Aux alentours de midi, les lièvres les plus véloces commencent à franchir la ligne d'arrivée après deux heures d'une course soutenue le long du fleuve. En sa qualité de président, Jackson est là, la main tendue, prêt à high five celles et ceux ayant pris le pari de relever son défi. Leur défi. Au moment de prendre la photo avec le vainqueur de la course encore dégoulinant et aux jambes flageolantes, Mills a une pensée pour @Joy Petterson qu'il a déjà vu passer une fois le check point du mi parcours. Les journalistes sont là nombreux, déchainés, ravis d'avoir matière à mitrailler entre les coureurs venus en masse, les ambassadeurs, les stars, les petits patients déguisés scandant le nom des héros qu'ils soutiennent et le beau monde de la mairie tiré à quatre épingles. Mills se garde toutefois de trop s'exposer. Derrière ses lunettes de soleil, l'agent reste vigilant, hanté par l'idée qu'une foule grouillante serait la planque idéale pour quiconque souhaiterait commettre un acte malfaisant. Envers lui ou envers les autres participants de l'événement, là n'est pas la question. On ne rationnalise pas la paranoïa post-traumatique, on vit avec ...

Soudain, un grésillement dans le talkie-walkie clispé au col de son t-shirt l'oblige à s'éloigner de l'effervescence de la ligne d'arrivée. Collant l'objet à ses lèvres, Jax presse le bouton de communication :  « Mills à la comm, j'écoute. » « Pas trop déçu de te faire voler la vedette par un maigrichon en short ? » La voix de Judy lui arrache un sourire tandis qu'il tourne sur lui-même à la recherche de la gamine. La dernière fois que Jax l'a vu, Judy était avec les autres ados de son âge, dans la fan zone. « Fallait laisser place au challenge, si j'avais participé y'aurait pas eu de suspens. T'es ou ? » Répond-il sans aucune modestie, en paix avec son choix de n'avoir couru que les premiers kilomètres de la course avant de retourner à ses obligations d'organisation et de logistique. « Dernier check point, Joy arrive. » « Cool, R.A.S ? » Marchant en direction de la tente du staff, Mills check du poing sur son passage les bénévoles qu'il croise en leur décochant des sourires reconnaissants. « Sofia donne tout ce qu'elle a, elle a passé son premier tour y'à 20 minutes. » L'agent arque un sourcil dans un silence interrogatif que l'adolescente capte sans mal. « Elle porte ton t-shirt de Usan Bolt. » Mills est au courant, c'est lui qui le lui a enfilé de force ce matin, juste avant le départ. Elle avait fier allure, la lilliputienne, avec le '' Minikin '' écrit en ruban collant noir par dessus le nom du sprinter olympique. « Elle t'impressionne ? » « Come on, Mills ! C'est pas moi qu'elle cherche à impressionner. » Il lâche un petit rire entendu, blasé par la clairvoyance de cette morveuse aussi insolente que lui. « Jalouse. » « Pfff ! » Les taquineries continuent jusqu'à ce que Joy ne passe la ligne d'arrivée. Jackson accueille son amie avec frénésie, la jetant dans les airs et la portant en héros sous les hourras d'une foule en délire applaudissant à tout rompre celle ayant couru pour deux aujourd'hui. « Merci. » Lui chuchote-t-il à l'oreille avant de la laisser savourer sa finish line en compagnie de ses amis. Ils  auront tout le temps de débriefer la course après la remise des prix.

Dix minutes plus tard, alors que le flot de coureurs terminant le marathon
s'intensifie peu à peu avec l'arrivée du peloton intermédiaire, le président réalise qu'il n'a toujours pas vu passer la kiné. Après de rapides prises d'informations auprès du PC sécurité et des autres bénévoles lui répondant dans le talkie, il en déduit qu'elle est toujours sur le trajet et décide de remonter la course en sens inverse, côté spectateurs des barrières de sécurité, pour aller à sa rencontre. La mexicaine n'est en réalité qu'à quelques centaines de mètres de la ligne d'arrivée mais l'état de fatigue dans lequel elle se trouve après avoir couru les 20 premiers kilomètres de la boucle est palpable. Mills l'observe se battre pour continuer à avancer tandis que son rythme n'en finit pas de décélérer. Lorsqu'elle en arrive à se tasser sur le côté pour laisser ceux qui la dépassent d'un tour passer devant, Jax décide d'intervenir. Il lui suffit de montrer son badge aux agents de sécurité pour que ces derniers le laissent sauter par dessus la barrière et courir vers elle. Les badauds observent sans comprendre, certains reconnaissant le président de l'association, d'autres se demandant ce que fout ce gros musclé à tresses sorti de nul part.

« Mon talkie me dit que princesse Sofia a demandé un poney. » L'interpelle-t-il, tout sourire, cherchant à lui redonner de l'énergie à travers sa bonne humeur communicative. Jax y met les formes : il tourne le dos à la kiné, pose un genou au sol et jette par dessus son épaule un regard rendu mystérieux par ses lunettes noires. « Monte. » Chacun son tour de venir en aide à l'autre. En février, Sofia lui réparait la cheville. Aujourd'hui, il se propose de la porter jusqu'à la ligne d'arrivée.

Un jour de repos et là voilà pourtant à l’hôpital. Elle a délaissé sa blouse de kiné pour enfiler ses vêtements de sport, bien girly, parce que faire du sport oui, mais pas habillée n'importe comment, sauf qu'elle n'avait pas anticipé le cadeau que lui ferait Jackson avant le départ. Son patient, coach personnel et président de l'association à l'honneur aujourd'hui, elle ne pensait pas le voir avant le départ et pourtant c'est avec un maillot pas du tout assorti à son bas, mais personnalisé qu'elle s'apprête à courir. Pour lui prouver qu'elle peut le faire, parce que c'est un pari et non pour lui faire plaisir. C'est avec une collègue qu'elle se retrouve sur la ligne de départ, au milieu de tout ces gens, sportifs confirmés avec le visage fermé et la concentration aussi visible que les muscles de leurs mollets. Et il y a les novices, comme elle, ceux qui se regardent en souriant sans vraiment savoir à quelle sauce ils vont être manger. Certains sont déguisés, d'autres ne sont même pas en tenues de sport et elle se rassure un peu en se disant qu'elle a peut-être au moins sa place avec ces gens là. « Et au faite, je t'ai vu tout à l'heure avec ton patient, le mec musclé, alors raconte. » Sofia s'attend à ce qu'elle évoque le surnom que certaines de leur collègue ont attribué à Jackson, mais non, il n'arrive pas et Sofia rebondit assez rapidement. « C'est plus mon patient. » Ce n'est sans doute pas la première information qu'elle voulait entendre sa collègue, mais c'est la première chose que Sofia a tenu à préciser et à rectifier, parce qu'à ses yeux c'est un détail qui compte. « Mais y'a rien à raconter, c'est mon prof de sport, il aime me faire galérer. » Le regard que lui jette sa collègue suffit à prouver qu'elle n'est pas convaincue par l'explication mais la discussion s'arrête là puisque le départ est lancé et si les premiers partent vite, elle cherche du regard une silhouette qui ne passe pas inaperçue même au milieu des foules, elle sait qu'il va faire les premiers kilomètres, pour l'association mais il est lui aussi déjà loin, tant pis, elle a une course à courir, un défi un relevé, et c'est aussi un moyen de se montrer qu'elle est capable de bien plus qu'elle ne le croit.

Plusieurs fois elle s'est demandée ce qu'elle faisait là à courir un marathon. Un semi-marathon pour être plus juste, parce que la sportive qu'elle est, n'a pas le corps pour ce genre d'effort. Des jambes trop petites, des muscles pas assez développés et une détermination en dent de scie qui ne compense pas le manque de condition physique. Pourtant, elle en a fait du sport depuis quelques mois, délaissant sa voiture pour aller travailler en vélo, mais c'est surtout au dojo qu'elle a découvert un intérêt tout particulier pour le sport. Elle en a chié durant ces séances de sport, elle a maudit bien des fois Jackson et son entraînement intensif, pas intensif pour lui mais ils n'ont clairement pas le même corps. Mais ce qu'elle ressent aujourd'hui alors qu'elle voit tout le monde la doubler, qu'elle voit la ligne d'arrivée s'éloigner toujours un peu plus alors qu'elle est en train de courir vers elle, c'est à ce moment précis qu'elle se demande pourquoi elle a accepté. Pourquoi elle est là à relever ce défi complètement fou. Elle le fait pour l'association. C'est ce qu'elle a dit à tout le monde. Ce qu'elle essaye de se convaincre, mais elle a beau être investie dans son rôle auprès des jeunes, ce n'est pas pour eux qu'elle a décidé de s'infliger une telle douleur. Et elle maudit à nouveau Jackson et son idée de marathon. Il ne pouvait pas plutôt organiser un tournoi de pétanque ou de golf ? Il a opté pour le marathon et elle a suivit l'idée, une préparation centrée sur cet événement depuis quelques semaines, voilà qu'elle lutte pour donner les dernières forces qui lui reste, mais elle a tout épuisé et elle s'écroule petit à petit sous le poids de la fatigue.

« Mon talkie me dit que princesse Sofia a demandé un poney. » Elle ne l'a pas vu arriver vers elle, et elle sursaute en entendant une voix qu'elle connaît pourtant. Et c'est en le regardant tout sourire qu'elle réalise que les mots lui étaient destinés. En même temps il a dit ton nom Sofia. Et malgré la douleur de ses muscles, une douleur qui irradie à des endroits dont elle avait oublié l'existence de muscles (ironique pour une kiné non?) et le manque de souffle, elle ne peut s'empêcher d'éclater de rire à la remarque de Jackson qui lui rappelle une discussion qu'ils ont eu, il y a des mois de ça. Elle rit, puis elle tousse un peu à la recherche d'air et quand elle réalise réellement qui est à ses côtés, elle tente de se redresser un peu et d'avoir l'air moins minable mais il l'a vu courir, enfin se trainer donc son allure à ce moment ne devrait pas vraiment compter. « Tu parles d'une princesse en carton, c'est dans quel genre de conte que la princesse en sueur et mourante est escortée par un poney ? » Elle rit encore entre deux essoufflements, mais elle regarde Jackson et le poney a plutôt fier allure, il faut dire qu'il n'a pas eu à courir pendant huit heures lui. Ca ne fait même pas trois heures Sofia. Elle a pourtant l'impression d'avoir couru pendant une demi-journée entière, ou une semaine entière même. Elle le regarde poser un genou au sol tout en lui proposant son dos « Monte. » et c'est qu'elle n'hésite qu'une demi-seconde la kiné. Exténuée par cet effort qu'elle n'aurait jamais du faire, le corps douloureux, les poumons en feu, elle a hâte de pouvoir s'allonger et ne plus jamais utiliser ses jambes, mais malgré tout, elle beaucoup trop honorée de pouvoir être escortée par le président de l'association lui même pour passer à côté de l'occasion. « Tu crois que je peux saluer la foule comme une reine ? » Elle sent les regards de la foule sur eux, faut dire qu'ils passent pas inaperçus, et si minikin peut se cacher facilement et ne pas se faire repérer, en compagnie de Jackson c'est bien plus compliqué. Et puis faut dire que la situation a de quoi faire rire puisqu'elle est la seule à être sur le dos de son sauveur pour parcourir les derniers mètres qui lui manque pour boucler son premier semi-marathon, chose qu'elle n'aurait jamais cru possible un jour. Elle parle bien du semi-marathon, même si l'idée de se faire porter par Jackson n'était pas non plus une idée à laquelle elle avait cru un jour. Mais pourtant elle s'accroche au cou de Jackson comme si sa vie en dépendait. Et c'est presque pas abusé comme pensée. « Y'aura pas de bal pour la princesse ce soir, je ne vais plus pouvoir marcher pour les deux prochaines semaines. » La ligne d'arrivée semble se rapprocher bien plus vite depuis qu'elle est sur le dos de Jackson, il avance sans difficulté lui au moins et quand la ligne d'arrivée semble à porter de pas pour Sofia elle descends de sur son perchoir pour finir la course sur ses deux jambes. Elle le regrette presque mais elle traverse debout la ligne d'arrivée. « Je l'ai fais ! J'ai réussi ! Qu'est-ce que j'ai gagné ? » Elle a un sourire fier sur son visage, elle a prouvé qu'elle pouvait le faire et elle sait que c'est grâce à Jackson et à son entraînement. Les jambes flageolantes, elle oublie un peu vite qu'elle vient de parcourir plus de 20 kilomètres à pied en courant, un exploit pour elle que son corps risque de lui faire payer un moment. « La prochaine fois que tu te blesses, je te jure que je vais te faire souffrir ! » Qu'elle lui dit en riant légèrement, ne souhaitant ni une nouvelle blessure de Jackson, ni même réellement l'envie de lui faire du mal.

« Tu crois que je peux saluer la foule comme une reine ? » Jackson lâche un rire amusé tandis qu'il cale les genoux de Sofia contre ses flancs. Ses mains agrippent fermement les cuisses de la kiné tandis qu'il s'assure de pouvoir trottiner en direction de la ligne d'arrivée sans qu'elle ne tombe à la renverse. « J'serais déçu que tu ne le fasses pas ! » Autour d'eux, les passants, ayant enfin compris ce qu'il se passait, se mettent à rire et à applaudir. Mills salue de la main en direction des photographes, repensant fugacement aux conseils d'@Andrew Livingstone dans ce genre de situation : smile and wave buddy. « Y'aura pas de bal pour la princesse ce soir, je ne vais plus pouvoir marcher pour les deux prochaines semaines. » Jax accélère le pas. C'est à peine s'il sent le poids plume que représente Sofia sur sa foulée d'athlète. Confiant, il se tord le cou et jette un œil par dessus son épaule. Minikin ne fait pas semblant, il peut sentir la sueur de la belle lui mouiller le dos tandis que ses paupières n'ont jamais parues aussi lourdes. Le marathon lui a pris toute son énergie. « C'est pas les chaises roulantes qui manquent à l'hôpital, on te trouvera un trône. » Plaisante-t-il avec un fond de vérité. Jax ne compte pas la laisser éviter le bal. A dire vrai, il attend ce moment avec impatience car il sait que la journée sera encore longue, que des heures de prospection et d'explications aux stands de l'association l'attendent pour le reste de l'aprés-midi et que le gala du soir sera la délivrance. A ce moment là, il n'aura plus à penser à rien, ne devra se montrer disponible que pour faire son discours avant que la nuit ne s'offre à eux dans l'optique de fêter la réussite de leur premier évènement avec Joy, Judy et tous les membres de l'association.

Enfin, la ligne d'arrivée n'est plus qu'à quelques enjambées. Mills s'amuse de voir Sofia trépigner sur place au moment de la franchir. Le sourire de satisfaction qu'elle affiche est contagieux, étirant le sien par effet de mimétisme tandis qu'il passe l'un de ses gros biceps autour des épaules de la kiné. Ce qu'elle a gagné ? « Quelques fans, visiblement ... » Répond-il, profitant de l'avoir sous le bras pour la tourner en direction de la fan zone ou les enfants scandent son nom. « La prochaine fois que tu te blesses, je te jure que je vais te faire souffrir ! » « Tes mots d'amour me vont droit au cœur. » Jax rigole de plus belle. Il finit par soulager Sofia du poids de son bras pour attraper sur le côté du chemin des bouteilles de jus énergisant gardées au frais dans des glacières. Aprés en avoir tendu une à la jeune femme, il l'invite à le suivre en retrait de la ligne d'arrivée afin d'observer les finissants tout en sirotant leur boisson sans se faire bousculer. Accoudé à la barrière, l'agent enlève finalement ses lunettes de soleil qu'il accroche au col de son t-shirt, à côté du talkie. « Ils ont laissé les douches et les salles de repos ouvertes pour le personnel si tu veux te reposer un peu. » L'informe-t-il, désireux qu'elle passe une bonne journée maintenant qu'elle a gagné son pari. D'ailleurs, Jax réalise soudainement quelque chose : « On a pas fixé de deal quand on a parié ! » Comment a-t-il pu oublier ce détail ? C'était probablement dans un moment de chamaillerie durant lequel Sofia et lui étaient plus occupés à se charrier qu'à définir des règles strictes, comme ils ont l'habitude de le faire depuis que la kiné vient s'entraîner avec lui au dojo. « Alors ? » Reprend-il après quelques secondes de constat interrogatif, le regard tourné en direction de sa voisine. « Qu'est ce qui ferait plaisir à sa Majesté en récompense de ses efforts ? » Mills se prête au jeu. Il considère que le vice de procédure ne rend pas le pari caduque. Pas quand il voit à quel point Sofia a pris le challenge au sérieux et comme elle semble fière d'avoir tenu bon jusqu'au bout.

Elle réalise que c'est la première fois qu'elle est si proche de son ex-patient/coach sportif/partenaire d’entrainement. Difficile de qualifier Jackson Mills, et surtout de qualifier la relation qu'il y a entre eux. Sofia n'y arrive pas, pas plus qu'elle n'a réellement envie de mettre un mot sur ce qu'il se passe entre eux. Peut-être que les nombreuses déceptions et échecs qu'elle a vécu ces dernières années ont fini par l'aider à comprendre que profiter de la vie, profiter sans penser au futur et sans se projeter c'était finalement la meilleure chose à faire. Elle est sur le dos de son sauveur, à défaut d'être son prince charmant c'est déjà pas mal et c'est ce dont elle avait besoin à ce moment précis. Un sauveur qui met son corps d'athlète au service d'une Sofia qui est au bord de l'épuisement après ses vingt kilomètres à courir. Elle ne pensait pas un jour en être capable mais elle l'a fait. Ou presque. Elle dira à qui veut entendre son récit qu'elle a couru les vingt kilomètres et quelques du semi-marathon sans une once de difficulté alors qu'elle en a chié tout le long et les courbatures qu'elle risque de ressentir cette nuit seront là pour lui rappeler l'effort intense qu'elle a du faire pour venir à bout de cet objectif. Mais pour l'heure, elle est bien accroché au cou de Jackson. Elle l'a vu sous bien des positions. Je vous arrête toute de suite, il n'y a rien de sexuelle dans cette remarque. Mais elle l'a vu la tête à l'envers quand le beau goss se lance dans une sorte de série d’acrobaties en tout genre, elle l'a vu allongé sur différentes machines à faire gonfler ses muscles et ses pecs sous le regard admiratifs de Sofia, mais elle ne l'a jamais vu d'aussi près. « J'serais déçu que tu ne le fasses pas ! » Elle a pourtant encore la force de plaisanter, sur le dos de son charmant destrier, elle salue les passants qui se mettent à applaudir l'acte si brave de Jackson qui a pourtant sans doute bien d'autres choses à gérer de 100 fois plus importantes qu'être là avec Sofia. Jackson aussi applaudi et elle se dit que ça fera sans doute de belles photos à garder en souvenir de ce moment si particulier. La kiné savait Jackson investi, il a créé cette association, il a mit en place ce marathon caritatif pour promouvoir son bébé et défendre une cause qui lui tient à cœur et aujourd'hui alors qu'il est l'une des personnes fortes, il est là, à prendre du temps pour sauver la kiné en détresse. « C'est pas les chaises roulantes qui manquent à l'hôpital, on te trouvera un trône. » En voilà une idée plaisante pour miss Shaw, et elle se dit que les seules actions auxquelles elle participera à l'avenir, ce seront des actions ou elle n'aura pas à utiliser ses jambes parce qu'elle a vraiment l'impression que plus jamais elle ne pourra marcher. Peut-être qu'elle pourra participer à des olympiades paralympique à l’hôpital avec les enfants, voilà une idée qui semble à retenir et peut-être à développer pour tout ceux qui sont en fauteuil. Mais pour l'heure c'est surtout avec le brin de force et d'humour qu'il lui reste qu'elle réponds à Jackson. « Si le trône vient de toi, je ne peux pas refuser. Un trône pour la princesse, j'aime cette idée. » Elle est loin d'être une princesse, encore moins à cet instant alors que la sueur coule de son front montrant l'effort qu'elle a du faire, son legging associé à ce maillot de la Jamaïque à l'effigie du sprinteur n'a rien d'une robe de princesse non plus mais elle a déjà l'intention  de profiter de la fin de soirée, assisse ou debout, ce sera à voir. « Au pire tu pourras toujours me porter sur ton dos pour une danse. Après tout c'est à cause de toi si je perds l'usage de mes jambes. » Pas du tout dramatique Sofia. Ses jambes retrouvent leur force quand la ligne d'arrivée s'offre à eux. C'est sa victoire, c'est son exploit et elle compte ajouter à son palmarès la réussite de ce premier semi-marathon en franchissant debout la ligne d'arrivée. Et si cette réussite ne suffit pas à être véritablement satisfaisant pour elle et lui faire oublier ses douleurs, quand Jax la retourne sans difficulté en direction des enfants qui l'applaudissent, c'est un vrai sourire de joie et d'honneur qui s'affiche sur ses lèvres. Elle serait même émue, parce qu'elle a fait ça après un pari avec Jax mais c'est aussi pour l'association et ce qu'elle défends, que Sofia s'est donnée comme défi de faire ce semi-marathon. Pour ces enfants qu'elle croise en séance de kiné ou durant ces moments de bénévolat à l’hôpital. Elle a toujours aimé les enfants, toujours voulu des enfants, ça a eu raison de son mariage. Ou c'est peut-être les tromperies qui ont tué son mariage aussi mais chut. Mais elle a toujours été sensible à la cause des enfants et les entendre scander son nom est une vraie source de fierté pour elle. « Tu as fais tout ça pour eux tu dois être fier. » Pour Judy d'abord mais aussi pour tout les autres enfants hospitalisés et elle imagine sans mal comme Jax doit se sentir fier et heureux aujourd'hui de voir tout ces gens réunis pour l'association. « Je suis fière de toi en tout cas, c'est fou tout ce que tu as fais en si peu de temps.» Et si ce moment a rempli le cœur de Sofia de joie, la douleur de ses muscles n'a pas disparu et elle promet à Jax de se venger, un jour. « Tes mots d'amour me vont droit au cœur. » Elle secoue la tête en riant à la remarque de Jax et à son rire aussi. Les mots d'amours ça connait Sofia, un peu trop mais elle a décidé de calmer son enthousiasme niveau romantisme et amour. « Ce n'est pas une légende, il y a vraiment un cœur qui bat derrière ce tas de muscles ? » Qu'elle ajoute en riant encore un peu et en venant toucher le torse de Jax. Elle cherche son cœur bien-sur, pas du tout une occasion de venir toucher les pectoraux du sportif, absolument pas. Ils font  quelques pas et elle regrette presque de devoir marcher et de n'être plus bien accroché au dos de Mills. Elle le remercie du regard qu'elle il lui donne une bouteille d'une boisson énergisante, même si là elle aimerait quelque chose de plus fort et elle peut comprendre un peu l'idée du dopage pour les sportifs, elle ne serait pas contre quelque chose de fort, d'illégale même si ça lui permet de ne plus souffrir. « Ils ont laissé les douches et les salles de repos ouvertes pour le personnel si tu veux te reposer un peu. » « Serais-tu en train d'insinuer que j'ai besoin d'une douche Mills ? » Elle plaisante un peu, mais à défaut de se laisser tenter par le dopage, elle se contentera d'une douche et sans doute qu'elle demandera à une collègue un massage des jambes pour se détendre un peu, elle a la chance de connaître des personnes qui sont doués pour ça, à défaut d'avoir quelqu'un chez elle pour lui en faire. « On a pas fixé de deal quand on a parié ! » Elle réalise qu'elle s'est laissée entraîner dans un tel défi sans en connaître les enjeux et ça prouve bien qu'elle est en confiance avec lui. Elle a gagné, lui a perdu, mais l'inverse aurait pu être vraie aussi. Il y avait d'ailleurs bien plus de chance qu'elle échoue et abandonne avant la fin que l'inverse mais elle l'a fait et elle mérite une récompense non ? « Alors ? » Elle a l'air dubitative, appuyée ou plutôt avachi sur les barrières de sécurité, elle réfléchit et la première chose à laquelle elle pense c'est ce dont elle a le plus envie à cet instant précis. « Qu'est ce qui ferait plaisir à sa Majesté en récompense de ses efforts ? » Princesse, trône, majesté, il sait parler aux femmes, ou à Sofia en tout cas. « Je veux un massage après chaque séance d’entraînement pendant deux semaines. » Voilà ce qui ferait plaisir à sa majesté, et puis ça l'aidera sans doute à repousser ses limites si en guise de récompenses, c'est lui qui cette fois masse Sofia. « Et un dîner pour que je récupère toutes les calories que j'ai perdu, c'est pour ma santé, rien d'autres. » Ta santé, mais bien sur on y croit tous. « J'espère que tu es doué dans les massages parce que je saurais être aussi dur que tu l'es avec moi en salle de sport. » Il n'est pas si dur il se moque un peu mais si elle a réussi à courir les 20 kilomètres, c'est bien la preuve que dans ce domaine il est doué Jax et qu'elle aime souffrir à ses côtés.

Est-il fier de lui ? Jax y songe lorsque Sofia le félicite, son regard déviant des enfants de la fan zone au public présent de l'autre côté des barrières jusqu'à se poser sur les caméras des journalistes agglutinés prés de la ligne d'arrivée. Il se revoit ne pas compter ses heures, travailler jusqu'aux premières lueurs du matin, recycler ses insomnies en gribouillage de paperasse administrative et, paradoxalement, garder la tête hors de l'eau tout en se noyant dans la création de l'association. L'agent le sait : sans ce projet ambitieux, ce challenge un peu fou à relever, son esprit aurait cédé aux sirènes vindicatives de la rancœur. Le procès de Hoover, bien que derrière lui désormais, laissera à vie des traces dans son esprit fracturé par l'amnésie, le stress post-traumatique et la paranoïa latente avec laquelle Mills n'a pas fini de se battre. La réussite du marathon, en ce qu'elle représente de premier chapitre, n'est qu'une infime partie de l'histoire qu'il leur reste encore à écrire pour donner à RFJ des allures d'institution solidement ancrée dans le système hospitalier local mais c'est aussi une porte grande ouverte sur un chemin plein de possibles et de perspectives d'avenir auxquelles Jax se surprend à penser, parfois, au lieu de broyer du noir et de ressasser son ressentiment. À croire qu'il guérit, petit à petit, malgré la frustration que cela représente pour ses jambes de sprinteur d'avancer à pas de fourmi ...

Sofia le ramène à la réalité en lui tripotant le torse, ce qui lui arrache un sourire charmeur. Jax aime le contact physique, qu'il soit violent sur un ring ou sensuel dans un lit et le fait de sentir des doigts féminins à travers son t-shirt n'est pas pour lui déplaire. C'est pourquoi il se permet d'enfoncer le clou lorsque la kiné l'accuse d'insinuer qu'elle a besoin de se doucher : « J'insinue bien des choses, Shaw, mais j'crois que ma drague est trop subtile pour toi ... » Il lui tire la langue, convaincu d'avoir trouvé dans cette provocation les mots justes, capables d'implanter dans l'esprit de la brune l'image de leurs corps nus sous le même jet d'eau. Depuis qu'il l'a grillée en train de lui mater les fesses, Jax est sans pitié et ne rate aucune occasion de la faire rougir.

Mais Sofia semble avoir d'autres idées en tête et c'est avec un rire nasale que Mills accueille sa revendication concernant les massages post-entraînements. « Et un dîner pour que je récupère toutes les calories que j'ai perdu, c'est pour ma santé, rien d'autres. » Ben tiens. Jax vide sa canette d'une traite, la compacte en refermant le poing comme s'il s'agissait d'une vulgaire feuille de papier puis la jette tel un basketteur en direction de la poubelle la plus proche. Bingo, panier à 3 points ! « Ok, c'est moi qui choisis le restau ! » Si c'est des calories qu'elle veut, Sofia sera servie : Jackson Mills et son amour de la porn food sont là pour lui faire prendre quelques kilos. « J'espère que tu es doué dans les massages parce que je saurais être aussi dur que tu l'es avec moi en salle de sport. » « J'attends de voir ça ... » Répond-il, insolent jusque dans le haussement de sourcils qu'il appose à ses mots. « Y s'passera quoi quand tu découvriras à quel point j'ai les mains douces ? » « PC sécurité à Mills, PC sécurité. Tu reçois ? » Ramené à ses responsabilités organisationnelles, Jackson s'excuse d'un geste de la main avant d'attraper son talkie qu'il colle à sa bouche. « Mills, j'écoute. » « On a besoin de ton aval en secteur C. » Le regard de Jackson ne quitte pas celui de Sofia qu'il continue de défier silencieusement. S'il doit partir, l'agent sait que ce n'est que partie remise. D'ailleurs, « J't'attends sous l'horloge à 20 heures, Rose. Pour que ce jour compte ! » lui balance-t-il après avoir confirmé dans le talkie qu'il était en chemin et juste avant de tourner les talons, la laissant seule avec ses courbatures, ses fantasmes DiCapriesques et la promesse de lui faire passer une soirée digne de Titanic lors du gala de charité. Elle n'aurait jamais du lui avouer être fan de ce film.

Personne ne mentionnera le naufrage du paquebot de légende. Cette journée est placée sous le signe de l'optimisme et de l'insouciance.

« J'insinue bien des choses, Shaw, mais j'crois que ma drague est trop subtile pour toi ... » Il a un don Jackson Mills, et c'est celui de faire monter le rouge sur les joues de Sofia. Que ce soit en la faisant enchaîner les exercices à la salle de sport, en mettant en avant son corps d'athlète sous les yeux de Sofia ou en la draguant de manière parfois subtile, parfois moins subtile la kiné. Il y a un jeu entre eux, et il est la plupart du temps celui qui en ressort gagnant. Il est sur de lui, sur de ses atouts, sur de l'effet qu'il fait à la Mexicaine qui ne peut s'empêcher de rougir, de regarder, de toucher aussi. Et cette fois, en plus de rougir, elle rit en le voyant tirer la langue. Jackson Mills, qui tire la langue ça a quelque chose de vraiment drôle, alors que l'autre image qu'elle est en train de se construire dans sa tête, lui donne un peu chaud. Très chaud, mais elle peut le cacher derrière l'effort qu'elle vient de faire. Elle a besoin d'une douche, il a raison. Elle a envie d'une douche, ça aussi c'est sur, mais est-ce qu'elle a envie qu'il l'accompagne, il faudrait sans doute qu'elle arrête de rire ainsi pour éviter qu'on ne puisse déceler ses intentions. Elle n'est pas douée Sofia, elle s'est mariée jeune avec son premier vrai petit-copain. Elle n'était pas douée en drague, lui non plus, mais au moins ils étaient pareils. Aujourd'hui, elle a trente ans (un peu plus mais elle s'arrête à 30 ans), et elle semble toujours aussi peu douée. Mais c'est ce qui fait son charme non ? Autant que son côté petite princesse, c'est bien connu ça attire les hommes. Pas du tout ! « Ah parce que tu me dragues la ? T'es pas très doué. » Oh que si, il l'est et tu ne peux pas cacher que ça te fait de l'effet Sofia. Mais si son corps trahit ses émotions, elle continue de jouer aussi, un jeu qui s'avère bien trop amusant et peut-être aussi un poil excitant (plus qu'un poil!) pour la kiné.

Le jeu continue avec le défi qu'elle a finalement gagné, un défi dont elle choisit elle même la récompense et si elle aurait pu se contenter des massages, c'est quand même déjà une belle récompense non? Elle ajoute un restaurant dans les gains du défi. Parce qu'elle est juste trop nulle pour l'inviter alors elle utilise le défi, pas bête la guêpe non ? « Ok, c'est moi qui choisis le restau ! » Elle a comme idée que ce n'est pas dans un restaurant chic, classe et digne d'un rencard qu'il compte les emmener, mais elle a vécu avec Will durant plusieurs années et elle aime toutes sortes de nourritures, à condition que ça se mange réellement, mais c'est un restaurant dont il parle alors elle devrait trouver son compte. Et puis, rien ne dit que c'est pour un rencard non ? Juste les gains d'un défi lancé sans arrières pensées aucunes. « J'attends de voir ça ... »  Sofia dure ? Elle est surprise par sa réaction, elle ne sait pas si elle peut être dure. Elle peut être exigeante. Elle peut-être impatiente. Elle peut-être idéaliste. Elle peut-être chiante aussi. Mais dur et critique ça, c'est pas certain mais il réagit à nouveau ne lui laissant pas le temps de répondre. « Y s'passera quoi quand tu découvriras à quel point j'ai les mains douces ? » Et après son corps, c'est les mains de Jackson qu'elle regarde sans gêne. Il met son corps en avant, il le fait volontairement pour qu'elle regarde alors ce n'est pas en regardant ses mains qu'elle va se gêner. « Je pourrais sûrement plus me passer de tes massages. » Et avant même qu'elle n'ait réellement le temps d'imaginer les mains visiblement douces de Jax en train de la masser, elle sursaute en entendant le talkie de Jackson le rappeler à ses obligations. Il s'écarte un peu pour répondre et elle en profite pour s'étirer un peu. Grossière erreur puisqu'elle sent à ce moment la douleur dans ses muscles et elle grimace en réalisant que ce moment avec Jackson bien que très agréable n'a pas suffit à l'aider à récupérer de cet effort un peu trop intense pour quelqu'un comme elle. Elle finit par rire un peu quand elle remarque que Jackson continue de la regarder tout en répondant à son talkie. Elle entends vaguement les mots, elle sait que Jackson est très demandé aujourd'hui et elle se sait déjà chanceuse d'avoir pu profiter du monsieur pendant quelques minutes aujourd'hui. « J't'attends sous l'horloge à 20 heures, Rose. Pour que ce jour compte ! » Son sourire s'agrandit lui faisant oublier ses douleurs pendant quelques secondes alors qu'il l'invite à la soirée d'une manière qui ne peut laisser Sofia indifférente. Elle, là romantique de service, elle qui a des rêves de prince charmant, qui a longtemps cru au grand amour, elle ne peut pas être insensible à cette référence elle qui est une adepte des comédies romantiques, elle n'est pas passée à côté de ce classique du cinéma. « Hey Jack. » Elle l'appelle avant qu'il ne s'éclipse. « Tu places la barre haute. Je vais m'attendre à une soirée aussi mémorable, et je veux te voir faire ta meilleure danse irlandaise. » Elle se concentre uniquement sur ce moment de la soirée, elle ne pense pas à tout le reste, non pas qu'elle en ait pas envie mais il fait déjà bien trop chaud, elle n'a pas besoin de commencer à penser à d'autres scènes de ce film, des scènes pourtant mythiques. Elle ne pense pas non plus à la fin tragique du navire, ou pire à la fin tragique de l'histoire d'amour si courte mais si  intense entre les deux protagonistes. Elle ne pense qu'à cette soirée qui l'attends et surtout à la manière dont elle va devoir récupérer pour pouvoir être en forme, parce qu'à l'heure actuelle, rien que de penser à danser elle souffre et la journée n'est pas finie pour elle puisqu'elle a rendez-vous pour la suite de l'après midi pour aider les bénévoles, une longue journée avant de retrouver Jackson Mills, le roi de la journée, au centre de la piste.