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 Things change like the English weather [Lewilly]

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Message(#)Things change like the English weather [Lewilly] EmptyMer 29 Juin 2022 - 0:14

Il semble y avoir une flamme à l’intérieur du voilier.

Les poissons sont gourmands. De leur bec grand ouvert, ils viennent gober les morceaux de sandwich que Raphael laisse tomber dans la flotte. À un moment, un spécimen bien plus grand que les autres vient fendre la surface de l’eau avec sa nageoire semblable à une aile et le jeune homme sursaute en lâchant un juron. Il ne s’attendait pas à voir une telle baleine dans cette obscurité. Il se demande ce que le reste du monde fait en ce vendredi soir. Les gens de son âge doivent être occupés à changer la couche d’un bébé, et quelques autres viveurs trinquent à leur carrière. Lui, il parle à des poissons. Non, même pas. Il ne fait que les regarder silencieusement en attendant peut-être que l’un d’eux engage lui-même la discussion. Qu’est-ce qu’ils peuvent bien se dire, les poissons au fond de l’océan ?

Il pivote la tête sur le côté et observe le voilier tout en se laissant bercer par le cliquetis des vaguelettes qui se percutent contre le quai. Encore une fois… Il semble y avoir une flamme à l’intérieur. Une lumière orangée frétille par les fentes des hublots.  

Mais qu’est-ce qu’il connait en navigation, Raphael ? Il ne saurait pas distinguer le nord du sud et les étoiles ne feraient que le regarder hautes perchées dans le ciel ; il ne pourrait pas compter sur elles pour retrouver la terre ferme s’il se perdait dans la houle. C’est peut-être normal, une flamme dans un voilier…

Cependant, le navire paraît étrangement vide et fantomatique. Il l’observe un peu plus longuement puis finit par lâcher un gloussement en retournant à ses poissons. Jambon, laitue, tomate ; ils avalent tout ce qui leur passe devant les yeux. Ils ont un plus grand appétit que lui. Il remonte son index à sa bouche pour arracher un peu de vernis bleu sans vraiment le réaliser. Seulement après il constate les dégâts mais ne réagit pas vraiment. Il n’y a plus vraiment de lumière en lui. C’est peut-être pour cette raison qu’il est venu apprécier la noirceur, cette nuit. Il s’y sent de plus en plus à l’aise, et elle lui permet de vaincre plus facilement ses maux de têtes. Tous ses maux, en fait.

Mais la noirceur tant appréciée se fait de plus en plus agresser par la lumière de la flamme et Raphael décide enfin de se lever sur ses pieds, non sans laisser s’échapper de ses lèvres le bruit qu’un adulte émet lorsque ses articulations sont engourdies. Une sorte de « urgh » suivit d’un « eurf ». Il vieillit. C'est triste.

« Allô ? » Le garçon tente mollement en s’approchant du voilier qui se balance de bas en haut. Pour seule réponse ; une porte qui claque une fois, deux fois, trois fois, et une quatrième fois bien plus forte que les autres. « Y’a quelqu’un ? » Il dit encore en tirant le cou pour observer dans l’habitacle. Aussitôt, ses yeux prennent la forme de gros melons quand il constate qu’il ne s’agit pas seulement d’un petit feu festif mais bien d’un objet bouffé par les flammes. Il ne réfléchit pas lorsqu’il bondit dans le bateau pour attraper la guitare (c’est bien une guitare ?) qui se fait consommer, et il la balance instinctivement par-dessus bord. Elle s’éteint au contact de l’eau et, quelques secondes plus tard, elle se fait entièrement gober par l’océan et se couche en son fond. Bien plus intrigué que paniqué, Raphael s’empare de son porte-clefs sur lequel il a accroché une petite lampe-torche. Il baigne l’endroit de lumière pour constater qu’une dizaine de graffitis tachent les murs et les meubles. Il peut y lire « salaud » et, sans surprise, il découvre un pénis bleu ici, un autre pénis rouge par-là, et pourquoi pas une paire de seins au plafond. Quelques photos sont éparpillées sur le sol ; d’autres ont préservé leur précieuse place sur le mur. « Eh bah… » Ce sont les seules onomatopées qu’il prononce en admirant le spectacle désolant avant de se diriger vers la sortie pour laisser le lieu du crime derrière lui. Après tout, il s’en fiche un peu de tout ça. Ce n’est pas son voilier. Le propriétaire sera fort déçu mais, lui, il pourra rentrer à son appartement et oublier la péripétie après une nuit de sommeil.      

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Message(#)Things change like the English weather [Lewilly] EmptyDim 18 Sep 2022 - 23:10


Things change like the English weather -- @Raphael Elly
La tension était de plus en plus lourde, pourtant, ça ne suffisait toujours pas à ce que Cameron prenne une décision sur son avenir, que ce soit pour sa vie professionnelle ou encore ce qu’il voulait faire de la maison que Lyla et lui possédaient toujours. Son ex lui mettait de plus en plus de pression pour qu’ils la mettent à vendre, mais le musicien ne se sentait toujours pas prêt à se débarrasser de la maison où ils devaient passer une partie de leur vie. Il ne s’agissait que d’un bien, certes, mais il y voyait sa réussite professionnelle. Il savait au fond de lui qu’il devrait tôt ou tard prendre une décision, il ne pouvait tout de même pas garder son ex en otage indéfiniment, mais il préférait rester dans le déni comme si la vie des autres était autant sur pause que la sienne. Sa mère s’était aussi mise sur son cas, tentant de le convaincre de mettre à vendre la demeure, et il était convaincu que Lyla était responsable. Comme s’ils s’étaient tous passés le mot pour l’avoir à l’usure, Aaron et leur agent tentaient également de le convaincre de remonter sur scène et il était à deux doigts de tout lâcher rien que pour qu’on lui laisse la paix. « Tu as eu le temps de signer les papiers de l’agent d’immeuble pour mettre la maison en vente? » Il grogna en lisant le sms de Lyla qui le relançait chaque jour. Une fois de plus, il se contenta d’appuyer sur le bouton sur le côté de son téléphone pour éteindre l’écran, bien décidé à l’ignorer ce soir encore. Après tout, il lui arrivait d’être occupé, n’est-ce pas? Bon, à dire vrai, il n’avait pas vraiment de plans pour ce soir, si ce n’était que d’aller passer quelques heures sur son voilier pour avoir la paix.  

Tandis qu’il circulait sur les quais en direction de son voilier, Cameron aperçut au loin de la fumée. « Tiens, c’est bizarre… » Il ne s’inquiéta toutefois pas pour autant, jusqu’à ce qu’il réalise à mesure qu’il s’en approchait que la fumée s’élevait en fait de son voilier. Il accéléra le pas, mais ralentit l’espace d’un instant lorsqu’une silhouette apparut sur le pont de l’Octopussy et que le vandale lança par-dessus bord sa guitare favorite avant de disparaitre dans la cabine. Prêt à se défendre, il déposa lentement son sac à dos sur le quai, puis il monta prudemment à bord du voilier. Lorsqu’il entendit les pas de l’intrus s’approcher de lui, il bondit devant la porte de la cabine. « HEY! » Et dès que l’homme releva la tête, Cameron lui asséna un coup de poing de sa main chargée de bagues. Ce n’est que trop tard que le musicien reconnut son ancien collègue et il ne put ainsi pas retenir le coup qui était déjà parti. « Raph?! » s’exclama-t-il, surpris. Les deux bruns ne s’étaient pas revus depuis de nombreuses années, mais à l’époque, Raphael n’avait pas du tout le profil de vandale. « Mais qu’est-ce que tu fous sur mon voilier?! » Avant même que le jeune homme ne réponde à sa question, Cameron lança un regard en direction de la cabine. Une main sur une hanche et l’autre dans les cheveux, il poussa un gémissement de douleur en constatant les dégâts. Son voilier avait toujours été son échappatoire, l’endroit où il s’exilait lorsqu’il avait besoin de se changer les idées ou pour voir clair avant de prendre une décision. Quelqu’un s’était permis d’envahir son intimité et de tout détruire sur son passage, et ce quelqu’un, c’était visiblement Raphael. « Mais qu’est-ce que t’as fait… » demanda-t-il d’une voix à peine audible en pénétrant dans la cabine. Du bout de ses chaussures, il poussa les morceaux de vitre de ses cadres vers les murs avant de se pencher pour ramasser au sol quelques photos, le cœur lourd. Karma is a bitch Lewis.


Dernière édition par Cameron Lewis le Jeu 1 Déc 2022 - 16:02, édité 1 fois
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Message(#)Things change like the English weather [Lewilly] EmptyVen 7 Oct 2022 - 2:29

Ça lui apprendra à ne pas se mêler de ses oignons. Il aurait dû laisser le voilier brûler, faire semblant de n’avoir rien remarqué, éliminer le seul témoin de cette affaire de vandalisme. Hélas, malgré son caractère parfois égoïste, Raphael n’est pas le genre de garçon à laisser filer l’injustice puisqu’il s’est trop souvent senti comme sa victime. Si on ne lui avait pas cassé la jambe, il ne serait pas coincé dans son trou aujourd’hui. Il brillerait de mille feux sur une scène portant son nom.

Le poing, il ne le voit pas du tout venir. Il n’est pas habitué à la violence, n’a jamais participé à une bataille et même les films d’action frôlent parfois ses limites. Aussi mou est flasque qu’un de ces bonhommes en forme de tube qui dansent sur le bord de la route, Raphael tombe à la renverse et, toutes les bagues de son assaillant, il les sent bien marquer sa peau. Il lâche seulement un gémissement de surprise quand son crâne rencontre le sol du voilier et ce ne sont pas des étoiles qu’il voit tourner autour de lui, mais bien des poissons lumineux. Sa main portée à son nez vient constater les dégâts ; il récolte déjà une tracée de sang s’échappant de sa narine, puis il lance une insulte déconcertée lorsque l’autre garçon le nom. Il cligne des paupières pour ajuster sa vision étourdie, ses deux yeux s’arrêtant nets sur le visage de… de… Attends, c’est qui déjà ? Il est trop sonné pour se rappeler immédiatement. Il préfère rester au sol, étendu de tout son être, alors que l’autre reprend. « Mais qu’est-ce que tu fous sur mon voilier?! »  Son premier réflexe est de lever le doigt pour pointer la cabine mais il n’arrive pas à s’expliquer. Ce n’est pas faute d’essayer d’une voix cassée : « C’était en feu, j’ai paniqué. » Paume plaquée contre son nez, il tente de récupérer la moindre goutte de sang pour ne pas abimer davantage le voilier. Puis, quand il jette un autre coup d’œil à l’homme dont la silhouette s’enfonce dans la cabine, l’illumination le frappe comme un poing armé de bagues. « Cameron ? » Il ne prononce, pas complètement certain d’avoir trouvé le bon prénom. Au fond, son cerveau s’était peut-être chargé de l’oublier pour qu’il ne souffre pas trop longtemps à la suite de la trahison dont il avait été victime. Pas grand monde ne reste longtemps dans la vie de Raphael : il tourne rapidement la page sur les visages qui l’ont blessé parce qu’il connait sa tendance à ressasser le passé encore et encore, à un tel point qu’il s’y menotte. « Mais qu’est-ce que t’as fait… » Il arrive à se redresser un peu, posant son dos contre le rebord du bateau qui tangue – à moins que ce ne soit sa tête qui flotte sur une mer un peu trop agitée pour une soirée. « Je n’ai rien fait, merde. » Les injures pullulent déjà dans le fond de sa bouche, il en laisse une s’échapper pour faire savoir qu’il n’est pas ravi de se trouver dans cette situation. « Je passais dans le coin et j’ai vu de la fumée. Ta guitare était déjà en feu quand je suis arrivé. » Il maintient sa tête à l’envers et exerce une pression sur le cartilage de son nez afin de couper le flot sanguin. Il ajoute, d’une voix plus portante afin que Cameron entende bien son plaidoyer : « Ce n’est pas moi le vandale, j’aurais jamais fait ça même si j’avais su que c’était ton voilier. » Il a le mérite d’être franc. La vérité, c’est qu’il n’a pas l’intention de jouer les amitiés avec lui. Maintenant qu’il connait le propriétaire du bateau, il se sent carrément ravi d’apprendre que la victime de cet acte gratuit est une personne détestable. Il lui a fait la vie dure, c’est à lui de se prendre un coup de poing dans le visage. Haha. « Ils ont pas trop fait de dégâts ? » Il demande, se montrant inquiet malgré le rictus rancunier qui lui étire les traits.

@Cameron Lewis Things change like the English weather [Lewilly] 4222248358
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Message(#)Things change like the English weather [Lewilly] EmptyDim 4 Déc 2022 - 17:59


Things change like the English weather -- @Raphael Elly
Se sortir la tête de l’eau après l’accident dont il avait été victime près d’un an plus tôt était loin d’être évident, mais il faisait enfin des efforts dans l’espoir de retrouver au moins une partie de sa vie d’avant et d’être heureux avec sa nouvelle réalité. Malgré tout ce qu’il faisait, Cameron avait l’impression que la vie s’acharnait sur lui. Ce soir, ce n’était pas n’importe qui qu’il trouvait sur son voilier, mais l’un de ceux dont il s’était ouvertement moqué quelques années plus tôt. Comme si la vie lui envoyait un signe pour lui faire comprendre qu’il s’en prenait plein la gueule depuis quelques mois pour tout le mal qu’il avait causé au cours de sa vie, plus particulièrement durant son adolescence. Peut-être aussi une façon de lui faire comprendre de cesser de cracher sur ceux qui lui tendaient la main, de ne prendre aucune relation pour acquis. « C’était en feu, j’ai paniqué. » Pour quelqu’un de paniqué, Raphael avait l’air plutôt calme en sortant de la cabine tandis que Cameron l’attendait de pied ferme sur le pont du voilier. « Cameron ? » Le guitariste fronça les sourcils en se rendant compte que son ex-collègue n’avait visiblement aucune idée que l’Octopussy lui appartenait. Faisait-il semblant ou est-ce que son geste n’était pas prémédité? Il ne croyait pas vraiment à la théorie où le danseur aurait choisi une victime au hasard, ça ne lui ressemblait pas pour le peu qu’il connaissait de lui à l’époque. « Depuis quand tu viens à la marina? Je ne t’ai jamais vu ici… » demanda le brun en constatant encore les dégâts. Il ne connaissait pas tout le monde personnellement, mais il était assez bon pour reconnaître les visages des gens à force de passer du temps ici depuis deux ans. À moins que Raphael fût perdu dans ses pensées à rêver à propos de je-ne-sais-quoi tandis qu’il suivait un propriétaire imprudent qui l’avait laissé passer la porte.

« Je n’ai rien fait, merde. » Si Cameron n’était pas trop occupé à pleurer intérieurement son voilier, il aurait certainement été surpris du langage utilisé par son interlocuteur, un peu comme lorsque ce dernier avait insulté l’une de ses amies de l’époque qui se moquait ouvertement de lui lors de cette petite soirée au restaurant du père Lewis. « Je passais dans le coin et j’ai vu de la fumée. Ta guitare était déjà en feu quand je suis arrivé. » Les malfaiteurs ne devaient donc pas être bien loin. Avait-il croisé quelqu’un d’autre d’inhabituel sur les quais? Il n’avait pas remarqué et il n’aperçut personne lorsqu’il jeta un regard par-dessus son épaule pour voir si quelqu’un les observait de loin. Même s’il avait peu d’espoir de récupérer son bien, Cameron posa ses mains sur la balustrade pour jeter un œil dans l’eau. Malheureusement pour lui, aucune trace de sa précieuse guitare, mieux valait qu’il l’oublie celle-là… « Ce n’est pas moi le vandale, j’aurais jamais fait ça même si j’avais su que c’était ton voilier. » Il posa son regard sur lui pour l’analyser. Il le croyait. Mais qui pouvait-il bien lui en vouloir dans ce cas? Beaucoup de personnes, certes, mais est-ce qu’une personne s’en prendrait à lui tant d’années plus tard? Après son accident, le musicien était resté cloîtré un long moment entre les quatre murs de sa chambre, il ne s’était pas fait de nouveaux ennemis à l’exception de son ex et il ne croyait pas Lyla capable d’une telle chose. « Ils ont pas trop fait de dégâts ? » Il soupira en passant une main dans ses cheveux avant de retourner dans la cabine pour avoir une meilleure idée des dégâts. De nombreux cadres brisés jonchaient le sol, en plus des dessins obscènes qu’un artiste du dimanche avait réalisé sur le plafond, des conneries qu’il aurait pu lui-même faire à l’adolescence. « Ça devrait pouvoir s’arranger avec un peu de temps… » Et de l’huile de coude pour faire disparaître les graffitis. Le plus compliqué allait être le plancher de la cabine où sa guitare avait pris feu. En attendant, mieux valait qu’il s’occupe un peu de Raphael s’il ne voulait pas écoper de sept ans de malheur en plus comme s’il venait de briser un miroir. « Tiens. » dit-il en lui tendant une boîte de mouchoirs comme si ça allait être suffisant. « Désolé… je ne t’avais pas reconnu. » Parce que s’il avait été un tyran avec lui il y a plus ou moins dix ans, il essayait aujourd’hui de se racheter. Se doutant bien que le jeune homme n’aurait probablement aucune envie de recevoir son aide, il lui tendit une main pour l’aider à se relever. « Je ne t’aurais pas frappé si j’avais su que c’était toi. » La violence n’était pas la solution, mais il lui avait déjà causé suffisamment de souffrance pour en rajouter une couche. « Désolé pour l’autre fois… » L’autre fois étant cette soirée où il s’était moqué de lui avec ses amis, s’excuser n’était clairement pas son fort et ça le rendait mal à l’aise, il changea donc rapidement de sujet en se grattant la nuque. « T’as vu quelqu’un? »
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Message(#)Things change like the English weather [Lewilly] EmptyJeu 5 Jan 2023 - 1:59

« Depuis quand tu viens à la marina? Je ne t’ai jamais vu ici… » C’est un bon endroit pour broyer le noir, regarder son reflet laid dans l’eau, envoyer balader tous ces gens qui possèdent des bateaux dispendieux alors que, lui, il vient à peine de briser son seul moyen de locomotion à deux cent balles. Qu’il puisse reposer en paix, ce vélo qui a terminé sa vie sous le poids d’un autobus. « J’en sais rien, je passais par là parce que c’était calme ! » Qu’il lâche en haussant les épaules, n’ayant aucune meilleure excuse pour expliquer sa présence ici. C’était effectivement la première fois qu’il se permettait d’explorer les quais infinis qui, jusqu’à présent, lui avaient parus inaccessible, du moins, en pleine journée. La main collée sur le nez, il continue de récolter le filet de sang qui coule de sa narine non sans tendre le cou vers l’habitacle du voilier, où Cameron a disparu. Il peut mieux voir les dégâts maintenant que le feu est éteint et l’état de panique envolé. Il n’est plus question de sauver une guitare qui, à la toute fin, a poussé son dernier souffle de vie avant de se faire engloutir par l’océan calme. Évidemment, le premier réflexe du propriétaire du bateau est de blâmer celui qui se trouvait sur les lieux du crime : une accusation qu’il ne laisse pas le tacher, alors qu’il remet aussitôt la faute sur une autre personne qui restera certainement anonyme et qui s’en tirera sans égratignure et sans nez cassé.  

« Ça devrait pouvoir s’arranger avec un peu de temps… » Il est à la fois rassuré et à la fois déçu, Raphael. Il faut dire qu’il est du genre rancunier, le danseur, et il aurait apprécié de voir un tel spectacle s’il avait su depuis le début que le voilier appartenait à un garçon qui l’a ridiculisé quand il se cherchait encore une identité, quand il était le plus fragile. Il capte son regard, redressant son dos lorsqu’il vient le retrouver à l’extérieur, et attrape un mouchoir qu’il lui tend. « Désolé… je ne t’avais pas reconnu. »  « Uh uh. » Il marmonne, pour seule réponse, tapotant doucement le sang au-dessus de sa lèvre. « Je ne t’aurais pas frappé si j’avais su que c’était toi. » Ah tiens, c’est marrant ça. Il se retient un reproche qui, pourtant, flotte déjà au-dessus des deux garçons tel un nuage gris n’attendant que de faire pleuvoir. Quand il lui tend la main pour l’aider à se relever, il louche un instant sur ses cinq doigts, finit par céder, et se relève en un grognement de vieux. « Désolé pour l’autre fois… » Alors il n’a pas oublié. Certains bourreaux oublient l’identité de leurs victimes tellement la liste est longue. « M’ouais. Je vois que ça t’a bien aidé d’être un con. » Ça ne le gêne pas d’utiliser ce terme-là. Il a l’impression d’être en meilleure position que Cameron. Il peut se permettre quelques attaques inoffensives. « Ça doit valoir une fortune, un voilier comme ça. Et c’est sans compter toutes les guitares que j’ai vues. Elles ne sont pas made in China. » Il s’y connait un peu en le sujet. La musique l’accompagne dans ses bonheurs, ses malheurs, ses colères. Certes, il n’apprécie pas particulièrement le rock et tous les sons mécaniques qui s’échappent d’une guitare électrique, mais il connait les grandes marques qui accompagnent les membres d’un band sur scène. « C’est ton père qui t’a payé tout ça ? » Il ne peut s’empêcher de demander, ironique. Mais il se reprend : « Enfin, je veux dire… C’est parce que le restaurant où on bossait appartenait à ton père, alors… » Alors il l’a pensé, tout naturellement. Lui-même n’a jamais réussi dans la vie, alors pourquoi un intimidateur comme Cameron aurait touché l’or ?

« T’as vu quelqu’un? » Il secoue la tête. « Non. Ce sont les flammes à travers les volets qui m’ont alerté. Le feu était là depuis un moment déjà. » Encore et toujours, il se retient de sourire derrière des lèvres pincées et il se racle la gorge pour ravaler sa satisfaction de voir Cameron dans cet état. « Y’a des gens qui ont une dent contre toi ? » Ce ne serait pas bien surprenant, après tout. Raphael n’a pas été sa dernière victime. Il a dû faire perdre l’emploi à d’autres introvertis incapables de se défendre.

@Cameron Lewis Things change like the English weather [Lewilly] 4222248358
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Message(#)Things change like the English weather [Lewilly] EmptyVen 3 Mar 2023 - 17:20


Things change like the English weather -- @Raphael Elly
« J’en sais rien, je passais par là parce que c’était calme ! » Comment pouvait-il ne pas savoir depuis quand il venait à la marina? Cameron avait toujours eu de la difficulté à comprendre Raphael, comme si les deux garçons venaient de deux mondes complètement différents et sa particularité était probablement l’une des raisons pour lesquelles il avait été si facile de le prendre comme victime alors qu’ils étaient tous les deux adolescents, chose dont le Lewis n’était pas du tout fier aujourd’hui alors qu’il avait fini par prendre conscience du mal qu’il avait fait aux élèves innocents autour de lui et de l’impact que ça pouvait encore avoir sur leur vie aujourd’hui quand il voyait à l’époque ses moqueries comme sans importance.  « C’est quelqu’un qui t’a laissé entrer? Parce qu’il a bien fallu que tu passes la porte avec le code d’une façon ou d’une autre… » Sa question pouvait sembler sans importance aux yeux des autres, mais ce qu’il cherchait à savoir ici, c’était si les vandales avaient pu entrer dans la marina facilement à cause d’une serrure défectueuse par exemple ou s’il s’agissait plutôt de membres de la place. La dernière possibilité le surprendrait puisque les gens qu’il croisait habituellement à la marina semblaient être respectueux des biens des autres, mais il pourrait toujours s’agir des enfants de l’un d’entre eux. Après tout, si ses parents avaient été propriétaires d’un bateau, Cameron et ses amis auraient très bien pu agir de la sorte à l’adolescence… Karma.

Les remords poussèrent le guitariste à s’excuser, mais aussi à tendre la main à son ancien collègue pour l’aider à se relever alors que c’était par sa faute qu’il s’était retrouvé au sol avec le nez en sang. À la grande surprise de Cameron, Raphael saisit sa main pour se relever. Il fut encore plus surpris de constater que le jeune homme était plus grand que dans ses souvenirs. Intimidé, Cameron? Un peu, il fallait dire que sa confiance en lui n’était plus ce qu’elle était, déjà qu’à l’époque il se moquait des autres pour obtenir l’approbation de ceux qu’il considérait comme ses amis et qui ne l’étaient sans doute pas vraiment puisqu’il n’avait gardé contact avec aucun d’entre eux. « M’ouais. Je vois que ça t’a bien aidé d’être un con. » Faute avouée à moitié pardonnée, n’est-ce pas? Cameron était loin d’être parfait, mais il tentait d’être quelqu’un de meilleur, il avait changé. Raphael ne semblait pas être du même avis, cependant, ressentant visiblement toujours beaucoup de rancune à l’égard du Lewis qui s’était servi de lui pour se divertir avec ses amis. Bouche bée, le guitariste referma la bouche presque aussitôt après l’avoir ouverte, se contentant de rire par malaise en mettant ses mains dans ses poches. Il l’avait mérité… « Ça doit valoir une fortune, un voilier comme ça. Et c’est sans compter toutes les guitares que j’ai vues. Elles ne sont pas made in China. » Il hocha lentement la tête sans trop savoir pourquoi Raphael semblait soudainement s’intéresser à ses finances. « Tu t’y connais en guitares? » Non il ne cherchait pas à discuter avec lui pour devenir son ami, il choisissait simplement le sujet de conversation le moins malaisant. « C’est ton père qui t’a payé tout ça ? Enfin, je veux dire… C’est parce que le restaurant où on bossait appartenait à ton père, alors… » Les sourcils froncés, Cam l’interrogea du regard sans trop comprendre le lien que Raph faisait entre le restaurant et les guitares qu’il possédait. « Alors? C’est quoi le lien? Non ce n’est pas mon père qui m’a payé tout ça… » Ni même sa mère, d’ailleurs. « Je suis assez grand pour me payer mes propres affaires. » Enfin, assez grand… il ne parlait évidemment pas de sa taille ici. « Qu’est-ce que ça change de toute façon? » En quoi ça l’intéressait?

Si Elly s’intéressait à ses finances, Lewis lui s’intéressait à ceux ou celles qui avaient pu vandaliser son voilier. Il voulait qu’ils paient pour les dommages, pas parce qu’il n’avait pas les moyens de faire réparer son bien, mais par principe. Ils avaient besoin d’apprendre que ça ne se faisait pas, comme il avait eu besoin qu’on le remette sur le droit chemin avant qu’un autre élève ne commette l’irréparable à cause de lui. « Non. Ce sont les flammes à travers les volets qui m’ont alerté. Le feu était là depuis un moment déjà. » Il se contenta d’hocher la tête en continuant de regarder attentivement son voilier comme s’il avait du mal à réaliser l’état dans lequel il se trouvait. Ce n’est que lorsque son regard se posa furtivement sur Raph qu’il constata que celui-ci semblait amusé de la situation. Frustré, Cameron fronça les sourcils en l’observant plus attentivement avant de lâcher un « Quoi? Ça t’amuse? » sur un ton sec. La réponse était évidente sans même qu’il ne prononce le moindre mot. Pouvait-il vraiment lui en vouloir de se réjouir de la situation après ce qu’il lui avait fait vivre? « Y’a des gens qui ont une dent contre toi ? » En plus d’être plus grand que dans ses souvenirs, le Raphael dont il se souvenait ne se permettait pas des commentaires du genre. Si Cameron avait perdu en assurance ces dernières années, c’était plutôt l’inverse pour son interlocuteur. « Toi. Et c’est toi que j’ai trouvé ici… » Et si c’était vraiment lui le responsable et qu’il tentait de le convaincre du contraire? Cam jeta un regard de plus par-dessus la rambarde, mais il n’aperçut aucune bonbonne de peinture qui aurait assurément flotté sur l’eau si elle avait été jetée par-dessus bord. Ses mains n’étaient pas non plus tachées de peinture, il devait se rendre à l’évidence que les preuves ne pointaient pas dans sa direction. « Je ne sais pas… Peut-être? » ajouta-t-il en soupirant bruyamment. Quand il voyait l’amusement sur le visage de Raphael, il se disait qu’il y en avait peut-être d’autres qui lui en voulaient toujours et qui étaient prêts à se venger même dix ans plus tard. « Je ne vais probablement jamais savoir qui est responsable… Ça doit te faire plaisir. » Au plus grand malheur de l’un, mais au plus grand bonheur de l’autre.


Dernière édition par Cameron Lewis le Mar 2 Mai 2023 - 3:44, édité 1 fois
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Message(#)Things change like the English weather [Lewilly] EmptyJeu 6 Avr 2023 - 1:46

« C’est quelqu’un qui t’a laissé entrer? Parce qu’il a bien fallu que tu passes la porte avec le code d’une façon ou d’une autre… » À cet instant, les criquets chantent, les grillons aussi, imposent leur cacophonie du malaise, tandis que Raphael essaye de mentalement retracer son chemin jusqu’ici. Il ne se souvient pas d’une grille ou porte quelconque, seulement deux pillons en pierre qui l’invitaient comme l’arche du paradis. « J’en sais rien. » Il bredouille, réellement embarrassé, perdu, parce qu’il n’a aucune idée de quel concours de circonstance a bien pu le guider jusqu’ici sans qu’une serrure ou un cadran à code ne l’en empêche. « La grille était ouverte. » Il tente en plissant le visage. S’agissait-il d’une grille, de barreaux, d’une porte, d’une clôture ? « C’est la première fois que je viens ici. » Se confit-il ensuite, une autre façon pour lui de se déculpabiliser, de prétendre qu’il n’aurait jamais pu savoir qu’il connaissait le propriétaire de ce voilier. De toute façon, il n’aurait jamais commis un tel délit, lui qui n’utilise jamais la violence pour arriver à ses fins. Il se contente de maudire ses ennemis de loin et de croiser les doigts pour que la foudre les happe. Visiblement, le ciel ne s’est pas encore occupé du cas qu’est Cameron.

Heureusement, Raphael ne reste pas suspect trop longtemps et l’autre garçon décide enfin de jeter ses doutes à la mer, tout comme le danseur y a jeté la guitare cramée quelques minutes plus tôt. Il se saisit de la main qu’il lui tend, se relève, prend soin de défroisser sa chemise et de remettre un peu d’ordre dans ses cheveux, non sans détacher le petit tas de mouchoirs de son nez engourdi. Le goût du sang parvient à ses papilles mais il ne le remarque qu’à peine, trop concentré à contempler avec irritation le luxe dans lequel Cameron a pu se retrouver malgré l’enfer qu’il lui a fait vivre. Si ce n’était que de lui, il penserait qu’il ne mérite pas ce bateau, ces guitares, même cette coupe de cheveux. Mais la pensée est égoïste et fort datée, parce qu’ils ne se sont pas vus depuis plus de dix ans. Rancunier ? Raphael l’est un peu. Beaucoup. Passionnément. « Tu t’y connais en guitares? » Il hausse les épaules, signifie que ce n’est pas grand-chose, qu’il s’y connait comme il connait le nom des marques de chaussures qu’il collectionne. « Un peu, ouais. C’est le genre de guitare qu’on voit dans les bands. » Il pointe par-delà le navire, l’eau qui clapote : « J’ai jeté une Fender à la flotte. » Elle était magnifique, d’ailleurs, avant que le feu ne fasse fondre ses cordes et ne noircissent sa teinture. Malgré tout, le jeune homme ne peut s’empêcher de tirer des conclusions insensées certainement influencées par sa jalousie. Il aimerait avoir cet argent, ce voilier (même s’il n’y connait rien en navigation), cette place à la marine, un endroit sur la mer pour oublier ses problèmes. « Alors? C’est quoi le lien? Non ce n’est pas mon père qui m’a payé tout ça… »  Il se mord le bout de la langue pour se punir d’avoir pensé à voix haute : quoique, ça l’amuse de voir le dédain dans le visage de son interlocuteur qui, visiblement, n’apprécie pas de voir ses efforts amoindris.  « Je suis assez grand pour me payer mes propres affaires. Qu’est-ce que ça change de toute façon? » Tant pis, il dira ce qui lui traverse la tête : « C’est juste que tu n’avais pas l’air très… centré école. Études, bonnes notes, tout ça. » Et, dans son monde, ce sont les gens qui étudient le plus qui ont les meilleurs salaires et qui, à la fin, peuvent se payer un voilier ainsi que des guitares hors de prix. Les artistes peinent à gagner leur dû – et il se base sur sa propre expérience pour en tirer ses conclusions. Égocentrique, il l’est autant que rancunier. « Si tu t’es payé tout ça, alors, dans quoi tu bosses ? » Il demande d’un air détaché bien que son intérêt soit tout à fait là. Quel cadeau la vie a bien pu faire à ce garçon qui piétinait les autres ?

« Quoi? Ça t’amuse? » Il soulève ses mains ouvertes devant lui, secoue la tête, ravale son sourire qui menaçait de trahir son amusement. Il replaque rapidement ses mouchoirs sur sa narine juste à temps, jette sa tête vers l’arrière. « C’est pas ça. C’est nerveux. » Il affirme, à moitié menteur. Douce vengeance, dresse les poils sur ses bras, lui chatouille la nuque. « Toi. Et c’est toi que j’ai trouvé ici… » Il ne prend même pas la peine de s’expliquer à nouveau. Il a déjà tout dit, n’a omis aucun fait, a présenté son point de vue sur la situation et l’incendie. Suivant Cameron du regard alors que ce dernier inspecte il-ne-sait-quoi, il ajoute : « Je suis certain qu’il y en a d’autres. » Il n’a pas été sa seule victime, pas vrai ?  « Je ne sais pas… Peut-être? » Il glousse. « Et t’en es même pas sûr. » Il marmonne pour lui-même. « Peut-être que t’as humilié tellement de gens que tu as oublié leurs noms, ou, alors, tu ne sais plus faire la différence entre une discussion normale et de l’intimidation. » Un terme qu’il n’avait pas entendu ni utilisé depuis qu’il ne traine plus dans les cours de récréation. Captant le regard du garçon, il ne se sent même pas désolé d’utiliser les termes, de le confronter ainsi, parce qu’il n’a rien à perdre ici. Dans le pire des cas, Cameron le jettera par-dessus bord et il retournera à la plage en nageant, ne se reverront plus jamais parce que, visiblement, ils ne viennent pas de la même planète. « Je ne vais probablement jamais savoir qui est responsable… Ça doit te faire plaisir. » Cette fois, il n’empêche pas son sourire de fendre sa bouche en deux. « C’est plutôt que ça me passe par-dessus la tête. » Il n’en a rien à faire, de son voilier. Il marque une pause, s’humecte les lèvres, hésite un moment, puis lâche avec rancœur : « Tu sais que tu m’as complètement bouffé ma confiance en moi, cette soirée-là ? » Pourquoi lui dit-il cela ? Certainement parce qu’il ne le reverra plus. « Tu y repenses parfois, ou tu continues à vivre ta vie comme si rien ne s’était jamais passé ? » Ses yeux dévient vers ailleurs parce que c’est difficile pour lui de faire preuve d’honnêteté et d’ainsi se placer à la position vulnérable. Il n’aura peut-être pas besoin de l’aide de Cameron pour sauter à l’eau.


@Cameron Lewis Things change like the English weather [Lewilly] 692915883 Things change like the English weather [Lewilly] 4071220093
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Message(#)Things change like the English weather [Lewilly] EmptyVen 5 Mai 2023 - 3:25


Things change like the English weather -- @Raphael Elly
« Un peu, ouais. C’est le genre de guitare qu’on voit dans les bands. J’ai jeté une Fender à la flotte. » Il haussa les sourcils, impressionné que son ancien collègue en sache autant sur le sujet. Et s’ils avaient plus de points en commun que Cam croyait? Peut-être auraient-ils pu être amis si Cam n’avait pas traité Raphael comme il l’avait fait dix ans plus tôt. « C’est juste que tu n’avais pas l’air très… centré école. Études, bonnes notes, tout ça. » Et il n’avait pas complètement tort, Cameron n’avait jamais été un premier de classe. Il aurait probablement pu avoir de meilleures notes à l’école, mais il préférait investir son temps dans la musique plutôt que dans ses études. Ses parents n’en avaient jamais fait de cas comme ses notes étaient au moins au-dessus de la note de passage. Qui plus est, ses parents n’avaient pas non plus des métiers qui demandaient de longues études et de bonnes notes, tout comme la majorité de sa fratrie. Chez les Lewis, on avait la fibre artistique. Tony était l’exception à la règle, ce n’était pas pour rien que Cameron n’avait pas d’affinité avec son frère ainé. En plus de la différence d’âge, ils étaient très différents l’un de l’autre. « C’est bon j’ai compris, j’avais l’air d’un abruti. Ne te retiens surtout pas de le dire. » Zoya utilisait si souvent ce mot pour le désigner. Ce n’était au fond que pour le taquiner, mais elle lui disait tellement souvent que ça commençait à lui jouer dans la tête depuis son accident, depuis que sa santé mentale était bien plus fragile. « Ça ne m’a jamais intéressé, c’est tout, j’avais autre chose en tête. » Et il ne faisait pas référence aux moqueries qu’il proférait à l’égard des autres élèves, non, mais plutôt de la musique qui occupait toute son attention depuis qu’il était gamin. S’il n’avait pas réussi à percer, il n’avait aucune idée de ce qu’il ferait comme métier à la place. Il n’avait jamais eu de plan B, si ce n’était que le café ludique qu’il avait envie de s’ouvrir, mais il fallait de l’argent pour réaliser un tel projet. Là peut-être que l’argent de son père aurait pu être utile, mais il préférait se débrouiller seul que de dépendre de ses proches. « Si tu t’es payé tout ça, alors, dans quoi tu bosses ? » Il fronça les sourcils en pivotant son corps vers la cabine pour pointer sa guitare avant de changer de trajectoire et de plutôt pointer la mer où son instrument s’était éteint. « En musique. Je ne collectionne pas toutes ces guitares rien que pour les admirer. » Ses finances lui permettaient d’acheter autant de guitares qu’il le désirait sans qu’il n’ait besoin de s’en servir, mais il préférait les gratter, pincer les cordes de chacune du bout des doigts pour entendre leur son caractéristique. Chacune d’entre elles était unique et il ne donnait jamais un concert sans en avoir quelques-unes avec lui, attitrant une guitare spécifique à chaque chanson. « J’ai mon groupe avec Edison. » Un de ses amis du lycée qui ne passait pas inaperçu lui non plus. « Il y avait Tobias aussi à l’époque. » Un garçon beaucoup plus gentil que lui, mais qui avait décidé de laisser tomber le groupe quelques jours avant une tournée à travers l’Australie et tout ça pour une fille avec qui il avait été en couple pour quelques semaines à peine. « Enfin bref, je ne sais pas pourquoi je te raconte tout ça. » Il s’en foutait probablement et avec raison.

Il avait fait semblant de l’apprécier pour pouvoir rire de lui devant ceux qu’il considérait à l’époque comme ses amis et aujourd’hui, c’était le retour du balancier. C’était Raphael qui riait. « C’est pas ça. C’est nerveux. » Avec ce qu’il se rappelait de lui, Cam n’avait aucune raison de remettre en question ce que Raph venait de dire et il se contenta donc d’hocher la tête sans rien ajouter. « Je suis certain qu’il y en a d’autres. » Assurément, mais il ne pensait à personne en particulier à cet instant. Des ennemis, il s’en était fait pas mal, mais ça faisait tellement longtemps. Est-ce que quelqu’un pourrait réellement lui en vouloir à ce point autant d’années plus tard? « Mais à ce point? » Il savait qu’il avait été horrible avec certains élèves, mais il essayait d’être quelqu’un de meilleur maintenant. Peut-être ne réalisait-il pas tout à fait l’immensité de l’impact que ses agissements avaient pu avoir sur ses victimes. « Et t’en es même pas sûr. Peut-être que t’as humilié tellement de gens que tu as oublié leurs noms, ou, alors, tu ne sais plus faire la différence entre une discussion normale et de l’intimidation. » Sur la défensive, il fronça les sourcils et dévisagea Raphael en croisant ses bras contre son torse. « T’es encore là-dessus? Ça fait dix ans… Je ne suis plus le même. » Ça avait pris plusieurs années, mais il avait fini par se rendre compte que son attitude était inappropriée. Il avait d’ailleurs coupé les ponts avec ses amis de l’époque qui avaient beaucoup trop d’influence sur lui. « C’est plutôt que ça me passe par-dessus la tête. Tu sais que tu m’as complètement bouffé ma confiance en moi, cette soirée-là ? » Mal à l’aise, il détourna le regard en se mordillant l’intérieur de la joue. Il regrettait ce qu’il lui avait fait subir, mais il avait du mal à verbaliser ce qu’il ressentait. Avouer ses torts, s’excuser… c’était beaucoup plus facile dans sa tête ou sur papier. « Tu y repenses parfois, ou tu continues à vivre ta vie comme si rien ne s’était jamais passé ? » S’il se sentait mal de lui avoir donné un coup de poing sur le nez, il culpabilisait davantage pour l’enfer qu’il lui avait fait vivre à l’école. Le nez de Raphael allait guérir et il n’y aurait sans doute aucune trace du coup qu’il venait de recevoir, mais les moqueries répétitives de Cameron et ses amis avaient laissé des marques indélébiles. « Je m’en doute… » répondit-il à voix basse pour être le moins menaçant que possible. « Je ne suis pas fier. J’étais jeune et vraiment con… J’ai fait des erreurs. Des grosses erreurs. » Et il était chanceux qu’aucune de ses victimes ne soit retrouvée la corde au cou. « Je ne me tiens même plus avec eux… » Ceux qu’il avait invités au resto de son père ce soir-là. « Ce ne sera probablement jamais suffisant pour toi, peu importe ce que je dirai mais… » Il décroisa ses bras pour enfouir ses mains dans ses poches. « Je suis désolé. » Prononcer ces mots lui avait pris tout son petit change, mais il l’avait fait avec sincérité.
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Message(#)Things change like the English weather [Lewilly] EmptyLun 12 Juin 2023 - 23:33

Raphael se surprend à se retenir de rire plutôt que se retenir de fuir la queue entre les jambes. Si Cameron arrivait à lui faire retrousser les babines, courber le dos, sortir les griffes et fuir à toute hâte jadis, aujourd’hui il ne sent pas la moindre menace à bord de ce voilier saccagé. De son nez s’écoule peut-être encore de grosses gouttes de sang, il en a rien à faire ; les danseurs ont l’habitude de se blesser, que ce soit en se tordant les chevilles, en amortissant leur chute avec leur poignet ou en se bouffant le mur de plein nez lors d’une tentative de cabriole. Le corps de Raphael a toujours été couvert d’ecchymoses, surtout au niveau des genoux et des coudes, bien qu’il ait amélioré sa technique avec le temps et arrive à amoindrir les blessures en tombant de la bonne façon ou en récupérant son équilibre de justesse.

Non, ici, Cameron ne lui donne pas envie de faire dans ses culottes, et il doit trouver contenance en détournant les yeux pour ne pas inspirer la rage à celui qui pourrait lever les poings une seconde fois – on ne sait jamais. « C’est bon j’ai compris, j’avais l’air d’un abruti. Ne te retiens surtout pas de le dire. » Se mordant la lèvre inférieure, il hausse les épaules. Ce n’est pas lui qui l’a dit. Il n’est coupable d’aucune faute. « Ça ne m’a jamais intéressé, c’est tout, j’avais autre chose en tête. » Jeter des pierres sur les autres et faire l’amour en public, ouais, il a compris que son intérêt ne résidait pas dans les manuels scolaires. Raphael ne prend même pas la peine de s’informer sur ce qui occupait ses esprits parce que la réponse, qui l’entoure déjà et qu’il a jetée par-dessus bord quelques minutes plus tôt, ne le captive pas du tout. Il préfère alimenter cette rancœur primale qu’il ressent à son égard et continuer à l’imaginer comme le monstre qu’il était, sans passions ou hobbies. La première erreur à faire, c’est d’humaniser son ennemi. « En musique. Je ne collectionne pas toutes ces guitares rien que pour les admirer. » Il aurait pu facilement l’imaginer. Cameron, l’exhibitionniste qui accroche à son mur des liasses de billets qui prennent la forme de guitares dispendieuses. Mais, après, il ne suffit que de jeter un coup d’œil sur son voilier pour deviner qu’il ne peine pas à terminer ses mois. « En musique. » Il répète pour assimiler l’information. Il aime la musique, Raphael. Ça le frustre de constater que son intimidateur a pu réussir à en faire son métier alors que, lui, s’est cassé la jambe quelques semaines avant l’audition qui changerait sa vie. « Edison et Tobias ? » Qu’il s’exclame. Les noms ne devraient pourtant pas le surprendre. Seulement, il avait presque oublié l’existence de ces deux garçons et ce rappel lui fait réaliser à quel point ils ont grandi, tous les deux. Le lycée est loin derrière eux, certains souvenirs sont restés, d’autres se sont envolés avec les rêves de jeunesse. « Enfin bref, je ne sais pas pourquoi je te raconte tout ça. » Lui non plus. Mais son intérêt a été capté. Juste un peu. Il ne l’avoue cependant pas, et ne laisse pas son ton trahir cet intérêt lorsqu’il demande innocemment : « Un groupe connu ? Vous passez à la radio ? » La réponse se trouve encore juste sous ses yeux. S’il ne ment pas en prétendant que cet argent ne provient pas de son père, alors il a pu mettre la main sur de généreuses liasses pour se payer un tel luxe.

Chercher un coupable, c’est une chose. En trouver un, c’est une autre. Si Raphael n’a pas revu Cameron depuis l’éternité, il se doute que quelques personnes veuillent encore lui faire la peau parce que les gens ne changent pas complètement. Ils apprennent quelques leçons mais leurs fondations demeurent immuables. « Mais à ce point? » Il hausse à nouveau les épaules et s’impatiente : « J’en sais rien, moi. Je n'étais pas collé à ta chaussure durant les dix dernières années. » Ce n’est pas avec lui qu’il devra brainstormer mais bien avec les gens qu’il côtoie encore aujourd’hui. S’il y a encore Edison dans les parages, alors il s’imagine bien que certaines choses sont restées comme elles étaient. Ces deux-là s’autoalimentent, se renvoie l’énergie comme deux pôles négatifs qui créent une force imaginaire. « T’es encore là-dessus? Ça fait dix ans… Je ne suis plus le même. » Nouveau haussement d’épaule ; visiblement, il n’a pas mieux à faire. La vérité, c’est qu’il ne sait pas pourquoi il continue à discuter avec lui. Il devrait rentrer chez lui et retourner à ses occupations : broyer du noir, regarder les mêmes comédies musicales, passer trente minutes dans la douche parce qu’il n’y a pas meilleur moyen de se garder réveillé que de s’ébouillanter. Mais, si Cameron prétend ne plus être le même, Raphael ne peut pas en faire autant. Ses humiliations publiques résonnent encore dans sa tête comme l’écho de rêves qui reviennent nuit après nuit. Il n’a pas oublié, lui, et il cherche encore un moyen de soigner ses plus vieilles blessures. Aucune crème surpuissante n’a pu le faire. Sa confiance en lui n’est jamais revenue. « Je m’en doute… Je ne suis pas fier. J’étais jeune et vraiment con… J’ai fait des erreurs. Des grosses erreurs. » Il l’admet. Raphael reste muet en l’observant tandis que ses excuses se prolongent. Il ne s’attendait pas à ce que ce soit si facile. Jadis, c’était impossible d’entretenir une conversation normale avec lui. « Je suis désolé. » Il suit des yeux le trajet qu’exécutent ses deux mains jusqu’à ses poches, geste qui traduit la honte. Il veut cacher le plus de peau possible, se bat contre la mise à nue qui s’est imposée à lui comme une bombe. Raphael ne sait pas quoi répondre, ni comment réagir. Plus aucun sourire moqueur n’anime ses traits, c’est plutôt une moue concernée qui a fait tomber son visage. Il se racle la gorge. C’est gênant. « Eum… C’est pas grave. C’est bon. » Le débat s’était dirigé dans la mauvaise décision. Il ne sait pas comment accepter des excuses. Elles ne changent absolument rien à ce qu’il a vécu. Le passé restera le passé. Aucun mot n’est magique. « De toute façon, vous aviez raison. » Il dit cela parce qu’il ne supporte pas le silence qui règne, baigné dans sa sauce de malaise et poivre. « Mais je ne comprends toujours pas pourquoi moi on me traitait de tapette alors que c’est toi qui a essayé de m’embrasser comme un débile. » Glisser une petite insulte au milieu de cette révélation, c’est une manière pour lui de retirer un peu de sérieux à cette discussion qui va il ne sait où.  

@Cameron Lewis I love you
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Message(#)Things change like the English weather [Lewilly] EmptyMer 12 Juil 2023 - 1:55


Things change like the English weather -- @Raphael Elly
« En musique. Edison et Tobias ? » À voir la tête de Raphael, Cameron était prêt à parier qu’il se souvenait très bien de ses deux amis d’enfance. Si Edison n’était pas toujours la meilleure influence, Tobias se faisait bien moins remarquer, ou du moins pas autant pour les mauvaises raisons. « Hm hm. » Il était toujours en contact avec eux, surtout Dorn avec qui il jouait toujours de la musique. Leur relation n’avait pas toujours été la plus évidente, surtout après l’amputation du guitariste, mais Cam se comptait chanceux de le compter parmi ses amis les plus proches même s’il n’était pas toujours la meilleure influence pour lui. « Un groupe connu ? Vous passez à la radio ? » Il hocha la tête une fois de plus. « Oui, un groupe de post-hardcore : The Sand Witches. On fait des tournées à travers le monde. » Il ne crut pas important de préciser qu’ils étaient en pause depuis un an suite à son accident, ce ne serait que donner une occasion de plus à Raphael de jubiler. Le karma, vous avez oublié? C’était surtout l’identité des vandales qui l’intéressaient, mais il commençait à se faire à l’idée qu’il ne les retrouverait probablement jamais. Tant pis pour lui, tant mieux pour eux. « J’en sais rien, moi. Je n'étais pas collé à ta chaussure durant les dix dernières années. » Il haussa les sourcils, surpris du ton utilisé par le danseur. « Excusez pardon. » Il était capable de lever la voix quand il en avait marre Raphael!

Tout comme Cameron était visiblement capable de s’excuser quand il le voulait vraiment. La douleur qu’il avait infligée à son interlocuteur remontait certes à longtemps, il n’était jamais trop tard pour s’excuser. Mieux vaut tard que jamais comme on dit. « Eum… C’est pas grave. C’est bon. » Et là il reconnaissait le Raphael de l’époque, celui qui se laissait exploiter la laine sur le dos. « Au contraire, c’est grave. » Il en avait conscience même si se retrouver dans cette position de vulnérabilité en s’excusant ne l’enchantait pas. « De toute façon, vous aviez raison. » Il fronça les sourcils, sans trop comprendre ce qu’il voulait dire. « À propos de? » Leur dernière conversation remontait à au moins dix ans, sa mémoire n’était pas toujours aussi bonne que ça. « Mais je ne comprends toujours pas pourquoi moi on me traitait de tapette alors que c’est toi qui a essayé de m’embrasser comme un débile. » Si Cameron ne se souvenait pas exactement de tout ce que ses amis de l’époque et lui avaient dit à propos de Raphael, il se souvenait de ce moment comme si c’était hier. Parce que derrière ses moqueries et ses rires, il ressentait un certain malaise de ce qu’il s’apprêtait à faire, du baiser qu’il était sur le point de donner à son ancien collègue sans son consentement. Il en avait dit, des choses inappropriées, mais l’humiliation qu’ils avaient infligée à Raphael était probablement ce dont il avait le plus honte. « C’était un défi stupide pour se moquer de toi… » Et parce que ses potes savaient que Cam était probablement prêt à tout pour les impressionner, quitte à embrasser un autre homme alors qu’ils n’étaient pas supposés l’attirer. « J’aurais jamais dû… » Il ne l’avait jamais fait, mais ce n’était qu’une question de secondes qui avait sauvé Elly. « La vérité c’est que… » Le guitariste détourna la tête en se balançant d’un pied à l’autre. « J’avais peur. J’avais du mal à accepter que… hm… j’aimais pas juste les femmes. » Ça ne justifiait en rien ses actes, mais ça lui faisait du bien de le dire. Ça lui avait pris du temps à accepter son attirance pour la gent masculine, mais il avait fini par le faire et il ne s’était jamais caché à l’époque où il avait été en couple pendant deux ans avec Luke. Aujourd’hui, il regrettait de ne pas avoir pris la défense de Raphael, il n’aurait jamais dû se moquer de lui, encore moins alors qu’ils n’étaient pas bien différents en fin de compte.
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Message(#)Things change like the English weather [Lewilly] EmptyDim 23 Juil 2023 - 20:37

« Oui, un groupe de post-hardcore : The Sand Witches. On fait des tournées à travers le monde. » C’est une blague ? Où sont cachées les caméras, et captent-elles bien la rage qui boue dans le ventre de Raphael, et ses traits qui s’étirent en un mélange de jalousie et de surprise ? Ça explique bien les dizaines de guitares et le voilier, tiens. Ce n’est donc pas son père qui lui a payé tout ce luxe, il ne se jouait pas de lui. « Connais pas. » Que Raphael bredouille en détournant les yeux, feignant le désintérêt le plus total. Vlan, dans les dents Cameron, une personne sur cette planète ne connait pas ton groupe de musique pathétique. « Mais tant mieux pour vous, c’est cool. » Il ne pourrait pas sonner plus faux même s’il essayait. Une personne sur dix milles arrive à vivre de son art et c’est tombé sur celui qui l’a ridiculisé et qui lui a fait perdre toute confiance en lui quand il commençait enfin à s’accepter. Le karma n’existe pas vraiment, ou il s’acharne sur les mauvaises personnes. Cameron avait peut-être obtenu un prix Nobel de la paix dans son ancienne vie et il se faisait féliciter dans ce nouveaux corps. C’est la seule explication plausible. Et Raphael était sûrement un nazi avant de se réincarner en fourchette maladroite. Ces réflexions insensées ne font qu’effriter la patience de Raphael, dont le ton se durcit lorsque Cameron chercher à trouver un coupable à cette affaire d’incendie. « Excusez pardon. » Ouais, tais-toi.

Mais, dès l’instant où Raphael obtient ce qu’il désire, il se rétracte. Il s’attendait à participer à une guerre de piques et, maintenant que Cameron admet ses torts et cherche à se faire pardonner, le danseur ne sait plus où se placer. Il en perd même les mots, et toute trace d’hostilité dans son visage s’évapore en un claquement de doigt. « Au contraire, c’est grave. » Ça devient trop sérieux. Il n’aime pas ça. Plutôt changer de sujet, ou enfoncer le couteau là où ça faisait mal, jadis. « À propos de? » Il hausse un sourcil, dévisage le garçon. Il ne sait vraiment pas de quoi il parle, cet idiot ? Il confond cette victime avec toutes les autres ? « Allô ? Vous riiez de moi car je faisais de la danse ? » À cette époque, la danse ne venait pas sans les préjugés. Quelconque garçon s’éprenait pour ce sport ne s’en tirait pas sans la longue liste d’insultes. Ça n’avait pas été la première fois que Raphael se faisait traiter de tapette, mais la différence avec les autres occurrences, c’est que le mot avait été prononcé par un garçon qu’il pensait être son ami. « C’était un défi stupide pour se moquer de toi… J’aurais jamais dû… » « M’agresser sexuellement ? » Il dit à sa place pour ne pas laisser les termes s’effacer. Il est important, ce mot. Il signifie beaucoup de choses condamnables. « La vérité c’est que… » La gêne se traduit dans la nouvelle gestuelle qui l’anime. Il ressemble à un enfant qui a commis une bêtise et qui doit maintenant faire face à ses parents. « J’avais peur. J’avais du mal à accepter que… hm… j’aimais pas juste les femmes. » Une bourrasque d’air s’échappe par les narines de Raphael. Ça n’a jamais été un problème pour lui, l’homosexualité. Après tout, il a été élevé par deux pères alors, par défaut, il a appris qu’il s’agissait d’une normalité. « Félicitations, tu as fait ton coming out. » Il serait plus empathique s’il ne s’adressait pas à un garçon qu’il avait envie de mépriser, ce soir. « Ça n’excuse pas tes agissements de merde, ceci dit. J’espère que ce n’est pas un argument que tu utilises pour te sortir de d’autres situations similaires, quand la carte de l’artiste incompris ne fonctionne pas. » Un nouveau sourire traitre étire ses lèvres et il finit par soupirer. Tapotant une dernière fois son nez avec son mouchoir pour s’assurer que le sang a cessé de couler, il fait quelques pas vers le quai pour sortir de ce voilier tanguant. « Ça a été un vrai plaisir de te revoir. Je suis très heureux que ta carrière fonctionne bien, bon succès pour la suite. » Il lui lancerait de jolies paillettes et des pétales de rose s’il en avait sur lui. « Et bon courage dans ta chasse au coupable. Je te souhaite de casser le nez à la bonne personne cette fois. »

@Cameron Lewis Things change like the English weather [Lewilly] 3258319053
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Message(#)Things change like the English weather [Lewilly] EmptyLun 28 Aoû 2023 - 18:35


Things change like the English weather -- @Raphael Elly
« Connais pas. Mais tant mieux pour vous, c’est cool. » Est-ce que Cameron s’attendait à ce que Raphael connaisse son groupe? Pas vraiment non, surtout pas après ce qu’il lui avait fait subir à l’adolescence. Sûrement qu’il était la dernière personne à qui son ancien collègue avait envie de penser ces dix dernières années. De plus, le post-hardcore ne semblait pas être son style, mais il se trompait peut-être là-dessus comme sur bien d’autres choses d’ailleurs. « Ouais… » se contenta-t-il de répondre en faisant un petit sourire, incapable de s’en réjouir alors qu’il ne savait plus s’il allait un jour remonter sur scène, mais surtout à cause de l’enfer qu’il avait vivre au jeune homme en face de lui. Il regrettait et il avait l’impression que peu importe ce qu’il dirait, ça ne changerait rien. Il essaya tout de même, en espérant que ça ferait au moins un peu de bien à Elly de savoir qu’il avait des remords en lien avec ses actes de l’époque. « Allô ? Vous riiez de moi car je faisais de la danse ? » Il entrouvrit la bouche en hochant la tête. Il se souvenait de ça, oui, mais il n’était pas certain si c’était à ça que Raphael faisait référence ou si c’était plutôt par rapport aux insultes homophobes. « Oui, je me souviens, ton sac… » dit-il en se caressant la nuque d’une main, le regard coupable.

Les insultes n’étaient pas la seule chose qu’il regrettait, il y avait aussi ce défi stupide que lui avait lancé ses amis. Celui de l’embrasser. « M’agresser sexuellement ? » Cameron eut l’air choqué lorsque sa tête eut un mouvement de recul soudain. « Hé oh je ne l’ai pas fait! » s’objecta-t-il bien qu’il savait au fond de lui qu’il aurait très bien pu poser ses lèvres sur celles du brun si son ami n’était pas revenu à l’instant avec son sac. La gravité des mots l’atteignait, mais il fallait appeler un chat un chat, aussi difficile était-ce de réaliser la gravité de ce qu’il était sur le point de commettre au restaurant de son père. Lui, un agresseur? Il avait du mal à y croire, et pourtant… il remerciait silencieusement son ami d’être débarqué à ce moment pour l’empêcher de commettre l’irréparable. « J’étais bien des choses, mais je n’ai jamais agressé personne… » Il croisa les bras contre son torse dans une position fermée, le cœur battant la chamade.

Il ne s’attendait pas à ce que Raphael lui pardonne ses agissements, il n’avait pas été tendre avec lui, mais tenta tout de même de lui en expliquer les raisons. « Félicitations, tu as fait ton coming out. » Pour une fois, le verbaliser ne lui faisait pas du bien. Ses explications ne faisaient peut-être aucun sens pour Raphael pour qui l’attirance pour les personnes du même sexe était considérée comme une normalité depuis toujours étant donné qu’il avait grandi dans un foyer avec deux parents homosexuels. « Ça n’excuse pas tes agissements de merde, ceci dit. J’espère que ce n’est pas un argument que tu utilises pour te sortir de d’autres situations similaires, quand la carte de l’artiste incompris ne fonctionne pas. » Il serra la mâchoire en soupirant bruyamment. Il aurait aimé savoir quoi faire pour apaiser un peu la douleur qu’il avait causée à son ancien camarade, mais la colère prenait clairement le dessus chez ce dernier. « Je ne me sers pas de ça comme argument… » répondit-il à voix basse. « C’est bon, j’ai compris. Je sais que tu me détestes et je le mérite. Il y autre chose que tu veux me cracher à la figure pendant qu’on y est?! » Il était agacé parce que Raphael avait raison, il détestait être ramené à cette période de sa vie, à cette ancienne version de lui dont il n’était pas fier. « Ça a été un vrai plaisir de te revoir. Je suis très heureux que ta carrière fonctionne bien, bon succès pour la suite. » Il se contenta d’hocher la tête, les lèvres pincées, sachant très bien que Raphael n’en pensait pas un mot. « Et bon courage dans ta chasse au coupable. Je te souhaite de casser le nez à la bonne personne cette fois. » « Je suis désolé… pour ton nez. Et pour le reste. J’espère que ta vie va comme tu veux. » Il s’abstint de proposer le raccompagner jusqu’au stationnement de l’autre côté de la clôture, il avait bien compris que le plus loin il était de Raphael, le mieux c’était pour lui. Il retourna donc dans l’habitacle pour ramasser ce qu’il pouvait.  
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