’avait prise à son propre jeu, se rendant compte que si pour Nate, les choses étaient claires et que ce qu’il ressentait pour elle était aussi pur que l’âme qui le rendait spécial à ses yeux, pour Dania, ça ne l’était pas autant, et que ça plaçait sa petite sœur dans son viseur uniquement parce qu’elle, elle était jalouse de l’intérêt moins innocent que lui avait porté son meilleur ami à une époque. C’était pour cette raison qu’elle subissait cette mascarade aujourd’hui, Laila le ressentait aussi fort qu’elle ressentait ses constantes s’affoler chaque fois qu’elle posait son regard sur le jeune homme ; Dania était maman, Dania était mariée… mais Dania était aussi immature et vengeresse, aussi rancunière qu’elle pouvait être bienveillante quand elle se souvenait que Laila n’avait jamais été autrement que là pour elle quand il le fallait. Elles régleraient le problème plus tard. Dans l’immédiat, Laila ne savait pas quoi faire d’autre que s’en aller pour échapper à la sentence imposées par ses pensées quand elle songeait au fait qu’elle ne savait plus rien de la vie de Nate, qu’elle n’avait même pas la satisfaction de pouvoir le questionner sur ce qu’il devenait sans ressentir le poids qui pesait dans son ventre la tirer vers le bas.
Elle avait fantasmé ces retrouvailles pendant des années, elle s’était fait tout un cinéma de ce que ça pourrait être que de lui parler à nouveau. Elle avait même pensé faire le premier pas une fois, s’autorisant une once de fantaisie dans cette vie trop tranquille qu’elle vivait par obligation, celle qu’elle aurait dû vivre lui paraissant hors de sa portée désormais. Sauf qu’elle n’avait jamais réussi à dépasser le mur de ses craintes ; et elle se retrouvait là, à ne pas savoir quoi envisager d’autre que de se tirer sans demander son reste, parce que son regard était le même, et que ça la renvoyait à tellement de souvenirs que la ligne entre le futur et le présent devint floue le temps d’un instant — infinitésimal, durant lequel la voix de Nate se raffermit pour lui faire entendre trop de choses inaudibles par l’économie de mots vers laquelle il pencha le temps de la renvoyer à sa vie sans même chercher à la faire rester. Il était content de la revoir, vraiment… elle resta un court instant à écluser cette source de convictions qu’il tentait de lui faire passer dans ce simple échange, ne cherchant pas à le contredire quand il lui donnait pourtant la sensation de n’attendre qu’une chose ; qu’elle disparaisse rapidement, quand sa voix prit une autre teinte, et que son visage changea du tout au tout à l’arrivée de cette jeune femme qu’elle souvenait soudain avoir entraperçue en arrivant, campée bien trop près du jeune homme pour qu’elle ne soit pas capable de faire le calcul elle-même.

Elle se laissa embrasser par La Flora de Nate — La Flora de Nate. Le regard qu’elle adressa à ce dernier par-dessus l’épaule de la jeune femme fût fixe sans qu’elle ne le veuille véritablement, prise dans une avalanche de détails qui s’abattaient sur elle avec une violence qui marqua pour de bon la gêne qu’elle ressentit en s’apercevant des différences qu’il y avait entre elle et la jeune femme gaie, enjouée, au teint pâle et frais qui continuait de s’adresser à elle pendant qu’elle sondait la conscience de Nate — ça n’arrangea pas cette impression qu’elle avait d’être une pouilleuse dans un hôtel de luxe. Mais elle reprit pieds, Laila, brusquement, pour se détacher des avertissements silencieux du jeune homme qu’elle chassa de plusieurs battements de cils, son attention retrouvant la fraîcheur de Flora à qui elle répondit "On se connait pas vraiment, ça explique qu’on se soit jamais rencontrées." Dure, elle l’était par commodité "Laila." La sœur de cette salope de Dania effectivement. La Laila de personne en revanche, c’est sympa de demander, se retint-elle d’ajouter en glissant brièvement son regard sur Nate pour finalement retrouver celui de Flora dans la foulée — et de concert, sa voix s’ajouta à celle du jeune homme quand elle interrompit la verve de quoi, sa promise ? Elle clama sans aucune hésitation, se calant sur les recommandations tacites de son binôme naturel, celui qui n’avait même pas besoin d’en faire ou d’en dire plus pour qu’elle saisisse, pour qu’elle comprenne qu’elle n’avait pas eu tort en songeant de cette manière ; il voulait qu’elle parte, le plus rapidement possible "J’ai des choses à faire, c’est gentil de…" Gentil de vouloir l’inclure, gentil de vouloir la rendre tributaire de sa putain de gentillesse quand elle avait envie de lui dire de fermer sa gueule et d’aller piailler ses ordres de gourde de princesse Disney autre part qu’ici, dégueulant ses fleurs et ses arcs-en-ciel dans l’espace qui les séparait.
Elle se laissa surprendre par le verre qu’elle lui fourra dans la main, n’ayant pas le temps de faire autre chose que de murmurer quand elle disparut dans un tourbillon de sucre et de miel "Je bois pas de vin." Pas ailleurs qu’à la messe. Pas assez fort pour elle, pas assez fort pour endormir sa peine. De nouveau, un ange passa ; le genre d’ange qui ne faisait pas de cadeau, chérubin démoniaque plutôt qu’envoyé de Dieu. Dans un réflexe stupide, ses doigts se portèrent au crucifix en argent qui habillait son décolleté, quand ne sachant quoi dire sur le moment, évitant cette fois le regard de Nate elle finit par laisser sa voix naturellement rauque lui dire, ses doigts se resserrant autour de son verre "Sympa, ta Flora." Elle n’en pensait pas un mot. Comme elle ne pensait pas un mot de ce qu’elle ajouta en lui tendant son verre dans lequel elle ne tremperait même pas ses lèvres, le lui laissant pour trinquer avec Flora si ça lui chantait "Je suis contente pour toi." Et par mimétisme pas si inconscient que ça, elle ajouta avant de tourner les talons, non sans lui avoir renvoyé le regard qu’il lui avait lui-même renvoyé un instant plus tôt et qui mêlaient regret, tristesse, nostalgie — que ça, elle passait son tour pour le reste "Vraiment."
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Message(#)time capsule (laila) EmptyLun 27 Juin 2022 - 16:48


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Nate Ellis-Boyle & @laila ferrer :l:

Flora venait de disparaître, aussi vite qu'elle était apparue. On aurait cru qu'elle survolait la foule, semant des graines de fleurs colorées sur son chemin. Putain, elle irradiait de bonheur, constatait sévèrement l'australien. Un entremêlement de compassion et d'inquiétude l'empêchait de se réjouir pour elle. Pour eux. Pourtant, il l'appréciait vraiment, Flora. C'était sans doute le problème, d'ailleurs : il l'appréciait. Laila, en revanche, la haïssait publiquement. Sous ses airs angéliques, Nate repéra quelques tensions sur son visage. Ce visage qu'il connaissait par cœur. Un rictus pincé par-ci, un ridule délicieuse par-là. La belle était exaspérée, il le savait. Il faut dire qu'elles n'avaient rien en commun, ces deux-là, c'était même la raison principale de l'union de Nate avec la fleuriste. Loin de lui l'idée de revivre une histoire comme celle avec Lali, elle était unique, ce qui renforçait son issue dramatique. Il s'apprêtait à excuser le comportement disons... intrusif et mielleux de sa fiancée, quand la belle brune ajouta un délectable "Sympa, ta Flora". Sympa. Sympa ? Nate, qui sentit un arc se dessiner sur son sourcil, s'empressa de le retenir. Et comme ça, elle était heureuse pour moi ? Bon sang, était-ce une pointe de jalousie ? N'importe quel homme aurait cru au ton de sa voix faussement assuré, mais pas Nate. Il la connaissait, il savait que quelque chose la dérangeait : la jalousie, il l'espérait, ou peut-être la nostalgie ou la colère. Son dernier mot, pourtant, semblait plus honnête que jamais. Etait-elle vraiment heureuse pour lui ? Heureuse qu'il refasse sa vie, loin d'elle et de la seule promesse qui ait jamais compté pour lui ? Son cœur se serra, quand il entendit un bruit strident de micro mal branché. Les secondes qui suivirent passèrent bien trop vite. Sur la petite scène installée pour l'occasion, à deux pas de Laila et Nate, se tenait Flora, les joues rosées et le sourire crispé jusqu'aux oreilles. Elle tenait fermement le micro entre ses mains, collé tout contre son torse, comme une enfant qui s'apprête à tenir le discours d'école de fin d'année. Elle balbutia quelques mots que personne ne comprit, à l'exception de Nate. Bordel, ce n'était pas le moment. Ou alors, ça l'était. Son regard virevolta de Flora à Laila, qu'il fixa brièvement dans l'espoir qu'elle reçoive ses excuses pour la suite. Il aurait voulu tout arrêter, Nate, mais la machine était lancée. La voix chevrotante mais courageuse, la fleuriste l'invita à le rejoindre. Sans d'autre choix que celui d'assumer ses erreurs et d'accepter, pour une fois, cette main tendue, il grimpa à ses côtés. Il était mal à l'aise, vraiment mal à l'aise. Le public, lui, ne lui en tint pas rigueur. Pire : Flora les tenait en haleine. "Si nous vous avons tous réunis aujourd'hui, c'est pour une... Une bonne raison." Nate aurait tout donné pour disparaître, pour retourner dans le passé ou faire un bond dans l'avenir, tant qu'il pouvait échapper à l'instant présent. Dans un coin de sa tête, il détesta la fleuriste de laisser quelques esprits penser à une hypothétique grossesse. Son coeur se serra davantage, sachant Laila dans l'assemblée. "Nous nous sommes..." Flora s'approcha pour se blottir contre lui et lui coller le micro sous le nez, lui imposant tacitement de mettre fin au suspens. "... Fiancés." prononça-t-il aussi brièvement que possible, comme on arrache un pansement. Les cris et les applaudissements de leurs proches énergisa la fleuriste, tandis que Nate s'efforçait d'offrir un sourire crispé. Il lui fallut de longues secondes avant d'oser, enfin, diriger son regard vers celui de Laila... Qu'il perdit. Il chercha sa chevelure sombre dans la foule, et ne trouva que le sourire vicieux de sa sœur, visiblement fière de son coup. Nate serra la mâchoire, et inspira profondément pour retenir l'irrépressible envie de 1. courir vers la dépanneuse de Laila et 2. enfermer Dania à double tour dans une cave. Pendant qu'il cherchait à se replier, Flora noua ses doigts dans les siens et leva, d'un élan, leurs mains vers le ciel pour célébrer la nouvelle. Sous les acclamations du public, ils s'embrassèrent. Un baiser furtif, qui satisfit à la fois la timidité de Flora et l'inconfort de Nate. Malgré tout, il devait reconnaître que la blonde avait tout d'une fiancée parfaite, et qu'elle ne méritait pas qu'il la considère de la sorte. Il resta quelques minutes à ses côtés, un bras autour de ses hanches, pour accueillir les félicitations des invités. Quand, enfin, le tour de Dania arriva, il serra les dents. Elle était trop enjouée pour être honnête mais Flora, dans toute sa candeur, ne le remarqua même pas. Tandis qu'elles s'étreignaient sous les yeux noirs de Nate, il trouva (enfin) le moyen de s'échapper. "Tom me fait signe, tu sais que je ne peux pas le faire attendre." glissa-t-il à l'oreille de sa fiancée, avant de descendre plus bas dans le vignoble. Tom, occupé à siroter un verre de trop, ne lui avait aucunement fait signe. Il se trouvait, en revanche, sur le chemin vers l'allée où Laila était sans doute garée. Nate jeta un regard aux alentours, remercia encore quelques curieux avant de descendre discrètement les marches en pierre qui le séparait du véhicule qu'il s'étonna de voir encore à l'arrêt. Il repéra la jeune femme, agitée, dans l'habitacle. Il s'approcha, avec autant de prudence que de tristesse, de la fenêtre de la conductrice. "Je suis désolé." avoua-t-il sincèrement. "Tu n'aurais jamais dû l'apprendre comme ça." Une dernière pensée vola vers cette sorcière de Dania, qui ne perdait rien pour attendre.

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Message(#)time capsule (laila) EmptySam 2 Juil 2022 - 5:19


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Laila Ferrer & @Nate Ellis-Boyle :l: (crédit gif/hillsidepacks)

"T’es descendue finalement." Dania la stoppa dans son élan, la prenant par le bras pour le faire pivoter vers la scène qui se mettait en place juste dans son dos, le temps qu’elle reprenne le sens de la marche pour éviter de s’attarder sur le regard de Nate. Elle en fût soudainement contrainte par la volonté de sa grande sœur qui lui glissa à l’oreille, se penchant sur elle avec un sourire à moitié carnassier "Reste encore un peu, tu vas rater le meilleur moment." L’œillade que posa Laila sur la jeune femme laissait transparaître beaucoup de choses dont une question qui lui brûlait trop les lèvres pour qu’elle ne réussisse à la retenir alors que La Flora de Nate se mettait à pépier mélodieusement dans le micro qu’elle tenait contre son abdomen "Pourquoi tu me fais ça ?" Elle se valait, cette question, mais trouverait-elle une réponse dans l’immédiat ? Laila en douta, essayant de se dégager de l’étau formé par le bras de sa sœur, glissé dans le creux de son coude, ses ongles lacérant la peau laissée à nu par la courte manche de son t-shirt d’Hendrix. Elle était trop heureuse de son effet pour s’évertuer à lui apporter une réponse, les yeux rivés sur les silhouettes des deux amoureux que Laila sentait aussi complices que s’ils n’avaient été que de simples amis.
La jalousie de Dania, c’était toujours la même raison ; elle ne supportait pas d’avoir fait sa vie avant que Nate décide de refaire la sienne. Laila n’était pas la seule victime du courroux de l’ainée des Ferrer, il y avait un double-tranchant à ce qu’elle essayait de faire maintenant, la forçant à tourner la page pour de bon en la mettant devant le fait accompli qui lui claqua en plein visage comme une gifle portée du plat de la main "Félicitations !" scanda Dania, lâchant enfin le bras de sa sœur pour pouvoir applaudir avec le reste des invités tandis que, par intermittence, elle jetait des regards à Lali pour vérifier comment elle gérait la nouvelle de ce mariage.

Outre la surprise visible sur son visage, toujours tourné vers la petite estrade, comment était-elle censée réagir ? Son cœur avait été brisé il y avait des années, un peu plus ou un peu moins, rien ne ferait changer les choses. Ça ne ferait qu’enterrer ses espoirs, et encore, elle n’était pas assez sotte pour oser croire qu’après toutes ces années, un miracle allait arriver, le temps ouvrant les yeux de l’amour de sa vie qui prendrait conscience qu’il n’était rien sans elle et qui viendrait honorer sa promesse. Elle resta sans rien faire pendant une poignée de secondes, sentant le rouge lui monter aux joues quand elle remarqua les gestes tendres échangés entre Nate et sa Flora. Et puis parce qu’elle n’avait plus rien à faire ici, que cette vision était aussi douloureuse qu’elle était inutile pour lui faire réaliser que c’était terminé, elle tourna les talons non sans bousculer violemment sa sœur au passage, lui assénant un coup d’épaule qui la fit basculer dans la douleur, mais que trop fière, elle ne laissa pas transparaître.
Elle se carapata sans demander son reste, dévalant les petites marches du vignoble pour retourner à la vie crasseuse qui était la sienne, à sa dépanneuse dont la porte s’ouvrit à la volée quand elle y mit toute la force qu’elle avait en elle, décuplée par la colère qu’elle ressentait pour sa sœur — par la peine qu’elle ressentait vis-à-vis de ce qu’elle venait d’apprendre, aussi. Dania avait sans doute bien fait de la mettre face à la réalité des choses, ça lui permettrait enfin d’aller de l’avant. Mais elle aurait pu le faire autrement, elle aurait pu lui épargner cette humiliation cuisante qui se matérialisa par des larmes qui bordèrent ses grands yeux bruns, et par des tremblements qu’elle essaya de calmer en serrant son volant entre ses doigts dont les jointures blanchirent, soumises à la pression qu’elle exerça sans se soucier de rien d’autre de faire passer l’émotion qu’elle ressentait, et qu’elle refoula, refusant de la laisser s’échapper. Elle prit une grande inspiration, douloureuse et bruyante, qui lui donna l’impression de geindre tant ça lui faisait mal partout, de se dire qu’elle avait bâtit sa vie sur des attentes illusoires, sur les souvenirs d’une promesse passée entre deux enfants. Elle, elle en était une à l’époque, elle avait tendance à l’oublier, le réalisant avec un temps de retard considérable.
Quelle idiote elle avait été. Ça la fit rire sans joie et secouer la tête de le penser, de remettre tout en perspective pour s’apercevoir qu’elle avait été naïve. Elle desserra ses poings, se redressant lentement dans son siège en reprenant une nouvelle inspiration, plus mesurée celle-ci, prête à s’en aller ; quand elle vit l’ombre d’une silhouette se réverbérer au travers de la vitre de sa dépanneuse. Le temps d’un instant, elle caressa l’idée de laisser Nate à son discours sans même entendre ce qu’il avait à lui dire, mais quitte à tourner définitivement la page, autant le faire dans les règles de l’art. Après un instant à reprendre sur elle, elle entrouvrit sa vitre, entendant la fin de la phrase qu’il venait d’entamer, et lui répondant avec un sourire aussi factice qu’il ravivait la lueur de mélancolie dans ses yeux "Qu’est-ce que ça peut bien faire de toute façon ? C’était il y a longtemps, j’ai pas besoin de connaître tous les détails de ta vie. Je veux dire, jusqu’à aujourd’hui, je savais même pas que tu vivais toujours ici." Mensonge, mais on lui pardonnerait de vouloir se faciliter la vie en agissant avec détachement pour préserver sa dignité, quand elle passait trop de temps à imaginer tomber sur lui. Elle lui accorda un regard volontairement furtif, le détournant rapidement pour le poser par-delà le pare-brise en ajoutant "T’as pas à t’excuser. J’espère juste que t’es heureux, et que tu sauras tenir les promesses que tu lui as faites." Elle évita de le regarder encore quelques instants, surtout après lui avoir lancé ce rappel à leur propre histoire. Elle remua dans l’habitacle, calant ses deux mains entre ses cuisses quand elle ne sut quoi ajouter d’autre, si ce n’est, ses épaules se haussant dans la foulée "Félicitations, je suppose." Vous faites un beau couple, vous ferez de beaux enfants ? Putain, qu’est-ce qu’il ne fallait pas dire pour arrondir les angles et s’empêcher de hurler sa peine à pleins poumons. Cette fois, elle tourna la tête vers lui, le fixant à peine pour ne pas se sentir bouleversée par ce qu’elle pourrait lire dans ses yeux et lui demandant seulement, d’une voix aussi neutre que le lui permettait sa maîtrise de ses émotions "On a fini ?" On a fini. La question recelait de tellement de double-sens qu’elle se sentit obligée de rectifier le tir "Je peux partir ?"
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Message(#)time capsule (laila) EmptyMar 19 Juil 2022 - 5:43


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Nate Ellis-Boyle & @laila ferrer :l:

On traduit souvent le jour de son mariage comme le plus beau jour de sa vie. Qu'en est-il alors lorsque la simple annonce des fiançailles engendre un profond mal-être ? Dans ce vignoble où des romances prenaient vie à chaque coucher de soleil, c'est l'histoire de la vie de Nate s'engouffrait dans l'horizon. Une chute vertigineuse, et néanmoins prévisible, vers le sol. Il savait dans quoi il s'engageait avec Flora. Il connaissait les risques ; il les avait même suivis dans l'espoir malsain d'attirer l'attention d'une autre femme que celle qu'il s'apprêtait à épouser. Dans cette situation digne des pires soap opéra, Nate se sentait pathétique. Bien qu'il n'ait jamais souhaité que Laila apprenne son engagement de la sorte, sous le joug de Flora et sa verve excitée, immobilisée par sa traitresse de soeur dans un parterre d'invités qui se réjouissait des festivités, il était celui qui avait amorcé la bombe Dania. Comment pouvait-il s'apitoyer sur son sort, lui qui était responsable des manigances de l'aînée des Ferrer ? Les effets dévastateurs du jeu mesquin de Dania sur le coeur de sa soeur, à n'en point douter, et de l'australien n'étaient que le résultat des mauvais choix qu'il avait fait depuis treize ans. Laila était dans l'assemblée, et alors ? N'était-ce pas ce qu'il voulait, créer une tempête émotionnelle chez elle ? De cet évènement, il ne ressortait que trois sombres émotions : la résignation d'un trentenaire dont l'âme est restée bloquée dans le passé, la compassion pour cette fleuriste qui s'évertuait à lui offrir un avenir radieux, et la culpabilité. Une culpabilité si grande, si ancienne, qu'il ne pourrait sans doute jamais en prendre réellement la mesure. Une culpabilité nourrie régulièrement de choix douteux et d'actions honteuses, à l'instar de cette merveilleuse journée.

A la première occasion, Nate se déroba à sa fiancée pour rejoindre celle qui lui causait tant de peine. Elle était là, seule dans sa dépanneuse, dans un mélange d'émotions qu'il ne parvint à décrypter. Sans le moindre doute, cette révélation avait froissé son amour-propre et provoqué une humiliation difficile, pour ne pas dire impossible, à digérer. Quand elle baissa sa vitre, le disquaire ne crut pas à sa propre rédemption. Non, il connaissait trop bien Lali pour imaginer qu'elle soit aussi naïve que sa fiancée. Sans surprise, sa répartie le terrassa. Chacune de ses prises de parole était teintée d'une indicible rancœur. De celles qui retournent l'estomac et assombrissent l'esprit. Putain, j'ai encore merdé. L'australien, désespéré par ce qu'il avait lui-même déclenché, gesticulait nerveusement. La sensation d'avoir anéanti tous les espoirs d'un renouveau avec elle, de vivre la seule histoire d'amour qui valait la peine d'être vécue, nourrissait un tourbillon d'émotions négatives. Contenir la colère que sa culpabilité engendrait était particulièrement pénible aujourd'hui, et la seule réponse qu'il semblait pouvoir contrôler était offensive. "Tu savais très bien que je vivais ici." corrigea-t-il sans attendre, faisant fi de sa mauvaise foi. Il se joigna ainsi, maladroitement, à la douleur qu'elle éprouvait à la mention de leur histoire avortée. "Je ne lui ai fait aucune promesse." Il s'immobilisa, posa calmement la paume de sa main contre la carcasse métalleuse de l'engin et chercha du regard les iris profonds de Laila. Aussi théâtral que cela puisse paraître, il n'y avait là aucune stratégie. "Aucune qui ne compte vraiment." Il soutint son regard intensément, bien que furtivement, avant qu'elle ne lui assène le coup fatal. On a fini. Cette phrase eut sur lui l'effet d'un poignard vigoureusement planté dans le dos. Il serra la mâchoire, sans jamais quitter la belle des yeux, priant intimement pour qu'elle lui lance une lueur d'espoir. Qu'une étincelle dans ses yeux vienne caresser la blessure qu'elle venait de causer, pour lui souffler, dans un dernier espoir, que l'avenir ne serait pas si sombre. Non, ils n'avaient pas fini. Oui, pour tout le monde, leur histoire était finie depuis plus d'une décennie. Mais elle ne l'avait jamais été, en réalité : Laila était toujours là, dans ses pensées, jour et nuit. Tout ce qu'il faisait, tout ce qu'il disait, était relié de près ou de loin à leur histoire. Aux délicieux sentiments qu'elle avait fait naître en lui. Aux moments qu'ils avaient partagés. Elle l'avait rendu meilleur, et il osait croire que cela eût été un jour réciproque. Au terme de quelques interminables dixièmes de seconde, le silence du disquaire fut couvert par la voix de la mécanicienne. Elle était là, sa lueur d'espoir : Lali s'était reprise, achevant leur discussion sur une note moins douloureuse. Peut-être s'agissait-il simplement, loin des effusions de sentiments, de fuir au plus vite. Peut-être aussi qu'il s'agissait d'éviter de mettre un point final à leur histoire. C'était subtil, un poil tordu, mais Nate n'avait que cette branche à laquelle se raccrocher pour ne pas sombrer. Il laissa s'échapper un long soupir qui lui brûla les entrailles, avant de reculer sans un mot. Il fit le nécessaire pour éviter le regard de la belle, le temps qu'elle manœuvre pour quitter les lieux. Cette fois, treize ans plus tard, c'était elle qui partait vers l'horizon.

TO BE CONTINUED

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