Everybody knows the fight was fixed
Megan Williams & @Jo Carter

S.O.S.

Je sais à quoi je m’expose en tapant ce message à l’attention de Joséphine, mais je n’ai pas l’impression d’avoir d'autres solutions. Je suis fatiguée de souffrir en silence de la solitude et fatiguée de ne pouvoir parler à personne des tempêtes qui secouent mon mariage. Je ne peux rien confier à Shiloh et, ces dernières semaines, je n’ai rien dit à Jo non plus par crainte de subir ses foudres autant que ses je te l’avais bien dit. Depuis le début de l’année, je l’ai sentie plus agacée par mes frasques et autres aventures rocambolesques qu’amusée - ce qu’elle était systématiquement autrefois - alors j’ai progressivement commencé à garder ce qui m’arrivait pour moi. De notre dispute à Damon et moi, elle ne sait rien. Que je suis retombée dans les bras de Scott après tout ça, elle l’ignore également. Je ne lui ai pas raconté l’intervention musclée de Saül à mon propre domicile et, étrangement, devoir passer la nuit aux urgences à cause de Lawrence, l’ex de la trop douce Shiloh, a été la goutte de trop. J’ai besoin de vider mon sac et, de façon plus urgente, de trouver un moyen de camoufler les trop nombreux hématomes qui décorent de façon douteuse mon visage et ma nuque. Les questions du médecin des urgences n’ont fait qu’augmenter l’angoisse que je ressens à l’idée que toute cette histoire éclate au grand jour. Je me moque que mes vieilles photos de charme ressurgissent : j’ai bien plus peur de la réaction de mon beau-père. J’ai peur de lui, tout simplement.

Ce soir a lieu la soirée de lancement de la nouvelle collection de Michaël Hills et, plus que de devoir supporter les regards libidineux des collègues de travail de mon jeune époux, j’ai peur de ne pas être capable de dissimuler mes bleus. Pour toutes ces problématiques, c’est Jo qui s’impose comme une évidence. Même si elle est agacée par mes idées, toutes plus mauvaises les unes que les autres, je mise sur son amour des histoires croustillantes et des tutoriels make-up pour qu’elle décide de voler à mon secours. Dans un second message, j’ajoute que j’ai besoin d’elle et de sa trousse de maquillage aujourd’hui et j’attends, j’attends de voir si elle a décidé de jeter l’éponge me concernant ou s’il lui reste encore un soupçon de patience.

Une poignée de minutes plus tard, alors que le soleil a presque atteint son zénith et que je ne suis malgré ça toujours dans mon pyjama de satin, on frappe à la porte et, sans avoir pris la peine d’enfiler un foulard ou de faire retomber mes cheveux sur mon front afin de ne pas porter mes récents déboires en étendard, je fonce vers la porte. Je réalise à quel point je manque de chaleur humaine lorsque je prends la brune dans mes bras pour la serrer contre moi, un peu plus fort que je ne l’ai jamais fait. Bien sûr, ses yeux se posent presque immédiatement sur ma constellation d’ecchymoses. Moi, j’espère qu’elle acceptera un café avant de me cuisiner et d’exiger que je passe à table. « Promis, je vais tout te raconter. » Je m’efface pour la laisser entrer et, malgré ce que je viens d’affirmer, je l’interroge la première. « Damon m’a dit qu’il t’avait ramenée la dernière fois, comment ça c’est passé ? » Je lève un sourcil, n’ayant réussi à tirer que peu de choses du jeune italien sur les quelques minutes qu’il a passé en présence de la brune incendiaire. Moi, j’espère juste que l’un n’aura pas empiré mon cas auprès de l’autre : ma vie est déjà assez compliquée comme ça. « Je te sers un café ? » Moi, j’en prends un. Ces dernières semaines, je ne carbure qu’à ça et je suis donc artificiellement montée sur ressorts. « J’ai une soirée de lancement ce soir. Tu te doutes que je peux pas me montrer en public comme ça. » Le médecin des urgences a tout de suite pensé que mon mari me battait : je n’ai pas envie de voir ce genre de rumeur chuchotée sur toutes les lèvres. « J’ai pas mis le nez dehors sans foulard depuis presque une semaine. Faire disparaître ça tient pratiquement du miracle, y’a que toi qui en es capable. » Quand elle m’aura posé une épaisse couche de maquillage sur le visage, j’aurais l’air d’avoir décidé de rejoindre la famille Kardashian mais, au moins, personne ne pensera que mon Kanye me tabasse lorsque nous sommes seuls tous les deux.

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Jo Carter & @Megan Williams (crédit gif/nazgifs)

Elle avait roulé des yeux en lisant le message de Megan. Réaction systémique qui ne l’empêcha pas de le relire une seconde fois pour y voir apparaître trois petits points juste dessous, qui disparurent aussi vite pour laisser place à une recommandation qui lui fit froncer les sourcils "Josephine, chérie ?" Elle leva la tête de son écran, lançant un sourire à Esmée Hurley qui était venue en renfort pour passer du temps avec Ava en fin de matinée dans l’idée de laisser un peu de répit à sa petite-fille ; répit qu’elle avait passé à tâtonner sur le clavier de son synthétiseur sans nulle autre prétention que de vérifier si elle ne perdait pas sa dextérité en la matière. Elle ne la perdait pas, c’était ancré en elle "J’ai un service à te demander." fit-elle en se décollant du bord du comptoir de la cuisine pour se diriger vers l’amie de sa grand-mère, son téléphone portable serré entre ses griffes pailletés. Elle se pencha sur la table pour faire un aparté et lui demander si ça l’ennuyait de rester quelques heures de plus pour qu’elle aille rendre visite à une amie qui avait visiblement besoin d’elle. Connaissant Megan, il s’agissait sans doute de la dépêtrer d’une connerie qu’elle avait faite, ou de l’accompagner récupérer ses emplettes faites sur catalogue au créateur le plus onéreux du marché. Rien qui ne valait qu’elle fasse des efforts pour arriver vite, alors elle prit son temps en remerciant Esmée d’accepter de lui rendre ce service qu’elle lui renverrait sans aucun doute. Elle passa un blouson en jean sur l’ensemble accordé qu’elle avait sur le dos, faisant disparaître le rose laiteux du bustier qui remontait sa poitrine pour la rendre plus généreuse, et empoignant sa trousse à maquillage qu’elle fourra dans son sac à main, prête à partir ; pas avant de planter un baiser humide sur la joue de sa grand-mère, puis sur celle d’Esmée en les taquinant sur les bêtises qu’elle pourrait commettre sans surveillance. Elle gardait en mémoire la fuite récente de Nana, laissant échapper l’idée qu’elle ne plaisantait pas tellement quand elle leur disait d’être prudentes, de ne pas s’éloigner. Esmée était nettement plus lucide qu’Ava, et elle avait confiance en elle… et puis vu qu’il ne pouvait pas rester trop longtemps loin de sa grand-mère, Nicholas finirait sans doute par se pointer lui aussi, de fait elle ne risquait pas grand-chose en allant voler au secours de Barbie les emmerdes.
Elle se fit déposer devant l’immeuble de la jeune femme, n’ayant même pas pris le temps de lui indiquer qu’elle viendrait, préférant dans le fond la faire mariner parce qu’elle l’avait toujours mauvaise au fond, de s’être fait prendre pour une vulgaire figurante le soir de son anniversaire. Depuis, sa patience s’étiolait, et comme elle n’en avait déjà pas beaucoup, ses efforts étaient réduits à peau de chagrin chaque fois qu’elle se disait que franchement, elle déconnait grave, Megan. Dans quel problème avait-elle pu se fourrer cette fois, est-ce qu’elle en avait vraiment quelque chose à cogner ? Probablement, sinon elle ne se serait pas pointée presque dans l’immédiat, reléguant les siens, de problèmes, à la dernière entrée de sa liste des priorités.

Elle connaissait le chemin par cœur, et une fois dans l’ascenseur, elle s’admira pour constater que même dans l’urgence relative, elle était super jolie. Elle arrangea ses cheveux lâchés sur son épaule, se déplaça pour se lancer un regard de profil dont l’intention se termina par un petit mouvement de hanche et une légère remontée du pied qui lui donna l’apparence d’une starlette qu’elle était indiscutablement, ainsi moulée dans cette jupe qui faisait honneur à sa silhouette. Elle laissa un rire filer quand les portes s’ouvrirent, et qu’elle se dirigea vers l’apparement du couple formé par les deux faux tourtereaux du siècle, et tacha de reprendre une mine plus dure quand elle sonna.
"Qu…" qu’elle entama quand l’étreinte de Megan lui ravit l’intention de lui demander qu’est-ce qui avait pu lui arriver, putain. Les yeux ronds, elle se décolla de la silhouette de la blonde pour lui accorder un regarde cryptique, et pour la première fois de sa chienne de vie, elle ne trouva pas quoi lui dire pour lui faire savoir qu’elle faisait pitié. Jo cligna des yeux, ses longs cils fendant l’air quand ils opèrent une vague observation des hématomes qu’elle avait sur la tronche "Merde." Un murmure qui l’obligea à reprendre vie, puis à rentrer dans le vestibule de l’appartement quand Megan reprit la parole dans une tentative habile de détourner l’attention.
Les sourcils de Jo se froncèrent à la mention de Damon "C’est lui qui t’a fait ça ?" Mais même elle n’y croyait pas une seule seconde. Il était doux comme un agneau, elle avait eu l’occasion de prendre toute la mesure de sa douceur et de sa gentillesse, mais plutôt que de répondre aux interrogations de la jeune femme, elle secoua la tête "Non, je veux rien." Pas de café, pas de thé… des explications à la rigueur. Elle ne réussissait pas à détourner le regard de la mine de sa copine, et alors qu’elle faisait le point sur son visage, elle sentit sa gorge se serrer un peu quand elle réalisa qu’elle avait sous les yeux la crainte qu’elle avait nourri à l’instant-même où elle lui avait parlé de ses conneries "T’as mal ?" qu’elle finit par lui demander, la coupant au milieu de sa phrase. Elle finit par poser la paume de sa main sur le contenu de son sac, retrouvant un semblant de contenance quand elle lui dit "J’ai ramené ce que tu m’as demandé." Et elle releva la tête pour poser ses yeux sur elle un instant "T’es sûre que ça va ?" Elle aurait aimé lui dire autre chose à ce moment-là ; et peut-être qu’en la regardant fixement comme elle était en train de le faire, elle essaya de lui faire passer le message qui prit forme dans son esprit, à savoir qu’elle n’était pas obligée de faire semblant avec elle. Putain, Meg.

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Megan Williams & @Jo Carter

« Merde. » Je crois que, la réaction de Joséphine, je la comprends. Je crois que c’est aussi le premier mot qui me serait venu à l’esprit si je m’étais découverte dans un miroir sans préavis. Mais dire ”je me suis faite étrangler et poussée contre une porte” par texto ou au téléphone, c’est loin d’être facile. J’ai essayé d’écrire, j’ai effacé, j’ai écrit à nouveau, avant de me résoudre à rester involontairement énigmatique par message. Ce genre de choses ne peut être expliqué que de vive voix. « Ouais, c’est le mot. » Et je vais lui expliquer, je l’ai annoncé et promis. Et j’ai aussi dit que je ferai de mon mieux pour être une meilleure amie de façon générale et surtout pour elle, et je compte m’y employer. A mon rythme. A ma façon. Elle entre, c’est déjà ça. Elle ne tourne pas les talons en voyant l’état de mon visage, elle ne me colle pas l’étiquette de fille à problème à éviter sur le front.

« C’est lui qui t’a fait ça ? » C’est ce qu’a pensé le médecin aussi, si bien que je ne peux pas en vouloir à mon amie mais soyons sérieuses un instant : après avoir rencontré Damon, pense-t-elle vraiment qu’il est capable de faire du mal à une mouche. S’il en écrasait une, il s’excuserait probablement auprès de l’insecte. « Non, bien sûr que non. Tu peux appeler ton hitman et décommander le meurtre. » Alors c’est qui ? Je sais que c’est la prochaine question mais j’aimerais d’abord qu’on se retrouve comme deux personnes normales avant d’aborder les sujets sérieux et douloureux. « C’est un travail d’équipe. » Saül Williams pour les hématomes caractéristiques d’une strangulation autour de mon cou, et Lawrence pour la plaie au front et les petits vaisseaux éclatés sous l'œil. Une putain d’oeuvre d’art. « Non, je veux rien. » Je sers quand même deux cafés, comme si je ne l’avais pas entendue. Ce n’est évidemment pas le cas - j’ai très bien entendu - mais je cherche à inviter un semblant de normalité dans cet échange avant d’autoriser la gravité à nous rejoindre. Juste quelques secondes, j’ai envie de redevenir une jeune fille normale en compagnie de son amie normale, elle aussi. « T’as mal ? » - « Le cou, presque plus. » Les ecchymoses virent au jaune peu ragoutant mais synonyme d’une cicatrisation amorcée. « Ça… » Je montre du doigt mon front fraîchement refermé par le chirurgien trop curieux du Saint-Vincent. « Ouais, ça fait un mal de chien. » Je ne vais pas tenter de le cacher : je grimace de toute façon dès que j’oublie ma plaie et que je fronce les sourcils.

« J’ai ramené ce que tu m’as demandé. » Son sac en tissu renferme donc ce qui se fait de mieux en terme de maquillage - si j’avais le moindre doute à ce sujet, il suffirait que je pose les yeux sur son visage peinturluré - et je sais que j’ai appelé la bonne personne à la rescousse. Ma seule crainte, c’est qu’après avoir entendu mon histoire, elle ne soit pas prête à m’aider. « Alléluia. » Au moins, je n’aurais pas l’air d’une femme battue ce soir. Ça aurait fait mauvais genre. « T’es sûre que ça va ? » Elle me regarde comme si elle voulait lire mon âme et je me sens faiblir. J’ai la mâchoire qui se serre et l'œil qui tremble, mais je respire un grand coup avant de faire un pas dans sa direction. « Oui, ça va, t’as pas à t’en faire pour moi Jo. » Physiquement en tout cas, j’irai vite mieux. Pour le bordel qu’est mon état psychologique, il me faut d’abord faire le tri dans mes émotions puisque tout n’est pas bon à avouer. Ce qui est de mon fait, ce que j’ai provoqué moi-même, ne l’est pas. « Regarde, j’ai même quelqu’un pour me protéger en permanence. » Mon sourire est un peu plus vrai alors que le chien adulte adopté au refuge il y a quelques jours seulement débarque au salon, remuant la queue et de toute évidence heureux de rencontrer une nouvelle personne. Soit Bowie va faire un chien de garde pitoyable, soit il émane de Jo quelque chose qui le pousse à lui faire naturellement confiance. Je m’agenouille au niveau du chien pour gratter affectueusement sa tête, avant de relever les yeux vers mon amie. « Il a l’air de déjà t’adorer. » De ce que j’ai pu voir, cet animal a l’air d’adorer tout le monde, de toute façon. « Lawrence est de retour en ville. L’ex de Shiloh. Il la frappait, c’est pour ça qu’elle est venue vivre chez moi du jour au lendemain l’an dernier. » Je n’aime pas avoir à dévoiler les secrets de ma douce amie, mais je dois la vérité à Jo et surtout doit faire en sorte que personne ne soupçonne le pauvre Damon. Me frapper est une chose qu’il est parfaitement incapable de faire. « Il est venu lui demander des comptes, moi je suis un dommage collatéral.  » Si seulement c’était aussi simple pour le reste. « Pour le cou, c’est un peu plus compliqué… Tu sors tes pinceaux et je te raconte, deal ? » J'esquisse un sourire peu convaincant en me redressant. « C'est Bowie au fait, son nom. » Je désigne d'un petit signe de tête le chien qui la regarde maintenant en attendant désespérément une petite caresse.

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"J’ai pas les moyens d’engager un hitman." Elle commença en fronçant les sourcils, consciente que sa question n’avait pas lieu d’être — encore une fois, il était inoffensif, son pseudo-mari… mais prudence est mère de sûreté, elle préférait s’en assurer, avoir la parole de sa copine, encore que tout ce qui sortait de la bouche de cette dernière avait des relents de bobards, au moins une fois sur deux en tout cas "Et je suis du genre à faire le sale boulot moi-même, question de principe." Question d’incapacité à gérer sa colère surtout. Mais c’était un sujet sur lequel elle n’avait pas envie de s’étendre, parce que quand elle voyait la gueule de Megan, elle se disait que s’il y avait bien un moment où ça lui serait utile de ne pas savoir gérer ses frustrations, c’était bien celui-ci.
Ça lui tordait le ventre de la voir comme ça, mais en même temps, elle connaissait Megan, Jo. Elle l’avait sans douté cherché… ou pas, putain, qu’est-ce que ça changeait. Quand elle la voyait mal au point comme ça, elle se prenait la réalité en pleine gueule : elle n’était sans doute pas la meilleure des amies si elle ne faisait rien pour la sortir du bourbier dans lequel elle s’était enfoncée de bon grès. Ça ne pouvait être que le résultat de ses décisions foireuses, non ? A moins qu’il se tramait d’autres choses dont elle ne l’avait pas prévenue à cause de sa propension à la juger chaque fois qu’elle lui partageait ses sales petits secrets ? Ses yeux tremblèrent également quand elle papillonna des cils pour faire le point sur le visage de la jeune femme qui lui confirmait que, si ses ecchymoses au cou ne la faisaient plus souffrir, ce n’était pas la même histoire pour la blessure qu’elle avait au front. La suivant à la trace, Jo lui demanda "T’as vu un docteur ?" A en juger par la netteté de la suture qui lui barrait le front, certainement… mais il fallait s’assurer de tout avec Megan. Elle était un peu comme sa grand-mère dans le fond, il fallait prendre soin d’elle pour s’assurer qu’elle fasse ce qu’il y avait de mieux pour elle. Elle ne pouvait pas tout à fait compter sur Damon, alors elle devait s’y coller ; elle devrait s’y coller, davantage que ces derniers mois en tout cas. Il n’y avait pas moyen que la prochaine fois, elle la retrouve entre quatre planches, merde.

Elles rejoignirent le salon, Jo s’étant rapidement délestée de la tasse de café servie par Megan dont elle n’avait pas envie et qu’elle laissa sur le comptoir de la cuisine pour continuer à la suivre, trop silencieuse pour que ça lui ressemble vraiment. Sa trousse à maquillage dans son sac, elle la sortit quand elle se laissa tomber sur le canapé, décelant un léger vacillement du côté de Megan quand elle répondit à sa tentative de savoir comment elle allait "Tu t’es vue dans le miroir, bien sûr que je dois m’en faire." qu’elle lui répondit du tac-au-tac, ne réussissant pas à vraiment garder son calme, encore qu’elle ménagea ses effets en prenant une inspiration qu’elle retint quand elle vit débarquer une boule de poils que Megan lui présenta comme son garde du corps.
Il lui lécha la main, Jo grimaça sans rien dire, relevant la tête pour observer la jeune femme avaler ses propres salades "Parce que t’as besoin d’être protégée ? C’est quoi ce délire, qu’est-ce que t’as fait ?" qu’elle demanda, dézipant sa trousse à maquillage pour vérifier si elle avait pris le bon concealer, avec la bonne couvrance, ne s’étant pas attendue à devoir bosser sur un tel chantier. Ses yeux ne quittèrent pas ceux de Megan cependant, et ce pendant quelques longues secondes, le temps qu’elle lui expose les faits avec une nonchalance qui fit bouillir son sang dans ses veines. Ses sourcils se froncèrent de nouveau, sa bouche s’ouvrit pour laisser sa voix aphone le temps qu’elle retrouve sa capacité à s’exprimer, estomaquée par l’attitude de Barbie "Pourquoi tu donnes toujours l’impression que ce genre de trucs qui t’arrives, c’est juste normal ? Putain, Meg… t’as l’air d’une boxeuse, là." Elle secoua la tête, Jo, détachant enfin ses yeux de ceux de la jeune femme pour les poser momentanément sur le contenu de sa trousse à maquillage ; sa gorge se serra encore quand elle eut l’impression que Megan négociait son récit en comptant sur la curiosité naturelle de sa comparse. Elle la prenait un peu pour une conne, mais elle rentra dans son jeu, soumise à cette image qu’elle lui renvoyait et qui méritaient plusieurs chapitres. Là, elle laissa un soupir filer d’entre ses lèvres qu’elle maintint serrées quelques instants, sortant ses pinceaux et ses éponges pour accorder un regard au chien dans la pièce et dire à sa maîtresse d’une voix blanche, sans aucune nuance "Au moins tu connais tes classiques. Je me serais attendue à ce que tu l’appelles Spears." Son sarcasme sonna un peu différemment que d’habitude, simplement à cause de la boule qu’elle avait dans la gorge, et qui grossissait au fur et à mesure.

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Megan Williams & @Jo Carter

« J’ai pas les moyens d’engager un hitman. Et je suis du genre à faire le sale boulot moi-même, question de principe. » Et ça, Joséphine, c’est exactement la raison pour laquelle c’est toujours difficile de te confier les raisons pour lesquelles on est dans la merde. Elle serait capable d’aiguiser ses ongles et de se mettre en tête d’aller régler le problème d'elle-même, toute blague à part. Et je n’ai vraiment pas envie qu’elle se mette en plein dans la ligne de mire de Saül Williams par bonté d’âme ou parce qu’elle se serait prise pour mon preux chevalier. « T’as vu un docteur ? » - « Ouais, j’ai passé la nuit aux urgences avec un neurochirurgien. C’était certainement un peu exagéré pour quelques points de suture mais, au moins, tu sais que t’as pas à t’en faire. » Le médecin en question était beaucoup trop curieux, mais je ne le précise pas, je n’ai pas envie qu’elle se mette en tête que si le corps médical a pensé que j’étais une femme battue c’est que cela cache forcément quelque chose. « Je prends pas ça à la légère, Jo. » Si je donne cette impression, c’est parce que l’insouciance est mon mode de défense de choix dans bon nombre de situations. Je traite celles qui me font ressentir des vagues de panique inouïes avec une nonchalance qui en irrite certains, mais qui me permet de garder pied. « Tu t’es vue dans le miroir, bien sûr que je dois m’en faire. » - « J’essaye d’éviter, pour tout te dire. » Et c’est vrai : je le fais autant pour ne pas ressasser les derniers événements plus que je ne le fais déjà autant que pour ne pas m'apitoyer sur mon sort.

« Parce que t’as besoin d’être protégée ? C’est quoi ce délire, qu’est-ce que t’as fait ? » - « Je plaisantais Jo… » Pas entièrement certes, mais je n’ai pas envie qu’elle m’imagine comme ces personnalités publiques qui ne peuvent faire un mouvement sans être traquées. C’est surtout de mon anxiété et de mes crises de panique que me protège Bowie, qui a de toute façon l’air d’être un bien mauvais juge de caractère. « C’est juste que je me sens plus en sécurité grâce à lui. » A-t-elle besoin de plus d’explications ? Quand on a un visage qui ressemble au mien, il paraît logique qu’on recherche un peu de sérénité. « Pourquoi tu donnes toujours l’impression que ce genre de trucs qui t’arrives, c’est juste normal ? Putain, Meg… t’as l’air d’une boxeuse, là. » - « J’ai pas dit que c’était normal… » Simplement que je n’étais pas la cible initiale de la rage de Lawrence, en espérant que cela pourrait la rassurer d’une façon ou d’une autre, puisque cela signifie aussi qu’il y a peu de risque qu’il s’en prenne à nouveau à moi. Moi, j’avoue que je préfèrerais qu’il le fasse plutôt que de rendre à nouveau visite à la douce Shiloh, qui est tout sauf équipée pour gérer ce genre de situation. Avant de le rencontrer, sa vie avait été douce. J’aurais préféré qu’elle n’ait pas besoin de s’endurcir, puisque je ne suis pas tout à fait certaine qu’elle en soit capable. « Elle a porté plainte en début d’année. Elle a besoin de mon aide. » Et c’est aussi simple que ça : je suis beaucoup de choses, mais je suis empathique et je suis capable de beaucoup donner, et Jo le sait. Comment pourrait-elle trouver une façon de me décrire comme la responsable de ce qu’il m’est arrivé avec le chanteur ? Pour ma nuque, c’est une autre histoire…

« Au moins tu connais tes classiques. Je me serais attendue à ce que tu l’appelles Spears. » - « Me prends pas pour une godiche. » J’esquisse un sourire bien mince - plus, et cela tire trop sur mes blessures et je grimace - avant de me hisser sur l’un des tabourets du bar pour m’asseoir et devenir sa poupée barbie grandeur nature. Les pinceaux qui caressent et chatouillent ma peau sont doux comme de la soie. C’est agréable. Bien plus que les coups. « Je sais pas si je t’en ai déjà parlé… » Non, je ne l’ai pas fait et j’en suis parfaitement consciente. Pas par honte cependant, mais parce que ces photos appartiennent au passé. « Mais y’a quelques années j’ai fait des photos de charme pour un magazine masculin. J’avais besoin de fric et c’était de l’argent facile. » Puisque j’assume mon corps et ces clichés, pourquoi est-ce que je n’ose pas croiser le regard de la brune ? « Rien qui soit dégradant, mais c’était du nu. » Je déglutis en fermant les yeux, soit disant pour qu’elle puisse mieux étaler son primer. « Quelqu’un a envoyé ces photos à un collaborateur de Saül, et ça a fait le tour de l’entreprise. Et tu te doutes que juste après avoir fait de moi l’égérie de sa collection, c’était humiliant… » Ai-je besoin de préciser à voix haute que c’est lui qui est venu serrer ses doigts autour de ma nuque ? Ne peut-elle pas le lire dans mon regard qui déborde d’une détresse que je cache mal ?

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Jo Carter & @Megan Williams (crédit gif/nazgifs)

Tu sais que t’as pas à t’en faire. La caution neurochirurgien n’était pas là pour rassurer Josephine bien au contraire. Elle avait toujours su qu’elle avait besoin de consulter, Barbie, et que ça devrait forcément dépasser le stade de la consultation chez le psy, mais le fait qu’un gros bonnet vienne lui-même lui rafistoler la gueule, ça avait quelque chose de plus alarmant encore que la balafre qu’elle avait sur le front. Ou alors, un signalement pour suspicion de violence conjugale l’avait forcé à venir vérifier par lui-même qu’elle n’était pas trop amochée, l’avait-il cuisiné sur son mari comme elle l’avait fait en arrivant ? Sans doute. Elle savait comment fonctionnait les hôpitaux, et à l’ère de Me Too, les toubibs faisaient dans leur froc à l’idée de se voir clouer au piloris pour avoir omis ce genre de choses, ils se montraient plus prudents. Qu’est-ce qu’elle lui avait raconté pour sortir des urgences sans une escouade de flics aux fesses, la Megan ? Jo la fixa de loin, elle prit sur elle néanmoins, parce qu’elle voyait qu’elle essayait de se dépatouiller avec ses explications avec calme ; ce qu’elle ne comprenait pas d’ailleurs, mal à l’aise qu’elle puisse prendre les choses avec autant de détachement alors qu’elle donnait l’air d’être passée sous un rouleau-compresseur.
Elle retint des soupirs, elle retint des roulement d’yeux… mais elle ne retint par ses sarcasmes, à peine son inquiétude qui força Megan à se défendre, de la façon la moins habile qui soit d’ailleurs, quand on avait Jo en face de soi "Parce qu’il y a vraiment de quoi faire de l’humour, c’est vrai." Elle n’en ratait pas une d’habitude, mais là c’était trop, même pour elle. Elle vrilla ses yeux pour les poser sur le poil laiteux de Bowie, carrant les mâchoires en se sommant de faire un truc pour paraître moins atteinte qu’elle ne l’était vraiment. Alors elle se mit à trifouiller dans sa trousse à maquillage, et se leva au moment où Megan lui parla de Shiloh, prétendant ne pas trouver normal de se faire fracasser la tronche, alors qu’elle donnait l’impression du contraire. Elle la fit grimper sur un tabouret "Elle a surtout besoin que la police fasse son boulot. T’es pas Wonder Woman. Tes boobs rentrent pas dans la combinaison, il suffit de te regarder pour le deviner." Puisque tel était le souhait de Megan de faire dans l’ironie, elle ferait la même chose. Mais dans son ventre grouillait une anxiété qu’elle n’avait l’habitude de ressentir que pour Ava.

Elle appliqua une crème hydratante sur le visage de Megan avec une délicatesse qu’on ne lui soupçonnait pas, manoeuvrant avec ses longs ongles pour ne pas la blesser davantage dans le processus, et ménageant son front qu’elle tâta à peine du bout des doigts pour ne pas réveiller la douleur. Elle prit un peu de temps pour lui faire son teint, n’omettant aucune étape, insistant sur le correcteur à plusieurs endroits, devant traiter avec les variations de bleu et de violet qui s’étendaient en nappes éparses sur sa peau pâle. Elle sentit la masse de Bowie derrière elle, râla en grognant quand il lui fourra se truffe dans les tibias, et entama le reste de son maquillage en silence, ses yeux évitant de s’attarder de trop sur ce qu’elle pouvait lire dans les pupilles de sa copine — qui se mit à parler, faisant froncer imperceptiblement les sourcils à Jo qui fit le point sur ce qu’elle s’apprêtait à lui dire "Parler de quoi ?" qu’elle lui demanda, retenant son envie de lui dire qu’elle lui avait parlé de plein de choses, que c’était parfois difficile de faire le tri.
Elle n’en eut pas le temps, et si elle pensait que ça la laisserait coite, ce qu’elle avait à lui dire, ce ne fût pas le cas. Jo s’arrêta toutefois, suspend son pinceau plat dans l’espace qui la séparait de Megan simplement pour lui demander "Et c’est un problème parce que… ?" Elle faisait ce qu’elle voulait de son corps, elle faisait ce qu’elle voulait de sa vie. Si elle ressentait de la honte à l’idée de lui en parler, c’était qu’elle sous-estimait l’importance que Jo donnait à ce genre de conneries ; elle n’était probablement pas la mieux placée pour juger des actions des autres, elle aimait le faire pourtant… sur certains aspects cependant, le besoin d’attention de la race humaine ne faisant pas partie de ses prérogatives en la matière : en d’autres termes, elle aurait même plus se faire culbuter en vidéo qu’elle en aurait eu rien à cogner, Josephine. Elle profita que Megan ferme les yeux pour tracer une courbe de fard irisé sur sa paupière, aussi délicatement que possible "C’était il y à quelques années, mais combien d’années ? Elles ont été publiées ?" C’était de l’argent facile, elle comprenait ce genre de justifications. Dégradant ou pas, Megan avait sa conscience pour elle, et étonnamment, Jo n’avait rien à redire là-dessus. Elle aurait pu se trouver dans cette conjoncture, c’était peut-être pour ça ; en revanche par dans celle où on se serait servie de ça pour la faire chanter, et c’était là que la bât blessait. Elle fit un léger pas en arrière, penchant la tête sur le côté pour rassembler les informations qu’elle venait de lui donner. Ses paupières se plissèrent, faisant ressortir le trait d’eye-liner fuchsia qui allongea sa ligne de cils noir carbone "Saül, comme le père de Damon ?" qu’elle fit avec lenteur, connaissant très bien la réponse à sa propre question. La pression de son doigt autour du pinceau qu’elle tenait toujours se resserra, et la ligne de ses lèvres, pourtant pulpeuses d’ordinaire, se réduisit à pas grand-chose quand elle serra les dents avant de lui dire "Regarde-moi." qu’elle lui ordonna d’abord, juste pour avoir la satisfaction de pouvoir anticiper sa réponse avant de lui poser la vraie question, celle qui la tarauda soudain "C’est lui, c’est ça ? Les traces sur ton cou, c’est ce connard de Saül Williams ?" Le pinceau qu’elle tenait entre ses doigts, elle l’abattit brusquement sur la surface en marbre du comptoir, ou en elle ne savait quelle putain de matériaux plus cher que la rente de sa grand-mère, et toupilla sur ses pieds pour s’élancer vers la sortie du salon "Il est où Damon ?" qu’elle demanda sans attendre de vraie réponse, encore une fois, s’élançant juste assez pour donner l’impression qu’elle allait faire un carnage, même s’il semblait évident que Ken n’était pas présent dans l’appartement.

Everybody knows the fight was fixed
Megan Williams & @Jo Carter

« Parce qu’il y a vraiment de quoi faire de l’humour, c’est vrai. » Je ne suis pas réellement bien placée pour être agacée, mais je doute qu’il soit intelligent sur l’heure de me faire la morale. De toute évidence, je n’ai pas besoin de ça pour me sentir terriblement mal, malheureuse, effrayée, et pour remettre mes choix de vie en question. Alors, je ferme les yeux et je masse mes tempes, visiblement fatiguée et lasse d’être traitée comme une enfant, bien que consciente de le mériter. « T’as pas besoin de me faire la morale Jo… Je sais que ça craint. » Et je sais aussi que le terme est faible. Ne réalise-t-elle pas que j’ai besoin de faire l’autruche ? Que si je refuse d’admettre à haute voix l’horreur de ma situation, c’est pour me préserver ? « J’ai pas besoin qu’on me le dise. » Je n’ai pas besoin qu’elle m’arrache la tête du sable : tout bien réfléchi, je préfèrerais même qu’elle l’y enfonce un peu plus en me rassurant, en me disant que tout ira bien et que ça est derrière moi, même si c’est faux.

« Elle a surtout besoin que la police fasse son boulot. T’es pas Wonder Woman. Tes boobs rentrent pas dans la combinaison, il suffit de te regarder pour le deviner. » La tentative de la brune d’alléger la conversation est admirable, mais un regard à son air renfrogné fait voler tous ses efforts en éclat. « Qu’est ce que j’étais censée faire ? Le laisser entrer pour la cogner ? » Moi, je sais au moins que je suis capable d’encaisser. J’ai cru que, contrairement à Shiloh, le risque était moindre puisque je ne suis pas du genre à me terrer à l’intérieur de mon appartement faute à l’angoisse. Mais ces derniers temps, je dois bien admettre que les soucis s’amoncèlent et que chat échaudé craint l’eau froide. « Elle a demandé une injonction d’éloignement. Mais ça prend du temps, et je suis persuadée que ça servira pas à grand-chose. Ce type est une vraie ordure. » Je suis malgré tout soulagée de pouvoir parler de toute cette histoire à Joséphine. Certes, elle ne me concerne pas directement, mais je me fais du souci pour ma douce amie, assez pour être terriblement angoissée et avoir besoin de le partager.

Ce que j’aurais préféré garder pour moi en revanche, c’est l’agression de Saül Williams, mais je n’ai pas réellement le choix : si je veux que Jo accepte de m’aider, je me dois d’être honnête. De plus, je fais des efforts pour être moins portée sur le mensonge ces derniers temps, c’est promis. « Et c’est un problème parce que… ? » La réaction de la petite brune me soulage, d’une certaine façon. Elle me confirme ce que je sais déjà : je n’ai pas à avoir honte de m’être servie de mes atouts pour arrondir mes fins de mois, pas de la façon dont je l’ai fait, en tout cas. Après tout, je n’ai pas vendu ma compagnie ni n’ai monnayé mes charmes. Je n’ai fait que prendre quelques poses suggestives dans le plus simple appareil mais à aucun moment je n’ai considéré avoir bradé ma fierté ou mon intégrité physique. « C’était il y à quelques années, mais combien d’années ? Elles ont été publiées ? » - « J’avais dix-neuf ans, je crois. Je l’ai fait deux ou trois fois cette année-là, parce que c’était de l’argent facile. » Et je le répète : de l’argent propre, de l’argent qui n’a pas à être synonyme de honte. « Bien sûr qu’elles ont été publiées. Tu m’as regardée ? » Ne suis-je pas un fantasme ambulant, parfaitement appétissant pour le mâle moyen ? « Et avant que tu poses la question, non, j’ai pas gardé d'exemplaires de ces magazines. » Même si les photos, elles, sont secrètement stockées sur mon disque dur. Heureusement en quelque sorte, j’ai au moins pu préparer Damon aux railleries qui l’attendaient. « Saül, comme le père de Damon ? » Aïe. C’est là que nous arrivons aux complications, à la partie qui ne va pas du tout plaire à Joséphine Carter. De honte, j’évite son regard mais elle attrape mon menton entre ses doigts fins. « Regarde-moi. »  Je plonge mes yeux dans les siens mais reste muette. De toute façon, est-il possible que je fasse allusion à quelqu’un d’autre ? « C’est lui, c’est ça ? Les traces sur ton cou, c’est ce connard de Saül Williams ? » Mon silence est bien plus éloquent que n’importe quel aveu, et le bruit que le pinceau fait sur le bar en marbre est quant à lui un excellent marqueur de sa colère. Je suis touchée qu’elle le soit autant en mon nom, mais je tente de la calme en posant ma main sur son avant-bras parce que je n’ai pas besoin qu’elle prenne les armes pour moi. Elle empirerait la situation, et j’avais surtout besoin de me confier. « Il est où Damon ? » - « Pas là. » Et si j’en crois sa réaction, j’ai bien fait d’écouter mon instinct et de lui parler de ça seule à seule. « Et il était pas là quand son père a débarqué. Il est arrivé après, et il s’est interposé. Il y est pour rien. » C’est la plus stricte des vérités : il ne m’a même pas regardée différemment après avoir compris ce qu’il se tramait, après avoir appris pour les clichés et après les avoir vus de ses propres yeux. « Tu dois le garder pour toi Jo… Je veux pas que tu t’attires de problèmes. » Moi, je suis de toute façon déjà dedans jusqu’au cou.

Everybody knows the fight was fixed
Jo Carter & @Megan Williams (crédit gif/nazgifs)

Elle aurait pu lui demander : pourquoi tu me le dis alors, si t’attends pas qu’on te fasse la morale ? Mais elle rongea son frein, trop prise dans une spirale d’inquiétude pour mettre en exergue les contradictions de la jeune femme dont elle s’occupait avec délicatesse. Megan savait comment elle était, elle savait qu’à la seconde où on lui en donnait l’occasion, Jo aimait se placer dans le rôle de celle qui avait de meilleurs principes et qui savait mieux que tout le monde. Donc en vérité, si elle ne voulait vraiment pas que Jo trouve quelque chose à redire, elle n’avait qu’à fermer sa grande gueule, ou alors aller se confier à Shiloh qui ne faisait que dire amen à tout ce qu’elle lui racontait, sûrement parce qu’elle ne lui racontait pas toute la vérité, d’ailleurs. Elle, en revanche, elle n’avait pas ce luxe, et ça devenait aussi pesant qu’elle se demandait pourquoi elle la jugeait aussi digne de confiance. Ça la regardait, et c’était flatteur… mais c’était aussi une putain de grosse épine dans son pied, elle devait bien l’admettre.
Elle n’avait rien à dire non plus sur la manière dont elle défendit ses élans de sauveuse de l’humanité. Si elle était aussi loyale avec Shiloh, c’était sans doute pour des raisons qu’elle n’avait pas envie de connaître, mais qui à ses yeux, ne méritaient pas de devoir mettre sa propre vie en danger. Elle n’avait aucun instinct de survie, Megan, c’est ce qu’elle se dit en la fixant sans rien dire pendant un moment, usant de fards et de poudres pour embellir la sale mine qu’elle se traînait. La seule chose qu’elle dit à ce sujet, ce fût "Parce qu’ils le sont pas tous, des ordures ?" Certains plus que d’autres, et elle pouvait déjà anticiper la réponse de la blonde ; Damon patati, Damon patata… elle n’en était pas amoureuse, mais putain qu’elle pouvait être casse couilles à toujours vendre ses mérites comme si c’était sa mère. Encore une preuve que cette relation arrangée était d’un malsain qu’elle acceptait parce qu’elle tenait assez à Megan pour ne pas la forcer à lui tourner le dos à cause de sa fâcheuse tendance à ne jamais la boucler.

Ce sur quoi elle rebondit vraiment en revanche, c’est ce qu’elle lui annonça comme la raison du chantage — encore un autre, en tout cas — de son beau-père. Elle arqua un sourcil bien dessiné "T’as eu raison de le faire, laisse personne te dire le contraire parce que ça les met mal à l’aise." De s’imaginer qu’une femme pouvait disposer de ses atouts comme elle l’entendait, qui plus est pour se faire du blé. Elle n’était pas féministe, Josephine, mais elle était une femme assez belle pour savoir que ça faisait chier les puritains de comprendre qu’elle faisait ce qu’elle voulait avec son corps, ne leur en déplaise "J’allais pas te demander de me montrer. Crois-le ou pas, j’ai dépassé le stade où j’espère que tu vires ta cuti pour me tomber dans les bras… et je t’ai déjà vu à poil, plus rien me surprend, y a plus de magie." Elle dit ça avec autant de neutralité que possible, sentant l’orage arriver dans sa propre psyché quand elle additionna 1+1 et qu’elle réalisa que si Megan lui parlait de tout ça, c’était parce qu’il y avait plus à dire, et sûrement pas moins pire.
Elle sentit son sang ne faire qu’un tour, et sa réaction ne se fit pas attendre ; les doigts de Megan se resserrent sur son bras pour l’empêcher d’aller retourner la baraque à la recherche de Damon. Parce qu’elle l’avait prévenu, le DiCaprio du pauvre, que s’il arrivait quoi que ce soit à sa pseudo-femme, elle n’hésiterait pas un seul instant à lui faire bouffer le bitume — sans attendre de savoir le fin mot de l’histoire, sans attendre de connaître les tenants et les aboutissants de la situation. Elle le tiendrait responsable d’absolument tout ce qui pourrait lui arriver de mal ou de dangereux, c’était un pacte qu’elle avait fait avec sa mauvaise foi pour ne pas s’attacher de trop à l’idée qu’il n’était, lui aussi, qu’un pion dans cette histoire d’union à la con.
Elle se laissa convaincre tacitement de rester près d’elle, mais rien qu’un instant, puisqu’elle prit la tangente pour aller s’asseoir sur le canapé, qu’elle finit en fait par quitter une seconde après pour s’avancer vers Megan avec la ferme intention de ne pas avaler ses salades, cette fois-ci. Bowie sentit sans doute son stress, puisque lui aussi s’agita dans son coin "Ouais, tu veux pas que je m’attire de problèmes. C’est un acte de bonté que tu fais de me demander de garder tes putains de secrets à chaque fois, hmm ?" Elle sentait son cœur battre dans sa poitrine beaucoup trop fort pour que ça ne lui fasse pas mal quand elle ajouta sur le même ton, beaucoup moins neutre que tout à l’heure "Je vais devoir en garder pour moi combien des comme ça ?" Elle ne lui demandait pas de lui répondre, ce n’était que de la rhétorique qu’elle fit passer en poursuivant sur sa lancée, se plaçant devant elle pour ajouter "Et ça va être quoi, le prochain stade de ta connerie ? Que tu te réveilles pas quand le mec de Shiloh t’en collera une, ou quand Saül Williams tentera de t’étrangler ? C’est quoi ton problème, putain ?" Alors qu’elle avait très brièvement croisé les bras, Jo les décroisa pour rageusement ranger ce qu’elle avait sorti de sa trousse à maquillage, ressentant soudainement le besoin de s’occuper les mains pour ne pas, elle aussi, être tentée d’en mettre une à Megan, et lui faire officiellement réaliser qu’elle tirait dangereusement sur la corde.

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Megan Williams & @Jo Carter

« Parce qu’ils le sont pas tous, des ordures ? » - « J’espère que non. » Peut-être s’attendait-elle à m’entendre lui chanter que ce n’est pas vrai, qu’elle se trompe ou toute autre connerie digne de l’optimiste - ou plutôt l’autruche - que je suis généralement mais, ces derniers temps, j’ai l’impression de trop avoir pris dans la gueule pour être encore capable de la regarder droit dans les yeux en lui clamant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes et que nous vivons tous dans Barbie Coeur de Princesse. Espérer, c’est la seule chose que je puisse faire puisque pour la première fois de la vie, j’ai peur de ce que va devenir ma vie. Pour la première fois de ma vie, je ne suis pas certaine que mon audace réussira à me tirer de la situation dans laquelle je me suis moi-même empêtrée. Pour la première fois, j’ai beau passer dans ma tête tous les chemins potentiels que ma vie pourrait prendre, aucun ne me paraît réellement bien reluisant. J’ai trop tiré sur la corde, peut-être. N’importe qui aurait pu prédire que cela finirait par m’arriver.

« T’as eu raison de le faire, laisse personne te dire le contraire parce que ça les met mal à l’aise. » Bien sûr que Jo partage mon point de vue et mon ouverture d’esprit sur le sujet : je n’imaginais pas réellement une autre réaction de sa part. Celle que je redoute, c’est celle qui viendra après, quand elle comprendra ce qu’il s’est passé à quelques mètres seulement de là où je me tiens à présent. « J’allais pas te demander de me montrer. Crois-le ou pas, j’ai dépassé le stade où j’espère que tu vires ta cuti pour me tomber dans les bras… et je t’ai déjà vu à poil, plus rien me surprend, y a plus de magie. » - « Mais ce stade a existé. Tu vois que tu l’admets. » Je lui adresse un sourire pour la forme, parce que je préfère plaisanter et la houspiller que tout lui raconter mais, pourtant, je le lui dois. Je ne peux pas lui demander de venir m’aider en lui promettant la vérité puis le refuser lorsque j’ai eu ce que je veux. Je n’ai pas croisé de miroir, mais je suis certaine que mon teint est superbe.

Elle se décompose et j’en suis la spectatrice. Je ne peux rien faire de plus que d’attendre ma sentence à présent, et je tente au moins de rassurer Bowie qui s’agite et tape de la queue en observant la situation. Je dépose une caresse sur sa tête de molosse, tout en évitant soigneusement le regard de Jo. « Ouais, tu veux pas que je m’attire de problèmes. C’est un acte de bonté que tu fais de me demander de garder tes putains de secrets à chaque fois, hmm ? » J’avais beau m’attendre à ce qu’elle ne soit pas réellement ravie, je suis déroutée par l’agressivité que je perçois - à tort ou à raison - dans sa voix et dans sa gestuelle. Elle s’est levée du canapé pour me faire face, à présent. « Je vais devoir en garder pour moi combien des comme ça ? Et ça va être quoi, le prochain stade de ta connerie ? Que tu te réveilles pas quand le mec de Shiloh t’en collera une, ou quand Saül Williams tentera de t’étrangler ? C’est quoi ton problème, putain ? » Je suis à peu près sûre que si j’avais eu une mère pour m’élever, c’est à ça qu’aurait ressemblé ses remontrances. Sauf que je suis une adulte, que je n’ai eu besoin de personne pour le devenir et que je vis mal d’être sermonnée comme une gamine. Je vis mal également le rappel de ma mortalité : je l’ai confié à Damon, je ne me sens pas en sécurité. Je me suis ouverte à lui mais, la majorité du temps, je fais l’autruche et minimise ce qu’il m’est arrivé parce que c’est plus facile que d’affronter le fait que j’ai peur en permanence. « Je pensais que t’étais mon amie. » Je l’observe avec froideur, blessée et fière. « Et je pensais pas que y’avait un compteur, une limite à ce que j’avais le droit de te confier. » Si je ne fais pas peser ce poids-là sur les épaules de Shiloh mais bien de la brune incendiaire, c’est parce qu'elle est forte. Parce que je sais qu’elle ne cillera pas. « Mais si t’as pas envie de garder mes secrets, t’inquiète pas, je dirai plus rien. » La mort dans l’âme, puisque je n’ai personne à me confier comme je peux me confier à elle. Sauf que ma fierté m’empêche de le lui dire. Je préfère encore qu’elle me cogne, elle aussi. « Tu peux même t’en aller, la porte est ouverte. »

Everybody knows the fight was fixed
Jo Carter & @Megan Williams (crédit gif/nazgifs)

Que ce stade, comme disait Barbie, avait existé ou pas, ce n’était qu’un lointain souvenir désormais. Que ce stade, comme disait Barbie, avait ne serait-ce que frôlé que le cœur plus mou qu’il n’y paraissait de Jo, ça lui faisait ne pas regretter un seul instant que la jeune femme soit trop hétéro pour la considérer comme autre chose qu’une amie, lui laissant l’impression qu’elle avait en fait manqué une putain de balle, de celle à vous trouer de part en part. Tout n’avait jamais été que malice chez Jo quand il s’agissait de faire croire qu’elle avait eu le béguin pour Megan, restait qu’elle l’adorait, cette conne, et que c’était bien ça tout le problème de la situation qui lui claquait dans la gueule à ce moment précis.
Elle avait trop d’affection pour elle pour ne pas considérer que c’était de la merde, cette manière qu’elle avait de faire passer toutes ses conneries comme des lettres à la poste, et pour ne pas se dire que c’était de sa responsabilité que de lui ouvrir les yeux sur son avenir branlant. En devenant une Williams, elle avait gagné l’argent, elle avait même gagné une certaine gloire, son nombre de followers augmentant au fur et à mesure qu’elle empochait des contrats à droite et à gauche, des contrats mérités pas seulement parce qu’elle était belle à crever, mais parce qu’elle avait un charisme qu’elle aurait pu lui envier si elle n’en avait pas eu autant. Qu’est-ce ça valait vraiment, quand à côté de ça, elle vivait dans le mensonge et dans la peur ? C’était ça le prix qu’elle était prête à payer, pour voir l’attention vers elle se décupler de jour en jour, pour avoir le luxe et la volupté ? C’était ça leur grande différence finalement, puisque jamais Jo n’aurait mis sa sécurité en jeu pour réussir, et Dieu savait pourtant qu’elle voulait réussir — elle ne pouvait pas comprendre, ou alors elle s’était jugée ambitieuse à tort, comprenant avec un temps de retard, que la vraie ambition, c’était celle qu’avait son amie, au risque de perdre sa putain de vie.

Elle était supposée lui dire quoi, d’y aller franco, de continuer à se faire maltraiter jusqu’à ce que sa limite soit atteinte, jusqu’à ce qu’elle se rende compte de ce qu’elle risquait vraiment ? Et ce serait quand, quand elle aurait les pieds devant ? Putain de non, certainement pas. Je pensais que t’étais mon amie, qu’elle lui dit avec froideur, et Jo lui répondit avec autant de froideur qu’elle "Je le suis, mais t’es trop conne pour t’en rendre compte." Elle était trop fière aussi, mais elle ne le lui reprocherait pas, pas assez bien placée pour juger l’orgueil de ceux qu’elle avait en face d’elle "Je pensais pas non plus que t’allais jouer avec ta vie au point d’avoir besoin qu’on te plâtre la gueule pour pas qu’on voit tes bleus, et pourtant… ça fait deux déçues pour le prix d’une. On s’en remettra, je suppose." lui lança-t-elle, et elle sut à ce moment-là que quelque chose allait céder, et que ce serait pas autre chose que la barrière de son coeur qu’elle sentit pourtant battre très fort dans sa poitrine.
N’attendant même pas que Megan reprenne, Jo commença à ranger ses affaires. Elle avait un bon instinct, elle était une artiste née, et qu’importe ce qu’elle prétendrait pour se donner bonne contenance, elle était d’une sensibilité proche de l’hyper, qui lui permettait d’anticiper des choses pour se préparer au mieux à les affronter. Il n’y avait aucune autre issue possible à ce qu’elle choisit de faire bien avant que Megan ne le lui propose… mais quand elle le lui dit, faisant peser comme un ultimatum entre elles, elle lui rendit la pareille avec une stoïcisme qu’elle réussissait à garder que très rarement, trop sanguine pour savoir ménager sa colère quand elle la ressentait ; là, c’était de la tristesse, et comme elle préférait toujours garder cet état-là pour elle, elle fût dure et sans appel, se redressant pour affronter son regard sans ciller "Je prends la porte, mais je te jure qu’aujourd’hui, c’est la dernière fois de ta vie que tu me vois." Et une promesse de Josephine Ophelia Carter, c’était comme un pacte marqué au fer rouge. Qu’importe si elle avait tort ou raison, qu’importe si elle le regretterait : l’idée même que Megan puisse douter de ses intentions à son égard et remette en cause ce qu’elle ressentait pour elle, en jouant sur ses sentiments, en la mettant au pied du mur, c’était un pavé qu’elle aurait dû jeter ailleurs que dans sa direction.

rp terminé.