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 (freya) hole in the bottle

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Message(#)(freya) hole in the bottle EmptyJeu 13 Jan 2022 - 13:12

« Non, non, c’est pas vrai. Tout mais pas ça. »
Tu continues de fouiller dans la boîte comme une déchaînée, mais c’est inutile.
Le pendentif n’y est plus.

Tu serres les poings aussi forts que tu le peux et dans un mouvement de colère, tu lances la boîte contre le mur le plus près. Elle éclate en mille morceaux, le peu de son contenu restant s’étendant à même le sol et tu pousses un cri d’une rage telle que tu ne serais pas surprise que les voisins pensent que t’es en train de te faire tuer ou un truc macabre du genre. Mais non, il n’y a pas de meurtre à l’horizon, même si tu pourrais jurer qu’on vient de t’arracher le cœur tellement la douleur est vive et qu’elle se propage de partout. Tu ne tiens pas à grand-chose dans la vie, tes possessions sont minces et ça semble être de pire en pire en ce moment, mais ce pendentif, tu y tenais. Ce pendentif, c’est le seul truc que tu as gardé qui appartenait à ta mère. La seule chose qu’elle a réellement t’offrir de son vivant. Un souvenir comme il ne s’en crée plus. Le seul putain de truc dans ta vie qui avait la moindre valeur sentimentale et voilà qu’on te l’avait pris comme ça, avec une facilité si déconcertante que tu peinais à croire que cela puisse être vrai. Ton appartement est minable au possible, tu ne possèdes absolument rien qui n’ait la moindre valeur, et c’est quand même chez toi que des cambrioleurs, chez toi qu’on a volé le peu de trucs que tu avais encore à ton nom. Ton ordinateur qui date de la dernière décennie, le chargeur de ton téléphone qui est aussi vieux que ton ordi, le peu de bijoux que t’avais, les quelques fringues de marque que tu avais reçu en cadeau au fil des années, tous disparus. Et puis tout ce qui te restait de médocs et de poudre a aussi disparu, évidemment. Fuck. T’as aucune idée de qui a bien pu faire ça, mais ta première pensée va à Seth. T’es presque certaine que peu importe le bordel dans lequel il se met au quotidien, ça t’est retombé dessus de la pire des façons. Si tu sais que ce n’est sûrement pas lui qui a volé tes trucs – faudrait être vraiment con pour aller jusqu’à piquer les affaires de celle qui accepte de t’héberger et tu veux croire qu’il n’est pas débile à ce point-là – tu te fais quand même la promesse de lui péter la gueule la prochaine fois que tu poses les yeux sur lui. Rien à battre qu’il semble toujours plus amoché à chaque fois qu’il rentre, t’es certaine que c’est mérité à chaque fois. Putain de Seth Moriarty.

Tu mets plusieurs minutes à te calmer. Plusieurs minutes avant de recommencer à avoir un rythme cardiaque acceptable et une vision d’ensemble sur le bordel autour de toi. Les cambrioleurs n’ont pas saccagé complètement la place, mais assez pour que tu saches qu’il s’est passé quelque chose ici pendant ton absence. Bordel de merde. Tu n’as pas envie de rester ici ce soir. Tu sors ton téléphone de ta poche et tu remarques que le truc est mort, plus de batterie. Fuck, fuck, fuck. Tu n’as pas la moindre idée si Reese travaille ce soir et tu n’as pas envie de le chercher partout en ville. T’as plus rien pour faire charger ton téléphone et t’as rien à consommer pour te calmer les nerfs. Tu ne veux pas aller chez ton cousin, tu ne veux pas non plus aller chez ta tante en sachant qu’Ariane est sûrement encore là. Et puis sans vraiment prendre le temps d’y penser plus longtemps, tu te rends à ta voiture et tu prends le chemin de Spring Hill, là où tu es presque certaine de tomber sur Freya. Il est tard, elle devrait être chez elle. Tu l’espères vraiment. Tu ne sais pas ce que tu vas faire si elle n’est pas là. Tu ne veux pas être toute seule. Tu ne peux pas être toute seule. Et si tu retournes chez toi et que tu tombes sur Seth, ça va mal finir, tu en es persuadée. La route n’est pas trop longue entre ton appartement et le sien et tu t’efforces de penser à tout sauf à ce qui s’est passé, mais il y a l’image de ta mère avec le pendentif autour du cou qui te revient constamment et tu bouilles de l’intérieur, tu rages derrière le volant, tu klaxonnes chaque imbécile qui met trop longtemps à se remettre en marche, tu conduis comme une déchaînée et c’est pratiquement un miracle que tu te rendes à destination sans te faire arrêter. Tu as le cœur qui cogne encore trop fort contre ta poitrine quand tu arrives enfin devant la porte du loft de Freya. Tu cognes une fois, deux fois, trois fois, toujours un peu plus fort après chaque tentative. « Freya, c’est Leo. Si t’es là, ouvre la porte. » Ta voix craque, ce n’est pas ton genre, mais t’es vraiment à bout ce soir et t’as besoin d’elle. Plus que jamais.
@Freya Vranken :l:
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Message(#)(freya) hole in the bottle EmptyDim 30 Jan 2022 - 13:33


hole in the bottle
Freya Vranken & @Eleonora parker (freya) hole in the bottle 873483867

Les premières notes de – reflection – extirpèrent Freya de sa torpeur lénifiante, l’arrachant aux quelques minutes de quiétude qu’elle venait de trouver. Dehors, au travers des grandes ouvertures de verre, la skyline de Brisbane s’étendait à perte de vue, surplombant les artères scintillantes de Spring Hill et segmentant la voûte céleste. Dilatées à l’extrême, ses pupilles maculées tentaient tant bien que mal de s’acclimater à la pénombre qui inondait à présent le loft au décor neutre et sophistiqué. En vain, elle tentait d’oublier les traits virils et réguliers de l’homme qui s’était pernicieusement infiltré dans ses pensées, dont la voix grave avait curieusement vibré dans ses songes et dont la présence l’avait anormalement tranquillisée. Les doigts pressés contre ses paupières, elle se remémorait lentement le visage de l’australien, son regard effronté et les mots qu’il lui avait facétieusement murmurés à l’oreille. Cameron. Il était là. Quelque part entre le rêve et la conscience ; profitant de sa langueur pour franchir impudemment le no man’s land illusoire dont elle dressait les limites mentalement. Dans un froncement de sourcil net et spontané, la jeune femme chassa l’image du frère de Zoya. C’était la deuxième fois qu’il lui apparaissait en rêve depuis qu’elle avait recroisé sa route, à l’automne dernier, et c’était toujours aussi désagréable.

Sur l’écran de son smartphone se dessinaient la chevelure incandescente de Mandy, ses yeux rieurs et son teint d’albâtre parsemé de petites taches de rousseur. Depuis toujours, ce détail amplifiait le cachet qu’elle dégageait naturellement. Pierce était d’une beauté singulière ; à mille lieux de l’australienne stéréotypée au teint parfaitement hâlé et à la crinière gonflée d’eau marine, elle était aussi pâle qu’une poupée russe et aussi rousse qu’une écossaise. La photo était splendide, prise au printemps dernier sous les branches d’un cerisier centenaire ; la dernière mode sur instagram, le but ultime de toute it-girl en quête de followers. « Je t’écoute Mandy. » soufflait-elle d’une voix indolente. Elle était bien curieuse de connaître la raison pour laquelle son amie avait choisi de lui téléphoner au beau milieu de la nuit. « Tu as conscience qu’il est… presque deux heures du matin ? » demanda-t-elle, les iris posées sur son réveil. Avec regret, elle s’extirpa de sa couette encore chaude pour venir répondre aux sollicitations de Zeus, dont la queue formait un adorable demi-cœur – ou un simple point d’interrogation –. Elle gratifia le félin de caresses complices tout en lui murmurant des familiarités d’une voix idiote. Véritable tigre domestique, Zeus paonnait avec sa démarche majestueuse et son pelage digne des plus belles panthères. En le voyant agir de la sorte, elle réalisa deux choses : La première ; elle l’avait recueilli à tout juste deux mois, à peine sevré et livré à un destin des plus tragiques. La seconde ; l’aspect chétif qui avait poussé son entourage à ne pas donner cher de sa peau était bien loin derrière lui. « Toujours aussi rabat-joie Vranken. J’étais certaine que tu ne dormais pas. » Un soupir s’échappa de ses lèvres framboises. Lorsqu’elle commençait de cette manière, la rouquine pouvait être une vraie plaie. Il était aussi difficile de se débarrasser d’elle que d’un chien rongeant un os. Si Pierce n’avait pas été l’une de ses amies les plus proches, jalouse, possessive, dévouée ; Freya ne se serait pas gênée pour l’envoyer paître sur-le-champ. « Qu’est-ce qui te fait dire ça ? » À l’autre bout du fil, le rire cristallin de Mandy résonnait. Elle avait le mérite de savoir tenir son public en haleine, on ne pouvait lui retirer ça. « L’intuition des Pierce ; tu sais, ce truc de famille ultra puissant qui nous donne une espèce de sixième sens. » Freya leva les yeux au ciel ; comédienne dans l’âme, l’australienne avait toujours aimé se donner en spectacle. Se rendait-elle seulement compte des conneries qu’elle pouvait débiter ? « Abrège, Mandy. » D’un pas nonchalant, la suédoise se dirigea vers la cuisine ouverte – laquelle offrait une vue dégagée sur le living room et sa décoration épurée –. Ses heures très approximatives de sommeil lui avaient donné l’impression de s’être déshydratée en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire et la sensation d’une soif intarissable s’emparait à présent de sa gorge. « Je viens de m’envoyer en l’air avec un type... le portrait craché de Thor. Je peux te dire qu'il maniait son marteau comme un dieu. » Elle jeta un coup d’œil à Zeus, qui venait de la rejoindre sur le comptoir du bar avec une adresse prodigieuse, sans trop savoir si Mandy pensait réellement ce qu’elle venait de dire, ou si, comme souvent, elle jouait uniquement la comédie. « Tu te fiches de moi ? » demanda-t-elle en se servant un grand verre d’eau. Le ton de sa voix était austère, plus dur qu’il ne l’avait été depuis le début de leur échange mais Freya n’avait pas envie de s’attarder sur un sujet de discussion aussi futile alors qu’elle avait lutté, quelques heures plus tôt, contre une sévère insomnie.

Elle déposa son smartphone sur le comptoir et s'y accouda, l'air renfrogné. N'y avait-il personne – d'autre – pour alimenter les débats libidineux et sans intérêt de Mandy ? Qu'avait-elle fait du professeur rencontré sur les bancs de l'université de Queensland, deux ans plus tôt ? Ne maniait-il pas son crayon avec autant de grâce et d'aisance que le puissant Thor ? Dans un haussement de sourcils perceptible, Freya vint se pincer l'arête du nez. Elle était sur le point de mettre fin à ce qui avait pris la tournure d'un monologue quand on frappa violemment à la porte du loft. « Mandy, il faut que je te laisse. » souffla-t-elle en se dirigeant vers l'entrée. Dieu merci, sa détresse venait d’être entendue.

Elle s’arrêta et regarda à travers l’œil du judas, qui révélait le minois immaculé d’Eleonora Parker. La peau de son visage avait pris une teinte blafarde, vide de tout éclat, que Freya ne lui avait jamais vue auparavant. « Leo ? » s’enquit-elle en regardant derrière elle. Les allées de Spring Hill s’étendaient, faisant naître des mirages devant ses billes lapis-lazulis au fur et à mesure qu’elle les fixait. Il lui était impossible de se rendre compte du temps qu’elle avait marché – si elle avait marché – ou de la raison pour laquelle elle avait choisi de venir toquer à sa porte, à cette heure de la nuit. « Entre. Ne reste pas là. » Ses paroles à peine achevées, la suédoise glissa ses mains dans celles de la blonde et l’attira à elle. Sans trop savoir pourquoi, un rictus compatissant naquit sur ses lèvres. Lorsqu’il s’agissait de Leo, elle n’avait jamais eu besoin d’explications ; une petite voix lui murmurait à l’oreille la meilleure manière de se conduire. « Dis-moi tout. » Sa main dans la sienne, Freya se dirigea vers le living room et, plus particulièrement, vers le plaid qui trônait devant elles ; rien de tel pour accueillir les malheureuses tribulations de Leo.
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Message(#)(freya) hole in the bottle EmptyDim 6 Fév 2022 - 13:31

Tu n’as que ta fierté dans la vie. C’est tout, rien d’autre. Tu n’as pas d’argent, tu n’en as jamais eu et au rythme auquel tu vas présentement, ce n’est pas demain la veille que cela changera. Tu ne fais aucun effort pour changer ça, tu te fais chier dans tous les boulots minables que tu trouves et tu n’as aucune envie de retourner sur les bancs d’école. Tu te contentes de peu, c’est ce que tu as toujours connu après tout. Tu n’as pas de famille traditionnelle. Une mère décédée, un père absent que tu sais désormais décéder, des demi-frères et une demi-sœur que tu n’as pas envie de connaître, pas envie de découvrir. Des liens de sang qui ne sont que ça quand rien ne te rattache à eux. Une cousine aux abonnés absents, la plus égoïste de toute et puis un cousin qui parvient à peine à gérer le bordel qui est sa vie, avec de moins en moins de temps à accorder au bordel qu’est la tienne, de vie. Tu ne t’attaches à presque personne, jamais, parce que les relations sont éphémères et tu préfères croire qu’on vient au monde seul et qu’on va crever seul. C’est ce que la vie semble déterminée à t’apprendre depuis si longtemps que de croire autre chose est tout simplement impossible dans ton cas. Et pourtant, il y a des exceptions, ceux qui viennent confirmer la règle. Il y a Reese, qui est là depuis toujours, qui te fait chier plus souvent qu’autrement et qui pourtant, prend une place dans ta vie que tu ne saurais donner à qui que ce soit d’autre. Et il y a Freya. Douce et belle Freya, aussi brisée que toi, sans les morceaux qui s’étalent constamment au sol. Du moins, c’est l’impression qu’elle donne, la brune, quand elle a su tirer avantage des situations de merde dans lesquelles elle s’est retrouvée là où toi, tu n’as jamais cherché à rien faire d’autre que de te noyer un peu plus, avec la tête haute et le majeur bien relevé. La vie est une pute, tu l’envoies chier, tout ça, tout ça, on y croirait presque à ton numéro, de l’adolescente en crise qui refuse de grandir alors que la trentaine approche à grand pas.

Qu’importe vraiment, quand c’est tout de même vers la Vranken que tu te tournes quand le monde cesse de faire du sens. Quand ton numéro ne tient plus vraiment la route, que tes épaules craquent, quand bien même tu n’as pas envie de l’assumer, encore moins de l’admettre. C’est elle que tu réveilles au beau milieu de la nuit, parce que tu n’as pas la moindre envie de rester dans ton appartement saccagé, parce que tu n’as pas la moindre envie de retourner encore et encore l’endroit quand tu sais parfaitement que ce que tu cherches n’y est plus. Ce n’était qu’un pendentif. Il ne valait pas grand-chose, monétairement parlant, mais pour toi, c’est vraiment le seul souvenir tangible que tu gardes de ta mère, le seul objet auquel tu accordes la moindre importance. Pas perdu, volé. Arraché par tu-ne-sais-qui pour tu-ne-sais-pas quelle raison quand vraiment, ton appartement est bien le dernier endroit où s’attarder tant il n’y a rien de valeur à y prendre. Ta fierté en prend un coup, quand tu as la voix qui tremble, que tu plaides pour que ton amie t’entende, pour qu’elle vienne t’ouvrir la porte, mais elle apparaît Freya, comme la bouée qu’elle a toujours su être dans ta vie. « Leo? » Tu ne fais que hocher la tête en guise de réponse, la gorge soudainement trop nouée pour laisser le moindre son en sortir. Oh, ce n’est pas toi ça, ce numéro de la fille fragile à la carapace qui craque de partout, et pourtant, c’est bien tout ce que tu peux lui offrir cette nuit, à ton amie. « Entre. Ne reste pas là. » Elle attrape tes mains et pour une fois, tu te laisses guidée, tu te laisses transportée parce que tu n’as plus la force de tenir sur tes jambes, plus la force de rien d’autre que de te laisser tomber aux pieds de la Vranken. « Dis-moi tout. » Tu échappes un rire qui s’étrangle dans le fond de ta gorge tant cette dernière semble serrée, à retenir des sanglots que tu ne saurais laisser sortir. Tu ne sais même pas par où commencer tant le bordel ne fait que s’accumuler depuis quelques semaines, jusqu’à ce que tu atteignes le point de non-retour. « Ça va pas. » Il t’en faut, pour dire ces mots-là, mais là, tu es au bout du rouleau et il n’y a vraiment qu’à elle que tu peux le dire sans peur de jugements. « J’me suis fait cambriolée ce soir. » Tu secoues la tête. Tu ne parviens toujours pas à y croire parce que c’est ridicule, ça ne fait pas de sens. Pourquoi voler quelqu’un qui n’a absolument rien à offrir, si ce n’est pas une vengeance personnelle? Tu essayes de penser à qui pourrait t’en vouloir à ce point-là, mais aucun nom ne te vient en tête. Tu fais chier beaucoup de monde, oui, mais tant que ça? Non, ça ne se peut tout simplement pas. « Ils ont pris mon ordi, mon stash, mes bijoux… » Tu prends une longue inspiration et il te faut pincer les lèvres pendant quelques secondes pour garder ton calme. Tu voudrais pleurer, tu voudrais crier, tu voudrais faire tous les temps, mais tu te contentes d’inspirer trop fort et de laisser tes lèvres trembler, seule signe de faiblesse que tu t’autorises pleinement. « Ils ont pris le pendentif de ma mère. » Et elle sait, Freya, à quel point tu le chérissais, ce putain de pendentif.
@Freya Vranken :l:
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Message(#)(freya) hole in the bottle EmptySam 5 Mar 2022 - 23:46


hole in the bottle
Freya Vranken & @Eleonora parker (freya) hole in the bottle 873483867

D’un geste souple, Freya saisit le plaid en coton immaculé qui reposait sur la banquette du living room ; large étoffe minutieusement pliée, aux angles droits et aux longueurs régulières. A l’instar d’un nuage d’été à l’aspect moutonneux, le textile était agréable, réconfortant ; se dressait comme le parfait réceptacle pour accueillir les supplices indicibles de Leo. Ses cheveux artistement ébouriffés lui retombaient sur les épaules et ses yeux, animés par un sentiment que Freya ne parvenait pas à déceler, luisaient comme deux pierres célestes sous la lumière du loft. La pièce baignait dans une lumière tamisée diffusée par des ampoules aux sous-tons orangés, faisant jaillir sur les murs écrus des ombres erratiques, versatiles, fantasmagoriques. Il flottait dans l’air un parfum aérien aux tendres notes musquées, qui apportaient souplesse et gourmandise à cet intérieur à la fois neutre et contemporain. La suédoise, qui était parvenue jusque-là à garder la tête froide, se sentit décontenancée par les sept lettres piteusement soufflées par la blonde. Elle inclina lentement la tête, les yeux mi-clos. La simple perspective de voir l’australienne s’écrouler sous le poids excessif du vague à l’âme lui était difficilement supportable. Leo avait toujours été la plus robuste des deux ; solide comme un roc, audacieuse comme une lionne, inébranlable comme la foi du plus fervent des croyants. « Viens. Assieds-toi là. » l’invita-t-elle d’une voix chaleureuse. Pour une fois, peut-être même la seule, Freya remarqua un détail qui n’en était pas réellement un. Les insécurités de Leo semblaient prendre le dessus, l’entraînant irrémédiablement vers la pénombre sans qu’elle n’y oppose la moindre résistance, sans une once de lutte.

Elle secouait brièvement la tête, ostensiblement heurtée par un événement dont la brune n’avait pas connaissance, ses pupilles perdues dans les abîmes de ses souvenirs. « Tu… » commença-t-elle sans qu’aucun autre son ne franchisse la barrière de ses lèvres. Les traits voilés par l’appréhension, Freya scrutait attentivement la blonde qui, retranchée dans un mutisme de court instant, avait l’air d’une réelle bombe à retardement. Chaque seconde de silence ressemblait à un nouvel électrochoc, réveillant des angoisses vicieusement assoupies. Une souffrance de trop et elle la verrait sombrer indubitablement. Il fallait qu’elle parle, qu’elle se libère de ses chaînes et de cet imperceptible boulet qu’elle semblait difficilement traîner à sa cheville. Alors, comme pour l’aider à se constituer du courage, la suédoise mêla une nouvelle fois ses doigts aux siens. « Quoi ?! » s’écria-t-elle presque immédiatement. Mais quand elle se rendit compte que son visage s’était figé en une expression horrifiée, il était déjà trop tard pour s’en composer une autre. La nouvelle lui avait fait l’effet d’une bombe. « Tu as été cambriolée ?! » Elle en demeurait clouée sur place, incapable de ressentir autre chose qu’un énorme vide où ne résonnaient plus que les battements de son cœur. Entraîné par un rythme effréné, son myocarde faisait le bruit d’une poignée de billes tombant en boucle sur du carrelage. Elle entendait la pulsation des valves, comme amplifiées, chacun des battements s’écrasant violemment contre sa cage thoracique.

Les ongles de Leo lui rentraient dans la peau alors qu’elle serrait inconsciemment les poings durant son récit, ses doigts devenant de plus en plus froids, comme réfrigérés par la réminiscence de l’incident. Son regard tombait dans le vide au fur et à mesure que son esprit s’éloignait dans les profondeurs de sa mémoire, brillant, happé par une sensibilité et un chagrin foudroyant. Derrière ses paupières clauses, la suédoise n’en doutait pas, le même film défilait inlassablement. Celui de son intimité dépouillée, laissée sans dessus dessous comme les vulgaires stigmates d’une bataille. À l’instar des véhémentes guerres menées par les vaisseaux de la guerre des étoiles, il n’en restait rien ; il n’y avait plus que du désordre, des ruines, du vide. « Mon dieu Leo… Tu as une idée de qui a pu faire ça ? » Loin d’être une simple narratrice, son exposé lui infligeait la torture de revivre cette expérience en différé. Ses yeux humides cherchaient vainement un élément rassurant dans la pièce mais les images de son intérieur souillé paraissaient la hanter, la harceler, lui coller dangereusement à la peau. Ses lèvres tremblaient comme celles d’une petite fille tandis qu’elle inspirait bruyamment, tentant de calmer sa respiration. Dans un état de fébrilité extrême, Leo lutait pour ne pas éclater en sanglots. Plutôt embrasser un wookie que de céder face à une émotion aussi banale que la tristesse.

« Oh Leo… Je suis désolée, je sais à quel point tu tenais à ce pendentif. » Ses jambes flageolaient sous la couverture écrue, ranimées par la peine ou la colère – elle n’aurait su le dire – d’avoir effleuré des blessures encore vives ; braises rougeoyantes d’un feu à peine éteint. Et pourtant Freya n’en doutait point, l’australienne se remettrait de cette épreuve. Il n’était question que de quelques jours, semaines voire mois. Leo était dotée, sans en avoir conscience, d’une impétuosité folle. À l’image du tristement célèbre Anakyn Skywalker, la force serait avec elle.
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Message(#)(freya) hole in the bottle EmptySam 26 Mar 2022 - 4:25

« Viens. Assieds-toi là. » Ce soir, pour une rare fois, c’est facile de te laisser guider par Freya. D’abandonner tout contrôle, de la laisser avoir pleinement la charge de toi alors que tu deviens une enveloppe vide. Tu es épuisée. Épuisée de tes conneries, épuisée des merdes qui te tombent sur la tête, celles que tu provoques et celles que tu n’aurais pas su prévenir. Tu t’entêtes constamment à crier haut et fort que tu te fous de tout et de tout le monde, mais ce soir, alors que Freya t’installe sur son canapé, plaid qui prend place sur tes jambes molles et pâlottes, tu n’as plus la force de prétendre. Plus la force d’être en colère, plus la force de ressentir quoique ce soit d’autres que les vagues de tristesse qui t’assènent chaque fois que tu penses à ce pendentif disparu. Ce n’est pas la breloque en soit qui te provoque tout ça, mais bien ce qu’elle représente. Ce dernier morceau de ta mère qui t’a été arraché sans que tu ne comprennes pourquoi, une blessure rouverte pour laquelle tu ne t’étais pas le moindrement préparé. La mort de ta mère n’a pas été une surprise en soit, quand c’est arrivé. Elle était malade depuis trop longtemps pour que tu sois choquée, mais le trou de son absence restait immense, du genre que tu étais incapable de remplir peu importe tes conneries, peu importe les manières que tu tentais d’anesthésier ton corps et ton esprit de rencontres éphémères, de drogues en tout genre et d’alcool qui n’arrivaient jamais réellement à panser les plaies. Ce soir, c’est la goutte qui fait déborder le vase, c’est la carapace qui se fissure en mille morceaux et ton corps qui ne supporte plus le poids des regrets. Ce soir, c’est une Leo bien différente de celle que Freya connaît, l’ironie et le sarcasme parti bien loin quand il ne reste plus rien. Rien du tout.

Tu parviens tout de même à lui raconter vaguement ce qui s’est passé, ce qui t’a finalement poussé à bout dans des mots qui sont tous plus maladroits les uns des autres. « Tu… » Elle n’a pas les mots pour réagir Freya, et tu n’as pas non plus les bons mots pour répéter, pour expliquer ce qui ne fait pas de sens dans ton esprit. C’est sans doute le cambriolage le plus aléatoire et le moins bien organisé de tous les cambriolages de l’univers tant il n’y avait pas vraiment de possessions de grandes valeurs à prendre chez toi. Tu ne peux pas te permettre le luxe, tu n’as jamais pu et que l’on vienne te prendre le peu de choses que tu possèdes, ça avait eu le don de te faire encore plus mal que ce que tu pensais possible. « Quoi?! » Elle assimile l’information peu à peu alors que tu tentes de te faire aussi petite que possible, ensevelie sous le plaid qui te sert de protection temporaire contre le monde. « Tu as été cambriolée?! » Tu te pinces les lèvres et échappes un long soupir. « C’est ce que je viens de te dire, oui. » Il n’y a pourtant ni sarcasme ni malice dans ta voix, loin d’une répartie dont tu es pourtant généralement une pro. « Mon dieu Leo… Tu as une idée de qui a pu faire ça? » Tu secoues la tête de gauche à droite. « Je sais pas, je comprends pas… » Tu te râcles la gorge légèrement, tu détestes toute l’émotion qui se fait entendre dans ta voix. « J’avais rien à voler et ils ont quand même réussi à foutre le bordel. » Tu devrais être en colère, tu devrais être en furie, sans doute qu’une partie de toi l’est aussi, mais c’est la fatigue, la tristesse, l’incompréhension qui prime pour une rare fois alors que toutes tes pensées se dirigent malgré toi à ta mère et à ce pendentif dérobé. « Oh Leo… Je suis désolée, je sais à quel point tu tenais à ce pendentif. » Tu te mords les lèvres si fort que tu es presque surprise de réaliser que ces dernières ne se mettent pas à saigner. Tes doigts s’enfoncent dans la peau de Freya, tu fais tout ce que tu peux pour ne pas céder à cette envie pourtant de plus en plus forte de pleurer. Oh que tu la détestes, cette vulnérabilité. « C’est tout ce qui me restait d’elle. » Il y a les souvenirs évidemment, ceux qui s’entassent inlassablement dans ta boîte crânienne, mais ils s’estompent peu à peu, les souvenirs alors que les années filent trop vite à ton goût. « Comment tu fais? » Pour tenir debout, pour être si droite dans tes bottes, pour avoir une vie qui fait du sens. « Comme tu fais pour pas être éternellement en colère? » Et être toujours en contrôle. Toi, tu ne contrôles plus rien, pas même les larmes qui ont finalement réussi à se faire un chemin contre ta peau de porcelaine.
@Freya Vranken :l:
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Message(#)(freya) hole in the bottle EmptyJeu 12 Mai 2022 - 19:33


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Freya Vranken & @Eleonora parker (freya) hole in the bottle 873483867

L’inflexion de sa voix était teintée d’une vulnérabilité que Freya ne lui connaissait pas et, à la lueur de ses iris célestes, elle comprit que ce qu’elle cherchait avant tout était une épaule solide, compréhensive ; comme celle que Leo lui avait toujours offerte. S’épancher sur ses états d’âme ne ressemblait guère à l’australienne, tout comme l’émotion qu’elle tentait de dissimuler derrière un voile mince et gauchement feint. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, son amie avait toujours réussi faire preuve de contenance ; n’importe où, n’importe quand, qu’importe les circonstances, et quelque chose la troublait dans l’éventualité que cette fois diffère. « Il n’y a rien à comprendre Leo. Ce n’est pas de ta faute. » Le fait de vivre un événement de cette trempe pouvait provoquer de nombreuses réactions dont celle d’alimenter une colère bien trop importante, à en couper le souffle ; une rage intense et destructrice dont la puissance pourrait — en une fraction de secondes — tout faire voler en éclats. « Tu ne pouvais pas prévoir que ça arriverait. » Les muscles de Leo semblaient tendus sous sa peau, ses traits déformés par le chagrin, et voir ses émotions lui sauter férocement à la gorge faisait profondément vibrer une corde sensible chez la suédoise. C’était une sensation étrange, saisissante ; comme une sorte d’étau qui lui serrait le cœur et étouffait la lueur espiègle qui brillait habituellement dans ses yeux. Elle détestait ce sentiment, cette impression d’impuissance qui la gagnait au fil des secondes qui s’égrenaient au sablier du temps. « Tu te trompes Leo. » commença-t-elle en éloignant ses mains pour venir les prendre dans les siennes.

Devant elle, Parker demeurait immobile, à la manière d’une sculpture qui aurait été minutieusement taillée dans le marbre. La tension restait palpable dans chacun de ses doigts et son regard azur — presque translucide — lui semblait indéfinissable. « Il te reste le plus important. » déclara-t-elle. L’inflexion de sa voix était tendre et rassurante, ses mains chaudes enveloppant les siennes à l’exemple d’un cocon. « L’amour que tu lui portes et que tu auras pour elle jusqu’à la fin de tes jours. Les souvenirs, la joie que tu peux ressentir quand tu imagines son visage, son sourire… Tout ça Leo, personne ne te l’enlèvera. » Cette phrase avait surgit dans son esprit comme une sorte de certitude, de vérité inébranlable à laquelle on pouvait croire, dur comme fer. Mais en réalité, c’était cette espèce de lueur intense qui la guidait depuis l’âge de cinq ans, brillant furieusement dans l’obscurité et régissant chacun des pas qu’elle faisait psychiquement vers Rafael. Freya lâcha l’une de ses mains pour venir la poser sur sa tempe, délicatement. « Elle sera toujours là, avec toi. Je te le promets. » Car Rafael, lui, ne l’avait jamais quittée. Il était le seul humain sur Terre capable de lui jeter des étoiles dans les yeux, de la faire sourire jusqu’aux oreilles et de la combler d’une joie intense ; même s’il n’était plus physiquement à ses côtés. La jeune femme rêvait son visage, son timbre de voix devenu grave, sa musculature roulant sous sa peau matte et ses tatouages. En avait-il ? Chaque nuit, l’aîné des Rhoads prenait une allure différente ; masculine, virile, à l’image de leur père biologique à son âge. La seule chose que Freya s’imaginait parfaitement et qui ne changeait pas ; c’était son sourire.

« Tu sais quoi ? Trouvons-le ! Mettons-nous à sa recherche. » lança-t-elle. Il était soudain plus simple de lui dire quoi faire, de fixer ses grands yeux bleus et de la guider loin de toute cette colère, de cette tristesse. La suédoise croisa les bras sur sa poitrine, exaltée par la façon dont cette idée avait jailli dans son esprit. Ses narines frémirent légèrement, comme si elle venait d’humer quelque chose ; une piste ? « Que ferais-tu si tu avais volé un bijou d’une grande valeur et que tu voulais t’en débarrasser rapidement ? Te faire beaucoup d’argent ? »  Le regard de Leo glissa sur elle, lui donnant l’impression d’être complètement transparente. Une tempête semblait couver dans l’ombre de ses iris et souleva un frisson qui remonta le long de l’épine dorsale de Freya. « Je suis persuadée qu’il s’est rendu chez un prêteur sur gage. C’est la manière la plus discrète de procéder. Combien y en a-t-il à Brisbane ? » Quand elle croisa de nouveau son regard, qui lui parut plus léger quoi que misérable, Freya esquissa un faible sourire. Elle prit une nouvelle fois ses mains dans les siennes et redressa le buste, comme pour se donner plus de prestance. « On peut s’y rendre, toutes les deux. Les faire un par un. Tu n’as qu’une seule chose à dire et je te suis. » À cet instant, la jeune femme se comparait à un grand requin blanc, prêt à sillonner les mers à la recherche d’un trésor ; discret au départ, mais déterminé à saisir sa proie.

La voix de Leo la sortit brièvement de ses pensées, plus faible qu’à l’accoutumée, chancelante. « Comment je fais quoi ? » demanda-t-elle, perdue par l’incompréhension. Freya laissa retomber ses bras le long de son corps, rapprochant ses mains de ses jambes croisées en tailleur, se sentant tout à coup très mal à l’aise. Que voulait-elle dire ? Ses sourcils se froncèrent tandis qu’une vague de questions lui remplit la tête en un instant. « À quoi ça me servirait, d’être toujours en colère ? » L’air qui se dessinait sur ses traits fit bizarrement ressortir la rondeur de ses prunelles. L’oxygène semblait s’épaissir, comme transformé en sable — ou tout autre matière tout aussi compacte —. « Je ne veux pas l’être. » souffla-t-elle en baissant la tête. La suédoise eut la sensation de se débattre, tel un chaton furieux pris au piège d’une mélasse imperceptible, jusqu’à ce que les particules d’azote veuillent bien entrer à nouveau dans son corps. « Tu ne peux pas en vouloir à la Terre entière, Leo. Tu ne peux pas juste… baisser les bras. Il faut que tu sois plus forte que ça. » Ses prunelles harponnèrent de nouveau les siennes et son pouce essuya la larme qui roulait sur sa joue. « Tu es plus forte que ça. »
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Message(#)(freya) hole in the bottle EmptyMer 1 Juin 2022 - 12:42

« Il n’y a rien à comprendre Leo. Ce n’est pas de ta faute. » Non, pour une fois, tu as l’impression que ce n’est pas vraiment de ta faute, ce qui s’est passé. Pourtant, tu ne peux te défaire de ce sentiment que c’est un gros coup de pied au cul de la part du karma. Comme une balance cosmique qui se devait d’être payée d’une manière ou d’une autre pour toutes les conneries que tu ne cesses de faire. Pour toutes les fois où tu n’as pas su prendre la bonne décision, pour toutes les fois où tu t’étais jouée des gens, où tu avais volé, triché, fais tous les temps sans jamais te soucier des moindres conséquences. C’était bien fait pour toi et pourtant, tu ne savais pas le prendre, acceptant très mal la perte du peu de choses que tu possédais encore. « Tu ne pouvais pas prévoir que ça arriverait. » Tu hausses les épaules, baisses la tête. Tu n’aurais rien pu faire, dans tous les cas. Tu ne possédais aucun contrôle sur cette merde qui venait de te tomber sur la tête. Tu n’avais que ta colère, fidèle alliée, et puis cette énorme impression que tu avais en quelque sorte trahi la mémoire de ta mère, en perdant ce putain de pendentif. Ce n'était d’apparence qu’un bijou sans valeur, tu ne savais même pas combien d’argent quelqu’un pourrait réellement se faire avec, mais le simple fait de savoir qu’il ne serait plus jamais en ta possession suffisait à te mettre à genoux, à forcer une tristesse et les vestiges d’un deuil que tu n’avais jamais réellement complété. « Tu te trompes Leo. Il te reste le plus important. » Tu voudrais gueuler, lui dire qu’elle n’a pas le droit de te dire un truc complètement ringard du genre qu’il te reste tout l’amour que tu as eu pour elle, l’amour que tu auras toujours pour elle et celui qu’elle aura toujours pour toi. Parce que ce n’est rien de tangible. Ce n’est rien que tu puisses tenir entre tes doigts. Ce n’est que du vent, des paroles en l’air, de ce qu’on dit pour tenter de calmer les esprits blessés. Mais ta rage a laissé place à l’amertume, qui elle se paire d’un mutisme que tu n’assumes pas alors que ton amie elle, tente bien malgré tout de trouver les mots justes. « L’amour que tu lui portes et que tu auras pour elle jusqu’à la fin de tes jours. Les souvenirs, la joie que tu peux ressentir quand tu imagines son visage, son sourire… Tout ça Leo, personne ne te l’enlèvera. » Et tu ne sais pas si c’est parce qu’elle dit exactement ce que tu ne voulais pas entendre ou si c’est parce que c’est exactement ce que tu avais besoin d’entendre, mais les larmes se mettent à couler sur tes joues, les sanglots se joignent rapidement à la partie dans un concert que bien peu de gens ont eu l’occasion de voir de ta part. « Elle sera toujours là, avec toi. Je te le promets. » Les sanglots repartent de plus belle alors que tu finis par t’effondrer dans les bras de Freya qui accueille ta tempête comme elle seule sait si bien le faire. « C’est pas juste. » que tu ne cesses de murmurer entre deux sanglots, comme étant la seule réalité à laquelle tu sais te rattacher pendant de longues minutes, alors que tu évacues finalement ce trop plein que tu contiens depuis bien trop longtemps déjà.

Tu t’efforces de prétendre comme si rien n’était arrivé une fois que la crise est passée, une fois que tu as réussi à calmer les sanglots dans le fond de ta gorge et que les larmes ne coulent plus incessamment le long de tes joues. Il ne reste plus que toi et cette honte que tu ressens d’avoir démontrer autant de vulnérabilité, de faiblesse, même si Freya a toujours été l’une de tes safe personnes, même si tu sais parfaitement que jamais elle ne te jugera pour quoique ce soit, même quand tu mériterais réellement de l’être. Peut-être qu’elle ressent ton besoin de ne pas aborder en profondeur ce qui vient de se passer quand déjà, elle passe en mode solution. « Tu sais quoi? Trouvons-le! Mettons-nous à sa recherche. » Tu sais qu’elle fait ça pour bien faire, mais la simple idée de devoir partir à la recherche de ton bien le plus précieux ne fait que te rappeler la douleur que tu ressens à la pensée de ne jamais pouvoir reporter ledit pendentif. « Ce serait comme chercher une aiguille dans une botte de foin Freya, je pense pas qu’on trouvera. » Parce qu’il y a quand même de grandes chances que les voleurs aient décidé de le garder, ou de le revendre au plus offrant. Mais Freya elle, voit déjà les choses d’une perspective un peu plus optimiste. « Que ferais-tu si tu avais volé un bijou d’une grande valeur et que tu voulais t’en débarrasser rapidement? Te faire beaucoup d’argent? » Tu hoches la tête. Oui, sans aucun doute, c’est ce que tu ferais toi aussi, si tu mettais la main sur quelque chose qui pourrait facilement te rapporter quelques centaines de dollars. « Je suis persuadée qu’il s’est rendu chez un prêteur sur gage. C’est la manière la plus discrète de procéder. Combien y en a-t-il à Brisbane? » Tu hausses les épaules tout en hochant la tête. « Je sais pas, une dizaine peut-être. Sans compter les trucs vraiment malfamés. » Genre dans les quartiers plus démunis de la ville, là où les gens laissent des trucs souvent de valeurs bien plus grandes que ce qu’ils ne reçoivent, désespérés pour un peu d’argent dans leurs poches. Tu le sais bien parce que tu as déjà été cette personne, bien trop souvent pour avoir envie de l’admettre à ton amie. « On peut s’y rendre, toutes les deux. Les faire un par un. Tu n’as qu’une seule chose à dire et je te suis. » Tu te pinces les lèvres, mordant le creux de ta joue avec force pour empêcher une nouvelle vague de larmes de prendre le dessus. Ça te touche bien plus que tu n’aies en mesure de lui dire, ce qu’elle te propose. L’attention et le temps qu’elle est prête à mettre dans une quête qui n’est pas la sienne. Et tu voudrais pouvoir lui dire merci pour ça, mais les mots restent coincés dans le fond de ta gorge, quand toujours, un problème survient dans ton esprit. « Même si par un miracle quelconque on arrivait à le retrouver, j’aurais jamais les moyens de le racheter. » Et il était hors de question que tu acceptes que la Vranken ne te fasse la charité. Tu n’étais jamais au-dessus d’accepter de l’argent de tes amis, ou de tes connaissances plutôt dans la majorité des cas, quand l’urgence de la situation s’y prêtait, mais tu savais que tu ne pouvais pas demander une telle chose de Freya. Parce que tu te connaissais assez pour savoir que jamais tu ne serais en mesure de la rembourser, toujours bien trop occupée à flamber le moindre argent qui tombe entre tes doigts pour de l’alcool et des drogues en tout genre, le besoin d’endormir ta rage prenant le dessus sur tout le reste, tout le temps.

Et tu voudrais vraiment comprendre, comment elle fait Freya, pour ne pas être complètement engloutie par la colère, la rage, ce sentiment d’injustice alors qu’elle aussi, elle est loin d’avoir eu de la chance dans la vie. « Comment je fais quoi? » « Ça. Tu trouves toujours les bons mots. Les bonnes choses à faire. Tu trouves toujours le moyen de relativiser alors que j’ai qu’une envie : celle de tout détruire sur mon passage. » Et c’est ce que tu fais, la grande majorité du temps. Quand tu refuses de te poser dans un quelconque boulot, que tu ne prends jamais rien au sérieux, que tu crées des bagarres partout où tu passes simplement pour l’envie de te défouler, de frapper sur quelqu’un ou sur quelque chose. « À quoi ça me servirait, d’être toujours en colère? » Ce n’est pas une question de savoir à quoi ça sert à tes yeux, c’est un besoin de savoir comment faire pour passer par-dessus, pour être en mesure de ressentir autre chose sans constamment avoir besoin d’engourdir ton corps et ton esprit pour arriver à t’en débarrasser. « Je ne veux pas l’être. » « Et je sais pas comment faire autrement. » Peut-être bien qu’elle est là, la différence entre vous deux. Elle fait le choix de ne pas se laisser consommer alors que toi, tu t’engouffres sans jamais vouloir croire qu’il y a une autre façon de faire. « Tu ne peux pas en vouloir à la Terre entière, Leo. Tu ne peux juste pas… baisser les bras. Il faut que tu sois plus forte que ça. Tu es plus forte que ça. » « C’est des conneries tout ça Freya, et tu le sais aussi bien que moi. » Tu n’as rien d’une fille forte, surtout pas ce soir, alors que tu n'es plus que la petite fille fragile, brisée par les aléas de la vie, celle qui s’écroule aux pieds d’une des seules personnes qui a su se faire un trou dans sa vie au fil des années. Tu sens les doigts de la brune qui viennent essuyer une énième larme sur tes joues et tu résistes difficilement à la tentation de rejeter ce contact dont tu as pourtant cruellement besoin. « Je sais pas combien de temps je peux continuer comme ça avant d’exploser. » Et la vérité, c’est que tu étais terrifiée de ce qui se passerait, quand tu ne pourrais tout simplement plus continuer.
@Freya Vranken :l:
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Message(#)(freya) hole in the bottle EmptyJeu 4 Aoû 2022 - 20:49


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Elle entoura les épaules chevrotantes d'Eleonora, effleurant d'une main le creux de ses omoplates et glissant la seconde dans sa chevelure toujours extraordinairement lisse. C’était une particularité qu’elle lui avait souvent enviée, regrettant le caractère sauvage de ses longueurs brunes. Des larmes roulaient à torrent sur son visage pâle, profilé comme un diamant, et son corps était agité de soubresauts incontrôlables. Ses iris translucides, cerclées d’une paupière rougie, reflétaient toute la peine que son amie ressentait intérieurement mais qu’elle s’était forcée de contenir jusqu’ici. Parce qu’elle était ainsi. Attachée à ses forces, bien plus qu’à ses faiblesses ; solide comme un roc, un tantinet imprévisible et surtout, trop fière pour admettre qu’elle pouvait être faillible. « Je sais. » murmura-t-elle. Six lettres que la suédoise avait instinctivement prononcées, comme si cela allait miraculeusement la réconforter, effacer une partie de sa souffrance et simplifier ce sujet si difficile à aborder. C’était injuste de l’avoir dépouillée, d’avoir fait irruption dans sa vie et dans son intimité, d’avoir subtilisé l’empreinte d’un souvenir indescriptible, d’un amour véritable et sincère comme dans les livres. Mais si la criminalité avait été quelque chose de juste, nul doute que cela aurait été porté à la connaissance de l’opinion publique. Relâchant délicatement son étreinte, Freya se dirigea en direction du bar où elle enclencha le bouton poussoir d’une bouilloire. Rien de tel qu’une boisson chaude pour diminuer les secousses involontaires auxquelles s’adonnait sans fin la silhouette de Leo. Le temps de quelques secondes, ses lèvres se réunirent une ligne fine tandis qu’elle observait, muette, la détresse de l’australienne. Qu’était-on censé dire quand il ne nous restait plus rien ? Une sorte de grimace emplie de tendresse anima ses traits lorsqu’elle aperçut Zeus franchir la porte de sa chambre. D’une démarche entièrement nonchalante, le félin s’approcha de l’assise où se trouvait encore Leo, frottant sa tête contre l’un de ses bras, puis contre son visage trempé de larmes. Lorsque cela se produisait, la situation lui paraissait presque surréaliste, donnant à sa petite panthère un air incroyablement humain.

Elle le gratifia d’un sourire approbateur et déposa sur le comptoir deux tasses de forme arrondies, aux couleurs naturelles et au motif simple et fleuri. Dans chacune d’elles, Freya glissa un sachet blanc cousu main, paré d’une étiquette dont les contours esquissaient distinctement une élégante pomme de pin. Une écriture calligraphiée en lettres dorées indiquait en un français parfait : ’Thé Noir Pumpkin Chai’ ; souvenir d’un voyage à l’hexagone d’Eleonora et Charles Vranken. Et si l’on y regardait de plus près, on pouvait observer que les sachets, eux-mêmes, empruntaient la silhouette de deux adorables écureuils. « Je crois qu’il essaie de te réconforter. » déclara-t-elle d’une voix qui trahissait le sourire naissant sur ses lèvres. Les coussinets en appui sur ses épaules, Zeus léchouillait le bout du nez de Leo avec une douceur excessive — probablement dans l’espoir qu’elle n’esquisse une expression plus légère —. « Si seulement je pouvais me vanter de le lui avoir appris ! » Ses narines frémirent sous les volutes de fumée édulcorées qui s’élevaient dans l’air ; les notes de caramel apportaient une délicate touche sucrée qui vous plongeaient mentalement jusque devant le feu ardent d’une cheminée en plein hiver. Freya avait sélectionné ce sachet avec soin ; celui qu’elle choisissait inévitablement, pour son réconfort et sa chaleur, et dont Leo avait besoin. « Tiens, ça te fera du bien. » assura-t-elle en lui tendant un mug beige.

La maigre gorgée de thé qu’elle venait d’ingurgiter lui brûla l’œsophage, frémissant jusque dans ses boyaux dénués de tout aliment. Son repas du soir s’était composé d’une salade à base de tomates fraîches, burrata et autres ingrédients de provenance méditerranéenne, absorbés en un rien de temps par son corps svelte et épuisé. « On peut quand même essayer. » Elle posa son mug sur la table basse avant de lui faire face, se plantant mains sur les hanches, tel un plombier s’apprêtant à annoncer le tarif de la réparation d’une chaudière particulièrement capricieuse. « Quelqu’un a sans doute déjà trouvé une aiguille dans une botte de foin ! » La suédoise sentait son pouls battre dans son cou, aussi frénétiquement que si elle avait déambulé dans la maison hantée d’une fête foraine, le corps tendu dans l’attente d’être surprise. Dans tous les scénarios — nombreux — qu’elle avait envisagés, Leo finissait par remettre la main sur son collier. Mais non. Rien. Proposer de faire le tour de tous les prêteurs sur gage de Brisbane n’était sans doute pas leur meilleure option — à supposer qu’elles en aient d’autres. Elle essaya de définir si elle se sentait résolue ou déçue. Bizarrement, les deux émotions se mélangeaient. « Ok, je te l’accorde. Ce n’est peut-être pas ma meilleure idée.  » Mais elle n’en avait pas d’autre.

Freya glissa ses doigts autour de la hanse du mug qui avait atteint la température d’un bain tiède et trempa ses lèvres dans l’eau aux sous-tons orangés. La citrouille et la carotte réhaussaient la saveur du thé noir. « On s’en fiche du prix, Leo. Si c’est une question d’argent, je peux très bien l’acheter pour te l’offrir à nouveau. » Elle venait de mettre la tête dans la gueule du lion et méritait un bon point pour avoir relevé le défi. Comme lorsque le héros d’un long-métrage grognait : « C’est quelque chose qu’il faut que je fasse. » ; la suédoise devait le faire. « Ce ne serait qu’une rangée de chiffres sur une étiquette. Rien qui ne puisse t’empêcher de le récupérer. » Et rien qui ne soit insurmontable pour la fille adoptive des Vranken. Freya posa ses billes lapis-lazulis sur le pelage de Zeus qui déambulait à nouveau sur l’impeccable parquet du loft depuis qu’elle avait repris sa place sur le sofa. « Si je n’avais pas relativisé toutes ces années, je ne sais pas si j’aurai eu la force de tenir jusqu’ici. » confessa-t-elle. Ses iris glissèrent sur les traits tirés de l’australienne, ses paupières rougies, gonflées par les larmes, et les stigmates d’eau salée sur ses joues pâles. Elle eut l’étrange impression que son souffle se coinçait dans sa gorge, que son cœur s’écrasait contre sa cage thoracique, que tous les sons lui parvenaient de très loin… « Tu sais… Si je te propose l’impossible, comme chercher ce pendentif, c’est parce que je l’ai fait aussi. » Freya marqua une pause. « Je veux dire, pas chercher un collier, mais le chercher lui, Rafael. » Elle ressentait une profonde désillusion à cette idée — mais était-ce vraiment étonnant ? — À quoi s’attendait-elle ? À ce que son histoire finisse en fabuleux ‘happy end’ ? « Je ne t’en ai jamais parlé mais j’y suis allée. À New-York, en 2018. Je me suis rendue à sa dernière adresse connue et j’ai vu. L’endroit où il vivait, mangeait, dormait… L’endroit où il était passé mais où il n’était plus. Je ne l’ai pas retrouvé mais je sais que j’y étais presque. Et ça, c’est comme ton aiguille dans une botte de foin. C’est fou, complètement improbable, mais… pourquoi pas ? » Sa voix était étrangement calme mais son cœur, lui, ne suivait pas les règles ; il tambourinait si vite dans sa poitrine qu’elle avait le sentiment de démarrer une crise de panique.  Freya était passée à côté de son vestige du passé, certes, mais rien ne garantissait que ce soit également le cas de Leo. Peut-être qu’ensemble, elles mettraient la main sur cette saloperie d’aiguille. « Alors exploses. Vas-y. »
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