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@jo carter

Le regard de Damon se perdit pendant encore un instant au delà du pare-brise de sa voiture. Il n’était concentré sur aucun point en particulier, ne se perdait même pas spécialement dans ses pensées ou quoi que ce soit, et seule la musique à faible volume se faisait entendre dans l’habitacle. Cela faisait peut-être déjà deux ou trois minutes qu’il était bloqué de la sorte, comme si son corps machinalement retardait son arrivée chez lui. Car, même si les choses évoluaient lentement ces derniers temps - et plutôt vers du positif, cette fois-ci -, ce n’était pas pour autant que le jeune homme était heureux de rejoindre son appartement le soir après une journée de boulot. Il avait toujours ce petit poids au coeur, cette sensation s’accrochant à son estomac, comme s’il aurait mieux à faire ailleurs. Cet endroit était son foyer, cependant, et qu’importe ce qu’il pouvait contenir c’était là qu’il était attendu et où il retournait le soir - si ce n’était pas chaque soir, c’était autant que possible néanmoins. Un jour, peut-être, surement, il aurait de nouveau cette sensation d’apaisement qu’il avait connu au début, lorsque Elise leur avait acheté l’appartement. Il rentrerait le soir en se disant à quel point il était chanceux d’avoir la vie qui lui incombait. Ca ne serait pas ce soir, et surement pas demain non plus - mais il s’accrochait à l’espoir qu’un jour, cela revienne.

Un long soupire s’échappa bien malgré lui d’entre ses lèvres, alors qu’il descendait enfin de la voiture. Rester dans le parking souterrain n’était pas une solution viable non plus, même s’il se sentait étonnement comme dans une bulle de protection, dans l’instant avant qu’il ne rentre chez lui, chez eux. Fermer la voiture, appuyer sur le bouton de l’ascenseur, se laisser porter à contre sens de la gravité. Des gestes qu’il répétait tous les jours, qui ne lui demandaient pourtant aucun effort. Des gestes presque réconfortant tant ils étaient naturels et là où ils devaient se trouver.

Le visage de Josephine lorsque les portes de l’ascenseur s’ouvrirent, une fois arrivé à son étage, n’était pas quelque-chose qui était supposée se trouver là en revanche. Et de tous les imprévus face auxquels Damon aurait été presque heureux d’avoir à faire face, affronter la mauvaise humeur de la brune n’en était pas un. La mauvaise humeur, ce n’était peut-être pas exactement les mots à employer - mais la jeune femme n’avait pas une seule fois était heureuse de voir Damon et la réciproque avait fini par se glisser sous la peau du blond au fil du temps et des rencontres.

« Jo. » L’italien haussa un sourcil sur son visage, curiosité intégré à ce geste. Il n’y avait qu’une seule raison pour laquelle elle pouvait se trouver à l’étage de ce bâtiment: elle avait passé un peu de temps avec Megan et s’en allait pile au bon moment, il semblait. Si bien sur sa femme pouvait voir qui elle voulait où elle voulait, y comprit entre les murs de leur appartement, Damon était bien content que Josephine soit présente ici sur les moments où il ne l’était pas. Au moins, il avait davantage de chances de ne pas subir des regards noirs et de travers, surtout sans en connaître la véritable raison. « Je parie que tu rentres chez toi ? » Oh, il espérait qu’il voyait juste et qu’elle n’était pas juste sur le pas de l’ascenseur parce-que les deux demoiselles avaient décidé de se faire livrer et qu’il allait devoir composer avec des éléments qui le rendaient mal à l’aise une soirée supplémentaire au sein même de son appartement. Les portes de l’ascenseur ne voulant pas attendre qu’ils aient terminé leur discussion commencèrent déjà à se refermer entre eux, Damon fit alors un pas en avant pour s’intercaler devant les cellules et éviter de louper l’occasion de garder l’ascenseur prêt à ce que la jeune femme puisse repartir.

Jo leva la tête au même moment où l’ascenseur s’ouvrit, perdue dans ses pensées sans vraiment le vouloir. C’était sa croix en ce moment, de laisser son esprit gagner du terrain alors qu’elle s’obstinait à repousser toute forme de réflexion quant à ce qui lui pendait au nez. Elle n’avait jamais été cérébrale. Pas parce qu’elle était idiote, mais parce qu’elle avait toujours été plus douée pour agir sans s’appesantir sur des songes et des regrets "Damon." C’est ce qu’elle rétorqua au jeune homme quand elle croisa ses yeux clairs, ramenée à une réalité qu’elle était venue trouver en venant rendre visite à Barbie les emmerdes. Et putain, je choisis bien mon moment pour me tirer, qu’elle sembla se dire en fixant résolument le jeune homme, se raccrochant à la perche qu’il lui tendait à ce moment-là pour ne pas s’attarder davantage sur ce qui lui tournait dans la tête.
Ce n’était pas tant qu’elle ne l’aimait pas, le mari de sa copine, c’était surtout ce qu’il représentait qui lui posait un problème. Comme chaque fois qu’il était mentionné, elle fronça le haut du nez, donnant l’air de sentir une odeur putride se répandre dans ses narines contractées, levées dans sa direction. L’os, c’était qu’elle savait que le mariage qui le liait à Megan n’était que du vent, un chantage dégueulasse mis en marche par son paternel qu’elle avait jugé comme un sociopathe de haute-voltige sans même lui avoir adressé la parole ne serait-ce qu’une seule fois, le croisant seulement lors de la cérémonie qui avait laissé un goût amer à la bonne pote qu’elle était censée l’être. Elle détestait Meg de l’avoir mise dans la confidence, mais elle détestait aussi Damon de se plier à la requête du padre — le détester, c’était sans doute un terme beaucoup trop fort, mais rien ne l’était jamais vraiment pour Josephine quand on connaissait sa putain de tendance à juger, à fourrer dans des cases, et à s’arranger pour avaler une version de l’histoire qui lui permettait de dégueuler sa bile sans s’essuyer la bouche après.

Sans le connaître, elle le trouvait lâche. Heureusement qu’il était beau, ça rendait les choses plus faciles à avaler qu’elle se disait chaque fois qu’elle les voyait tous les deux, le couple princier de mon cul, à se bécoter du bout des lèvres quand à côté, elle savait qu’ils en étaient au stade où s’ils se donnaient la main, c’était déjà un exploit. Elle arqua un sourcil, descendant de l’habitacle pour lui passer sous le nez avec toujours cet air pincé, son épaule frôlant celle du jeune homme qu’elle gratifia d’un sarcasme à la mesure de la mine blanche, sans nuance d’expressions, qu’elle lui offrit au passage "Wouah, c’est qu’il est malin en plus d’avoir une belle gueule." C’était à peu près le seul compliment qu’elle lui ferait. Toupillant sur ses talons, elle lui lança sans égayer son ton, le jaugeant juste de bas en haut pour lui renvoyer la balle sans avoir besoin d’y réfléchir "Je parie que toi aussi." Et parce que c’était plus fort qu’elle, qu’elle était toujours obligée de l’ouvrir, elle observa sa belle gueule de là où elle se trouvait, marquant davantage l’accent de son sourcil droit pour constater qu’il faisait presque la grimace. Ça la fit sourire en biais "Ça a l’air de t’enchanter d’ailleurs." qu’elle lui fit remarquer, haussant les épaules en jetant un regard en hauteur pour désigner les étages desquels elle venait, ayant laissée Megan à ses occupations de femme-trophée — probablement qu’elle était en train de compter ses billets actuellement, l’égérie de la marque de beau-papa "Je l’ai quittée de bonne humeur, ruine pas tous mes efforts." Parce qu’entre nous, l’entente n’était pas particulièrement au beau fixe en ce moment entre elle et la blonde ; elle gardait en mémoire la soirée de son anniversaire où elle avait rien de moins que fait tapisserie pendant qu’avec Démon, ils faisaient elle ne savait quoi, elle ne savait où. Elle ravala son sourire et termina par détourner la tête pour choper à deux doigts son téléphone portable glissé dans son décolleté et dont elle remarqua qu’il n’y avait pas suffisamment de jus pour passer un appel "Merde." qu’elle murmura alors, levant de nouveau le nez vers Damon — et le fronçant inévitablement, quand elle lui demanda pourtant "J’ai pas assez de batterie pour appeler mon chauffeur, tu me dépannes ?" Pas de formule de politesse, elle ne s’encombrait pas ce genre de choses, Josephine. Elle s’attendait juste à agir comme le bon garçon à sa môman que Megan lui vendait comme le fake husband du siècle. S’il avait un peu de jugeote, il lui commanderait un carrosse sans discuter et sans chercher à ce qu’elle lui rende la monnaie de sa pièce plus tard.

@Damon Williams

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« Damon. » Le ton employé par la jeune femme désormais face à lui semblait être aussi joyeux que celui qui pouvait s’entendre de son côté. Au moins, ils partaient tous les deux sur des bases similaires: ils n’étaient en rien ravis de voir leurs chemins se croiser. Cela aurait pu être une fin de journée presque agréable - mais on ne pouvait pas toujours avoir ce que l’on voulait dans la vie. « Wouah, c’est qu’il est malin en plus d’avoir une belle gueule. » Damon ne se retint pas de lever les yeux au ciel. Josephine, quand à elle, utilisa son regard pour détailler le blond de la tête aux pieds. Qu’allait-elle trouver à lui reprocher maintenant, jusqu’à sa tenue utilisée pour aller travailler ? Sous-entendre qu’elle le trouvait idiot n’était pas assez à ses yeux ? « Je parie que toi aussi. » - « Bravo à toi. » Il n’était pas du genre adepte du sarcasme et des répliques placées pour vexer voire blesser les autres, mais ce n’était pas pour autant que l’envie ne se faisait pas ressentir. Juste, ce n’était pas une couleur qui lui allait particulièrement bien au teint, alors il s’abstenait la plupart du temps. « Ça a l’air de t’enchanter d’ailleurs. » Le regard qu’il lui jeta alors fut ponctué d’un voile sombre. C’était, entre autres, pour ce type de réflexions qu’il arrivait parfaitement à se passer de la compagnie de Jo. Ce n’était pas à elle de juger ce qu’il pouvait se passer sous le toit des deux jeunes mariés, même si Megan avait pu solliciter à un moment ou un autre son avis - ce n’était pas le cas de l’italien. Cependant, d’un autre côté, cela l’embêtait réellement que son manque de motivation à rentrer chez lui se voit comme le nez au milieu de la figure; il allait mettre ça sur le dos de la fatigue et du fait qu’il avait déjà ôté son masque depuis longtemps, ne s’attendant pas à devoir faire des efforts sur le pas de la porte de son propre bâtiment. « Ca te regarde pas, Jo. » Et même si la réflexion avait de quoi être piquante et que le jeune blonde était d’une humeur quelque peu douteuse en cette fin de longue journée, les mots qu’il adressa à la brune ne furent en rien agressifs ou tranchants. Ils servaient de constatation et, peut-être un petit peu tout de même, de protestation quant aux remarques qu’elle savait parfaitement faire. « Je l’ai quittée de bonne humeur, ruine pas tous mes efforts. » Il lui servit un faux sourire, dents serrées. « Compte sur moi. » Il ne comptait pas agir différemment des autres jours, et si malheureusement son comportement embêtait Megan, ce n’était pas à Josephine qu’il aurait des comptes à rendre mais davantage à sa femme. La brune pourrait bien en penser ce qu’elle désirait.

Et la conversation entre les deux jeunes gens aurait pu s’arrêter là - et ça aurait été une chance, aux yeux de Damon, de ne pas avoir à supporter plus longtemps l’humeur douteuse de Jo -, et il se tournait déjà de nouveau vers l’ascenseur qu’il avait fait en sorte de retenir pour pour s’éclipser le plus rapidement possible. C’était sans compter la voix de la brune qui se fit de nouveau entendre, après eu t-il le dos tourné. « Merde. » Par réflexe, par politesse également, plus que par envie, il se tourna pour être nez-à-nez avec la demoiselle. Il soupira lassement, tout en haussant un sourcil intrigué - il savait d’avance qu’elle était sur le point de lui demander quelque-chose et que cela allait représenter une épine dans le pied pour lui. Il se passa cependant de faire le moindre commentaire, attendant plutôt qu’elle s’exprime - cela ne tardait jamais, n’ayant pas sa langue dans sa poche. « J’ai pas assez de batterie pour appeler mon chauffeur, tu me dépannes ? » Pendant un instant alors, il observa la jeune femme et tout ce qui l’énervait dans son attitude. Elle était suffisante, cela transpirait à travers tous les pores de sa peau. Elle ne se prenait pas pour une moins que rien et adorait faire en sorte que les autres autour d’elle soient bien au courant de ce détail. En cet instant, Damon avait davantage envie de lui dire d’aller voir ailleurs plutôt que de lui rendre service. Et pourtant - et pourtant, ce ne fut pas son téléphone qu’il lui adressa dans un premier temps mais un énième soupire, témoin de la lassitude dont il faisait preuve en sa présence. « T’as besoin d’aller où ? » Il avait beau avoir deviné qu’elle rentrait chez elle car elle partait de l’immeuble où Megan et lui habitaient, mais ce n’était pas pour autant qu’il connaissait par coeur l’adresse de Jo. Ce n’était pas le genre d’informations qu’ils avaient besoin de partager entre eux, puisqu’ils n’avaient besoin de rien partager et c’était amplement suffisant. « Si Megan apprend que je t’ai laissé dehors sans te donner un coup de main, ça va ruiner sa bonne humeur. Et comme t’as dit, j’ai pas le droit de ruiner tes efforts. » Ca, et le fait aussi que de toutes façons Damon n’était pas du genre à laisser les gens sans leur tendre la main lorsque le besoin se faisait sentir. « Je peux te déposer, si tu veux. Le moteur de la voiture est encore chaud. » Il n’avait même pas eu le temps de desserrer son noeud de cravate, de voir la moindre laie de papier de son appartement, puisqu’elle l’avait stoppé net sur le pas de l’ascenseur.

Damon se rebiffa subtilement — ce n’était pas la première fois, qu’elle remarqua en retenant un sourire goguenard, même s’il ne dérogeait pas à son attitude de fils à papa bon-chic, bon-genre, il avait tendance à lui renvoyer sa bile avec politesse, et ça le faisait marquer un petit point mine de rien, de ne pas la laisser le bouffer tout cru — ce qui eut le don de faire apparaître chez Jo le genre d’expression qu’elle servait gratuitement à ceux dont elle aimait se moquer sans se soucier de les heurter. Une main vint se poser sur le haut de sa poitrine pour feindre l’outrage, les coins de ses lèvres vinrent s’affaisser pour se composer une mine de tristesse qu’elle accentua en venant dessiner une fausse larme qui roule de façon invisible sur sa joue blushée "Touchée en plein cœur." qu’elle lui dit alors, non sans mûrir l’idée de lui cracher à la gueule que, effectivement, elle n’avait peut-être pas voix au chapitre, mais qu’en l’occurence, il n’avait pas à jouer la comédie en sa présence quand elle savait que son histoire avec Megan n’était que de l’esbroufe. Le souci, c’était qu’elle avait bien trop d’affection pour sa fake wifey de copine pour faire entendre à son fake hubby qu’elle était dans la confidence, que si son humeur en sa présence semblait toujours aussi exécrable, enfin plus que d’ordinaire en tout cas, c’était juste parce qu’elle le jugeait aussi sévèrement que Megan d’avoir accepté le marché sans remuer une oreille. On pouvait la targuer de jouer à la sainte-nitouche,  pleine de principes et de valeurs, encore que cette définition ne lui allait pas bien au teint, elle savait toutefois rester hors de ce genre de problèmes parce que justement, c’était le genre à être visible à des kilomètres à la ronde et qui, sous couvert de bon sens, faisaient fuir. Dans cette histoire, il n’y en avait pas un pour se dire que c’était une putain de mauvaise idée, à croire que le padre avait vraiment la capacité de dézinguer tout le monde en claquant des doigts — Thanos Style.

Le temps d’un instant, elle détourna son attention de Démon pour jeter un œil à son téléphone portable et se rendre compte qu’elle devrait atténuer son sarcasme pour qu’il lui rende un service. Quand il réagit à son murmure, elle fût à deux doigts de lui répondre dans ton cul à propos de sa destination, mais elle se reprit à temps pour lui souffler, les sourcils se haussant très brièvement pour le juger encore plus malin de ne pas chercher à la convaincre de faire appel à quelqu’un d’autre. C’est vrai, elle aurait pu remonter pour demander à Megan de faire valoir ses relations et lui appeler un chauffeur, sauf qu’elle resta là, à jauger son soi-disant époux "Toowong." Une réponse simple, efficace, et beaucoup plus polie que ce qui tournait dans ses pensées.
Il avait encore l’air moins enchanté de lui rendre ce service que de rentrer chez lui, seulement elle ne pouvait pas lui en vouloir — juste reconnaître qu’il faisait bien honneur à sa vraie patrie, à tendre l’autre jour sans même hésiter alors qu’elle était capable de lui en coller une sans se sentir désolée d’être aussi virulente. Elle remonta son sac sur son épaule, glissa de nouveau son téléphone à sa place de prédilection, bien au chaud entre Robert et Robert "Je pourrais te le faire payer si tu le faisais, alors on va dire que je me laisse tenter par la proposition, c’est ce qui a de mieux." Donner toujours l’impression que c’était elle qui avait la main tandis qu’elle dépendait plus ou moins du bon vouloir de son interlocuteur. Elle eut un sourire en coin, se préparant à remuer pour le suivre là où il avait parqué sa voiture "Ce sera l’occasion de faire plus amples connaissance. Je réalise qu’on a jamais vraiment discuté, toi et moi." Comme si elle en avait quelque chose à foutre de faire la causette avec Ken. Ça la faisait marrer de l’envisager cependant, même si dans le fond, elle réalisait aussi qu’elle n’avait pas grand-chose à lui dire, et que les seules paroles sensées qu’elle aimerait partager avec lui, c’était des reproches qui soulignait le caractère déraisonnable de son mariage avec Megan — elle pourrait lui redemander comment il avait connu Charlie, mais elle n’avait pas envie de se lancer sur ce terrain-là. Elle soupira discrètement ; il aurait pu tomber sur pire, et sans doute qu’elle aussi, c’était comme ça que la bonne pote qu’elle était rassérénait son inquiétude latente. De nouveau, elle lui accorda un regard, désignant du menton un chemin au hasard "Je te suis, chauffeur."

@Damon Williams

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« Touchée en plein cœur. » Il ne se gêna pas pour venir lever avec exagération les yeux au ciel. Qu’importe ce que Jo pourrait dire, et ce qu’elle pourrait faire dans la foulée, ce qui se passait entre Megan et lui ne la regardait en rien et ne l’avait jamais regardé. En réalité, cela n’aurait jamais du regarder personne d’autre que le jeune couple - mais là encore, c’était un tiers qui les avait fait matcher alors qu’ils n’avaient pas donné d’avis positif sur la question; ou tout du moins, c’était encore ce cas de figure quelques semaines plus tôt.

Malgré tout, ce que la nouvellement Williams pouvait penser des agissements de son mari était un point qui important pour Damon. Il aurait préféré que ce ne soit pas le cas, mais il n’avait jamais su faire autrement que d’agir pour faire plaisir à ses proches; son mariage avait beau être factice, face à lui se tenait une vraie personne et même en étant énervé contre cette dernière, il continuait d’agir bien malgré lui dans son sens. Il tentait de défendre sa position et son point de vue, certes, mais lorsque cela n’était pas nécessaire il ne s’aventurait pas sur un terrain qui le rendait mal à l’aise. Mettre des bâtons dans les roues de la brune face à lui alors que rien ne lui indiquait qu’agir de la sorte serait bénéfique pour lui dans sa position actuelle n’était pas nécessaire, alors il n’irait pas dans ce sens. C’était là des gestes indirects, mais bien réels, qui ressemblaient tout de même à une main tendue en direction de Megan - qu’importe ce que les personnes comme Josephine aurait à redire sur la question. La prospection à la jeune femme de la ramener directement chez elle était donc on ne pouvait plus vraie, à défaut d’être totalement authentique; il ne voulait froisser personne inutilement mais il n’était par contre en rien ravi d’agir de la sorte. « Toowong. » Il hocha doucement la tête. « Ok. » Vu l’heure annoncée par le cadran de sa montre, de toutes façons, qu’importe l’endroit où ils s’apprêtaient à se rendre il y avait de fortes chances qu’ils tombent dans les bouchons. C’était bien sa veine.

« Je pourrais te le faire payer si tu le faisais, alors on va dire que je me laisse tenter par la proposition, c’est ce qui a de mieux. » Oh, qu’elle était énervante, Josephine. « Et des deux, c’est ta version qu’elle croirait en plus. » Si lui racontait à Megan qu’il avait voulu aider la brune et qu’elle avait refusé, jamais elle ne le croirait et cela ne ferait qu’ajouter de l’huile sur le feu. « Ce sera l’occasion de faire plus amples connaissance. Je réalise qu’on a jamais vraiment discuté, toi et moi. » Il ne masqua pas le soupire qu’il échappa. « On a qu’à dire ça. » Comme si cela pouvait réellement l’enchanter - mais entre ça ou envenimer les choses avec la blonde plusieurs étages plus haut sur un terrain qui n’avait pas besoin d’être accidenté plus que ce n’était déjà le cas, il choisissait l’option de serrer les dents. « Je te suis, chauffeur. » Il serra les dents mais lui indiqua du bout du menton la direction vers laquelle aller, endroit où se tenait sa voiture, le moteur encore chaud de s’être garée à peine une poignée de minutes plus tôt.

Ils sortaient du parking lorsque Damon se laissa aller à reprendre enfin la parole. « Je te laisse entrer l’adresse dans le GPS. » Ce n’était pas une question, mais le ton qu’il prenait pour dire ce type de phrase laissait presque oublier que c’était une indication non-négociable. De toutes façons, Jo n’avait pas trop le choix si elle voulait arriver à bon port le plus facilement possible que d’effectivement entrer le lieu où elle voulait être déposée sur l’écran de la voiture. Pendant ce temps, l’italien s’appliquait à s’insérer dans la circulation. Et, lui le premier surpris de se voir agir de la sorte, fut finalement celui qui lança les hostilités entre eux alors qu’ils n’avaient pas encore dépassé le premier feu de circulation. « Quitte à prendre ce temps pour apprendre à se connaitre… » Un instant - un seul -, il tourna son regard vers la brun à ses côtés. « Si tu as quelque-chose à me reprocher, autant que tu le fasses de suite pendant qu’on est que tous les deux. » C’était direct, c’était même peut-être un brin suicidaire, mais au moins cela pourrait peut-être lever cette ambiance pesante qui s’était installée avec eux dans l’habitacle de la voiture.

"C’est pas sûr. Elle sait comment je suis." Contrairement à d’autres, elle n’essayait pas de paraître sous son meilleur jour en taisant ses défauts. Elle était revêche, elle était désagréable, elle était arrogante, Josephine. Elle refusait qu’on l’aide par fierté, Megan le savait, aussi il ne risquait pas grand-chose à refuser de la déposer chez elle, Damon. Son épouse saurait que le caractère de Jo avait fait des siennes, et l’histoire serait balayée d’un revers de main parce qu’elle était comme ça, qu’elle ne s’encombrait pas de courbettes quand il suffisait d’être directe, écorchant la dignité de ses interlocuteurs au passage. Qu’importait au fond, ils statuaient déjà sur le chemin à prendre pour rejoindre la voiture du jeune homme, poussant la jeune femme à faire le moindre effort pour quoi, le mettre à l’aise en sa présence ? Rien à foutre, surtout considérant la réponse qu’il lui accorda sur le ton poli des fils de bonne famille.

Elle s’installa du côté passager sans demander son reste, attendant qu’il fasse de même, et boucla sa ceinture de sécurité avec le genre de sourire en coin qu’on arbore quand on se rend compte que les choses pourraient devenir intéressantes. Pas qu’elle en rêvait, de cette conjoncture, mais ça la faisait doucement rigoler de s’y retrouver. Même si concrètement, le trajet jusqu’à chez elle serait long et périlleux tant à part des sarcasmes, elle n’avait rien à lui offrir. Elle ne laisserait pas le silence s’installer, elle le savait aussi bien qu’elle savait qu’elle le détestait, à enrouler ses longs doigts dans l’habitacle pour les atteindre tous les deux. Peut-être que Démon avait la même aversion, puisque c’est lui qui le rompit pour l’enjoindre à rentrer son adresse dans l’ordinateur de bord. Elle ne discuta pas, s’exécuta du bout de ses ongles trop longs, un sourcil arqué avec l’air d’avoir l’habitude de se faire conduire ; et c’était le cas, mais sûrement pas dans un carrosse de ce standing.
Elle se renfonça dans son siège, entrouvrit la bouche pour ne pas laisser le silence reprendre ses droits, quand son chauffeur la prit de court. Le sourire de Josephine s’accentua, la tête tournée vers le jeune homme dont le profil apparaissait blafard, éclairé par les variations d’éclairage offertes pas l’extérieur. Un rire lui échappa, mais elle ne répondit pas tout de suite. Elle laissa un instant passer pour le mettre dans le doute, pour qu’il se demande exactement ce qu’il risquait à lui poser ouvertement la question quand il paraissait évident qu’elle avait un problème avec lui. En fait, elle prit le temps de la réflexion simplement parce qu’elle se demanda si, sur ce coup-ci, elle pouvait être franche sans risquer d’attirer des problèmes à Megan. Elle lui avait dit que c’était un secret, elle lui avait dit que personne ne devait savoir, elle lui avait dit ce qu’elle risquait… mais Damon était déjà dans la confidence, n’est-ce pas ? Alors peut-être qu’elle pouvait se permettre de lui dire tout de go qu’elle savait ce qu’il était et ce qu’il n’était pas.
Non. Elle ne lui dirait rien. Au lieu de quoi, elle prit une profonde inspiration, et laissa le haut de son corps basculer en arrière, la maintenant adroitement contre son siège, non sans continuer de sourire quand enfin, elle lui répondit avec ironie "T’as pas la conscience tranquille, pourquoi j’aurais quelque chose à te reprocher ? Tu caches des squelettes dans ton placard, t’as envie de te confesser ?" Elle battit presque des cils quand, de nouveau, elle tourna la tête vers lui pour ajouter dans une expression de nonchalance qui était sa signature, et ce malgré le piquant qu’on pouvait déceler dans le son traînant de sa voix "Je suis pas une nana amicale. Je suis pas Shiloh ou Charlie, à vouloir à tout prix me mettre les gens dans la poche sous le prétexte qu’on côtoie les mêmes personnes. Ça veut pas nécessairement dire que j’ai un truc contre toi, détends-toi." Elle mentait pour Megan, c’était tout. Elle ne tenait pas à arrondir les angles pour préserver la sensibilité du fils prodigue, loin de là. Elle agissait juste en bonne copine qui avait donné sa parole en fermant sa gueule sur un sujet qui lui tordait le ventre pourtant, chaque fois qu’elle y pensait. Rien que pour ça, Damon aurait dû être heureux qu’elle soit dans la sillage de sa soi-disant épouse. Elle ne la lâcherait pas en vol, est-ce qu’il pouvait en dire autant ?

@Damon Williams

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« C’est pas sûr. Elle sait comment je suis. » Ou, Megan savait parfaitement comment était Josephine et le type de caractère qui allait avec son comportement, il n’y avait aucun doute là dessus. Cependant, ces derniers temps, ce n’était pas entre les deux femmes que les choses étaient les plus compliquées, mais bien au sein du couple Williams - alors, la blonde aurait tout le loisir de penser que c’était Damon le responsable, qu’importe le contexte de la situation. Et au delà du fait que le jeune homme n’était pas du tout du genre à laisser une de ses connaissances dans le besoin, aggraver son cas n’était pas chose à faire sur sa liste.

Le bruit des ongles de Jo tapant sur l’écran du GPS indiquait, sans même qu’il n’ait besoin de tourner le regard dans la direction de la demoiselle, qu’elle obtempérait à son indication - ce qui serait surement une première et une dernière à la fois, et c’était uniquement parce-que c’était là chose qui allait dans son sens à elle, il le savait. En revanche, il restait une part d’ombre sur laquelle il n’arrivait seul à faire la lumière, et il n’avait rien à perdre qu’à demander avec une franchise sans faille à Josephine la raison de son aversion envers sa personne. La jeune femme ne faisait aucun effort pour que cette dernière ne soit pas évidente, même lorsque des inconnus se trouvaient autour d’eux Damon était sur que tout le monde pouvait le remarquer. Et s’il la savait quelque peu revêche, il ne s’était pas attendu à ce qu’elle commence en guise de première réponse par un rire qui se répercutera sur toutes les parois de l’habitacle. Il serra davantage la mâchoire, retint un soupire, évita de lever les yeux au ciel et de perdre par la même occasion la route du regard: il se contenta d’attendre qu’elle daigne ajouter des paroles d’explications à sa première réaction. « T’as pas la conscience tranquille, pourquoi j’aurais quelque chose à te reprocher ? Tu caches des squelettes dans ton placard, t’as envie de te confesser ? » Le regard de Damon s’autorisa à décrocher un route un instant pour observer les cils papillonnant de Jo, ce qui le fit cette fois-ci lever les yeux au ciel sans retenue. Il avait passé assez d’années au placard - au moins aux yeux de personnes qui lui étaient proches, ce qui était amplement suffisant - pour retourner y voir ce qu’il s’y rangeait réellement. « Je cache rien, Jo. » Ou pas de choses qu’elle ne sache pas déjà, en tous cas. Puisque de toutes les personnes qui existaient sur cette planète, elle avait eu la chance de passer la sélection et de faire partie d’une confidence qui les dépassait tous, et de loin. Alors, Damon ne faisait qu’être honnête en disant qu’il n’avait rien à cacher - parce-que c’était le cas.

Ce n’était pas pour autant qu’il n’avait pas cette impression lui collant à la peau qu’elle voulait lui faire, la peau, Josephine. « Je suis pas une nana amicale. Je suis pas Shiloh ou Charlie, à vouloir à tout prix me mettre les gens dans la poche sous le prétexte qu’on côtoie les mêmes personnes. Ça veut pas nécessairement dire que j’ai un truc contre toi, détends-toi. » A l’entendre prononcer le prénom de Charlie, bien sur qu’il serra les mâchoires une fois de plus. Il était protecteur de ses proches, Damon - souvent à sa façon, et très souvent d’une qui était maladroite, mais dans le cas présent il n’était pas particulier friand de l’idée que les deux jeunes femmes soient liées. Charlie avait le droit de passer un bout de vie tranquille après les aventures qui lui étaient aussi arrivées à elle. Pour Megan, il était protecteur également, mais les choses étaient différentes: Josephine et elle se connaissaient d’avant, et l’italien ne pouvait pas y faire grand chose. « C’est pourtant le ressenti que j’ai quand je suis avec toi. » Et c’était là la raison pour laquelle ses mains étaient autant crispées autour du volant, qu’il était prêt à bondir de côté à la moindre attaque un peu trop virulente de la jeune femme, qu’il avait cet espèce de mauvais pressentiment lorsqu’il se retrouvait dans la même pièce qu’elle. Autant dire qu’en ce moment, ce n’était pas fameux, comme situation - mais il le faisait pour les bonnes raisons et à ses yeux c’était suffisant. « Que tu m’aimes pas et que si tu pouvais me retirer du décor, tu t’en ferais un plaisir. »

« Je sais que pour Megan, faut que je fasse des efforts. » Il avait laissé s’écouler un instant, et un second, avant d’enchainer entre ses paroles. Il était honnête, il l’était toujours lorsque cela était possible, Damon. « Mais j’ai pas l’impression que ça suffirait, entre nous. Que je sois le seul à en faire. » Après tout, entre la blonde et lui, les choses étaient lancées pour le meilleur et pour le pire mais surtout et principalement jusqu’à ce que la mort les sépare. Le jeune homme ne savait pas si une telle chose serait applicable pour eux effectivement ad vitam aeternam, mais c’était là son rôle de s’appliquer à ce que ce soit possible le plus longtemps possible. A Megan aussi - mais dans cette situation, il ne pouvait pas et ne voulait pas parler à sa place. S’arrêtant au feu rouge, il tourna son visage cette fois-ci vers Josephine, ses yeux océan plongeant dans ceux de la jeune femme. « Je veux juste savoir si je vais perdre du temps et de l’énergie ou si ça portera ses fruits un jour, de faire des efforts. »

Il ne cachait rien. Par principe, Jo n’avalait les salades de personne, et surtout pas d’un type comme lui, qui se barricadait derrière la fortune de papa pour faire valoir quoi, sa place dans l’ordre de succession ? Ils vivaient dans quel genre de soap opera, les Williams ? A manigancer, à détruire, à croire que ça se faisait de tomber sur la plus crève la dalle des blondasses pour parfaire leur méthode de chantage et attendre qu’elle fasse de travers pour la dézinguer et leur faire porter le chapeau à elle, à sa santé mentale défaillante, et à son besoin maladif d’en faire et d’en vouloir trop ? Jo était persuadée d’avoir déjà lu le scénario, et elle n’aimait pas tellement la fin ; Megan finirait un jour où l’autre par se manger le revers de la médaille en pleine gueule, et ça ne lui plaisait pas. Parce qu’elle tenait à elle, quand bien même il y avait des moments où elle avait la sensation que la blonde trainait avec elle que pour combler les trous. De son côté, elle avait sa conscience pour elle, elle était aussi sincère avec elle qu’elle ne l’avait jamais été avec qui que ce soit d’autre — si ça tendait à la protéger en sautant à la gorge de quiconque, elle se portait volontaire. Etait-ce si compliqué à comprendre ? Sans doute que oui, sinon le fils à papa Williams ne prendrait pas la peine de la questionner sur son ressenti, sur ses intentions. Il voulait la vérité, il l’aurait ; un peu détournée, mais ce qu’il ne savait pas ne pouvait pas lui faire de mal. En attendant, elle lui lança un regard glacial.

"OK, je t’aime pas. Qu’est-ce que le contraire changerait vraiment, c’est pas avec moi que t’es marié à ce que je sache." Elle n’haussa pas les épaules, seulement la manière dont elle se replaça dans son siège faisait le même effet. Dans un sens, elle ne pouvait pas déployer la vraie raison de son antipathie pour le jeune homme, mais de l’autre, elle avait des arguments qui n’étaient pas montés de toutes pièces et qu’elle pouvait utiliser pour les rasséréner, lui et sa fierté ; des arguments qu’elle avait déjà servis à Megan à l’époque où elle lui avait parlé de tout ça, elle ne risquait pas grand chose à les partager, au moins quand il irait chialer sur son épaule à cause de la vilaine Josephine, ils pourraient se désoler de ses principes ensemble "Je trouve que vous êtes trop jeunes pour vous marier, je trouve que ça s’est fait trop vite. Je sais pas si elle t’aime vraiment, je sais pas si tu l’aimes vraiment… et je m’en fous au final, j’ai juste pas envie de la ramasser à la petite cuiller quand t’en auras assez de la traîner partout comme un putain trophée." Ça sortait à débit rapide, ça sortait clair ; ça sortait aussi parce que dans le fond, c’était ce qu’elle ressentait. Honnête ou pas, le marché qu’ils avaient passé aurait les mêmes conséquences que ce qu’elle venait de partager. 
Elle préféra soudainement regarder la route, lâchant cependant un léger rire quand il se plaça en chevalier servant, celui qui était toujours le plus enclin à faire des efforts parce que c’était dans sa nature, parce qu’il avait l’innocence d’un putain de chérubin, avec sa blondeur et ses yeux bleus. Connard de Damon "Tu me connais pas assez pour te rendre compte que j’en fais aussi. Et en fait, ça t’arranges de penser que j’en fais pas, ça te donne le beau rôle. Mais vas-y, ça me dérange pas de jouer les connasses, j’ai la carrure pour." Alors d’accord, elle ne minimisait pas ce qu’elle ressentait pour lui, ne réussissant pas à ne pas froncer le nez quand il déboulait dans une pièce, mais à côté de ça, elle avait assisté à leur mariage à la con, et elle gardait leur secret — si elle n’avait pas eu à cœur les intérêts de Megan, c’est ce qu’elle lui aurait claqué à la tronche pour lui prouver que si, elle en faisait des efforts, merde.
Sentant la voiture se stopper à un feu rouge et l’attention de Damon se tourner vers elle, elle lui rendit son regard pour mieux entendre sa dernière invective à laquelle elle ne répondit pas tout de suite, sachant que si elle ne domestiquait pas son débit de paroles à la con, elle ferait une bourde qu’elle ne voudrait pas faire. Elle affronta ses yeux une seconde de trop avant de lui demander, les sourcils froncés, et sans aucune ironie "Pourquoi c’est si important pour toi d’être dans mes bonnes grâces ? C’est pas comme si on avait quelque chose en commun à part Megan. T’es aussi différent de moi que je le suis de toi, alors savoir que je suis capable de faire des efforts, c’est juste pour te rassurer, ou t’en as vraiment quelque chose à foutre ?" Et la forme n’était pas la bonne, mais sa question était sincère. A quoi ça servait, tout ça finalement ? Ce qu’il partageait avec Megan, ce n’était que du grand spectacle ; elle était douée pour ça certes, elle avait pourtant des limites quand ça impliquait ses valeurs.

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« OK, je t’aime pas. Qu’est-ce que le contraire changerait vraiment, c’est pas avec moi que t’es marié à ce que je sache. » L’avantage avec Jo, c’était qu’en appuyant un petit peu plus fort sur des endroits où ça pouvait faire mal, où ça pouvait énerver, et elle partait dans la direction indiquée au quart de tour. Il ne savait pas en réalité à quel point elle avait une dent contre lui, mais l’attitude qu’elle adoptait lorsqu’il était à ses côtés ou dès qu’elle posait son regard sur lui donnait une bonne première indication. Il voulait juste avoir les mots confirmant ce ressenti, pour savoir où se situer par la suite. Rien de plus. « Je trouve que vous êtes trop jeunes pour vous marier, je trouve que ça s’est fait trop vite. Je sais pas si elle t’aime vraiment, je sais pas si tu l’aimes vraiment… et je m’en fous au final, j’ai juste pas envie de la ramasser à la petite cuiller quand t’en auras assez de la traîner partout comme un putain trophée. » Aux derniers mots de la jeune femme, cependant, Damon ne sut fair autrement que de pincer ses lèvres. Cette partie là de leur histoire à Megan et lui était surement celle dont il se serait bien passé - mais qui englobait les bases du marché qui avait été passé entre toutes les personnes impliquées dans ce mariage, le blond mis à part pour une bonne partie des conditions. Megan était ce qui s’apparentait à une femme-trophée, c’était vrai, puisque ce n’était pas pour les sentiments que les deux jeunes gens s’étaient mariés mais pour sauver les apparences de tout le monde - et même davantage, d’après ce qu’il avait appris récemment. Cependant, le jeune italien n’aurait pas été contre donner un autre visage à leur arrangement, ou tout du moins faire en sorte que ce ressenti ne soit pas celui mis principalement en avant. Mais si Josephine le mentionnait, c’était que sa femme devait en parler avec elle de cette manière là; ou qu’en tous cas ses paroles s’en rapprochaient et que là était la version qu’en tirait la brune à ses côtés. Le reste des arguments mis en avant, en revanche, il ne pouvait pas les contredire: effectivement, ils étaient trop jeunes pour se marier, cela s’était fait bien trop vite et leurs sentiments étaient clairement à revoir, à remettre en question. Mais cela faisait partie de l’arrangement plus grand qu’eux au-bas duquel ils avaient apposé leur signature, et non sans une quelconque peine au coeur. « Tu me connais pas assez pour te rendre compte que j’en fais aussi. Et en fait, ça t’arranges de penser que j’en fais pas, ça te donne le beau rôle. Mais vas-y, ça me dérange pas de jouer les connasses, j’ai la carrure pour. » Avoir la carrure pour, il ne s’était pas attendu à autre chose de la part de la brune. Depuis la première fois que leurs chemins s’étaient croisés, il avait compris qu’elle ne faisait pas partie des personnes qu’il avait lui l’habitude de côtoyer - noter ici des personnes qui avaient plus l’habitude de faire semblant et n’allait pas jusque assumer leur mauvais caractère. C’était toujours plus simple, de fausser, de prétendre: c’était dans ce monde là que Damon avait grandi et c’était ces méthodes là qu’il connaissait le mieux. Il n’aimait guère les appliquer, mais il avouait que c’était ce à quoi il était le plus habitué. Alors, avoir face à lui quelqu’un de prête à tout assumer, même si c’était pour le descendre lui, faisait presque du bien.

Damon put finalement lancer un regard en direction de la jeune femme lorsqu’il dut ralentir pour s’arrêter à un feu de circulation passé au rouge - couleur plutôt en accord avec la conversation qui régnait finalement dans l’habitacle de la voiture. « Pourquoi c’est si important pour toi d’être dans mes bonnes grâces ? » Jo s’était tournée vers lui également. « C’est pas comme si on avait quelque chose en commun à part Megan. T’es aussi différent de moi que je le suis de toi, alors savoir que je suis capable de faire des efforts, c’est juste pour te rassurer, ou t’en as vraiment quelque chose à foutre ? » Laissant échapper un soupire, Damon soutint son regard encore un instant avant de reporter ses yeux sur la route. Ce n’était pas pour autant qu’il appuya sur l’accélérateur, juste qu’il ne se sentait pas de taille à affronter le regard de la brune de cette façon. Certes, il était celui ayant voulu provoquer cette conversation - et il ne le regrettait pas -, mais ce n’était pas pour autant qu’il n’étiat pas intimidé par la jeune femme. « J’en ai vraiment quelque-chose à foutre, comme tu peux le dire. » L’explication qu’il allait apporter à cette précision n’allait surement pas la convaincre, mais pourtant elle serait on ne pouvait plus vraie; il ne désirait pas faire autrement de toutes façons. « Le mariage entre Megan et moi sera jamais parfait, même si on met tous nos efforts pour faire croire que c’est le cas. » Le feu repassa au vert, il se remit doucement en route vers la destination que Josephine avait inséré dans le GPS. « On est trop jeunes, nos intentions sont pas les meilleures, et tu cites ça comme une chef déjà je vais pas refaire la liste. » Il soupira légèrement; s’il était de façon générale plutôt facilement à l’aise pour avoir ce type de conversation, la présence de la brune rendait les choses un brin plus compliqué que d’ordinaire. « Mais j’ai aussi compris avec le temps que Megan a un coeur fragile, au delà des apparences. Et qu’importe les actions qu’elle décide d’avoir, souvent c’est parce-qu’elle a le coeur fragilisé qu’elle agit comme elle le fait. » Oh, la blonde et lui avaient encore bien du chemin à parcourir et la rancoeur de Damon était encore conséquente quant à la façon dont l’ancienne Monroe avait décidé de jouer son jeu. Cependant, les paroles qu’il avançait étaient on ne pouvait plus vraies et c’était sur ces dernières qu’il essayait de se concentrer lorsqu’il recommençait à voir trouble sur pourquoi il s’entêtait dans cette affaire. « Qu’importe comment on s’en sort à la fin, c’est à ça que je me raccroche, et il est hors de question que je pense pas à Megan dans mes actions. » Il pinça ses lèvres, fit tourner son alliance autour de son doigt sans même s’en apercevoir, presque comme un réflexe. « Et t’es quelqu’un qui compte à ses yeux. Alors pour moi, c’est indispensable de faire des efforts pour être dans tes bonnes grâces. » Et puis, de toutes façons, il ne savait agir que de cette sorte là; il avait été formé et forgé avec le temps pour plaire aux autres quoi qu’il arrivait, il avait appris à sourire et à courber l’échine si cela pouvait arranger la situation. « Mais merci à toi. » Un instant, il tourna son regard dans sa direction. « D’avoir répondu honnêtement. Ca fait du bien de voir quelqu’un de franche et directe comme ça. » Car malheureusement, ce n’était pas parmi ses proches que Damon pourrait en affirmer autant, et Megan la première sur cette partie là de l’histoire.

Il en avait vraiment quelque chose à foutre, tiens donc. Son sourcil gauche prit des allures d’accent circonflexe et sa bouche se pinça doucement pour la garder fermée le temps qu’il trouve le courage de déverser ce qui serrait son petit coeur, et qu’elle était prête à récolter de bonne grâce pour une fois. De son côté de l’habitacle, Jo l’observa détourner les yeux, chercher ses mots, et elle ne put s’empêcher de repenser à ce que Megan lui disait souvent à son propos — qu'il était doux comme un agneau, qu’il n’était pas capable de grand-chose si ce n’était de grande gentillesse et de bienveillance… ça transpirait par tous les pores de sa peau de bébé, et c’était incompréhensible quand elle songeait au marché qu'il avait accepté de passer sous la surveillance rapprochée du Padre. Peut-être que les choses n’étaient pas aussi manichéennes qu’elle le pensait, peut-être que comme Megan, il avait quelque chose à prouver, ou à cacher. A dire vrai, elle ne lui avait pas posé la question lorsqu’elle lui avait révélé les choses, elle n’avait pas voulu se dire que Damon perdrait peut-être quelque chose s’il se dressait contre sa famille… mais en le regardant, elle eut un moment de doute, et ça la troubla assez pour qu’elle le laisse s’exprimer sans l’interrompre.
Jusqu’à ce qu’elle n’en soit plus capable et qu’un léger rictus lui échappa. Elle-même fût surprise par ce qu’elle cracha sans en donner l’air, détournant brièvement les yeux pour les poser au travers du pare-brise qui les protégeait de l’extérieur, la ville défilant parfois, se fixant à leur rétine à d’autres "Y a aucun mariage parfait. Si tu pars avec cet objectif à atteindre, c’est déjà foutu au fond." Qu’est-ce qu’elle en savait ? Elle n’avait jamais tenu une relation plus que quelques mois, vraie ou pas, et elle se carapatait chaque fois qu’elle sentait que l’attention qu’on lui donnait dépassait celui des seules apparences. Il n’y avait qu’à voir avec Charlie. Elle ne lui connaissait aucune autre volonté que celle de vouloir la mettre dans son lit, mais c’était déjà de trop ; ça voulait dire laisser tomber des barrières qu’elle mettait autour d’elle volontairement en prétendant qu’elle était comme ça, que c’était à prendre ou à laisser, que c’était parce qu’elle aimait qu’on la désire, qu’on la supplie… mais ce n’était pas tant elle qu’elle voulait protéger, c’était les autres, prête à faire ce sacrifice pour ne pas les briser. Comment l’avait-il définie, Edge, déjà ? En briseuse de cœurs ? C’était un peu ça… alors son avis sur la vie conjugale, c’était à prendre avec des pincettes, et pas des petites.

Elle le laissa reprendre sans piper mot encore une fois, posant ses deux mains sur ses jambes comme la voiture reprenait son chemin, et qu’elle retint un soupir dans sa poitrine. Il était gentil, cet abruti… ses paroles le prouvaient autant que celles avec lesquelles Meg l’avait serinée pour le vendre comme le mari de l’année, et putain, ça l’emmerdait royalement de devoir l’admettre, mais il la touchait.
"Ouais, mais c’est pas une raison pour l’encourager non plus. Elle est pas faite en métal, elle pourra pas continuellement s'en sortir sans se faire trouer la cuirasse." Son argumentaire était de nouveau déclamé sur le mauvais ton, avec le niveau de langage surtout, mais elle savait qu’il comprendrait ce qu’elle voulait dire. Au final, ils avaient les mêmes craintes et les mêmes attentes, sauf qu’ils les exprimaient différemment ; autrement, ils se valaient l’un et l’autre, et c’est ce qui la poussa à lui dire, plus gentiment qu’à l’accoutumée, bien qu’elle roula des yeux avant de se lancer, et pas de gaieté de cœur à en juger par la tronche qu’elle tira sur le moment "Elle parle toujours de toi en bien." Elle commença comme ça, son ton restant neutre, et son regard cherchant finalement un truc auquel s’accrocher en dehors de l'attention de Damon à ses côtés "Je veux dire, crois pas que je me comporte comme ça avec toi parce qu’elle me dit du mal de toi ou parce qu'elle se plaint de la vie que tu lui fais mener. En fait, la plupart du temps, elle me conseille de descendre de mes grands chevaux parce qu’elle dit que t’es adorable, qu’elle aurait pas pu tomber sur pire." A côté du marché qu’il y avait entre eux, elle avait toujours senti que Barbie appréciait Ken, et elle ne sut pas exactement pourquoi, mais elle eut envie de le lui dire. Elle tourna de nouveau la tête vers lui, le toisant sans insister quand elle lui fit "Tu comptes pour elle." Autant qu’elle semblait compter pour lui en définitive, ça avait le don de la rasséréner, mais pas de la réconcilier avec l’idée que tout ça, c’était une bien belle connerie.
Elle eut un rire quand il la remercia "Vous êtes putains de bizarres quand même, elle et toi." Une réflexion qu’elle se fit davantage à elle-même qu’à lui, inspirant profondément pour hausser brièvement les sourcils, et lui dire sur le même ton traînant qui faisait sa signature "Si t’as besoin qu’on te rentre dans le lard à l’avenir, tu sauras où j’habite… je fais ça gratos, tous les jours de la semaine." Elle eut un sourire plus sincère cette fois, attendant qu’il tourne la tête dans sa direction pour apposer un air de menace à ce qu’elle ajouta alors. Soudainement très sérieuse, son sourire se fana graduellement "J’hésiterais pas à le faire pour de vrai si ça part en couilles." Lui rentrer dans le lard, elle n’avait pas peur "Je veux que tu le saches pour que tu sois pas surpris ; mais c’est elle qui compte pour moi." Au moins il était prévenu, il ne pourrait pas prétendre que ça ne lui pendait pas au nez quand elle jugerait que tout ça, c’était trop dangereux, et qu’elle avait le devoir d’agir en conséquence.

@Damon Williams

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S’il y avait bien un avantage à discuter avec Damon, c’était qu’au delà d’être un vrai livre ouvert - il ne saurait ressentir la moindre émotion sans que toute l’assistance soit mise au courant directement, ce qui avait été l’un des points les plus compliqués à ne pas laisser transparaitre le jour du mariage -, il ne savait de toutes façons pas réellement faire autrement que d’être innocemment lui-même, honnête et transparent, lorsqu’il parlait. Et ce qui resterait toujours étrange, c’était qu’aucun de ses parents n’avait pour prétention d’agir de la sorte quotidiennement et n’avait donc pu servir de modèle pour le gamin qu’il était à l’époque. « Y a aucun mariage parfait. Si tu pars avec cet objectif à atteindre, c’est déjà foutu au fond. » L’italien pinça ses lèvres légèrement. Non seulement il avait à peine entamé la réponse à sa question qu’elle l’interrompait déjà, mais en plus elle le faisait pour appuyer sur un point qui faisait déjà mal sans qu’elle le mentionne. Damon n’était pas dupe; ou tout du moins pas à ce point là: il avait compris qu’un mariage parfait n’était pas ce qui les attendait, Megan et lui, dès la première rencontre qu’il avait fait de la jeune femme. Pas à cause de qui ils étaient séparément, mais tout simplement les bonnes conditions n’étaient pas réunies pour qu’ils parviennent à un tel résultat. Il avait vu également pendant des années le mariage entre ses parents prendre des couleurs, les une après les autres, mais celle de la perfection n’avait jamais montré le bout de son nez. Il n’était pas dupe au point de croire qu’il pourrait avoir un mariage parfait, en revanche il restait persuadé que cela pouvait exister. Sinon, personne ne se marierait si l’idée d’accéder à ce quelque-chose de particulier n’était qu’un mythe, non ? Il restait intimement persuadé, que lorsque vous rencontriez la bonne personne, les choses pouvaient se rapprocher de la perfection. Encore une fois, avec Megan, l’objectif n’était pas d’atteindre ce stade là mais simplement de réussir à trouver un équilibre certain entre eux - ce qui commençait par arrêter de se mentir.

Ce n’était en revanche pas parce-que l’idée d’un mariage parfait avec la blonde n’était pas dans ses cartes qu’il n’avait pas prévu de prendre soin d’elle; au contraire, c’était là pour quoi il avait signé à ses yeux. Il n’était pas devin et ne pouvait donc avancer la finalité de cette histoire avec certitude, mais la chose dont il était sure résidait justement dans l’idée qu’il avait comme responsabilité désormais d’être aux côtés de sa femme pour le meilleur et pour le pire et qu’il comptait honorer au moins cette promesse là. « Ouais, mais c’est pas une raison pour l’encourager non plus. Elle est pas faite en métal, elle pourra pas continuellement s'en sortir sans se faire trouer la cuirasse. » Il échappa un léger soupire. « Je sais. » Ce n’était pas pour autant qu’il changerait d’avis ou de façon de faire. Et même si le reste des exemples avaient souvent été forcés par les idées de son père et par l’avis de ce dernier, lorsque Damon avait une idée en tête, elle lui échappait rarement et restait avec lui jusqu’à temps qu’il ait eu l’impression de l’épuiser. Lorsque finalement, après un petit silence, Jo reprit la parole à ses côtés, ce fut avec un ton bien plus doux qu’il ne lui avait pas encore connu encore. « Elle parle toujours de toi en bien. » Et bien qu’il aurait pu s’en douter - pas par vantardise, mais bien parce-qu’il n’aurait pas compris si cela n’avait pas été le cas en réalité -, entendre la brune à ses côtés confirmer un quelque-chose qu’il avait simplement deviné jusque maintenant faisait du bien, mettait du baume au coeur. Il dut retenir une esquisse de sourire idiot de naitre au coin de ses lèvres. « Je veux dire, crois pas que je me comporte comme ça avec toi parce qu’elle me dit du mal de toi ou parce qu'elle se plaint de la vie que tu lui fais mener. En fait, la plupart du temps, elle me conseille de descendre de mes grands chevaux parce qu’elle dit que t’es adorable, qu’elle aurait pas pu tomber sur pire. Tu comptes pour elle. » L’obscurité apportée autant par la nuit tombée sur l’extérieur et par l’habitacle de la voiture plongé dans le noir permit à Damon de pouvoir légèrement rougir en étant sur que Josephine n’allait pas pouvoir le voir. Après tout, entendre qu’il était considéré comme adorable et qu’il y avait au moins une personne parmi ses proches pour qui il comptait vraiment, ce n’était pas rien et cela faisait toujours du bien à apprendre. « J’aurais pu tomber sur pire aussi, tu sais. » Mettant de côté un instant sa rancoeur et toute la colère qu’il pouvait ressentir ces dernières semaines envers la blonde qui était désormais sujet central de leur discussion, Damon baissa légèrement sa garde face à Jo. Elle pourrait le répéter à Megan derrière, tant pis; il y avait des chances que cette dernière ne la croit de toutes façons pas, alors autant en profiter. Car si les intentions de Megan n’avaient pas été les bonnes dès le début, l’italien ne pouvait mettre de côté le fait qu’elle faisait les efforts nécessaires depuis le premier jour. Elle comptait pour lui aussi, d’une drôle de manière certes mais la vérité était aussi simple que cela: il ne réussit cependant pas à faire entendre cette dernière à haute voix.

« Vous êtes putains de bizarres quand même, elle et toi. » Le petit rire qu’elle avait d’abord fit entendre avant de prononcer ces quelques mots avait d’abord surpris Damon, avant de réussir à lui arracher cette fois ci pour de bon un petit sourire lorsque les mots s’ajoutèrent à l’explication. « Surement. » Il était vrai que remercier la jeune femme alors qu’elle était en train de tenter de le secouer comme un prunier, et peut-être même de piétiner un brin de son amour-propre au passage n’était pas dans les habitudes. Mais que pouvait-il sincèrement dire d’autre ? Elle, elle avait au moins eu la décence de lui parler avec une franchise qui se faisait malheureusement trop rare désormais, et cela ne pouvait être que bénéfique. Au moins, elle ne gardait pas son ressenti pour elle et Damon savait à quoi s’en tenir. Ca ne faisait jamais du bien d’entendre ce type d’appréciation, mais au moins, il n’y avait pas mensonge sous-jacent - ou si c’était le cas, cela ne pouvait qu’améliorer la situation, alors ce n’était pas si pire à ses yeux. « Si t’as besoin qu’on te rentre dans le lard à l’avenir, tu sauras où j’habite… je fais ça gratos, tous les jours de la semaine. » Le sourire désormais presque tendre du blond fut perceptible par Josephine alors qu’il tournait un instant son visage dans sa direction. « Je prends note. » Peut-être effectivement qu’un petit rappel à l’ordre de cette sorte, une fois de temps à autres, n’était pas quelque-chose de mauvais: cela permettait de garder les pieds sur terre, et il pouvait parfaitement comprendre pourquoi Megan ne lâcherait jamais la main de Jo. Jo qui prenait désormais un air bien plus sérieux, qui ne put échapper à Damon, alors qu’il dut reporter son attention sur la route et les autres usagers. « J’hésiterais pas à le faire pour de vrai si ça part en couilles. Je veux que tu le saches pour que tu sois pas surpris ; mais c’est elle qui compte pour moi. » Ce fut avec une pointe d’amusement cette fois-ci qu’il étira un sourire. Ce n’était pas là suffisant pour illuminer son visage comme cela avait pourtant l’habitude de le faire, mais c’était assez pour marquer une pointe d’efforts qu’il n’avait su faire depuis que le chemin de la jeune femme avait croisé le sien au pied de son propre immeuble. « Josephine… » Il prit à gauche comme indiqué par le GPS, alors que ce dernier finissait par marquer que la destination était finalement bientôt atteinte. « Je sais bien que c’est pas pour mes beaux yeux à moi que tu restes proche de Megan. » Si c’était avec amertume qu’il avait commencé cette discussion, il se surprit finalement à être plutôt soulagé qu’elle ait eu lieu et surtout reconnaissant envers la brune encore à ses côtés qu’elle ait tourné de cette façon. Arrêtant le véhicule finalement sur le bas-côté, il tourna enfin réellement son visage dans la direction de la Carter. « Si ça part en couille - » et malheureusement pour tout le monde, il y aurait forcément des moments où les choses ne seraient pas toutes roses « - même, je compte sur toi pour me rentrer dans le lard. » Il savait qu’elle n’hésiterait pas un seul instant; mais s’il anticipait ce mouvement en lui donnant le droit avant même qu’elle n’ait le temps de réellement l’envisager, cela lui retirait un peu de crédit et permettait de la rendre moins menaçante. Ce n’était pas grand chose - car le jour où elle viendrait le confronter pour n’importe quelle raison, et elle le ferait, Damon serait surement à deux doigts de se pisser dessus -, mais au moins cela permettait à l’italien de garder un semblant de contrôle sur la situation. « D’autres choses à me reprocher pour aujourd’hui ? » Et même si le sarcasme faisait partie intégrante de sa question, le pire dans tout ça était que le jeune homme attendait réellement une réponse de la part de la jeune femme à sa question: après tout, quitte à s’en prendre plein les dents, autant le faire de façon propre et jusqu’au bout.

Il aurait pu tomber sur pire. Sur ça, ils étaient d’accords, et même si elle trouvait à Megan autant de défauts que de qualités, elle devait bien admettre que dans son ensemble, Blondie avait tout d’une femme parfaite "Ça, c’est sûr." Ce n’était pas un fait suffisant pour lui, que de savoir qu’il aurait pu tomber sur le genre de nana qu’on regrette d’avoir épousé ? En sachant que c’était au moins à cinquante pour-cent quelqu’un de bien, Megan, il ne se disait pas que c’était une bonne raison pour lui éviter les problèmes, pour la laisser vivre une vie où elle n’aurait pas peur des retombées lorsqu’elle fauterait ? C’était probablement ça qui la laissait interdite dans le fond, Josephine : de savoir que, chacun, se portaient une affection sincère, mais qu’elle n’était pas suffisante pour les forcer à lâcher prise, et à admettre que c’était une connerie, que pire encore, c’était dangereux. Cela dit, elle avait déjà bien à faire avec ses propres névroses pour chercher à comprendre celles des autres, et c’était ça aussi qui la mena à lâcher prise, au moins le temps de se rendre compte que son chauffeur était rassuré par ce qu’elle venait de lui dire. Elle le voyait à peine, l’éclairage de l’extérieur étant trop sommaire pour apporter la clarté nécessaire pour lui permettre de l’observer, mais elle l’imaginait heureux, flatté, et c’était là sa seule bonne-action de l’année, d’avoir réussi à le rasséréner quand elle lui avait laissé croire qu’il faisait tout de travers juste en se comportant comme la reine des connasses. Au moins, il savait que c’était juste parce qu’elle était comme ça, point final.

Et elle ne s’en excuserait pas. Le rire qu’il lâcha quand elle déclama qu’ils étaient bizarres, il la laissa perplexe le temps de quelques instants, seulement elle reprit vite le sens de la conversation, et la mise en garde pointa. Damon, il resta stoïque, et Jo ne s’était pas imaginé qu’il réagirait autrement ; c’était une bonne chose, au moins ça voulait dire qu’il acceptait qu’elle se montre protectrice envers Megan… ce qu’elle aurait fait même s’il lui avait dit de se mêler de ses fesses, déclamant à tout va qu’il ne lui arriverait rien, qu’il ne fallait pas qu’elle s'inquiète. Finalement, c’était un peu effrayant aussi, qu’il se contente de lui dire qu’il prenait note, parce que ça voulait dire qu’il n’était pas confiant. `
Ça, Ça la laissa coite, de songer à cette éventualité qu’il souligna en reprenant la parole, l’appelant par son prénom complet. De nouveau, elle roula des yeux, parce que sur une échelle de ce qui lui donnait envie de lui cracher à la gueule, ça, ça venait bien au moins en troisième position "Pitié, ne me Josephine pas." qu’elle lui lança d’abord, prête pourtant à écouter ce qu’il avait à lui dire, et le faisant en tournant la tête vers lui pour deviner l’endroit où se trouvaient ses yeux qu’elle voyait briller dans l’obscurité "Mais ?" l’encouragea-t-elle à continuer avec toute l’agressivité qu’elle avait en magasin, ayant bien vite perdue sa douceur. Toutefois, elle prit une pause mentale pour s’arrêter sur ce qui lui dit, et elle sentit son rythme cardiaques s’accélérer. Ça aurait dû être à ce moment où elle lui disait qu’elle savait que c’était un faux mariage, qu’elle savait qu'il était sérieux quand il lui disait qu’il n’attendrait que ça, qu’elle vienne lui défoncer la gueule s'il arrivait quelque chose à Megan. Tout comme elle, il n’avait pas le droit de faire peser ce poids sur ses épaules simplement parce qu’ils pensaient qu'elle était assez forte, qu'elle en avait le tempérament… mais elle ne lui dit rien, Megan lui en voudrait, et sur l’échelle des choses qui lui ferait de la peine, c’était bien ça qui se plaçait à la première position.
Elle hocha la tête "OK, tu sais que tu vas regretter ?" Ça ne tombait pas dans l’oreille d’une source malgré tout, elle se ferait un plaisir de lui écraser les couilles avec ses talons de douze s’il venait à merder autant que ça. La question était rhétorique, et elle trouva opportun de détourner les yeux à se moment-là, posant son coude contre le cadre de la porte pour se rendre compte qu’ils déboulaient dans sa rue, qu’il était temps pour elle de rentrer. Elle ne le fit pas tout de suite en vérité, elle resta un moment à se mordiller l’ongle de son petit doigt en pensant aux dernières paroles du jeune homme encore une fois. Dans le fond, il avait le droit de savoir qu’elle savait… elle n’était pas si courageuse que ça, elle finit par se ranimer, et par amorcer un geste pour s’en aller ; quand il la retint avec une question qui la fit rire, dans un tout petit éclat qu’elle termina par un sourcil arqué, le visage tourné vers lui "Ta putain de coupe de cheveux, ouais." Elle ne réussirait jamais à lui dire qu’elle savait, ça engageait tellement de choses pour Megan qu’elle sentait son ventre se nouer, là, alors qu’elle ouvrait la portière de la voiture en poussant dessus pour en descendre, sautant au sol. Debout, elle continua à fixer le blondinet, désignant sa mèche blonde du menton en ajoutant "Y a que DiCaprio des années 90 qui porte bien le mi-long. Toi, t’as juste l’air d’un con." Elle ne le pensait même pas, mais il fallait bien sauver les apparences, et lui donner ce qu'il attendait. D’habitude, elle n’était pas de ce genre là, à vouloir faire plaisir aux autres, à vouloir édulcorer son discours pour leur mettre du baume au coeur, à le remplacer par un autre pour éviter d’enfoncer le clou, mais elle lui devait bien ça — et quand elle viendrait lui faire bouffer le bitume, il pourrait au moins se souvenir qu’il y avait eu une fois où elle avait été sympa avec lui, c’était déjà ça "Allez." lui dit-elle comme conclusion, claquant enfin la portière derrière elle, ne rompant le contact visuel avec lui qu’une fois qu’elle se retourna pour s’engager dans l’allée de la maison de sa grand-mère, la poitrine vibrant sous la masse de choses qu’elle venait de réaliser, effrayée pour Megan, à défaut que cette dernière, soit effrayée pour elle-même.

rp terminé.

@Damon Williams