What draws people to be friends is that they see the same truth. They share it.
Icare profitait de son jour de congé pour tester quelque chose de nouveau. Ou du moins, quelque chose qu'il n'avait jamais encore testé en Australie. Il se mit devant le miroir de sa chambre et tenta de se coiffer légèrement mais laissa rapidement tomber, ça ferait l'affaire ! Il attrapa une chemise blanche et un pantalon noir, il mit des bottes et partit en direction de sa voiture.
Thématique Disney, il aurait préféré super-héros, il aurait fait un bon Spiderman, il en était sûr. Mais bon, un Prince Disney ça pouvait également le faire. Il avait tout misé sur le prince Eric parce qu'on lui avait demandé. Il était bénévoles à l’hôpital dans le service des enfants souffrant de maladie en tout genre, il détestait voir des enfants si... malades et faibles. Personne ne méritait cela, personne ne méritait de voir un enfant de sa famille se détériorer à cause de maux qu'on ne savait soigner. Icare était passé par là, par les hôpitaux, par les salles d'examens interminable. Toute son enfance se limitait à accompagner sa sœur partout où il pouvait, refusant d'être loin d'elle.
Le cancer avait emporté sa sœur lorsqu'elle avait juste 9 ans, elle était supposée avoir la vie devant elle à ce moment-là, pas déjà arrivé au terme de son voyage. Depuis lors, il avait gardé un goût amer de tout ça et depuis qu'il avait 18 ans, il versait la moitié de son salaire dans les recherches contre le cancer. C'était important pour lui. A travers ses voyages, il avait toujours fini dans les hôpitaux pour jouer avec des enfants malades, leur changer les esprits ou encore simplement jouer avec eux pour qu'ils oublient une journée qu'ils étaient mourant, malade ou simplement trop faible pour affronter la vie.
Il ne mit pas longtemps à arriver au service et on lui donna des indications. En arrivant au service, il salua d'abord le personnel soignant avant d'aller dans la "salle de jeu" où les enfants étaient réunis, il y avait pas mal de monde, surtout des princesses bénévoles. Il repéra un Woody un peu vieux ainsi qu'un Peter Pan un peu bedonnant. L'image n'était pas glamour mais ça avait le mérite d'apporter des sourires sur les lèvres des enfants. Une petite fille ne tarda pas à le remarquer et à lui tirer sur un pan de sa chemise. A son foulard sur la tête, il ne fut pas difficile pour Icare de reconnaitre son trouble. Un cancer, il la regarda avec un sourire et se mit à genou pour être à sa hauteur. « Elle est où Ariel ? C'est ma princesse préférée ! » s'enquit alors la petite fille les yeux brillant. Icare déposa sa main sur son coeur et poussa un gros soupire consterné. « ça veut dire que tu ne m'aimes pas moi ? Alors que je suis le meilleur marin de cette pièce ! » la petite ne semblait même pas impressionnée et il sourit sans pouvoir s'en empêcher. « Je préfère les pirates » se contenta-t-elle de répondre avec un sourire moqueur. « Jack Sparrow ! » s'écria alors un petit garçon qui passait à ce moment-là et se rapprocha tout en boitant légèrement, il s'approchait bien trop vite pour son petit corps et Icare le souleva aussi tôt pour ensuite l'installer à une petite chaise. « Y a pas de pirates, cette journée est nulle... » continua le petit garçon. Icare passa sa main dans les cheveux du petit blond qu'il ébouriffa avec sympathie. « Allons, allons, j'ai quand même affronté une sorcière des mers ! » les deux enfants se regardèrent avant de froncer les sourcils. « C'est pas un Kraken non plus ! » répondit avec indifférence le petit garçon. Icare rigola de bon coeur avant de se redresser. Il prit une épée imaginaire en main et se mit à combattre Ursula. « Les pirates passent leur temps à fuir le danger, moi Prince Eric l'ait affronté sans me démonter. » « Pour la princesse que tu aimes ! » approuva la petite fille, les yeux bruns brillant d’excitation. Le garçon eut une grimace de dégoût. Clairement, pour lui les histoires d'amour était encore répugnante. D'autres enfants commencèrent à arriver autour de lui et il fit un show, une véritable performance où il racontait comment il avait rencontré sa belle princesse rousse dont il était tombé amoureux en découvrant son caractère fougueux et intrépide. A la fin de son récit, il reçut quelques applaudissements et il fit des courbettes théâtrales. « Encore une histoire ? » réclama la première petite fille dont le foulard commençait à tomber, Icare le lui remit en place sans perdre son sourire et avec gentillesse dans le plus grand des calmes. « Et si on dessinait un peu, mettre en couleur et sur papier les aventures que je viens de raconter ? » tenta alors Icare en prenant place sur une de leurs petites tables, il était bien trop grand, mais il était tout de même assis et il attrapa crayons de couleurs et marqueurs pour commencer à dessiner des traits assez hasardeux qui ne manquèrent pas de faire rire les enfants qui tentèrent de lui montrer "comment on dessine vraiment". Icare souriait, il passait un bon moment ici avec eux, il passait toujours un bon moment avec les enfants malades, sans doute parce qu'ils ne tentaient ni de plaire, ni de feinter, le temps était trop précieux pour eux pour qu'il soit gaspillé à mentir.
Dernière édition par Icare Cox le Jeu 16 Juin 2022 - 4:27, édité 1 fois
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Travailler dans un hopital, c’était observé des tragédies frapper à la porte tous les jours. Il fallait trouver le juste équilibre entre une empathie cruellement nécessaire à la fonction de médecin et une appropriée distance pour ne pas retrouver son esprit torturé chaque soir par les malheurs des patients. Diego avait toujours réussi à maintenir ce subtil équilibre en place de manière assez naturelle, sans vraiment avoir à se poser trop de questions. S’il n’était pas la personne la plus sociable qui soit et si son tempérament penché en faveur de l'introspection plutôt que l’extraversion, le jeune homme n’avait jamais connu de problèmes relationnels avec les patients. Le sang ne l’effrayait pas, les odeurs putrides ne le dérangeaient pas outre mesure et les plaies béantes ne lui faisaient guère tourner l'œil. Le mexicain était ambitieux et il avait tout mis en place pour choisir la spécialité de son choix. Le médecin avait très tôt montré un intérêt vis-à-vis de l’oncologie notamment en raison des avancées de la recherche dans le domaine. Il trouvait les protocoles expérimentaux pour contre l’un des plus grands maux de l’humanité tout simplement fascinant. Jusqu’à 2019, la vie de Diego pouvait ressemblait en quelque sorte à un rêve éveillé, celui du petit immigré ayant réussi grâce au système a vertu méritocratique de l’Australie… puis le cancer de Maria a été décelé.
Il n’y a pas eu de descente aux enfers brutale, les fondations du roc se sont fragilisées lentement. Malgré le passage par la case prison de Rudy, malgré les soucis familiaux et amicaux, malgré le cancer de Maria, il n’avait pas jamais dévié de sa carrière professionnelle pensant sincèrement que grâce à elle, Diego pourrait réussir à assurer la pérennité des siens. Si c’était déjà à l’origine un bosseur, il était devenu un acharné du travail notamment car cela l’empêchait de trop réfléchir sur sa propre situation, une sorte d’opium bien plus accepté et toléré par les mœurs de la société actuelle. La conséquence de tout ceci est relativement simple : le si pragmatique Diego se montrait bien incapable de voir la réalité telle qu’elle était en refusant d’accepter la détérioration de l’état de santé de Maria et cela ne pourrait conduire qu’à une situation déséspérée. Mais en attendant, il savait parfaitement usé de faux-semblants pour faire croire que tout était sous contrôle.
A chaque fois que sa sœur était à l'hôpital, dès qu’il le pouvait, Diego lui rendait visite. C’était certainement le membre de la famille qui de par son statut de médecin passait le plus de temps à la côtoyer. Il chérissait chaque instant passé à ses côtés tout en essayant de la motiver à continuer à se battre… à moins que cela ne soit l’inverse et que se soit elle qui l’encourageait indirectement par ses éclats de rire, sa bonne humeur permanente et sa légèreté et ceci malgré ses traitements lourds. Cette situation avait au moins pour triste avantage de faire comprendre au bientôt trentenaire qu’il était nécessaire de savourer l’instant présent lui qui se projettait constamment dans un futur et qui avait toujours fait des plans sur le long terme. Un bien pour un mal ou un mal pour un bien, c’était impossible, encore, d’y répondre. Le médecin continuait de garder une foi intacte dans un avenir qui pourtant semblait de plus en plus incertain. Cette insouciance folle bardée d’optimisme aura certainement des conséquences.
Il y avait quartier libre pour les enfants cette semaine sur un horaire fixe avec la visite de bénévoles revêtant temporairement les costumes de héros et héroïnes Disney pour donner l’illusion de faire voyager des enfants malades pendant un d’après-midi en dehors de l'hôpital. Une action salutaire pour certains, pour d’autres juste un moyen de faire taire leurs tracas pendant quelques heures avant que la réalité ne se rappelle à eux. Diego n’avait pas vraiment d’avis arrêté sur la question préférant voir le verre à moitié plein plutôt que vide. Il y avait déjà bien trop de misère pour se montrer pessimiste entre ses quatres murs. S’il était en tenu de médecin c’est parce que Diego n’avait qu’une pause d’une heure avant de reprendre son service. Cela lui laissait le temps d’accompagner Maria à la salle d’activité où se trouvaient les bénévoles et de pouvoir profiter un peu de la voir heureuse et avec d’autres enfants. La solitude à l'hôpital restait un problème récurrent et il n’était pas bon de rester seul trop longtemps isolé. La grande pièce était remplie de pas mal de petits garnements courant dans tous les sens excités par la venue de leurs princes et princesses favoris. L’ambiance semblait être au rendez-vous. Le regard de Maria s’émerveilla d’un tout et d’un rien. Si sa curiosité s’arrêta d’abord sur les bénévoles en princesse, elle se considérait elle-même comme telle mais avec un côté bien plus guerrier, son attention se porta sur un volontaire. La cadette des Gutiérrez demanda du regard l’approbation de son grand-frère avant de lui lâcher la main pour se diriger vers ce curieux personne qui s’égosillait à vanter les mérites de ces triomphes. Un véritable hymne à la gloire de son personnage, ce qui ne manqua pas d’esquisser un sourire au grand-frère tandis que la sœur en demandait encore en rejoignant les paroles de soutien de ses camarades qui voulaient une autre histoire.
Fort de son succès, le prince Eric proposa aux enfants de dessiner. Non sans quelques chahutements, il les fit s’installer autour d’une petite table. Maria parvint même à s’installer juste à côté du bénévole qui se mit à recevoir des reproches gentillets sur sa façon de dessiner. « C’est pas comme ça qu’on dessine ça. » La petite latina récupéra un crayon et se mit à esquisser les traits d’un crabe puis d’un homme. « C’est un de mes grands frères qui m’a appris à faire ça. » disait-elle en se concentrant sur ses traits de dessin. Il est vrai que l’avantage d’avoir une grande fratrie c’était de pouvoir apprendre quelque chose avec chacun de ses aînés, et dans le cas c’était le talent de César en art qui était mis à contribution. « T’es aussi nul que Didi pour dessiner. Tu veux que je t’apprenne ? » narrait-elle tout en riant à gorge déployée de sa plaisanterie enfantine. « Ne sois pas impolie Maria. » tentait de rattraper Diego, cet homme devait certainement être plus doué que…. non c’était bien approximativement le même niveau. « Pardon monsieur le prince. » Le médecin s’accroupit alors que l’attention des enfants se tournait désormais vers lui et l’inconnu. « Je suis Diego, enchanté de vous rencontrer prince Eric. » Bien qu’il ne travaillait pas en pédiatrie, plusieurs enfants l’auront certainement reconnus. « Puis-je me joindre à votre petit groupe ? » Même s'il ne serait certainement pas très utile, bien incapable d'improviser ou dessiner.
@"Narcisse Cox"
CODAGE PAR AMIANTE
Dernière édition par Diego Gutiérrez le Sam 18 Juin 2022 - 11:11, édité 1 fois
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Icare aimait l'art de façon large et complexe, les peintures, les statues, les cathédrales, les pyramides, des tissus faits avec des techniques ancestrales, il savait reconnaitre le talent de façon large... mais le dessin n'était pas son fort, il aurait dû avoir quelques cours, il devrait penser un jour à en prendre, il savait reconnaitre l'art dans sa nature la plus parfaite ou plus hideuse... mais il ne savait pas créer l'art et c'était décevant à ses yeux. Cependant, son malheur semblait faire le bonheur des tous petits qui se moquaient de son dessin hasardeux, pouvait-on seulement reconnaitre Ursula dans son dessin ? Il pencha la tête sur le côté, sorti la langue et attrapa la couleur mauve, il pouvait au moins faire devenir ce qu'il dessinait, non ? « C’est pas comme ça qu’on dessine ça. » finit par dire une petite fille, Icare releva le regard et l'observa, une petite latina pleine de caractère déjà. « C’est un de mes grands frères qui m’a appris à faire ça. » et elle commença à tracer des traits d'une main sûre, Icare l'observa avec attention et ne put que reconnaitre Sébastien, le crabe et lui ? Il supposait du moins, il y avait les couleurs en tout cas. « Wow, je suis trop jaloux du talent ! Mais moi je sais pêcher et naviguer, on peut pas tout avoir dans la vie » se lamenta-t-il de façon dramatique en posant sa main sur le coeur. « T’es aussi nul que Didi pour dessiner. Tu veux que je t’apprenne ? » la petite rigolait de son non talent, et loin de se vexer, Icare fut content de lui apporter ce moment de bonheur, les sourires dans ce service était très précieux, une récompense en soit, et tant pis s'il en était la "cible", il était là pour ce genre de moment, les rires, les sourires sur des visages beaucoup trop creusé et accablé par la maladie... Icare fit mine de réfléchir en faisant des grimaces exagérées. « Pourquoi pas... mais c'est qui Didi ? » s'enquit alors Icare en se passant la main dans les cheveux. « Ne sois pas impolie Maria. » la reprit alors un homme près d'elle, il portait la tenue des médecins... médecin personnel ? Le cas était si grave qu'on ne la lâchait pas du regard ? Puis il nota des traits ressemblant... fille ? nièce ? soeur peut-être même ? Son coeur se serra à cette simple pensée et il eut un souvenir fugace de Rosalind. Une fraction de secondes. Des secondes qui lui déchirèrent le coeur mais il enferma ce souvenir dans un coin de son cerveau, pas ici, pas maintenant. La petite latina s'appelait donc Maria... le prénom d'une sainte. Il arqua un sourcil en direction du docteur. « Pardon monsieur le prince. » « Pas de ça entre nous Maria, je suis peut-être un prince, mais pour moi, tous les enfants de ce service le sont aussi... et toi Maria, tu es una Princessa. » elle semblait contente de l’appellation comme tous les enfants autour de lui, ce soir, ils n'étaient pas des enfants malades mais des Princes et Princesses. « Je suis Diego, enchanté de vous rencontrer prince Eric. » finit par dire le docteur en s'accroupissant à son tour pour être entouré des enfants. « Ou Didi je suppose ? Je suis Ic... Eric, exactement comme vous l'avez dit » se reprit-il à temps. Il avait une audience, il devait rester dans son rôle. « Puis-je me joindre à votre petit groupe ? » Icare fit mine de réfléchir puis il regarda les autres enfants, laissant le destin de Didi entre leurs jeunes mains ! « Maman dit toujours que plus on est de fou, plus on rit » fit une petite fille tout en rigolant de bon coeur, elle tendit feuille et crayons à Didi avec un sourire contagieux. « Vous avez entendu cette jeune princesse, bienvenue ici, où il fait bon de dessiner et raconter des histoires ! » l'accueillit alors Icare tout en lui offrant un sourire et un clin d’œil.
Cet endroit était sans doute le seul endroit où il était à l'aise. La maladie ne l'avait jamais effrayée, elle ne l'avait jamais... empêchée d'aimer une malade. Sa sœur était morte, mais jusqu'à son dernier souffle il l'avait aimé, malade ou non, ça n'avait rien changé pour lui... ce que ses frères ne pouvaient sans doute pas revendiquer, ils avaient fui leur sœur au moment du verdict. Pas Icare. Jamais Icare. Et c'était pour ça qu'il était là aujourd'hui dans ce service où il n'était pas toujours simple de rire. Il se souvenait de sa sœur également dans le même service, discutant et rigolant normalement avec des bénévoles... ce n'était pas grand chose, ce n'était presque rien pour lui, mais un sourire d'un enfant malade c'était tellement. Et il le savait, les derniers sourires de sa sœur, il se souvenait de tous tellement ils étaient rares.
« Prince Eric ? Vous n'avez pas fait d'autres trucs cool que de sauver une sirène ? » demanda alors le petit garçon de tout à l'heure, il s'occupait à dessiner des pirates avec des crochets sur sa propre feuille. Icare eut un petit sourire en coin. « Hey ! C'est très cool de sauver des sirènes ! Et si, évidemment, j'ai voyagé en mer pendant tellement longtemps, fermez les yeux les enfants, et imaginer le vent fouette vos joues, le chant des mouettes, puis le bruit des vagues sur un bateau qui bouge légèrement... l'air est salé sur le bateau, il y a de l'animation apportée par les autres marins... l'océan a tant de secret, et seuls les marins peuvent tenter de les découvrir. » fit alors le jeune brun tout en arrivant à imaginer l'océan à son tour. Il se tourna alors vers Didi et lui fit un clin d'oeil complice. Les enfants commencèrent alors à dessiner des océans avec des bateaux et des mouettes et Icare se rapprocha de Diego. « Je suis Icare, doc de ce service ? » murmura-t-il tout en veillant à ce que les enfants soient toujours tous occupés à leurs dessins. Après tout, il avait la blouse, Icare voulait savoir s'il devait être encore plus prudent avec la petite Maria, si elle était suivie d'aussi près par un docteur, c'était qu'elle était un cas délicat et Icare ne voulait pas se permettre la moindre erreur avec des enfants déjà affaiblis par la maladie.
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Les enfants avaient cette capacité unique à réussir à dire les vérités les plus crues sous couvert de leur innocence. Ils ne cherchaient pas à blesser, du moins le plus souvent, mais simplement à constater quelque chose. Trop jeune pour savoir enrober les choses, mais pas encore assez vieux pour qu’on puisse songer que la méchanceté les habite. C’était avec un large sourire que Maria avait fait une remarque qui aurait pu être déplaisante au bénévole. Si la plupart des personnes étaient compréhensibles avec les enfants, certaines trop susceptibles pouvaient hypothétiquement mal prendre une remarque lancée. Cela semblait être tout le contraire du bénévole qui s’exclama : « Wow, je suis trop jaloux du talent ! Mais moi je sais pêcher et naviguer, on peut pas tout avoir dans la vie » La scène est un peu surjouée mais l’audace est payante puisque les enfants attablés riaient à l’éclat. Diego observait la scène en ne sachant pas réellement comment intervenir, sociabilité naturelle et lui faisant la parfaite paire. Il fallait bien évidemment que sa cadette le ramène dans une équation à laquelle il aurait peut-être bien aimé échapper. Il profita du questionnement du bénévole pour intervenir en demandant à sa sœur ne pas se montrer trop irrespectueuse. « Pas de ça entre nous Maria, je suis peut-être un prince, mais pour moi, tous les enfants de ce service le sont aussi... et toi Maria, tu es una Princessa. » Maria souriait. « Una princessa guerrera ! » s’amusa-t-elle à préciser. « Ou Didi je suppose ? Je suis Ic... Eric, exactement comme vous l'avez dit » Visiblement le personnage avait du mal à rester dans son rôle. « Perspicace en effet. » Même si ce surnom ne faisait guère sérieux, cela ne le dérangeait pas plus qu’outre mesure qu’un parfait inconnu utilise ce genre de familiarités avec lui. Il demanda s’il pouvait rejoindre la petite troupe sans vraiment savoir dans quoi il mettait les pieds. Son destin fut tranché par un vote à mains levées des trop jeunes présents ici. Une jeune fille mit tout le monde d’accord en disant que plus on était, mieux c’était. Le bénévole s’exclama à son tour validant le choix des enfants.« Vous avez entendu cette jeune princesse, bienvenue ici, où il fait bon de dessiner et raconter des histoires ! » C’est avec un sourire, presque pas gêné, que Diego prit place autour de la table. Il n’eut pas le temps de faire le moindre remerciement que déjà un autre enfant récupéra la parole pour parler des aventures d’Eric. « Prince Eric ? Vous n'avez pas fait d'autres trucs cool que de sauver une sirène ? » Le ton de la phrase était pour le moins amusant. « Hey ! C'est très cool de sauver des sirènes ! Et si, évidemment, j'ai voyagé en mer pendant tellement longtemps, fermez les yeux les enfants, et imaginer le vent fouette vos joues, le chant des mouettes, puis le bruit des vagues sur un bateau qui bouge légèrement... l'air est salé sur le bateau, il y a de l'animation apportée par les autres marins... l'océan a tant de secret, et seuls les marins peuvent tenter de les découvrir. » On ne pouvait pas dire que cet Eric manquait d’imagination ou de capacité à faire voyager.
Diego y aurait presque crû mais son esprit rationnel restait un obstacle à toute forme trop importante d’idéalisation. L’effort d’imagination que tentait de faire Diego ne le fit pas remarquer le clin d'œil de son alter et il fut un peu surpris lorsque celui-ci l’interpella discrètement. « Je suis Icare, doc de ce service ? » « Enchanté Icare. » murmurait le médecin en lui tendant une poignée de main. Voilà un prénom qui était peu commun. « Non je ne suis pas de ce service, je travaille en cancérologie et j’accompagne Maria qui est pour le moment hospitalisée ici. » Un petit souffle au cœur lui vient. « Et surveillé un peu que tout se passe bien pour elle. » Ce qui sous entendait une pathologie grave, il n’allait pas rentrer dans les détails avec une personne qu’il ne connaissait pas. Il profita du fait que les enfants s’occupaient ailleus, Maria aussi, pour poser à son tour une question. « Bien que je ne vienne pas souvent ici, il me semble que c’est la première fois que je vous rencontre non ? »Et aussi certainement car depuis un an environ, il avait été trop accoutumé à venir ici. « En tout cas, c’est très chouette que des personnes comme toi viennent donner de leur temps pour des enfants souvent atteint de pathologie grave. Cela leur met vraiment du baume au coeur. »
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Icare était souvent plus à l'aise avec les enfants qu'avec les adultes. Ils ne mentaient pas, ne feintaient pas et surtout, ils étaient d'une franchise à toute épreuve. Icare appréciait la compagnie des enfants pour ça. Ils ne pensaient jamais à mal, un enfant ne voyait pas le mal, juste la simple vérité crue. Et encore plus les enfants malades, ils avaient en plus une maturité d'esprit vive pour d'aussi jeunes enfants. Les conseils de Rosalind à 9 ans l'avait marqué si profondément qu'il restait persuadé qu'elle lui avait fourni le meilleur conseil de sa vie jusqu'à présent "Vis pour toi et uniquement toi, personne d'autres ne le fera pour toi, ne t'écrase pas pour plaire aux yeux des autres, sois égoïste, le monde ne fait pas de cadeau" et elle avait eu raison de le dire, parce qu'il était vrai que le monde ne faisait aucun cadeau, encore moins aux enfants malade.
Alors s'il pouvait leur donner le sourire ne serait-ce qu'un peu pendant une heure, grand dieu, il comptait bien le faire ! C'était important pour lui ce boulot de bénévole dans ce service. Alors aujourd'hui, il serait le prince Eric, c'était son rôle attribué après tout, il parlait de l'océan et de pirate avec les enfants qui étaient tout bonnement amusant et vrai. Ils n'avaient pas leur langue dans leur poche et ils faisaient sourire Icare. Malgré leur maladie, ils se battaient pour vivre alors il comptait bien faire tous les efforts pour tenir son rôle du jour.
« Enchanté Icare. » murmura le médecin qui était arrivé avec la Princessa guerrera Maria, le fameux Diego alias Didi... et il aimait assez le sobriquet, il sonnait bien dans la bouche. Didi. Il allait le garder. Pas la personne, on ne gardait pas des gens. Le surnom. « Non je ne suis pas de ce service, je travaille en cancérologie et j’accompagne Maria qui est pour le moment hospitalisée ici. » le visage d'Icare se ferma une fraction de seconde au nom du service dans lequel il travaillait. Il devint un peu pâle et il détourna le regard pour reprendre contenance. C'était un crétin, il était dans un hôpital après tout. Il savait que ce service existait, il le connaissait par coeur. Enfin, il l'avait connu sur le bout des doigts, peut-être avait-il changé depuis, du moins, il l'espérait. Presque 20 ans déjà... « Et surveillé un peu que tout se passe bien pour elle. » oh, il observa alors la petite Maria. « Petite soeur ? » demanda-t-il tout en s'humectant les lèvres. Il observa rapidement les enfants, s'assurant qu'ils étaient tout à leur dessin du jour. Il était fasciné par quelques croquis, certains étaient déjà nettement plus doué que lui. Il ne savait pas s'il devait s'offenser d'avoir un niveau lamentable ou être impressionnée par le doigter de ses petites mains. « Bien que je ne vienne pas souvent ici, il me semble que c’est la première fois que je vous rencontre non ? » « Je viens seulement de revenir d'un voyage à travers le monde » avoua aussi tôt Icare avec un sourire contrit et un peu gêné. Il adorait le voyage qu'il avait effectué, mais il sentait parfois que certains ne comprenaient pas son besoin de découverte. « En tout cas, c’est très chouette que des personnes comme toi viennent donner de leur temps pour des enfants souvent atteint de pathologie grave. Cela leur met vraiment du baume au coeur. » il rougit quelque peu et se gratta nerveusement la joue, peu habitué à ce qu'on complimente son bon coeur. « La roue tourne... » il hésita avant de continuer à parler. « Ma soeur était... c'était son moment préféré quand les bénévoles étaient là dans le service. Ce que je fais c'est un juste retour à ce qui a été fait dans le passé. Je le devais pour ma soeur. » expliqua-t-il humblement avec un petit pincement au coeur comme à chaque fois qu'il parlait de sa soeur.
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Venir avec sa sœur ici était un peu douloureux pour Diego. Ce n’est pas la première fois qu’elle fréquentait les murs de cette association mais c’était peut-être bien la dernière fois. Quoique pouvait en penser Diego, la maladie gagnait petit à petit son combat sur la jeune Maria et la menace d’un arrêt des traitements sur la cadette Gutiérrez devenait chaque jour un peu plus tangible. Le médecin faisait mine de l’ignorer mais au fond il savait pertinemment que toutes ces choses si simples auraient une fin. C’est bien pour cela que lui d’ordinaire si réservé tentait de faire un exceptionnel effort pour s’intégrer au groupe autour de la table. Le mexicain n’était pas des plus sociables mais pour sa sœur il était prêt à beaucoup, certainement trop… alors qu’elle lui demandait simplement d’être heureux. Cette sensation de ne jamais assez bien faire le dévorer lentement mais c’était plus simple que d’accepter la réalité en face et de l’affronter. Ce stratagème lui permettait de croire que seul lui était responsable et de refuser que le destin puisse se montrer si cruel.
Alors Diego souria de l’un de ses plus belles risettes lorsqu’il rejoignit l’activité de groupes entourée de tout ce petit monde souffrant de maladies souvent diverses. Il reconnut quelques têtes déjà croisées dans les couloirs ou bien sur un dossier. Parfois même quelques anecdotes venant de ses collègues rafraichissaient sa mémoire. C’était typiquement dans ce genre de situation que des humains pouvaient pleinement prendre conscience de la signification du terme vivant. L’humanité est plutôt individualiste. Est-ce qu’elle l’a toujours été ? Sur ce sujet Diego ne s'aventurait pas, manquant de connaissances. Ce que le médecin pouvait cependant affirmer, c’est que dans ces moments-là, les bénévoles ou les personnels se retrouvaient plongés dans la vie d’autrui, à regarder plus loin que les sourires et les éclats de rire de ces jeunes pousses. On pouvait aisément ressentir la détresse ainsi que les peines mais c’est bien parce qu’on les prenait en compte sans les nommer que les adultes ici se dotaient de la capacité d’adoucir l’atmosphère. Celle-ci était plus sereine et amusante afin de permettre à ces enfants une échappée temporaire d’un quotidien peu enviable.
Alors que les enfants s’attelaient à leur activité dessin, le bénévole révéla sa véritable identité à Diego en prenant garde à ne pas se faire entendre de son fanclub. Il ne fallait pas briser l’imaginaire présent ici. Visiblement l’annonce de l’emploi du cancérologue en devenir fit tourner la tête à son interlocuteur sans vraiment si son propos était à l’origine de cette action ou simplement si Icare surveillait ce que faisait les enfants. Peut-être les deux, Diego n’était pas du genre à se poser plus de questions que cela sur les gestes d’autrui en dehors des auscultations. « Petite soeur ? » Le mexicain hocha simplement la tête pour répondre affirmativement à la question de son interlocuteur. Intrigué par cette tête nouvelle dans les parages, le médecin demanda s’il était un régulier ici. « Je viens seulement de revenir d'un voyage à travers le monde » C’était pour le moins original et aux antipodes de la vie casanière de Diego. Si on excepte le Mexique, Diego n’était sorti qu’une fois d’Australie pour un très chaotique voyage à Bali avec sa meilleure amie Aleisha. « C’est évident que les pirates voyagent sur les sept mers du globe pour trouver des trésors.» C’était peut-être un peu trop forcé mais au moins cela a permis de détourner l’attention du môme un peu trop curieux qui écoutait les adultes parler. Diego aurait bien aimé poser plus de questions à ce sujet là, mais la situation n’était pas opportune. Le duo s’occupa temporairement de la ribambelle joyeuse d’enfants avant de pouvoir rediscuter sérieusement.
« La roue tourne... » La situation prit une tournure pour le moins inattendue et les traits du visage d’Icare semblaient se fermer un plus. « Ma soeur était... c'était son moment préféré quand les bénévoles étaient là dans le service. Ce que je fais c'est un juste retour à ce qui a été fait dans le passé. Je le devais pour ma soeur. » Le sourire de Diego s'éclipsa aux premiers mots et il comprit bien rapidement de quoi il en retournait et provoqua en lui un haut-le-cœur. « Je suis désolé…» Le mexicain mit quelques secondes à trouver la phrase juste à dire, comme s'il y en avait une. Ne voulant pas se montrer trop intrusif, il n’osa pas le questionner plus en détail. «[color:a5e5=royal blue] C’est un magnifique moyen de lui rendre honneur que de participer à cette association.» Que ces mots étaient douloureux à prononcer. Cela réveillait des peurs profondes chez Diego. Alors qu’il aurait apprécié en savoir plus, Maria stoppa net leur échange en tirant la veste de son frère. « Je ne me sens pas très bien Diego. Est-ce qu’on pourrait retourner dans ma chambre s’il-te-plait ? » Diego posa sa main sur le front de sa cadette qui semblait en effet faire un peu de fièvre. Il se tourna vers le capitaine. «[color:a5e5=royal blue] Je m’excuse d’écourter la conversation de la sorte. Mais si tu veux je termine mon service dans deux heures. Si tu le souhaites on pourrait reprendre cette conversation.» Diego ne savait pas vraiment pourquoi il proposait cela, mais il le fit. «On peut se retrouver à l’accueil. »
Le médecin prit la main de l’enfant malade et la guida dans les couloirs jusqu’à atteindre sa chambre. Il la laissa aux mains de ses collègues alors que sa pause arrivait à sa fin et retourna à sa labeur la tête pleine de questionnement. Il aurait préféré rester au côté de sa sœur mais ne pouvait pas non plus contrevenir à ses horaires. Quoiqu’il en fût, les heures suivantes furent longues et ses pensées dirigées vers cette rencontre soudaine avec Icare et sa situation familiale qui semblait être un cruel miroir inversé. Il ne savait pas quand le personnage devait quitter son rôle avec les enfants, chaque bénévole ayant son propre planning, mais sa curiosité était piquée à vif.
Une fois ses horaires terminées, il ne prit guère le temps de se changer et récupéra ses affaires. Il passa rapidement faire un dernier aurevoir à Maria qui s’était visiblement assoupie de fatigue. Son endurance à l’effort se montrait de plus en plus limitée. Diego finit par atteindre l’accueil non sans être quelque peu essoufflé. Son regard balaya l’ensemble de la pièce jusqu’à finir par repérer l’homme. «Désolé pour l’attente, j’espère que ça ne fait pas trop longtemps que tu es là.» Il ne comprenait même pas pourquoi dans le fond Icare était resté. «Est-ce que tu veux qu’on parle un peu de ce qui est arrivé à ta soeur..» Il surenchérit immédiatement. « Ou on peut parler de tes voyages aussi. C’est comme tu préfères.» Diego était très anxieux, ses doigts parlaient pour lui. Chacun d’eux allaient à leur tour tousser le pouce de la main respectives à laquelle ils appartenaient.
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Discuter librement quand on était entouré d'enfants et qu'on avait un rôle à jouer n'était pas une mince à faire. Dire que c'était facile serait bien loin de la vérité, Icare tentait de jouer le jeu et de faire au mieux sans pour autant trop sortir de son rôle du jour. Il avoua avoir beaucoup voyagé sans trop rentrer dans les détails. « C’est évident que les pirates voyagent sur les sept mers du globe pour trouver des trésors.» Icare eut un petit sourire aux lèvres, au moins, Diego tentait de l'aider à tenir son personnage. C'était aimable de sa part. « Marin » rectifia-t-il tout de même tout en se passant la main dans les cheveux.
Mais si ce sujet était léger, le suivant s'avéra plus délicat pour le jeune australien. La maladie de Rosalind n'avait jamais été une mince affaire pour lui. Il ne s'en était jamais totalement remis, gardant cette cicatrice ouverte sur le coeur depuis toujours. « Je suis désolé…» il hocha la tête, appréciant le geste mais ne sachant pas comment y répondre. Il détestait le regard de pitié qu'on lui lançait immanquablement dès qu'on apprenait la vérité sur l'existence de sa soeur. « C’est un magnifique moyen de lui rendre honneur que de participer à cette association.» il sourit légèrement, son regard s'adoucit. « Je trouve aussi » avoua-t-il simplement en observant les enfants si plein de vie, d'espoir, de santé... enfin, certains... la petite princessa guerrera arriva toute pâle pour réclamer l'attention de son frère. « Je ne me sens pas très bien Diego. Est-ce qu’on pourrait retourner dans ma chambre s’il-te-plait ? » Icare l'observa et son coeur se serra immédiatement, oh, ce genre de fatigue, il connaissait, il l'avait vu se glisser sur les traits de sa soeur, la dévorant des années durant. La réaction de Diego fut instantanée. « Je m’excuse d’écourter la conversation de la sorte. Mais si tu veux je termine mon service dans deux heures. Si tu le souhaites on pourrait reprendre cette conversation. On peut se retrouver à l’accueil. » et le docteur attrapa sa soeur pour s'enfuir avec ne lui laissant pas vraiment l'occasion de lui répondre, les autres enfants arrêtèrent de sourire, se rappelant soudain que la maladie était le centre de leur si jeune vie... Icare frappa dans ses mains, attirant leur attention. « Et si je vous racontais une histoire de marin ? Vous connaissez Ulysse ? » proposa aussi tôt Icare pour détourner leur attention et leur faire regagner un maigre sourire. Il donna tout ce qu'il put, alliant de grands gestes, une épopée grandiose et évoquant des monstres marins unique.
***
Évidemment, Icare était là à l'accueil et il attendait nerveusement la venue du docteur. Il aurait pu partir, retourner à ses occupations après ses heures de bénévolats mais il sentait qu'il devait être là pour ce docteur qu'il venait de rencontrer et qui se faisait le reflet de ce qu'il avait vécu dans son propre passé. Il avait gardé sa tenue de Prince, détachant juste un ou deux boutons de sa chemise et il recevait quelques regards curieux qu'il ignora. Il avait sorti son téléphone pour passer le temps et regardait distraitement des story sur Instagram sans réellement réussir à se concentrer sur ce qu'il voyait.
«Désolé pour l’attente, j’espère que ça ne fait pas trop longtemps que tu es là.» Icare releva alors la tête et offrit un sourire contrit au docteur. « Non, ça va, je viens d'arriver » mentit-il tout en refermant son téléphone pour le glisser dans sa poche arrière de son pantalon. «Est-ce que tu veux qu’on parle un peu de ce qui est arrivé à ta soeur... Ou on peut parler de tes voyages aussi. C’est comme tu préfères.» l'énergie de Diego était... nerveuse au possible, ça se voyait comme le nez au milieu du visage et Icare dans un geste calme déposa sa main sur celle de Diego de la façon la plus paisible possible. « On peut aller s'asseoir boire un café d'abord ? » demanda alors le jeune homme en indiquant d'un geste de tête la cafétariat de l'hôpital. « Ou on peut aller marcher dehors si tu en as marre d'être dans ces quatre murs aussi non. » la proposition était là, il voulait laisser la chance au docteur de décider. Mais avant que le choix final ne soit pris, il se devait de poser une dernière question. « Comment va la princessa ? » demanda-t-il gentiment, de sa voix la plus compatissante, voir une soeur aimée au plus mal n'était pas chose facile, il le savait du plus profond de son coeur.
What draws people to be friends is that they see the same truth.
Il y a des rencontres qui faisaient partie de l’étrange, des personnes dont on ne sait pas grand-chose et avec qui pourtant un lien se crée instantanément simplement à cause d’un point commun. Dans le cas présent, c’était une soeur malade, une vivante et l’autre trépassée, qui faisait la jonction entre Icare et Diego. Ce dernier refusait d’y voir un signe funeste de l’avenir de Maria, cependant il ne pouvait que s’interroger sur la manière dont Icare avait vécu la maladie de sa sœur ainsi que son trépas. Évidemment, sommité du déni, cette option lui paraissait toujours improbable, impossible serait plus juste, pour sa sœur. Parce que la situation qu’Icare était différente de la sienne, parce que Maria est une princesse combattante, parce que le destin se montrera moins cruel cette fois… Diego pouvait bien invoquer des millions de raisons, celles-ci finiraient tous par s’aplatir sur le tangible et dur mur de la réalité. Son optimisme acharné finirait par le perdre, mais pour le moment il lui permettait de rendre sa vie plus facile.
D’habitude lui qui se montrait si lent à quitter son service s’était dépêché de partir, rendant brièvement visite à Maria pour s’assurer que tout allait bien. Il avait retrouvé le bénévole dans le couloir de l'hôpital et commença à s’excuser de son retard, comme il le faisait toujours plus par peur de froisser son interlocuteur que pour réellement s'excuser d’avoir fait attendre quelqu’un. « Non, ça va, je viens d'arriver » Une certaine forme de contentement est apparue en entendant cette réponse. Si Diego avait pris le temps de réfléchir quelque instant, il aurait su que c’était au mieux un demi-mensonge, les activités finissaient bien plus tôt que son service, mais son souffle haletant et ses pensées sont dirigées vers d’autres points d'intérêts. Le vingtenaire était nerveux, très. Déjà que le mexicain faisait plus partie de la catégorie des introvertis anxieux d’un rien, autant dire que là, c’était un effort gigantesque qu’il faisait et pas forcément des plus évidents pour un être d’habitude plutôt passif. Icare vint calmement poser sa main sur celle de Diego ce qui ne se fit pas sans un tressaillement qui parcoura l’échine du dos du médecin. « On peut aller s'asseoir boire un café d'abord ? » Il ne su pas quoi répondre à cette question pourtant toute simplette.« Ou on peut aller marcher dehors si tu en as marre d'être dans ces quatre murs aussi non. »Là encore, c’était le mutisme qui dominait chez Diego. « Comment va la princessa ? » Il ne savait pas vraiment si la question était posée avec réel intérêt ou s’il s’agissait d’un moyen de tenter de le décoincer, mais en tout cas cela fonctionnait. . « Plus de peur que de mal, c’était le contrecoup de la radiothérapie de la matinée qui est venue frapper ma soeur. Elle a passé le reste de l’après-midi à dormir et lorsque je suis passé il y a quelques minutes, la belle au bois dormant dormait encore profondément. » Son petit corps frêle supportait de moins en moins bien les traitements, les contrecoups gagnaient en proéminence face aux bénéfices ce qui n’était guère de bon augure.
« On peut partir sur un café si le coeur t’en dis. Je connais un coin sympa, sauf si tu préfères choisir le lieu. Peu m’importe. » Et surtout il ne voulait surtout pas s’imposer même s’il ne faisait que répondre à l’invitation de son interlocuteur. « J’espère que je ne t’impose pas ma présence. Si tu as d’autres choses à faire, il n’y a pas de souci. »
What draws people to be friends is that they see the same truth. They share it.
Si Icare était resté, c'était parce que quelque part, il s'était reconnu en Diego. Il se reconnaissait encore en lui. Un frère qui s'inquiétait pour sa sœur souffrant d'un cancer, c'était ça qui avait animé toute son enfance, là où les autres enfants jouaient dehors et profitaient, lui était resté avec sa sœur, lisant dans sa chambre, partageant avec elle des récits d'aventures qu'elle n'avait pu qu'imaginer mais en aucun point vivre. La mort était arrivée beaucoup trop tôt, pourtant Rosalind avait longtemps lutté, 3 années entière à se battre et à tout faire pour passer chaque épreuve, mais le temps avait finalement pris sa sœur. A tout jamais. Et c'était la douleur qui avait fait place à sa tristesse, il avait voulu mettre un point d'honneur à vivre pour eux deux, c'était tout ce qu'il pouvait faire et il en avait fait un véritable crédo à la fin. Vis pour ta sœur.
Le jeune australien proposa à Diego d'aller s'asseoir pour discuter, ça semblait être la meilleure chose à faire. Après tout, ils ne se connaissaient pas vraiment, juste... Icare voyait une sorte de miroir de sa vie en Diego. Différent évidemment, mais une histoire qui ne lui était pas fondamentalement étrangère. Et il s'empressa de demander après Maria, ce qui sembla dénouer la langue du jeune docteur. « Plus de peur que de mal, c’était le contrecoup de la radiothérapie de la matinée qui est venue frapper ma sœur. Elle a passé le reste de l’après-midi à dormir et lorsque je suis passé il y a quelques minutes, la belle au bois dormant dormait encore profondément. » il hocha la tête, Rosalind aussi avait beaucoup dormir en contre coup de ses différent traitement après tout. « Je comprends » et c'était vrai et sincère. « On peut partir sur un café si le cœur t’en dis. Je connais un coin sympa, sauf si tu préfères choisir le lieu. Peu m’importe. » « Je te suis » fit aussi tôt Icare avec un sourire serein. Honnêtement, il s'en fichait un peu de l'endroit, tant que Diego était à l'aise, tout lui convenait. « J’espère que je ne t’impose pas ma présence. Si tu as d’autres choses à faire, il n’y a pas de souci. » Icare arqua un sourcil avant de sourire simplement. « C'est moi qui ait proposé l'idée non ? Enfin, ça ne me dérange pas du tout. » et il emboita le pas à Diego, prêt à se rendre au café auquel le docteur pensait. Une fois sorti de l'hôpital, il observa le ciel qui n'était plus aussi clair que ce matin. Il avait passé de nombreuses heures dans ces quatre murs et il était content de pouvoir en sortir... ça restait tout de même un hôpital, bien que l'idée d'aider restait primordial à son sens, la vérité était que ce n'était pas non plus la chose la plus simple à faire. Trop de souvenirs de Rosalind, trop de regrets. Mais il allait pouvoir se sortir de tout ça, et ça allait lui faire du bien, mais pas qu'à lui, également à Diego.