29 ans qu’il a le mec, 29 ans c’est ça ? On lui a rien appris dans sa vie ? P’tetre qu’il a pas de parents. Il a rien appris tout seul ? P’tetre qu’il a pas de cerveau. Faut croire qu’il est capable de prendre des décisions comme un grand quand même, parce que foutre la merde et rien assumer derrière, ça, par contre, il en est très capable. Elle en a vu passer des cons dans sa vie, Theo, mais des cons finis à la pisse chaude comme ce Seth, je pensais pas que c’était encore possible en 2022. La mâchoire serrée, je presse le pas pour arriver à son taf au plus vite. Je veux pas le rater, ce serait dommage qu’il finisse son service avant que je ne me pointe. Non, je vais pas le rater. Je rentre dans la grande salle qui pue (en vrai ça sent bon) le gras, à la recherche de sa vieille tête de con. A en croire le personnage, je risque pas de me tromper. Mais y’a qu’un petit jeune stagiaire derrière le comptoir. C’est mieux que rien pour avoir des infos, j’en profite pour lui demander :

"Salut, je cherche Seth ? Tu sais où il est ?" Il me montre l’arrière du magasin, et je fais donc le tour pour l’y rejoindre.

Clope au bec, le Seth, il ricane comme un ado devant des vidéos qu’il mate sur son téléphone. Il est pas censé bosser ? C’est bien le genre de mec à prendre plus de pauses qu’à fournir des heures de travail ce branlos. J’arrive à son niveau, mais je crois qu’il comprend pas que je viens pour lui. Quand il glisse son mégot entre ses doigts, j’en profite pour lui balancer un grand coup dedans et faire tomber sa cigarette à moitié consumée. Ca a le mérite d’être clair : lève tes yeux pour me regarder connard. "T’es vraiment qu’un p’tit merdeux toi, tu sais ?" Belle entrée ça Hugo, ça va certainement lui plaire. "Pardon je me suis pas présenté. Hugo, un ami de Theo." C’est bon, le contexte est suffisamment bien posé ? Il n’est pas assez con pour ne pas entendre l’ironie dans ma voix tout de même, mais j’exagère un vieux sourire malaisant. ""On t’a mis un petit pois à la place d’un cerveau ou ça se passe comment ? T’as pas honte de la laisser porter tout ça sur ses épaules alors que c’est toi qui a merdé ?" Pas besoin de m’expliquer, il sait très bien de quoi je parle.

Encore heureux que le manque d'employés de l'entreprise soit bien là, parce qu'au vu de ton taux d'absentéisme, il y a longtemps qu'on t'aurait mis à la porte. En même temps, même quand t'es là, t'es pas vraiment là. La preuve, tu as le bassin bien appuyé contre le comptoir à regarder des vidéos débiles sur ton téléphone au lieu de faire les commandes qui commencent à se faire nombreuses vu l'heure de pointe qui atteint son apogée. Non sans oublier les quelques messages salaces de Murphy qui te donnent envie de tout sauf d'être ici. M'ouais, peut-être bien que tu vas te tirer avant la fin de ton quart de travail. C'est pas comme si tu avais vraiment besoin de la paie qui vient avec les heures travaillées (oui). Leo doit être à deux doigts de te foutre à la porte vu que tu lui paies presque rien et que tu passes ton temps à l'éviter, elle et ses messages de menaces de mort. Cette meuf est flippante. Ces menaces ne sont pas à prendre à la légère, mais tant que tu arrives à lui glisser entre les doigts, tout va bien. Ta clope sur le bout des lèvres finit par atterrir entre tes doigts. À peine y touche-t-elle qu'un brusque coup contre ta main fait tomber ta cigarette au sol. D'un mouvement bien trop lent, tu regardes le sol avant de relever la tête vers le type en face de toi. "T’es vraiment qu’un p’tit merdeux toi, tu sais ?" Ouais, je sais. Mais encore ?  C'est qui ce connard ? T'as baisé sa copine ? Sa soeur ?  Ton air incrédule lui démontre clairement que t'as aucune foutu idée de qui c'est. Ce qui ne montre pas, c'est que t'en a rien à foutre de qui c'est. "Pardon je me suis pas présenté. Hugo, un ami de Theo." Ah. Ou c'est juste son amie que t'as baisé non sans lui laisser un petit cadeau en prime. Mais bon, elle t'en a aussi laissé un. Même si l'enflure à ton nez n'est plus aussi présente que les jours suivant ton altercation avec Theo, elle est encore là. Tes bras se croisent contre ton torse alors que tu attends patiemment la suite de ses révélations. Parce que tu sais toujours pas ce qu'il veut. ""On t’a mis un petit pois à la place d’un cerveau ou ça se passe comment ? T’as pas honte de la laisser porter tout ça sur ses épaules alors que c’est toi qui a merdé ?" Ah bah tiens, ça c'est amusant. Toi qui a merdé ? Il était pas là ce pédé quand Theo était aussi pressée que toi de céder à cette tension sexuelle qui n'était sûrement que le résultat du boost d'adrénaline que vous aviez eu tous les deux. Il n'était pas là quand Theo n'a pas pris, elle aussi, ses responsabilités en allant pas chercher une charmante petite pilule qui tuerait ce bébé avant même qu'il n'ait le temps de se faire un charmant petit nid douillet dans le ventre de la blonde. Ouais, c'était con de s'envoyer en l'air sans protection, qu'elle ne joue pas l'innocente qui ignorait l'oublie. « Tu devrais peut-être continuer ta p'tite tournée pour harceler les autres mecs ici, parce que j'connais pas de Theo. » Et tu n'es certainement pas Seth Moriarty quand quelqu'un veut lui péter la gueule - ou peu importe ce qu'il veut. C'est pas comme si la blonde était incapable de se défendre toute seule. Et, ouais, c'est clairement de le prendre pour un con quand tu portes un badge avec ton prénom dessus. Tu te penches pour ramasser ta clope à ses pieds qui retrouve rapidement domicile entre tes lèvres. « Bonne chance dans tes recherches, Hugo. » L'art qu'un prénom puisse sonner comme une insulte, c'est pas donné à tout le monde.

Son nez est encore enflé, elle m'avait pas menti, Theo, elle y était allée franchement et c'est un minimum satisfaisant de le voir déjà amoché. Il relève un peu trop lentement sa tête à mon goût quand j'arrive à son niveau et que je m'adresse à lui. Soit il est bourré, soit il est complètement stone, soit il en a absolument rien à foutre de moi. Peu importe la raison, il me conforte carrément dans l'idée que je suis tombé sur le bon mec : un p'tit connard de première qui ne se préoccupe absolument de rien et qui se contente de vivre sa misérable pauvre vie. « Tu devrais peut-être continuer ta p'tite tournée pour harceler les autres mecs ici, parce que j'connais pas de Theo. » Et mon cul c'est du poulet ? Bien sûr que c'est lui. Ça ne peut être que lui. De ses cheveux en bataille à son attitude nonchalante en passant par son nez pété, la description correspond parfaitement : je suis devant ce con de Seth.

Un rire moqueur s'echappe de ma gorge.

"Te fous pas de ma gueule, Seth". J'utilise son prénom comme si on se connaissait lui et moi. Mon regard se dirige vers son badge. Rire dédaigneux cette fois. Vraiment qu'un merdeux ce gars-là. « Bonne chance dans tes recherches, Hugo. » Il se fout encore plus de moi quand il emploie mon prénom, et ça, ça me plaît vraiment pas. Je le choppe par son col pour le plaquer au mur. " Arrête de jouer au plus con, tu gagneras forcément, t'inquiète pas." Son t-shirt rouge et jaune avec une énorme tête de poulet sur le devant fourni par son fastfood est en train de craquer sous mes doigts, et sous son poids. "T'es vraiment qu'un sale lâche, t'as vraiment des couilles sous ce calebute ? Pas capable d'accompagner une fille qu'il a mise en cloque à la clinique pour la soutenir, et certainement pas capable d'assumer un gosse non plus. "Je sais pas c'que tu comptes faire de ta vie de merde, mais reste en dehors de celle de Theo." Comme si elle avait vraiment besoin d'un Hugo pour la sauver ta p'tite pote... T'es cringe à aller vouloir casser du nez Blanchard. Tu ferais mieux de te barrer parce que si Moriarty t'en colle une, tu seras incapable d'esquiver.

"Te fous pas de ma gueule, Seth" Ah bon, ton mensonge n'est pas crédible ? Il a pris le temps de regarder une jolie photo de toi avant de partir ? Boarf, tant pis, c'est pas comme s'il avait l'air le moindrement menaçant avec ces petits bras de fillette. T'as connu bien pire que lui et ça t'a jamais empêché de japper plus fort que l'autre. Comme si t'en avais quelque chose à foutre de perdre une dent au combat. Perdre une dent pour Theo par contre…. pas trop envie non plus. Ta petite phrase semble pas très apprécié par Hugo devant toi qui ne perd pas de temps pour attraper ton uniforme entre ses doigts avant de te plaquer au mur. Toujours moins plaisant quand c'est pas sexuel ce truc. " Arrête de jouer au plus con, tu gagneras forcément, t'inquiète pas." Il est marrant. Tu peux bien lui donner ça. Plus ton sourire gagne en millimètre, plus il semble bouillir de l'intérieur. Parfait, c'est le but. Il va te frapper ? Ici ? En plein lieu public ? Ce serait vraiment trop con. Surtout en plein jour alors que tout le monde a très bien vu que t'as rien fait pour mériter un tel traitement. "T'es vraiment qu'un sale lâche, t'as vraiment des couilles sous ce calebute ? Ouais, elles sont bien là. Bien fertiles en plus de ça. « T'as qu'à demander à ta pote si t'as besoin de preuve. » Agile de ses mains, elle sait parfaitement ce qui se trouve là dessous. C'est mieux qu'il aille chercher sa preuve comme ça. Ce serait sûrement déplacé de baisser ton pantalon en pleine cuisine de restaurant - même quand le resto est trop dégueulasse pour avoir une seule étoile. Manquerait plus que indécence en public soit ajouté à ton dossier. C'est sûrement plus dangereux de choper le tetanos que d'attirer des flics par ici. "Je sais pas c'que tu comptes faire de ta vie de merde, mais reste en dehors de celle de Theo." Il a vraiment fait tout ce chemin jusqu'ici pour ça ? Un texto aurait suffit. « J'te laisse lui expliquer pourquoi j'me suis pas pointé à son rendez-vous du coup ? » La date est passée ? Non, non, pas encore, mais c'est pour bientôt. Genre la semaine prochaine. Rien à foutre, tu comptes pas y aller de toute façon. Si tu peux t'en laver les mains pour mettre ça sur la faute de son pote, of course que tu vas le faire. « P't'être bien qu'on pourra faire un concours de celui qui a le nez le plus pété après. » Parce que tu doutes pas une seule seconde de la droite facile qu'elle aura sur ce fameux ami qui ne se mêle pas de ses affaires. Elle est quand même terriblement excitante Theo quand on oublie qu'elle a un utérus occupé. « Tu m'excuseras, mais j'suis pas mal occupé tu vois ? Tu reviendras une autre fois faire ta p'tite crise de jalousie. » que tu lui dis en te défaisant de sa prise à deux balles. Tu prends même le temps de replacer ton uniforme comme si tu pouvais vraiment le défroisser. Pour terminer en beauté, tu lui donnes deux-trois petites claques sur la joue en signe de bon chien-chien docile qui va gentiment rentrer chez lui pour aller pleurnicher dans les bras de sa copine.

Ton sourire insolent ne quitte pas ton visage, il grandit même plutôt à chaque fois que je m'énerve. T'es en train de gagner, et j'aime pas ça. C'est pas mon genre de jouer aux durs comme ça, pas mon genre non plus d'aller plaquer un gars sur un mur pour lui ordonner de rester loin de mes potes. Ce serait encore moins mon genre que de foutre un coup de boule sur ton pif pour faire plus de casse. Mais chacun de tes mots me noue davantage l'estomac, mes poings se resserrent autour de ton col. Je vais avoir du mal à me retenir, Seth... Tu t'extirpes de mon emprise, me tape les joues. Et bam. Oups. Ça part tout seul. Putain, ça fait mal au front ces conneries. Tu m'en croyais pas capable, hein. Mais cette insolence-là, c'est vraiment la goutte de trop. Tu joues au plus fort, mais c'est que de la gueule. T'oseras pas rétorquer.

Theo, je l'aime beaucoup. Mais je pensais pas que je l'aimerais au point d'aller casser du nez à un gars avec qui elle a couché. "Encore une fois, là aussi tu gagneras ce concours de nez cassé." Elle ne comptait de toute façon plus sur toi pour l'accompagner à la clinique, c'est pas ma petite intervention qui aurait changé grand chose de ton côté, salaud. T'as le pif qui pisse le sang, et j'ai une belle bosse qui va sans doute apparaître sur mon front. Je suis même pas sûr d'avoir apprécié te foutre un coup de boule, est-ce que ça valait vraiment la peine ?

T'as le regard tourné vers le sol alors que t'essaies de stopper comme tu peux l'hémoglobine qui sort par tes narines. J'en profite pour te choper à nouveau par le col, faut bien te redresser pour que tu daignes me regarder. Je t'envoie sur le mur. (Mais no homo hein). "Je me répète mais je pense que t'as compris : reste en dehors de la vie de Theo. Elle a pas besoin de toi. Elle aura jamais besoin d'un con fini à la pisse comme toi." Mon index est tendu vers toi, comme un gamin qu'on engueule. "La prochaine fois, c'est tes couilles qui prennent." Peut-être même que tu deviendras infertile comme ça. J'aurais dû commencer par là. "Maintenant tu peux prétendre être occupé." que je te dis, te signalant du menton que t'es taché sur ton t-shirt presque déchiré.

On sent jusqu'ici la colère de Hugo qui monte au fil des paroles. Il bouille de l'intérieur et tu l'as peut-être sous-estimé un peu. Quand on s'bat tous les samedis soirs dans des bars, on sait qui a l'étoffe de casser des gueules et qui ne l'a pas. Hugo ne l'a pas. Même s'il l'aurait, ça ne changerait pas grand-chose. L'arrogance ne quitterait pas tes lèvres pour autant. C'est qu'une perte de temps cette discussion-ci. Il n'avait pas à faire tout ce chemin pour que tu restes loin de sa pote, tu irais te cacher dans une ruelle si tu la voyais dans la rue. Tu fuis Theo comme la peste et c'est pas quelque chose qui risque de changer. Du moins, pas tant qu'elle porte ce gosse à l'intérieur d'elle. Après ? Bah…. t'es bien prêt à te la refaire avec deux capotes une par dessus l'autre - on n'est jamais trop prudent. Elle reste quand même un bon coup. Tu n'es qu'un homme après tout. Sauf que alors que tu te défait de l'emprise de Huguette la tapette (un vrai roi de rimes, oui je sais), tu sembles également avoir atteint les limites de son sang froid. C'est un coup de tête qu'il t'envoie directement au visage, même directement sur le nez. C'est qu'il a la tête dure ce pédé. T'es sonné pendant quelques secondes, une minute tout au plus. "Encore une fois, là aussi tu gagneras ce concours de nez cassé." Ouais, va te faire foutre. Les valves semblent de nouveau ouvertes puisque le sang se met à te couler du nez, au menton, jusque sur le plancher. Merde, la fracture était encore bien trop fragile pour résister au coup. C'est simplement parce que c'était déjà brisé que ça saigne autant, qu'il se donne pas trop de mérite ce Hugo. Bon, ce sera peut-être l'occasion de retourner voir la belle rouquine docteur. T'es même prêt à simuler l'inquiétude pour qu'elle te garde en observation toute la nuit. Alors que tu tentes d'arrêter le sang de faire un carnage partout, tu te retrouves de nouveau propulser contre le mur. Là, tu ris un peu moins. La fureur de Hugo vient se refléter dans tes yeux. "Je me répète mais je pense que t'as compris : reste en dehors de la vie de Theo. Elle a pas besoin de toi. Elle aura jamais besoin d'un con fini à la pisse comme toi." Tu pourrais péter son index qu'il pose sur toi comme si tu étais un enfant qu'on vient de réprimander. "La prochaine fois, c'est tes couilles qui prennent." Qu'il s'inquiète pas. Y'en auras pas de prochaine fois. C'est beau jouer les chevaliers servants, mais si y'a bien quelqu'un qui n'a pas besoin qu'on vienne la sauver, c'est bien Theo. "Maintenant tu peux prétendre être occupé." qu'il ajoute en te relâchant tout en désignant ton bel uniforme taché de sang. Du coup…. c'est ton tour maintenant ? Comme si t'allais te gêner. Il suffit d'une prise au col de son tee-shirt pour l'envoyer valser jusque sur le plancher. Dommage que sa tête de con ne vas pas frapper contre le comptoir dans sa chute. Ça aurait été vite réglé. Mais un coup au sol, c'est toujours plus facile. Frapper un ennemi à terre, classique de lâche signé Seth. Tu te retrouves bien rapidement à cheval sur lui alors que ton poing vient frapper à répétition sur sa petite gueule d'ange. Il aurait dû y penser à deux fois avant de te déclarer grand gagnant du nez cassé. Faut pas être si pessimiste. Il a de bonnes chances de l'emporter lui aussi. Le bruit attire rapidement des curieux. La petite caissière de toute à l'heure rapplique pour repartir tout aussi rapidement non sans un cris horrifié qui te fait lever la tête. Jamais une bonne idée les règlements de compte en lieu public. On finit toujours par être dérangé. T'es pas con. Tu sais bien que la patronne va pas tarder à rappliquer à son tour. Ça en sera terminé de son fantasme sur toi après ça - ou peut-être que ça va l'exciter qui sait. De retour sur tes deux pieds, tu viens coincer la gueule de Hugo entre ta semelle et le sol. « La prochaine fois que tu t'mêle de c'qui passe entre Theo et moi, j'te tue d'mes propres mains. » Encore heureux que tu ne tiennes jamais aucune de tes promesses. « Elle a pas besoin qu'un p'tit merdeux dans ton genre vienne la défendre. » Franchement, elle fait bien plus peur que lui. Tu relâches la pression sur sa petite tête de con avant de lui cracher ton hémoglobine en pleine gueule.

T'as le nez qui pisse le sang, t'as l'air sonné et rien que de voir ta tête d'ahuri, ça me fait jubiler. Tu joues au plus con, Sethounet, mais t'as atteint mes limites. J'ai vraiment pas l'habitude d'en venir aux mains, mais j'avoue que là, ça me fait quand même plaisir. Même si je vais avoir une énorme bosse sur le front. Même si je risque de m'en prendre une par Theo parce que j'ai joué aux gros bras. Tant pis, faut bien expérimenter le coup de boule de Zidane une fois dans sa vie, et c'est avec grand plaisir que je le fais sur toi, petit con. Je tourne les talons, persuadé que tu riposteras pas. T'es trop faible pour oser me frapper en retour, t'es qu'un pauvre mec à grande gueule. C'est ce que je pensais en tous cas. Tes mains s'agrippent à mon col et tu me balances au sol. Putain, j'ai failli bouffer le goudron. "T'es vraiment qu'un..." Je me retourne mais j'ai pas le temps de finir ma phrase que tu montes sur moi. T'es vraiment un lâche jusqu'au bout. Je vois ton poing arriver à vitesse grand V sur ma gueule, et j'ai ni le temps ni les capacités d'esquiver ta frappe. Et ton poing retombe une fois, deux fois, trois fois. Wah, ça fait vachement mal ces merdes, putain. J'ai l'impression d'être bourré et de m'être pris un poteau en pleine gueule. Ma vue est trouble, je peine à la stabiliser. Bordel, comment ils font pour supporter la douleur les boxers ? Je crois entendre un petit cri, ça te fait relever la tête et moi, ça me permet de te dégager de là. C'est tout ce que j'arrive à faire, j'suis incapable de me relever pour me défendre. Déjà que le coup de boule m'avait sonné, là, je suis en KO technique.

J'essaie de reprendre mon souffle en me mettant en PLS, mais c'est dur. Ta godasse dégueulasse qui pue la friture vient écraser mon visage au sol. Mais tu veux me tuer ou quoi ?? Apparemment, la réponse est positive. Theo, qu'est-ce que t'es allée foutre avec un gars aussi violent bordel. L'adrénaline décide enfin d'être de mon côté et je viens frapper ton mollet de toutes mes forces, puis l'arrière de ton genou pour faire céder la pression. " Lâche moi connard." que je gueule. Les passants voient la scène mais yen a aucun qui serait venu m'aider hein. Je me relève avec peine, me tiens au mur et crache mon sang par terre. C'est dégueu ce goût métallique en bouche. On aurait pu s'arrêter là, mais je te fonce dessus. Genre je suis aussi stock qu'un rugbyman t'sais.

"T'es vraiment qu'un..." un sale con ? Dommage, on ne saura jamais la fin de sa phrase, puisque sa bouche est soudainement interrompue par ton poing qui se charge de la lui fermer. Et au cas où il n'aurait pas bien compris, tu répètes le mouvement à plus d'une reprise. Il va faire moins le fier sans sa petite gueule d'ange hen. Ça lui apprendra à ne pas se mêler de ce qui le regarde. Surtout que, s'il y a bien une fille qui n'a pas besoin qu'on la défende, c'est bien Theodora. Elle n'a sûrement pas donné son approbation pour la présence de son pote dont t'as déjà délibérément oublié le prénom. Elle sera fâchée d'apprendre qu'il a fait ça ? Elle lui cassera la gueule à lui aussi en retour ? Ça vaut la peine de prendre la chance d'envoyer un petit message à la belle blonde. De retour sur tes deux pieds, tu ne manques pas de lui faire comprendre ta supériorité à ce pauvre mec en lui écrasant la tête sous ta semelle dégueulasse. Franchement, tu voudrais pas avoir ce truc immonde sous la gueule. Mais bon, c'est quand même ton meilleur moment de la journée. De la semaine même. " Lâche moi connard." Et tu mets un peu plus de poids sur sa tête de con, mais il réussit à se défaire de ta prise par un coup bien placé directement à l'arrière de ton genou qui fléchit. Tu perds l'équilibre, suffisamment pour libérer ton otage, mais pas assez pour te retrouver sur le cul - encore heureux. « T'en as eu assez ? Non ? » À voir la tête enragée qu'il affiche, on dirait bien que non. Hugo te fonce directement dessus. À partir de là, les coups sont plutôt difficile à suivre. Ils partent de tous les côtés. Qui l'envoie ? Qui le reçoit ? D'un regard extérieur, difficile de savoir. Les coups d'Hugo dans tes côtes semblent réveiller de vieilles douleurs. Tu ne seras toutefois jamais aussi mal en point que lorsque les pieds d'Arthur t'ont explosés les côtes. Puis, vous êtes soudainement séparés chacun de votre côté. Dans ton élan, et la colère surtout, sans prendre le temps de vraiment réaliser qui venait de vous séparer, le flic reçoit un coup de coude directement en pleine gueule. De quoi le mettre de ton côté comme toujours. « Lâche-moi putain, c'est lui qui m'a sauté dessus !! » Et pour une fois, c'est la stricte vérité. C'est Hugo qui a cherché la merde et non l'inverse. Plus tu te débats, plus la prise se resserre, jusqu'à ce que tu te retrouves violemment plaqué contre le mur avec une jolie clé de bras qui te donne l'impression qu'ils vont le péter. « Ferme ta gueule Moriarty. » Ah, ouais, c'est la merde quand t'es connu par tous les flics de la ville. Putain de connard de flic à la con. Le seul point positif, c'est qu'il amène aussi l'autre pédé derrière les barreaux.

* * *

T'es tout seul comme un con dans ta cellule. C'est pas encore l'heure de pointe des ivrognes. T'as du sang séché plein la gueule et pleins les mains. C'est essentiellement ton sang, mais y'a sûrement un peu du bouclé aussi. Le voilà justement qui revient. Vos amis les policiers ont au moins la décence de vous mettre dans deux cellules différentes. Quoiqu'en passant tes bras par les barreaux, tu penses sûrement encore l'étrangler. « Hey! J'ai droit à mon appel moi aussi. » que tu réclames en voyant le policier repartir sans t'accorder la moindre attention. C'est un rire qui résonne dans la pièce. « T'inquiète, t'auras le droit d'appeler ton avocat. » Ton avocat ? Pour une bagarre entre deux idiots ? N'importe quoi. « T'as porté plainte l'couillon ? » que tu demandes à ton nouvel ennemi lorsque vous vous retrouvez de nouveau tous les deux. Nah, il n'a pas porté plainte. C'est quelqu'un d'autre qui la fait. Hugo a juste rendu service à la police en aidant à ton arrestation.

« T'en as eu assez ? Non ? » Ouais, mais ta tête de con heureux me force à te foncer dessus pour te plaquer au mur. J'use de mes dernières forces pour frapper tes côtes alors que j'encaisse tes coups à toi. J'ai l'impression que tu vas me briser tous mes os. Heureusement qu'un flic vient mettre fin à tout ça, parce que t'aurais forcément gagné : je suis vraiment pas loin de m'évanouir. J'ai pas besoin qu'on me le redise deux fois pour te lâcher, je te laisse volontiers à un gars plus stock qui saura mieux te gérer que moi. Je reprends mon souffle, appuyé sur le mur, alors que j'entends l'homme en uniforme s'adresser directement à toi en utilisant ton nom. Et bien Seth, on est connu dans Brisbane ? Cheh. C'est toujours ça en ma faveur. Je me laisse embarquer sans foutre la merde, je me montre plus que coopératif pour qu'ils voient que le méchant dans l'histoire, c'est pas moi.

J'ai le droit de passer un coup de fil, et c'est évidemment le numéro de @Noor Guerrero qui me vient directement en tête. À cause d'un pari débile, j'avais été obligé d'apprendre ses chiffres par coeur et de les ressortir à n'importe qui n'importe quand, et ce, pendant toute la soirée. Ça m'aura bien servi finalement. Ça sonne deux fois avant qu'elle ne décroche, que je lui explique ce qui s'est passé dans les grandes lignes, que je me fasse engueuler, mais qu'elle accepte quand même de venir me chercher. En l'attendant, je dois quand même retourner dans ma cellule, entre l'alcoolo, la pute et le drogué. Ils ont été suffisamment intelligents pour nous mettre dans deux cellules différentes, toi et moi. Tu me cherches encore même après tout ça, comme si c'était vraiment plus fort que toi, que tu pouvais pas te retenir. Ça me fait marrer en tous cas que tu risques de rester plus longtemps, toi. "J'aurais peut-être dû porter plainte, ouais." Parce que tu m'as vraiment pas râté. J'ai un oeil plus que gonflé, la mâchoire qui me tiraille, les côtes douloureuses et toujours ce goût métallique en bouche. "T'facon, t'as pas besoin de moi pour atterrir en taule tout seul apparemment." Si t'as besoin d'un avocat, c'est que t'es vraiment dans la merde. Ça m'étonne même pas. T'es tellement con que tous les flics d'ici te connaissent. Me rejette pas la faute. J'ai bien envie de savoir pourquoi tu vas te faire enfermer, mais tu risques certainement pas de me répondre. Je me contenterai de savoir que, d'une façon ou d'une autre, Theo aura un minimum été vengée.

Je m'assois difficilement sur le semblant de banc proposé : tenir debout devient difficile. J'ai mal partout. Je sais pas comment je vais faire pour aller bosser ce soir. Toute façon, Greg voudra jamais de moi au bar avec cette gueule... T'as réussi à me pourrir ma journée, mais tu vas aussi me niquer les prochains jours qui arrivent. Va falloir que j'occupe mon temps libre parce que je sais pertinemment que je pourrais pas retourner au bar tant que j'aurais la gueule d'un gars qui s'est fait rouler dessus. Puis même si j'avais pu aller bosser, je vois pas comment je pourrais faire mon taf correctement avec ces douleurs. J'attends à peine quinze minutes qu'un flic vient m'appeler. Lyb est enfin arrivée et elle s'est chargée de la minuscule caution à payer pour éviter de me faire attendre vingt-quatre heures ici. Je vois sa tête dans l'entrebâillement de la porte, mais je vois surtout son regard qui se fige sur ta silhouette. Sur le coup, je tilte pas, j'ai juste envie de me barrer. Je me tire de cette cellule puante, sans oublier de te saluer au passage : "Bon séjour, Seth." je te balance, sourire narquois en coin. Je sais pas combien de temps tu vas rester là, mais j'ai hâte de venir te rendre visite en taule si tu décides à tout moment de venir faire chier ton monde, d'une façon ou d'une autre. Genre de reprendre contact avec Theo.