A peine ayons-nous reposer nos pieds sur terre ferme que déjà nous nous retrouvons à nouveau dans les airs, cette fois-ci à bord d’un hélicoptère qui, pendant une heure et trente minutes, nous emmène autour de LA et de ses spots mythiques. C’est ici, loin, au-dessus du sol, qu’on se rend réellement compte à quel point cette ville est immense et ce n’est clairement pas Jackson qui va me dire le contraire. À l’observer là, assit sur sa place, regard brillant tourné vers l’extérieur et sourire béat sur les lèvres, j’ai l’impression d’observer un gamin face à ses cadeaux de Noël. C’est bien la preuve que c’est avec un casque sur les oreilles qu’il est réellement dans son élément. En-tout-cas, il prend vraiment son pied et sa bonne humeur est presque contagieuse.

Une fois à nouveau sur le sol, c’est, alors que nous nous dirigeons vers la voiture qui nous attend, que Jackson prononce le mot ‘hot dog’ et il n’a pas besoin d’en dire plus pour que je comprenne ce qu’il veut dire  « Avec plaisir » dis-je en embarquant dans la voiture. Après m’être rapidement concerté avec le chauffeur, celui-ci se met en route pour nous ramener vers un des nombreux stands qui se trouvent sur notre chemin. Une fois descendu sur le trottoir, j’indique à l’homme qu’étant donné le fait que nous ne sommes pas loin de notre hôtel, nous pourrons rentrer seul. Le chauffeur hésite quelques instants, semble réticent au fait de me laisser ici, mais fini par se faire une raison en se rappelant que, finalement, je ne serais pas seul. Après un hochement de tête, il remet le moteur en route et s’engage dans le trafic.

Dans un soupir, je me recule et lève mon regard sur Jackson  « Ils n’ont pas encore confiance en tes capacités » commentais-je avant de hausser les épaules  « enfin, ils s’habitueront bien un jour » continuais-je avant d’attraper les roues du fauteuil et de rouler vers le centre du trottoir, avisant un des stands de hot-dog. Une fois nos saucisses en main, nous nous éloignons un peu pour les déguster un peu plus loin.  « Profite de ce calme tant que tu peux » souriais-je en mordant dans le pain  « à partir de demain tes seuls moments de répits seront la nuit quand tu dors, et encore, je ne peux rien te pomettre» je laisse échapper un rire et secoue doucement la tête.

Je hoche doucement la tête, pensif, lorsque Jackson m'assure comprendre l'avis du chauffeur et être même de son avis : à sa place, lui non plus ne ferait pas totalement confiance à quelqu'un qui débarque comme ça de l'inconnu. Toutefois, cette situation m'embête un peu plus car moi, je sais à quel point on peut faire confiance à Jackson. N'est-ce pas assez ? Enfin, peu importe au final, je sais que mon nouveau du corps arrivera à rapidement faire ses preuves et à gagner la confiance du reste de mon équipe.

Sans un mot de plus sur ce sujet, je laisse Jackson payé la première tournée de hotdog et m'amuse à le voir charger le sien avec tous les topings proposés. Me demandant silencieusement comment il va faire pour manger tout cela sans pour autant tout renversé, je fini par avoir une démonstration d'un nouveau pan de ses skills : il ne gâche aucune nourriture. C'est ainsi que, amusé, je lui annonce qu'il va devoir profiter du calme et fronce légèrement les sourcils lorsqu'il me répond que je cherche les malentendus « Comment ça ? Je ... » Je me tais subitement lorsque je me rappelle de mes paroles et me fais un facepalm en secouant la tête et soupirant en même temps « Ok, faut vraiment que je fasse attention à ce que je raconte» dis-je, souriant toutefois amusé « On paris combien ils vont dévier de leur plan et me poser des questions sur mon orientation sexuelle ?» Demandais-je, amusé, alors que je mords à mon tour dans le hot-dog.

« Demain, on commence par une interview avec un mon journaliste préféré» dis-je en relevant mon regard sur Jackson « ça fait depuis 2010 qu'il me suit et il arrive toujours à poser des questions innovantes. Bref, il n'y aura sans doute pas de soucis de ce côté là» expliquais-je « Par contre l'après-midi, faudra que tu sois un peu plus attentif. C'est Karen Lima qui m'interview pour une chaîne populaire et en général je coupe court à ses questions parce qu'elle est du genre à se montrer un peu trop intrusive. Chaque année, j'essaie de convaincre mon manager de ne pas organiser de meeting avec elle, mais ça reste toujours en vain...» Je hausse les épaules « Enfin bref. Après y a tous les talk-show possibles et imaginables qui sont plutôt cool en général » continuais-je d'expliquer.

« Mais non, je ne vais pas courir, je pense » secouais-je la tête après avoir mordu à nouveau dans le sandwich « Déjà parce que mon genou commence tout juste à se remettre des mauvais traitements infligé ces derniers mois et que j'ai envie de porter la prothèse le moins possible, mais aussi parce que je n'aurais juste pas le temps et sans doute pas l'envie de me réveiller à l'aube» dis-je en haussant les épaules « Mais il ne faudra pas que ça t'empêche de le faire toi. Y a pas mal de quartiers sympas à explorer à pied et de bons endroits pour de beaux challenges dont je pourrais te donner les références si tu veux.»

Deux hotdog et de nombreuses informations échangées plus tard, nous nous retrouvons à nouveau à l'hôtel afin de nous préparer pour la soirée d'aujourd'hui. Même si mon plus grand des souhait c'est de me rouler dans mon lit et de chasser le jet lag à coup de gros somme, je ne peux pas annulé ma venue à la dernière minutes. C'est donc, dans l'idée de ne pas rester plus longtemps que nécessaire à ce dîner, que nous nous préparons tranquillement.

Et nous en revenons, effectivement, plus tôt que n'importe qui d'autre, si bien qu'à même pas 21h30 je me synchronise à Jackson qui se roule déjà dans son lit et me fige, surpris par sa question.  «Euh ...ben non ? Enfin on ne m'en as jamais fait la réflexion en vrai donc je suppose que je ne ronfle pas. Mais je compte sur toi pour me le confirmer ou non demain matin » répondais-je avec un sourire en coin avant de tendre le bras et éteindre la lumière. J'ai tout juste le temps de me tourner à nouveau sur l'autre côté que déjà je me retrouve embarqué dans les bras de Morphée...

...Desquels je n'en sors que le lendemain lorsque mon réveil sonne à 7h. Je me laisse encore quelques minutes pour immerger correctement avant de me redresser sur mon lit et lancer un coup d'oeil vers celui de Jackson qui est vide. Haussant les épaules, je ne me fais pas forcément de souci, étant donné qu'il m'a déjà dit ses plans en ce qui concerne le début de la journée d'aujourd'hui. Me disant que je le retrouverais sans doute au petit déjeuner, je passe dans la salle de bain pour prendre une douche et m'habille.

Lorsque je ressors dans la pièce à vivre du penthouse, je remarque avec bonheur que la table du salon à déjà été dressée entre temps avec un nombre presque indécent de viennoiserie, petits pains et fruits divers et variés. Alors que j'allais m'installer à la table, la porte s'ouvre à nouveau et un employé de l'hôtel arrive en poussant un chariot sur lequel sont posé quelques plats fumant.  « Bonjour» lance-t-il avec un sourire professionnel  «Vous êtes tout seul ?  » demande-t-il en regardant autour de lui  «Non, Mr Mills est parti faire un tour dehors. Il va revenir d'ici quelques minutes. » expliquais-je, même si je n'ai aucune idée de combien de temps mettra Jackson à rentrer  «Ah, c'est embêtant, car il a oublié de me dire ce qu'il mangeait au petit déjeuner » reprend le monsieur en faisant la moue  «Oh vous savez, il n'est pas difficile. Mettez lui deux hot dog et il sera heureux » répondais-je avec humour. Humour qui, apparemment, ne passe pas trop dès le matin. Toussotant, je reprend mon sérieux  «Pardon. Mettez une deuxième assiette de bacon et œuf brouillés alors. On s'arrangera pour le reste » reprenais-je avec un sourire de circonstance. Si tôt dit, si tôt fait. L'homme dépose deux assiettes fumantes sur la table puis s'en va après m'avoir souhaiter une bonne journée.

A peine quelque minutes plus tard après qu'il soit parti, la porte s'ouvre à nouveau sur Jackson et je lui adresse un sourire  « Tien, ton petit déjeuné est servi» dis-je en désignant l'assiette devant moi  « J'ai bien essayé de te commander deux hot dog de nouveau, mais ils n'ont rien voulut entendre» reprenais-je, une moue désolée sur le visage avant que je ne laisse échapper un rire  «ça va ? T'as bien dormi ?  » demandais-je en attrapant la cafetière pour nous servir  «T'es parti à quelle heure ce matin ? J'ai rien entendu en tout cas »

Je me doutais fortement que Jackson était matinal, mais au point de se lever à 5h du matin ? Je cache toutefois ma surprise par un sourire de façade et un hochement de tête alors que j’attaque correctement mon petit déjeuné. Bacon, œuf, légumes, raisin et baies diverses variés, voilà ce qui constitue mon premier repas du jour. Pas de glucide ni de féculents quand je suis en déplacement et qu’à tout moment on peut m’appeler pour devoir passer devant la caméra et participer à un shooting photo improvisé. Déjà qu’avec les deux hot dog de hier soir j’ai fait une belle entorse sur mon régime strict, je retourne très rapidement aux bonnes habitudes. «Toujours ! » répondais-je avec entrain lorsque Jackson me demande si je suis près a affronter l’hystérie de la foule «Aujourd’hui ça devrait aller, mais c’est demain au moment d’arriver aux différents talk show que ce sera plus intense » haussais-je les épaules en attrapant une grappe de raisin.

Une vingtaine de minutes plus tard, la porte de la suite s’ouvre à nouveau sur ma manager que j’accueille avec une étreinte alors qu’elle me fourre mes tenues pour la journée en main. Après concertation avec le reste de l’équipe, je jette mon dévolu sur le pantalon beige avec t-shirt jaune et veste en cuir brun prêté généreusement pas Massimo Dutti, une des marques que j’affectionne particulièrement. De plus, la jeune femme tend aussi une tenue toute neuve à Jackson afin qu’il ne soit pas en reste, ignorant sans doute qu’il était déjà pas mal équipé de base. «Et si vous avez besoin de quoique ce soit, surtout n’hésitez pas » ajoute-t-elle avec son sourire particulièrement charmant.

Une fois habillé et près, nous nous dirigeons vers l’ascenseur qui nous emmène au rez-de-chaussé   « Au fait, Andrew, il y a un sacré groupe de fan qui s’est amassé dehors. » dit-elle en relevant le nez de son portable   « Ils étaient plutôt calme il y a une vingtaine de minutes encore, mais tu sais aussi bien que moi que tout peut changer d’une minute à l’autre, surtout quand il te verrons» «ouais, pas de souci » répondais-je   «procédure habituelle ? » la questionnais-je en l’interrogeant du regard   «procédure habituelle » confirme-t-elle avec un hochement de tête.

Sourire en coin, je pose mon regard sur Jackson alors que je mets en place l’oreillette qu’il m’a filée hier. Il sait que ‘procédure habituelle’ signifie ‘8 minutes grand maximum avec les fans, à signer des autographes et à prendre des photos’. Après un clin d’œil à son attention, je mets en place mes lunettes de soleil sur mon nez et sort de l’hôtel. Le cri de la foule est assourdissant, mais c’est presque une douce mélodie à mes oreilles. Sans aucune hésitation, je m’avance vers les premières personnes présentes, profitant totalement de ce bain de foule, comme un poisson dans l’eau.

Lorsqu'arrive le premier bain de foule et que Jackson prend son rôle très (trop?) à cœur, que je me rends compte qu'on aurait dû mieux communiquer. J'essaie, silencieusement, de lui faire comprendre de me laisser un peu plus de liberté, mais nous ne sommes pas totalement accordé et, même si ce n'est pas un carnage en soit, ce moment privilégier avec les fans tourne un peu trop court à mon goût. Ainsi, lorsque nous nous retrouvons dans la voiture qui nous emmène vers le premier lieu d'interview, Jackson et moi commençons à échanger tranquillement sur ce qui vient de se passer et nous convenons très rapidement de quelques gestes rapides et discrets afin de communiquer rapidement le ressenti de l'un et de l'autre pour pas que Jackson n'interfère plus que de raison dans mes échanges.

C'est donc, avec bien plus de confiance que nous arrivons sur le plateau de Karen Lima. Même si je sais que Jackson surveille mes arrières, je ne peux m'empêcher d'avoir la boule au ventre lorsque je m'installe face à la jeune femme. Toutefois, je parviens à m'adresser à elle avec tout le professionnalisme du monde, cachant mon appréhension derrière un sourire de façade.

L'interview se déroule plutôt bien et j'avoue que je laisse doucement tomber l'appréhension, commençant même à me détendre et à rigoler avec sincérité...jusqu'à ce qu'elle ne revienne à la charge avec ses questions beaucoup trop intrusive. Comme toujours, elle essaie d'en apprendre plus sur les circonstances du récent décès de ma mère, ce qu'elle avait et pourquoi son départ était si brutal. Comme toujours, je tente de passer outre ces questions, les détournant et les ignorant, faisant tous les efforts du monde pour retourner l'interview en ma faveur, mais rien n'y fait. Telle une harpie, elle s'accroche à son envie d'avoir enfin des réponses sans savoir qu'elle ne gagnera pas à ce jeu. Je serais sincèrement tenté de fuir, mais j'ai une certaine image à maintenir et dans ce milieu, c'est très mal vu qu'un acteur se lève et laisse un journaliste en plan. Ou est-ce seulement moi qui me mets trop de pression ? Je n'en sais rien.

Toujours est-il que je finis par lancer des coups d'œil vers Jackson. D'abord, rapide puis de plus en plus insistant, essayant de lui faire comprendre qu'il faut qu'il trouve une excuse, n'importe laquelle, pour qu'on puisse couper court à cet interview. Je sais que je n'aurais aucun soutien de la part de mon équipe, ceux-ci étant bien trop persuadés que Karen a tout le droit du monde de dévier de ses questions, alors peut-être que Jackson, lui qui ne s'est pas encore perdu dans ce milieu du paraître, saura quoi faire et comment réagir. Et pour bien lui montrer à quel point, cette interview me met mal à l'aise, je finis par m'affaisser un peu plus dans mon siège et me caresse discrètement la lèvre inférieure avec l'ongle de mon pouce. C'est le signe sur lequel Jackson et moi, nous nous sommes mis d'accord quand il doit obligatoirement intervenir.

Alors que je relève mon regard vers Jackson, je vois que celui-ci a quitté sa place et je ferme un instant les yeux lorsqu’un sentiment d’abandon et d’injustice se propage en moi.  Ne puis-je donc faire confiance à personne ? Pas même à celui dont le job est de me protéger et de me sortir de situations inconfortables ? Je déglutis et rouvre les yeux … au moment même où toutes les lumières s’éteignent brusquement. Après un instant de flottement, c’est la voix de Jackson qui retentie, disant que le bâtiment n’est plus sécurisé et qu’il faut évacuer rapidement. J’avoue que je suis, l’espace d’une demi seconde, envahie par la panique qui atteint toutes les autres personnes présentent, mais je me calme directement lorsque mon garde du corps s’adresse directement à moi par l’oreillette, m’indiquant de prendre la sortie de secours.

Ni une ni deux, je me lève et suis le marquage jusqu’à la sortie de secours. Poussant la porte, je la laisse se refermer derrière moi et c’est là, face aux escaliers, que je parviens enfin à respirer à nouveau correctement. Je suis très rapidement rejoint par Jackson que je gratifie d’un sourire et d’un regard dans lequel on peut aisément lire tout le soulagement du monde « T’as vraiment TROP regardé mission impossible» rayais-je en lançant un coup d’œil vers la porte derrière laquelle on entends des bruits de pas et des cris paniqués   «une coupure de courant …c’est tellement pas original mais tellement efficace » reprenais-je en me redressant, lissant un plis de mon costard   « Et maintenant ? » demandais-je en regardant vers les escaliers   « Ma raison me dis que je devrais retourner dans la salle pour prouver que je n’ai pas été kidnappé …mon cœur lui me dit que je pourrais bien disparaître pendant quelques minutes histoire de leur foutre un petit coup de pression et espérer qu’ainsi ils comprendront enfin de ne plus me foutre dans un interview avec Karen » je soupire et me passe une main dans les cheveux, tandis que je me penche vers les escaliers pour regarder vers en bas   «On choisit la deuxième option ? » je suis persuadé que Jackson me suivrait dans cette idée saugrenue.

L'occasion est trop belle pour ne pas profiter de cet instant de panique sans mettre un coup de pression à mon équipe. Et Jackson décide de me suivre ! Certes, en sa qualité de garde du corps, il n'est pas à même de juger mes actions, mais il aurait quand même eu le droit de dire quelque chose et de me retenir si la situation ne nous permettait cette petite action. Dans un sourire amusé, je le suis et descends les escaliers derrière lui jusqu'au parking du sous sol, où le jeune homme fini par me stopper subitement. Me montrant les caméras, il m'explique qu'on ferait bien de rester dans leurs angles morts et d'attendre que la voie se libère, avant de proposer, après quelques secondes d'hésitation, de sortir par la fenêtre des toilettes.

«hum... » Réfléchissais-je à haute voix en regardant vers la porte des sanitaires, je me mordille légèrement la lèvre inférieure puis soupire doucement « Allez, tu m'as convaincu en me disant que ça ferait parler les paparazzi» je laisse échapper un rire puis me détourne et me dirige vers la porte des toilettes. Entrant derrière Jackson, je le laisse analyser la situation et observer la pièce pour trouver le meilleur chemin afin de s'extirper par la fenêtre.

Après l'avoir observé avec attention et avoir bien regardé où il mettait les pieds pour accéder le plus facilement au point de sortie, je me redresse et m'avance vers le mur « Tient moi ça » dis-je en retirant ma veste de costard que je lui passe à travers la fenêtre avant de remonter les manches de ma chemise et commencer l'escalade. Ce n'est pas vraiment évident, car même si je mets exactement les pieds où Jackson a mis les siens, les sensations sont totalement différentes lorsqu'on a qu'un seul pied réellement utilisable. Je parviens toutefois, avec bien plus de mal que Jackson, à la fenêtre et marque une légère pause « La prochaine fois, je dirais à mon agente que je ferais mes propres cascades dorénavant» m'exclamais-je, amusé avant de passer une jambe à travers la fenêtre.

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