-T- on planning avait de quoi te réjouir aujourd’hui. Il n’avait que très peu de consultations et se concentrait surtout sur la chirurgie. Sauf qu’un bémol avait éteint tout ton enthousiasme. Tu avais une chirurgie à faire en présence d’Albane. Tu ne peux t’empêcher de lui jeter quelques regards désobligeants. Tu entends ses mots résonner entre tes tempes, plus que les autres voix. Elle fait du bruit, et tu n’entends qu’elle. « Est ce que tu peux parler moins fort Albane? » Tu lâches sèchement, détachant ton regard de la plaie pour poser tes opales dures sur la brune. Ta question ressemblait plus à un ordre désagréable. Il y a quelques regards interrogateurs qui s’échangent entre vos collègues, un instant de flottement gênant qui se met en place. Puis tu soupires, et te concentres de nouveau sur ta chirurgie. Vous finissez de visser la plaque dans l’humerus fracturé, et t’aurais presque pu te félicité de l’autonomie que tu avais depuis le début de l’opération si seulement ton esprit n’était pas focalisé sur Albane. Elle chuchote de nouveau quelques mots à un collègue, et ta réaction ne se fait pas attendre. Un regard assassin se plante sur elle. Ton visage était couvert d’un calot et d’un masque, pourtant que n’était pas compliqué de comprendre dans quel état d’esprit tu te trouvais. « Qu’est ce que je t’ai dit? » Tu vocifères de nouveau alors que le ton de sa voix pouvait difficilement être plus bas. Tu ne supportes plus d’être dans la même pièce qu’elle. Tu ne supportes plus sa voix. Tu lui en veux. Pour une histoire d’égo mêlé à l’impression d’étouffer que tu as subi plusieurs semaines après votre rupture. Tu lui en veux de t’avoir renvoyé un message, d’avoir tout foiré. D’habitude, c’était ton truc à toi. Et c’était finalement plus simple d’être le responsable que de lui en vouloir. Elle n’a pas le temps d’aller bien loin pour aller chercher tu ne sais quoi que tu l’interpelles dans sa course. « Le champ. » Que tu commences, la voix froide. « Tu l'as touché. » T’en es même pas sur. Tu veux juste qu’elle sorte de ce bloc. « T’es sur? » Le titulaire t’observes, sceptique en te voyant si entête contre l’infirmière. Tu te précipites dans ta réponse. « Oui j’en suis sur. » Absolument pas. T’as juste plus envie de sentir sa présence à tes cotés, de la deviner dans ta vision périphérique. Un regard s’échange entre le chirurgien et l’anesthésiste. Ce dernier la fait finalement sortir en douceur, et tu te décontractes, tes épaules redescendent. Tu reportes ton attention sur l'os découvert et stabilisé, tu attrapes le porte aiguilles pour refermer plan par plan. « Toi aussi tu sors. » Tu relèves la tête, fronçant tes sourcils. Ton supérieur a l’air parfaitement sérieux. « T’es sérieux? » Ton désarroi se lit dans la tonalité que tu empruntes. Tu ne comprends pas, et c’est sans doute le problème. Tu ne sais pas te remettre en question, tu n’intègres pas le fait que tes agressions verbales incessantes contre Albane mettent mal à l’aise toute l’équipe et ne sont pas réellement appropriées. Ils avaient bien tenté de ne plus vous mettre ensemble, mais l’absence de certaines infirmières anesthésistes avaient forcé le planning à se construire de cette manière. « Va régler tes problèmes dehors. » Tu le dévisages quelques secondes, les traits marqués, et dans un accès de colère, tu sors du bloc, arrachant ton masque et claquant la porte derrière toi. À peine à tu quitté la pièce que tu croises de nouveau Albane. Logique. « Tu peux pas t’empêcher de me pourrir la vie? » Que tu demandes, méprisant. C’est toi qui dis ça? Alors que tu la provoques sans cesse? Tu retires tes gants que tu jettes dans la poubelle à côté de la porte puis en fais de même pour ton calot. « J’me fais virer du bloc parce que tu fous encore la merde. » Depuis quelques mois maintenant t’étais devenu une vraie ordure avec Albane. Si tu pouvais lui mettre la tête sous l’eau, t’hésitais pas. Tes réactions étaient toujours disproportionnées, et quand bien même tu essayais de te contenir devant vos supérieurs, tes enchainais les remarques désobligeantes. T’as l’espoir incompréhensible qu’à force de te comporter de la sorte, ça te soulage.
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I'm gonna get back to believing. It's been a long, long time now. I'm gonna get up and make it look easy, even though I don't know how. I'm not gonna try and make it even, I'm way behind by now. No, I'm not gonna try and make it all even, even though I know how. And everyone thinks I dodged a bullet but I think I shot the gun
Son service des urgences lui manquait, c’était un fait. Cela faisait quelques jours maintenant que Albane avait accepté de dépanner, faire jouer sa carte d’infirmière anesthésiste. Prendre ce rôle qui aurait dû être le sien depuis qu’elle avait passé sa certification. La place pouvait faire envie après tout ; un meilleur salaire, de meilleurs horaires. La française n’accrochait juste pas à ce métier, à ces heures passées dans les blocs à surveiller d’un œil vigilant les constances de ses patients. Encore moins aujourd’hui, quand l’interne qui était en charge de l’opération n’était autre que Winston. Ce serait mentir que de dire que Bane n’avait pas grincé des dents en voyant le tableau, qu’elle n’avait pas dû forcer son indifférence. Elle s’était promis que peu importe l’ampleur de leurs conflits, elle ne ferait pas de vagues. Personne à l’hôpital n’était au courant pour leur histoire, et cela aurait dû continuer. Malheureusement, Ackerman ne l’avait pas entendu de cette oreille. Dire qu’il lui faisait vivre l’enfer depuis plusieurs mois maintenant serait un doux euphémisme. Il ne ratait jamais la moindre occasion ; dès qu’ils se croisaient, il fallait qu’il l’accuse de faire quelque chose de travers. Il était abominable, et l’infirmière avait juste rongé son frein en retour. Elle s’était dit que cela finirait par passer, que c’était le temps qu’il se calme, passe l’éponge sur ce qu’elle avait fait. Sauf que plus les incidents s’accumulaient, plus Albane commençait à voir que peut-être la colère ne se tarirait jamais. Une réalité qu’elle se refusait d’admettre, toujours incapable de faire le deuil de leur histoire. Aussi bancale qu’ait été leur histoire, la française ne pouvait que voir qu’elle était bien mieux avec que sans lui. Elle avait essayé de lui laisser du temps, de l’espace, mais sa patience pourtant infinie arrivait à ses retranchements. Cette journée n’échappait pas à la règle. Elle avait été à peine surprise de l’entendre la rappeler à l’ordre pour un tort qu’elle n’avait pas commis, avait soutenu son regard en silence plutôt que de souligner combien il était en train de se montrer injuste. Ne pas faire de vagues, encore. Tant pis si cela devait rendre le reste de l’opération insoutenable, rendre le temps interminable.
Le problème, c’était que la brune n’était pas dans ce bloc pour faire beau. Elle avait son boulot à faire, elle aussi, ne rouvrit la bouche que pour un sujet professionnel. Elle avait besoin de savoir qui de sa collègue ou elle assurerait le suivi, une fois sortis d’ici. Mais parmi les discussions qui prenaient place autour de la table, parmi les commentaires médicaux, il fallut évidemment qu’elle soit celle qui subisse les reproches. Une nouvelle attaque qui, en plus de faire tiquer leurs collègues, irrita la française. « Tu m’as dit de parler moins fort. Navrée, docteur, la communication active avec mes collègues fait partie de ma fiche de poste. » Il était rare qu’elle attaque, et si sa voix était franchement neutre, le simple fait qu’elle rétorque suffisait à confirmer que l’altercation n’était pas anodine. A ce stade, Winston réussissait doucement à la déconcentrer, à fissurer son masque d’indifférence. Autant dire qu’elle sauta d’autant plus volontiers sur l’opportunité de s’éloigner de la table. L’opération commençait à durer plus longtemps que ce qui était prévu. A ce rythme, il fallait sécuriser l’anesthésie du patient, réinjecter quelques milligrammes de Thiopental pour éviter tout ennui. Elle avait la main sur le flacon quand la voix glaciale de Winston la fit se retourner. Cette fois, c’était du décontenancement à l’état brut sur son visage. Elle n’avait pas touché le champ. « Non. » Il mentait. Devant le bloc entier, au nez de son titulaire. Il était en train de l’accuser d’une pure erreur de débutant qui pouvait s’avérer grave, allait contre toutes leurs règles d’hygiène. « J’ai pas touché au champ. » Sa voix se haussa un peu plus, les nerfs créant de légers trémolos dans sa voix. Pourtant, et malgré son sourire compatissant, le médecin titulaire vint poser sa main sur son épaule pour doucement la pousser vers la sortie, un « Il vaut mieux. » à peine audible aux lèvres.
Et juste ainsi, humiliée, elle se retrouva dans le couloir. Elle en jeta ses gants, son calot et son masque de frustration, se dirigea vers l’évier pour se laver furieusement les mains, se refusant de lever les yeux vers la vitre transparente. La colère prenait le dessus, violente, insidieuse. Le bruit de la porte la fit tourner la tête, serrer la mâchoire un peu plus. Elle demandait juste à s’éloigner le plus loin possible de Winston, mais il fallut qu’il l’accuse, lui réserve sa mauvaise foi en tête à tête. « Putain mais t’es sérieux ? T’as été viré du bloc parce que tu te comportes comme un connard immature, que tu mets ton ego d’abruti blessé devant la sécurité des patients. » Elle arracha deux feuilles de papier, s’essuya nerveusement les mains, son sang-froid désormais bien lointain. « Que tu m’en veuilles, que tu veuilles me faire payer le prix fort, je comprends. Mais merde Winston, on bosse dans un hôpital ! T’aimes tellement rappeler que t’es un médecin, mais t’es pas foutu de te comporter comme tel. » Elle était en face de lui désormais, frémissante sous l’énervement. Un coup d’œil en direction de la vitre lui fit réaliser les quelques têtes tournées vers eux. Elle avait haussé la voix, mit au défi l’insonorisation du mur visiblement. Elle ne pouvait juste pas laisser passer un truc pareil. Ils avaient des comptes à régler, ici, tout de suite. « Je vais pas laver notre linge sale en plein milieu d’un public alors ramène toi. » Sans la moindre douceur, elle l’attrapa par le bras, le tira à sa suite. Directement à la sortie du bloc et sur la gauche, la cage à escaliers. Ils auraient pu prendre l’ascenseur mais Albane comptait précisément sur les trois étages à gravir pour s’épuiser, essayer de se calmer. Elle ne comptait laisser aucune occasion à Winston de se défiler. Et malheureusement pour eux, quand ils atteignirent enfin le toit qui servait à recevoir les hélicoptères, la française fulminait toujours. Même le souffle court, elle se sentait capable d’exploser sur place. « Allez Win. Vas-y. Crache-moi toutes les horreurs que tu veux au visage. Défoule-toi, vu qu’apparemment tu n’attends que ça. Qu’on en termine une bonne fois pour toute parce que ce qu’il vient de se passer dans ce bloc, je ne l’accepterai plus jamais de ta part. » Et elle le pensait.
-E- lle a la mâchoire serrée et tu sens les reproches dans son regard te foudroyer. Tu soutiens ses opales, sans sourciller. Tu plonges tes pupilles dans les siennes sans vaciller. Ton petit air hautain ne lui échappera pas. « Putain mais t’es sérieux ? T’as été viré du bloc parce que tu te comportes comme un connard immature, que tu mets ton ego d’abruti blessé devant la sécurité des patients. » Tu la regardes de haut, tu méprises ses attaques et son être entier. Tu ne sauras pas te remettre en question. Encore moins lorsqu’elle perd patience et passe à l’offensive. C’était déjà bien assez difficile pour toi de le faire au calme, alors au milieu des reproches, t’étais trop fier et buté. « Que tu m’en veuilles, que tu veuilles me faire payer le prix fort, je comprends. Mais merde Winston, on bosse dans un hôpital ! T’aimes tellement rappeler que t’es un médecin, mais t’es pas foutu de te comporter comme tel. » Tes fais les yeux ronds, alors qu’ils s’emplissent de haine. Tu ne crois pas avoir déjà regardé Albane de cette manière. Pour qui elle se prend, exactement, celle là. « Te cache pas derrière la santé des patients quand t’as juste les boules de t’être faite jetée. » Elle n’a qu’à faire comme toi. T’en vouloir comme tu lui en veux, en perdre son objectivité. Se lancer dans des reproches directs et ne pas s’attarder sur cette pseudo conscience professionnelle que tu n’avais de toute évidence pas toujours. Le patient allait bien alors ça te passe au dessus. Elle tourne son visage vers la vitre qui donne sur la salle de chirurgie, et par automatisme, tu en fais de même. Ses aboiements avaient attiré l’attention et tu croises rapidement le regard de tes collègues. Tu ne peux pas t’empêcher de la provoquer un peu plus. Tu traces un cercle imaginaire de ton index parallèle à ta tempe, exprimant la pseudo folie d’Albane à vos spectateurs. « Je vais pas laver notre linge sale en plein milieu d’un public alors ramène toi. » Elle t’attrape par le bras sèchement et te tires à l’extérieur. Tu te défais brusquement à son contact à peine sorti de la pièce, mais tu continues de la suivre silencieusement. Vous montez les escaliers, et tu restes légèrement en retrait, comme un enfant qui rechigne à suivre sa mère.
Une fois sur le toit, elle se tourne vers toi, te fais face. Et le temps passé en silence n’avait pas apaisé les esprits. Tu semblais avoir broyé du noir autant qu’elle. « Allez Win. Vas-y. Crache-moi toutes les horreurs que tu veux au visage. Défoule-toi, vu qu’apparemment tu n’attends que ça. Qu’on en termine une bonne fois pour toute parce que ce qu’il vient de se passer dans ce bloc, je ne l’accepterai plus jamais de ta part. » Tes sourcils se froncent, tes yeux se plissent, sceptique. Tu ne sais même pas quoi rétorquer en premier. Tu ne sais pas par où commencer. T’as tellement de mots à enchainer que le premier n’est pas évident. « Mais tu crois que ça marche comme ça? » Tu pestes avec dédain, lui répondant sur une intonation laissant entendre qu'elle était bien limitée intellectuellement. « Tu n’accepteras plus? Mais tu crois que tu as le choix? » Que tu ajoutes pour éclaircir tes propos, le ton de voix montant à ton tour. Vous isoler n’était finalement peut être pas une bonne idée. Parce que le trop plein que tu avais emmagasiné jusque là risquait de sortir soudainement, puisque tu n’avais aucun supérieur pour te canaliser. « Tu ne choisis pas Albane. » Encore une fois. Elle ne choisit pas ce que que tu peux ressentir, à quel point tu peux la détester, ni à quel point tu lui fais savoir. « Tu sais déjà tout ce que j’en pense. » Elle te connaissait après tout. Elle savait, à quel point une blessure pouvait te faire dérailler. A quel point tu montais rapidement dans les tours et à quel point tu avais besoin de cette petit vengeance immature. « J’ai pas besoin de te dire que t’es une vraie merde. Tu le sais déjà. » Peut être que si, finalement. T’as besoin de tester ses limites, comme un gamin. Parce que les tiennes, elles sont mises à mal depuis longtemps. Et la voir presque quotidiennement suffit à les dépasser. « Oh et puis si. You piece of shit! » Tu insistes sur le dernier mot, l’accent américain ressortant, la voix montant encore d’un cran. T'es clairement en train de lui crier dessus. C'était quand, la dernière fois que tu t'étais mis dans cet état? Tu commences à t’enflammer, ça se sent. Ton regard devient oppressant, tes yeux jonglent entre l’horizon et Albane dans une tentative pour te calmer, tes doigts viennent rougir le creux de ton coude. T’as quelque chose qui a du mal a sortir. « Une putain d’hypocrite, just an asshole. T’as raconté à combien de personnes que tu sortais avec moi juste avant d’aller coucher avec une nana? C’était quoi ce plan tordu exactement? » Tu ne comprends pas. C’est sans doute ça qui te rend malade. Les informations contradictoires que tu avais. L’incompréhension. Les sentiments opposés qui se mêlaient dès que tu l’apercevais. Ça te rend fou.
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« La différence c’est que t’es celui qui m’a jetée dehors. Une décision visiblement tellement justifiée que ton titulaire a décidé qu’il valait mieux que tu me rejoignes. » Jamais encore elle ne lui avait parlé ainsi, avait été si virulente à son égard. Mais aujourd’hui, le comportement de l’interne a été la goutte qui a fait déborder le vase. Cela faisait des mois désormais que Albane faisait ce qu’elle pouvait pour se taire, encaisser en silence. Accuser aussi directement son travail était néanmoins devenu une corde sensible chez elle, une insulte qu’elle ne supportait plus. Se faire mettre dehors durant une opération était une première, et l’humiliation de trop. Et là encore, elle aurait pu se comporter de manière bien plus exécrable, aurait pu rester dans ce couloir, prendre ses collègues à témoin dans cette dispute qui ne les regardait pas. Mais elle restait trop gentille, comme toujours, préférait éviter cet embarras à Winston en les menant sur ce toit. Elle savait pourtant ce qui l’y attendrait ; un règlement de compte qui la mettrait probablement à terre. Et il avait raison, lui avait déjà bien fait comprendre la dernière fois. Il n’y avait rien qu’elle ne puisse faire sur ce sujet. Aucune de ses belles paroles et de ses bonnes intentions ne pourraient l’inciter à se radoucir. Il avait fallu qu’elle se fasse à l’idée que ses actions avaient eues des conséquences, que rien ne ferait partir les sentiments si négatifs qu’il éprouvait à son égard, maintenant. Mais ils avaient dépassé les bornes, l’un comme l’autre, avaient perdu de vue les limites qu’ils auraient dû fixer depuis bien longtemps. « Je choisis pas ce que tu veux me faire subir. Que tu m’insultes directement c’est une chose, mais laisse notre travail en dehors de ça. J’ai pas envie de faire remonter le problème à la hiérarchie, alors me force pas à le faire. » C’était une supplication plus qu’une menace. Il était médecin, elle n’était qu’infirmière. Mais elle avait la bonne réputation qu’il n’avait pas, les témoins pour toutes leurs dernières altercations. Elle n’aurait aucun mal à lui causer des ennuis, les problèmes de harcèlement sur le lieu de travail étant pris au sérieux. La française en arrivait à un stade où elle ne supportait juste plus d’être malmenée chaque fois qu’il en avait l’occasion, ne voulait plus avoir ce sentiment de crainte dès qu’ils allaient être menés à bosser ensemble. Ce ne serait pas de la vengeance, loin de là. Elle ne voulait pas lui faire de mal de quelque manière que ce soit.
Elle l’avait bien insulté un peu plus tôt sous la colère, mais cette détermination agressive fondait comme neige au soleil alors que Winston semblait revenir sur sa décision, trouvant finalement des choses à lui dire. Une vraie merde. A piece of shit. Le ton qui monte et le regard de la brune qui se baisse, ses doigts qui se serrent nerveusement autour de son bras. Elle a réclamé son honnêteté, rendue malade par les non-dits. Pourtant, elle aimerait ne pas pouvoir l’entendre, ne pas réussir à croire pendant une seconde qu’il avait probablement raison. Son estime d’elle-même avait pris un sacré coup depuis leur histoire, maintenant qu’elle s’était résolue à endosser toutes les responsabilités. Winston fulminait en face d’elle, prouvant bien qu’ils avaient été incapables l’un comme l’autre de mettre cette histoire derrière eux. Une trahison qui ne se digérait pas. Mais dans sa torpeur, l’entendre finalement mentionner leur relation la fit relever le regard, décontenancée. Ils ne sortaient pas ensemble, pas officiellement. Elle avait dit fréquenter quelqu’un à quelques-uns de ses proches sans jamais le nommer. A part à… « Leo. Évidemment. » L’ironie était saisissante. La blonde était la seule avec qui elle avait utilisé le terme de copain. Juste avant d’oublier ce principe, de finir ensemble dans le même lit. Une décision qui avait été le début de la fin sans même qu’elle ne s’en rende compte. Et maintenant que le nom de la jeune femme était mentionné, c’était pour l’enterrer un peu plus. « T’en fais pas, elle était la seule à qui j’ai dit qu’on avait une relation. Ton vilain petit secret est sauf. » Parce que c’était vrai. Ils n’avaient jamais réussi à s’assumer mutuellement, après tout. Avaient l’un comme l’autre découvert l’implication qu’ils avaient dans leur relation une fois que c’était trop tard. C’était ce qui la faisait tiquer, ici. « Mais n’essaye pas de me parler d’hypocrisie. C’est qui le pire entre nous ? Moi, qui ai pensé qu’on avait une chance jusqu’à ce que je merde plein pot ? Ou toi, qui continue d’affirmer qu’il n’y a jamais rien eu entre nous alors même que tu me fais vivre une misère depuis des mois ? » Ils ne pouvaient pas égaliser les scores. Elle était coupable, fin de l’histoire. Mais elle ne se voilait pas la face sur eux. « Et ne m’accuse pas d’avoir une fois parlé de notre relation quand Jake, par exemple, avait l’air parfaitement au courant des derniers événements. » Albane avait découvert au passage la proximité entre les deux hommes, s’était sentie comme si un nouveau juge était mêlé à leur histoire. Un qu’elle doutait d’avoir de son côté.
L’unique chose dont elle était certaine, c’était qu’elle ne pouvait plus continuer ainsi. C’était juste trop au quotidien, trop à prendre dans les dents, trop d’espoir en train de l’empoisonner. « Dis-moi quoi faire. J’ai essayé de te laisser du temps, de l’espace, j’ai rampé, j’ai joué toutes les cartes de l’honnêteté possibles. Je me suis laissé piétiner sans rien dire en pensant que ça finirait par passer. Mais si t’as aucune intention de me laisser revenir dans ta vie, alors arrête. Arrête de me faire savoir que j’existe chaque fois que j’entre dans ton champ de vision. » Elle préférerait encore l’ignorance, la page tournée aux attaques permanentes. « Et puis je quitte l’hôpital dans deux mois. T’auras bientôt la paix. » Est-ce qu’ils pouvaient faire ça ? Ne pas se détruire d’ici là ?
-C- ’est insupportable, cette situation. Tu te mets dans des états disproportionnés. Parce que tu n’as pas que cette blessure à panser. Tu as cette impression d’abandon qui te pèse, tes problèmes financiers qui te rongent, et toute ta vie qui part en couille. Et personne à qui en parler, parce que t’es trop fier. Et que les deux personnes au courant ne font plus parti de ta vie. Alors oui, tu gères mal, très mal, alors que tout aurait pu se régler si facilement. Parce que tu tiens toujours trop à Albane. « Je choisis pas ce que tu veux me faire subir. Que tu m’insultes directement c’est une chose, mais laisse notre travail en dehors de ça. J’ai pas envie de faire remonter le problème à la hiérarchie, alors me force pas à le faire. » T’as cet air offusqué. Elle se fout de ta gueule là. C’est pas possible autrement. Elle cherche la merde, la remue. Le problème avec toi, c’est que tu n’oublies rien. Surtout pas des informations qui pourraient un jour se retourner contre autrui. Alors ça te revient en mémoire rapidement, ces quelques mots que t’avait confiés Jake. « Tu veux qu’on aille les voir? Tu veux vraiment prendre à parti notre boulot et la sécurité des patients? Mais pas de problèmes Albane. Tu peux m’expliquer ce qu’il s’est passé en Janvier? Tu sais, la fois où t’as merdé. Enfin surtout la fois où on t’a surpris en train de merder. Que tu n’étais apparemment pas apte à t’occuper de patients. Et pourtant tu l’as fait. Tu veux en discuter devant eux? » Elle ne t’avait pas réellement menacé. Mais tu l’as pris comme tel. Une agression de plus. Tous ses mots, ses actes, sonnaient comme tel depuis le début de votre altercation. Et t’es comme une montagne russe, tu passes d’une émotion à une autre en un rien de temps, montes dans les tours aussi vite que tu en redescends. « On peut continuer là dessus. La pratique illégal de la médecine, c’est pas franchement mieux. Alors tu peux faire remonter, Albane. » Tu t’étais juré de ne jamais utiliser cet argument contre elle. Il fallait croire que tu te connaissais mal. Parce que dès lors que tu sentais l’insécurité ébranler ton petit monde bien trop fragile ces derniers mois, tu ne pensais plus qu’à toi, et à comment t’en sortir en coulant l’autre.
Elle a le regard fuyant. Et ça te permet de ne pas totalement exploser. Parce qu’elle est silencieuse, et qu’elle semble un instant, retrouver sa douceur habituelle. Et puis, elle redresse la tête, les traits décontenancés lorsque tu termines ta tirade. « Leo. Évidemment. » On s’en fout de Léo. Enfin c’est ce que tu penses. Alors qu’elle était une nouvelle clé pour te faire un peu plus mal. Ce qu’elle prend grand soin de ne pas te dévoiler, et sans doute était ce mieux ainsi. « T’en fais pas, elle était la seule à qui j’ai dit qu’on avait une relation. Ton vilain petit secret est sauf. » Tu lèves les yeux au ciel, exaspéré. « De toute façon Léo c’était la pire personne, alors. » C’est fou le double sens que pouvait avoir ta phrase sans même que tu ne le saches. Tu ne parles pas de choses sérieuses à Léo. Encore moins de choses qui ne doivent pas se savoir. Parce que même si tu l’aimes beaucoup, tu n’as pas une confiance aveugle en elle. Elle te ressemble trop sur certains points. Et tu sais que vous n’êtes pas les personnes les plus dignes de confiance. « Mais n’essaye pas de me parler d’hypocrisie. C’est qui le pire entre nous ? Moi, qui ai pensé qu’on avait une chance jusqu’à ce que je merde plein pot ? Ou toi, qui continue d’affirmer qu’il n’y a jamais rien eu entre nous alors même que tu me fais vivre une misère depuis des mois ? » Tu prends un air étonné face à la question. La réponse te semble si logique que tu l’observes comme si elle venait de dire la plus grosse bêtise de l'année. « Toi, Albane. Tu doutes sérieusement de la réponse? » Tu ne comprends comment elle peut te demander ça avec autant de cran. Bien sur que c’était elle, la pire. Et ça te semble si évident que tu ne prends même pas la peine de réfuter son accusation. T’assumes pas le fait qu’il y ait eu quelque chose entre vous alors que tu en souffres encore aujourd’hui. C’était bien sur illogique. Mais habituel chez toi. « Et ne m’accuse pas d’avoir une fois parlé de notre relation quand Jake, par exemple, avait l’air parfaitement au courant des derniers événements. » Tu fronces un peu plus les sourcils. « Parce que ça te gêne? » Bien sur. Si elle ne lui en avait pas parlé c’est qu’elle ne voulait pas qu’il soit au courant. « C’était à posteriori. Et je ne te dois rien. » Tu peux bien dire ce que tu veux à qui tu veux. Surtout après votre rupture. Il fallait croire que tu avais réponse à tout pour lui remettre les torts sur le dos. Tu n’en concèderas aucun.
« Dis-moi quoi faire. J’ai essayé de te laisser du temps, de l’espace, j’ai rampé, j’ai joué toutes les cartes de l’honnêteté possibles. Je me suis laissé piétiner sans rien dire en pensant que ça finirait par passer. Mais si t’as aucune intention de me laisser revenir dans ta vie, alors arrête. Arrête de me faire savoir que j’existe chaque fois que j’entre dans ton champ de vision. » Ta gorge se sert. Tu ne sais pas le faire. Tu ne peux tout simplement pas l’ignorer. Elle est trop importante. Quant à ce qu’elle devait faire. Tu n’en as aucune idée. Effacer le passé? Rien que ça? « Et puis je quitte l’hôpital dans deux mois. T’auras bientôt la paix. » Tu restes silencieux quelques secondes, la dévisages. Tu mets en doute sa parole, un instant. « Tu quittes l’hôpital? » Ta voix s’était calmée brusquement. Même si tu la détestais encore jusqu’à aujourd’hui, même si tu avais des rancoeurs, tu ne peux pas te résoudre à effacer complètement Albane de ta vie. Garder un lien, aussi toxique soit il, était devenu indispensable. Alors tu cherches à comprendre ce que ça signifie, quitter l’hôpital. « Où est ce que tu vas? » Elle part, elle aussi? Depuis quand? L’incompréhension te marque, et tu la fixes, sans savoir quoi penser de cette information. Ça devrait être une bonne chose, non? Alors pourquoi ça t’affole autant de l’imaginer déménager dans une autre ville?
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I'm gonna get back to believing. It's been a long, long time now. I'm gonna get up and make it look easy, even though I don't know how. I'm not gonna try and make it even, I'm way behind by now. No, I'm not gonna try and make it all even, even though I know how. And everyone thinks I dodged a bullet but I think I shot the gun
Au fond Albane, tout ce qu’elle voulait, c’était que ça s’arrête enfin. Qu’il cesse de la haïr, de lui faire payer ses erreurs au prix fort. Qu’ils enterrent enfin la hache de guerre pour se retrouver. Elle ne se voulait pas la face ; les dommages étaient irréparables. Ils ne redeviendraient jamais comme ils étaient avant. Si ce n’était pas la faute de ses actions, alors ce serait à cause de toutes les horreurs qu’ils avaient pendues aux lèvres, toutes les vérités trop dures à admettre. C’était le problème de la colère ; elle déliait facilement la langue, autant que l’alcool. Sauf que là où l’alcool supprimait le filtre, la colère rajoutait une substance hargneuse à tout ce qui franchissait les lèvres. Et ce qui était certain, c’était que de se battre contre Winston était un combat perdu d’avance. Albane n’avait pas les armes face à lui, pas la force de mener cette guerre. Elle était prête à jeter les armes et abandonner, si cela pouvait lui acheter un peu de tranquillité. En dépit de ce qu’elle espérait sincèrement entre eux deux. Car rien de tout cela ne lui ressemblait, et il en était de même pour la menace. Elle serait capable de mettre Win devant le fait accompli, mais l’assumer était une autre histoire. Elle avait eu l’espoir naïf que cela l’inciterait à se calmer, à y réfléchir à deux fois. A la place, il y eut une lueur dans son regard, une expression sur son visage qui ne lui plut pas du tout. Il ne reculait pas, non. Au contraire, c’était à son tour de passer à l’offensive. Et ses arguments la firent écarquiller des yeux, ouvrir la bouche sans qu’aucun son n’en sorte. Décontenancée, désarmée. Elle savait à quoi il faisait référence, mais comment était-il au courant ? Ils n’avaient pas bossé ensemble sur cette période de début d’année, quand toute sa vie s’écroulait et qu’elle ne tenait debout plus que grâce à l’obstination et aux médicaments. L’épuisement moral et physique avaient failli la faire tuer un homme. Il avait été sauvé par les médecins, elle n’avait pas été accusée ou inquiétée. Mais son comportement n’était pas passé inaperçu et la menace de Jake l’avait forcée à prendre du recul avec l’hôpital. Est-ce que c’était lui qui avait craché le morceau ? « J’ai pas envie de parler de janvier. Tu sais rien de ce qu’il s’est passé, l’hôpital non plus. Il n’y a pas eu d’incident signalé. Et peut-être que je n’étais pas apte, mais tout ce que l’administration verra, c’est que j’ai pris des congés ensuite, que j’ai été irréprochable depuis. A part peut-être un retard. Tu sais, la fois où j’ai dû venir te secourir chez Byron. » Les bras croisés sur la poitrine, le souvenir de la poule ne la faisait même plus sourire. Elle était juste blessée qu’il arrive si bas pour la discréditer. Et si c’était petit de sa part, elle se pensait capable d’assumer. Jusqu’à ce qu’il sorte son autre arme, la carte maîtresse qui cette fois eut le don de lui filer la nausée, lui serrer le cœur. Lui donner envie de pleurer, comme à chaque fois que la frustration était juste trop fort. « Tu le ferais pas. Parce qu’il y aurait des représailles du côté du gang. Mais au moins, je vois jusqu’à quel point tu es prêt à aller pour blesser quelqu’un. » C’était le plus douloureux, en fait. De réaliser que lui offrir une telle confiance relevait certainement de l’erreur, vu ce qu’il pouvait en faire par vengeance. Il détenait une arme massive contre elle, l’une qui pourrait détruire sa carrière et la mener droit en prison. Avant, elle aurait cru ce secret en sécurité. Maintenant, elle commençait à voir que ce n’était que l’égoïsme profond de Winston qui rendait cet argument bancal.
Peut-être qu’elle devrait en tirer ses leçons. Se sortir la tête de l’eau et voir que ce n’était peut-être pas plus mal qu’ils ne se fréquentent plus. Peut-être même qu’elle devrait faire de même avec Leo pour sortir de ce cercle malsain, ne pas être là la prochaine fois que la vérité sortirait. C’était déjà extraordinaire que l’interne ne soit pas encore au courant de l’implication de son amie dans sa tromperie. Il avait raison sans même le savoir. Leo était définitivement le pire choix qu’elle aurait pu faire, la pire personne à mettre dans cette équation. « Oui. » Elle ne peut qu’acquiescer, regard baissé et cœur en miettes. Il ne manquait que cette pièce de l’histoire pour rendre la situation encore plus insoutenable qu’elle ne l’était déjà. C’était comme marcher sur les cendres de leur relation déjà à ce stade. Et ça la rendait folle d’être la seule d’eux deux à être capable de parler de relation, à avoir accepté le fait que peut-être s’aimaient-ils plus qu’ils ne l’auraient pensé. Égoïstement, la française ne voulait pas être la seule à s’y accrocher, à avoir envie de la retrouver. Ils étaient tellement bien, ensemble. Ce n’était pas rose, pas parfait tous les jours, ils s’étaient pris la tête un nombre incalculable de fois. Mais quand ils se retrouvaient le soir et qu’il réussissait à lui décocher un rire, c’était toujours gagné. Elle effaçait l’ardoise, oubliait pourquoi ils n’étaient pas le duo idéal. « Au moins tu ne nies pas que t’es un hypocrite aussi. » Elle soupira, lasse. Elle ne chercherait pas à le contredire sur le fait qu’elle était la pire, ne repartirait pas sur le débat des responsabilités. Elle ne lui donnerait pas l’occasion de s’essuyer les pieds sur elle une nouvelle fois, puisqu’il s’agissait du seul sujet sur lequel ils étaient potentiellement d’accord. Alors oui, évidemment que cela la dérangeait que des gens à qui elle tient aient eu vent de ses erreurs. Qu’ils aient à confronter l’image qu’ils avaient d’elle à celle de la garce capable de tromper. Elle avait honte. Dans le cas de Jake, et même s’il lui avait dit qu’il ne jugerait pas, elle se doutait qu’il ne pourrait pas s’empêcher de prendre parti. « Je n’ai pas mon mot à dire. T’as raison, tu ne me dois rien. » Dans la situation inverse, elle en aurait certainement parlé à ses plus proches amis. Pire encore, elle aurait sans doute pardonné.
Mais ils ne fonctionnaient pas de la même manière. Ils n’étaient pas pareil. Ce qui les faisait se compléter le reste du temps ne semblait que capable de les séparer, à cet instant précis. Dans un sens, c’était comme un ultimatum qu’elle lui lançait ici. Lui donner une chance ou pas. Cela faisait des mois qu’elle attendait en vain, qu’elle subissait pour rien. Elle ne pouvait pas changer le passé et effacer ce qu’elle avait pu faire, mais il devait pouvoir être capable de déterminer s’il était prêt à passer à autre chose ou non. Elle refusait de se retrouver dans une situation comme avec Jake, qui était parti de l’hôpital sans qu’elle n’en sache rien et que l’absence fasse écho au silence radio. Pour la première fois depuis le début de leur dispute, sa voix sembla plus calme. Toujours distante, certes. Mais c’était comme si elle venait enfin de réussir à l’atteindre. Une question qui la mit dans l’embarras instantanément. Elle hocha doucement la tête, le cœur battant. Bane n’en avait pas parlé autour d’elle encore de cette opportunité qui se présentait, qu’elle avait accepté de saisir. Elle ne réalisait pas pleinement tout ce que cela impliquait, le bon comme le mauvais. Cela expliqua sa réticence à répondre. Est-ce qu’il tenait vraiment à savoir ? Est-ce que cela lui importait ? Le silence hésitant s’étira. « J’ai été acceptée en école de médecine. Je commence en septembre. » Elle aurait voulu lui en parler. Lui demander conseil. Fêter la lettre d’admission avec lui. Bon sang ce qu’il lui manquait. « Vas-y, moque-toi. Dis-moi que je ne vais pas y arriver, que c’est ridicule, rappelle-moi que je suis infirmière et pas médecin. » Tellement sur la défensive qu’elle s’imaginait le pire.
-L- ’effet de surprise eut l'impacte voulu. Elle reste stupéfaite un instant, loin de s’attendre à ce genre de reproches. Elle ne se doutait pas que tu avais ce genre d’information en ta possession. Et c’était plutôt satisfaisant. « J’ai pas envie de parler de janvier. Tu sais rien de ce qu’il s’est passé, l’hôpital non plus. Il n’y a pas eu d’incident signalé. Et peut-être que je n’étais pas apte, mais tout ce que l’administration verra, c’est que j’ai pris des congés ensuite, que j’ai été irréprochable depuis. A part peut-être un retard. Tu sais, la fois où j’ai dû venir te secourir chez Byron. » Bien sur que tu ne sais rien. Elle ne disait rien Albane. Tout le négatif de sa vie, elle le gardait jalousement pour elle. Et plus tu la fréquentes, plus tu as l’impression qu’une grande partie de sa vie baignait dans le négatif. Elle a beau se justifier, tu sais que ce n’était pas rien. Si ça avait été à l’origine d’une dispute de plusieurs mois entre Albane et Jake, ce n’était pas rien. « J’en sais suffisamment pour savoir qu’il valait mieux qu’aucun incident ne soit signalé. » Tu bluffes complètement. Le poker, ça avait peut être du bon finalement. Tu ne lâches pas son regard, tu ne vacilles pas. Tu fais comme si tu savais exactement de quoi tu parlais. Mais pas du tout. Tu ne te bases que sur une seule phrase de Jake. Et rien de plus. « Tu le ferais pas. Parce qu’il y aurait des représailles du côté du gang. Mais au moins, je vois jusqu’à quel point tu es prêt à aller pour blesser quelqu’un. » Tu restes droit, menaçant. Ta riposte est dure. Sans doute trop. Mais c’est ainsi que tu fonctionnes. Tu vas trop loin, pour blesser les autres, pour te protéger. « Tu veux vérifier? » Il ne valait mieux pas. Mais t’attends juste qu’elle plie, qu’elle ravale ses menaces.
« Oui. » T’as un regard suspicieux. Il est insistant, et tu cherches à comprendre. Leo t’avait dit qu’elles n’étaient pas amies. Alors pourquoi elle acquiesçait sur le fait qu’elle était la pire personne à qui le révéler? Pourquoi le dire à une personne en qui elle n’avait visiblement pas confiance? Ça lui avait simplement échappé? Est ce que tu te prends la tête pour rien? Mais tu ne peux t’empêcher de lui lancer un regard lourd de questions sans pour autant en poser une seule. Tu n’y comprends plus rien avec elle. Et elle était loin de te dire toute la vérité sur sa vie, tu le sais déjà. « Au moins tu ne nies pas que t’es un hypocrite aussi. » Tu lèves de nouveau les yeux au ciel. « C’est bien si c’est tout ce que tu retiens. » Que tu souffles, l’air désespéré. Qu’elle se raccroche à ce qu’elle veut ou ce qu’elle peut, si ça lui fait plaisir. Elle savait parfaitement ce que tu ne pensais. « Je n’ai pas mon mot à dire. T’as raison, tu ne me dois rien. » Ça aurait pu conclure votre altercation. Les voix avaient éclaté, et rien de bon n’en était sorti. Les rancoeurs avaient été crachées, et plus rien d’autre ne devrait être ajouté. Vous devriez chacun reprendre votre poste dans un silence gênant.
Sauf qu’elle tente une dernière approche. Qui marche. Quand tu lui en demandes plus sur son départ, elle ne semble pas prête à te répondre. Elle se mure dans un silence hésitant. Et c’était inquiétant. Tu fronces les sourcils, et tu perds de cette hargne qui t’enflammait quelques secondes auparavant. T’es comme un père dont la colère se transforme en inquiétude pour son enfant. Le changement est rapide. « Albane? » Tu insistes. Qu’est ce qu’elle pouvait encore te cacher. « J’ai été acceptée en école de médecine. Je commence en septembre. » Oh. Alors si tu t’attendais à ça. Tu restes mutique à ton tours, la dévisageant sans retenue. Depuis quand elle voulait devenir médecin? Depuis quand elle le sait? D’où ça sortait? Tu restes silencieux, ne sachant pas quoi répondre. « Vas-y, moque-toi. Dis-moi que je ne vais pas y arriver, que c’est ridicule, rappelle-moi que je suis infirmière et pas médecin. » Elle te fait revenir à la réalité. « Depuis quand tu as postulé? » Tu demandes simplement, ignorant sa dernière phrase. Tu ne la dénigres pas. Mais tu ne la féliciteras pas non plus. T’aurais voulu, dans d’autres circonstances. Mais aujourd’hui, tu ne pouvais pas. « C’est dans quelle école? » T’as peur qu’elle soit loin. Et ça t’oppresse de nouveau de l’imaginer déménager loin de toi. T'as encore besoin d'elle, même si c'était pour vous envoyer des horreurs au visage. Sauf que tu ne sauras pas lui avouer. « Y’a beaucoup de choses dont tu ne m’as pas parlé. » Tu lui fais remarqué, mais la voix neutre. Elle a su indirectement te calmer brutalement, l’inquiétude prenant le pas sur la colère qui s'essouffle. Et tu te contentes à présent de simplement évacuer plus calmement ce que tu as sur le coeur. Toujours avec autant de mauvaise foi, certes. Mais au moins tu ne criais plus.
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Récemment, Albane semblait particulièrement douée pour envenimer les situations qu’elle essayait de régler. C’était encore le cas ici, alors que l’avertissement sur l’intervention médiatrice de leurs supérieurs se mua doucement en rapports de force. C’était toujours le risque à prendre quand l’on décidait de faire confiance, de lâcher quelques secrets. Rien ne pouvait réellement garantir qu’ils seraient gardés. Et dans le cas de la française, des secrets, elle en avait à la pelle, à n’en plus savoir quoi faire. Elle dissimulait tellement d’aspects de sa vie qu’elle avait du mal à garder le fil. En revanche, elle était certaine que Winston n’aurait rien dû savoir pour janvier. Car de l’extérieur, la situation n’était pas si terrible. Elle n’était pas en état, certes. Tous ses collègues avaient pu la voir à côté de la plaque. Mais aucun, à sa connaissance, n’avait fait le lien entre l’arrêt cardiaque du patient et les médicaments injectés par intraveineuse. Cet arrêt avait été mis sur le compte d’une pathologie déjà existante, pas d’une erreur médicale. Albane s’était assurée de faire disparaître les preuves, s’était portée pâle par la suite. Plus par la contrainte que par l’envie. Et même si cela avait été salutaire au final, elle s’était complètement retournée contre Jake. Lui aussi avait menacé d’user du pouvoir de l’administration pour la bonne cause. Sans se douter une seconde qu’il ne voyait que le sommet de l’iceberg. La brune n’était qu’à une prise de sang de sérieux ennuis, en permanence. C’était pour cette raison que menacer sa carrière lui faisait si peur. Elle ne pouvait pas prendre ce risque à la légère, ce qui la poussa à fixer Winston, essayer de se remémorer de l’incident. Qu’est-ce qu’il pouvait bien savoir ? Par qui ? « Il n’y a rien eu. Je n’étais pas en état de travailler à cause de la fatigue et de la maladie, mon absence de concentration a été remarquée, j’ai fini par rentrer chez moi et prendre des congés jusqu’à aller mieux. C’est tout. » Car sur papier, personne ne pouvait prouver le contraire, n’est-ce pas ? Cela faisait des mois maintenant, tout n’était que spéculation. Pourtant, soutenir le regard de Winston devenait excessivement compliqué. Elle se sentait minuscule en face de lui, à un rien d’être terrassée. Il ne comptait lui laisser aucun répit, user de chaque minuscule détail pour l’attaquer. Même ceux qui n’auraient jamais dû ressortir, que ce soit parce qu’ils étaient dangereux ou par simple respect. Win était intelligent ; Albane ne remettrait jamais cela en doute. Mais il était aussi irréfléchi, revanchard, teigneux. Elle le croyait capable de balancer cette bombe si cela lui permettait d’avoir le dessus, peu importe les conséquences que cela pourrait avoir. Non, elle ne voulait pas vérifier cette théorie. Elle se devait d’être la personne qui les protègerait tous les deux. « Je n’ai pas envie de me battre contre toi. » C’était résigné, las. Ils avaient trop morflé dans cette dispute. Elle ne voyait aucun intérêt à lui faire du mal. Peu importe combien il la poussait à bout, elle n’était pas comme ça.
Il y avait déjà tellement à réparer qu’elle ne saurait pas par où commencer. Quand bien même il lui pardonnerait, Albane savait que ce ne serait que jusqu’au prochain accroc, jusqu’à la prochaine dose de vérité. Elle n’était pas naïve ; il finirait par l’apprendre. Pas par Reese probablement, qui était assez mature pour réaliser les conséquences que cela aurait entre ses deux amis. Mais de la part de Leo, ça… Il suffirait d’un verre de trop, d’une provocation poussée trop loin. Cette fille était dangereuse, savait la faire regretter chacune de ses actions tout en continuant de l’obséder. C’était aussi inexplicable qu’intenable. La française ne se rendit pas compte qu’elle aurait dû feinter l’ignorance là encore, lentement résignée sur le fait qu’ils n’arriveraient à rien. Elle était fautive, était celle qui les avait sabordés. Cela ne leur apporterait rien de se remémorer à quel point ils tenaient à l’autre, avant tout ça. Ils ne règleraient pas leurs conflits sous l’excuse de la nostalgie. Mais au moins, tout était dit. Quand ils descendraient de ce toit, il n’y aurait plus rien à rajouter.
Albane ne savait pas si c’était une bonne idée de lui parler de sa démission à venir, de son retour sur les bancs de l’école. Elle n’avait pas l’assurance nécessaire pour être fière de cette perspective et savait que le moindre commentaire de la part du brun la ramènerait encore plus bas que terre. Elle ne savait pas ce qu’elle cherchait exactement ; une réaction, peut-être. Quelque chose d’autre que du « bon débarras » soulagé. Ce n’était pas supposé être du chantage affectif et pourtant, elle crut enfin percevoir quelque chose chez l’interne, comme si cela lui importait réellement de savoir qu’elle partirait. Quand elle avait commencé à regarder pour le concours d’admission, c’était supposé être une surprise provocatrice. Elle s’était imaginée débarquer chez Win avec sa lettre, un grand sourire aux lèvres, lui dire que finalement, tout le monde pouvait le faire. Cela aurait dû être un jeu, une aventure. Pas un projet aussi solitaire. « Le concours était en avril. » Ils ne se parlaient déjà plus. Elle avait même songé à renoncer. Elle n’était pas préparée comme il l’aurait fallu, n’aurait jamais cru qu’elle avait réellement ses chances. Les circonstances ne l’avaient pas aidée à mettre tout son cœur à l’ouvrage. « C’est à l’Université du Queensland. » A Brisbane, donc. Elle ne partait pas. Ce qui lui fit relever un regard rempli d’espoir vers Winnie. Est-ce que c’était ce qu’il voulait entendre ? Qu’elle ne disparaîtrait pas ? Ou alors pour juger. Voir si elle avait décroché sa place dans une université médiocre. Cette pensée lui retourna le cœur. C’était insoutenable, de toujours sauter sur les pires conclusions. D’imaginer que le brun ne pouvait plus qu’avoir de la haine pour elle. Au point que sa réflexion la fit soupirer, affaissant un peu plus ses épaules. Parler ne faisait pas partie de ses meilleures compétences, ces derniers temps. « Je sais. » Le temps n’avait pas aidé. « Et ça me manque de partager ces bouts de vie avec toi. » Combien de fois est-ce qu’elle avait eu le réflexe de vouloir lui envoyer un message après avoir vu, entendu quelque chose, ou tout simplement après avoir pensé à lui ? « J’ai une vie en désordre et je refuse d’en parler parce que je pense que c’est mieux pour tout le monde. » Ce n’était pas du mensonge de vouloir préserver les gens auxquels elle tenait. Win par exemple se porterait bien mieux de ne rien savoir concernant la Ruche. « Mais ce n’est pas une excuse, j’en ai bien conscience. Je t’ai donné des raisons de ne plus me faire confiance et de ne plus me vouloir dans ta vie. Tu me l’as répété, ce n’est pas à moi de décider de ce qui vient ensuite. C’est juste que… » Elle se mordilla l’intérieur de la bouche, à la recherche des mots adéquats. Les bras toujours croisés, elle se serrait nerveusement l’avant-bras alors que son regard remonta maladroitement pour croiser celui de Winston. « Peu importe ce qu’il y avait réellement entre nous, ça fonctionnait. On n’est certainement pas des âmes sœurs, et pas assez matures pour gérer une vraie relation. Mais ça fait des mois, et je continue de vouloir t’appeler. »
-T- ’as l’esprit embrumé. Il panique pour si peu, parce que tes nerfs sont à vif. Il s’enlise, imaginant le pire, son départ. Tu ne supportes pas de l’avoir à tes côtés quotidiennement. Mais finalement, c’était pire qu’elle n’y soit plus. L’absence était pire que la détester. T’aurais même pu faire un effort pour qu’elle reste. Quitte à finalement, ne plus tant lui vouer de haine. Tu tiens trop à elle pour la laisser filer. « Le concours était en avril. »Tu dodelines doucement de la tête, acquiesces de façon a peine perceptible. Tu supposes qu’elle ne l’avait pas passé sur un coup de tête, au dernier moment. Elle avait du prendre de l’avance pour réussir cet examen. Et elle ne t’en a jamais parlé, ni même mentionné cette envie d’évolution. Bien sûr que tu l’aurais charriée, de façon sans doute trop insistante. Ça aurait été à l’origine de nouvelles disputes, alors que tu te serais permis de juger sa façon de réviser et ses capacités à apprendre plus ou moins rapidement. Et après tu t’étonnes qu’elle ne t’ait rien dit. « C’est à l’Université du Queensland. » Tu soupires, presque par soulagement. Elle restait à Brisbane. Tu sens un poids s’évaporer. Elle restait. Et c’est tout ce que tu retiens. Elle pourrait aller n’importe où à Brisbane, tant qu’elle restait dans cette ville. « C’est une bonne université. » Tu te contentes remarquer histoire de lui répondre quelque chose. T’en as rien à foutre de cette université. Tout ce qui t’intéresse, c’est la française. Tu décortiques l’information dans ton esprit. Elle reprenait ses études. Elle devait donc les payer. « Et... Pour les frais de scolarité? » Tu oses finalement demander. Parce qu’Albane c’est comme toi, elle ne roule pas sur l’or. Sauf si les choses avaient subitement changé et qu’elle avait maintenant d’autres sources de revenus. Peut être la ruche. Tu fronces légèrement tes sourcils suite à cette pensées. Dans quoi elle s’était encore fourrée. Elle soupire. « Je sais. Et ça me manque de partager ces bouts de vie avec toi. » Tu l’observes fixement, ne sachant pas quelle posture adopter. C’était le problème avec toi. C’est que tu passais de tout à rien. Il t’en fallait peu pour basculer, d’un coté ou de l’autre. C’était difficile de savoir si tu était rancunier. Parce qu’il te suffit parfois d’une échange, pour tout mettre de coté, sans pourtant jamais oublier. Et tu pouvais chavirer d’un extreme à l’autre rapidement, sans réelle difficulté. Lorsque tu étais piqué, la réaction était aiguë: violente, rapide, mal supporté, avec parfois des rechutes. Mais elle devenait rarement chronique. « J’ai une vie en désordre et je refuse d’en parler parce que je pense que c’est mieux pour tout le monde. Mais ce n’est pas une excuse, j’en ai bien conscience. Je t’ai donné des raisons de ne plus me faire confiance et de ne plus me vouloir dans ta vie. Tu me l’as répété, ce n’est pas à moi de décider de ce qui vient ensuite. C’est juste que… » Elle hésite un instant. Elle serre ses bras, et reposes ses pupilles sur toi. Elle attise ta curiosité. Tu comprenais la direction de son discours, tu savais qu’elle voulait toujours de toi dans sa vie. Et c’était peut être un tord. Parce que t’avais l’impression que tu pouvais t’essuyer les pieds sur elle sans même t’excuser. Tu tirais toujours sur la corde, jusqu’à ce qu’elle se casse. Parce que tu voulais toujours savoir jusqu’où tu pouvais aller, tu cherchais les limites. « Peu importe ce qu’il y avait réellement entre nous, ça fonctionnait. On n’est certainement pas des âmes sœurs, et pas assez matures pour gérer une vraie relation. Mais ça fait des mois, et je continue de vouloir t’appeler. » Qu’est ce que tu peux ajouter? Qu’est ce que tu peux lui avouer? Que toi aussi, tu aurais voulu que tout redevienne comme avant? T’es sur le point de bascule. Et t’as qu’une envie, c’est d’oublier. « Je retiens, on est pas deux âmes sœurs. » Que tu relèves avec ironie, l’air faussement déçu. Sans doute. Mais ça pourrait être vexant, ce genre de remarque, dans la bouche d’Albane. « Je peux continuer de t’engueuler par téléphone si tu préfères. » Tu dis d’une façon presque neutre. Cependant, le ton de ta voix n’avait rien de sarcastique. Tu ne veux pas lui laisser trop de leste. Tu ne veux pas que tout s’arrange si vite. Enfin, peut être que si. T’aurais voulu. Mais t’as trop de fierté mal placée. « Tu penses vraiment que c'est mieux pour moi de ne rien dire? » Tu demandes sans vraiment que ce soit une question. La réponse que tu pensais juste était évidente. Non, tu n'allais pas mieux, quand elle ne disait rien. Parce que tu finissais par savoir, et ça te faisait douter d'elle.
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Il fallait croire qu’elle était juste incapable d’abandonner, de lâcher l’affaire. De faire ce qui était bon pour elle en prenant les bonnes décisions, pour une fois. Si elle les avait emmenés jusqu’à ce toit avec la ferme intention d’en finir avec ce conflit immature, elle savait pertinemment qu’elle pourrait tout accepter si Winnie lui laissait croire que cela finirait par s’arranger. Tout comme elle ne se faisait pas assez confiance pour penser qu’elle pourrait tourner la page dans le cas contraire. A force, elle avait même fini par oublier pourquoi elle rampait autant, avait perdu de vue la situation dans son ensemble. Peut-être qu’elle n’avait pas tous les torts dans l’histoire, que la punition était démesurée vue la bêtise. Aucune foutue idée. Tout ce dont elle était certaine, c’était que s’ils continuaient à se ce rythme, cette rancœur leur péterait en plein visage. Quelqu’un d’autre s’en mêlerait, et cela ne pouvait vraiment pas être une bonne idée. En deux mois, la situation pouvait encore gravement s’envenimer, et la française ne voulait pas en être témoin. Elle ne le supporterait très probablement peu, finirait par imploser. C’est qu’elle n’était pas très forte, quand on cherchait à l’enterrer six pieds sous terre. Alors à choisir, elle préférait encore risquer la moquerie, le sarcasme de la part de Win. Affronter un sourire goguenard et un léger rire plutôt que son indifférence complète. Pourtant, rien de tout ça ne vint. La mention de l’Université du Queensland semblait même être une bonne nouvelle. C’était ainsi qu’elle l’interprétait du moins. Ou qu’elle espérait le comprendre. « Il paraît, oui. » Elle était bien classée dans le pays. Ce n’était juste pas pour cette raison que Bane y avait postulé. « Je voulais juste te prouver que c’était facile d’y entrer. Je m’attendais pas vraiment à être prise. » C’était comme une blague dont la chute arrivait bien trop tard, à y regarder de plus près. Elle continuait d’avoir du mal à soutenir le regard de l’interne, trop mal à l’aise avec ce terrain inconnu vers lequel elle s’avançait. C’était un choix ambitieux de se relancer dans ses études, qui ne venait pas sans quelques problématiques. Dont l’argent. Le salaire en moins, il était évident qu’elle allait devoir trouver des alternatives. Et pour se faire, il n’y avait pas vraiment de bonnes options. « J’ai… perdu ma grand-mère, en début d’année. Disons que l’héritage couvrira une bonne partie. Pour le reste… tu sais. » C’était délicat de s’avancer sur un sujet aussi personnel, d’admettre à demi-voix ce qu’elle serait amenée à faire dans les années à venir. L’unique réconfort étant qu’elle ne deviendrait que plus et plus qualifiée à s’occuper des types que la Ruche lui mettrait entre les mains. Ils avaient toujours été pudiques sur leurs sentiments et les aspects trop privés de leur vie, mais avant toute cette affaire, ils savaient qu’ils pouvaient se parler. Les mauvais concours de circonstances leur avaient permis de se rapprocher, d’admettre les parties plus sombres de leurs vies. Elle aurait aimé continuer de ressentir cette confiance, ne pas avoir à être aussi embarrassée d’annoncer ce qui aurait dû être une bonne nouvelle. Parce qu’ils en revenaient au même point, finalement. C’était encore à elle de faire un pas en avant, de s’excuser encore à la recherche d’une réaction, quelle qu’elle soit. A elle de tâter le terrain pour voir s’ils pouvaient s’en sortir, quitte à se prendre une bombe tant ledit terrain était miné. Il la fixait, et elle n’avait aucune idée de ce qui pouvait bien traverser son esprit. Il fallut parler d’eux deux pour qu’il se trahisse enfin. Elle qui aimait faire l’autruche, admettre aussi ouvertement qu’ils étaient voués à l’échec faisait mal. Ils n’auraient jamais été un couple solide, stable, avec deux personnes bénéfiques l’une pour l’autre. Elle ne l’aurait sans doute jamais ramené en France pour qu’il rencontre sa famille et vice-versa. Ils étaient juste heureux quand ils étaient dans leur bulle, avec leurs propres règles. Pas des âmes-sœurs, donc. « Je ne me vois pas vraiment acheter un caveau familial avec toi. Mais c’est pas ce qui m’empêche de t’aimer. » Et c’était tout le fond du problème. Ils n’avaient rien en commun, ne fonctionnaient pas pareil, n’aspiraient pas aux mêmes choses, s’enfonçaient mutuellement dans leurs propres vices. C’était à se demander comment est-ce qu’ils étaient entrés en collision dans un premier temps. Sauf qu’ils s’étaient accrochés l’un à l’autre, et que sans qu’elle ne le réalise, le brun avait pris une place bien trop importante pour qu’elle ne puisse lui tourner le dos. Elle y était incroyablement attachée sans pouvoir l’expliquer. Alors si la seule alternative possible pour l’instant était de se faire engueuler au bout du fil, elle prenait. « Et entendre ta voix avant d’aller dormir ? T’as intérêt à ce que l’offre soit sérieuse. » Ce fut dit avec un peu trop d’enthousiasme pour que cela puisse être pris au sérieux. Mais ils savaient l’un comme l’autre que ce n’était pas ce qui serait dit qui importait, c’était la perspective de pouvoir à nouveau parler en dehors du travail, quand chaque syllabe prononcée prenait la direction des reproches. « Je pense pas franchement que le silence aide. » C’était le meilleur moyen de ressasser les rancœurs et de les voir empirer. « Alors dis ce que tu penses vraiment, pas toutes les conneries qui te passent par la tête. » Elle pouvait gérer les émotions et les reproches fondés, par le déferlement de colère gratuit. « Par exemple, tu sais que j’ai pas touché le champ. » Ou qu’elle ne parlait pas trop fort. Que c’était juste ce qu’il avait trouvé sur le moment. « Quand on redescendra, je prétendrai que oui. Que c’était de ma faute. Comme ça, on n’aura pas à s’expliquer, tu faisais juste ton boulot. Mais s’il te plaît… le refais pas. » Elle ne pouvait pas se permettre de laisser l’hôpital remettre ses capacités professionnelles en doute. Surtout pas maintenant.
-L- Votre échange est courtois. C’est à la fois dérangeant et étonnant. es flammes des rancœurs s’étaient étouffées, ne laissant plus des cendres ternes et encore chaudes. « Il paraît, oui. Je voulais juste te prouver que c’était facile d’y entrer. Je m’attendais pas vraiment à être prise. » Tu hausses les épaules, l’air détaché. Tu regrettes un peu à cet instant que votre complicité se soit mise en veille quelques mois. Parce que t’aurais aimé charrier Albane à ce sujet. « Hm. Pour des gens qui se bougent le cul, oui, ça se fait. » T’es pas plus intelligent qu’un autre. Quoi que, si, souvent, t’avais franchement l’impression de l’être. Surtout lorsque tu voyais un patient s’étouffer avec un noyau d’abricot. Là, tu te disais sincèrement que la moyenne intellectuelle de la plupart des gens était bien basse. Alors si tu tentes de persuader les autres que tu ne te pensais pas avoir plus de facilités pour réussir dans la vie, silencieusement, ta fierté prouve le contraire. T’as depuis longtemps cette sensation de supériorité. Parce que t’es chirurgien. Parce que tu sais ce que tu vaux. Ou tu te surévalues. Elle n’ose pas planter ses opales pour affronter les tiennes. Elle est fuyante, et tu ne connais cette réaction que trop bien maintenant. Tu sais qu’elle a encore omis de t’avouer un détail sur sa vie qui en était finalement rarement un. C’était plus souvent une bombe. « J’ai… perdu ma grand-mère, en début d’année. Disons que l’héritage couvrira une bonne partie. Pour le reste… tu sais. » Mais merde Albane. Pourquoi elle ne te dit rien. T’as un regard sévère qui t’échappe. Elle n’a jamais voulu t’inclure dans ta vie, n’est ce pas? Elle n’a jamais voulu que ça aille vraiment plus loin, vous deux, contrairement à ce qu’elle a pu dire. Tu sais qu’elle n’a pas tout fait pour que ça fonctionne. Déjà parce qu’elle a tout fait foirer. Et ensuite de part cette accumulation de silences. « Oui, je sais. Enfin, je sais ce que t’as bien voulu me dire. » Ça sonne comme un reproche. Parce que ça en est un. Elle fait chier Albane. Alors tu ne relèveras pas le décès de sa grand mère, tu ne lui lanceras pas des phrases bateaux sur les condoléances. Ça fait bientôt six mois que c’était passé, et elle semblait avoir voulu garder cette information pour elle. Alors tu ne diras rien. « Ça va être compliqué pour toi de trouver du temps pour les deux. » Tu fais remarquer. Parce qu’entre les études, puis l’internat, elle va passer sa vie à jongler entre l’hôpital et ses livres. Alors t’as quelques doutes sur l’organisation dont elle allait pouvoir faire preuve pour continuer ses activités illégales.
« Je ne me vois pas vraiment acheter un caveau familial avec toi. Mais c’est pas ce qui m’empêche de t’aimer. » Vous n’étiez pas faits pour passer votre vie ensemble, c’était une évidence. C’était une relation trop instable, avec des traits toxiques qu’il aurait été mieux de gommer. Tu ne t’étais jamais imaginé passer ta vie avec elle. Tu le savais depuis le début, qu’elle n’était pas la bonne. Parce que tu pensais parfois à Alma lorsque vous étiez ensemble. Mais pourtant, ça fait mal que ce soit elle qui l’avoue en premier. Pour ton ego, pour ta fierté. Et un peu parce ça met un point final à votre relation. Ça pique plus que tu ne l’aurais pensé. « Ok, on achètera pas de caveau familial alors. » Que tu souffles avec ironie. Tout prendre à la légère pour ne pas être touché. C’est ce qui fonctionnait le mieux avec toi. « S’aimer comme des amis, c’est ça? » Tu demandes un sourire moqueur mais protecteur sur les lèvres. Tu tournes au ridicule sa phrase, mais tu pousses à bout sa réflexion. Il y a un instant de flottement, une question brûle tes lèvres sans que tu ne saches si tu devais vraiment la poser. Ce n’était peut être pas une bonne idée. Pourtant. « Tu l’achèteras avec qui? » Tu demandes, l’air innocent, comme s’il ne s’agissait que d’une question banale. Mais tu lui demandais bien si elle se voyait passer le reste de sa vie avec quelqu’un d’autre. Tes yeux ne vacillent pas, cherchant un fond de vérité dans les siens. Parce qu’elle pourrait te mentir, tu n’as aucun doute là dessus.
« Et entendre ta voix avant d’aller dormir ? T’as intérêt à ce que l’offre soit sérieuse. » Qu’elle ironise. Un rictus s’installe sur tes lèvres, alors que tu secoues doucement la tête. « Ça te fera une belle berceuse. » Tu en rajoutes une couche, un sourire en coin. « Je pense pas franchement que le silence aide. Alors dis ce que tu penses vraiment, pas toutes les conneries qui te passent par la tête. » Le problème, c’est que les conneries qui te passent par la tête, c’est que tu les penses. T’en dis beaucoup. Et bien souvent, elles ont un fond de vérité. « Par exemple, tu sais que j’ai pas touché le champ. » Oh ce genre de conneries. Tu ne réponds rien. Elle ne t’avait pas posé de question. Alors tu préférais la laisser face à ce qui n’était pas sensé vous aider, le silence. Ou alors devais tu continuer de t’enfoncer dans le mensonge pour ne simplement pas avouer un tord? « Quand on redescendra, je prétendrai que oui. Que c’était de ma faute. Comme ça, on n’aura pas à s’expliquer, tu faisais juste ton boulot. Mais s’il te plaît… le refais pas. » Tu soupires. T’as pas envie d’en reparler. Ce ne t’intéresse pas, cette conversation. Tu l’avais définitivement classée, et t’as pas envie d’y revenir. « Ouais. On verra. Y’a pas besoin de changer la version. » Vous n’aviez qu’à camper chacun sur vos positions, et aucune vérité ne sera mise en avant. Ça n’avait rien d’une faute grave. L’histoire n’ira pas plus loin si ce n’est une attention particulière au processus de cicatrisation. « Ou alors on reste la journée ici. Ça règle aussi le problème. » Tu dis un ton faussement humoristique. Parce que t’aurais pu le faire. Tu sais très bien, qu’elle, ne pouvait pas. Par conscience professionnelle, par peur de perdre son boulot. Toi, t’étais moins conscient des conséquences de tes actes. Tu faisais simplement ce que tu voulais sans réfléchir beaucoup plus loin. Un peu comme un enfant capricieux. « Je sais que le silence n’aide pas. Alors ça m’aiderait si tu arrêtais avec les non dits. » Ils étaient trop nombreux. Et t’as qu’une envie, c’est de lui faire confiance. Mais elle ne t’aidait pas franchement, à tout garder pour elle.
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I'm gonna get back to believing. It's been a long, long time now. I'm gonna get up and make it look easy, even though I don't know how. I'm not gonna try and make it even, I'm way behind by now. No, I'm not gonna try and make it all even, even though I know how. And everyone thinks I dodged a bullet but I think I shot the gun
Pour eux qui n’attendaient rien de leur relation initialement, Albane ne pouvait pas nier que l’homme avait pris une place cruciale dans sa vie. Il s’y était installé sans qu’elle ne le voie trop venir, au point de rendre la séparation difficilement supportable. Le quotidien n’avait pas la même saveur quand il n’y était pas ; les piques au détour des couloirs étaient insoutenables quand ils n’avaient pas l’occasion de les oublier à la fin de la journée. Les petites choses de la vie aussi semblaient moins intéressantes quand elle ne pouvait pas les partager avec lui. Cette admission à l’école de médecine aurait dû être une bonne nouvelle, une source d’excitation et de fierté. Pas juste un fléau conséquent qu’elle venait de s’imposer pour les années à venir. Elle n’était plus tôt sûre de sa décision désormais, ou de sa capacité à se bouger le cul jusqu’à obtenir son diplôme. Elle ne réalisait sans doute pas tout ce qui l’attendait, à force de rester dans son déni. Oui, cela risquait d’être compliqué dans les temps à venir. Elle aurait besoin de totalement réorganiser sa vie, ses finances, de s’enfoncer plus loin dans les décisions qu’elle n’aurait jamais dû prendre en premier lieu. Car inévitablement, en recommençant un peu à zéro, tout allait tourner autour de l’argent. Et ça la tuait que cela soit la première question qui vienne à l’esprit de Win, la première chose qu’il ait à demander. Elle voulait être honnête, sincèrement. Mais tout ce qui touchait à la Ruche et à ses activités illégales relevaient du secret qui n’aurait jamais dû sortir, qu’elle était moins à l’aise d’aborder quand l’interne avait voulu s’en servir en moyen de pressions quelques instants plus tôt. « Je peux même pas prétendre que j’aurais fini par t’en parler. Tu sais aussi bien que moi que parler des trucs dont on est le moins fier, c’est pas vraiment ce qu’on a envie de faire. Au moins après ça, je pourrai arrêter. » Elle se passa une main nerveuse dans les cheveux. C’était un doux espoir auquel elle s’accrochait ; une fois diplômée, une fois médecin, elle n’aurait plus de soucis financiers, plus aucune raison de vouer la moindre seconde à un gang qui ne remplissait même pas ses promesses. L’espoir de vengeance avait bien eu le temps de se muer en désillusion. « Je me débrouillerai. J’ai jamais dit que ce serait facile. » Si elle y arriverait, ce serait une toute autre question.
Mais elle n’attendait pas de Winston qu’il lui offre des conseils, des solutions miracles, qu’il soit d’un soutien infaillible. Elle espérait juste qu’il continuerait d’être là, même si ce n’était plus exactement comme avant. A essayer de poser des mots sur leur relation, Albane avait bien vite réalisé que beaucoup d’aspects de leur histoire ne tenaient pas debout, qu’ils allaient probablement droit dans le mur. Pourtant, elle tenait à lui, assez fort pour être incapable de juste laisser tomber. Elle continuait égoïstement de le vouloir dans sa vie en ignorant parfaitement l’effet qu’ils pouvaient avoir l’un sur l’autre. Ce n’était pas le grand amour, pas en considérant l’énergie qu’ils avaient visiblement mis à se malmener. Mais il y avait bel et bien une profonde affection qui la ramenait sans cesse vers lui, même quand elle tentait de s’éloigner. Un flot à contre-courant contre lequel lutter était bien inutile. De là à juste être amis ? Son cœur se serra. Est-ce que c’était mal de ne pas vouloir perdre ce côté spécial de ce qu’ils avaient ? « Je peux pas prétendre que t’es qu’un ami. » Ca sonnait un peu pathétique au fond, bien représentatif de son cœur d’artichaut. C’était certainement le cœur du problème, le fait qu’elle le laisserait lui faire ce qu’il voulait tant que cela le faisait rester. Sa question la surprit, la fit le fixer avec cette incompréhension dans le regard. Avec qui se voyait-elle finir ses jours ? Il n’y avait personne. Elle tournait en rond, s’accrochait aux mauvaises personnes, se plantaient toujours un peu plus royalement. Elle dépensait trop d’énergie à essayer de recoller sa vie qui tombait en morceaux et s’accrochait aux autres comme à des bouées de secours. « J’aimerais savoir. » Elle était familière avec le trouble, l’envie, l’indécision. Pas avec la conviction, quand cela touchait à l’amour. Pourtant, elle aimerait le vivre elle aussi.
Elle faisait dans le temporaire parce qu’elle ne savait pas où elle allait. C’était tout le problème. Elle se considérait chanceuse juste avec cette promesse d’avoir un coup de téléphone de Win le soir. Il en profiterait probablement pour glisser quelques reproches, mais ils pourraient aussi parler, lentement recoller les morceaux entre eux. Peut-être qu’ils finiraient par réussir et n’auraient plus à exhiber cette colère froide permanente qu’il lui offrait depuis des mois. Ce ne devrait pas être quelque chose qui se pardonne, tout comme ce qu’elle avait fait, mais elle était prête à juste oublier et ne plus jamais en reparler. C’était plus simple de balayer le passé que de devoir composer avec. Alors tant pis pour sa réputation, tant pis pour sa fierté. En redescendant dans l’hôpital, elle servirait le premier mensonge qui ferait qu’on leur ficherait la paix, et n’en demanderait pas plus. Elle se serait attendue à ce que Win saute sur l’occasion, mais il n’en fit rien. Ça la fit légèrement sourire tant c’était fidèle à lui-même. Ils allaient faire ça, alors ? S’enfoncer mutuellement dans leur propre vérité teintée de mauvaise foi ? « On pourrait prétendre que la porte s’est refermée derrière nous. » Elle balaya le toit du regard. Elle ne dirait pas non à un peu de répit, pour être honnête. Être ici leur avait été bénéfique jusqu’ici, les cendres commençaient lentement à se refroidir. Mais ils ne pouvaient pas ; la vie privée n’était pas supposée se croiser avec la vie professionnelle, jamais. Puis il fallut qu’il mentionne les non-dits. Tous ceux qu’elle enterrait avec soin, en permanence. Un iceberg dont Win ne pouvait certainement pas imaginer la profondeur. « Seulement si tu n’essayes pas de t’en servir contre moi. » Elle ne lui livrerait pas des armes sur un plateau d’argent en sachant qu’il pourrait les retourner contre elle. « Je demande que ça, de pouvoir te parler. » Il ne lui faisait pas confiance ; mais il devait comprendre que cela allait à double-sens. Qu’elle ne pouvait pas faire un pas vers lui s’il n’en faisait pas non plus.
-V- ous aviez tous les deux votre lot de secrets. Certains plus lourds que d’autres. Et tu ne te doutais pas de l’étendue des dégâts. Alors qu’elle, devait déjà avoir des soupçons sur ce que tu tentais de garder pour toi. Mais tous tes problèmes n’avaient pour seule origine que ton addiction aux jeux. « Je peux même pas prétendre que j’aurais fini par t’en parler. Tu sais aussi bien que moi que parler des trucs dont on est le moins fier, c’est pas vraiment ce qu’on a envie de faire. » Elle sait que ça te fait écho. Mais tu ne l’avoueras pas. Parce que tu n’assumes pas tes tords, ni cette partie de ta vie, qui commençait à devenir trop longue, où tu accumulais les erreurs. Encore moins le fait de ne pas savoir maîtriser ta vie et gérer ton argent. Alors elle avait raison. Mais tu te contenteras de la toiser silencieusement, froidement. « Au moins après ça, je pourrai arrêter. » Après ça elle décrochera. Et toi, tu décrocheras? Ça ressemble à un doux mirage. Parce que toi aussi, t’as cet espoir qu’une fois tes études terminées, la thèse passée, tu pourras enfin respirer. Que tu pourras rembourser tes dettes, et tout recommencer à zéro. T’attends que ça, tu trépignes en te berçant dans cette illusion. « Ça va être long. » Ça sonne comme un avertissement. Parce que toi aussi, t’attends. Depuis plusieurs années, tu t’enlises, tu peines à remonter à la surface. T’as eu le temps de couler plusieurs fois, de flirter avec les limites. Et elle, n’avait même pas encore commencé ses études. Alors elle en avait pour de nombreuses années avant de sortir la tête de l’eau. Tu lui diras comment c’est, d’ici là. « Je me débrouillerai. J’ai jamais dit que ce serait facile. » Elle a toujours su trouver des solutions. Alors elle en trouvera une nouvelle. Bonne ou mauvaise. L’important c’était de toucher au but, non? Tu ne sais pas si vous aviez des vies particulièrement compliquées tous les deux ou si c’était la même chose pour tout le monde. Parce qu’au premier regard, aux premières conversations, et même à la centième, c’était difficile de déceler votre boulet respectif. Alors peut être que finalement, c’était le cas de tout le monde. « Ça ira. » Tu seras sans doute là pour lui donner un coup de main. Mais tu gardes ça pour toi. T’as pas envie de lui donner ce plaisir. Encore moins de l’admettre. Ta petite fierté prenait encore les rênes sur l’envie de te rapprocher d’elle. « Je peux pas prétendre que t’es qu’un ami. » Toi, tu peux. Ne pas assumer la vérité, mentir ouvertement et sans remords, tu savais faire. Ou vous pouviez garder un lien sans étiquette, comme vous aviez depuis le début. Le laisser évoluer seul, sans le définir, et ne pas avoir de contrôle sur la finalité. C’était juste Albane. Elle avait une place particulière dans ta vie, sans savoir exactement laquelle ni comment elle était arrivée là. « J’aimerais savoir. » Tu la fixes silencieusement du regard. Toi aussi, tu voudrais savoir. Ça t’aurait fait mal. Mais la curiosité primait sur la raison. « Je comprends pas ce que tu veux Albane. » Elle est une énigme. Ce qu’elle veut est une énigme. Tu ne suis pas son raisonnement, ce qu’elle essaye de te faire comprendre. « On fait quoi? » On verra? Comme vous avez toujours fait? L’improvisation c’était devenu une habitude avec vous. Et t’avais aucune idée de la direction que vous preniez.
« On pourrait prétendre que la porte s’est refermée derrière nous. » Tu ricanes. C’est sans doute ce que tu feras si jamais un titulaire te demande des comptes. Il se doutera sans doute que ce n’est qu’une excuse, mais c’était récurent, tu n’en fais qu’à ta tête. « Seulement si tu n’essayes pas de t’en servir contre moi. Je demande que ça, de pouvoir te parler. » Tu plisses légèrement tes yeux d’un air accusateur. Tu sais que tu n’aurais pas du. Et pourtant tu n’éprouves aucun remord. Parce que t’es persuadé qu’elle l’avait mérité. Si elle n’avait pas attaqué la première, tu n’aurais sans doute jamais mentionné cette menace. Tu n’aurais pas engagé ce bras de fer désastreux si elle ne t’avait pas provoqué. Alors finalement, c’était de sa faute à elle. « C’est pas quelque chose dont je parle. Sauf quand tu m’y contrains. » Tu ne peux t’empêcher d’ajouter. Ce n’est qu’un mécanisme de défense, peut être disproportionné. Mais t’avais un revers violent lorsque tu te sentais piqué. T’as besoin de piétiner ton adversaire avant de passer à autre chose, après l’avoir brisé. Ça te soulageait de voir des larmes couler, d’observer une lèvre trembler. Ça te permettait de panser ta plaie et tourner la page. Peut être simplement pour avoir le dernier mot. « Y’a aucune raison que ça arrive de nouveau. Non? » Tu demandes, arquant un sourcil comme s’il s’agissait d’une vérité évidente. Elle ne pourra plus te toucher comme elle l’a fait, si? Si vous ne ne partagiez plus aucune proximité, elle ne pourrait plus? Pourtant ça te manquait un peu, de l’avoir à tes côtés pour t’endormir. Mais ça serait sans doute un très mauvais choix que de recommencer. Parce que reprendre là où vous vous en étiez arrêté, ça aurait été la porte ouverte aux reproches incessants qui rallument les braises des rancœurs. Alors tu te persuades naïvement qu’elle ne pourra plus te faire de mal et que tu sauras gérer tes émotions débordantes.
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I'm gonna get back to believing. It's been a long, long time now. I'm gonna get up and make it look easy, even though I don't know how. I'm not gonna try and make it even, I'm way behind by now. No, I'm not gonna try and make it all even, even though I know how. And everyone thinks I dodged a bullet but I think I shot the gun
Cette dispute l’avait eue à l’usure, ni plus ni moins. Parce que Albane n’était pas faite pour se battre contre vent et marée en permanence. Elle n’avait pas cette force mentale. C’était bien pour cette raison que les choix pris ces dernières années la tiraient autant vers le bas. Elle devait trouver une solution pour garder la tête hors de l’eau et à part les substances, les heures de boulot excessives et les relations qui fonçaient dans le mur -quand bien même elle se voilait la face-, elle n’avait rien trouvé de plus. Elle mettait tellement d’énergie à endormir les sensations qu’elle se retrouvait démunie quand elle devait y faire face. C’était ce qui se passait avec Winston. Leurs disputes n’auraient jamais dû prendre cette ampleur ; la brisure entre eux non plus. Elle ne savait pas comment ses propres erreurs avaient pu à ce point les plomber, ou comment ses tentatives de sauver les meubles n’avait fait qu’empirer la situation. Ce qui était certain, c’était qu’elle ne pourrait plus s’accrocher inutilement. Elle était fatiguée des cris, des pleurs, des attaques permanentes. La française ne se reconnaissait pas à sortir ses armes contre une personne à qui elle tenait autant. Surtout quand dans ce combat, il n’y aurait jamais de gagnants. Ils avaient de quoi se faire couler mutuellement et cela ne valait absolument pas le coup. Non, définitivement, la brune ne désirait rien de tout ça. C’était aussi pour cette raison qu’elle s’était efforcée de prendre les bonnes décisions cette fois-ci, d’opter pour quelque chose qui serait bénéfique pour sa vie. Evidemment que ce serait long, qu’elle aurait allègrement le temps de regretter d’avoir quitté sa sécurité toute relative pour se lancer dans de tels projets. Ou bien encore qu’elle aurait encore à renoncer à ses principes et valeurs pour quelques billets. « J’ai tout mon temps. » L’ironie de la fatalité. A ce stade, elle naviguait tellement à vue qu’elle perdait la conscience de ce que des années consacrées représentait. Elle n’avait de toute façon pas de projets sur le long-terme ; mariage, enfants, maison. Rien de tout ça. Elle n’avait pas la vie qui allait avec, trop habituée au chaos. Si bien que les simples mots que Winston lui fit relever les yeux avec un demi-sourire et une gratitude silencieuse. Peut-être n’était-ce qu’une formule bateau, qu’il ne le pensait pas réellement. Mais elle avait besoin que quelqu’un lui dise que ça irait, même si cela devait être un mensonge. C’était aussi pour cette raison qu’elle était incapable de s’imaginer vivre sans lui. Ils s’étaient toujours soutenus, à leur façon du moins. Sans parler d’un soutien infaillible, à ses côtés, elle ne s’était jamais sentie seule. Elle n’avait jamais eu de doute sur le fait qu’il viendrait si elle l’appelait en ayant besoin de lui. C’était bien pour cette raison que cela la tuait d’avoir à compter mentalement les semaines depuis que tout avait cessé d’être normal. Elle aurait pu se défaire d’une simple amitié. En revanche, elle ne pouvait pas se défaire de Winnie. Alors peut-être se plantait-elle sur toute la ligne, peut-être était-ce à sens unique pour le petit cœur sensible qu’elle était. Cela expliquerait pourquoi elle ne trouva pas quoi répondre lorsqu’il lui demanda ce qu’elle voulait. La vérité, c’était qu’elle n’en avait aucune idée. Elle était confuse quant à ce qu’elle désirait concernant leur relation. Ils n’avaient jamais eu à devoir exprimer cela, avant. « Je veux juste te retrouver. » Que ça redevienne comme avant. Une chose certainement impossible. « Je sais pas ce qu’on fait. Mais on a jamais su. » Ils avaient été les premiers surpris la première fois qu’ils s’étaient vu en dehors du boulot, la première fois qu’ils avaient fini dans le même lit, la première fois qu’ils avaient échangé un sourire complice au détour d’un couloir, la première fois qu’ils s’étaient sentis à l’aise ensemble. C’était bien au-delà de leur compréhension. Ils avaient juste beaucoup de plaies à panser. L’abcès était désormais crevé, Albane était juste incapable de déterminer si le pardon était là, quelque part. Les paroles crachées, le monde extérieur reprenait lentement sa place, les responsabilités également. Il faudrait sortir d’ici, refaire comme si de rien n’était et espérer qu’une telle scène au bloc ne se reproduirait jamais. De même pour les menaces qu’ils s’étaient crachés en tête à tête. L’avait-elle vraiment contraint à l’attaquer en retour, quand elle était la première à s’être défendue ? Le reste de sang-froid qu’il lui restait clamait qu’elle était dans son bon droit, que cette fois, Win était celui qui avait déconné. Mais elle était prête à céder la victoire si cela signifiait avoir la paix. « Si c’est pour nous faire mal comme ça, non. Aucune chance que ça arrive à nouveau. » Ce n’était pas la solution. Plantée sur ses pieds, désormais un peu plus capable de supporter son regard, la française ne savait pas quoi rajouter de plus. Elle était vidée à force d’avoir crié, insulté, menacé, tenté de lui faire entendre raison. Elle était rincée, et elle ne savait même pas si cela avait eu une quelconque utilité. « C’est à toi de décider. »
-T- u t’inquiètes pour elle alors que tu ne devrais pas. Tu aurais du conserver une ignorance du début à la fin, pour te protéger. Mais le problème avec Albane, c’est que t’en es incapable. « J’ai tout mon temps. » Tu hausses les épaules, comme si ça ne te concernait pas. Alors que tu crèves d’envie de te sentir concerné. Mais t’essayes de mettre une distance entre vous. Parce que t’es pas vraiment à l’aise avec elle. Trop de négativité était ressortie de votre relation, trop de haine et de rancoeurs. Alors même si tu passais rapidement à autre chose, sans jamais oublier, ce n’était pas en une soirée que tu pourrais repartir à zéro. Tu ne le pourrais sans doute jamais. Mais au moins faire semblant. Même si, d’un coté, t’as bien envie de tout oublier et de faire comme si rien ne s’était jamais passé. « Si tu le dis. » Sans doute qu’elle se voilait la face autant que toi. Et tu ne peux que comprendre ce qu’elle ressentait. Avoir cette impression de pouvoir encore gérer sa vie, de savoir exactement dans quoi on mettait les pieds. Comme si tout allait parfaitement bien. Toi, aussi, tu y étais habitué, toi aussi tu te berçais de douces illusions. « Je veux juste te retrouver. » Retrouver cette légèreté dans votre relation, cette complicité qui étirait tes lèvres d’un sourire. Et la nostalgie parfois te prenais aussi. Te rappeler de ces soirées sur ton canapé, l’un contre l’autre, à vous chambrer sans cesse. Ça faisait assez mal pour te faire resurgir une colère en dents de scie, passant de la douceur des souvenirs à la peine de la séparation. « Je sais pas ce qu’on fait. Mais on a jamais su. » Et tu restes silencieux, un simple soupire résonnant. C’était une phrase plutôt véridique. « Ouais... C’est compliqué. » Vous êtes compliqués. Rien n’a jamais été simple. Parce que vous n’assumiez pas, ou pas de la même façon. Tu ne sais pas ce qu’elle pensait et pense actuellement de votre relation. Ça n’a jamais été très clair. Et t’es sincèrement venu à douter de la façon dont elle vous considérait. D’abord tu as eu peur, lorsque Léo t’a demandé si vous sortiez ensemble. Et puis ce fut tout l’inverse quand elle t’a annoncé qu’elle fréquentait quelqu’un d’autre. Tu passais du calme plat à l’ouragan en si peu de temps avec Albane.
« Si c’est pour nous faire mal comme ça, non. Aucune chance que ça arrive à nouveau. » Tu acquiesces doucement de la tête, sagement. Tu ne pouvais qu’acquiescer. Parce que tu n’avais rien de mieux à ajouter. « C’est à toi de décider. » De nouveau, tu soupires. C’était compliqué. « Donc tout ira bien... » Que tu conclues. Et puis un petit silence s’installe. Bien trop gênant pour toi. « On se voit peut être plus tard alors? » Peut être. Tu ne sais pas quand. Tu ne sais pas non plus si vous vous reverrez. T’en as pourtant envie. Mais l’ambiance était étrange, et t’es un peu mal à l’aise quant à l’idée de faire le premier pas. Alors tu feras comme si de rien était, et n’insisteras pas plus. Tu te laisses du temps pour digérer tous ces changements un peu trop soudains pour toi. Et ton biper se met à sonner, interrompant par bonheur ces retrouvailles troublantes. Tu y jettes un coup d’œil, puis reportes ton attention sur l’infirmière. « Bon... » Que tu commences, ne sachant plus où tu en étais exactement. « Faut que je retourne au service ortho... » Tu avais une consultation qui t’attendait. Tu te serais bien défilé en temps normal, mais pour une fois, l’idée d’un rendez vous n’était pas une mauvaise option. « Du coup... A plus tard? »
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