Tu t’étais réveillée avec la gueule de bois. Ça n’avait rien de surprenant après tout, tu étais tombée assez durement dans le stock nouvellement rempli de bouteilles de fort qu’Albane t’avait offert. Tu avais sans aucun doute oublié certains morceaux de ce qui s’était passé la veille, tu voulais en oublier la grande majorité sans doute, mais une chose s’était gravée avec insistance dans un coin de ton esprit : l’accident de Caitriona et le fait qu’en ce moment même, elle devait encore être aux urgences. Albane n’était pas rentrée dans les détails, volontairement ou pas tu ne saurais plus vraiment le dire, mais elle t’avait assuré qu’elle allait bien, qu’elle s’en sortirait. Et ça aurait dû être suffisant. Ça n’aurait pas dû te déranger tant que ça, par-dessus ton mal de tête et ton besoin constant de maudire la française qui t’avait pourtant ouvert sa porte hier soir, qui t’avait laissé piger dans ses armoires avec un peu trop d’abondance d’ailleurs et qui t’avait même fait une place dans son lit, de toute évidence. Hum. Laisser Albane partir travailler et rester derrière sans rien dire aurait pu être une option, l’option de base, l’option facile. Il ne se passait jamais rien de bon lorsque ton chemin croisait celui de la Regan, et demi-sœur ou non, une partie de toi persistait de croire que jamais elle n’aurait une part à jouer dans ton univers. Mais il y avait cette autre option, celle que tu avais pris sans trop y réfléchir. Celle de te changer en quatrième vitesse et de lui demander si tu pouvais te rendre avec elle, jusqu’à l’hôpital. Celle de la laisser conduire dans un silence le plus complet, refusant de lui confirmer ce qu’elle avait sûrement déjà deviné : tu avais besoin de voir de tes yeux que oui, Caitriona allait s’en sortir.
Tu te promènes dans les corridors de l’hôpital, même si tu sais exactement qui tu cherches et où elle se trouve. Tu préfères prétendre encore un peu que tu n’es pas là pour ça, même si franchement, qu’est-ce que tu ferais au St. Vincent à la première heure un jour de semaine? Ce n’est pas comme si tu avais généralement de bonnes raisons de venir ici, même que depuis la mort de ta mère, une décennie plus tôt, tu préférais plutôt éviter l’endroit comme la peste. Et pourtant, tu es là, à te promener, mains dans les poches, à avancer machinalement ici et là jusqu’à ce que tu te retrouves finalement devant la chambre, là où tu reconnais vaguement la silhouette de la rouquine allongée dans le lit. Tu n’es pas assez proche pour voir si elle dort ou non. Tu n’oses même plus t’approcher, alors que tu es là pour ça. Putain, pourquoi est-ce que tu es venue jusqu’ici? Pourquoi est-ce que tu t’imposes ça? Tu pourrais faire demi-tour. Même si ça veut dire marcher de l’hôpital jusqu’à chez Albane parce qu’évidemment, tu n’as pas l’argent pour te payer un taxi. Tu pourrais prétendre que tu n’as jamais eu besoin de te rendre jusqu’ici. Mais tu t’approches plutôt de la porte, à pas de loup, silencieusement, en espérant que peut-être, elle soit encore endormie. Tu pourras poser les yeux sur elle et t’en aller aussi vite. Ni vue, ni connue. Mais dès que tu passes la tête dans le cadre de porte, il y a son regard qui croise le tien et c’est impossible de prétendre que tu ne l’as pas vu, impossible de prétendre que tu n’es pas venue exactement pour ça. Tu ne sais même pas quoi dire. Toute forme de salutations semble inutile entre elle et toi. Alors tu continues de la fixer sans rien dire, comme si tu espérais qu’elle, elle saurait quoi dire, elle saurait quoi faire.
Elle avait encore mal à la tête, Caitriona. Ce qui n'était pas si étonnant, quand on venait de se faire renverser par une voiture. Elle avait parfois l'impression qu'on lui écrasait les méninges au maillet, qu'on lui massacrait les os du crâne avec une perceuse. Le pire dans tout ça, c'est que c'était pas la douleur la plus terrible dans son corps. Avec ses quelques côtes cassées, la moindre inspiration lui arrachait un râle de souffrance que même les antidouleurs les plus puissants ne parvenaient pas à calmer totalement. Heureusement pour elle, ces même médicaments avaient un effet bénéfique sur ses migraines, pour son plus grand plaisir. Clouée dans son lit, elle parvenait difficilement à se mouvoir pour le moment, bien que miraculeusement, aucun de ses membres ne soient brisés. Certes, son épaule s'était luxée sous le choc, mais rien de bien grave, et si son bras gauche était pour le moment immobilisé, il ne le serait que quelques jours, et aucune intervention n'avait été nécéssaire. Tous les jours, ses proches parmi le personnel de l'hôpital, Isaac et Lucy en fer de lance, défilaient dans sa chambre tout au long de la journée, si bien que Cait n'était que rarement seule. Alors qu'habituellement, ce genre d'attentions l'auraient agacée plus qu'autre chose, là, elle trouvait presque ça touchant. Les médicaments devaient la faire délirer, elle ne voyait que ça. Pour le moment, c'était sa collègue et amie Lucy qui veillait au grain, si on pouvait le décrire comme ça. Recroquevillée dans un fauteuil, la brune somnolait depuis une bonne demi-heure, sursautant de temps en temps, se sentant coupable de s'être endormie. Quand elle avait tressailli pour la sixième fois, la rousse avait laissé échapper un soupir excédé. « Lucy, sérieusement. Tu tombes de fatigue, va dormir ailleurs. C'est pas dans mon fauteuil que tu réussiras à récupérer. » Peu convaincue, la brune avait ouvert un oeil, sans bouger de sa position de quasi-yoga. D'ordinaire, cette dernière était assez têtue, et difficile à faire changer d'avis. Mais au vu de son état de fatigue, l'irlandaise avait vu une opportunité de la faire bouger d'ici. « Je bougerais pas. T'as besoin de quelqu'un dans les parages, au cas où. » Ils étaient chiants, avec ça. Elle avait des médecins attribués à son cas, et eux n'étaient pas tout le temps fourrés dans ses pattes... Heureusement pour eux, car elle faisait certainement l'une des pires patientes qui puisse exister sur cette terre. « Arrête un peu, j'ai juste besoin de me reposer un peu. Toi aussi. Dégage d'ici sinon je donne pas cher de ta peau pour ta prochaine garde... » Détournant les yeux une seconde, la jeune femme avait plissé les yeux pour pouvoir lire l'heure, sur la pendule accrochée au mur. « ... Qui commence dans 4 heures. T'as déjà passé assez de temps ici. » Lucy avait enfin déplié son corps, s'étirant longuement, baillant sans la moindre gêne. Était-elle enfin accessible à la logique? Caitriona priait pour que ce soit le cas. La jeune femme avait lancé un dernier argument, pour la convaincre de sortir d'ici pour rejoindre une salle de garde. « Allez, bouge! En plus, Isaac ne devrait plus tarder. » C'était totalement faux, il ne passerait pas avant plusieurs heures. Mais s'il fallait ça pour qu'elle aille dormir ailleurs, la rousse était prête à un petit mensonge, pour une fois. Finalement, la brune avait consenti à se lever, avec un nouveau bâillement. « C'est bon t'as gagné. Je repasserais dans la soirée. » Gagné. Caitriona en aurait presque soupiré de soulagement. Pour s'être laissée convaincre par une argumentation aussi pauvre, Lucy devrait vraiment être au bout du rouleau. Une minute plus tard, l'irlandaise était seule dans sa chambre, pour quelques heures, elle l'espérait.
La jeune femme s'était endormie sans même s'en rendre compte. Et quand elle s'était finalement réveillée, elle se sentait presque bien. Les antidouleurs faisaient encore effet, et elle pouvait respirer sans grimacer à la moindre inspiration. Encore un peu vaseuse, elle s'était redressée doucement, la vision floutée. Elle était persuadée d'être seule dans sa chambre, pourtant quand elle avait relevé les yeux vers la porte, elle avait croisé un regard. Jamais elle n'aurait cru voir cette personne dans ses parages. Elle n'était pas sûre de bien voir, mais quand sa vision avait enfin été nette, le doute n'avait plus été permis. Eleonora. Elle ne disait rien, sa soeur. Elle semblait comme pétrifiée, incapable d'articuler un son. Et Cait ne comprenait pas le moins du monde ce qu'elle faisait là. Elle devait chercher Albane, sans aucun doute, et elle était tombée sur elle par hasard. Y avait que ça qui paraissait logique. « Tu t'es perdue? » Elle avait parlé plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu, mais au vu de leurs dernières entrevues, elle n'avait pas l'envie, ni même l'obligation, de se montrer plus aimable que ça. Néanmoins, elle avait fait un effort la seconde suivante, détournant les yeux pour regarder ailleurs. « Si Albane travaille, elle est aux urgences. C'est deux étages plus bas. » Et puis, croisant les bras, elle n'avait plus pipé mot.
Quand vos regards se croisent, tu es persuadée d’avoir commis une erreur. Pourtant, tu ne bouges pas. Tu restes là, immobile, silencieuse, et tu attends. Tu attends quoi exactement? Tu n’es même pas certaine. Tu ne sais pas quoi lui dire, à Caitriona. On ne peut pas dire non plus que votre très mince passif soit l’exemple parfait d’une relation de sœurs. Êtes-vous seulement des sœurs? La biologie dit que vous partagez de l’ADN, mais il y a les mots de Wyatt qui résonnent encore dans un coin de ta tête, ceux qui disent que ta famille, ce sont les Parker, qu’importe si c’est un lien plus éloigné que celui qui te relit concrètement à la rousse. Tu ne sais pas quoi en penser, concrètement. Tu n’arrives pas à te décider de complètement t’en foutre, comme tu ne te sens pas prête à lui offrir quoique ce soit, incapable de t’ouvrir par peur d’être à nouveau vulnérable. Hurler et faire des scènes, donner l’envie de fuir, c’est ta spécialité. Mais la sincérité? La vulnérabilité? Prendre le risque de tendre la main? Tu ne sais pas comment t’y prendre. Même si c’est ce que tu essayes de faire, là, tout de suite, l’esprit encore brouillon de tout l’alcool consommé la veille et les pensées virevoltants dans tous les sens entre tous les secrets et les bordels que tu crées sur ton passage depuis quelques mois déjà. C’est la voix de la rouquine te ramène les pieds sur terre, qui te force à faire face à cette réalité que tu t’es toi-même imposée. « Tu t’es perdue? » Non, tu n’es pas perdue. Tu ne sais pas ce que tu fais-là, mais tu es venue en pleine conscience. Elle n’a pas l’air contente que tu sois là, et tu ne peux pas lui en vouloir. Tu ne lui as donné aucune raison de t’apprécier depuis le moment où tu t’es présentée à elle sur son lieu de travail, il y a quelques mois. « Non. » que tu réponds tout simplement, osant finalement faire un pas dans sa direction, sans toutefois être trop près. Juste assez pour dire que tu es dans la chambre, mais avec une distance qui laisse facilement comprendre que tu ne veux pas empiéter son espace, prête à faire demi-tour dès la seconde où elle te le demandera. Parce que c’est comme ça que ça va finir, tu en es presque certaine. « Si Albane travaille, elle est aux urgences. C’est deux étages plus bas. » « Je cherche pas Albane. Je suis venue avec elle. » Tu n’avais certainement pas besoin de lui offrir ce détail, même si tu te doutes que ça lui fera comprendre que c’est bel et bien la française qui t’a dit pour son accident. Tu n’as pas la même arrogance que tu avais normalement avec Caitriona, précédemment. Tu te fais même petite, le regard au sol, tes mains enfoncés dans tes poches, les doigts qui tirent sur des bouts de ficelles simplement pour te donner quelque chose à faire, n’importe quoi sur lequel tu peux te concentrer plutôt que la fille devant toi. Tu sais que c’est à toi de parler, de t’expliquer, de lui dire au moins ce que tu fais là, mais les mots te manquent. « Elle m’a dit que t’avais eu un accident. » Petite voix, c’est à peine si tu lèves les yeux vers elle. Tu scannes peu subtilement son corps majoritairement caché par l’une des couvertures de l’hôpital. Elle ne semble pas avoir de jambes ni de bras dans le plâtre, tu ne vois rien d’alarmant, même si pour être encore ici, elle a dû subir quelques blessures importantes. « Ça va? » Question idiote, mais c’est tout ce que tu es capable de lui demander en ce moment.
Elle avait l'air complètement perdue, Eleonora. L'air un peu absent, gênée, l'air de pas savoir ce qu'elle faisait là. Était-elle arrivée jusqu'à sa chambre par le plus grand des hasards? L'irlandaise ne voyait pas d'autre explication à la présence de sa demi-soeur sur le pas de sa porte. « Non. » Elle ne voulait pas la regarder, pourtant malgré elle, Caitriona l'avait vu du coin de l'oeil quitter sa position pour se rapprocher. Un peu. Et ça, c'était déjà étonnant. Mais elle était pas perdue. Si elle avait conscience de l'endroit où elle se trouvait, alors elle devait venir pour Albane, puisqu'apparemment les deux se connaissaient. Et cette dernière n'était de toute évidence pas dans cette chambre, mais probablement deux étages plus bas, si elle était de garde. « Je cherche pas Albane. Je suis venue avec elle. » De plus en plus étrange. Elle était bizarre, Eleonora. Elle qui d'ordinaire la prenait de haut, lui crachait son mépris à la figure, paraissait maintenant bien pâle et bien timide. Quand à Caitriona, elle était complètement perdue. Elle en venait à se demander si c'était pas la morphine qui la faisait délirer. Ça paraissait plus logique vu comme ça. « Elle m’a dit que t’avais eu un accident. » Ses mains sont dissimulées dans ses poches, pourtant, tu vois bien le mouvement de ses doigts qui s'agitent. C'est quelque chose que vous avez en commun; ne pas pouvoir rester immobile dans une situation stressante, devoir systématiquement occuper ses mains en cas de malaise. Son regard avait fini par délaisser le sol pour croiser timidement celui de l'irlandaise, toujours silencieuse, après avoir rapidement parcouru son corps. « Ça va? » Tout était bizarre dans cet échange, et le malaise entre les deux jeunes femmes était clairement palpable. Sceptique, Cait se questionnait sur ce qui avait bien poussé Eleonora à venir jusqu'ici pour lui demander si ça allait. Sa demi-soeur, elle, avait l'air d'être dans les starting-blocks, prête à prendre la fuite sur le moindre regard de travers que pourrait lui lancer la rousse. Où était donc passé leur assurance, à toutes les deux. Voyant que de toute évidence, sa soeur n'était pas venue pour se battre, une grande première, Caitriona s'était légèrement adoucie, ravalant une remarque acerbe qui aurait assurément fait détaler l'autre jeune femme. « J'ai connu mieux. » Et ça, c'était le mieux qu'elle pouvait faire pour le moment, tant que la surprise et l'incrédulité lui nouaient encore la gorge. Son état de santé n'était pas catastrophique, et ses jours n'étaient pas en danger. Un coup de chance, quand on prenait en compte la violence de l'accident. Mais l'irlandaise s'en sortait étonnamment bien, avec un bras en écharpe pour cause d'épaule démise, une belle commotion à la tête, et quelques côtes cassées. Des blessures qui n'apparaissaient pas aussi évidentes que d'autres auraient pu l'être. Le seul indice, peut-être, aurait été l'hématome sombre qui commençait à apparaitre le long de sa clavicule. « Un connard en voiture m'a fauché en se prenant le trottoir. » Elle faisait de gros efforts, Cait. Vraiment. Mais curieusement, maintenant qu'elle avait craché le morceau, et qu'Eleonora avait vraisemblablement la réponse qu'elle attendait, le pourquoi du comment, la rouquine était inquiète à l'idée que l'autre ne décide de se faire la malle. « Le prend pas mal hein, mais... Pourquoi t'es là? » Eleonora la méprisait au plus haut point. Et elle n'était pas venue pour se prendre la tête, ou pour déverser sa colère sur elle. Alors, pourquoi? Et de l'autre côté, une question la taraudait; si les rôles avaient été inversés, est-ce qu'elle-même aurait seulement osé rentrer dans la chambre d'hôpital de sa demi-soeur?
Tu ne sais pas faire avec Caitriona et aujourd’hui, ça se voit plus que jamais alors que tu peines à trouver les mots, à trouver une explication qui fasse du sens à ta présence ici. Même si ça fait plusieurs mois maintenant que tu es au courant de son existence et du lien qui vous unit l’une à l’autre, tu ne sais toujours pas quoi en penser, si c’est supposé changer quelque chose. Tu ne la connais pas et l’approche que tu as utilisé jusqu’à maintenant n’a certainement pas aider les choses. Tu ne pensais pas vouloir d’elle dans ta vie, tu voulais te convaincre que peu importe le fait que vous partagiez le même sang, ça ne voulait rien dire, que tu avais déjà une famille et que jamais elle ne serait vraiment ta sœur. Mais tu n’étais pas capable de te sortir de la tête que si tu avais été privé d’un père toute ta vie, elle, elle le connaissait. Elle pourrait t’en dire plus sur ton géniteur, si elle le voulait. Ou si tu osais lui demander sans la prendre de haut, pour faire changement. Mais encore fallait-il qu’elle soit là, pour ça. Que tu lui donnes une chance, que tu lui ouvres la porte comme te l’avait fait comprendre Albane. Peut-être que c’est pour ça, que tu es là. Peut-être qu’une partie de toi sait qu’elle a raison, que ce lien veut dire bien plus que ce que tu ne peux encore te l’admettre, et que tu ne peux pas tout simplement tout brûler sur ton passage sans ressentir une pointe de culpabilité. Ça ne vient pas avec un manuel sur la meilleure procédure à suivre toutefois et tu te sens comme une idiote devant elle, silencieuse, ne sachant pas commencer la moindre conversation sans employer une insulte en tout genre. « J’ai connu mieux. » Ouais, c’était une question idiote tu en conviens, mais c’était la seule chose qui t’était venu en tête. L’envie de prendre tes jambes à ton cou ne te lâche pas, mais tu forces tes pieds au sol, tu t’obliges à la regarder parce que si tu fuis une fois de plus, tu as peur de ne jamais retrouver le courage de venir à elle. « Un connard en voiture m’a fauché en se prenant le trottoir. » « Un idiot en état d’ébriété? » que tu demandes, ne sachant pas si c’était le genre de détails que Caitriona aurait pu recevoir après son accident. Tu doutais toutefois que l’alcool ne soit pas en cause pour qu’un imbécile se prenne si stupidement le trottoir. « Tu dois rester longtemps ici? » Elle semble bien amochée, quoique ça n’a rien de surprenant vu ce qu’elle vient de te dire. Elle semble hors de danger toutefois, alors tu pourrais partir. Tu as vu de tes yeux qu’elle est correcte, autant qu’elle puisse l’être au vu de la situation. Mais tu te contentes de la dévisager encore un peu, le silence bien plus éloquent que n’importe quel mot inutile qui est sorti de ta bouche dans les cinq dernières minutes. « Le prend pas mal hein, mais… Pourquoi t’es là? » Une question pour laquelle tu n’étais pas certaine d’avoir la réponse. Tu hausses les épaules, le silence qui s’étire encore un peu. « Je sais pas. » que tu marmonnes plus pour toi que pour elle, comme si tu cherchais à gagner du temps. « Albane m’a dit et je… J’voulais juste voir que t’étais ok. » C’était la vérité après tout. Mais ce n’était pas vraiment ça la question. Pourquoi est-ce que tu voulais voir qu’elle était ok? Pourquoi est-ce que tu t’en faisais pour elle alors que tu ne cessais de crier le contraire à tout le monde depuis le début de l’année? « J’aurais peut-être pas dû venir, c’est stupide… » Tu cherches presque à te défiler. Ce serait facile comme ça. Tu as fait l’effort, elle ne t’a pas retenu, elle se fout de toi, fin de l’histoire. Tu te donnes le beau rôle dans l’histoire, sans jamais avoir clairement spécifié ce que tu veux. T’es qu’une fraude, Eleonora Parker. « Je sais pas ce qu’on est censé faire, toi et moi. » Du fait que vous êtes sœurs, du fait que vous ne connaissez rien l’une de l’autre mais que vos mondes semblent désormais interreliés, que ça te plaise ou non.
Ça n'avait aucun sens. À quoi est-ce qu'on l'avait shootée au juste, pour qu'elle imagine que sa demi-soeur était là, dans sa chambre d'hôpital, pour se renseigner sur sa santé? Qu'elle était même venue pour ça? Mais elle avait beau cligner des yeux, Eleonora était toujours là, hésitante sur ses deux jambes, comme si elle comptait filer à la moindre occasion, à la moindre phrase de travers. La blonde lui avait subtilement demandé plus d'informations sur l'accident qu'elle avait eu, et Caitriona s'était entendue lui répondre machinalement que tout était la faute d'un enfoiré se prenant un trottoir. « Un idiot en état d’ébriété? » Sûrement que oui, mais malheureusement, elle était pas sûre d'avoir un jour une réponse à cette question, la rousse. « J'imagine. Je l'ai pas vu arriver, ni repartir d'ailleurs. » Elle aurait volontiers haussé les épaules, pour faire comme si ça lui était égal, mais le simple fait d'imaginer le geste le faisait frissonner d'anticipation. Elle bougeait moins, depuis qu'elle avait appris pour ses côtes fracturées. « Tu dois rester longtemps ici? » « Encore un jour ou deux, probablement. J'ai eu de la chance. » C'était totalement irréaliste, cette situation. Deux soeurs qui jusqu'à hier se détestaient profondément, qui discutaient poliment comme si de rien était. Comme si Leo avait oublié toutes ses remarques empoisonnées, comme si Cait avait ravalé la rancune causée par le blâme que lui avait valu son altercation avec la blonde à l'hôpital. Elle ne comprenait pas vraiment ce que sa soeur faisait là, l'irlandaise. Et elle avait fini par le lui demander. Pourquoi t'es là? Pourquoi t'es en face de moi, Leo? « Je sais pas. » qu'elle avait marmonné, le cou rentré dans les épaules. C'était presque rassurant de voir qu'elle non plus était pas super à l'aise. « Albane m’a dit et je… J’voulais juste voir que t’étais ok. » Elle connaissait pas beaucoup Albane, mais de toute évidence, cette dernière était au courant du lien familial qui les unissait. Elle devait aussi savoir que tout était plutôt tendu entre Cait et Leo, et maintenant que la blonde était en face d'elle, l'irlandaise commençait à comprendre ce que l'infirmière espérait faire en ayant parlé de son état à sa demi-soeur. « Ben tu m'as vue. J'sais pas si on peut dire que je suis ok mais... J'suis vivante. » C'était déjà un bon point, et sûrement le plus important, d'ailleurs. Son ton était sec, une habitude qu'elle avait pris pour parler à la blonde. Un peu trop sûrement pour la situation, puisque Caitriona l'avait vue hésiter encore plus. À tout moment, elle prenait la poudre d'escampette. « J’aurais peut-être pas dû venir, c’est stupide… » « Non! » Elle avait presque crié, l'irlandaise, et maintenant, elle se mordait la lèvre inférieure, gênée de s'être donnée en spectacle devant l'autre. Mais non, c'était pas stupide, de la trouver là. Et même si elle aurait du mal à l'admettre, à voix haute ou tout court, elle était touchée que Leo ait fait le déplacement jusqu'à l'hôpital, juste pour elle. Elle, qu'elle était censée détester. « Je sais pas ce qu’on est censé faire, toi et moi. » Comme si Cait en avait une meilleure idée. Elle était tout aussi perdue que la blonde, c'était pas si mal dans un sens, ça leur faisait au moins un point commun. « J'croyais que tu me détestais. » C'était peut-être toujours le cas. Mais on ne venait pas s'assurer de la santé d'un ennemi, pas vrai? Sauf si c'était pour l'achever avec un oreiller. « On pourrait p'tete juste... Commencer par éviter les insultes? » Ce serait déjà un bon point de départ, et un gros pas en avant, pour l'une comme pour l'autre. Dans le passé, elles n'avaient communiqué que par des cris et des gestuelles agressives. Ce serait peut-être intéressant de voir si elles pouvaient se comprendre autrement qu'en hurlant... « Et apprendre à se connaître, un peu? » Au tour de la rousse d'être hésitante, elle qui essayait comme elle pouvait d'occuper ses mains, d'un besoin irrépressible. Le malaise l'avait gagnée, pourtant, elle ne pouvait plus faire machine arrière. « Attention je dis pas qu'on va aller déjeuner ensemble tous les jeudis et se faire des confidences. Mais... » Mais qu'est-ce que ça dirait d'elle, si elle décidait que finalement que sa soeur en valait peut-être le coup?
« J’imagine. Je l’ai pas vu arriver, ni repartir d’ailleurs. » Tu hoches doucement la tête, comprenant donc que non seulement Caitriona ne saurait jamais vraiment pourquoi c’est arrivé, mais qu’en plus la personne responsable pour son hospitalisation avait simplement disparu, comme si rien n’était arrivé. Qui aurait cru un jour que tu te trouverais plus de points en commun avec un chauffard qu’avec la fille devant toi avec qui tu partages pourtant la moitié de ton ADN. Parce que tu fuis, toi aussi. Constamment. Tu lui as rentrée dedans, Caitriona, avec ta nouvelle et tes grands sabots, tes insultes et tes remarques sarcastiques et puis tu as pris la fuite. Te voilà revenue à la charge sans même savoir ce que tu veux ou ce que tu attends d’elle, ce qu’elle attend de toi. « Encore un jour ou deux, probablement. J’ai eu de la chance. » Ce n’est pas exactement ce que tu appellerais de la chance, mais tu en comprends que ça aurait pu être pire, bien pire étant donné les circonstances entourant son accident. La conversation ne décolle pas vraiment, tu poses des questions, elle y répond et puis franchement, ça pourrait s’arrêter là mais tu ne bouges pas et voilà qu’elle cherche à comprendre ce que tu fais là alors que cette fois-ci, c’est toi qui n’as pas de bonne réponse à lui offrir. « Ben tu m’as vue. J’sais pas si on peut dire que je suis ok mais… J’suis vivante. » Ouais, elle est vivante. Elle respire. Tu peux retourner à ta vie et elle à la sienne. Continuer de prétendre que vous n’êtes personne l’une pour l’autre, que vous ne savez rien de ce qui vous relie, oublier les insultes et les cris. C’est l’option facile, mais ce n’est pas celle qui explique ta présence ici, pas non plus l’option que la rouquine choisie lorsqu’elle s’époumone presque quand tu marmonnes vouloir partir. « Non! » Non? Tu cesses tout mouvement, comme si tu espérais qu’elle puisse t’expliquer la suite des choses, ce qu’il faut faire et, dans ton cas surtout, ce qu’il ne faut pas faire. « J’croyais que tu me détestais. » Tout serait bien plus simple, si c’était vraiment le cas. Mais pour quelqu’un qui gueule constamment sa hargne contre quiconque, il y finalement bien peu de gens que tu détestes réellement. C’est un masque, une protection, des murs que tu as construits si haut autour de toi que tu ne sais plus vraiment comment t’y prendre pour créer un passage à qui que ce soit. « Faut pas le prendre personnel, j’agis comme ça avec tout le monde. » Bon, pas exactement, mais ça lui donnera tout de même idée de ta personne. T’es pas une douce, t’es pas une gentille. On ne t’a jamais vraiment montré comment faire, ça manque à tes manières, mais ça ne veut pas dire que tu es constamment la pire version de toi-même, bien que ce soit ce que tu lui as montré jusqu’à présent. « On pourrait p’tete juste… Commencer par éviter les insultes? » « Tu viens de m’enlever la moitié de mon vocabulaire. » Voilà que tu fais de l’humour pourri, un autre élément qui témoigne de ton malaise flagrant, mais c’est déjà plus agréable que ce que tu lui gueulais par la tête la dernière fois, donc c’est déjà ça, non? « Et apprendre à se connaître un peu? » Tu hoches la tête doucement. Ça, c’est une meilleure idée, un peu complexe toutefois quand tu ne sais toujours pas comment t’y prendre avec elle. « Est-ce que… est-ce que tu penses que tu pourrais m’en dire plus? Sur ton père? » Notre père. Tu n’es pas encore capable d’utiliser le possessif, pas certaine qu’un jour ça te viendra non plus. Tu ne le connaîtras jamais, tu n’auras de lui que les bribes que Caitriona pourra t’offrir. Peut-être qu’un jour, ta tante s’ouvrira à l’idée de t’en parler un peu, mais pour l’instant, le sujet est complètement évité et c’est sûrement pour le mieux. « Attention je dis pas qu’on va aller déjeuner ensemble tous les jeudis et se faire des confidences. Mais… » Un léger rire t’échappe. Ce n’est pas non plus l’image que tu te faisais de vos futures rencontres. Pour l’instant, tu n’as aucune idée de quoi elles auront l’air, ces rencontres-là, mais tu n’es étrangement pas fermée à l’idée. « J’peux te laisser mon numéro. » C’est un début, une porte ouverte, une chance de se reprendre et de changer la donne. De repartir sur une base qui fait bien plus de sens que toi qui gueules comme une perdue parce que tu en veux à l’univers en entier. « On pourra s’revoir, quand t’iras mieux. » Sauf si elle veut parler, là maintenant, tout de suite. Tu sais pas trop, est-ce que l’offre est pour aujourd’hui ou seulement pour plus tard? « T’as des frères, c’est ça? » Ouais, tu es curieuse, tu as envie de savoir, et puis ça te semble être le meilleur point de départ possible, pour cette relation particulière.
Cait était épuisée. Et elle ne comprenait pas ce qui avait bien pu pousser Eleonora à venir jusque là pour s'assurer qu'elle allait bien. Elle la détestait depuis le jour où elle était venue à l'hôpital pour lui péter un scandale dans le hall. Leurs cris résonnaient encore dans ces escaliers. Sa présence avait toutes les raisons de surprendre la rousse. « Faut pas le prendre personnel, j’agis comme ça avec tout le monde. » Le commentaire n'avait pas déridé l'irlandaise pour un sou. Bien sûr qu'elle le prenait personnellement, ses commentaires désagréables sur leur lien de parenté ne pouvaient pas être adressés à tout le monde... A moins qu'il y ait encore des branches manquantes dans leur arbre généalogique. La blonde ne savait pas ce qu'elles étaient censées faire maintenant, et Cait ne savait pas vraiment quoi répondre à ça. Elle non plus ne savait pas bien comment elle devait se comporter vis à vis de sa demi-soeur. Peut-être que commencer en évitant les insultes crachées à la figure de l'autre serait un bon début. « Tu viens de m’enlever la moitié de mon vocabulaire. » Cette fois-ci, un fin sourire avait étiré les lèvres de la rousse. En voilà un point commun entre elles deux, même si de ce qu'elle avait vu de la blonde, cette dernière avait quand même un langage un poil plus fleuri que celui de l'interne. Et si l'une et l'autre pouvaient se montrer plus cordiales, alors, sûrement qu'elles pourraient essayer d'apprendre à mieux se connaître? Attention, on était loin, très loin, d'un début d'amitié ou de relation fraternelle, mais parler, c'était un premier pas dans la bonne direction... Du moins, c'est ce qu'elle espérait, l'irlandaise. « Est-ce que… est-ce que tu penses que tu pourrais m’en dire plus? Sur ton père? » Leur père. Mais Cait n'avait pas relevé. Elle connaissait suffisamment la situation d'Eleonora pour comprendre qu'elle ne le voit pas comme autre chose qu'un inconnu. Elle-même avait encore du mal à le voir comme ça, après tout ce qu'il avait fait dans le dos de sa mère, et pourtant, il avait fait partie de son enfance... Pour ce qu'elle s'en rappelait. « Je peux, oui. Mais j'étais toute jeune quand il est mort, je me souviens pas de grand chose. La plupart des choses que je sais, ça me vient de mes proches. » Est-ce que la blonde savait seulement que Cait n'était pas fille unique? Qu'en plus de la rousse, Elenora avait aussi deux demi-frères? L'interne avait encore beaucoup d'informations à donner, si la blonde voulait les entendre. Pour autant, il était bien trop tôt pour espérer qu'elles se confient l'une à l'autre, ou qu'elles s'organisent un petit déjeuner hebdomadaire, mais... « J’peux te laisser mon numéro. » Cait avait hoché la tête, tendant le bras pour attraper son téléphone portable, avec la ferme intention d'y enregistrer le numéro de la harpie. C'est sûrement comme ça qu'elle s'appellerait dans son répertoire, d'ailleurs, la harpie. Concentrée autant qu'elle le pouvait, elle avait rentré les différents numéros à mesure que la blonde les articulait. « On pourra s’revoir, quand t’iras mieux. » C'était certainement plus sûr comme ça, une fois en pleine forme, son corps et son esprit seraient prêts à riposter aux éventuels assauts de sa soeur. Ne jamais faire confiance trop vite... « Ouais, bonne idée. Je t'appelle. » Peut-être. Sûrement. Chez Cait, la curiosité l'emportait toujours sur le reste, malheureusement. Elle avait déjà eu des ennuis dans le passé à cause de ça, et en aurait sûrement encore un jour. Maintenant que tout était entendu, l'irlandaise s'attendait à voir sa soeur s'en aller, mais elle hésitait toujours. « T’as des frères, c’est ça? » Un peu surprise, la rousse avait hoché la tête. « Connor, et Liam. Ils sont tous les deux plus vieux que moi. » De leur trio, elle était la plus jeune, la prunelle de leurs yeux. Celle qui les avait fait tourner en bourrique pendant des années - et encore - avec son tempérament de feu et ses pulsions de casse-cou. Ils lui avaient toujours tout passé, parce que c'était leur seule soeur. Jusqu'à maintenant... « Je leur avait pas encore parlé de toi. Ils sont pas souvent à Brisbane, et c'est pas quelque chose qu'on peut annoncer par téléphone. » Secouant la tête, elle s'était repris rapidement. « Je veux dire, ils savent aussi que tu existes mais, ils ne sont pas au courant qu'on a déjà été en contact, toi et moi. » Elle ne savait pas trop ce qu'ils pensaient de la situation. Peut-être que contrairement à elle, ils avaient cherché à en savoir plus sur cette fameuse soeur inconnue? Ce serait bien le genre de Liam, d'avoir cherché à fouiner... Mais elle n'avait aucun moyen d'en être sûre, tant qu'elle ne serait pas en face d'eux. « Mais maintenant... Je me dis que c'est sûrement le moment pour leur dire. » Et elle se surprenait elle-même à espérer qu'ils seraient plus intrigués que contrariés par la situation, en tout cas, autant qu'elle l'était.
Tu ne pourrais pas effacer le commencement chaotique à ta relation avec Caitriona, mais en venant lui rendre visite aujourd’hui, en prenant la peine d’avoir une discussion plus ou moins posée – malgré les circonstances un peu douteuses – tu espérais lui avoir prouver que tu étais plus que ta grande gueule et tes impulsivités. Que tu étais plus que des mots brusques et une tendance à faire mal avant de prendre la chance d’être blessée au tournant. Tu ne savais pas s’il y avait réellement un futur possible pour la rouquine et toi, s’il existait réellement un monde dans lequel tu pourrais finir par la considérer pour ce qu’elle est vraiment : ta demi-sœur, mais tu es assez curieuse pour prendre une chance. Ne serait-ce que de prendre une petite chance, pour en apprendre plus sur ton père, sur ce que c’était, que de grandir avec lui. De peut-être avoir la chance de voir des photos, d’entendre des souvenirs dans lesquels il est l’acteur principal. Ça risque de faire mal, mais tu espères que peut-être, juste un peu, cela aidera à remplir un trou qui te brûle par en dedans depuis tellement d’années, l’inconnu presque aussi pire que l’absence. « Je peux, oui. Mais j’étais toute jeune quand il est mort, je me souviens pas de grand-chose. La plupart que je sais, ça me vient de mes proches. » « C’est déjà mieux que rien. » Et rien, c’est tout ce que toi tu possèdes. Ça pis des lettres qui ne remplissent pas vraiment la banque de souvenirs que tu aimerais te créer, qu’importe si les souvenirs ne sont pas les tiens. Tout ne se ferait pas aujourd’hui, mais le simple fait que Caitriona accepte que tu lui donnes ton numéro semblait être un bon signe pour la suite. « Ouais, bonne idée. Je t’appelle. » Elle n’avait pas dit quand et elle n’avait pas fait de promesse, mais tu pouvais gérer avec cette possibilité puisque pour la première fois de ta vie, la chance de te rapprocher de ton père existait finalement. « Connor et Liam. Ils sont tous les deux plus vieux que moi. » « Ils ont quels âges? » Est-ce qu’ils étaient plus vieux que toi aussi? Le concept d’avoir des grands frères t’était complètement étrange. Le plus proche que tu avais d’un frère était Wyatt, même si ce dernier avait bien plus souvent tenu le rôle de figure paternelle, dans un sens. « Je leur avais pas encore parlé de toi. Ils sont pas souvent à Brisbane, et c’est pas quelque chose qu’on peut annoncer par téléphone. » Non, en effet, tu ne pouvais pas vraiment la blâmer de n’avoir rien dit. « Ils habitent en Irlande? » que tu demandes, curieuse sur tes origines, mais aussi curieuse de savoir ce qui avait emmené Cait ici si toute sa famille se trouvait si loin. « Je veux dire, ils savent que tu existes mais, ils ne sont pas au courant qu’on a déjà été en contact, toi et moi. » Ça pince, de savoir qu’eux aussi, savaient pour ton existence mais que personne n’a cherché à savoir qui tu étais, comment tu allais. Tu ravales tout commentaire toutefois, ne voulant pas détruire tout le progrès fait aujourd’hui avec une ou deux remarques déplacées. « Mais maintenant… Je me dis que c’est sûrement le moment pour leur dire. » « Si tu pouvais éviter de leur partager ta première impression de moi, ça m’arrangerait. » que tu lances sur un ton qui se veut humoristique, mais avec un fond de vérité que tu n’as pas su complètement camoufler. Tu aimerais bien qu’ils puissent se faire leur propre opinion de toi, si jamais tu venais un jour à les rencontrer, et tu n’es pas convaincue qu’être décrite comme étant une raging bitch soit réellement à ton avantage. « Je ne te dérange pas plus longtemps. » que tu conclus finalement, tes pas te ramenant déjà vers la porte. « J’attends ton appel. » C’est tout ce que tu peux faire, maintenant.