she wanna make it to the end
Spencer Blackwell & @Raelyn Blackwell

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Spencer ne se serait sûrement pas attendue à trouver une oreille si attentive auprès de Raelyn. C’est qu’elle donne l’impression d’être particulièrement patiente ou sensible au malheur des autres. C’est sûrement ce qui faisait le plus peur à la jeune femme, au début. Aucune idée dans quoi elle mettait les pieds, aucune idée d’à quoi s’attendre en franchissant les portes du casino, et pourtant. Pourtant elle est là, elle lui a présenté sa fille et pour être tout à fait franche, la cadette ne s’attendait certainement pas à la rencontrer de si tôt. Si elles n’en sont pas encore au stade des sorties dominicales, c’est déjà un début. Un bon début. Le genre qui motive pour garder le cap et en avoir plus. Maintenant la question, c’est de savoir si elle sera capable de tenir dans le temps. Avec les bons objectifs et le bon entourage, y a pas de raison que ça foire encore une fois. Dès que ça ira mieux, qu’elle se sera un peu plus habituée à cette clarté d’esprit retrouvée, elle pourra reprendre du service quand bien même elle n’est techniquement pas pressée par le temps. « Parce que je suis pas ta patronne. » Un léger sourire s’affiche et elle acquiesce. Un peu, quand même. Plus que ça, dans le fond. « La taille des équipes est conséquente. Ça permet de pallier aux absences plus facilement. » « Ouais, sûrement. Enfin j’voudrais pas que les autres pensent que j’abuse ou un truc du genre. » C’est sûr qu’ils le font déjà. Entre l’absence qui s’éternise, le boulot fourni qui était correct mais loin d’être impeccable ou encore les quelques frictions avec certains collègues, n’importe quel autre établissement l’aurait déjà remerciée depuis longtemps. Alors pour une fois que Spencer est dans une position à peu près confortable, elle a envie de faire de son mieux pour que ça marche vraiment. Elle a encore beaucoup d’efforts à fournir, mais avec un peu de chance et de bonne volonté, ça finira par venir tout seul.
Et peut-être que ça commence par changer de service, rester le plus loin possible des éventuelles tentations et tout le reste. Une idée qui s’est imposée d’elle-même, plutôt réalisable et à sa mesure que Raelyn semble valider. « Oui, parle-lui-en.  Mais s’il y a quelqu’un qui peut comprendre, c’est lui. » La jeune femme acquiesce, vu les quelques sous-entendus glissés lors de la première entrevue avec le compagnon de sa demi-soeur, c’est effectivement ce qu’elle a cru comprendre. Bien évidemment, elle n’a pas poussé la question plus que ça, ce ne sont pas tellement des choses qui se font dans un pseudo entretien d’embauche. « Il t’apprendra même à donner les cartes ou faire tourner une roulette, si tu t’imagines dans l’uniforme des croupiers. » « Sérieux ? » Clairement, elle n’en demandait pas tant. Elle s’imaginait surtout passer du côté du service technique, genre ménage ou plonge, un peu loin de l’argent et des sujets sensibles. « Carrément, ouais. Si c’est faisable quoi. Si ça se trouve je vais pas être super douée pour ça. » Mais dans le fond, ça lui plairait sans doute plus que d’avoir à laver des verres ou s’éreinter à nettoyer de fond en comble le casino. « Et c’est plutôt sage, comme décision. » Un peu malgré elle, la réflexion lui arrache un léger rire. « C’est sans doute la première fois de ma vie qu’on me dit ça.  » Qu’elle ricane en secouant la tête. D’ordinaire, elle est plutôt adepte des décisions de merde, celles qui ne font qu’empirer les choses ou qui ont des conséquences trop graves pour être ignorées. En tout cas, elle est ravie de voir que pour une fois, elle semble se diriger sur la bonne voie. Pour Raelyn ce n’est sans doute pas grand chose, mais pour Spencer, ça veut dire beaucoup, qu’on l’appuie sur un choix. « Mais heu, ouais, j’irai lui en parler. » Si on lui avait dit un jour qu’elle aurait de bonnes idées, elle aurait été la première à ne pas y croire. « Merci. Encore. Pour la rencontre et tout le reste. » Elle indique la petite d’un geste de menton. Juste un petit truc à ajouter à sa longue liste de choses pour lesquelles elle est redevable et reconnaissante auprès de l’aînée, trois fois rien.