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Une idée à la con. Rien d'autre qu'une idée stupide qui avait franchi les lèvres de son agent pour venir s'écraser en plein dans la gueule d'un Aiden sous le choc dont le sourire niais s'efface lentement. "Vous plaisantez ?" Les bras du fauteuil avait constaté la pression à laquelle l'acteur faisait face, les ongles enfoncés dans le cuir comme pour retenir une implosion qui finirait bien par arriver au vue de tous les affaires stupides auxquelles il prenait part. Un surplus de tout, une envie de rien d'autres que se terrer dans un trou et d'y disparaître le temps de reprendre son souffle, ou bien de tout recommencer pour ne pas faire les mêmes erreurs que dans cette vie. Cette idée semblait tomber à pic dans la carrière du Turner, un petit coup de pouce pour attirer les regards, pour que l'on s'intéresse encore plus à sa gueule de jeune premier. Les flashs des projecteurs dans les yeux finiront par lui brûler la rétine mais au moins il ne verrait plus le désastre qu'est devenue son existence, coincé entre ses obligations de carrière et celles qu'on lui imposait sans demander son avis.

Jouer les petit ami émérite le temps de se faire bien voir, s'afficher dans les bras d'une jolie blonde qui apporterait de la fraîcheur à son image et qui donnerait aussi un coup de pouce à la carrière de Mabel Griffiths. Rien de tout cela ne sonnait bien aux oreilles du Turner qui avait glissé des lunettes de soleil noire sur son nez d'une moue boudeuse. On lui avait enlevé le droit de dire "non merci" au moment où la pointe de son stylo avait scellée son contrat un jour où il aurait préféré se casser une jambe. La voiture avait pris un tournant pour rejoindre une route escarpée à l'égard du reste, montrant tous les détails que Griffiths apportait à son intimité, assez pour qu'Aiden roule des yeux devant la décadence des maisons qui s'offraient à lui. Pourtant il entassait des statues de collection vide de sens dans un appartement trop grand, avec trop pièces, ne couvrant pas le quart de son vide affectif. "Tu verra, elle est très jolie et très discrète." Comme si ça comptait. Dans cette pathétique histoire ils avaient tout de même réussi à le jeter dans les bras d'une pauvre fille pas trop laide qui devrait sûrement retenir un hoquet de dégoût en le voyant entrer dans son salon, incapable de soutenir son regard sans se sentir con. "Merci d'avoir pensé à son physique alors que vous nous forcez à nous tenir par la main pour les photos." Un sourire faux habille les lèvres de l'acteur qui s'enfonce lentement dans le banquette en cuir alors que la voiture prends un nouveau tournant dans une route encore plus inabordable.

C'est vrai qu'elle jolie. Les premières pensées qui traversent l'esprit d'Aiden sont dirigées vers son physique, alors même qu'il faisait des leçons de moral trente minutes plus tôt. Mais Mabel est une belle femme, élégante, élancée, le genre qui ne laisse pas indifférent les statues de marbres et les regards féminins. Mabel est aussi plus âgée, et ça on s'est bien gardé de lui dire. L'acteur a du mal à sourire même lorsqu'on les présentes officiellement, préférant de loin regarder ses pieds plutôt que de soutenir le regard insistant de la blonde qui, elle aussi, préférait sans doute être partout ailleurs qu'ici. "On va vous laisser le temps de faire connaissance." Le corps du Turner voudrait s'enfuir sans se retourner, et ses jambes flagellent sous la pression qui ne retombe pas depuis qu'il est entré dans la voiture. Non, il ne veut pas être là ni même faire connaissance avec elle, tout ce qu'il souhaite c'est de s'enfiler des médocs dans le cuir de la bagnole. Ils tournent les talons, les traîtres, en laissant derrière eux deux corps inanimés qui n'osent pas bouger de peur de brusquer l'autre. "C'est sympa chez toi… inspiration scandinave ?" Aiden brise la glace sans trop d'efforts, simplement parce que le silence lui tord les entrailles. "En tous cas c'est super grand." Le sourire en coin affiche une sympathie qu'il voudrait refreiner mais qui l'empêche, au moins, de s'effondrer sur le parquet luisant de sa nouvelle petite amie.

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Il avait beau tourner et retourner la situation dans tous les sens, il n'arrivait pas à en trouver, de sens. Tout ça était stupide sur de nombreux plans y compris le fait qu'Aiden n'avait aucunement envie de jouer les pantins dans les bras d'une blonde triée sur le volet qui l'empêcherait sûrement de s'adonner au seul plaisir de sa vie, s'enfiler des petites pastilles en caleçon dans son canapé. Les bras tombant contre ses flancs dans une posture qui lui donnait un air bien idiot, l'acteur s'était refusé au moindre sourire pour ne pas donner satisfaction à son agent, se contentant de grogner de temps à autre pour manifester un mécontentement qui serait le maître mot de cette relation fantasque sans queue ni tête, mais au moins la jeune femme avait du goût en matière de décoration d'intérieur. "Elle à une petite fille, trop mignon non ?" Adorable même, surtout en prenant en compte le fait que Mabel ne voudrait sûrement pas de sa présence autours de son enfant, lui qui avait peine à garder une plante verte en vie. « Enchantée, Aiden » Hum ? Le regard du brun avait glissé de ses orteils au visage de la blonde qui tentait tant bien que mal de faire preuve de courtoisie devant cette scène grotesque.

Les deux initiateurs du projet avaient fuis les lieux pour laisser derrière eux une ambiance malsaine, teintée d'une gêne que ni Aiden ni Mabel ne semblaient capables de surmonter, alors l'acteur avait tenté un mot d'humour, seule phrase encore capable de sortir de sa bouche. « Inspiration post-divorce, genre chacun a repris la moitié de ses affaires » Pour la première fois depuis son arrivée c'était un véritable sourire qui avait orné les lèvres du Turner, hochant la tête délicatement pour ne pas s'embourber dans un sujet inconnue. "Alors c'est toi qui avait les meilleurs goûts." L'appartement de l'acteur était un taudis sans nom où les poubelles jouxtaient avec délicatesse une montagne de scénarii non lus, de copaux de papiers et de boîtes de médicaments entamées. Au moins ici il y avait de l'espace à combler avec un silence, un silence pesant que Mabel avait rompu une nouvelle fois devant un Aiden incapable d'autres choses que de faire craquer ses doigts. « Tu veux boire quelque chose ? » Oui, une énorme bouteille de vodka. S'il te plaît mon amour. Histoire d'oublier un peu la merde dans laquelle ils s'étaient foutus l'un et l'autres en signant un contrat bancal qui visait à les exposer comme des bêtes de foires. "Hum oui, c'est gentil merci, si t'as un truc fort c'est bien… je pense qu'on en a besoin." Même si un jus de fruit ferait l'affaire tant la gorge de l'acteur était noué par le stresse, incapable de bouger alors que ses pieds trahissaient son impatience de sortir d'ici. Elle n'avait pas l'air convaincue non plus, Mabel, mais elle donnait plus de change que l'acteur, faisait tout pour le mettre à l'aise quand bien même son subconscient devait lui hurler de le virer de chez elle.

« On va être honnêtes, je crois qu'aucun de nous n'est fan de cet arrangement. Mais autant faire de notre mieux pour que ce soit agréable ? » Aiden avait déjà du mal à faire de son mieux dans la vie de tous les jours, insatisfait du moindre changement de routine, capable de passer plusieurs jours seuls dans son lit, écrasé par l'obscurité, mais avait-il vraiment le choix ? Rien dans son quotidien n'était dicté par ses propres envies, on lui remettait chaque jours le costume du rôle de sa vie, Aiden Turner, et il faisait office de pantin dans un costume de chaire, bien trop léthargique pour se rendre compte que le soucis venait principalement de lui et pas des autres. "Ah oui ? Du coup ça n'était pas ton rêve de te tenir aux bras d'un jeune écervelé de vingt-trois ans, certes beau garçon mais quand même un peu imbécile ?" Elle avait révélé la discussion par une pointe d'humour alors rien ne l'empêchait de faire de même, un petit sourire sur les lèvres alors qu'il se débarrassait enfin de sa mauvaise habitue de mettre ses mains dans ses poches pour se tenir un peu à l'aise devant Mabel. "Avant qu'on discute de quoi que ce soit je tenais à te dire que j'étais désolé pour tout ça… Je sais que j'y suis pour rien et qu'on a tous les deux signés le contrat mais… t'es pas obligée d'être sympa." Vacillant sur ses jambes il avait tout de même rejoins l'un de nombreux canapés pour s'y glisser, la tension redescendant peu à peu entre les deux.

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Elle n'était pas sil mal que ça, presque amusante dans son manoir vide de toute décoration mais qui soutenait une atmosphère plaisante, le genre d'endroit où l'on se sent bien à rien faire, reposant. Au contrait de toute cette histoire qui n'avait rien d'une agréable situation dans les yeux du Turner, encore incapable de comprendre pourquoi il avait accepté une scène aussi pathétique au lieu de fuir la situation pour s'enfermer dans son cocon d'acier et de médicaments en poudre. Même si elle n'était pas si mal il planerait toujours entre eux cette sensation de secret, des non-dits qui pourraient briser l'enclave de leurs lèvres à tout moment que ce soit en interview ou dans la vie de tous les jours. Aiden aurait sûrement beaucoup de mal à s'inventer une vie dans la vraie vie, pas le genre de chose qu'il expérimente au quotidien mais cette incroyable pression que d'être un gars bien. Mabel n'aurait jamais les mêmes envie que lui, ni même le temps pour faire tenir cette relation, partagée entre sa carrière, sa fille et la gueule enfariné d'un mauvais acteur surpayé accro aux antalgiques. « Disons que c'était mon rêve quand j'avais vingt-trois ans » Hum ? Le verre de whisky entre les doigts Aiden avait relevé la tête pour faire face à la blonde dont le sourire indiquait clairement qu'elle avait l'intention de le mettre à l'aise même si, de son côté, elle aurait préféré le voir hors de chez elle. « Comme quoi, on finit toujours par voir ses vœux se réaliser ! » Oh la chance qu'elle avait de se tenir aux bras du Turner dont les cernes tirées faisaient offices de valises sous yeux, puant la défaite à des kilomètres, et encore incapable de regarder Mabel dans les yeux. "Il n'est jamais trop tard pour accomplir d'autres choses, on pourrait se faire photographier en plein saut à l'élastique, ou plongés dans la cage aux requins." Si le sarcasme pouvait se deviner sous sa langue vipère, Aiden tentait tout de même de montrer à la blonde qu'elle avait réussi à le mettre plus à l'aise en s'offrant le droit à quelques blagues douteuses qui ne feraient, sans doute, rire que lui.

« Aucun de nous n'est obligé de l'être » Et ça il le savait pertinemment, lui qui fait tous les jours semblant d'être heureux. « Mais on en est tous les deux victimes, et se détester ne fera que compliquer la situation. » Dans le fond elle était la plus sensée des deux, Mabel, capable de voir plus loin que le simple coup fourré dans lequel ils avaient été plongés à leurs insu, capable aussi de se défaire du comportement arrogant du jeune acteur aux mains tremblantes, prenant place sur un canapé froid. "Sur ce point là on est d'accord, rien ne sert de se faire la guerre puisqu'on va passer un moment ensemble apparemment." Tout le whisky du monde ne suffirait pas à lui sortir de la tête qu'il ferait capoter cette relation, qu'il le veuille ou non Aiden avait un penchant pour l'autodestruction qui finirait bien par pointer le bout de son nez pour exploser au visage de la Griffiths. "Et pour information, je dors du côté droit."  L'acteur s'était rendu pour disponible, plus souriant, quitte à passer du temps avec elle autant le faire sans tirer la gueule, de un pour ne pas attirer les questions des badauds, de deux parce qu'elle mettait tout en œuvre pour le mettre à l'aise.

« On doit jouer le petit couple heureux, mais on peut aussi être amis en dehors de tout ça. Ce serait même plus simple pour apprendre à se connaître, et savoir ce que l'autre aime, ou avec quoi il est à l'aise… » Les médicaments, l'alcool, le fait de s'enfermer dans sa chambre pendant des heures en regardant le plafond d'un air las, les longues sessions de remise en question devant le miroir, tant de choses qui n'auraient sûrement pas fait rêver la blonde si il se montrait clairement honnête. "Tu veux peut-être qu'on commande à manger et qu'on se parle de nos vies ? Chinois ? Pizza ? Ce que tu veux, c'est moi qui offre." Les manigances de leurs agents respectifs ne changeraient pas le fait qu'Aiden pouvait se montrer aimable si la situation s'y prêtait, et aussi tout bonnement parce que son estomac criait famine. Au-delà de l'énervement il y avait aussi des gens, capables d'émotions, rendus silencieux par une situation incontrôlable qu'ils ne pourraient jamais changer. « Même si toute cette histoire risque d'être bizarre, on peut au moins essayer de s'en sortir avec un ami en plus ? » Turner n'avait pas besoin d'amis, il se tenait aussi loin que possible des autres êtres humains pour ne pas développer d'émotions, ces-mêmes sentiments qui finiraient par l'affaiblir ou le rendre encore plus déterminé à finir sa vie dans silence total. "C'est une bonne résolution, ça n'enlève en rien la frustration qu'on nous inflige, mais quitte à donner le change autant le faire en en rigolant de notre côté." Les longues soirées qu'ils passeraient à débriefer de la journée, avachis dans un canapé froid mais le cœur réchauffé par une bouteille de rouge, quelques verre de ce whisky qu'elle lui avait servi en arrivant. "Tu veux commencer par parler de toi et de ce… changement de décoration intérieur post divorce ? Si tu le déteste alors je me dois de le détester aussi… Je suis un peu jaloux." Sourire aux lèvres il avait dissimulé les dernières gouttes de son verre dans le fond de sa gorge.

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« La cage de requins, c'est parfait pour faire monter la pression. Deux personnes en maillots de bain, des animaux connus pour être sanguinaires... Une petite vibe vintage des Dents de la mer ! » Au moins elle le trouvait drôle, assez pour faire passer l'idée qu'elle devrait se montrer aux bras d'un homme plus jeune, attirant sur elle les quelques lignes qui la qualifieraient de cougar. Mabel avait l'air d'être le genre de femme capables d'accuser les doigts pointés sur elle, le genre qui se défait des paroles des autres d'un mouvement de la main alors qu'Aiden n'arrivait jamais à faire la part des choses entre les paroles des médisants et les voix de ceux qui le plébiscitaient. Aux yeux de l'acteur ils avaient tous la langue acérées de ceux qui veulent piquer, sans prendre en compte les personnes qui se verraient prises entre deux flash de paparazzi. « On se connait depuis 10 minutes et tu veux déjà me voir en maillot de bain ?» Aiden avait arqué un sourcil en savourant le verre que la blonde lui avait tendu, son seul petit plaisir de la journée qui continuerait une fois à l'abris de son appartement, quelques pilules diluées sur la langue pour faire taire les voix dans sa tête. Tu fais de la merde, Aiden. Tu n'es pas capable de dire non, Aiden. Et toutes les autres tirades des petits gens dans son esprits qui lui faisaient perdre la raison au fils des semaines, et si ils sortaient sains d'esprit de cette expérience alors plus rien ne pourrait l'étonner.

« Chinois, ça me va ! Y en a un excellent à quelques rues d'ici » Mabel avait saisi le prospectus dans le tiroir d'un meuble bas, profitant de cette accalmie pour se détendre bien que toujours frustrée à l'idée de passer quelques semaines à faire semblant d'être amoureuse d'un idiot, tout ça pour redorer un blason qu'ils n'avaient pas éreinté. Mais les acteurs sont ceux qui subissent les actions, à la vie comme à la scène Aiden et la Griffiths partageaient les mêmes cordes attachées au-dessus de leurs têtes, pantins dans les mains de plus grands qui pensaient mieux savoir qu'eux. Pendant un instant le Turner avait perdu de son panache, préférant la noirceur de son verre à l'éclat dans la voix de la blonde qui faisait de son mieux, alors qu'elle avait en face d'elle un inconnu. « Est-ce qu'on est que tous les deux ou ta fille veut manger quelque chose ? » Sans se rendre compte qu'il venait de mettre les pieds dans un plat brûlant, Aiden s'était mordu la lèvre en baissant le regard pour ne pas la croiser. « Mon agent m'as dis que t'avais une fille… désolé si ma question était déplacé. » Pour rien au monde l'acteur ne voulait être associé au beau-père fringuant d'une enfant qui n'avait rien demandé à personne.

Alors Aiden avait changé le sujet pour ne pas s'enfoncer un peu plus dans un malaise déjà bien présent entre eux, s'enfonçant un peu plus dans le canapé tout en écoutant Mabel faire le récit de son divorce. Une belle soirée en soit. « On ne se déteste pas. Disons que… On était bien ensemble parce qu'on avait les mêmes projets et les mêmes valeurs. Puis on a eu un bébé, pas tout à fait prévu, et nos objectifs ont changé. On a choisi le divorce plutôt que Rosie vive au milieu des disputes. » Hochant la tête pour montrer qu'il était intéressé à son discours et pas seulement un petit con dont la seule occupation était de s'éclater la tronche avec de la vodka très chère, Aiden avait pincé ses lèvres. « Il vaux mieux que ça soit le cas alors, pour avoir grandi avec des parents incapables de s'aimer mais tout aussi incapables de changer les choses, je te confirme que c'était sûrement le meilleur choix pour votre fille. » Aiden avait vu ses parents perdre tout intérêt l'un pour l'autre, ne s'octroyant même plus un seul regard, indécis quand à l'idée d'en finir avec tout ça sous prétexte que le môme était au milieu. « Cette maison était trop grande pour nous en tant que couple, mais c'est encore pire avec juste Rosie et moi. Je sais que je devrais déménager, mais j'ai pas encore pris le temps de chercher autre chose. » Mais au moins elle avait de l'espace pour faire face à sa solitude, aussi pour élever sa fille qui avait la chance de grandir sans un foyer aimant et surtout dans une maison assez grande pour élever toute la famille Ingalls.

« Moi je la trouve très bien cette maison, attend de voir l'appartement dans lequel je suis… ma seule pièce de décoration c'est un panneau de signalisation que j'ai ramené d'un soirée trop remplie. » Un cerveau d'adolescent dans le corps maigrelet d'un homme en devenir, le genre de petit garçon qui ne sait pas comment remplir ses journées si d'autres ne prennent pas les rendez-vous à sa place, encore impossible pour lui de décrocher le téléphone pour demander l'avis d'un médecin. Mabel en aurait sûrement marre de jouer ce rôle de mère auprès de lui, peut-être qu'elle mettrais fin à toute cette histoire à la première réaction démesurée de la part de l'acteur. « Je pense que le seul truc sur lequel on est vraiment d'accord, c'est qu'on veut le mieux pour notre fille. J'espère qu'on arrivera à garder ça en tête dans les années à venir ! » Les doigts fouillant sur son téléphone pour commander le menu du jour, attentif d'une seule oreille alors qu'il aurait voulu lui prouver ne pas être un goujat, Aiden avait haussé un sourire, persuadé tout de même qu'elle faisait de son vie pour faire grandir sa fille dans un environnement stable. « Elle va être super fière de toi quand elle sera plus grande, et puis je vais assurer pour la pousser sur la balançoire quand on sortira au parc. » A elle de voir si elle voulait de lui dans cet espace si restreint de sa vie, parce qu'il aurait compris se prendre un revers devant cette demande, quand bien même Aiden n'avait aucunement l'attention de profiter de cette enfant pour se faire bien voir dans les journaux, mais avec une envie de profiter d'un instant pour libérer son esprit de tout ça.  

« Et toi ? Des anecdotes de famille croustillantes à raconter ? » S'enfonçant un peu plis dans le canapé il avait haussé les épaules sans trop savoir quoi dire, encore incapable de se livrer sur les traumatismes de son enfance à une parfaite inconnue, alors même qu'elle venait de déballer l'histoire de son divorce. « Pas tellement non, une enfance basique avec des parents qui étaient pas prêts à le devenir, pas de frère ou de sœur pour m'aider à tenir le coup. Juste un vieil oncle excentrique qui m'a demandé si j'avais déjà fait un film porno. » Rien ne pouvait détrôner l'oncle Denis et ses remarques, et ça l'avait fait beaucoup rire en repas de famille alors que sa mère levait les yeux au ciel. « Ma mère m'a toujours prévenu que ce métier était dangereux, qu'on allait me demander d'oublier qui je suis. Et je crois qu'elle avait raison. » Si par anecdotes elle voulait simplement apprendre quelques histoires drôles de la misérable vie d'Aiden Turner, la blonde ne s'attendait sûrement pas à se retrouver devant ce pathétique tableau d'un acteur décomposé sur son canapé. « Et toi ? Comment t'as plongé dans ce métier ? » La fameuse cage aux requins dont ils avaient déjà parlés, elle se trouvait tout autours d'eux.

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« On se connaît peut-être depuis dix minutes, mais on est sensé jouer un couple qui se fréquente depuis un peu plus longtemps que ça. Les gens vont penser que je t'ai vu dans une tenue encore moins habillé qu'un maillot de main ! » Et par moins habillé elle entendait nu comme un ver. Bien sûr que les gens émettrons des hypothèses sur leur couple aussi bien qu'ils s'imagineront des fantasmes grotesques, mettant à mal l'image de leur nouvelle relation, impliquant des questions lourdes de sous-entendus pendant les interviews et les plateaux. C'était le revers d'une médaille qu'ils n'avaient jamais demandé à porter, trop lourde pour leurs épaules et pourtant indissociables de leur pauvres âmes troublées. Mabel était ce petit caillou dans sa chaussure, mais il fallait se montrer honnête en disant qu'Aiden n'était pas si mal tombé que ça lorsque la porte s'était ouverte sur la silhouette accueillante de la blonde. « Si tout le monde le croit alors on aura rempli une première partie de notre contrat. » Il y avait beaucoup plus difficile que de jouer les amoureux transis aux bras de l'actrice, beaucoup difficile compte tenu du fait qu'elle mettait tout en œuvre pour le mettre à l'aise et pour faire de cette situation pénible une histoire amusante. « Mais tu n'es pas obligée de te mettre en maillot de bain, on gardera le meilleur pour la fin. » La ligne était étrangement fine entre cet humour politiquement incorrect que l'acteur pouvait avoir, et la lourdeur d'un machiste qui ne se rend pas compte de ses paroles, au moins il pourrait savoir tout de suite si elle avait de l'humour.

Ce que le Turner savait déjà, bien qu'il l'avait appris de la bouche d'un autre et non pas des potins présents sur le net, c'était le fait que la Griffiths n'était pas la seule à qui il devait faire bonne impression. Un petit être pas plus grand d'une grosse pastèque empiétait sur la vie de Mabel, et ça on s'était bien gardé lui dire jusqu'à aujourd'hui. Aiden n'avait pas la fibre paternel, ni même une grande considération pour ceux qui décident de faire des enfants dans un monde rongé par les flammes, mais il devait au moins se montrer poli pour ne pas prendre un grand revers dans le visage. « C'est gentil de penser à elle mais elle a six mois, et elle boit surtout du lait » Ah. Un sourcil arqué en guise de réponse, l'acteur avait cependant haussé un sourire médiocre sur ses lèvres avant de descendre une nouvelle gorgée de son verre. « Elle a déjà des dents ? » Une nouvelle fois il prouvait à la terre entière et surtout à Mabel que sa réputation de petit con n'était pas forgée dans le marbre pour rien, quand bien même son ignorance des bambins avait plus à jouer que son attitude d'abruti. Loin de lui l'idée de se moquer ainsi de la petite, Aiden avait étouffé une toux dans le creux de sa main, sentant déjà les effets des pilules qu'il avait avalé par trois sur la banquette arrière de la voiture. « Et tu as le droit de poser des questions sur elle. C'est ma fille, les gens s'attendront à ce que tu la connaisses un minimum, si c'est "sérieux" entre nous. » Aiden avait refourgué l'idée de se laisser photographier en présence dans la petite dans les bras, se donnant l'image d'un beau-père cool et attentionné, pour fixer son regard dans celui de Mabel. Oui, elle était plus que jolie, mais elle était aussi maman, et ce genre de détail se devait d'avoir une place toute particulière dans l'esprit de l'acteur.

« Tu m'annonces que ça n'est pas sérieux entre nous ? » Une main sur le coeur pour mimer l'effondrement de ce dernier, Aiden avait retrouvé le moyen de lui sourire honnêtement. Elle était drôle, en plus. « Je ne franchirai pas de limites avec ta fille tu sais. Si il y a des choses que tu ne te permets pas de faire pour la protéger alors ces choses s'appliquent aussi à moi, pour le bien de notre 'relation' et pour celui de ta fille aussi. » Il y avait un coeur derrière tout ce brouillard, petit et peu fringuant mais aussi capable de dire les bonnes choses aux bons moments. Parce qu'Aiden avait toujours regretté l'image d'un foyer déchiré dans le silence, de deux parents qui ne s'offrent plus le moindre regard mais qui continue de vivre ensemble parce que c'est tout ce qu'ils ont toujours connu. « A cette heure-ci, elle dort déjà, du coup tu ne la verras pas aujourd'hui » Pour ne pas lui manquer de respect Aiden avait simplement hoché la tête, convaincu que de voir la fille de Mabel ne serait sûrement pas la plus grandiose des idées. « J'ai toujours pensé que c'était pire de grandir au milieu des disputes que dans un divorce. Surtout qu'on essaye de se parler, au moins pour elle. » Maman n'avait jamais réussi à retrouver sa joie de vivre d'antan quand son père était revenu de l'armée, ils étaient trop brisés pour discuter, trop silencieux pour faire changer les choses, incapables de se poser les bonnes questions pour faire vivre à leur fils une enfance convenable. « C'est une bonne chose si vous communiquez encore, ça prouve que vous essayez de faire le meilleur pour elle. » Elle n'aurait qu'à les remercier dans seize ans, quand elle sera en âge de comprendre tout ce par quoi ses parents sont passés pour lui offrir la meilleure bien, ou elle fera une crise d'adolescence exécrable, au choix.

« Tu as un appartement si petit que ça ? » Un peu embarrassé par la question alors qu'elle l'accueillait littéralement dans un palais orné de décoration approximative, Aiden avait croisé ses bras sur son torse pour se donner une allure un peu plus fière. « Petit c'est pas vraiment le mot, enfin par rapport à ici c'est petit mais j'ai quand même réussi à faire tenir une piste de bowling dans le garage. » Le petit sourire sur ses lèvres se voulaient sincère, chaleureux, afin que Mabel prenne de plus en plus confiance en sa présence. Aiden avait toujours été de ceux qui ne faisaient pas de mal, incapable de hisser un mot plus que haut que l'autre dans une conversation, le métier l'avait transformé en monstre d'égoïsme imbu de lui-même. « J'imagine qu'à interpréter les vies des autres devant la caméra, c'est parfois difficile de retrouver la sienne ? » L'avait-il vraiment retrouver, sa vie ? Il n'était que le pantin des autres, prouvé encore une fois par cette situation dans laquelle on le trempait simplement parce qu'il n'avait pas le choix. L'acteur avait poussé un soupir en hochant la tête de haut en bas, à deux doigts de se mettre à rire devant l'idiotie de cette pensée. « Est-ce qu'on a vraiment une vie à nous Mabel ? » Elle, elle avait sa fille, lui n'avait personne d'autre que son reflet dans le miroir, et rien dans l'image se reflétant ne lui donnait envie de s'améliorer. « Je rentre plus facilement dans des rôles que je ne rentre chez moi, toute ma vie est façonnée par les histoires des autres. » Les plus grands psychologues ne pouvaient rien contre son esprit sous opiacés, lui-même se perdait dans des délires incompréhensibles qui la ferraient fuir si il n'y mettait pas un peu du sien. Il fallait dévier le sujet sur elle pour lui laisser le temps de reprendre ses esprits. « Mes parents travaillent tous les deux dans le cinéma. Ils ont poussé ma sœur vers une carrière d'actrice, et ma mère a profité d'avoir une seconde fille pour assouvir son rêve de mannequinat. » Dans le grand concours des parents merdiques, Aiden et Mabel étaient sûrement en train de partager la première place. Le visage penché sur le côté le Turner avait concentré toute son attention sur la blonde pour ne plus se laisser surprendre par l'effet des médicaments. « J'ai eu beau mettre de la distance avec ma famille, je finis toujours par me retrouver pas loin d'eux » Au moins ils auraient des sujets de conversations pour les prochaines semaines à venir où ils seraient contraints de dormir sous le même toit pour donner l'illusion. « Tu voudrais te retrouver loin d'eux ? » Elle n'avait qu'à le demander et Aiden s'enquerrait de mettre la distance entre leur 'couple' et cette ville maudite. « On aura toujours le moyen de se faire offrir un week-end tous frais payés loin d'ici. » Parce qu'on ne leur refuserait rien du moment qu'ils se pavanaient main dans la main. « Tu aurais fait quoi, si tu n'étais pas devenu acteur ? » Conducteur de trains. C'est la réponse qu'il avait donné à Megan quelques années en arrière, et ce souvenir lui arrache un sourire rempli d'amertume et de regrets. « Aucune idée… sûrement à l'armée comme mon père… » Une partie de lui voulait lui dire la vérité sur ses rêves d'enfant, l'autre ne voulait se secret partagé qu'avec son ancienne petite-amie, comme si le fait de l'avoir quitté par message un matin n'avait pas d'importance. Aiden avait l'habitude de tout foirer. « Ou alors coincé dans un job alimentaire de merde, malheureux et triste. » Tout ça il l'était déjà, mais il se gardait bien de lui dire pour ne pas évoquer les soupçons, pour ne pas remettre en question sa carrière, ou toute sa vie. « Je vais chercher la nourriture, j'en ai pour une petite minute. » Il avait surtout besoin de prendre l'air, de sortir de cet endroit quand bien même Mabel faisait tout pour le mettre à l'aise.

@Mabel Griffiths & Aiden Turner ⊹ I wake up to the sounds of the silence that allows for my mind to run around with my ear up to the ground. I'm searching to behold the stories that are told. When my back is to the world that was smiling when I turned

« Si vraiment ça te démange de le découvrir, il doit bien exister des shootings de collections de lingerie ou de maillots de bain pour lesquels j'ai pu poser » Elle en parlait avec une nonchalance folle, gardant son sérieux tout en appuyant sur des mots qui auraient fait rougir la plupart des hommes de l'âge d'Aiden, pourtant elle semblait ne pas faire attention au haussement de sourcil de l'acteur qui - loin d'être un mufle - attendrait d'être rentré à la maison pour s'assurer de la vérité des paroles de la blonde. « Je serais presque jaloux, on m'a encore jamais demandé de poser en maillot de bain. » Sûrement parce que le physique de jeune premier un peu trop porté sur la bouffe chinoise n'était pas le plus désirable de la planète, quand bien même il avait été surpris une fois par un paparazzi alors qu'il prétendait faire du jogging. Refoulant dans un coin de sa tête les images qu'on ne pouvaient pas montrer à tous les publics, Aiden avait concentré son attention sur la fille de Mabel, démontrant qu'il n'y connaissait rien en enfant ou en dentition, attirant le sourire de la blonde alors qu'elle prenait la parole. « Pas de dents pour le moment, même si ça ne devrait pas tarder. Et elle commence à tenir assise, même s'il lui faut une bonne motivation pour vraiment essayer. Genre un de ses jouets préférés. » Il avait tout oublié de son jeune âge, ne possédait pas assez de photo de lui enfant pour en tirer des souvenirs et n'avait gardé quasiment aucun contact avec ses parents, faisant de lui la personne la moins qualifiée avec qui parler enfant. Pourtant Mabel se confiait, faisait tomber la carapace de la première rencontre angoissante pour le faire entrer un peu plus dans sa vie, bientôt elle lui filerai la gamine dans les bras pour une journée au parc orchestrée par leurs agents. « On dit toujours que le temps passe trop vite quand on est gamins, un jour tu vas te réveiller et elle aura 18 ans. » Un piercing au nez et sans doute beaucoup de traumas liés à son enfance et fait que ça mère soit célèbre, et parmi toute une panoplie de raisons celle-ci figurait bien 5ème dans la liste 'anti-enfant' de l'acteur.

« Je suis désolée de te briser le cœur dès notre rencontre ! » Le ton d'humour employé ne servait que de façade à cette relation, une touche bienveillante qu'ils tenteraient de garder en vie durant un peu de temps pour ne pas que cette histoire de s'engouffrent sous leurs peaux, les rendant aussi antipathiques que toute cette connerie. « Tu finira bien par me briser le coeur Griffiths, on le sait tout les deux. » Parce qu'il faudrait forcément mettre fin à tout ça, non ? Personne ne lui avait donné d'indications quand au temps que cela durerai, un mois, deux, une éternité peut-être. Aiden serait alors condamné à vire le même amour sans passion que ses parents, le genre qui nous bouffe de l'intérieur mais qu'on ose pas quitter parce que c'est le seul qui tiens encore. Mabel avait sans doute beaucoup mieux à faire que de s'emmerder avec un petit con imbu de lui-même, et si son ex revenait dans la partie l'acteur ne manquerait pas de se faire casser la gueule pour un mot de trop ou un regard de travers. « Concernant Rosie, j'essaye d'éviter de montrer son visage, ou de partager des anecdotes trop intimes. Le genre de détail qu'en tant qu'adulte, on aimerait éviter de partager au monde entier. Donc si on te pose des questions sur elle, j'imagine que tu peux juste dire que vous jouez bien ensemble ou essayer de faire diversion ? » Et cet enfant, toujours, clé de voûte dans l'existence de l'actrice à laquelle il faudrait porter une attention particulière pour ne blesser personne tout en continuant de donner le change. Aiden avait soupiré assez légèrement pour ne pas se faire entendre par la blonde alors que les tremblements dans ses mains marquaient déjà le manque. Faire diversion pour ne pas parler de sa pseudo relation avec la petite, encore une fois se fondre dans un rôle n'étant pas le sien, mais celui d'un père absent que Mabel cherchait à couvrir en répétant qu'ils s'étaient quittés pour ne pas se faire plus de mal. « J'imagine qu'elle ne peux pas encore faire de train fantôme ou de saut à l'élastique ? Il faudra me briefer sur les jeux qu'elle est en âge de faire.» Un sourire avait caché la longue réflexion qui prenait place derrière ses paupières, incapable de savoir ce qu'un enfant aussi jeune aimait faire de ses journées si ce n'est chier dans sa couche et braille. « Mais si ça peut te rassurer je pense que les gens seront plus focalisés sur cette relation que sur ta fille, aussi mignonne soit-elle. » Aiden n'avait aucune idée d'à quoi pouvait bien ressembler une enfant aussi petite que la fille Griffiths, mais à supposer qu'elle tenait de sa mère elle aurait sûrement du succès en grandissant.

Les mots se faisaient de plus en plus lâches dans la bouche de l'acteur, syndrome rituel du manque qui commençait à se faire ressentir alors même que les derniers cachets ne remontaient qu'à quelques heures, et si la blonde n'avait pas prononcé le moindre mot sur les mains tremblantes ou le front suant, c'était surtout parce qu'il détournait la conversation à chaque fois qu'elle posait les yeux sur lui. Cette relation ne devait pas s'éterniser. Pour leur bien à tous les deux. Surtout pour celui du Turner dont les virées nocturnes au milieu de la nuit, l'attitude désinvolte et le regard pesant finirait pas éveiller les soupçons. On lui prêterait des problèmes d'alcoolisme qu'il était déjà prêt à porter sur ses épaules pour effacer les traces de sa culpabilité médicamenteuse, et aussi bien qu'il se fichait de l'avis des autres, celui de son monde médiatique semblait importer maintenant plus que n'importe lequel. « On a tous une vie à nous. Son importance dépend du temps et de la valeur qu'on y accorde » Le regard perdu il avait relevé la tête vers l'actrice sans savoir le sujet sur lequel ils étaient en train de débattre, perdu dans son propre esprit, luttant contre les mots vides, mais pourtant bien incapable de répondre autre chose qu'un simple haussement d'épaule qui rajoutait à son attitude de petit con désintéressé. « J'imagine qu'on joue tous un rôle, suivant qu'on est avec notre famille, nos amis, de simples collègues... Juste que certains se dévoilent plus que d'autres, qui préfèrent se cacher sous des rôles ? » Aucun mots n'avaient fait de sens entre les deux oreilles du Turner, mais il voulait se montrer courtois, poli, le genre de petit ami qu'elle aurait envie de présenter à ses parents si ils se côtoyaient vraiment plutôt que de jouer la comédie. Un raclement de gorge, une position redressée alors qu'il passait une main dans ses cheveux pour y enlever la sueur perlant sur son front, la panoplie parfaite du bon menteur qui essayait de se souvenir de la conversation en faisant semblant de ne rien avoir oublié. « Qui est-tu du coup ? La vraie toi, pas le rôle que tu joues pour les autres. » Les boutons de sa chemise semblaient se resserrer contre son cou, le coupant d'air pendant de longues secondes, forçant son corps à se relever pour libérer sa trachée. Il lui fallait une nouvelle parade, un nouveau quelque chose qui pourrait détourner l'attention de Mabel assez de temps pour que les choses reviennent dans l'ordre, et le bip miraculeux de son téléphone fit office de miracle. « Je te laisse réfléchir pendant que je vais chercher à manger et on passe la soirée à s'échanger nos plus profonds secrets, Mabel Griffiths. »

Aiden avait besoin d'air, au sens littéral comme au sens figuré, et il profita de quelques instants de solitude bienvenues pour retenir une nausée dans le creux de son poing. C'était une idée à la con que d'être venu ici, mais il n'avait plus aucun moyen de faire marche arrière pour arrêter l'engrenage, il allait maintenant devoir tenir le rôle pour ne pas se faire avoir, parce qu'il n'était plus maître d'aucune décisions, même les plus intimes. « Tu manges avec des baguettes ou des couverts ? » Elle, elle n'avait rien demandé non plus, et pourtant l'actrice faisait tout pour que cette situation ne prenne pas plus d'ampleur, pour que chacun y tire le meilleur sans se faire de mal. C'était pour elle qu'Aiden avait de la peine. Mabel se retrouvait coincé avec lui à son bras pendant un laps de temps encore inconnu, et il n'aurait pas d'autres choix que de lui mentir pour ne pas se faire attraper. Il serait lâche, menteur, indisponible, jamais d'humeur, secret, différent, rien de ce qu'il laissait paraître ce soir. Et il lui briserait le cœur. « Euh… avec mes doigts ? » Dans un regard dans sa direction il avait haussé les épaules ainsi qu'un sourire, reprenant le rôle que l'on venait de lui confier, celui du petit ami chaleureux et drôle qu'elle voyait pour l'instant en lui. « Des baguettes feront l'affaire... alors, tu as réfléchi à tes secrets ? » Les tremblement avaient cessés, la sueur ne perlait plus, Aiden avait revêtu son costume.