| (owassan) one of these mornings |
| | (#)Sam 9 Juil 2022 - 19:43 | |
| owen & hassan one of these morningsOne of these mornings won't be very long, you will look for me and i'll be gone, i'll be gone, i'll be gone. One of these mornings won't be very long, you will look for me and i'll be gone, i'll be gone, i'll be gone. ☆☆☆ JUIN 2022. Bien qu’il ait fait son possible pour ne pas surveiller l’heure de manière trop évidente à mesure que sa réunion s’était éternisée à l’université, le genou d’Hassan s’était petit à petit mis à battre la cadence sous la table au rythme de sa nervosité. Ethel avait beau faire de son mieux pour optimiser son emploi du temps et lui permettre d’y caser le maximum de choses dans des journées qui continuaient de ne faire que vingt-quatre heures, la jeune femme n’était pas magicienne et ne pouvait rien contre les retards et autres aléas qui mettaient à mal ce qu’elle tentait d’organiser au milimètre. La maquilleuse d’ABC allait encore rouspéter, elle détestait travailler dans la précipitation et ne manquait jamais de faire remarquer à Hassan que les cernes sous ses yeux étaient déjà une tâche suffisamment épineuse à camoufler – un compliment qui faisait toujours plaisir. Malgré tout cela, il avait perdu une minute supplémentaire sur le chemin jusqu’au parking pour prendre un thé à la machine près de l’ascenseur, et rejoint sa voiture au pas de course gobelet à la main. Sur le principe, les locaux d’ABC n’étaient pas si éloignés du campus, mais d’ici une petite demi-heure la majorité des travailleurs de Spring Hill quitteraient leur bureau et embouteillerait toutes les artères des environs. Suivant le tic-tac du clignotant tandis qu’il se rabattait sur la voie de gauche, la sonnerie de son téléphone avait sorti le brun de la rêverie dans laquelle il s’était perdu, et le prénom d’Owen affiché sur le tableau de bord lui avait arraché un froncement de sourcils circonspect ; Ils vivaient sous le même toit, et le blond n’avait pas conséquent aucune raison de l’appeler pour autre chose qu’un motif qui ne pouvait pas attendre le soir. « Yep ? Je suis au volant. »« Ah, t’es déjà en route ? Cool. Ta pote est déjà repartie. Elle m’a dit qu’elle était pressée, elle m’a même pas donné son nom maintenant que j’y pense, mais le petit est avec moi. »« Le petit ? Je suis sur la route pour ABC, là. Quelle pote ? »« … Celle qui vient de passer au club déposer son fils ? Elle m’a dit que c’était arrangé avec toi. »« Que c’était ar- … je comprends rien. Comment il s’appelle ? Le gamin. »« Je sais pas, il est pas très causant. Tu veux parler à Hassan ? [...] Tu sais pas. Bon. Il a pas ouvert la bouche depuis qu’il est là. T’en as pour longtemps chez ABC ? »« Non. Enfin si, mais oublie, je vais décommander. Je suis là daaans … une très grosse demi-heure ? »Plutôt trois-quart d’heure s’il se laissait rattraper par les bouchons, et aussitôt après avoir raccroché il avait appuyé sur la pédale de l’accélérateur et bifurqué vers l’accès à la voie rapide. Il avait beau se creuser les méninges, il ne voyait pas à qui Owen pouvait bien avoir eu affaire et qui était cet enfant sorti d’un chapeau dont il aurait prétendument accepté de … de quoi, d’ailleurs ? L’occuper en attendant le retour de sa mère ? L’héberger pour la nuit ? Ce ne pouvait être ni Mehdi ni Reda, Owen les connaissait déjà. Pas Daniel non plus, il connaissait également Joanne, et Hassan doutait de toute façon que la jeune femme ait été suffisamment désespérée pour n’avoir personne d’autre à qui confier son rejeton que lui, surtout sans l’avertir. Gwen ? Elle ne lui avait jamais présenté son fils, mais aux dernières nouvelles ce dernier était suffisamment grand pour se garder tout seul … et à bien y réfléchir, il avait vu la voiture de Gwen sur le parking du campus. Plus il creusait et plus tout cela lui donnait un mauvais pressentiment, et faute de réponse immédiate à ses questionnements il avait remonté l’autoroute jusqu’à Logan City le regard alternant entre l’heure et le compteur. ***Un groupe à dossards rouges s’échauffait sur la pelouse, un autre à dossards bleus ramassait du matériel ou s’échappait vers les vestiaires, et sur la piste d’athlétisme qui entourait le terrain trois garçons et une fille couraient à allure soutenue. Depuis le bord du stade, Phil avait adressé à Hassan un signe de la main auquel ce dernier avait machinalement répondu, mais l’esprit déjà ailleurs il avait rejoint le local que se partageaient les clubs de rugby et de soccer du quartier. « Pendant un moment j’ai vraiment cru que tu me faisais une farce. » Assis sur le coin d’une des tables habituelles utilisées pour les leçons théoriques et les goûters de fin d’année, Owen semblait jusque-là occupé à faire la conversation pour deux, et relevant les yeux vers lui lorsqu’il était entré dans la pièce, ceux d’Hassan étaient quant à eux allés se poser vers le garnement silencieusement occupé à boire à la paille dans une brique de jus de fruit. Il avait l’air d’avoir cinq ans, peut-être six – et une chose était sûre : le brun n’avait jamais vu cet enfant avant aujourd’hui. « Je vois qu’Owen t’a montré où était la réserve à jus de fruit. » Posant un genou à terre pour se mettre à sa hauteur, Hassan lui avait tendu une main précautionneuse en questionnant « Comment est-ce que tu t’appelles ? Moi c’est Hassan. » mais sans grande surprise, et malgré la paire d’yeux venus le scruter avec attention pendant plusieurs secondes, l’enseignant n’avait pas obtenu de meilleur résultat qu’Owen avant lui. « C’est pas grave. Tu permets qu’on aille discuter dehors deux minutes Owen et moi ? » Semblant ne pas avoir d’avis sur la question, le garnement avait recommencé à mâchouiller sa paille en silence, et d’un signe de la tête Hassan avait attiré son ami hors de la pièce en veillant à garder la porte entrouverte. « J’ai jamais vu ce gamin de ma vie. T’es vraiment sûr que c’est moi que sa mère cherchait ? Elle ressemblait à quoi ? » Il n’y avait qu’un seul Hassan au club de rugby, mais qui sait, peut-être y’en avait-il un du côté de l’équipe de soccer ?
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| | | | (#)Sam 23 Juil 2022 - 19:22 | |
| Owen a tendance à faire confiance assez facilement et si une sombre inconnue vient le voir en lui confiant un gamin en disant que c’était arrangé avec Hassan, pourquoi ne l’aurait-il pas cru ? Hassan devait venir au club dans tous les cas après son travail et si les minutes commençaient à se faire longue, le Galloway savait que ça ne durerait pas si longtemps. Bon, tout de même, pour s’en assurer, il fini par appeler son ami, histoire de lui mettre un léger coup de pression car il était attendu. Mais, Owen n’avait pas pour autant l’impression de lui annoncer une grosse surprise, à en croire la demoiselle qui avait filé très rapidement, tout était sous contrôle. Le gamin ne disait pas un mot ou alors très peu. Toujours pas de prénom à lui mettre sur le front, la petite tête brune avait cependant accepté à boire et manger une collation en attendant la venue du Jaafari. Il avait tout de même refusé d’aller s’amuser sur le terrain pendant que d’autres menaient leurs cours d’athlétisme. Owen, en attendant, s’était occupé à remplir des documents qu’on lui avait collé entre les mains pour répondre à un appel à projet et lever quelques fonds pour le club. « Pendant un moment j’ai vraiment cru que tu me faisais une farce. » le blond releva la tête en reconnaissant la voix d’Hassan. Pour répondre à sa fausse accusation, il tourna la tête en direction du gamin, à quelques mètres avec sa brique et sa paille entre les dents. Et c’est quand Hassan posait à son tour ses yeux sur le garçon, qu’Owen senti que quelques choses clochaient. Rien n’indiquait que l’un ou l’autre savait à qui ils avaient à faire. L’ex prêtre se redressa sur sa chaise, bomba le torse et croisa ses bras pour observer la scène. « Je vois qu’Owen t’a montré où était la réserve à jus de fruit. Comment est-ce que tu t’appelles ? Moi c’est Hassan.» les yeux d’Owen devenaient de plus en plus confus et ses sourcils ne pouvaient être davantage froncés qu’à l’instant. « C’est pas grave. Tu permets qu’on aille discuter dehors deux minutes Owen et moi ? » déjà prêt à se lever et à se diriger vers l’extérieur, le Galloway semblait ne pas avoir plus de réponses à apporter à son ami de longue date. « J’ai jamais vu ce gamin de ma vie. T’es vraiment sûr que c’est moi que sa mère cherchait ? Elle ressemblait à quoi ? » est-ce que à son tour, c’était Hassan qui voulait se moquer d’Owen et lui jouer un tour ? « Tu t’moques de moi ? » il n’en avait pourtant pas l’air et connaissant son acolyte, il n’avait pas le souvenir qu’il était si bon acteur. Le blond mis quelques temps à réfléchir, posant sa main sur son menton et passant son indexe sur sa lèvre supérieure, il n’y comprenait rien. « brune… petite, genre, vraiment, plus que toi. » c’est gratuit, ca l’amuse. « Typée indienne… » il hausse les épaules, très peu physionomiste, il ne se souvenait cependant même plus la réelle couleur de ses yeux. « J’suis sûre qu’elle a prononcé ton prénom au moins trois fois… »
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| | | | (#)Mar 23 Aoû 2022 - 14:29 | |
| A défaut de comprendre ce que lui racontait Owen au téléphone, le brun espérait encore à un malentendu, qui se trouverait résolu aussi vite qu’il poserait les yeux sur l’enfant et l’associerait à sa mère en disant “mais oui, c’est vrai”. Hassan ne souhaitait pas être mauvaise langue, et compte tenu de la densité qu”il imposait à son propre planning et qu’Ethel se contentait tant bien que mal de mettre en ordre, il n’était pas entièrement impossible qu’il ait effectivement accepté de rendre service à quelqu’un, et que la chose lui soit totalement sortie de la tête ensuite. Pendant un instant il avait même hésité à se garer sur le bas côté pour vérifier son agenda partagé, juste au cas où, mais gageant qu’il aurait bien plus vite fait d’attendre le club de rugby au plus vite pour obtenir la réponse définitive à sa question, il s’était contenté de continuer sa route et d’enfoncer un peu plus la pédale de l’accélérateur. Le temps d’arriver à destination, toutes les théories y compris les plus farfelues lui étaient passées par la tête – il avait même envisagé un retour de Ginny et Noah, quand bien même il n’avait plus eu de nouvelles de la mère et de son fils depuis des siècles, et ne doutait pas que d’autres options auraient été bien plus hautes dans sa liste si elle avait été contrainte par une urgence. Arrivé à bon port, il s’attendait donc à obtenir le fin mot de l’histoire, et sans parler de désillusion Owen n’avait probablement pas eu de mal à déceler la déstabilisation dans le regard et dans l’attitude de son ami. Il n’avait jamais vu cet enfant, à ce sujet Hassan était catégorique, et s’assurant d’abord de ne plus être à portée d’oreille du principal intéressé, il en avait fait part à l’ancien homme d’église avec incompréhension. « Tu t’moques de moi ? » Il aurait bien aimé, mais le moment était mal choisi et pour seule réponse le brun s’était contenté d’une grimace – avait-il l’air de plaisanter ? Tâchant de rassembler ses souvenirs, Owen avait alors tenté de lui décrire la fuyarde : « Brune … petite, genre, vraiment, plus que toi. » Ah, ah. « Typée indienne … J’suis sûre qu’elle a prononcé ton prénom au moins trois fois … » – « Et le sien ? T’es vraiment sûr qu’elle t’a pas dit comment elle s’appelait ? » Son ami avait beau le lui avoir affirmé au téléphone une grosse demi-heure plus tôt, Hassan s’était senti obligé de poser à nouveau la question, sentant néanmoins un pressentiment lui nouer peu à peu l’estomac. « Je vois vraiment pas … » Et ça, c’était ni plus ni moins un mensonge : il y avait bien un nom qui lui vienne à l’esprit, mais cela lui semblait improbable. Impossible, même. Par acquis de conscience, il avait jeté à nouveau un oeil à travers l’embrasure de la porte : le gamin était toujours silencieux, et quittant la table en y laissant sa brique de jus de fruit il s’était assis à même le sol, triturant la peluche de dinosaure posée sur ses genoux lorsqu’Hassan était arrivé. « Il a l’air d’avoir quoi : cinq, six ans ? » Si la théorie d’Hassan était fondée, il ne pouvait mathématiquement pas avoir plus que cela, en tout cas. « Ça pourrait correspondre à Leela, mais … » Mais quoi ? Il ne pensait pas la revoir un jour, pour commencer, encore plus depuis que les cartes postales qu'elle lui envoyait une fois ou deux dans l'année avaient cessé de lui parvenir. Elle était passée à autre chose, lui aussi, fin de l’histoire. « On vivait sur le même palier, quand j’ai déménagé après le divorce. » Croisant le regard d’Owen il avait réalisé que la suite de son raisonnement ne s’était pas fait à voix-haute. « Elle avait un ex un peu … Excessif. » Excessif – disons cela. Les trois côtes fêlées d’Hassan s’en souvenaient encore, et le bureau de Leela chez qui il avait débarqué un beau jour avec un couteau de cuisine encore plus. « Il avait des affaires avec lui ? Le petit. » Une valise, un sac à dos, n’importe quoi dans lequel il puisse trouver (peut-être) un début de réponse à leurs questions.
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| | | | (#)Mar 30 Aoû 2022 - 17:59 | |
| De toutes évidence, Hassan n’avait aucune idée de qui était cet enfant qu’Owen avait recueilli sans en avoir trop le choix. Ca lui apprendra sans doute à faire confiance trop facilement aux premiers qui venaient. Note à lui-même : ne plus prendre la charge d’un enfant si une totale inconnue venait vers lui pour lui confier, en disant que son ami était au courant. Là, le blond se sentait presque idiot et si Hassan lui faisait toujours une blague, il jouait parfaitement la comédie. Un vrai doute s’installait chez le Galloway. « Et le sien ? T’es vraiment sûr qu’elle t’a pas dit comment elle s’appelait ? » il secouait la tête, ou alors, il avait vraiment la mémoire courte et avait omis de noter ce détail – qui n’en était pas un visiblement. « Je vois vraiment pas … » ce serait tout de même plus simple si Hassan pouvait y voir plus clair, car cette jeune femme semblait certaine de savoir à qui elle confiait son enfant… Le blond se frotta la nuque, signe de son malaise. Ses yeux vacillaient entre le gamin, paumé avec sa peluche entre les mains et Hassan aussi paumé que lui, visiblement. Deux hommes et un couffin, quel plotwist. « Il a l’air d’avoir quoi : cinq, six ans ? » est-ce qu’Owen devait aller compter le nombre de dents du gosse pour connaitre son âge ? « un truc comme ça, sans doute… » Comparé aux gamins qu’ils entrainaient, il pouvait presque admettre qu’il voyait juste. « Ça pourrait correspondre à Leela, mais … » Leela ? Le blond se creusa la tête pour tenter de chercher dans ses souvenirs l’image d’une certaine Leela, mais pour l’avoir eu devant lui, quelques dizaines de minutes plus tôt, il parierait ne l’avoir jamais croisé auparavant. La bonne nouvelle, c’est qu’Hassan semblait lui, malgré la situation, avoir quelques bride de souvenirs. « Mais ? » Sans vouloir mettre la pression à son ami, il attendait la suite… « On vivait sur le même palier, quand j’ai déménagé après le divorce. » le blond fronçait les sourcils, quand pour le Jaafari, les pièces du puzzle avaient l’air de reprendre leur place. Pour Owen, c’était toujours aussi confus. « Elle avait un ex un peu … Excessif. » l’australien, toujours à côté de ses pompes tentait de voir où il voulait en venir, mais il compris assez rapidement ce qu’il pouvait mettre derrière le mot excessif. « Il avait des affaires avec lui ? Le petit. » il hocha la tête, pointant du doigt une toute petite valise à l’effigie d’un dessin animé sans doute très connu des enfants. On pouvait y lire Paw Patrol et voir un dalmatien pompier et un autre chien policier… aucune idée de quoi il peut vraiment s’agir. « surement de quoi tenir deux jours… » pas bien grande la valise en tout cas. « Si tu sais qui c’est, t’as pas moyen de l’appeler ? » ca semblerait être la solution la plus efficace pour y voir plus clair. « Ça ferait cinq ans que tu la connais ? » sous-entendu, et depuis tout ce temps, que s’est-il passé ? « Elle habite toujours là ? » suffirait de s’y pointer pour le savoir.
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| | | | (#)Dim 13 Nov 2022 - 7:33 | |
| L’esprit d’Hassan tournait à toute vitesse, partagé entre l’envie que le petit bonhomme de l’autre côté de la porte réalise le plus tard possible que sa mère ne reviendrait (à priori) par le récupérer dans une heure ou deux, et l’urgence de recueillir le maximum d’informations pour tenter de remettre la main sur sa mère au plus vite. Bien qu’il ait tenté depuis le début de garder l’esprit ouvert, le visage de Leela s’était rapidement installé dans son esprit comme la réponse la plus probable à ses questions, et la description sommaire que venait d’en faire Owen ne faisait que le conforter dans cette idée. L’air encore plus perdu que lui, peut-être aussi un peu désolé d’avoir si facilement laissé filer la femme mystère, son ami tentait en effet non sans difficulté de suivre les réflexions désordonnées d’Hassan, arquant parfois un sourcil, répondant spontanément, et tentant lui aussi d’assembler à l’aveugle les pièces du puzzle. « Mais ? » Mais rien, l'enseignant peinait simplement à croire que quelqu’un qui avait disparu de son paysage depuis si longtemps et de manière si subite puisse y refaire une incursion comme ça, réapparaissant littéralement de nulle part. Sans compter que son intuition seule ne suffisait pas : il avait besoin de certitudes, et à défaut de pouvoir compter sur les mots du petit il devait bien y avoir quelque chose dans ses affaires qui permette de les aiguiller. « Sûrement de quoi tenir deux jours … » Du menton, Owen avait désigné le petit sac à dos avec lequel avait été laissé l’enfant. Un sac à dos que le plus jeune des neveux d’Hassan aurait assurément trouvé à son goût, fanatique qu'il était de la clique des chiens fonctionnaires, et la pensée arrachant au brun un embryon de sourire il était allé s’en saisir pour s’enquérir de son contenu. Compte tenu de la petite taille de l'objet, l'enseignant ne s’attendait bien sûr pas à des miracles, mais la pauvreté de ce qui était mis à sa disposition pour démêler le problème s’était tout de même accompagnée d’un brin de déception de sa part. Quelques vêtements de rechange, un pyjama, un jouet ou deux, une gourde de compote et des cartes Pokémon : l’attirail parfait du petit garçon qui s’apprêtait à passer le week-end chez un copain de classe ou chez ses grands-parents, mais pas aux mains d’un inconnu – de deux inconnus. « Si tu sais qui c’est, t’as pas moyen de l’appeler ? » La perplexité d’Owen avait interrompu Hassan dans sa fouille, lui faisant relever le nez « Ça ferait cinq ans que tu la connais ? Elle habite toujours là ? » Refermant la fermeture éclair du sac à dos, le brun avait hoché la tête en soupirant d’un air résigné « Six ans, et presque autant que je ne l’ai pas vue. J’t’ai dit, son ex était taré … Mais y’aurait fallu attendre un drame pour que les flics se décident à faire quelque chose. » Ils auraient trouvé cela dramatique, pour sûr, mais cela ne l’aurait pas autant été que le fait de n’avoir pas pris la parole de Leela au sérieux lorsqu’elle avait tenté d’obtenir de l’aide. Rien de nouveau sous le soleil. « J’ai pas son numéro, j’ai aucune idée de ce qu’elle a fait ou de où elle était pendant tout ce temps … Elle envoyait une carte postale à mon bureau de l’université, une ou deux fois par an. Mais ça va faire deux ans que je reçois plus rien. » Et autant de temps qu’il préférait se persuader qu’elle l’avait oublié, ou qu’elle avait quitté le pays – n’importe quoi d’autre que la possibilité qu’il lui soit arrivé quelque chose. « Mais qu’est-ce que j’en sais, c’est peut-être même pas elle que t’as vu. » Et voilà que les certitudes d’Hassan sur le fait que ne jamais fréquenter de femmes trop longtemps et trop sérieusement évitait bien des soucis en prenaient un sacré coup. Alors qu’il s’apprêtait à reposer le sac à dos à sa place, cependant, il avait remarqué une fermeture éclair à l’arrière à laquelle il n’avait pas encore touché, et sans trop y croire mais par acquis de conscience il l’avait ouverte pour passer sa main à l’intérieur. Bien lui en avait pris, puisqu’il en avait ressorti un papier plié en quatre et recouvert d’une écriture qu’il avait instantanément reconnue, malgré le temps passé depuis la dernière fois qu’il avait eu à la lire. Owen et lui avaient échangé un regard intrigué, et sans se faire prier plus longuement Hassan avait déplié la lettre et parcouru d’abord en diagonale le (court) texte débutant par son prénom. « C’est elle. » Un peu perturbé par ce qu’il venait de lire, le brun n’avait pas su faire d’autre commentaire que celui-ci et avait préféré relire le courrier une seconde fois, en tâchant cette fois-ci de prendre un peu plus son temps. Finalement, plutôt que de résumer ce qui ne pesait déjà pas grand chose, il avait directement tendu la lettre à Owen : Leela était désolée, Leela aurait voulu lui dire plus tôt, Leela ne savait pas comment lui dire … mais Leela n'avait pas le choix, et parce qu'il l'avait retrouvée, parce qu'elle refusait de mettre son fils en danger. Oh et, il s'appelle Mohan. Mais appelle-le Mo, il préfère Mo. « C’est pas le mien. » À peine son ami avait-il relevé les yeux vers lui qu'Hassan avait coupé court à toute ambiguïté à ce sujet. « Je ne sais pas ce qu'elle s'imagine, mais c'est pas le mien. » Évidemment que ce n'était pas le sien – son fils. Owen n'ignorait rien à ce propos, ni sa stérilité, ni la demande d'adoption qui lui avait été refusée trois ans auparavant, ni son désarroi à l'idée qu'il ne serait jamais père. Mais tout cela Leela l'ignorait, elle. « Faut qu'on la retrouve. » Qu'allaient-ils faire du petit, sinon ? Et que se passerait-il dans quelques heures, lorsqu'il réaliserait que sa mère n'avait pas l'intention de venir le border ou lui souhaiter bonne nuit ? Et le lendemain ?
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