Icare avait fait une liste de course à faire dans le voisinage, il avait décidé de se déplacer à pied, à ses yeux, on découvrait mieux un endroit si on pouvait le parcourir de long en large par toutes les petites routes. Avoir une voiture c'était plus rapide, mais on passait souvent à côté d'endroit plus discrets et nettement plus intéressant aux yeux du jeune homme. Il avait procédé ainsi dans énormément de pays qu'il avait eu la chance de découvrir, il ne voyait pas pourquoi changer maintenant qu'il était retourné dans sa ville natale, après tout, quelque part, il la redécouvrait.

Il était allé dans une petite épicerie et avait pris du vin et de quoi préparer une moussaka maison. Le fait d'avoir vécu quelques mois en Grèce lui avait ouvert l'apprentissage des plats grecs classique tel que la moussaka et les mezes. Les grecs étaient des passionnés, des gens au sang chaud qui passait leur temps à s'insulter de "malaka", ce qu'étrangement voulait dire concombre, il avait fallu tout un temps d'adaptation à Narcisse pour comprendre cela. Au boulot, les grecs adoraient "donner" et "partager", être serveur en Grèce avait un côté épuisant, mais les fêtes dans les hôtels après le service restaient des moments inoubliables pour lui. Au niveau de leurs boissons locales, s'il supportait encore assez bien leur Metaxe, leur Uzo au goût anisé était une horreur pour son palais.

Tout content et excité de rentrer chez lui histoire de se préparer un bon repas dans son petit studio, il tomba sur une parfaite inconnue dans une des rues voisines à la sienne. Elle... portait vraiment quelque chose de trop lourd pour elle et tanguait un peu trop, Icare accéléra le pas et vint se positionner devant le carton pour le stabiliser. Il n'arrivait même pas à voir le visage de la femme tellement ce qu'elle portait était grand et lourd... il grimaça en tentant de le prendre un peu mieux, mais avec son propre sachet de course, il devait avouer que ce n'était pas la chose la plus évidente là tout de suite. « Hey, vous voulez pas le déposer et on échange ? Je veux bien porter votre carton si vous prenez mon sachet de course » proposa-t-il alors, c'était pour lui la meilleure solution, quelle idée de se lancer dans un tel projet toute seule ! Demander parfois de l'aide ne faisait pourtant pas de mal !

Il était rare qu'Icare soit la bonne personne au bon moment. De façon générale. Il n'était jamais là au bon moment, à la bonne période ou encore au bon endroit. Ce n'était pas qu'il était à proprement malchanceux, il ne se considérait pas comme tel. C'était juste qu'il n'avait jamais eu un réel impact sur la vie d'autrui et ça ne l'avait jamais dérangé. Il était plus facile de sortir de la vie des gens si on n'était pas... une personne qui comptait réellement. On pouvait l'apprécier mais pas sincèrement l'aimer. Il ne donnait jamais assez dans toutes ses relations pour ça de toute façon (amicales, sexuelles et même familiales). Mais là, il avait ce sentiment d'être une sorte de sauveur et c'était un peu surprenant pour lui. Pas désagréable. Mais clairement pas habituel à son sens.

Il avait vu un corps (il aurait dit féminin vu que sa tête ne dépassait pas du carton) se... mouvoir de façon indécise avec quelque chose de beaucoup trop lourd entre les mains. Et il n'avait pas pu s'empêcher d'aller l'aider. Mais il y avait quelque chose de pas pratique, surtout quand il avait toujours son propre sac de course en main, c'est pour ça qu'il proposa le deal assez rapidement, il voulait bien aider, ce n'était pas un problème, mais il ne voulait pas se mettre en difficulté pour rien. Et l'autre femme ne tarda pas à accepter rapidement son deal. On fait ça. il déposa alors son sac le plus délicatement possible sur le sol pour qu'elle ait plus facile à le prendre. Elle fait de même avec son carton qu'Icare observe avec un petit sourire... qu'est-ce qu'il contient pour être aussi lourd ? Il est curieux mais il vient de rencontrer cette jeune... rousse ? Il regarde la couleur de cheveux et il la trouve... belle. Ses boucles, la texture, la couleur... il y avait quelque chose et il regrettait d'avoir oublié son appareil photo... il avait envie de l'immortaliser sur son appareil. Je voulais le porter jusqu’à mon appartement, qui est pas loin. Mais … Icare opina alors de la tête. « Et il est où l'appartement ? » demanda-t-il curieusement en regardant autour de lui sans trop savoir où regarder. Elle lui tendit la main non sans s'être frotté celle-ci sur son pantalon, il eut un sourire mais ne commenta pas, ça ne le dérangeait pas de se salir un peu. Il serra la main de l'inconnue et puis ses deux mains encerclèrent le carton et il le calla entre son corps et ses bras, il était bien content d'être assez grand pour pouvoir le faire en continuant de voir au-dessus du carton. Merci, pour le carton. Je peux payer ce sauvetage par une bière ? Ou quelque chose de plus fort ? Icare ricana légèrement. « Qui suis-je pour refuser une bière ? » dit-il dans un souffle. Okay, il était plus fort que la jeune femme, plus grand, plus musclé etc... mais ça restait lourd et il n'était pas des plus "sportif", son corps était musclé, mais il remerciait surtout la génétique pour ça, il n'avait jamais eu le sentiment de faire tant d'effort sur ce point, avoir des abdos dessinés étaient même assez naturel chez lui, ce qui lui avait valu d'être détesté par d'autres amis qui passaient des heures à tenter de forger leur corps à la salle de gym ou autre. Et il fumait aussi donc niveau souffle... c'était pas le meilleur exemple à suivre, mais il avait proposé son aide et il était hors de question qu'il se ridiculise maintenant ! « Pas que je n'aime pas les trucs plus forts, mais c'est mieux d'avoir mangé un bout avant, j'avais été faire des courses pour me préparer un repas justement » expliqua-t-il simplement Icare tout en suivant la rousse, il ne savait pas où il allait, il espérait simplement que ce ne serait pas beaucoup plus loin. « J'habite un studio à deux pas, j'étais entrain de rentrer à pied quand... je vous ai vu de loin avec ce carton » expliqua-t-il afin de la rassurer, il n'était pas une sorte de psychopathe qui attendait son heure pour "secourir" quelqu'un. C'était vraiment le fruit du hasard cette rencontre avec cette jeune femme dont il ignorait le prénom et l'adresse. C'était étrange dans le fond. Il se réjouissait de pouvoir déposer le carton cela-dit. Il avait peur de réveiller ses douleurs au dos chronique s'il jouait trop longtemps au sauveur.

Icare devait bien admettre quelque chose. Il fumait beaucoup trop... et même si son corps était taillé, clairement, il manquait de muscle. Peut-être qu'il serait temps de se décider à faire quelque chose de son corps autre que le sport de chambre afin de se maintenir en forme. Surtout que c'était assez aléatoire au final comme "programme", il n'était pas tout le temps gâté sur ce sujet. S'il allait à la salle, peut-être que des efforts réguliers lui donneraient une meilleure endurance et que porter un foutu carton ne lui semblerait pas comme une tâche de plus en plus compliqué. La rousse lui indiqua une direction et il s'empressa d'emboiter le pas, plus vite arrivé, plus vite débarrassé du fardeau entre ses bras. C’était pas trop loin. Ça va vous ? Parce que c’est bien gentil d’être venu à ma rescousse … « Non, ça va, mince, dire que j'avais hésité à mettre ma cape de héros avant de sortir de chez moi tout à l'heure » souffla-t-il légèrement, la voix un peu saccadée par l'effort physique qu'il faisait. Au moins, le fait de parler lui changeait les esprits et il oubliait qu'il portait quelque chose de bien trop lourd entre ses bras. Quand elle lui proposa une bière une fois chez elle, il ne pouvait pas refuser cette offre, pour ce qui était quelque chose de plus fort... il n'était pas contraire, mais pas l'estomac vide, il avait déjà essayé des soirées de la sorte et ça ne s'était jamais bien fini pour lui, et sa torture avait perduré jusqu'au lendemain. Je parle à un initié. « Je suis serveur à mes heures perdues » Oh ? Un sauveur et un cuisinier, et ce, dans une seule et même personne ? il rougit légèrement, heureusement que le carton cachait en partie son visage, trop de compliments pour lui, il ne savait jamais trop comment réagir à ça « Je n'ai aucun mérite, j'ai bossé avec quelques bons chefs qui ont eu la gentillesse de m'apprendre quelques unes de leurs spécialités » finit-il par avouer, ce talent de cuisiner n'était pas inné chez lui, on lui avait enseigné et il ne faisait que recopier assez bien ce qu'on lui avait appris. Rien d'exceptionnel en soit.

L'arrivée chez la rousse est un véritable soulagement pour Icare, elle lui indique l'endroit où déposer la caisse et il déposa le carton un peu brusquement sur le sol, oups, il avait glissé de ses mains à la dernière minute... pas malchanceux à proprement parlé, mais parfois maladroit, il devait le reconnaitre. Il se redressa et déposa ses mains dans le creux de son dos tout en grimaçant légèrement. Son regard se fit aussi tôt circulaire sur l'appartement qu'il découvrait, il était bien mieux que son studio pourri, il devait l'avouer. Laissez-le là. Je me débrouillerais. Vous en faites pas. Et, je vous remercie de pas avoir profité que j’étais pas à mon aise avec le carton, pour venir me kidnapper. Icare eut un petit sourire en coin. « C'est uniquement parce que cachée derrière le carton, j'ai pas su évaluer si vous étiez ou non jolie » ironisa-t-il aussi tôt, le regard brillant de malice, il fit un clin d'oeil à la rousse et il attrapa la bière fraiche avec gratitude. Il boit une longue gorgée. Tenez. Au fait, je sais pas si vous m’avez entendue toute à l’heure, mais moi c’est Billie. Et vous ? Histoire que je mette une identité sur l’homme qui m’a évité une sacrée torsion des lombaires. « Icare, et je crois qu'on peut se tutoyer non ? Cette histoire de carton nous a rapproché après tout ! Qu'est-ce qu'il y a dedans au fait ? Pas une collection de pierres j'espère... » demande-t-il tout en lançant un regard réprobateur sur le carton, comme s'il était coupable de son poids. Je peux faire des cocktails, mais cuisiner … comment dire ? C’est en option. Icare arqua un sourcil, il savait faire des cocktails... c'était la base de son job quand il était encore au Mexique, mais depuis son retour en Australie, il s'était assagi. En même temps, les fêtes au Mexique étaient beaucoup trop interminables et alcoolisées. « Quoi comme cocktails ? » demanda-t-il par curiosité avant de reprendre une gorgée de sa bière. « Et mauvaise cuisinière ? » il était curieux sur ce point. Son appartement était tellement mieux que son vieux studio, c'était triste quelque part qu'elle ne sache pas faire bon usage de sa cuisine qui semblait vraiment plus agréable que son pitoyable coin cuisine, sérieusement, il aurait dû réfléchir à deux fois avant de rejeter l'aide de sa mère pour se prendre un appartement un peu plus... beau et pratique, mais il s'y était fait à son studio, il avait la place nécessaire pour dormir et faire pousser ses plantes sur son balcon, ce n'était pas le grand luxe mais ça lui plaisait au moins, mais en voyant cet appartement-ci, il réalisait soudain qu'il se contentait vraiment du strict minimum. Mais, je veux pas vous retenir. Si vous devez cuisiner pour quelqu’un. Icare manqua de s'étouffer avec sa bière puis il écarquilla aussi tôt les yeux et il secoua vivement la tête de droite à gauche. « Qui ça moi ? Non non, je suis tout seul. » il se passa la main dans les cheveux, il n'était pas le genre d'hommes qu'on pouvait imaginer caser, il semblait beaucoup trop immature et joueur pour être avec une personne sérieusement... du moins, il ne fallait jamais longtemps à ses interlocuteurs pour se rendre compte qu'il manquait encore un peu de maturité pour tout ça. Icare était plus le genre de type qu'on contactait quand on avait envie d'un plan cul sans prise de tête histoire de se changer les idées. « J'allais me préparer une moussaka maison juste pour moi mais... enfin, si tu aimes le grec je peux partager » concéda-t-il tout en penchant la tête sur le côté, l'offre était ouverte mais pas obligatoire, il ne voulait pas s'imposer plus longtemps si elle avait d'autres projets. Elle lui avait promis juste une bière et sa part du marché était remplie après tout, Icare ne voulait pas trop pousser non plus.

Icare eut rapidement le rouge aux joues, il y avait bien trop de compliments à son encontre, il les aimait bien, mais c'était beaucoup d'un coup, encore plus pour lui. Après, c'était rare que le mot "humble" lui soit associé, en règle général, c'était plus souvent "narcissique imbu de lui-même" ou "p'tit con", il s'en accommodait bien au final. Mais il supposait qu'il fallait plus lui parler pour en arriver à cette conclusion là. Pour une fois qu'il faisait une première bonne impression, il n'allait pas cracher dans la soupe et prendre les compliments.

Ah. J’ai eu un peu de chance alors ? il eut un sourire sur ses lèvres. « Totalement le fruit du hasard. » répondit-il rapidement à son aise. Cette apparente rencontre fortuite était entrain de mener à une rencontre facile. La conversation entre eux coulait de source, Icare à force de bosser comme serveur avait su être plus accommodant que par le passé où les monosyllabes étaient la base de ses conversations, il avait dû se forcer au début, puis le métier avait fini par rentrer, encore plus quand les pourboires augmentaient pour quelques phrases gentilles et un sourire de temps en temps. Et, du coup … enchanté Icare. C’est original comme prénom. J’apprécie beaucoup. « Autant que Billie, je n'ose imaginer le nombre de surnoms. Moi hormis me bruler les ailes, y a pas grand chose d'autres » avoua alors le jeune homme l’œil pétillant de malice, sa fossette apparu sur sa joue. Là comme ça, il avait Billie Jean en tête, Billy The Kid, Billy Joel, Billie Eilish. Dang, il pouvait encore continuer longtemps ainsi (en vrai non, il venait de faire le tour mais bon). En l'entendant parler des souvenirs qu'elle avait dans son carton, il ne put que grimacer. Oh oh oh. Il connaissait ce genre de discours, il avait toujours le même. Il avait dû louer un garage pour entreposer toutes ses affaires. Au final, son garage privé était plus grand que son stupide studio. « Je suis le même... enfin, j'ai moins de courage que toi parce que je laisse tout dans mon garage. Question pratique. Garage grand, studio rikiki. Le choix a été vite fait, c'est soit vivre dans les cartons ou continuer de dormir dans un lit confortable et un studio rangé. »

Icare buvait tranquillement sa bière en continuant de papoter et faire connaissance avec sa voisine. Alors, j’en ai appris certains. Mais, je suis clairement pas une pro’. Je laisse ça, à ceux qui en font le taf. Je suis juste l’apprentie, qui tente des mélanges pour voir si ça matche. Icare arqua un sourcil perplexe. « Est-ce que je dois avoir un peu peur là où... ? » parce qu'il n'avait encore jamais été empoisonné aux cocktails mais il y avait une première à tout. Par contre, il fut surpris d'apprendre qu'elle ne cuisinait pas. Du tout. Il cligna des yeux un peu perplexe, il ouvrit la bouche avant de la refermer, il sortit alors une carte de visite du café où il travaillait, Death Before Décaf'. « Tout n'est pas fait maison, mais y a des trucs bon, passe à l'occasion pour manger, j'y bosse, enfin, je sers uniquement là-bas. » okay, il avait eu un peu pitié, surtout que si elle ne cuisinait pas, il devinait qu'elle était une spécialiste des plats à emporter en tout genre. Tout seul ? Ah bon ? « Je ne me fais jamais de reproche ainsi » expliqua-t-il amusé. « Je suis pas toujours facile à vivre » il restait trop peu en place surtout en vrai. Mais dans tous les cas, il se devait de lui faire quelque chose à manger. Il était temps qu'on baptise sa cuisine comme il se doit. C'était la moindre des choses. Et il avait pris assez pour faire une moussaka maison, il faisait toujours plus et il refilait souvent la trop plein de ses plats à son voisin direct. Il n'aura pas de moussaka ce soir relativisa Icare. Je crois que j’aime le grec, ouais. J’ai déjà goûté. C’est pas un plat avec des aubergines, ça ? Je veux bien partager. Et, tu peux même utiliser mes ustensiles. il rigola de bon coeur. « Oui c'est exactement ça. »et il se dirigea vers la cuisine en toute confiance. Je veux bien tenter d’être ta commis, mais je promets rien. Je peux essayer, hein. Je suis pas contre d’apprendre. Icare hocha alors la tête. Elle faisait des efforts au moins et c'était toujours mieux de cuisiner à deux. « Je veux bien que tu épluches les pommes de terre, je vais m'occuper du reste, enfin, si je peux fouiller dans les placards pour trouver ce dont j'ai besoin ? » demanda-t-il tout de même, parce qu'il y avait "passer" les ustensiles et devoir ouvrir les placards afin de les trouver. « Parce que j'ai besoin de deux casseroles au moins. Et un plat qui va dans le four aussi. Et au moins une planche de découpe et un couteau » avoua alors Icare avec confiance dans la voix. Cuisiner avait toujours eu un effet relaxant sur lui.

Icare écoutait attentivement la rousse, elle était drôle, légère, le genre de personnalité qui l'attirait en un sens, il cherchait toujours la compagnie de gens qu'il voyait comme "solaire", son histoire, son passé était assez sombre, le petit garçon timide et refermé qu'il avait été les premières années de sa vie était bien loin aujourd'hui, il avait fait place à Icare, un personnage jovial et confiant, mais ce n'était pas sa nature profonde, du coup ouais, il était tout simplement admiratif de ce genre de personne ouverte, lui il avait dû travailler longuement pour l'être, le devenir. Elle parla de gros titre si elle était morte sous son carton, il ne put s'empêcher de pouffer de rire. « Imagine si ta mort apparait dans les morts les plus stupides sur internet "écrasée par le poids de ses souvenirs" sur Wikipédia » se moqua-t-il un petit peu, il fallait bien l'avouer.

Et comme à chaque fois qu'il disait son surnom —que le monde croyait être son vrai prénom au final— il eut droit à un petit commentaire dessus, il sourit légèrement, habitué désormais, il ne s'en formalisait même plus, il aimait Icare, il aimait le fait que c'était son choix et celui de personne d'autres. « Pour l'instant, mes ailes sont intactes... par contre, tu as du être une enfant téméraire si ton père t'a affublée ce surnom de Billie the kid » annonça-t-il amusé. Il l'imaginait très bien, une petite terreur rousse. Quand elle parla de son "trésor" dans son garage, il ne fut pas difficile pour Icare de comprendre qu'elle parlait à tous les coups d'une voiture. « Et ce quoi la marque de ton fameux "précieux" ? » demanda-t-il tout en imitant —très mal— la voix de Gollum.

Apparemment, Billie s’improvisait barmaid par moment, mais c'était clairement des mélanges aléatoire qui effrayèrent quelque peu Icare, juste l'imaginer. Après, si l'alcool était là, tout pouvait passer... c'était les souvenirs le lendemain qui pouvait être vaporeux cela dit. C'était sur elle qu'elle avait testé la chose et elle était toujours vivante, elle devait avoir une sacrée tolérance à l'alcool. Ou alors elle s'en fichait simplement de se retourner la tête. Du coup, par compassion pour son pauvre estomac, il lui tendit la carte de l'endroit où il travaillait, au moins les cocktails étaient dosé là-bas et la nourriture pas trop mauvaise. Vu qu'elle ne cuisinait simplement pas. Ce qui étonna Icare. Cuisiner avait un effet calmant sur lui, il adorait cuisiner, il n'était pas un chef, mais il avait appris quelques plats et il s'était arrangé pour s'améliorer à force de test et d'expérience.

C'est pour tout ça qu'il lui propose de cuisiner avec elle et pour elle dans sa cuisine équipée qui n'a pas encore vraiment eu d'usage avant lui, ce qui est regrettable parce qu'elle a un petit bijou. Alors il enfile sa casquette de chef du dimanche et lui demande d'éplucher les pommes de terre, c'est pas le plus gratifiant mais c'est le plus simple pour les personnes pas toujours avisées avec un couteau en main. Elle l'invite à fouiller dans ses placards, ce qu'il fait pour ressortir une planche de découpe, Billie s'est occupée du plat qui va au four et deux casseroles. « Merci » fit-il avec un grand sourire. Sinon … ça fait combien de temps que tu cuisines ? Tu sais faire quoi comme autre cuisine du monde ? D’ailleurs, t’as visité quels pays, pour en prendre les recettes ? à ça, Icare fronce les sourcils avant de faire mine de réfléchir. « Je dirais que ça fait 6 ans que je cuisine et mes débuts ont été assez laborieux... » avoua-t-il tout en grimaçant un petit peu, il se met alors rapidement à découper un oignon, il met un filet d'huile dans une des casseroles et les jette pour les faire suer de façon experte, il y rajoute la viande hachée qu'il mélange calmement avec. « Je sais cuisiner du grec, du japonais, du chinois, du mexicain, de l'indien, j'ai quelques recette d’Amérique du sud et je sais faire des bananes plantain » il continue de faire sa bolognaise maison avant de se mettre sur la béchamel tout en restant concentrer pour ne rien faire brûler. « J'ai été dans une trentaine de pays en 6 ans... du coup, si je commençais à faire tout le listing... on en aurait pour un moment » avoua-t-il tout en terminant sa béchamel. Il réduit le feu de la bolognaise pour la faire mijoter encore un peu mais il préféra couper le feu de la béchamel. « Tu t'en sors avec les patates ? » demanda-t-il alors tout en arquant un sourcil en sa direction.

Icare est assez rapidement à l'aise, la rousse sait comment le détendre, ils s'entendent même assez vite et ça coule de source. On aurait presque pu penser qu'ils passaient leur journée à se parler en un sens tant tout était fluide entre eux, Icare était assez impressionné. Et détendu. Même quand le sujet était morbide, ils arrivaient à faire de l'humour ! « Franchement, si tu avais fini avec une page Wiki, j'aurais invité tous mes amis à lire ta fin tragique ! » dramatisa-t-il aussi tôt, un sourire au coin des lèvres. Elle lui préconisa de garder ses ailes et parla de son enfance. « T'en fais pas Billie the Kid, j'ai pas l'intention d'aller trop prêt du soleil dans l'immédiat ! ça devait être chouette comme enfance, au moins, tu en gardes de bon souvenirs... » il sourit encore, mais son regard se fit nostalgique, son enfance avait été bercé par la maladie de sa sœur qui avait fini par balayer tous les bons moments, il ne s'en rappelait même pas bien, mais il se souvenait des tests et examens que Rosalind avait dû passer toute sa courte vie. Mais il détourne la conversation en voulant découvrir qui était le "précieux" de Billie, qui s'avéra être une Camaro. Impressionnant. « Je serais incapable de retaper une voiture, j'suis pas mécanique pour un franc ! » grimaça-t-il promptement. Il savait cuisiner mais la mécanique, c'était très loin de ses compétences.

Elle lui laissa alors une carte blanche pour utiliser sa cuisine. Ce qu'Icare s'empressa de faire avec enthousiasme, il adorait cuisiner et être derrière les fourneaux, du moins, quand c'était pour cuisiner pour lui-même, à choisir, il aimait bien son statut de serveur, un service en cuisine était nettement plus stressant à ses yeux et il était pour ainsi dire persuadé qu'il finirait avec un doigt en moins s'il devait se dépêcher d'envoyer des plats pour une trentaine de couverts en même temps ! Après, ça faisait aussi 6 ans qu'il devait cuisiner pour lui-même, c'était pas comme si quelqu'un allait lui faire des bons petits plats lorsqu'il traversait le monde. ça n'avait pas été facile mais il avait fini par s'y faire, et visiblement, Billie put faire une amalgame avec sa patience avec sa voiture qu'elle avait fini par retaper à force de s'exercer. « Je pense que c'est comme tout, faut du temps pour apprendre à bien faire les choses » visiblement, sa présence ne dérangeait pas la rousse, elle était prête à le réinviter afin qu'il utilise encore sa cuisine. « Fais attention, je pourrais prendre ton invitation au mot ! » parce qu'il se voyait bien revenir pour faire goûter une autre de ses spécialités à la rousse. Mais visiblement, il venait de lâcher trop d'info sur sa vie et Billie était curieuse d'en savoir plus. « Qu'est-ce tu veux savoir d'autre sur ma pauvre petite personne ? »

Icare se concentre ensuite sur la préparation de sa moussaka, il a plusieurs choses sur le feu mais il maitrise, il a l'expérience et cela se ressent. Ce qui n'est pas le cas de Billie et il veut s'assurer qu'elle ne se blesse pas avec son économe. « Tant mieux, continue de faire attention ! » préconise-t-il tout de même. Mais elle semble s'amuser et commence à piquer dans sa sauce béchamel avec sa cuillère. Elle tente de le divertir en parlant des patates mais il l'a vu venir, il sourit et la laisse faire. « Oui, je vais m'occuper des découpes après, question de prudence... » avoua-t-il tout en lui faisant un clin d’œil qu'il veut complice. Elle goûte sa béchamel et semble ravie du goût, Icare se sent aussi fier. Il se sent presque pousser des ailes mêmes ! Puis elle repique une nouvelle fois de sa sauce pour en mettre sur son visage, il cligne des yeux surpris de sa démarche. Et il les écarquille quand il sent ses lèvres se poser sur sa fossette, il rougit sans pouvoir se contrôler. Ça, c’est le remerciement pour pas me laisser mourir de faim. Et pour te dire, que jusqu’à présent … c’est bien bon. il cligne des yeux avant que son regard ne se mette à pétiller. Décidément, il l'aime vraiment bien cette rouquine qui n'a pas froid aux yeux ! « Et comment tu comptes me remercier quand j'aurais vraiment fini par te nourrir avec un vrai repas ? » demanda-t-il tout en arquant un sourcil un peu provocateur. Elle joue avec le feu. Et lui n'a jamais eu peur d'un jour se brûler les ailes alors... mais il doit se concentrer de nouveau, il lui a promis un repas après tout ! Alors il s'occupe de la découpe des pommes de terre et des aubergines. Il les fait revenir dans une poêle avec de l'huile et puis il s'occupe d'éteindre le feu de sa bolognaise maison. Il peut se lancer au montage à proprement dit de la moussaka. Il commence par un étage de pomme de terre, puis d'aubergine, il met ensuite la bolognaise et ensuite la béchamel... et il recommence une seconde fois le tout. Une fois terminé, il met une bonne dose de fromage à gratiné et lance le tout au four. « Dans une bonne vingtaine de minute, le repas de madame sera servi ! » fit alors Icare avec satisfaction pour son repas accompli avec brio.

Icare joua les âmes innocentes et il déposa sa main sur son coeur, en prenant l'air le plus innocent qu'il pouvait. « Moi ? Je n'oserai jamais ! » mentit-il tout en faisant un clin d'oeil complice à la rousse. Puis ils évoquèrent son "surnom" et son origine. Mourir en se brûlant les ailes n'était sans doute pas la fin idéale, mais ça restait amusant à ses yeux. « Et puis qui a dit que je voudrais pas aussi avoir ma page wikipédia sur les morts ridicules ? » ironisa-t-il légèrement. Sauf que le ton de la conversation changea légèrement quand elle évoqua son père au passé... il était sans doute mort... la nuance était à peine palpable, mais Icare avait toujours été plus observateur qu'acteur de sa propre vie dans sa jeunesse, observer les autres et noter les petits détails étaient important à ses yeux, ça lui permettait ainsi de mieux cerner les gens. « Tu as eu la chance d'être proche de ton père, je comprends que tes souvenirs soient précieux » répondit-il doucement avec sympathie, ses yeux s'adoucirent tout naturellement.

Mais le ton de la conversation redevint plus léger quand ils parlèrent de mécanique. Domaine où il n'en touchait pas une ! En vrai, ils pourraient totalement faire la paire : lui au fourneau, elle en mécanique. Si le monde était envahi de zombies, ils pourraient totalement s'en sortir ensemble. Équipe du tonnerre en somme. Même Billie le reconnaissait. « Du coup, je sais qui je dois tenter de rejoindre en cas d'invasion zombie si je tiens à survivre ! » c'était toujours bon à prendre.

Mais il n'était pas là pour papoter tout à son aise, il avait promis un repas maison à la jolie rousse et il se devait de faire un effort. Il était patient et calme en cuisine, être nerveux n'avait jamais été dans son genre, il ne comptait pas changer maintenant. Il était un bon cuisinier, mais il n'était pas assez nerveux pour réellement être bon dans ce domaine, par contre en salle, il avait le contact facile. De là à parler de "passion" c'était un bien grand mot, mais il voyait bien que c'était le cas de Billie quant à la mécanique, elle était sans doute tomber dedans quand elle était jeune. Il arqua un sourcil quand elle évoqua une arme, mais apparemment, c'était lié à son métier, elle était flic. Il pencha la tête sur le côté, tentant de l'imaginer comme telle, ça lui allait bien finalement le fait d'être flic. Il se demandait tout de même dans quel domaine exactement. « Je ne comptais pas partir même si tu parlais d'armes tu sais, y a un bon repas qui m'attend avant tout » répondit-il avec sympathie et en lui faisant un clin d'oeil, il devait juste faire attention à ne pas sortir trop de bêtises. Et au moins, la rousse n'avait pas envie de le foutre dehors, c'était qu'il ne faisait pas une si mauvaise impression après tout. Mais Billie voulait également savoir s'il était célibataire... il haussa les épaules, être cuisinier n'avait rien d'exceptionnel à ses yeux, c'était juste... naturel quand on vivait tout seul depuis longtemps, comme tout le monde, il devait se nourrir et c'était venu par la force des choses. « Je suis célibataire... » et en y réfléchissant bien, il l'avait toujours été. « Et je suis loin d'être une perle rare en vrai ! » plaisanta-t-il sincèrement. « Et toi ? Est-ce que ma nouvelle flic préférée l'est aussi ou son coeur est déjà pris ? » la questionna-t-il à son tour histoire d'en apprendre un peu plus sur elle.

Ils continuent de cuisiner côte à côte, Billie suit ses instructions comme une bonne commis de cuisine et elle fait attention, il sent qu'elle manque de "naturel", mais pour lui, le fait de préparer un repas doit être quelque chose de simple et pas prise de tête, c'est un moment convivial à partager. Ils flirtent légèrement ensemble, c'est subtil mais tout de même présent et ça ne lui déplait pas. Loin de là. Billie finit par lui retendre une bière qu'il ne peut décliner, il tente d'être un convive improvisé parfait. Quand elle lui posa une question personnelle, il fit mine de réfléchir, but une longue gorgée de bière et il finit par hausser les épaules. « Tu sais, j'ai promis un jour que je n'aurais jamais aucun regret dans ma vie. Du coup, si je ne me plaisais pas ici, je retournerai sans doute ailleurs... mais l'Australie est ma maison, c'est ici que je suis né et que j'ai grandi... j'y ai une attache particulière, mais si l'occasion de revoyager se présente, je ne dis pas non d'office » avoua-t-il le plus sincèrement du monde. « Tu as eu l'occasion de voyager aussi ? » demanda-t-il curieusement et avec un intérêt sincère.

Icare se sentait bien, détendu, les sujets pouvaient être léger ou un peu plus sérieux. Il avait le sentiment qu'il connaissait Billie depuis un moment alors qu'ils venaient juste de tomber l'un sur l'autre. C'était presque une sorte d'amitié instantanée entre eux. Un coup de foudre amical ? Quelque chose de la sorte on pouvait dire. Il sentait bien que le sujet du père de Billie était quelque chose qui tenait à coeur à la rousse, alors il l'écoutait attentivement. Opinant de la tête, comprenant ce qu'elle voulait dire sans pour autant le saisir pleinement, il n'avait jamais eu une relation très... proche de son propre père. C'était distant, froid et presque protocolaire entre eux. « Je ne suis pas proche de mon paternel mais je n'ai pas de complexe là-dessus » au contraire de ses frères, du coup, lui le vivait bien, il avait vite saisi que ça n'avait dans le fond, pas tant d'importance pour lui.

Puis ils parlèrent d'invasion zombie parce que "why not", il était clair aux yeux d'Icare qu'il ne serait pas le meilleur élément dans une invasion de la sorte, mais il pourrait au moins préparer à manger, avec Billie, ils pourraient faire un bon duo en somme. « Mes jolies fesses seront vers qui se tourner pour être protégée du coup... » répondit-il sur le ton de l'amusement. Après tout, elle était flic, elle avait plus de chance d'être capable de les protéger que lui, lui serait le candidat idéal pour se sacrifier, chose qu'il n'avait pas spécialement envie de faire.

Le repas l'a fait rester, l'idée de la compagnie agréable aussi... mais là, Billie lui sort quelque chose d'un peu bizarre et il fronce un peu les sourcils. « J'avoue que si tu essayes de me découper, je pourrais prendre mes jambes à mon cou ! » mais il n'a aucune idée de qui est Patrick Bateman ? Est-ce qu'il est supposé savoir ?

Icare est le type qui est célibataire depuis toujours, il flirte beaucoup, mais ce n'est pas le genre de type avec qui on tente de construire une relation, sans doute parce qu'il y a trop de boulot à effectuer avec Icare, qu'il doit fondamentalement changer pour ça... et qu'il n'a pas envie d'arrêter de draguer à droite ou à gauche... que se soit les femmes comme les gars, ils recherchent la compagnie des gens, il a toujours été comme ça et il ne voit pas l'intérêt de changer pour quelqu'un. Mais il dit ça sans doute parce qu'il n'est encore jamais tombé amoureux. Billie lui avoue à son tour être célibataire... mais elle est clairement bleu de quelqu'un, ça se lit dans son regard. Elle a quelqu'un dans son coeur qui ne risque pas de déloger, Icare respecte le principe.

Puis ils évoquèrent les voyages ensemble. Ceux d'Icare d'abord. « Je m'appelle Icare, ma raison d'être reste de foncer tête baisser sans jamais penser aux conséquences... » lui rappela-t-il avec un petit sourire. Puis elle lui parla de ses origines allemandes, de son voyage là-bas dont elle gardait trop peu de souvenirs. Et elle lui demanda s'il la prendrait pour un voyage ensemble. « Moi je suis toujours partant pour une compagnie lors d'un voyage Billie, si tu as envie, tu as trouvé ton compagnon de voyage attitré ! » répondit-il avec un sourire. Puis il fut temps de sortir la moussaka du four, Icare s'en occupa, il servit une bonne assiette à la jeune flic avant de se servir à son tour une part. « καλή όρεξη » dit-il dans un premier temps. « ça veut dire bon appétit en grec, j'espère que tu aimeras ! » finit-il par dire avec un sourire aux lèvres. Il savait que le résultat serait bon, il n'en était pas à sa première moussaka après tout. Et il espérait sincèrement ne pas faire son dernier repas avec la rousse, il avait vraiment apprécié cette rencontre et sa compagnie.

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