| (parkers #3) if no one will listen |
| | (#)Ven 24 Juin 2022 - 3:08 | |
| if no one will listen Ça avait pris de te retrouver face à une Rosalie pas le moins du monde coopérative pour réaliser à quel point tu n’avais pas vraiment assuré auprès de Wyatt dans les dernières semaines, voire dans les derniers mois. Tu t’étais faite distante, tu l’avais mis dans le même panier que le reste des Parker, ceux pour qui tu retenais rancœur et rancune face aux mensonges de toute une vie et les différents abandons perpétrés dans la dernière année. Wyatt qui n’avait pas menti et qui n’était pas parti pourtant, mais que tu avais automatiquement mis dans la même catégorie, pour une raison que tu ne cherchais même plus à comprendre. Il n’était pas parti non, mais soudainement il n’était plus là et ça avait été bien trop facile de t’imaginer le pire, de croire que lui aussi, comme son frère et sa sœur avant lui, il avait mis les voiles, abandonné la partie à la recherche de mieux ou tu ne sais pas quoi, comme si ce qu’il y avait à Brisbane, ou ce qu’il y restait plutôt ne saurait réellement suffire.
Le plan de base était d’emprunter d’Albane pour te rendre à Byron Bay, ton tas de ferraille ayant pratiquement rendu l’âme il y a quelques semaines de ça. Si tu pouvais encore t’en servir pour de petits déplacements, tu n’avais pas le moindrement confiance que ta voiture saurait se rendre jusqu’à destination. Destination que tu devinais sans jamais être certaine que tu le retrouverais bel et bien là-bas. Alors évidemment, demander à la française avait été ton premier réflexe, elle qui s’assumait trop bonne, souvent un peu trop conne, tu ne pensais pas que ce serait une tâche bien difficile de réussir à lui faire dire oui. Tu n’avais pas prévu toutefois qu’elle se joigne plutôt à toi, allant même jusqu’à refuser de te laisser conduire sous prétexte que tu pouvais être dangereuse (à peine.) La route s’était faite sous un silence particulier, et si la Dumas avait choisi l’hôtel où vous alliez passer la nuit, tu ne pris même pas la peine de la découvrir avant de t’éclipser, la laissant derrière pour prendre un chemin que tu connaissais par cœur à force de l’avoir pris de maintes et maintes fois par le passé.
Si l’entrée de la plage est bondée de touristes en tout genre, il te faut parcourir plusieurs mètres avant de retrouver un coin complètement reclus de l’endroit, de ceux qui sont majoritairement inconnus par les touristes, même pas certains habitants du coin vu les différents obstacles qu’il faut enjamber pour y parvenir. Mais toi, tu sais exactement où mettre les pieds, de quelle façon monter les différents rochers pour retrouver ce coin silencieux où seul le bruit des vagues se fait entendre. Ce coin de la plage serait complètement désert, si ce n’est pour cette silhouette que tu reconnais sans même avoir besoin de t’approcher. « T’es pas si difficile à deviner, tu sais? » que tu lances d’une voix forte, pour témoigner de ta présence alors que tu enlèves finalement tes souliers pour laisser tes pieds s’enfoncer dans le sable encore chaud, malgré le fait que le soleil se prépare à disparaître complètement en cette fin de journée. Tu sais que votre dernière conversation remonte, qu’elle ne s’est pas exactement bien terminée non plus, tu sais aussi que tu devrais peut-être lui dire quelque chose qui s’apparente à je suis désolée, des mots qui pourtant ne font pas partis de ton vocabulaire, chose qui ne saurait l’étonner après tout. Tu te contentes plutôt de ne pas lui lancer toutes les piques qui te sont venus à l’esprit quand tu t’es retrouvée comme une conne à son appartement duquel il était tout simplement absent, tu vas même jusqu’à lui offrir un semblant de sourire lorsque vous êtes assez près l’un de l’autre pour vous voir pleinement. « Tu te souviens la dernière fois qu’on est venus ici? » Ça remonte à presque un an déjà. Après qu’Ariane soit partie, la première fois. Quand vous aviez compris qu’elle ne reviendrait pas. Elle vous avait fait mentir, la salope, seulement pour mieux disparaître à nouveau. Mais quelque chose te dit que cette fois, ce n’est pas le fantôme de sa sœur que Wyatt est venu fuir en venant se réfugier dans le coin. « Qu’est-ce que tu fais là? » que tu demandes, sans préambule et sans passer par quatre chemins, te laissant tomber dans le sable, juste à côté de lui. |
| | | | (#)Mar 12 Juil 2022 - 20:15 | |
| À mes pieds, le feu crépite doucement, les légères flammes venant se marier à la perfection à la palette de couleur qui anime le ciel au-dessus de l’Océan. L’air est frais, j’aurais probablement dû enfiler un jean avant de m’aventurer sur la plage, mais l’idée de traverser à nouveau la foule de touriste venu admirer le coucher du soleil me rebute au point de rester bien assis sur mon bout de bois flotté. De la poche de mon sweatshirt, je tire mon paquet de cigarettes à moitié vide, ce n’est toujours pas aujourd’hui que je vais réduire ma consommation. Le geste se confine plus à un mauvais tic obsessionnel qu’une réelle nécessité, mais fumer me permet de garder l’esprit clair, de garder la tête hors de l’eau au milieu de cette tempête qui gronde. Lentement, je fais tourner mon poignet, fatigué d’avoir passé la journée à coucher des maux sur le papier. La boîte de Pandore s’est déverrouillée sans prévenir, au détour d’une dispute au départ si futile. Depuis, je vomis tous mes traumatismes du passé sur les lignes troubles des feuilles volantes que j’ai pu amasser. Une lettre puis une autre, pour Ariane, puis ma mère. Pour la sœur qui a trop tiré sur la corde, pour la mère qui n’a jamais trop su prendre son véritable rôle, pour le frère que je n’ai jamais compris. Puis il y a le début de ce que j’ai écrit à Leo sans jamais finir et la première phrase d’une lettre que je ne sais encore comment formuler pour celle qui compte le plus dans cet exercice que je me suis imposé. Je ne partirais pas d’ici tant que je n’aurais pas terminé. Je me suis juré d’arrêter de fuir, sans trop savoir comment prendre le problème à bras-le-corps. J’essaye à ma façon, de manière maladroite, en m’enfermant dans mon silence sans jamais complètement coupé le lien.
Mon mal de crâne se réveille au rythme des vagues qui viennent s’écraser contre les rochers. Dans mon dos, le sable s’agite, animer par les pas déterminer d’une demoiselle que je n’attendais plus vraiment. « T’es pas si difficile à deviner, tu sais ? » - « Qui a dit que je me cachais ? » Je n’ai pas voulu fuir pour disparaître, j’ai choisi de prendre un pas d’écart pour avoir une meilleure vision d’ensemble sur le bordel que j’ai moi-même créer en jouant à l’autruche trop longtemps. Sans me déplacer, je lève les yeux vers ma cousine qui se bat avec ses cheveux et le vent. Je devine un sourire sur ses lèvres lorsque je m’attendais à recevoir toutes les insultes du monde. J’ai longtemps pensé qu’elle ne reviendrait pas, que notre dernière conversation avait sonner le glas de tout ce que je pouvais accepter et de tout ce qu’elle ne voulait plus donner. Elle fulmine de rage et de colère silencieuse la gamine, je peux la sentir vibrer à mes côtés, mais le silence s’étire étrangement sans qu’elle ne m’attaque avec force. « Tu te souviens la dernière fois qu’on est venus ici? » Ariane venait de se tirer et j’en voulais à la terre entière. Je l’avais emmené elle, parce que j’avais besoin d’une présence et qu’il n’y avait que Leo pour comprendre. Aussi, parce que l’on s’était éloigné et que je pensais pouvoir encore rattraper les choses avec une escapade et quelques cigarettes. Mon regard se tourne vers elle tandis que je ramène mes genoux contre mon torse. Beaucoup de choses ont changé depuis et je ne sais plus vraiment comment l’aborder la blonde. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Je ne fuis plus. Enfin, je crois. Je voudrais dire que je suis venu déposer mes bagages, que j’avais besoin de faire table rase avant de retrouver ma vie et ma famille. Mais les mots ne viennent pas vraiment et je repense à ce début de lettre que j’ai écrit pour elle. « Tu veux savoir pourquoi j’ai fait de la prison ? » C’est ce qu’elle m’a toujours reproché, cet abandon injustifié, celui que je ne lui ai jamais clairement expliqué. Il serait peut-être temps que l’on en parle. |
| | | | (#)Dim 4 Sep 2022 - 13:42 | |
| if no one will listen Prendre du recul et voir les choses pour ce qu’elles sont n’a jamais été l’une de tes spécialités. Tu es impulsive, tu n’aimes pas perdre de temps à te poser mille et une questions avant de faire exactement ce dont tu as envie et tu te soucies généralement très peu des conséquences que peuvent avoir tes actions. Mais pendant cette route silencieuse, assise à côté d’Albane, tu avais été contrainte de réfléchir encore et encore à tout ce qui semblait t’échapper depuis le début de l’année. Ce n’était pas nouveau que tu enchaînes les mauvaises décisions, mais c’était bien la première fois que tu avais l’impression que tout ton monde, les quelques rares personnes qui te servaient d’ancrage, te filent entre les doigts pour cause de caractère trop explosif. Était-ce réellement ça? Tu n’en étais même plus certaine. La discussion au café avec Wyatt se faisait de plus en plus flou dans ton esprit plus les mois filaient, et le silence radio entre vous depuis était bien trop lourd pour que tu ne veuilles pas au moins tenter de réparer la donne. Pour ça non plus, tu n’étais pas la plus douée. Lever le drapeau blanc, t’excuser pour des paroles lancées spécifiquement dans le but de faire mal, qu’importe si tu les pensais ou non, ça n’avait jamais été facile ni confortable pour toi et ça, Wyatt le savait pertinemment. Allait-il te forcer à dire des mots que lui-même connaissait si peu? Allait-il t’offrir cette rancune des plus tenaces qu’il savait tenir à autrui, mais qui ne t’avait jamais été adressé avant aujourd’hui? Les questions s’enchaînent sans réponse et tu le détestes, le silence qui règne dans la voiture, quand il n’y a rien pour alourdir ou faire taire les voix dans ta tête, mais chaque fois que tu tournes la tête vers Albane, tu sais que le mieux que tu puisses faire en ce moment, c’est rester silencieuse.
Tu n'as pas grand-chose à dire d’ailleurs quand tu arrives sur ce coin reclus de la plage, où tu retrouves ton cousin sans trop de difficulté. Il n’y a pas d’attaque verbale dès les premières secondes cette fois, il n’y a que le bruit du vent et de la mer qui résonne en écho alors que tu viens t’installer près de lui, laissant le temps faire les choses. « Qui a dit que je me cachais? » Personne, techniquement. C’est seulement ce que tu as assumé, de le savoir ici seul et loin de sa nouvelle famille, celle dans laquelle tu peines à imaginer ta place. « Pourquoi t’es tout seul, si tu te caches pas? » Tu le connais assez pour savoir qu’il y a sûrement eu un élément déclencheur qui l’a mené jusqu’ici, à cet endroit particulier qui a connu vos colères incessantes, mais qui vous a aussi redonné un sentiment de liberté et de légèreté, après avoir tendu toute votre haine à l’océan devant vous. Le silence persiste, même si tu sais qu’il se souvient aussi bien que toi de votre dernier moment ensemble ici. Avant que tu ne foutes le feu à tout et tout le monde dans une rage de vivre qui te consumait encore tout entière. « Tu veux savoir pourquoi j’ai fait de la prison? » De toutes les choses qu’il pouvait te demander ce soir, tu ne t’attendais certainement pas à celle-là. Tu fronces légèrement les sourcils, incapable de répondre pendant quelques secondes alors que la question se fait un chemin dans ta tête. Bien sûr que tu veux savoir, c’était à l’époque la cause première de toutes tes crises de colère, quand tu avais eu l’impression d’être laissée derrière par ta famille par ce secret que tout le monde connaissait, sauf toi. « T’as jamais voulu me dire. » C’est une évidence qui n’a pas besoin d’être redite, et pourtant, ça a toute son importance. « Pourquoi maintenant? » Qu’est-ce qui a changé? Tu échappes un léger soupir, tourne ton regard vers les vagues qui remontent peu à peu contre le sable. « Je veux savoir, oui. » Qu’importe le raisonnement derrière, c’est une part d’ombre sur laquelle tu aimerais vraiment pouvoir mettre un peu de lumière. |
| | | | (#)Sam 17 Sep 2022 - 23:57 | |
| « Pourquoi t’es tout seul, si tu te caches pas? » La question à cent dollars. La seule dont la réponse l’importe réellement, elle qui sait, elle qui connaît le lieu et les souvenirs qui s’y apparentent. Pourquoi venir ici si je n’avais absolument rien à cacher au reste du monde. Elle m’énerve la blonde quand elle prétend tout savoir et tout comprendre. « J’avais besoin d’être seul. » Loin du monde, sans que l’on ne vienne s’interposer dans mes pensées, sans interruption à part celle que j’ai pu autoriser. Donc la sienne, parmi tous ceux que j’aurais pu inviter à me rejoindre, elle est la seule en avoir obtenu le réel honneur. Mais est-ce qu’elle va le voir cela ? Elle qui n’a eu de cesser de s’éloigner ou de multiplier les reproches sans jamais prendre le temps de voir l’image au complet. Au moins, elle s’assoit sans râler, sans s’empresser de me lancer un pique. On pourrait presque croire à une amélioration ou ne serait-ce qu’une accalmie qui se veut nécessaire.
Pendant un instant, il ne reste que le bruit des vagues qui viennent se fracasser non loin de nos pieds, ne laissant que la trace de l’écume en souvenir. Leo gigote, incapable de tenir en place, jusqu’à ce que j’en vienne à la véritable raison de sa présence sur cette plage. Ce n’était pas simplement pour avoir un peu de compagnie, ce n’était pas dans l’idée de lui faire des reproches, mais bien plus dans la volonté de vouloir mettre les choses à plat, une bonne fois pour toutes. « T’as jamais voulu me dire. » J’ai longtemps refusé pour des raisons qui me semblent si vagues désormais. Je pensais bien faire en la tenant éloigner de tout cela, en cherchant à la protéger de tout sans jamais en avoir réellement le droit. « Pourquoi maintenant? » Il faut forcément qu’elle s’attache au pourquoi, jamais elle ne prendra la vérité sans vouloir en connaître l’idée de base, le désir de partage qui a soudainement émergé dans un coin de mes pensées. « Paraît que t’es plus une gamine. » que je marmonne en haussant les épaules. Elle passe son temps à me le répéter, qu’elle n’est pas une enfant, que je dois la laisser faire ses propres choix sans intervenir, sans me mêler de quoi que ce soit. Ma volonté réside plus dans le fait de vouloir gagner à nouveau sa confiance. Avec cette confession, il n’existera plus de secret entre nous, de mon côté en tout cas. Elle aura gagné un rang qui aura longtemps appartenu à Ariane. « Je veux savoir, oui. » Un instant, mon regard se tourne vers ma cousine, la gamine qui n’est plus, la jeune femme qui se cherche constamment, probablement retenue par tout ce que l’on ne lui a jamais dit. « Je me suis dénoncé à la place d’Ariane. » que je murmure juste assez fort pour qu’elle puisse m’entendre au-dessus du vrombissement des vagues. « Un de ses ex était obsédé par elle, un soir, il nous a suivies dans une ruelle. » Je soupire en repensant au déroulement de cette stupide soirée. « Le ton est monté, l’abrutit avait un flingue qu’il a pointé sur moi en pensant avoir des couilles. » Je sais pas ce qu’il pensait, mais je me souviens juste de l’avoir désarmé avant qu’il ne commence à m’étrangler. Puis le bruit de la détonation, la balle qui effleure mon oreille et qui vient se planter dans sa clavicule. « Quand je l’ai désarmé, il a commencé à m’étrangler… Ariane a tiré. » De la manière la plus stupide qui soit. « Elle l’a juste atteint à l’épaule, mais… Je crois que ça a endommagé un nerf, enfin je sais plus vraiment. » On m’avait raconté tout cela lors du procès, mais j’avais passé mon temps le regard vriller sur Ariane, lui interdisant de dire quoi que ce soit. J’étais prêt à tout pour la protéger. « Personne n’a jamais su qu’elle était là. » Le connard n’avait étrangement rien dit. « Je me suis fait arrêter avec l’arme entre les mains et de la drogue dans les poches. » Je me demande encore comment j’ai pu m’en sortir avec seulement dix mois d’emprisonnement. « Je voulais juste la protéger. » Et on voit ce que cela a donné… Elle qui a complètement disparu de nos vies telle la garce qu’elle est devenue. « À l’époque, tu faisais tout pour me ressembler. » Et encore le mot est faible. « J’ai préféré que tu m’en veuilles plutôt que te donner des idées stupides. » Parce qu’à la fin de la journée, quoiqu’il arrive, j’ai toujours tout fait pour protéger ma famille sans que personne n’en prenne réellement conscience. |
| | | | (#)Dim 2 Oct 2022 - 10:40 | |
| if no one will listen « J’avais besoin d’être seul. » C’est un sentiment que tu ne comprends pas vraiment, ce besoin de solitude quand toi, tu cherches constamment une connexion, même si tu n’as jamais su t’y prendre de la bonne façon. Tu t’accroches ici et là à des gens qui passent temporairement dans ta vie, tu prends et tu repousses, mais tu refuses de te retrouver seule, tu refuses de te retrouver prisonnière de tes propres pensées, obligée de faire le ménage dans tes actions et les conséquences de ces dernières. Tu te demandes ce qu’il pouvait bien chercher, ce qu’il avait besoin de faire par lui-même, mais peut-être que tu le sais plus que tu ne veux l’admettre. Peut-être que si tu t’autorisais ce genre d’introspection une fois de temps en temps, tu réaliserais que parfois, il faut prendre le temps de gérer tout ce qui se passe autour, s’arrêter une seconde avant de continuer à prendre de mauvaises décisions. Mais le savoir et l’acter sont deux choses complètement différentes, et tu préfères prétendre que tu ne sais pas, que tu ne comprends pas plutôt que de risquer une conversation pour laquelle tu ne te sens pas prête, pour laquelle tu ne te sens pas capable. Tu es ici pour lui, pour tenter de réparer ce que tu as brisé la dernière fois, mais tu es un peu ici pour toi aussi. Parce que tu as besoin de lui, tu as besoin de sa présence dans ton quotidien pour t’empêcher de dérailler trop fort, trop loin. Pour ne pas perdre la carte plus que ce n’est déjà le cas. Tu ne pensais pas que la première chose qu’il mettrait sur la table est cette arrestation qui date de plus de dix ans, celle pour laquelle tu n’avais jamais eu droit à des explications claires et précises. « Paraît que t’es plus une gamine. » « J’ai jamais été une gamine. » C’est en partie vrai, mais aussi complètement faux. Enfant forcé de grandir trop vite à cause de la maladie de sa mère, mais constamment traiter comme un bébé trop gâté par sa tante et ses cousins pour réellement apprendre la valeur de quoique ce soit. Ce n’est pas ce qui compte le plus de toute façon, quand tout ce que tu veux vraiment, c’est enfin connaître la vérité.
« Je me suis dénoncée à la place d’Ariane. » Tu ne devrais pas être surprise d’entendre le prénom de sa sœur, mais c’est tout de même le cas. De tous les scénarios que tu as pu te créer pendant ces années de secrets et de silences, tu n’as jamais imaginé qu’il aurait pu prendre un blâme qui ne lui appartient pas, pour un crime qu’il n’a pas commis. « Un de ses ex était obsédé par elle, un soir, il nous a suivi dans une ruelle. Le ton est monté, l’abrutit avait un flingue qu’il a pointé sur moi en pensant avoir des couilles. » Et après on se demande d’où te vient ton penchant pour les conneries. Tu écoutes tout de même attentivement, retenant tout commentaire et toute réaction, ton regard qui passe du visage de ton cousin jusqu’aux vagues, et vice versa. « Quand je l’ai désarmé, il a commencé à m’étrangler… Ariane a tiré. Elle l’a juste atteint à l’épaule, mais… Je crois que ça a endommagé un nerf, enfin je sais plus vraiment. » Qu’importe ce que ça a pu bien faire à l’autre mec, tant tout ce que tu veux savoir toi, c’est pourquoi il a pris le blâme à sa place à elle. Ariane est une grande fille, pourquoi se faire chier avec une année en prison pour elle, alors que clairement, elle n’a jamais su lui rendre la pareille, probablement qu’elle n’aurait même jamais cherché à le faire? « Personne n’a jamais su qu’elle était là. Je me suis fait arrêter avec l’arme entre les mains et de la drogue dans les poches. » « T’es trop con. » Ce sont les premiers mots que tu lui offres, avec un rire d’incrédulité qui s’échappe de tes lèvres au même moment que tu hoches la tête. Toutes ces années à t’exclure pour ça? Tu peux comprendre quand c’est arrivé, tu n’avais même pas vingt ans encore, mais il s’en est passé des choses depuis, il en a des occasions de te le dire. Des occasions qu’il n’a jamais prises jusqu’à aujourd’hui. « T’aurais au moins pu lui refiler la drogue. » que tu ajoutes sur un ton de moquerie, comme si c’était là la plus grosse erreur qu’il avait commis cette nuit-là. « Je voulais juste la protéger. » « La protéger de quoi? C’est elle qui a tiré. » C’est elle qui avait l’habitude de s’entourer de gens pas fréquentables. Elle qui a jugé que de tirer l’idiot cette nuit-là était la meilleure façon de l’empêcher d’étrangler son frère. « C’est parce qu’elle t’a sauvé la vie? » que tu demandes ensuite, plantant ton regard dans celui de Wyatt. Est-ce que c’est pour ça qu’il se sentait redevable, qu’il aurait fait n’importe quoi pour elle? Ou bien est-ce seulement que tu n’as pas encore compris les extrêmes auxquels Wyatt est capable de s’adonner pour vous protéger, tous les trois? « À l’époque, tu faisais tout pour me ressembler. » Tu voulais être comme lui, comme Ariane aussi. Ton monde était en train de chavirer de la pire des façons et perdre l’un de tes repères avaient été particulièrement difficile. « J’avais besoin de toi. » Pas de son silence, pas de ses mensonges. De lui, peu importe ce que ça voulait dire. « J’ai préféré que tu m’en veuilles plutôt que de te donner des idées stupides. » « Tu penses vraiment que j’ai besoin de toi pour avoir des idées stupides? » que tu rétorques aussitôt, un peu plus amer que tu ne voulais véritablement l’être. « Ma mère était mourante, Ariane voulait rien me dire, tu refusais de me parler. Tu penses que je me sentais comment moi, pendant tout ce temps-là? » Tu ne le regardes plus maintenant, les yeux visés sur l’océan. Tu te mords l’intérieur des joues pour t’empêcher de devenir trop émotive. « J’avais plus personne. Ça m’a pas empêché de faire des conneries. Au contraire. » Et encore aujourd’hui, on ne peut pas vraiment dire que tu aies appris ta leçon. |
| | | | (#)Dim 9 Oct 2022 - 13:59 | |
| « T’es trop con. » Rien de nouveau sous le soleil. Ce n’est pas comme si elle passait son temps à me le rappeler simplement à la manière dont elle a de rouler des yeux dès que je tente d’avoir une conversation un tant soit peu sérieuse avec elle. Eleonora est le parfait mélange de tout ce qui fait le caractère imbuvable des Parker, comme si elle avait passé son enfance à liste les pires défauts de chacun afin de créer sa propre carapace. Bien sûr, qu’elle allait trouver cela idiot. « T’aurais au moins pu lui refiler la drogue. » Et assurément, elle ne peut s’empêcher d’y aller de son petit conseil, comme si elle avait vécu toutes les situations, capable de prédire le meilleur résultat. « J’aurais pu faire bien des choses. » que je souffle sans jamais lui adresser un regard. J’aurais pu m’en aller en même temps que les gamins, utiliser la menace ou tout simplement me débarrasser de l’élément perturbateur. Cette nuit-là, des dizaines de scénarios différents auraient pu amener à une conclusion bien moins dramatique ou plus avantageuse à mon égard. Ce n’est que l’expérience des années qui parlent, le résultat d’heures passées à tout ressasser et la sagesse de celui qui a fini par connaître pire encore. Ce jour-là, j’ai agi avec l’instinct de celui qui ne pouvait faire mieux que cela. « La protéger de quoi ? C’est elle qui a tiré. » Mon regard se tourne vers Eleonora, elle qui m’offre son meilleur jugement sans prendre en compte l’ensemble de la situation. « C’est parce qu’elle t’a sauvé la vie? » Un éclat de rire m’échappe à trop vouloir chercher une vérité qui lui paraît plausible, elle ne prend même pas en compte ce qui fait pourtant partie de sa vie depuis le tout premier jour. « T’as toujours pas compris hein ? » Elle comme les deux autres. À croire que je bataille dans le vent, que je m’essouffle sans que jamais l’un d’entre eux ne réalise que si les répercussions tombent loin de leur pomme ce n’est pas parce qu’ils ont été touchés par la chance le jour de leur naissance. « Un jour, peut-être vous finirez par comprendre tout ce que j’ai fait pour vous. » Comment j’ai pris le blâme pour ne pas briser Arianne encore plus, comment j’ai sauvé mon frère en limitant les dégâts sur sa carrière ou comment j’ai passé toute mon adolescence à m’assurer que Leo ne manquerait jamais de rien. « Et tout ce que je serais encore prêt à faire pour toi. » Pour elle uniquement désormais, quand Ariane à décider de mener sa barque seule et que je n’ai pas eu des nouvelles du petit dernier depuis bien trop longtemps. Pour elle et pour Gabriel désormais.
« J’avais besoin de toi. » L’affirmation sans détour m’arrache un frisson. Je n’avais pas su le comprendre à l’époque, aveugler par l’idée même de mettre le bien-être d’Ariane au premier rang. « Tu penses vraiment que j’ai besoin de toi pour avoir des idées stupides? » - « Non… » Mais à l’époque probablement que oui. Tout était différent à ce moment-là, elle ne faisait que des idioties d’ado, rien qui n’aurait pu m’alarmer. Je n’avais pas su lire entre les lignes, très clairement. « Ma mère était mourante, Ariane voulait rien me dire, tu refusais de me parler. Tu penses que je me sentais comment moi, pendant tout ce temps-là? » Jamais elle ne m’en avait dit autant. Assez pour me reprendre en plein visage les erreurs que j’ai pu accumuler à cette époque. Tout semble se répercuter d’un seul coup, quand elle refuse de me regarder et que je peux ressentir tout ce qu’elle n’a jamais oser laisser sortir auparavant. Elle cherche à conserver la distance, mais je ne vois que ses barrières qui s’écroulent le temps d’un instant pour laisser entrevoir la gamine qui avait tout perdu d’un seul coup, sans jamais avoir le droit de comprendre. Lentement, je me rapproche d’elle jusqu’à laisser glisser ma main dans son dos. « J’avais plus personne. Ça m’a pas empêché de faire des conneries. Au contraire. » Ce n’est pas dans nos habitudes que d’avoir recours à nos mots sans agression ou même de s’accorder une quelconque étreinte, mais parfois, c’est tout ce dont une personne à besoin. « Je suis désolé kiddo. » Avec douceur, je viens déposer mes lèvres contre sa tempe, resserrant mon étreinte autour de sa silhouette. À défaut de pouvoir m’exprimer autrement, je tente maladroitement de diffuser toutes mes excuses dans cette étreinte dure encore un peu.
Désormais, il me reste une chose à venir graver de manière permanente dans le fond de son crâne. Pour cela, je ne bouge pas d’un iota sans jamais la forcer à rester près de moi. J’ai juste besoin qu’elle m’entende, vraiment. « Leo écoute moi. » Juste une fois, sans sarcasme, sans détour derrière une carapace. « Personne ne prendra jamais ta place. » Je suis déjà préparé à l’entendre ricaner, à utiliser la moquerie pour détourner l’attention, mais juste un instant, je resserre mon étreinte sur son épaule. « Que je sois devenu père, ça ne change rien. » Gabriel est devenu ma première priorité et je pense qu’elle l’a déjà parfaitement assimilé, mais cela ne veut pas dire que je vais me débarrasser d’elle désormais. « Je te demanderais pas d’apprécier Rosalie, mais qu’importe ce que tu penses d’elle ou ce qu’elle pense de toi, si t’as besoin de moi, je serais là. » Si un jour elle a besoin d’un toit, ma porte lui sera toujours grande ouverte. Si elle m’appelle en pleine nuit pour cacher un corps, je répondrai sans même hésiter une seule seconde. Je veux qu’elle le comprenne. « T’as compris ? »
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| | | | (#)Mer 2 Nov 2022 - 8:19 | |
| if no one will listen « J’aurais pu faire bien des choses. » Et ça, ça ne s’applique pas seulement au moment où il s’est fait arrêter, tu sais le lire entre les lignes. Tu imagines qu’avec les années qui ont filé depuis, les longs mois qu’il a dû passer derrière les barreaux, il a eu le temps de se réécrire ce soir-là par centaine dans sa tête, et ses réactions depuis aussi. Qu’est-ce qu’il changerait, s’il le pouvait? Est-ce qu’il te le dirait plus tôt, si tout était à refaire? Tu pourrais poser la question, mais la réponse n’a que peu d’intérêt puisque vous ne pouvez rien changer. Tu cherches tout de même à comprendre pourquoi il s’est mis dans cette position, comme si un geste d’une telle charité ne pouvait pas faire de sens dans ta tête. Peut-être que c’est ton tempérament purement égoïste qui t’empêche de voir ce qui est pourtant une évidence depuis que tu es toute jeune. « T’as toujours pas compris hein? » Tu fronces les sourcils, hausses les épaules, en attente d’une explication qui ferait peut-être plus de sens à tes yeux. « Un jour, peut-être que vous finirez par comprendre tout ce que j’ai fait pour vous. » Si ton premier instinct, celui qui est dicté par impulsivité et narcissisme, envisage de lui demander ce qu’il a fait de si grand pour toi, ta conscience te rappelle que tu n’aurais rien, si ce n’était pas de lui. Que si ce n’était pas de son aide à de nombreux moments de ton adolescence, tu aurais facilement pu finir en famille d’accueil, ta mère bien incapable de s’occuper de toi et ta tante peinant à joindre les deux bouts malgré toutes ces bonnes intentions. Tu lui dois beaucoup, beaucoup plus que de simples excuses que tu peines pourtant à prononcer et tu sais que tu n’es pas la seule qu’il a gardé à flot à de nombreuses occasions, sans jamais recevoir la moindre appréciation de la part de son frère ou de sa sœur non plus. « Et tout ce que je serais encore prêt à faire pour toi. » « Oui, j’ai compris. » Ce n’est pas grand-chose, ce n’est certainement pas assez pour lui faire comprendre la reconnaissance que tu ressens pourtant pour sa présence dans ta vie, pour cet ancrage qu’il a toujours su être, mais c’est le début de quelque chose. C’est ta façon de lui faire comprendre que tu as envie de laisser vos différends derrière, que tu n’as pas envie que les mois s’étirent à nouveau dans un silence qui ne vous ressemble pas. « Je sais que t’aurais pu lâcher prise avec moi aussi plusieurs fois… » Tu lui en as donné à la tonne, des raisons de le faire après tout. Mais il est là et pour la première fois depuis bien trop longtemps, vous vous permettez enfin d’être honnêtes sans chercher à faire mal à l’autre.
« Non… » Et si l’honnêteté de Wyatt se décèle sous les raisons qui ont amené à son incarcération, ton honnêteté elle se joue sur ce que tu as réellement ressenti lorsque tu t’es retrouvée toute seule dans le flou entourant cet évènement, ce sentiment creux d’abandon qui en avait découlé et qui ne t’avait jamais quitté depuis. Lui admettre tout cela sans colère, sans méchanceté, ça fait encore plus mal que de constamment se crier des bêtises, mais le genre de mal qui laisse entendre que les blessures sont finalement en train de guérir, de cicatriser une bonne fois pour toute. Il s’approche, passe une main dans ton dos dans une étreinte qui ne vous ait pas familière mais qui fait terriblement du bien, dans l’instant. La confirmation qu’il est là, qu’il ne t’a pas abandonné, qu’il ne t’abandonnera pas non plus. « Je suis désolé kiddo. » Tu laisses ta tête tomber contre lui légèrement, telle une gamine qui trouve enfin le confort auprès de celui qui demeurera à jamais la seule et unique présence paternelle dans ton univers. Tu nieras toute part de tendresse de ta part si jamais ce moment venait à être dévoiler de manière publique, mais sous la lumière de la lune, avec comme seul bruit de fond les vagues qui montent contre la marée, tu te permets de guérir la petite fille en toi à l’aide de ce moment si particulier.
« Leo écoute moi. » Tu lèves légèrement la tête pour croiser son regard, sans jamais te défaire de son étreinte. « Personne ne prendra jamais ta place. » Si tu as envie de le croire, il y a tout de même cette petite voix dans ta tête qui te rappelle qu’il a sa nouvelle famille, lui. Son fils, Rosalie qu’importe le rôle qu’elle joue auprès de lui et ça, ça te fait peur, plus que tu n’es en mesure de l’admettre. « Que je sois devenu père, ça ne change rien. » Tu n’as jamais eu besoin de le dire à voix haute pour qu’il sache, toutefois. « Tu sais bien que oui. » Ils auront toujours la priorité, et c’est sûrement comme ça que ça doit être, même si pour toi, ça vient nécessairement créer un vide dans ton univers. « J’veux dire, c’est normal que ça change. J’peux pas être la gamine que tu sauves éternellement. » Il faut que tu vieillisses éventuellement, toi aussi. « Si ton fils est moindrement comme toi, t’auras de quoi t’occuper bien assez vite. » Il y a un sourire sur ton visage, un rire qui s’échappe de tes lèvres, comme si tu essayais d’alléger le moment. De lui faire comprendre que même si c’est toujours aussi étrange de le voir comme étant le père de quelqu’un, tu ne seras pas éternellement jalouse de l’existence de Gabriel. « Je te demanderais pas d’apprécier Rosalie, mais qu’importe ce que tu penses d’elle ou ce qu’elle pense de toi, si t’as besoin de moi, je serais là. » Tu ne peux t’empêcher d’échapper un ricanement à la mention de la Craine. Tu ne l’as jamais apprécié, la réciproque est tout aussi vrai et tu ne vois pas le jour où cela changera, mais tu n’as d’autres choix que d’accepter le fait qu’elle est la mère de son fils et qu’elle n’est pas près de s’éclipser de sa vie à nouveau. « T’as compris? » « Bien sûr, j’suis pas conne. » que tu réponds avec ton habituelle insolence avant qu’un nouveau rire s’échappe de tes lèvres et que tu niches ta tête contre lui encore quelques secondes avant de finalement te distancer un peu. « Alors tu vas me dire ce qui t’as emmené ici? » que tu lui redemandes, réalisant que tu n'avais pas vraiment eu une réponse précise la première fois. « T’as quand même pas fait tout ce chemin pour ressasser de vieilles histoires. » Ou peut-être que oui, tu n’es pas certaine de ce qu’il cherchait vraiment, avec ce besoin de solitude. Tu cherches seulement à comprendre pourquoi il est ici tout seul, sans Gabriel et Rosalie. |
| | | | (#)Mar 29 Nov 2022 - 21:38 | |
| Entre nous, cela n’a jamais été monnaie courante que de se parler sans hurler ou sans déguiser la moindre des paroles en un reproche cinglant. Leo a toujours eu un esprit de confrontation, à vouloir avoir le dernier mot, tout en jurant qu’elle n’avait besoin de personne dans sa vie. J’ai longtemps laissé glisser parce que sa mère allait mal, puis elle est devenue orpheline et après, il y a encore eu toutes les épreuves de la vie. Jamais je n’ai demandé un merci ou la moindre reconnaissance, parce qu’elle est ma cousine et qu’elle avait besoin de moi, même lorsqu’elle ne voulait pas l’admettre. Il est pourtant bon de lâcher un peu les barrières pour se dire les choses autrement. « Je sais que t’aurais pu lâcher prise avec moi aussi plusieurs fois… » J’aurais pu faire bien des choses avec elle. Dire à ma mère de gérer sa nièce, lui rappeler que l’on galérait déjà assez à trois et que l’on avait pas besoin d’une autre bouche à nourrir, j’aurais pu jouer l’adolescent ingrat qui ne voulait pas de sa cousine dans ses pattes, mais jamais cela ne m’a traverser l’esprit. Pas une seule fois, même quand elle s’entêtait à me rappeler que je n’étais que son cousin et que je n’avais rien droit le dire dans la façon qu’elle avait de s’habiller, les gens qu’elle fréquentait ou encore les notes qu’elle pouvait ramener de l’école. « Et je l’ai jamais fait. » que j’affirme dans un murmure comme pour lui rappeler que malgré tout, j’étais resté à ses côtés.
On a eu nos erreurs, tous les deux. Quand elle était en pleine crise d’identité ou encore lorsque je lui ai caché la raison de mon emprisonnement. Je pensais bien faire et je sais reconnaître mes torts même si les années se sont écoulées, il était important de tourner cette page. Elle semblait en avoir besoin Leo, alors qu’elle s’autorise enfin à lâcher prise pour venir se blottir contre moi. J’ai soudainement l’impression de retrouver la gamine qui était venue se réfugier chez nous et qui me demandait de regarder des films avec elle tous les dimanches après-midi. Le silence s’étire pour nous laisser l’occasion de cette parenthèse qui sera niée dès le lever du soleil. Dans une simple étreinte se cache tout ce que l’on ne sait pas dire, les promesses que l’on a toujours tenues et cette relation que l’on ne saurait définir. Je ne suis pas son frère, encore moins son père, mais elle est cette constante dans ma vie, la gamine qui m’a toujours suivi et sur qui j’ai toujours veillé.
J’aimerais qu’elle entende que rien de tout cela ne va changer, qu’importe mon nouveau statut et la vie que cela me fait mener désormais, mais elle est têtue Leo. « Tu sais bien que oui. » - « Non. » Je pourrais me battre durant des heures à ce sujet, mais elle semble en avoir plus à dire et je laisse faire, pour chercher à comprendre. « J’veux dire, c’est normal que ça change. J’peux pas être la gamine que tu sauves éternellement. » - « Et pourquoi pas ? » Qu’elle le veuille ou non, elle sera toujours cette gamine à mes yeux. Qu’elle souhaite l’entendre ou pas, elle reste celle que j’ai protégée en premier, celle pour qui j’ai voulu déplacer des montagnes pour qu’elle ne ressente pas l’absence de sa mère et pour que tout aille bien pour elle. J’ai conscience de m’être foiré à certains endroits, mais cela ne veut pas dire que je vais abandonner pour ma nouvelle famille. « A la fin de la journée, t’es toujours ma gamine Leo. » L’utilisation du possessif est autant un lapsus que la stricte vérité, encore une chose que l’on ne s’est jamais dites, par fierté ou parce que l’on n’a jamais glissé dans l’émotion pour mieux se préserver. « Si ton fils est moindrement comme toi, t’auras de quoi t’occuper bien assez vite. » Un rire m’échappe face à sa comparaison plutôt véridique jusqu’à présent. « Il est bien parti pour être un vrai Parker. » Il n’a même pas encore un an, mais Gabriel sait se faire entendre, il a parfaitement compris comment transmettre son mécontentement et il est déjà un petit malin qui sait comment gagner l’attention de ses parents en un instant. « Il a déjà compris comment manipuler son petit monde t’en fais pas. » Et j’ose espérer qu’un jour, il apprendra d’elle. Je redoute ce moment autant que je le désire avec force. J’aimerais qu’elle trouve sa place dans cette nouvelle dynamique, mais ce n’est jamais simple quand elle s’entête à ne rien vouloir savoir de Rosalie.
« Bien sûr, j’suis pas conne. » - « Alors rentre toi bien ça dans le crâne. » que je souffle en venant taper sa tempe du bout des doigts. Elle s’impatiente la gamine, la discussion a tourné autour d’elle, trop longtemps et je sens déjà qu’elle s’éloigne pour enfiler à nouveau sa carapace. « Alors tu vas me dire ce qui t’a emmené ici? » Le changement de sujet lui est facile et je ne vais pas insister même si je n’ai pas vraiment plus envie qu’elle de parler de ma personne et des raisons de ma présence ici. « T’as quand même pas fait tout ce chemin pour ressasser de vieilles histoires. » - « Quoi t’aime pas passer un moment avec ton vieux cousin ? » Elle était venue me rejoindre après tout, elle devait un peu s’attendre au fait que j’étais venu ici pour réfléchir. On pourrait continuer à plaisanter comme si de rien était, je pourrais l’entraîner dans un bar pour boire un verre et prétendre que l’on avait tout dit, mais cela ne fonctionne pas ainsi. La retenue m’empêche de me lancer tête baissé, parce que Leo va avoir son avis et que je ne suis pas certain de vouloir l’entendre. « On s’est pris la tête avec Rosalie. » Pour changer serait sans doute la première des réactions, mais tout avait sembler si différent cette fois. On avait réussi à se parler et j’ai su dire tout ce qui m’empêchait d’avancer à ses côtés. « Je sais pas la laisser entrer à nouveau. » Je ne lui trouve pas l’accès le plus simple pour la laisser entrer dans ma vie, pour lui donner la place qui, dans le fond, a toujours été la sienne. « Je suis venu ici pour réfléchir. » que je marmonne tandis que mon regard se pose sur les vagues au loin. « Je sais ce que tu vas dire. » que je m’empresse de souligner avant d’ajouter : « Mais j’ai envie de nous donner une chance. » Juste une, parce que je l’aime, même si je ne sais plus le dire. « Et en même temps, j’attends le moment où elle finira par se barrer. » Le comme tous les autres reste silencieux, mais bien présent. Je soupire et commence à gigoter sur place n’ayant jamais pris comme option le fait de me confier à ma cousine. « J’ai plus envie de fuir. » Et pourtant, je suis là, tout seul, à me demander si je peux encore laisser autant de pouvoir à Rosalie, si je peux me montrer aussi vulnérable face à elle. Je passe une main sur mon visage sans trop savoir quoi dire de plus pour tenter d’expliquer ma présence dans ce coin perdu. « C’est le bordel. » Et je tapote ma tempe de mon index. Ça a toujours été le bordel dans ma tête, mais parfois, le bruit se fait bien trop assourdissant. |
| | | | (#)Mar 27 Déc 2022 - 10:23 | |
| if no one will listen Les vérités coulent plus facilement qu’elles ne l’ont jamais fait entre vous, et c’est étrange, cette nouvelle honnêteté que vous vous offrez. Ce n’est pas que vous avez l’habitude de vous mentir ou de changer vos réalités pour alléger les coups, c’est plutôt que vous préférez terrer sous le tapis ce que vous préférez oublier et qu’il est bien plus facile de se parler en insultes que de se dire à quel point on tient à l’autre. Et pourtant, tous les mots qui sont échangés, aussi peu nombreux soient-ils, sont essentiels à cette réparation entre vous deux, après cette cassure des derniers mois, celle qui menaçait de céder depuis longtemps. « Et je l’ai jamais fait. » Et c’est tout ce que tu as besoin d’entendre pour que les barrières cèdent enfin et que tu t’autorises ce moment du vulnérabilité, celle qui ne reviendra pas de sitôt mais qui laissera amplement sa trace pour vous permettre d’avancer sans les secrets et les inconnus qui vous ont suivi jusqu’ici. Et tu sais qu’en ce moment, alors que c’est que vous deux sur cette plage, loin de vos quotidiens et de vos entourages respectifs, c’est facile de croire que rien ne changera, mais tu persistes à dire que oui, les choses sont vouées à changer, qu’importe comment Wyatt perçoit le tout. Tu le sais parce qu’il y a Rosalie et Gabriel, et parce qu’Ariane est partie et qu’elle ne reviendra sûrement jamais et que la dynamique ne sera plus jamais la même, qu’importe toutes les promesses silencieuses que vous pouvez bien vous faire ici ce soir. « Et pourquoi pas? » qu’il répond, quand tu mentionnes ne pas pouvoir être éternellement cette gamine qu’il se doit de sauver. « Parce que j’aimerais arrêter d’avoir besoin d’être sauvée, peut-être. » C’est étrange de l’admettre, toi qui as toujours eu cette mauvaise habitude d’agir bien avant de penser, de te foutre des conséquences de tes actes, d’en avoir rien à battre de l’opinion que les autres pouvaient se faire de toi. C’est encore majoritairement vrai tout ça, mais avec tes pieds nouvellement dans la trentaine, tu as cette envie de ne pas être rien de plus qu’une ratée jusqu’à la fin de tes jours. Est-ce qu’il saura le comprendre, ça? « À la fin de la journée, t’es toujours ma gamine Leo. » Tu baisses le regard à ces mots, pour qu’il ne puisse pas voir ce que ça te fait, de l’entendre te dire de simples mots. Ça fait longtemps, que tu as l’impression d’être la Leo de personne, alors se rappel-là, tu dois avouer qu’il tombe à juste point, qu’importe si désormais, il faut que tu partages son attention avec un petit bonhomme qui semble déjà trop tenir des gènes des Parker. « Il est bien parti pour être un vrai Parker. » Tu n’en doutes pas une seule seconde. « Il a déjà compris comment manipuler son petit monde. » « Et je lui ai rien appris encore. » que tu renchéris, parce qu’ils viendront bien assez vite, les jours où tu lui apprendras exactement quoi dire et quoi faire pour rendre son père complètement fou.
« Alors rentre toi ça dans le crâne. » Il tapote ton crâne et tu grimaces, le moment passé alors que tu cherches sans aucune subtilité à chasser l’attention de sur ta personne. Tu sais que si Wyatt est venu jusqu’ici, c’est que quelque chose – probablement quelqu’un – le chicote et si tu te doutes de qui, tu évites tout commentaire désobligeant, du moins pour le moment. « Quoi t’aimes pas passer un moment avec ton vieux cousin? » « On était dû. » que tu te contentes de répondre, complètement consciente que tu étais la responsable du silence qui s’était étiré entre vous deux. C’est lui toutefois qui fait durer le silence dans le moment, comme s’il était incertain de vouloir te partager ce qui le tourmente. Tu ne peux pas lui en vouloir d’être hésitant après tout, tu es rarement de très bons conseils et tu as souvent des opinions fermés et désagréables quant à la manière dont il vit sa vie depuis plusieurs années, mais promis, tu vas faire un effort. Du moins, c’est ce que ton regard sous-entend alors que tu attends presque patiemment qu’il reprenne la parole. « On s’est pris la tête avec Rosalie. » Ça, tu aurais pu le parier, mais tu te contentes de te mordre l’intérieur de la joue pour ne lâcher dire tout ce qui te passe par la tête. « Je sais pas la laisser entrer à nouveau. » Tu fronces légèrement les sourcils parce que d’un point de vue extérieur, on dirait bien que c’est déjà fait, mais qu’est-ce que tu en sais vraiment au fond? « Je suis venu ici pour réfléchir. Je sais ce que tu vas dire. » « Hey, j’ai rien dit. » que tu te défends alors que tu vois clairement à quel point la situation le rend perplexe. « Mais j’ai envie de nous donner une chance. » « C’est pas déjà ce que tu fais? » que tu lui demandes, toujours aussi confuse. « Elle habite pas chez toi depuis la naissance de Gabriel? » Peut-être que c’est toi qui prends ce qu’il dit trop littéralement, ou peut-être que c’est parce que tu ne comprends pas les subtilités d’une relation aussi sérieuse et aussi compliquée que celle qu’il entretient avec la Craine depuis bien trop longtemps, mais tu avais l’impression qu’elle avait repris sa place auprès de lui depuis plusieurs mois déjà alors de l’entendre encore en douter te surprend, autant que ça te permet d’enfin en comprendre un peu plus. « Et en même temps, j’attends le moment où elle finira par se barrer. » Tu as envie de dire que tout le monde part un jour, mais ce n’est probablement pas ce qu’il a besoin d’entendre alors tu te tais et tu écoutes, pour une rare fois dans ta vie. « J’ai plus envie de fuir. » Et pourtant il est là, sans elle. Une véritable contradiction sur deux pattes celui-là, parfaitement à l’image des Parker. « C’est le bordel. » « No shit. » que tu ne t’empêcher de répondre en échappant un long soupir, tu as pratiquement mal au crâne à tenter de le suivre dans son raisonnement. « Tu sais ce que je pense d’elle et je suis certainement pas la mieux placée pour te donner des conseils, mais… T’as déjà les deux pieds dedans. Ou du moins, c’est l’impression que ça donne. » Tu les as vu aller à quelques reprises, pas longtemps après la naissance de ton filleul, quand tu te permettais encore de squatter chez lui. « Vous habitez ensemble, vous avez un enfant ensemble, vous avez un passé fucking compliqué et t’es encore là. Je sais pas ce qui te retient, mais tout ce que tu fais et ce que tu dis donne l’impression que tu veux d’elle dans ta vie. » Même si toi, tu ne comprendras jamais son choix, mais ça, c’est bien trop peu trop tard pour avoir la moindre incidence désormais. « Y’a personne qui a dit que tu devais être misérable toute ta vie, Wyatt. » Et si c’était ça qui le retenait, la peur d’être heureux un jour? Et si c’était exactement la même chose que tu t’empêchais au quotidien, la peur d’un jour être heureuse, malgré les pertes et les abandons, malgré les conneries, malgré les mauvaises décisions? |
| | | | (#)Mer 18 Jan 2023 - 21:45 | |
| « Parce que j’aimerais arrêter d’avoir besoin d’être sauvée, peut-être. » L’admission résonne comme une nouveauté qu’aucun de nous ne s’attendait à entendre. Pourtant, je comprends où elle se situe. On a passé notre vie à se sauver mutuellement et le sentiment s’avère fatigant désormais, empli d’une sensation de déjà vu que l’on souhaiterait ne plus répéter à toutes les occasions. « Ça ne tient qu’à toi. » que je murmure même si j’ai parfaitement consciente qu’elle pourrait retourner mes mots contre moi. Cela a toujours été ainsi entre nous, fait ce que je dis, mais pas ce que je fais, parce que l’on a toujours été incapable de choisir la voie de la simplicité. Malgré tout ce qu’elle semble pensée, au-delà des distances qu’elle nous impose, je m’entête à affirmer que notre lien ne pourra jamais réellement s’altérer et si cela venait à arriver, il en serait que de sa propre volonté et jamais de la mienne. J’avais perdu ma sœur, il était hors de question que je vois le lien avec ma cousine s’effacer pour des bêtises qui restent évitables. « Et je lui ai rien appris encore. » - « J’aimerais pourtant. » Prenant conscience de mes paroles, je me reprends rapidement. « Enfin, non, va pas lui apprendre des conneries ! » Comme si cela allait réellement la retenir. « Mais j’aimerais qu’il puisse avoir une relation avec toi, un truc juste entre vous. » J’ai conscience qu’il est encore petit et que Léo n’a peut-être pas conscience de tout cela, mais à mes yeux elle est comme la tante de Gabriel et j’aimerais que le lien perdure dans les années. Même si cela sous-entend qu’elle sera la première à le pousser à faire des bêtises, je suis prêt à subir les conséquences si cela veut dire qu’elle sera toujours auprès de nous.
« C’est pas déjà ce que tu fais? » Si je savais que la conversation allait forcément glisser sur la raison de ma présence sur cette plage, je n’avais pas réellement envisagé le fait que Leo s’intéresse au sujet. « Elle habite pas chez toi depuis la naissance de Gabriel? » - « Si. » Vivre sous le même toit, dormir dans le même lit, partager chacune de nos journées, ne m’aide toujours pas pour définir ce que l’on a pu devenir avec Rosalie. Tout me paraît flou, jamais réellement clair et surtout, j’ai conscience que je suis le premier à entretenir ce flou artistique pour ne jamais avoir à donner une décision finale. En somme, je me défile, sans jamais savoir comment définir tout ce qui a pu changer entre nous. « Tu sais ce que je pense d’elle et je suis certainement pas la mieux placée pour te donner des conseils, mais… T’as déjà les deux pieds dedans. Ou du moins, c’est l’impression que ça donne. » Je me retiens d’entrer dans l’éternel débat qui oppose Rosalie et Leo, avec les années, j’ai appris à ne plus m’interposer dans l’idée qu’elles se font de chacune. Je n’aurais jamais le dernier mot sur la question et j’ai conscience que les forcer à se voir n’aidera jamais rien. « Vous habitez ensemble, vous avez un enfant ensemble, vous avez un passé fucking compliqué et t’es encore là. Je sais pas ce qui te retient, mais tout ce que tu fais et ce que tu dis donne l’impression que tu veux d’elle dans ta vie. » Elle vise juste à tous les niveaux, sans jamais tomber dans l’indécence et sans jamais émettre le moindre jugement. Leo étale les faits sans détour et j’ai le cœur qui s’emballe face à un résumé qui paraît aussi simple. « Y’a personne qui a dit que tu devais être misérable toute ta vie, Wyatt. » Si, moi. Je m’étais rendu face à l’évidence un jour et je n’avais jamais changé la trajectoire de mon jugement. « Y’a personne qui a dit que ça pouvait fonctionner, de se laisser aller. » J’ai conscience de toujours me concentrer sur ce qui n’avait pas fonctionner, de me raccrocher à cette vieille rancœur passée, mais c’est bien quelque chose que je n’ai jamais su laisser aller. « J’imagine plus vraiment ma vie sans elle. » Elle saura comprendre Leo que c’est ce qui fait peur, ce qui me retient encore peu, ce sentiment de m’être autant attaché à quelqu’un d’autre au point de prendre m’en rendre dépends.
Et on passera encore une heure, à tout dire, de toutes les façons possibles, sans emprunter le moindre détour. Certains mots seront plus fort que d’autres, certaines vérité plus dures à encaisser, mais à la fin de la soirée, au bout de la nuit, quand je finis par décider d’entraîner ma cousine vers la maison, je sais qu’on a su réparer quelque chose. |
| | | | | | | | (parkers #3) if no one will listen |
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