Toute de Prada vêtue, jusqu'au collier recyclé qu'elle a acheté une petite fortune, Murphy attend au coin de la rue qui mène à ce prestigieux restaurant qu'elle a réservé il y a des semaines. Une table là-bas, ça ne s'obtient pas n'importe comment. Elle est enroulée dans une veste qui doit valoir quinze fois le loyer qu'elle paye vaguement à son logeur du moment. Heureusement qu'il ne l'a pas vue s'éclipser dans son habit de lumière, sinon il aurait certainement demandé des comptes à sa petite fouine de locataire. Trouver un nouveau logement, c'est une chose urgente à laquelle elle ne peut pas déroger. Elle est fatiguée, Murphy, de planquer ses billets sous une latte de plancher comme le faisaient les pinces du siècle dernier. Elle n'a pas confiance aux banques, pas plus qu'elle ne veut confier ses ressources à son nouveau petit ami - le seul, vraiment, à encore la fréquenter assez régulièrement. Non, elle gardera tout pour elle le temps de trouver une solution permanente.

Avant de harceler Seth d'un énième message, Murphy prend, sur le bord de son poing, un peu de la poudre blanche qu'elle trimballe désormais dans un petite tube rose pendu à ses clefs. Quiconque lui demandera ce qu'il contient recevra une réponse toujours plus horrible, allant de "ce sont les cendres de mon chien" à "ce sont les restes de ma grand-mère morte". La cocaïne la rend lucide pour quelques minutes, qu'elle utilise à bon escient : afin de presser celui avec lequel elle a un énième rendez-vous.

« T'es en retard. » Elle se jette pourtant volontiers à son cou, enhardie par la drogue et sourire aux lèvres. « Bonjour, amour de ma vie de mes rêves de mon cœur. » Elle aime le jeu auquel ils jouent depuis quelques jours déjà. Elle s'est habituée à lui inventer des surnoms tous plus ridicules les uns que les autres. Elle s'est accoutumée à ses yeux furibonds, quand elle décrit toutes les infidélités qu'elle fait à leur couple fictif - bien qu'elle ne soit encore jamais allée voir ailleurs. Murphy se plaît simplement à essayer de le pousser à bout, sans jamais vraiment y arriver. Dans la rue, à la vue de tous, elle attrape la main de son petit-ami et le tire en direction du restaurant.

Ils sont rapidement installés par un type qui les dévisage trop au goût de la brune. Le serveur a certainement compris à l'excentricité du manteau de Murphy qu'elle n'est pas riche depuis très longtemps. « On va prendre deux coupes de votre meilleur champagne. Et, hum... Du caviar. Vous avez ça, non ? J'ai vu ça sur instagram. » Ses yeux se plantent doucement dans ceux de Seth, à qui elle offre un sourire - trop - amoureux. « Ce soir tu payes, mon amour ? » « Je laisse Monsieur faire son choix, je reviens vers vous dans un instant. » Lorsque le serveur s'est éloigné, Murphy jette un coup de pied dans les tibias de Seth. « Si t'oublies de me demander en mariage, ils nous fileront pas de trucs gratuits. Je te sucerai dans les toilettes si tu fais tout bien comme il faut. » Ils auront filé avant de passer la porte des sanitaires, juste après que les coupes de champagne ne soient arrivées et que le caviar ne soit servi.

@seth moriarty

Il y a longtemps que t'as pas enfiler ça, un habit du parfait petit gosse de riche, mais pour les demandes de Madame tu pourrais même mettre un tutu si ça lui ferait plaisir. Elle a de la chance la belle brune que ton vieil oncle soit mort y'a trois ou quatre ans. Ouais, vous avez bien compris. Tu te pointes à ce rencard avec ton costume de funérailles. Mais bon, ce n'est pas encore ça le pire : t'es défoncé depuis trois jours. Jour et nuit, pas de pause, pas le temps d'être lucide une petite seconde. Ils ne marcheront jamais les petites manigances de Murphy, parce qu'elle mise sur le mauvais poisson pour l'accompagner. Tu dois avoir eu le temps de recevoir au moins dix messages de Murphy entre chez toi et la destination finale. Ce qu'elle est agaçante. L'idée de lui poser un lapin te traverse l'esprit quelques secondes. La fin de la soirée a intérêt à être glorieuse pour toi. Une pilule de plus sur ta langue et tu t'avances vers ta dulcinée qui t'attend au coin de la rue. D'ailleurs à quel point t'es con de pas avoir encore compris qu'elle t'amène dans un resto où t'as sale tête figure sur la blacklist ? 10/10, comme d'hab. « T'es en retard. » Connasse. Ses mains se jettent autour de ton cou alors que les tiennes ne se font pas prier pour lui agripper directement le cul. M'ouais, c'est chiant d'admettre que t'es content de la voir. « Bonjour, amour de ma vie de mes rêves de mon cœur. » - « Ta gueule. » Et quoi de mieux que pour lui fermer la gueule que de l'embrasser à pleine bouche ?  La seconde d'après, elle glisse sa main dans la tienne pour t'entraîner jusque dans l'établissement. Et merde, c'est ce putain de resto français où la police est venu te chercher ? Pourquoi tu entres espèce de con ? Le serveur semble dévisager les deux énergumènes que vous êtes - ou c'est qu'il t'a reconnu ? Nahhh, il était pas là la dernière fois avec Spencer. C'est bon, personne va se rappeler de ce petit incident qui remonte déjà à trop longtemps - ou pas. « On va prendre deux coupes de votre meilleur champagne. Et, hum... Du caviar. Vous avez ça, non ? J'ai vu ça sur instagram. » À peine assise à la table qu'elle sort le grand jeu la brune. Du bout des doigts, tu viens attraper les siens par-dessus la table. Tu affirmeras que ce n'est qu'une marque d'affection pour jouer le jeu, alors qu'elle est parfaitement honnête. « Ce soir tu payes, mon amour ? » Lol, payer. Bien sûr. Tu n'as le temps que d'hocher la tête que le serveur reprend; « Je laisse Monsieur faire son choix, je reviens vers vous dans un instant. » Vraiment à chier ton jeu d'acteur. Murphy ne manque pas de te le rappeler en te donnant un coup brutal directement dans les tibias. Le mouvement délicat sur ses doigts s'arrêtent d'un coup pour les compresser entre les siens. « Si t'oublies de me demander en mariage, ils nous fileront pas de trucs gratuits. Je te sucerai dans les toilettes si tu fais tout bien comme il faut. » - « On devrait peut-être commencer par ça. Ça m'aiderait à m'détendre. » T'en aurais bien besoin de te détendre alors que t'es allumé comme une balle, inconfortable sur cette chaise trop dure, incapable de rester calmement sans bouger. T'as la jambe qui saute sous la table. « Et enlève ce truc débile. » que tu ajoutes en désignant son collier autour de son cou. De quoi bien l'insulter hen alors qu'elle a dû se donner du mal pour le voler à sa soeur bourgeoise ou peu importe quelle autre idiote. Tu te lèves de la table. Tu as la chance de l'endroit public pour qu'elle se tienne bien et qu'elle te laisse faire surtout. « Fais c'que j'te demande pour une fois. Ferme tes yeux. » Quel incroyable homme romantique tu fais lorsque tu lui détaches d'abord le collier que tu balances sur la table comme s'il ne valait rien. Ta main se glisse ensuite dans ta poche pour en ressortir un autre qui doit valoir au moins cent fois le prix du premier - aucune idée en fait, t'aime bien te dire que c'est un bijou dans les six chiffres que tu pends autour du cou de ta fausse petite-amie. Le moment est gâché (ou pas) par la serveuse dont les diamants du collier semblent briller dans ses yeux. Ouais, t'as l'air foutrement riche à glisser ce collier autour du cou de ta douce. « C'est notre première anniversaire de mariage. » que tu lui précises. Dans ta gueule Murphy. C'est pas toi qui va s'agenouiller ce soir, c'est elle.

Il est en retard, mais elle l'attend. Elle n'a d'habitude pas cette patience et certainement pas avec les types dans son genre. Elle est bien consciente qu'il va voir ailleurs, mais elle espère, Murphy, qu'il ne revient à elle que parce que ce n'est pas aussi bien à côté. Elle s'en enorgueillie volontiers, laissant à Seth le loisir de rouler des yeux lorsqu'elle s'accroche à son cou. Il peut bien faire la tête, elle sait qu'il n'est venu que pour tirer son coup - et peut-être, avec un peu de chance, parce qu'il voulait passer du temps avec elle. La brune a enfilé ses plus beaux atours - les robes qui font "nouvelle riche" et vraiment crade, soyons honnêtes - pour un dîner en amoureux vers lequel Murphy traîne son toy boy. Seth traîne des pieds, mais il est ravi de se montrer dans un restaurant chic comme celui-ci - ou du moins, c'est ce que s'imagine la petite brune. Elle n'a pas idée qu'il puisse y être un individu recherché, comme il l'est peut-être dans la moitié des endroits publics de la ville. Enfin, lorsqu'ils sont installés, tout cela est oublié. Relégué au second plan. Murphy fait déjà du pied à son amant, lui jetant tantôt des regards noirs, tantôt des regards transis d'amours. Ses yeux clairs se posent ici et là, sur la décoration de ce lieu dans lequel elle n'aurait jamais pu poser son séant quelques mois auparavant. Maintenant, elle peut se vanter d'être en capacité de payer l'addition. Mais quoi de mieux que de s'enfuir en courant sans payer, pour fêter le premier anniversaire d'un mariage qui n'a jamais eu lieu ?

Elle lui fait des promesses licencieuses, lui est captivé par le miel qui sort de sa bouche. « On devrait peut-être commencer par ça. Ça m'aiderait à m'détendre. » La voilà qui renvoie un regard lubrique par dessus le centre de table fleuri. Oh, elle sait ce qui l'aiderait à se détendre. « Tu es stressé, amour ? C'est de rencontrer beau-papa demain qui t'angoisse ? » Elle tend la main pour essuyer des larmes imaginaires sur son visage d'ange. Seth est nerveux et sautille presque sur sa chaise, agacé par un je-ne-sais-quoi. Peut-être est-ce le fait d'être dans un environnement complètement différent de d'habitude. L'idée est bonne, pourtant. C'est un peu comme les couples qui font des voyages extraordinaires pour se ressourcer et se retrouver : Seth et Murphy font un voyage dans la bourgeoisie. « Et enlève ce truc débile. » Il désigne son décolleté, elle arrondit les yeux et le dévisage comme s'il venait d'insulter sa grand-mère - paix à son âme. Ce collier est splendide - bon, très kitsch, certes - et il lui va comme un gant. Il se pose parfaitement sur la parcelle de peau nue qu'elle exhibe sans vergogne, de jour comme de nuit. Seth se lève de table et Murphy s'attend sincèrement à ce qu'il la demande en mariage, histoire de rafler le champagne gratuit. « Fais c'que j'te demande pour une fois. Ferme tes yeux. » La brune s'exécute sans broncher.

Sur sa peau, de nouvelles pierres se posent et remplacent les précédentes. Elles sont plus lourdes, plus froides aussi. Les doigts de la jeune femme se posent tout de suite sur l'écrin alors que sa bouche s'arrondit d'un "oh" muet. « C'est notre première anniversaire de mariage. » Elle tourne les yeux vers Seth, éblouie par les pierres qu'elle ne voit que du dessus. Où a-t-il eu ce bijou ? Le collier n'a rien à voir avec ce qu'elle porte d'habitude. Il est bien plus précieux, même Murphy sait faire la différence. Alors que la serveuse brise le moment en félicitant les "mariés", Murphy garde son regard fermement accroché à celui de son amant. La serveuse s'éclipse discrètement alors que Murphy brise le masque parfait du personnage qu'elle a créé pour l'occasion. « Tu l'as eu où ? Seth, tu l'as piqué à Leo ? » La brune bat des cils, révoltée à l'idée de porter les bijoux d'une autre. « Je veux pas porter les trucs de ta copine. » qu'elle grince, tout bas, alors que le champagne est apporté en fanfare. Heureusement, car l'orage dans les yeux de Murphy s'apaise un peu. Dans un petit écrin doré trône le caviar, accompagné d'un foie gras qu'elle n'avait pas commandé. Un cadeau de la maison, avec un peu de chance. La brune se jette sur la nourriture comme la peste sur le bas-clergé, les yeux plantés dans ceux de son "époux". « Mais il est très beau. Merci. » Un petit mot qui lui arrache la gorge, mais qu'elle prononce avec un sourire discret. Ses doigts vont et viennent sur le collier, qu'elle s'empresse de prendre en photo histoire d'en contempler toutes les facettes. « Tu te prostitues pour avoir ces trucs là ? » Parce qu'elle, elle l'aurait fait.

« Tu es stressé, amour ? C'est de rencontrer beau-papa demain qui t'angoisse ? » Elle est flippante dans son rôle de la petite nana parfaite et folle amoureuse de son homme. Elle l'est encore plus quand elle vient caresser ta joue d'une douceur qui lui va vraiment mal. Honnêtement, tu préférerais cent fois mieux la gifle de la dernière fois. Ça lui ressemble plus. C'est pas comme si c'était bien compliqué de la faire sortir de ses gonds de toute manière. Il suffirait sans doute de lui raconter tes activités nocturnes des derniers soirs, de lui raconter que la fameuse blague de mettre une autre fille enceinte, bah c'est plus une blague. Nah, plutôt crever que de lui dire ça. Tu ne donnes pas cher de ta peau quand elle aura cette information entre les mains. Les secrets ne restent pas secret bien longtemps. « Y'a personne qui t'écoute. Pourquoi tu continues d'être chiante ? » Tu veux bien joué le jeu du parfait petit couple quand la serveuse vient se montrer le bout du nez. C'est pas nécessaire quand elle est pas là. Comme si les tables à côté de vous en avaient quelque chose à chier que vous soyez un petit couple parfait ou non. Peu importe, tu détournes rapidement le sujet vers le collier hideux qu'elle porte autour du cou - c'est faux, il est très bien, mais le tien est encore mieux. Évidemment que ton commentaire la vexe. Pourtant, elle se prête quand même au jeu, espère sans doute que tu lui fasses une déclaration d'amour larmoyante au grand public. Mais non, rien de tout ça. Tu t'occupes plutôt de retirer d'abord son collier de piètre qualité, pour le remplacer par un bien plus précieux autour de son cou. Voilà qui est mieux. Après explication qu'il s'agit en fait de votre premier anniversaire de mariage, la serveuse vous félicite. Elle doit également croire que t'es un des gros portefeuille de Brisbane pour enfiler un collier pareil autour du cou de ta femme. T'es plutôt fier de ton cou en vrai. Pourtant, quand tu reprends place devant Murphy, t'as presque l'impression qu'elle va te sauter à la gorge - et c'est nullement sexuelle cette impression. « Tu l'as eu où ? Seth, tu l'as piqué à Leo ? » Sérieusement ? Elle a pas assez bien fait le tour de votre appartement pour voir que Leo a drs bijoux de merde qui ne valent rien ? « Je veux pas porter les trucs de ta copine. » Ah alors, c'est ça le problème ? Même avec un bijou qui vaut des centaines de milliers de dollars, elle refuse de le porter s'il appartient à ta "copine" ? C'est du grand n'importe quoi. « On a déjà rompu ? J'croyais que c'était toi ma copine ? » Pour de vrai ou pour de faux, qu'est-ce que ça change de toute manière ? Ça ne change strictement rien à ce qui se passe entre vous deux. De toute façon, Murphy n'a d'autre choix que de retrouver sa fausse version gentille lorsque la serveuse revient avec champagne pour fêter l'occasion et la bouffe soigneusement choisie par la brune. « Mais il est très beau. Merci. » Un merci qui semble lui procurer le même plaisir que si elle se faisait arraché une dent, mais bon, alors qu'elle se prend en photo pour mieux observer le bijou, ouais, ça t'fait plaisir. « J'l'ai pris pour toi. » Ça veut aussi dire qu'il appartient pas à Leo. Là où tous les couples normales comprendraient que tu as dépensé une petite fortune pour faire plaisir à ta douce moitié, Murphy comprendra facilement que tu l'as volé. Ça vient aussi avec une preuve d'affection que tu n'avouera jamais à voix haute. Il faut savoir lire entre les lignes avec toi. « Tu te prostitues pour avoir ces trucs là ? » Pas certain que tu puisses te taper assez de petites vieilles riches mal baisées pour avoir assez de thune pour acheter un truc pareil à Murphy. « Autant que pour t'inviter ici. » Avec les mêmes méthodes ou presque. Prendre sans demander la permission. Si ça peut faire plaisir à Murphy et chier Angus au passage, why not ? Tu piges dans ton assiette. T'as pas particulièrement envie de t'éterniser ici. C'est plutôt l'après qui t'intéresse. Le caviar, c'est toujours aussi dégueulasse. C'est sa première fois à elle ? Elle risque d'être déçue. Le foie gras et le champagne par contre, 10/10. « On va chez toi après. » que tu décides en vidant la coupe pour mieux la remplir, sans oublier celle de Murphy bien sûr. T'es encore jamais allé chez elle. T'as même aucune foutue idée d'où elle vit. Bon, t'as jamais vraiment demandé non plus. Et puis, encore faut-il faire un détour par les chiottes. T'as toujours pas oublié sa promesse hen.

« Y'a personne qui t'écoute. Pourquoi tu continues d'être chiante ? » « Toi, tu m'écoutes. » qu'elle lâche, souriante, le menton écrasé dans la paume. Elle agite ses jambes sous la table, les balance comme une enfant impatiente. Bientôt, on apportera de quoi manger. Murphy écoute d'une oreille distraite le petit concert de piano qui résonne dans la pièce. Il n'est légèrement couvert que par un brouhaha. Des bribes de conversation que Murphy saisit au vol sans pour autant s'y intéresser en profondeur. Elle se contente d'y prêter une oreille curieuse, se baigne dans ces mots qu'elle ne saisit pas complètement. Les grands de ce monde ont des conversations auxquelles elle ne participera jamais, mais qui sont attirantes. La brune voudrait pourtant y être incorporée, comme si elle faisait partie depuis toujours de cette grande société qu'elle idéalise. En attendant, elle tend la main au dessus de la table pour effleurer la joue de son amant.

Seth fait des faux-pas qu'elle ne blâme pourtant pas d'emblée, préférant laisser sa chance au cadeau du jeune homme. « On a déjà rompu ? J'croyais que c'était toi ma copine ? » A cela, Murphy n'a qu'une moue boudeuse à répondre. Elle se prend en photo avec le collier, prend soin de mettre en valeur sa poitrine et d'attraper entre ses doigts une mèche de cheveux. Sans accorder la moindre attention à Seth, la brune observe le cliché qu'elle vient de prendre. Elle en est un, de cliché sur pattes. « J'l'ai pris pour toi. » « Il me va bien. » Elle aimerait en connaître l'origine. Elle voudrait savoir quels dangers il a bravé pour l'obtenir. « Je le garderai, quand on... » Sous la table, elle lui fait du pied, porte à sa bouche la coupe de champagne hors de prix qu'on vient de lui servir. « Autant que pour t'inviter ici. » Un rire cristallin s'échappe de la gorge de Murphy, qui attire sur elle tous les regards. Non, ils n'ont pas l'habitude de côtoyer une fille si bruyante, si tapageuse. « On va chez toi après. » Du bout des doigts, Murphy installe du caviar sur un toast, lèvre inférieure mordue d'envie. Ses yeux se plantent dans ceux de Seth, interrompant son geste passionné. « C'est moins classe que chez toi. Le type qui me prête son appartement veut que je le paye en nature. » Elle ne lui fera pas de dessin, mais ce salaud a la petite soixantaine et elle ne le touchera pas avec un bâton.

Sans se faire prier, Murphy croque dans le toast qu'elle vient de couvrir de caviar. Elle n'a jamais rien goûté d'aussi décevant, se contente pourtant d'une petite moue satisfaite. Peut-être qu'elle y prendra goût plus tard. Peut-être que son palais n'est juste pas habitué. Le téléphone de Seth tinte, Murphy n'y prête attention que lorsque la troisième sonnerie se fait entendre. Sans attendre, elle tend la main et attrape le téléphone par dessus le centre de table.

Sous ses yeux, l'horreur. Elle a arrêté de mastiquer.

« C'est quoi cette histoire de clinique ? » Lentement, Murphy se débarrasse de sa bouchée et la fait passer avec du champagne. Elle n'est pas certaine de ce qu'elle vient de lire dans les messages de son petit-ami. « Où est-ce que t'as fourré ta bite ? » Et comment se fait-il que sa partenaire soit enceinte ?

« Toi, tu m'écoutes. » Bah justement, raison de plus pour qu'elle se la ferme. Tu te contentes tout de même de simplement lever les yeux en guise de réponse. Boire ce champagne semble être une meilleure idée que de contrarier Murphy. Ce qui devrait également éviter de contrarier Murphy, c'est de lui passer autour du cou ce joli bijou qui vaut quelques dizaines de milliers de dollars. Elle semble presque l'apprécier maintenant qu'elle sait qu'il n'a pas été portée par ta copine avant elle. « Il me va bien. » Elle prend la pose pour ses photos qui finira sûrement sur les réseaux sociaux, se serait sans doute une bonne idée de lui dire de pas le faire vu la manière peu légale dont tu l'as obtenu. Dommage que tu sois trop con (ou trop défoncé) pour seulement y penser. « Je le garderai, quand on... » Son pied se glisse contre ta jambe et son regard parle pour elle. Un sourire un peu niais se glisse bien trop rapidement sur ton visage. À quel point tu cours à ta perte avec elle ? Un peu plus chaque jour sans doute. Tu ne prends pas vraiment ton temps pour engloutir l'entrée ou même le champagne. C'est pas que ça t'emmerde les projets de la brune. C'est simplement que c'est la partie de se casser d'ici sans payer qui t'allume le plus. Le boost d'adrénaline à savoir si vous allez vous faire choper ou pas. Tu ne penses pas aux possibles conséquences d'un échec. Tu y penses jamais. Tu te penses un peu trop invincible. Ça finira bien par te retomber sur le nez un jour ou l'autre. Pour le moment, t'es seules pensées sont dirigées vers la fuite chez l'appartement de Murphy. « C'est moins classe que chez toi. Le type qui me prête son appartement veut que je le paye en nature. » C'est vrai ou elle le dit simplement pour t'agacer ? Tu relèves les yeux quelques secondes vers elle avant de reporter ton attention sur ton assiette, feignant le désintérêt sur ces propos. « T'es à jour sur tes paiements ? Parce que j'ai pas envie d'le voir débarquer. » Les plans culs à trois, c'est juste intéressant quand y'a deux nanas pour s'occuper de ton petit bonheur. Le proprio de Murphy, il a qu'à se branler en l'entendant gémir toute la nuit. Il n'est pas invité. Et tu feras encore moins un paiement à sa place.

T'as presque terminé de tout manger que ton téléphone vibre une première fois. Un regard vers l'écran allumé et tu peux voir le prénom de Theo qui s'affiche. Tu prends même pas le temps de lire la suite - c'est pas comme si t'allais lui répondre de toute façon - que tu retournes l'écran face contre table. Sauf que les vibrations se poursuivent et que ça semble suffir à piquer la curiosité de Murphy qui vole ton téléphone sans que tu ne réussisses à l'intercepter. « Touche pas à ça! » que tu t'exclames en te levant de ta chaise, mais elle a déjà eu le temps de tout lire avant que tu lui arraches des mains. « C'est quoi cette histoire de clinique ? » Quelle connasse cette Theo. Tu pourrais jurer qu'elle l'a fait exprès d'envoyer sa foutue date à ce moment précis. Ouais, t'as pas besoin de l'avoir lu pour savoir de quoi il s'agit. « Où est-ce que t'as fourré ta bite ? » Tes bras se lèvent dans les airs devant ton exaspération sur sa question. Qu'est-ce que ça peut bien lui foutre à elle ? « Tu veux une réponse en ordre alphabétique ? » Nah, impossible que tu te rappelles du prénom de chaque fille. « Ou en ordre du meilleur coup ? Parce que c'pas toi la première. » Bien sûr que tu le dis simplement pour la vexer. Ce n'est qu'un mensonge. C'est elle que tu choisirais si tu devais le faire. La blesser pour ne pas avouer la vérité à voix haute ? Oui, carrément. « Continue de baiser ton proprio et t'mêle pas de mes affaires. » que tu conclus en glissant ton téléphone dans ta poche au cas où l'envie de faire plus de recherches lui passerait par l'esprit. De toute façon, Theo va avorter. Elle doit bien l'avoir compris ça. Qu'est-ce que ça change hen ? Y'aura pas de mini Seth nul part. Descend de tes grands chevaux Murphy.

Elle a allumé quelque chose dans le regard de Seth. Ou peut-être que c'est lui qui brûle d'un feu ardent. Elle n'a rien à faire, Murphy. Simplement lui offrir ses sourires enjôleurs et quelques jolies promesses. La jambe de la brune se perd contre celle de son amant. Elle lui offre une vue plongeante sur son décolleté paré du magnifique collier qu'il vient de lui offrir, une parure splendide qu'elle ne quittera plus jamais. C'est probablement la chose la plus onéreuse qu'elle possède, sans équivoque. Les manteaux volés et les accessoires dérobés n'arrivent pas à la cheville des pierres qui rayonnent, posées sur son poitrail. Elle voudrait maintenant que Seth lui offre la panoplie complète, à savoir des bracelets et des chevillères. Elle lui appartiendrait entièrement s'il pouvait lui offrir des cadeaux comme ceux-là tous les jours. « T'es à jour sur tes paiements ? Parce que j'ai pas envie d'le voir débarquer. » Oh, alors c'est à ça qu'il pense ? Murphy lui lance un regard plein de dédain et porte toute son attention sur les photos qu'elle vient de prendre. Elle en sélectionne une distraitement avant de porter le champagne à ses lèvres. « Tu te touches en pensant à ce que je lui fais pour le rémunérer ? » Elle essuie, innocente, le bord de ses lèvres d'un doigt manucuré. « T'arrives pas à sa cheville, il me file carrément un appartement, lui. » qu'elle lance, tout sourire. Le vieux, elle ne l'approchera jamais passez pour céder à ses avances. Il louche sur ses atouts, elle lui promet monts et merveilles - jamais elle n'accédera à ses demandes.

Ils en sont toujours à l'entrée mais Murphy est déjà repue, gavée d'un champagne hors de prix et de toasts au foie gras. Dans le périmètre couvert par son attention volatile, la jeune femme repère des messages qu'elle n'était pas supposée lire - et qu'elle met un point d'honneur à mettre sous le nez de Seth. « Touche pas à ça! » Oh, qu'il se fait possessif - et ce qu'elle adore ça. Elle en rirait presque si le contenu des messages n'était pas sibyllin et qu'ils ne méritaient aucun éclaircissement. « Tu veux une réponse en ordre alphabétique ? » Murphy accuse le coup et croise les bras, vexée. Elle sait qu'elle n'est pas la seule. Ils n'ont jamais convenu de cela dans leur arrangements. Ils devaient s'amuser, c'est tout. Voler dans les restaurants. Se demander en mariage dans des lieux différents tous les quatre matins. S'aimer sous les yeux des autres, et peut-être autrement dans l'intimité des draps. Autrement, plus intensément aussi. « Ou en ordre du meilleur coup ? Parce que c'pas toi la première. » « Arrête. » qu'elle siffle entre ses dents. Autour d'eux, des curieux leur jettent des regards étonnés. Ils sont devenus l'attraction de la soirée depuis quelques minutes déjà. « Continue de baiser ton proprio et t'mêle pas de mes affaires. » Là-dessus, pour la première fois depuis un moment, Murphy pique un fard. Les discussions se sont arrêtées autour d'eux et reprennent doucement dans un bruissement gêné.

« Ecoute-moi bien, espèce de connard. » Elle souffle par dessus la table, les yeux chargés d'éclairs. « Je couche avec personne et certainement pas avec ce vieux débile. Et avec toi, ça peut changer quand j'en ai envie, alors garde tes sous-entendus pour toi. » Et juste comme ça, Murphy avoue, dans des sous-entendus à peine voilés, qu'elle ne partage ses nuits avec personne d'autre que Seth. De toute façon, qui d'autre pourrait la comprendre avec autant de facilité et sans se prendre la tête ? La tranquillité de la nuit, Murphy ne la perturbe qu'auprès de Seth, avec qui elle s'endort désormais sans aucune difficulté. Cela, elle ne le lui dira jamais franchement. Un serveur passe à la hauteur des amants et Murphy commande de nouvelles coupes de champagne. Elle noie son mécontentement dans l'une d'entre elles. « Heureusement qu'elle garde pas le bébé, je ferais une belle-mère horrible. » D'un soupir, la brune chasse la colère qui l'habitait quelques minutes auparavant. Cette contrariété sera oubliée d'ici quelques heures lorsque Seth demandera pardon, allongé entre les jambes de la jeune femme. « Tu t'es amusé avec elle ? Est-ce que t'as piqué des trucs pour elle ? » Veut-elle vraiment les réponses à ces questions ?

« Tu te touches en pensant à ce que je lui fais pour le rémunérer ? » Ah, oui, bien sûr, dans tes meilleurs fantasmes, Murphy s'y retrouve avec un vieux pervers profiteur (non, vraiment pas.) « T'as qu'à m'envoyer une vidéo. J'pourrais voir de quoi t'as l'air quand tu t'fait chier. » Parce qu'elle serait pas là pour tirer son coup avec toi si son charmant proprio la faisait gémir jusqu'à pas d'heures dans la nuit. Nah, t'es seul à savoir exactement quoi faire pour la faire jouir en moins de deux minutes. Elle s'emmerde avec tous les autres. C'est pour ça qu'elle revient tout le temps - ce qui s'applique à elle, s'applique sûrement à toi aussi, hm. « T'arrives pas à sa cheville, il me file carrément un appartement, lui. » Ta fourchette tombe soudainement dans ton assiette alors que ton regard la fusille d'un coup. Elle est sérieuse là ? Ta mâchoire se crispe. Foutue nana, on se demande après pourquoi tu veux pas te caser avec personne. Elles ne sont jamais contentes de rien. Tu t'en souviendras la prochaine fois que l'idée de lui passer des diamants autour du cou te prendra. « T'es qu'une connasse. » que tu craches entre tes dents serrés, mitigé entre ce champagne pas désagréable en bouche et l'envie de la laisser là toute seule comme une conne. C'est elle qui a lancé les hostilités la première, qu'elle s'en souvienne pour la suite. Parce qu'elle n'aide en rien à ta bonne humeur quand elle viole ta vie privée en regardant les messages de Theo dans ton téléphone. Encore heureux que votre relation ne soit pas passé par le dirty talk avant la case d'avortement. « Arrête. » Tiens, soudainement, c'est elle qui est de mauvaise humeur maintenant ? Comme si t'allais écouter ses précieux conseils. Non, tu comptes pas t'arrêter là. Rien a foutre si elle te jette sa coupe en pleine gueule ou qu'une gifle part sans prévenir (la tienne ou la sienne ? à suivre) Le petit peuple, ça les excite les disputes en bonne et dû forme. Ils vont être servis. Murphy fait la timide parce qu'elle ne veut pas tâcher sa fausse image. Mais ça ne va pas durer. Oh non, tu la sens brûler jusqu'ici. Les réconciliations ne seront que meilleures plus tard. « Ecoute-moi bien, espèce de connard. » C'est un regard peu intéressé que tu poses sur elle. Tu poses tout de même tes avant-bras contre la table pour écouter les vacheries qu'elle s'apprête à te balancer. « Je couche avec personne et certainement pas avec ce vieux débile. Et avec toi, ça peut changer quand j'en ai envie, alors garde tes sous-entendus pour toi. » - « Oh, vraiment ? » Ouhhhh, tu trembles de peur. Elle va faire quoi ? Bouder pendant deux jours avant de revenir chercher sa dose de Seth avec hâte ? Tu crois pas un mot de ce qu'elle raconte. « Tu crois que quelqu'un d'autre voudra d'une pauvre fille dans ton genre ? Sois pas ridicule. » Qu'elle se sente privilégiée que tu t'intéresses à elle. Ouais, elle a un foutu beau cul, mais elle est insupportable. Aucune personne sensée ne l'a rappelerait. C'est quand la dernière fois qu'elle a "fréquenté" quelqu'un aussi longtemps hm ? Parce que toi, c'est la première fois. Sans que t'en ai rien à chier de la fille en fait. Difficile à croire avec les paroles peu douces que tu as à son égard. Oh oui, tu t'en mordras les doigts plus tard. « Heureusement qu'elle garde pas le bébé, je ferais une belle-mère horrible. » Comme si elle aurait eu un quelconque rôle là dedans. Tu n'aurais même pas assumé le bébé toi-même. Alors, elle ? Elle se serait cassée deux fois plus vite. « Te donne pas trop d'importance. » Parce que vous n'êtes pas un couple. C'est elle qui l'a dit. La nouvelle coupe de champagne semble avoir fait une pause dans sa colère, mais pas dans la tienne. Et la sienne, elle reviendra bien assez vite au galop. « Tu t'es amusé avec elle ? Est-ce que t'as piqué des trucs pour elle ? » Tu lèves les yeux au ciel. Elle te fait une crise de jalousie là ou quoi ? Elle pose des questions auxquelles elle n'a pas envie d'entendre les réponses. C'est exactement pour la même raison que tu vas les lui donner. « On a baisé dans une salle de cinéma. » Bon, une "salle". Plus un genre d'entrepôt qu'une salle, mais quand même, c'était bien dans un cinéma. Ouais, vous vous êtes éclaté. Tu l'aurais sûrement rappelé si elle était pas en cloque. Mais maintenant ? Bof. « Plutôt doué avec sa langue. J'te file son numéro, elle pourra t'donner quelques conseils. Parce qu'on commence à s'emmerder au pieu. » C'est là le moment où t'es aller trop loin ? Probablement. Murphy a pas besoin de conseils. De personne. Si y'a bien quelqu'un avec qui ce n'est pas routinier, c'est bien elle. Bien sûr que tu lui balances ses mensonges simplement pour qu'elle te prouve le contraire. Très con comme raisonnement oui.

« T'as qu'à m'envoyer une vidéo. J'pourrais voir de quoi t'as l'air quand tu t'fait chier. » Elle est obligée de sourire, la gamine. Elle force sa bouche à prendre une fausse mine outrée, ne parvient qu'à agrandir la circonférence de ses narines. Le vieux doit être un amant affreux et la pique a le mérite de presque faire taire Murphy qui se renfrogne à peine. Les échanges de mots-doux s'envolent et le ton monte, la tension cristallisée par l'incapacité des deux amants à tenir une conversation tranquille. Ils ne font plus semblant, maintenant. Les badauds - si tant est qu'on puisse qualifier de badauds ce public là - risquent des regards amers, mêlés de curiosité et d'amusement. Murphy a planté ses yeux dans ceux de Seth et elle savoure sa victoire lorsqu'il lâche enfin sa fourchette, peut-être un peu décontenancé. « T'es qu'une connasse. » La voilà qui lève les yeux au ciel, visiblement accablée par l'insulte, qui lui glisse parfaitement dessus. « Je suis pas une connasse quand je te- » Les regards de la table d'à côté converge et Murphy se dépêche de fusiller les curieux du regard. Tant pis. Seth aura compris l'insinuation.

C'est bientôt elle qui tombe de haut en surprenant une conversation entre son amant et une mystérieuse Theo - qui a visiblement un polichinelle dans le tiroir. « Oh, vraiment ? » Il devrait avoir honte. Il devrait se presser d'embrasser les pieds de Murphy. Il devrait être en train de se plier devant elle, de quémander des excuses, de lui passer plus de bijoux autour du cou. Seth n'en fait rien et Murphy ne bouge plus que pour siroter son champagne. « Tu crois que quelqu'un d'autre voudra d'une pauvre fille dans ton genre ? Sois pas ridicule. » « Sans moi t'es rien. Tu rampes. T'as personne. » Elle lui jetterait bien son verre au visage, mais la blonde ne gâchera pas un champagne pareil. « Te donne pas trop d'importance. » La voilà qui retrouve sa mine moqueuse alors que la terre tourne un peu trop à son goût. Si Murphy se lève, ça ne sera que pour mieux atterrir face contre terre, sur la moquette hors de prix qui s'étale partout au sol. « On a baisé dans une salle de cinéma. » Sa curiosité la tuera. La blonde hausse un sourcil, réfrène un rire amer. « T'es capable de faire ça, toi ? » Si elle voulait l'attaquer sur sa virilité, ç'aurait été facile - mais plutôt mensonger.

« Plutôt doué avec sa langue. J'te file son numéro, elle pourra t'donner quelques conseils. Parce qu'on commence à s'emmerder au pieu. » Aussitôt, Seth écope d'un coup de pied dans les tibias. La blonde se penche sur le centre de table et attrape l'horrible cravate dont son amant s'est affublé. Ses doigts manucurés jurent avec la couleur choisie par Seth. Elle en griffe le tissus avant de le serrer dans son petit poing. « On va voir si tu t'emmerdes avec moi. Sors d'ici comme si t'allais passer un appel. » Elle le repousse et se vautre dans la chaise, appelant le serveur le plus proche d'un geste désinvolte.

Commander une bouteille, c'est simple, avec un collier comme le sien autour du cou. Personne ne se dit qu'elle n'a pas les moyens de la régler. Personne ne l'arrête lorsqu'elle se lève, patiente, en laissant traîner ses doigts sur la nappe qu'elle et Seth ont froissée à force de se battre gentiment. Justement, le brun est sorti et Murphy reluque un couple qui a un peu trop laissé dériver leurs regards du côté de la table des amants infernaux. Après leur avoir lancé un dernier regard, la blonde file, bouteille à la main. Elle n'est pas arrêtée par le type à l'entrée, pas plus que par le serveur qui la course d'un pas pressé. Visiblement, la politique anti-course des établissements chics leur a fait perdre, ce soir, une excellente bouteille de champagne.

A l'entrée, Murphy attrape Seth par le col et lui hurle de courir. Ils sortent sous une pluie battante, Murphy toujours avec la bouteille entre les doigts. Si Seth s'est ennuyé avec elle, s'il lui reproche la routine, elle ne sait désormais plus comment le satisfaire. Peut-être qu'elle n'en a rien à faire. Peut-être que c'est elle qu'elle cherche à satisfaire, ruinant sa jolie robe et cassant l'un de ses talons. C'est clopin-clopant qu'elle rejoint, sa main dans celle de Seth, le transport le plus proche. La prochaine fois qu'ils seront si proches l'un de l'autre, ça sera peut-être bien dans les draps, chez le brun. Leurs souffles se mêlent alors qu'ils sautent dans un taxi devant lequel Murphy s'est littéralement jetée. « Tu te fais chier, alors ? » qu'elle ricane, agitant la bouteille sous le nez du brun. « On va chez toi. Tu payes le taxi. » Et comme si de rien n'étais, la blonde se cale contre celui qu'elle appelle volontiers son "petit-ami", lorsqu'il ne lui fait pas faux bond ou qu'il ne met pas les autres filles qu'il fréquente en cloque.

« Je suis pas une connasse quand je te- »
« Parce que tu t'ferme la gueule, ouais. »

Tu t'intéresses pas au public qui est bien distrait par votre charmante dispute de couple. Tu les remarques même pas alors que Murphy, elle, continue de jouer les gentilles filles et les amoureuses parfaites. Un rôle qu'elle semble avoir de plus en plus de mal à tenir. Les couteaux volent bas ce soir. Murphy t'a piqué à vif et tu as simplement envie de la blesser davantage. Quelle charmante relation toxique entre vous deux hm. C'est presque terrifiant de se demander comment tu pourrais traiter une personne que tu détestes lorsqu'on voit comment tu traites ceux auxquels tu tiens vraiment. Oui, Murphy fait désormais partie de cette très maigre catégorie où on peut compter ses personnes sur les doigts d'une main. « Sans moi t'es rien. Tu rampes. T'as personne. » Ça, c'est définitivement la phrase de trop. Tu comprends même pas pourquoi tu t'es pas juste levé de ta chaise pour foutre le camp d'ici. Quelle putain de connasse. Elle est mieux d'aller chercher ailleurs si elle veut un mec qui va ramper à ses pieds pour la supplier de pardonner ses péchers. Qu'elle retourne baiser son proprio qui lui lèche les semelles et qui lui donne tout ce que princesse Murphy désire. « T'es capable de faire ça, toi ? » Elle se moque. Elle joue l'arrogante et ça ne fonctionne pas vraiment. Elle est juste jalouse. Jalouse et menteuse. Tu l'emmerdes. « T'as besoin de preuve p't'être ? » Oh, les preuves ne seront certainement pas pour ce soir, mais quand la tension sera redescendue, peut-être bien que tu pourras aller lui montrer en guise de réconciliation, parce que, bien sûr, qu'il y en aura une. Probablement aussi intense que la déchirure qui est en train de se produire. Tu pousses probablement ça un peu trop loin d'ailleurs, puisque ta dernière phrase te vaut un coup directement dans le tibia. Une grimace de douleur prend place sur ton visage pendant quelques secondes, rapidement interrompu par les griffes de Murphy qui t'approche d'elle. Ses yeux sont comme des revolvers prêt à t'abattre sur le champ. « On va voir si tu t'emmerdes avec moi. Sors d'ici comme si t'allais passer un appel. » Et la colère en toi ne fait que doubler davantage. Tu bouilles de l'intérieur alors que ta chaise cris sur le plancher lorsque tu te redresses sans aucune délicatesse. La chaise manquant clairement de trouver le sol. Tu n'as qu'une chose en tête : dégager d'ici sans Murphy. Rien à foutre de ce qu'elle a en tête. Tu passes une seule seconde de plus avec elle et c'est sa petite gorge de connasse que tu presseras dans ta main. Nah, vaut mieux partir maintenant avant que ça ne dégénère.

Sauf que les taxis semblent s'être donné le mots pour ne pas s'arrêter devant le restaurant. Peut-être bien que tu devrais rentrer chez toi à pied. Ça ferait redescendre la soupape un peu. Avant même que tu n'aies réussis ta fuite, tu te sens tirer par le colet alors que la voix de Murphy te prie de courir. Et c'est une frustration de plus de devoir encore suivre ses ordres, encore. Parce que tu sais bien qu'aux yeux de tous, tu restes son complice - et ce n'est pas tout-à-fait faux malgré le changement de plan, le tien, pas le sien. Tu suis le pas de course alors qu'elle t'entraîne sa main dans la tienne jusqu'à te pousser à l'intérieur du taxi qui redémarre rapidement sans trop rien comprendre et en ne cherchant pas à comprendre non plus. La pluie vous a complètement détrempé, mais elle n'a toujours pas réussi à refroidir ta rage contrairement à Murphy qui semble avoir retrouvé son air rieur. « Tu te fais chier, alors ? » qu'elle te demande en secouant un peu trop fièrement sa bouteille sous ton nez. Ouais, ce soir tu t'fais chier. « On va chez toi. Tu payes le taxi. » Elle prend un peu trop ses aises en venant appuyer sa tête contre ton épaule. Tu ne sais pas comment elle a réussi à décompresser, parce que toi, tu n'y arrives pas. Tous les muscles de ton corps sont raides. Tu la dégage d'un coup d'épaule. « J'suis pas ton putain de chien. » À branler de la queue et suivre ses ordres. Tu comptes ni la ramener chez toi, et encore moins payer son taxi. Dès que la voiture s'arrête à la lumière rouge, tu te penches vers elle pour ouvrir la portière. « Tu sors. » que tu annonces brusquement en pointant l'extérieur de la voiture. Rien à foutre qu'il pleuve à boire debout. « T'inquiète pas, avec ta p'tite robe de pute, y'a bien un vieux pervers qui aura pitié de toi. » Ça ne devrait pas être très long d'ailleurs. Qu'elle ne te le fasse pas répéter une deuxième fois. S'il faut la traîner par les cheveux jusqu'à l'extérieur, tu vas pas te gêner. Ensuite, tu iras sans doute te taper une idiote dans les chiottes du prochain bar qui croisera ta route juste pour te venger de Murphy, juste pour prouver que tu ne ramperas jamais à ses pieds. Ou peut-être que tu iras casser la gueule d'un pauvre type qui boit sa petite bière tranquille juste pour te défouler. M'ouais, la deuxième option est plus probable.

Peut-être qu'elle n'aurait pas dû le provoquer. L'entraîner dans un énième restaurant n'était pas une bonne idée. Ils en arrivent à leur fin, c'est probable. Alors, Murphy savoure l'instant - enfin, autant qu'elle soit capable de le conscientiser - et dévisage son amant. Il disparaîtra de sa vie, elle en est persuadée. Après cette soirée, il ne voudra plus d'elle. Voudra-t-elle de lui ? Elle dira non.

Pensera oui.

Alors elle fait ce qu'elle sait faire de mieux. Elle se tire avec la bouteille, emmène Seth dans son sillage. Capture sa main, bouteille à la main. Elle galope sous la pluie, sourire aux lèvres. Chaque respiration est meilleure que la précédente et la blonde parvient à se convaincre qu'elle se sent mieux grâce à la présence de Seth. En réalité, rien ne la satisfait plus que de vibrer sous le vent, libre. Courir n'a jamais été aussi facile, même en talons aiguilles. Ses cheveux trempés lui barrent le visage mais elle est heureuse. Quand des cris retentissent derrière elle, elle est heureuse. Quand elle manque de se casser la figure dans une flaque, elle est heureuse. Quand la porte du taxi se ferme derrière elle, elle est heureuse. Mais quand l'endroit est silencieux, quand le taxi démarre, quand elle croise le regard de Seth, le bonheur de Murphy disparaît. Elle l'interroge du regard, une étincelle de déception dans les yeux. Quoi, il n'est pas content ? Elle vient de lui faire un show. Il devrait se mettre à genoux - difficile, dans une voiture - ou au pire la prendre dans ses bras. Il devrait l'embrasser. Il devrait-

Et Seth se dégage brutalement, récoltant au passage un regard plein d'amertume - et d'incompréhension - de la part de la blonde. « J'suis pas ton putain de chien. » « Tu viens de me pousser là ? » qu'elle s'offusque, les yeux agrandis de mépris. Elle n'en revient pas. « Tu sors. » La porte s'ouvre sur la pluie alors que Murphy a encore la bouteille à la main. Elle jette à Seth un regard de totale confusion et ouvre la bouche comme un poisson hors de l'eau. Oh, elle tombe de haut, la petite blonde. « T'inquiète pas, avec ta p'tite robe de pute, y'a bien un vieux pervers qui aura pitié de toi. » Alors que ses yeux allaient s'ouvrir plus encore de surprise, Murphy reprend soudainement ses esprits. Etouffant une insulte, elle gifle Seth et l'arrose de l'alcool que contient la bouteille qu'ils buvaient ensemble comme un couple amoureux il y a moins d'une heure. « Tiens, espèce de merde. » « HEY! Les sièges! » La blonde ne se fait pas prier et bondit hors de la voiture avant que le chauffeur ne l'emmerde plus. Il se débrouillera avec Seth. « T'es qu'un fils de pute. » Elle le gratifie d'un doigt d'honneur et file sous la pluie, la bouteille encore en main. Elle n'est pas tout à fait finie. Il reste juste assez à Murphy l'équivalent de deux verres, de quoi noyer son désespoir. De toute façon, la pluie cachera les larmes de honte qui viennent à ses yeux alors qu'elle remonte la rue en direction de son foyer.