Je suis complètement déchiré quand le décompte arrive à zéro, et qu'il est minuit. J'entends des bonne année partout autour de moi mais j'arrive pas à déceler qui parle. On est nombreux dans l'appart, trop nombreux ce soir. Je dois en connaître que la moitié, mais les meilleurs sont là, mes p'tits chouchous sont avec moi. "BONNE ANNÉE LES GAAARS" que je gueule dans l'oreille de je sais pas qui. Sans doute Youssef, c'est le seul qui fait ma taille. Je sens tes bras qui m'enlacent par derrière alors que j'offre une belle accolade générale à Dani et Yuri. Ca doit être le troisième ou quatrième nouvel an qu'on passe tous les cinq, je sais plus, j'ai perdu le décompte. J'ai l'impression que j'ai jamais vécu sans vous, en fait. C'est un peu le cas depuis que je suis sur Paris. Y'a pas une semaine où on se voit pas, pas un jour où j'entends pas parler au moins de l'un de vous. Vous êtes ma petite famille parisienne.

Je calcule pas grand chose, mais j'ai un verre à la main et une boisson qui pétille dedans. J'arrive même pas à différencier si c'est du Perrier, de la bière ou... Du champagne ? Qui a ramené le champagne ? Qui est le richou parisien ici ? Je balaie la salle du regard mais y'a trop de monde, et tout est trop flou. Toute façon, avec tout ce beau monde, c'était sûr qu'il y aurait un petit fils à papa qui nous ramenerait de quoi se bourrer la gueule avec de l'alcool de qualité.

Youssef parle, mais je l'entends pas. Toi, t'as l'air d'avoir compris, et tu te contenteras sans doute de répondre pour nous deux. Je m'effondre sur le canapé, je crois que j'ai besoin de stabilité un peu, ya tout qui tangue un trop. Tu me rejoins rapidement, t'es un peu (beaucoup) collée à moi ce soir mais ça me dérange pas. Toute façon, je suis trop mort choper qui que ce soit. « T'as choisi tes résolutions pour cette année ? » "Des quoi?" J'en fais jamais des résolutions. À quoi ça sert ? Ça tient deux semaines tout au plus, et on les oublie ensuite pendant douze mois et demi, jusqu'au prochain nouvel an. "Si, j'en ai. Mais elles seront faciles à tenir." J'ai la langue lourde et j'ai l'impression de pas réussir à articuler. Un vrai attardé qui parle. "J'veux vous convaincre de tous rester sur Paris encore pour dix ans." Parce que je vous aime trop fort, et que vous partez tous trop facilement à l'étranger pour vos stages et compagnie. "Et toi ?" Toi, je suis sûr que t'en as plein, des résolutions. Et en plus, tu les tiendras.

Mes yeux sont à moitiés fermés mais j'arrive à déceler la silhouette de Dani qui danse. Elle est trop belle Dani. Elle est drôle, super cool, ambitieuse, intelligente... Trop intelligente pour moi. Hors de ma ligue. Toute façon, là, c'est pas son intelligence que je mate, mais plutôt son petit cul qui se déhanche au rythme de la musique. T'as pas l'air d'apprécier que j'aie la concentration d'un poisson rouge et j'ai le droit à un coup de coude dans les côtes. "Pardon, pardon, pardon, je t'écoute." que je te dis alors, tournant mon regard vers toi, mes deux paumes venant se poser sur tes joues. Il me faut bien dix bonnes secondes pour que ma vision s'adapte et me donne une image nette de ton visage. "Vas-y, recommence."

Les résolutions, j'en fais rarement. Plutôt jamais même. C'est le genre de truc qui sert à rien. Toute façon, la vie est bien faite. Pas besoin de résolution pour se motiver à vouloir changer un comportement, autant le faire directement si l'envie est là, non ? Alors ce vœu que je te confie, je sais que ça n'a rien d'une résolution. De toute façon, je vais le faire. Et tu me fais marrer avec ta question. Que tu gâche mes coups d'un soir, je m'en fous. Que tu partes à l'autre bout de la planète par contre, c'est pas envisageable pour moi. "Au moins, elles passent le test ultime de la meilleure amie. On rentre direct dans le vif du sujet, pas besoin de tourner autour du pot." Je te ressers près de moi pour t'embrasser le haut du crâne. Si une fille rentre sérieusement dans mon coeur, il faut qu'elle conquiert vos coeurs à vous tous aussi, et qu'elle vous accepte tous, qu'elle vous aime autant que je vous aime. Et ça te comprend dans le lot, toi, particulièrement. "Toute façon, c'est toi la femme de ma vie." Tu le resteras toujours. Même si Dani veut bien m'offrir ses bras un jour, même si je rencontre une perle, la crème de la crème, une déesse, toi, tu seras toujours ma préférée.

D'ailleurs, mes yeux se perdent sur Dani alors que je te retourne la question. T'apprécies pas vraiment que j'arrive plus à t'écouter, et t'envoies une pique agrémentée d'un coup dans les côtes pour que je te remarque à nouveau. "Eeeeh, c'est pas ma faute si t'as trop chargé nos verres." et que j'arrive pas à me concentrer sur tes phrases trop sérieuses. "Il te manque quoooooiii ? Il te manque quoooooiii?" Je me lève, te tend les mains pour que tu chopes les miennes, mais profite de ce qui me reste en réflexe (vraiment, ya pas grand chose, mais c'est suffisant apparemment) pour te foutre comme un sac à patate sur mon épaule plutôt. Je tambourine sur tes fesses et te pose sur la piste de danse. "Il te manque un vrai sourire sur tes lèvres pour t'enjailler avec moi ce soir." Et ça tombe bien, les Spice Girls font entendre leur voix dans l'enceinte. Je sais pas pourquoi, mais t'as l'air triste en ce moment. T'as l'impression de pas avoir assez d'attention ? Et bah je vais t'en donner ce soir tiens. "Yooooooo, I'll tell you what I want, what I really, really want, So tell me what you want, what you really, really want." Ça y est, j'suis en feu, j'attends que toi. Mes bras s'agitent en l'air et mes jambes supportent encore le poids de mon excitation, tout va bien, non?

Attaque de bisous après ton « Je t'aime aussi ». Parce que tu le vaux bien. Même si Dani mérite aussi mes bisous. Mais toi, tu restes ma baby d'amour. La meilleure de toutes. Celle qui m'accompagne volontiers sur n'importe quelle chanson, celle qui n'a pas honte de moi alors que je hurle sur Wannabe. Non, toi, tu me suis sur les danses improvisées, t'ajoutes ta voix à mon chant exceptionnellement faux, et tu me fais même des déclarations d'amour. " Toute façon t'arriveras pas à sortir de ma vie, je viendrais te saouler matin et soir pour que tu veuilles bien de moi, même si tu pars à l'autre bout du monde." Et tu sais parfaitement que j'en suis capable. Héhé. Sourire de psychopathe sur mes lèvres, je joue des sourcils pour ressembler encore plus à un fou.

« Et je veux... Qu'on aille tous ensemble voir un concert de Céline à Vegas ! »
"Elle passe quand à Vegas la Queen de nos coeur ?"

Évidemment qu'on ira tous les cinq pour crier sur ses chansons ! Voilà pourquoi on va devoir économiser ces prochains mois, tiens. Et comme le hasard fait bien les choses, c'est une chanson épique de Céline qui se fait entendre dans les enceintes. Lyb nous embarque, Kai et moi, pour danser de façon très harmonisée (non) et c'est sans aucun problème que je la suis. Jusqu'à ce que tu renverses la moitié de ton verre sur un gars en chemise blanche. Oups. Il a l'air complètement alcoolisé, et pas du tout compréhensif. En même temps, pourquoi il met une chemise blanche en soirée aussi. Il commence à se chauffer tout seul alors qu'on s'est excusé plusieurs fois. "Calme toi gars, sors prendre l'air et reviens quand tu seras calmé." Ça a pas l'air de fonctionner, il monte encore plus en tension : "Non mais l'autre pu** elle m'a dégueulassé mon haut et c'est à moi de me calmer ?!" Kai et moi, on s'interpose alors qu'il essaie de s'en prendre à toi. Il s'échauffe tout seul et ça me gonfle. "Tu veux vraiment commencer l'année comme ça ?" que je lui demande, presque crédible dans ma menace pour un gars qui s'est jamais battu. "T'es vraiment intelligent d'insulter une meuf devant deux de ses potes toi." Il finit par lâcher l'affaire et Kai s'assure que le gars soit bien sorti. Je me tourne vers toi, tenant tes deux joues dans mes paumes. "Ça va Lyb ?" L'ambiance de la soirée est tout de suite moins joyeuse là tout de suite. "Tu veux qu'on bouge d'ici ?" Ca me dérange pas de me tirer, on a déjà bien bu et rentabilisé notre temps ici. "Je suis sûr que ya moyen de s'incruster dans une autre soirée." C'est pas ça qui manque ici.

Je sais même pas pourquoi je suis surpris de voir des gars comme celui là dans ce type de soirée. Y'a tellement de monde, tellement d'alcool, c'est même étonnant qu'il ne débarque que maintenant. Il est con aussi de s'attaquer à toi, je crois qu'il a pas compris qu'avec Kai, on risque pas de laisser passer ce genre de comportement. Ni avec toi, ni avec aucune de vous en fait. Qu'il cherche même pas à s'attaquer à Dani, et encore moins à Ji. Tu pars d'ailleurs les chercher alors que je checke du regard que Kai n'aie pas besoin de moi. Je débarque direct à sa rescousse sinon. Le gars semble avoir compris qu'il avait aucune chance, il lâche l'affaire.

On se retrouve dans le couloir, mais c'est pas des soirées qui manquent dans cette résidence. « On rentre dans un appartement au hasard ? » "Vas-y, on te suit mama." Tu nous invites dans une soirée de lovers où ils sont en train de danser un slow. J'explose de rire. Dans quoi tu nous as embarqué toi... J'accepte volontiers le shot de tequila, lève le mien pour trinquer. "À nous, mes p'tits parisiens." Vous avez beau venir de partout ailleurs, vous vous adaptez quand même vachement bien à la capitale française. Normal, vous avez le meilleur des professeurs. J'avale le contenu de mon verre, mais je crois que j'ai besoin d'une petite pause en alcool, parce que le shot passe relativement mal. Heureusement que le citron aide. Mouais. J'avale ma salive à plusieurs reprises, faut surtout pas vomir : ce serait du gâchis oh ! Je secoue vivement la tête de droite à gauche. Faut que je bouge, que je fasse redescendre l'alcool. "M'accordez vous cette danse, gente dame?" que je te demande alors, une main tendue en ta direction. J'aurais bien proposé à Dani de m'accompagner pour ce slow, mais ça aurait être bizarre, non ? Bien plus simple de danser avec toi.

On se fraie un chemin au milieu des autres et je te rapproche de moi. Je pose ma jour sur le haut de ton crâne, ça me stabilise un peu. Wah, ça tourne quand même. "Promis, je vomis pas dans tes cheveux." Obligé de me justifier avant que ça arrive. Mais ça arrivera pas, hum. Je recule ma tête pour te regarder, sourire attendri en observant tes petits yeux à moitié fermés parce que t'es alcoolisée. J'aurais jamais pensé que tu deviennes aussi importante pour moi. J'aurais jamais pensé me montrer aussi protecteur non plus. "T'as le don d'attirer les cons toi, hein." Le gars de la soirée précédente, ouais, mais aussi tous tes exs : pas un seul que j'ai bien aimé dans le lot. "Tu veux pas m'envoyer tes crush en interrogatoire avant de commencer une quelconque histoire avec eux ?" Ça nous éviterait bien des ennuis, à toi et moi.

« Y a que les mecs cons qui s'intéressent à moi » Ou alors, ya que les mecs cons auxquels tu t'intéresses, Lyb. Je reconnais ton plissement d'yeux caractéristiques, t'as envie de pleurer mais tu veux pas plomber l'ambiance. L'alcool doit bien aider à faire monter les émotions aussi, hein ma Nono. « Regarde, les mecs bien comme Kai et toi, vous devenez juste mes amis ! » Mes lèvres esquissent un sourire. "Je sais, on est vraiment les best avec Kai, hein." Je te rapproche un peu plus de moi pour t'embrasser le front. "Je te promets que tu trouveras quelqu'un qui prendra soin de toi un jour, Lyb. Tu tombes trop facilement amoureuse de tout le monde pour finir ta vie seule avec des chats." Et puis, je suis sûr que Kai laissera pas passer cette occasion : il te demandera ta main juste pour pas que vous finissiez solos chacun dans votre coin. Parce qu'il a l'air d'être en galère aussi, Luz, pour trouver quelqu'un de convenable. Et je préfère largement que tu finisses avec Kai, plutôt qu'avec un de mes potes. Le rêve même : mon meilleur pote, c'est le gars le plus gentil et loyal que je connaisse. « T'as pas un pote correct et célibataire à me présenter ? » "CLAI-RE-MENT PAS." Pas sûr que les campagnards du patelin de mes parents te correspondent, ni mes collègues barmen qui chopent des IST toutes les deux semaines. "Et toute façon, y'a pas intérêt qu'un de mes potes t'approchent. T'es vraiment beaucoup trop bien pour eux." Franchement, tu vaux mieux que ces gars. Je devrai d'ailleurs me poser des questions sur mes fréquentations, c'est quoi tous ces cas soc' qui font partie de mon cercle d'amis ?

J'explose de rire quand tu abordes le sujet de mes conquêtes. Comme si je les choisissais méticuleusement pour qu'elles te pètent un scandale de bon matin. Bon, j'avoue, ce sont des profils particuliers et faciles d'accès. "Au moins je suis tranquille après, elles comprennent vite qu'elles pourront jamais te destituer et elles lâchent l'affaire. Tu devrais être ravie. Ingrate va." Combien de fois ai-je entendu les altercations du matin ? Beaucoup. Et combien de fois ai-je fais semblant de dormir pour laisser la fille se barrer d'elle même ? Quasi systématiquement. C'est pas que je les aime pas, c'est simplement que je ne vois aucun avenir avec l'une d'entre elles. "Tu devrais peut-être essayer de te mettre à ma place d'ailleurs, ça pourrait t'aider à ne pas t'attacher à des connards, tu crois pas ?" Des relations purement charnelles, sans lendemain, sans discussion et sans risque de construire une relation plus profonde, c'est pile ce qu'il te faudrait, non ? "Laisse tomber en fait, tu risquerais de tomber amoureuse dès le premier soir", j'ajoute finalement, me rendant compte de ma connerie.

À côté, le reste des five s'est posé dans un canapé. La musique lente des slows a l'air de faire retomber l'adrénaline de la soirée. Ji dort littéralement sur l'épaule de Kai, et Dani a le regard dans le vide. Elle se fait sacrément chier. Je te les montre du menton. "On va p'tetre y aller, non ?" je te demande, prenant soudainement mon rôle de padre très au sérieux.