Affaissé dans le siège conducteur de sa voiture, Reese a le regard fixé sur la route depuis déjà de longues minutes. Garé devant l’immeuble dans lequel il vivait avant son départ, le revoilà dans sa bagnole après y avoir trouvé Leo. Un premier plan sitôt raturé. Il soupire, son crâne contre l’appui-tête, ses paupières brièvement closes. Il a les nerfs à vif, le palpitant serré de rouler de nouveau dans sa ville sans savoir où aller. Lorsqu’il rouvre les yeux, son regard s’attarde sur ses affaires entassées maladroitement entre son coffre et les sièges arrières, dans le rétroviseur. Il pourrait aller chez sa mère, chez sa soeur. Mais cette simple idée lui noue la gorge. Il n’est pas prêt à affronter leurs regards, il n’est pas prêt à consoler qui que ce soit, puisque déjà incapable de se consoler lui-même. Alors il enclenche la radio pour balayer ses pensées, ses phalanges blanchies sur le volant à force de le serrer. Il s’accorde un répit, passant brièvement le dos de sa main contre son nez comme un réflexe nerveux. Et puis, sans plus réfléchir, il tourne sa clé dans le contact.
Seulement une poignée de minutes lui suffisent, avant qu’il ne se gare de nouveau. Il ne s’octroie pas le temps de réfléchir un peu plus à sa décision — comme il n’a réfléchi à aucune autre depuis trop longtemps. Il saisit son sac sur le siège passager, sa valise dans son coffre et parvient avec plus ou moins d’habilité à glisser le carton jusqu’alors sur la banquette arrière, sous son bras. Il s’estime heureux à ce moment-là de voyager léger et d’avoir oublié une bonne partie de ses affaires chez Albane. Ce n’est pour autant pas sans mal qu’il ferme sa voiture derrière lui, profitant d’une âme charitable de l’immeuble le voyant aussi chargé pour pénétrer à l’intérieur. Il fait mine d’emménager pour ne recevoir aucune question — après tout, ce n’est pas si loin de la vérité. Ses affaires ainsi traînées jusqu’au troisième étage, il s’arrête finalement devant l’appartement escompté, laissant tomber lourdement ses affaires sur le sol du couloir. La porte de Winston. Autrement dit, son meilleur ami à qui il n’a pas donné de nouvelles depuis plus d’un mois et dont le dernier message est resté en vu. Certainement la raison pour laquelle il soupire, visiblement moyennement pressé de faire savoir sa présence. Il est mitigé entre l'envie de revoir son ami qui, bien qu’il ne le saura jamais de sa bouche, lui a manqué (et plus encore dernièrement), et le sentiment que ce ne sera pas aussi facile de faire passer la pilule. C’est donc après une légère hésitation qu’il finit par abattre son poing sur la porte, le second fourré dans la poche avant de son hoodie. Durant quelques secondes, il se demande même s’il va lui répondre — il pourrait totalement être absent (bien qu’il connaisse ses horaires au boulot par coeur) ou tout simplement ignorer avec brio sa présence comme lui a ignoré son dernier message. S’il devait être objectif, ce serait mérité. Heureusement, personne ne l’y oblige, et il préfère donc toquer de nouveau comme s’il pouvait se permettre d’être impatient. La seconde suivante, la porte s’ouvre, le faisant ainsi tomber nez à nez avec Winston. Le silence est bref, ne laissant qu’à peine apercevoir le profond soulagement dans les iris de Reese. Pas seulement le soulagement d’avoir toqué au bon moment, mais plutôt celui de retrouver en Winston un point d’ancrage dont il avait cruellement besoin, à ce moment précis. Malgré tout, il ne laisse pas transparaître ses doutes, ses craintes de voir cette bouée s’éloigner dans une vague scélérate, préférant adopter une attitude des plus décontractées (il se félicitera de son jeu d'acteur plus tard). Parce que malgré son importance, Win ne fait pas exception à son excès d’orgueil l’empêchant d’afficher la moindre trace de vulnérabilité. « J’peux crécher ici cette nuit ? » qu'il lâche finalement, l'air de rien, comme si ces trois derniers mois n'avaient jamais existé — malgré ses affaires sur le palier qui en sont témoins. Et il n'a plus qu'à croiser les doigts pour que ça passe.
-T- u somnoles, affalé sur ton canapé, dans une position aussi originale qu’elle pourrait paraître inconfortable. Tu avais terminé plus tôt aujourd’hui, et t’en avais profité pour récupéré un peu de ces heures de sommeil qu’il te manquait. Ça faisait bientôt un an que tu cumulais des heures supplémentaires plus que tu ne le devrais, pour éponger tes dettes. Alors le sommeil vient rapidement dès que tu t’allonges quelque part. C’est à peine si tu as encore le temps de sortir la nuit, ces derniers mois. Ça te manquait, de ne plus participer à ce genre de fêtes. Surtout de ne plus avoir de temps de rien. Même lorsque tu n’étais qu’un simple interne, tu avais plus de temps disponible. Peut être parce qu’à l’aube de tes 29 ans, tu avais plus besoin de sommeil et de repos. Tu n’avais pas l’impression d’être aussi fatigué, à 20 ans, en enchaînant les nuits courtes. Tu entends un bruit sourd. Visiblement Sony aussi, ses oreilles se dressent et son regard se fige sur l’entrée. Tes sourcils se froncent légèrement avant que tu reposes tes yeux sur ta télévision animée pour une vidéo YouTube. Sur ta table basse, il restait l’assiette de pâtes que tu t’étais faite, et une demi bière maintenant chaude. T’aurais bien commandé un repas plus élaboré mais tu n’avais plus les moyens ces derniers temps. Quelqu’un toque à ta porte, provoquant un aboiement étouffé de ton chien. Tu redresses la tête, jettes un œil à l’entrée, puis attrapes ton portable. Tu regardes sur téléphone si tu n’avais pas reçu un message qu’un proche aurait pu te laisser pour te dire qu’il débarquait chez toi. Mais rien. Tu te lèves, ça toque de nouveau. Le shiba aboie maintenant sans retenu, alors que t’essayes de le faire taire en râlant sur le chien. Tu ouvres la porte. La silhouette de Reese se dessine sous tes yeux, quand t’étais résolu à ne plus jamais le revoir. Tu restes la bouche entrouverte de longues secondes, vous enfonçant dans un silence gênant. C’était Reese qui était devant toi. Celui que tu n’avais pas vu depuis plusieurs mois et qui était parti du jour au lendemain sans donner plus d’explications ou de nouvelles. « J’peux crécher ici cette nuit ? » Tu remarques ses valises éparpillées au sol, soutenant sa question. Tes opales jonglent entre ses affaires et l’intrus, le visage décontenancé. Tu ne sais pas comment réagir face à cette scène qui te semble un instant surréaliste. Tu refermes la porte, par automatisme, sans réfléchir, le temps de digérer l’information. Comme dans un élan d’espoir pour te protéger du chamboulement qui t’assaillait. Tu fixes le bois, les paupières battantes, le regard perdu. Puis tu rouvres finalement la porte, sèchement. T’es incapable de le laisser dehors sans éprouver une culpabilité qui te rongeait déjà. T’es incapable de faire preuve de la même ignorance que lui, alors qu’il n’aurait mérité que ça. Une porte fermée, une absence silencieuse. C’était facile, de revenir comme s’il n’avait blessé personne, lorsque visiblement lui en avait besoin. Mais tu tenais trop à lui. Et tout ce que tu souhaitais depuis des mois, c’était qu’il revienne vivre à Brisbane. Pourtant, tu ne peux t’empêcher de ressentir une certaine colère gronder. Ça te tord les tripes, et envenime ton regard. Tes muscles sont tendus, et t’as qu’une envie, c’est de lui mettre ton poing dans sa figure trop décontractée. Ça t’agace cette innocence et cette sérénité sur sa face. Parce que t’as pas l’impression qu’il se rende compte de ce qu’il avait provoqué, avec son départ. Cette sensation d’abandon, quand il ne donnait plus de nouvelle, cette solitude lorsque tu n’avais plus personne vers qui te tourner. Tu éclates alors la pointe de pied de ta prothèses contre son tibia sans retenue. C’était toujours moins violent que des phalanges contre une pommette. Ça soulage un peu, de le voir grimacer de douleur, finalement, et tes épaules se détendent. T’espères qu’il aura ce genre d’hématome qui passe du vert au noir. Tu soupires, avant de prendre enfin la parole. « Qu’est ce que tu fous là Reese? » Tu lui lances d’un ton accusateur. Il te l’avait pourtant explicité. Il cherchait un lieu où dormir. Une meilleure question aurait été pourquoi. Pourquoi il avait quitté Syndney, pourquoi il était dans ton immeuble. « Depuis quand t’es à Brisbane? » Sans t’avoir prévenu. Il ne t’avait rien dit, même pas annoncé qu’il revenait ici. Il se contentait toujours du mutisme. Un peu comme Albane, finalement. Tu t’écartes silencieusement du cadrant de la porte pour le laisser entrer sans un mot, préférant le silence du jugement.
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La panoplie des réactions possibles est épaisse. Et si Reese connaît Winston depuis maintenant plus de quinze ans, ce n’est pas pour autant qu’il arrive à se situer sur celle que ce dernier choisira. Plutôt que lui en livrer une, le brun prolonge le silence dorénavant gênant s’étant installé entre eux. Reese peine à savoir quoi faire lorsque les prunelles de son ami demeurent ainsi fixées sur sa face fatiguée. Les siennes se mettent à se plisser doucement, comme s’il ne comprenait pas la surprise étreignant le bouclé. Mais alors qu’il s’apprête à reprendre la parole, la porte se referme brutalement, dans un léger courant d’air qu’il encaisse en silence. Il ne cille qu’à peine, quelques instants, un soupire lui échappant finalement. Ses paupières closes brièvement, il ravale difficilement le noeud se formant dans sa gorge. Il aurait dû s’y attendre. Malgré tout, il se sent con, planté sur le palier. Alors il ramasse son sac, avec un soupçon de frustration qu’il ne sait pas contre qui diriger. Au fond, il sait qu’il ne peut s’en prendre qu’à lui-même — mais c’est toujours bien plus simple d’en vouloir à la terre entière. Seulement, alors qu’il vient d’enfiler l’une des bretelles de son sac à dos, la porte se rouvre tout aussi brutalement. Ses sourcils se froncent, lorsqu’il rencontre de nouveau le regard de Winston, dorénavant bien plus mauvais à son égard. Et c’est plus fort que lui, il ne peut s’empêcher d’arquer un sourcil perplexe, et d’y répondre avec une pointe de provocation dans ses iris. Il ne réalise pas la profondeur des ressentiments de Winston, l’imagine vexé, tout au plus. Parce qu’il ne se pense pas si indispensable, Reese, malgré ce que pourrait laisser suggérer son arrogance. Il n’imagine pas les réactions derrière ses silences, derrière ses décisions, trop centré sur ses besoins et sur ses propres problèmes. Alors il ne la voit pas venir, la prothèse de Win qui vient s’abattre violemment contre son tibia. La surprise se mêle à la douleur alors qu’il laisse échapper une grimace, lui adressant aussitôt un regard outré. « Putain Winston, t’es con. » qu’il grogne entre ses dents serrées. Il ne manquerait plus qu’il ferme de nouveau, après lui avoir livré un bel hématome. « Qu’est ce que tu fous là Reese? » C’est à son tour d’adresser un regard noir à son ami. Il pourrait tenter de l’apitoyer pour essuyer plus rapidement cette altercation. Pour autant, il n’en fait rien, préférant soupirer lourdement. « J’suis rentré. » qu’il siffle, imitant volontairement un gosse qui aurait fugué. Parce qu’il a la sensation d’être vu de cette façon, depuis qu’il est parti. Comme s’il devait mille justifications, sans y voir la même logique que tout le monde. Il pense que ce n’est pas si grave, que ce ne sont que trois mois parmi tous les autres passés à Brisbane, occultant totalement le fait que ses proches, contrairement à lui, n’avaient aucune date de retour sur laquelle s’appuyer. « Depuis quand t’es à Brisbane? » Lorsqu’il voit Winston s’écarter, lui laissant une brèche avec peu d’enthousiasme, il ne lui en faut pas plus. Il rentre presque aussitôt, poussant du pied le carton à l’intérieur, alors qu’il traîne sa valise derrière lui — mieux vaut ne pas espérer l’aide du plus jeune, qu’il soupçonne dorénavant capable de les balancer du troisième étage. « J’en sais rien, deux ou trois heures, peut-être. » Il répond distraitement dans le processus, sans détour. « C’est ta surprise d’anniversaire en avance. » qu’il ironise alors qu’il dépose ses affaires au sol, non sans un fond de vérité. Il pensait déjà à l’idée de revenir sur Brisbane courant juillet, sans en avoir encore la certitude. Parce que Sydney ne suffisait plus, parce que le manque se creusait et que ce jour aurait été idéal pour donner une raison à son retour. Et puis, le décès de son père est venu balayer tous ses doutes. Une pensée qu’il refoule aussitôt, se retournant vers son meilleur ami, qu’il aurait certainement pris dans ses bras s’il n’était pas si peu à l’aise avec ce genre de contact humain. Alors, à la place, un faible sourire vient étirer ses lippes. « Je t’ai manqué ? » Il paraît s’en amuser, Reese. Mais dans sa question réside une tendresse rare, à laquelle il n’attend pas réellement de réponse. C’est sa façon de lui signifier que lui, lui a manqué.
-I- l te fusille du regard et toi, tu le regardes avec dédain que tu arborées si souvent. Vous vous renvoyez l’un et l’autre la provocation a la figure sans sourciller. « J’suis rentré. » Qu’il siffle entre ses mâchoires serrées. Tu le fixes un instant, cherchant une suite à ses mots, qui ne viendra pas. Mais tu comprends qu’il revient définitivement à Brisbane, et pas uniquement pour un week end. C’est une vague de soulagement qui balaye cette crainte. Alors tu lui laisses la possibilité d’entrer et il n’attend pas une seconde de plus pour pousser du bout du pied son carton dans ton entrée, avant que tu ne changes d’avis. Les sacs sous les bras, il rentre dans ton appartement. Tu ne lui proposes pas ton aide et tu préfères le regarder se débrouiller seul comme il peut, avec une jambe douloureuse. « J’en sais rien, deux ou trois heures, peut-être. » Seulement? Tu arques un sourcil, tu t’attendais plutôt à plusieurs jours. T’aurais pensé qu’il serait rentré chez ses parents, pour ensuite se prendre encore un fois la tête avec eux et qu’il serait venu finalement chercher refuge chez toi. Mais visiblement tu n’avais rien de bon dans ce scénario. Tu semblais être l’une des premières personne chez qui il était venu frapper. Et ça flatte ton ego, dans un sens, t’as cette fausse impression d’être important. « C’est ta surprise d’anniversaire en avance. » Tu lèves les yeux au ciel, refermant la porte derrière vous. « J’espère que t’as pris un cadeau avec toi. Et non, toi, t’es pas un cadeau. » Que t’ironises à ton tour. Il dépose ses affaires au sol, avec toute la délicatesse qu’il peut avoir. « Je t’ai manqué ? » Il savait comment s’y prendre avec toi, le bougre. Tu le connaissais depuis trop longtemps pour ne pas en comprendre l’étendu des sous entendus dans ces simples mots. Jamais il ne t’avouera ses tords, jamais il ne te dira que tu lui as manqué. Pas directement. Il te le fera juste comprendre, comme il est en train de le faire. « Continue et je m’occupe de l’autre tibia pour faire la symétrie. » Que tu pestes, un air amusé néanmoins mal dissimulé. Toi non plus, tu ne lui avoueras pas. Par fierté. Tu te diriges vers ta chambre, sors quelques draps d’un placard, et reviens ensuite vers lui. « Pourquoi t’es rentré? T’étais pas bien à Sydney? » Parce qu’en fait, t’en savais rien. Tu ne sais même pas ce qu’il faisait là bas, s’il avait trouvé un job, s’il avait rencontré du monde. Il ne t’avait rien dit. Tu déposes le linge sur le canapé. « Il faut que je t’achète un matelas gonflable? » Sous entendu, combien de temps il compte rester chez toi. Tu ne sais pas s’il avait prévu de reprendre une collocation ou se trouver un appartement seul. Tu ne sais même pas s’il a des visites de prévues. « Je ne sais pas si Albane a encore sa chambre de libre. Tu pourrais lui demander. » Que tu songes. Reese n’avait rien su de l’évolution de votre relation, avec Albane. Il ne savait pas combien tu l’avais détestée, à quel point tu avais été mauvais avec elle. Et encore moins que depuis quelques semaines, ça allait mieux. Il y avait beaucoup de choses qui s’étaient passées depuis son départ. La vie passait si vite, c’était affolant. « T’aurais au moins pu répondre aux messages. Ou revenir pour ton anniversaire. » Parce que vous n’aviez même pas pu fêter le sien. Tu n’avais pas eu de réponse à tes anciens messages alors tu n’avais pas tenté de le contacter le vingt et un juin. T’avais simplement gardé ton amertume pour toi. Quoi qu’il y a quelques jours, tu l’avais partagé avec Léo. Il fallait croire que pester tous les deux sur lui avait suffi à le faire revenir. « Tu as dit à Leo que t’étais là? » Elle va définitivement le tuer s’il ne lui dit pas. Parce qu’elle a vraiment été blessée. Et tu n’as aucune idée de la façon dont elle allait réagir en revoyant Reese se pointer chez elle comme une fleur.
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Malgré les mois de silence, Reese retrouve rapidement ses repères. L’appartement de Winston en est un, certainement parmi ceux en tête de liste. Il ne compte plus le nombre de soirées passées entre les murs du chirurgien, jusqu’à lui donner la sensation d’un second foyer. Il a pratiquement toujours eu le double de ses clés — d’abord par sécurité, jusqu’à lui servir pour n’importe quelle occasion qu’il aurait jugé suffisante. Avoir simplement envie de passer en est rapidement devenue une. « J’espère que t’as pris un cadeau avec toi. Et non, toi, t’es pas un cadeau. » Il lui jette un regard consterné, ses prunelles le dévisageant de haut en bas. « Aoutch. » qu’il s’offusque faussement, fronçant le nez. Une fois ses affaires posées, il adresse une rapide caresse sur la tête de Sony, lorsque ce dernier vient se dresser sur ses pattes arrières en guise d'accueil. « Continue et je m’occupe de l’autre tibia pour faire la symétrie. » Il arque un sourcil, sans se dépêtrer de son sourire. Les années d’amitié derrière eux leur permettent dorénavant de trouver le sens caché derrière pratiquement chaque mot, chaque regard. Et ça lui convenait parfaitement de cette façon là, Reese, bien plus à l’aise avec ce genre d’échanges. Il ne s’étonne donc pas de voir Winston revenir avec des draps, se montrant bien plus accueillant dans les gestes que dans les mots — un point qu’ils partagent, et qui, s’il peut paraître handicapant, fonctionne finalement très bien entre eux. « Pourquoi t’es rentré? T’étais pas bien à Sydney? » Un instant, son regard se détourne du sien pour venir directement se poser sur les draps qu’il dépose sur le sofa. Il n’a aucune envie d’aborder le sujet maintenant. Il n’a même aucune idée de la façon dont il pourrait l’amener, sans avoir la sensation d’annoncer le décès de son père comme on annoncerait le repas prévu pour le soir. « Ça te dérange tant que ça ? » Il esquive, comme il le fait trop souvent quand une conversation ne prend pas la tournure qui lui convient. A son sens, ce n’est pas le moment, et son jugement semble surpasser tous les autres. Il espère simplement ne pas recevoir quelconque insistance de la part du brun, qu’il redoutait déjà avant même d’avoir foulé son parquet. « Il faut que je t’achète un matelas gonflable? » Un léger sourire se glisse au coin de ses lèvres. « Non, t’inquiète, merci. Je vais pas traîner. » A défaut de savoir s’excuser, il sait au moins remercier. S’il a pu tester de nombreuses fois le canapé du Ackerman après des soirées arrosées, et qu’il peut d’ores et déjà attester qu’il est suffisamment confortable pour ses courtes nuits, il préfère néanmoins s’abstenir. Winston est encore bien trop curieux à son goût — ce qui est aussi logique qu’emmerdant, de son avis. Il est toujours plus facile d’emprunter les chemins qu’il souhaite avec des amis moins proches de lui, qui se contenteront de se réjouir de son retour, plutôt que vouloir éclairer les moindres recoins entourant ce mystère qu’il leur a laissé. « Je ne sais pas si Albane a encore sa chambre de libre. Tu pourrais lui demander. » Il fronce doucement les sourcils, faisant mine d’installer les draps sur le canapé. Le prénom de la française dans la bouche de Winston est devenu un problème, depuis qu'il l'a surpris avec Leo. Et si la situation qu’il a laissé derrière lui était déjà confuse, elle prend dorénavant l’apparence d’un terrain miné. « Elle t’en a pas parlé ? » Il commence par tâter le terrain, pour évaluer où en est la situation, avant de dire quoique ce soit. Il s’en rend compte, Reese, qu’il lui sera impossible de ne prendre aucun parti. Le silence même ne le rend pas neutre, et cette idée le titille. « T’aurais au moins pu répondre aux messages. Ou revenir pour ton anniversaire. » « Pour qu’on fête mes trente ans ? Non merci. J’préfère le déni. » qu’il expédie tout d’abord, en ramassant l’assiette et la bière traînant sur la table basse, comme s’il était chez lui. Comme si ce n’était rien. Seulement, lorsque ses prunelles croisent de nouveau celles de Winston, il comprend bien que le sujet n’est pas abordé à la légère, comme il l’aurait voulu. Il soupire, alors qu’il se dirige vers la cuisine pour poser le tout sur le comptoir. « J’ai répondu. » Quelques mois n’ont pas suffit à tarir sa mauvaise foi. « Au début. » qu’il finit par préciser, en marmonnant presque, comme si le fait que ça n'avait été qu'éphémère n’avait pas d’importance. « Tu sais que c’est pas mon truc. » Ce n’est pas comme s’il avait laissé une quelconque autre option à Winston en s’en allant, mais ça, il se garde bien de le dire. Il s’appuie de ses deux paumes sur le comptoir, l’observant quelques secondes, avant de désigner son reste de pâtes du menton. « Je peux donner les restes à Sony ? » Ce dernier lui emboîte le pas depuis qu’il a récupéré l’assiette. Elle fait pourtant peine à voir. Il sait que le chirurgien n’est pas bon cuisinier, et ce plat de pâtes trop cuites et fades rien qu’au visuel ne font que confirmer. « Tu as dit à Leo que t’étais là? » Il tique légèrement, à cette question. Il s’étonne quelque peu de voir Winston viser chaque sujet sensible, les uns après les autres, sans en rater un seul. Un instant, il en viendrait presque à se demander s’il n’est pas au courant de tout, en réalité. « Elle est au courant. » qu’il se contente de répondre. Il n’est là que depuis quelques heures, et ces cachoteries le fatiguent déjà — certainement parce qu’il n'a pas pour habitude d'en faire autant à Winston. Plus les questions s’enchaînent, plus Reese sent qu’il risque d’être perçu comme trop évasif. Ce serait plus simple de juste inventer. Mais il n’en a aucune envie. Sans un mot de plus, il se retourne vers le frigidaire, se permettant de jeter un oeil à l’intérieur. « Si t’as encore faim je te fais un truc. Comestible, ça te changera. » Il lui doit bien ça.
-E- trangement, tu avais l’impression à la fois que Reese était parti seulement hier et à la fois de revoir un fantôme. Les habitudes entre vous reviennent comme s’il n’avait jamais déménagé, mais le coeur est toujours serré. « Ça te dérange tant que ça ? » Tu lui jettes un œil accusateur, le sourcil arqué soulignant ton regard inquisiteur. Visiblement, la raison ne devait pas être des plus légères s’il ne t’en donnait pas la nature, et qu’il gardait jalousement le moindre indice qu’il aurait pu partager pour t’expliquer la situation. Alors tu ne creuses pas plus, préférant garder ce détail dans un coin de ta tête pour le ressortir à un moment plus opportun -qui ne le sera sans doute pas. Tu te contentes de pupilles qui se croisent. Le regard suffit à vous comprendre depuis longtemps, entre vous. « Plutôt, oui. » Le ton neutre de ta voix fait ressortir tes rancoeurs, comme un reproche à peine dissimulé. Il était évident que son retour ne dérangeait pas, bien au contraire. Ce qui te gênait était plus sa manière de faire. Et t’aurais été capable de soutenir coute que coute cette réponse par simple esprit revanchard puéril. Juste pour le provoquer, juste pour le culpabiliser. Un sourire fin étire ses lippes lorsque tu lui proposes de lui acheter un matelas. T’es trop bon avec ce con. « Non, t’inquiète, merci. Je vais pas traîner. » Tu te contentes d’acquiescer. Tu n’insisteras pas pour le voir rester chez toi. T’as bien trop l’habitude de vivre seul et la colocation n’a jamais été une option pour toi. Tu ne supportes pas les autres aux quotidien et la réciproque était d’autant plus vrai. Tes sautes d’humeur froissent bien trop rapidement ton entourage. Tu n’as pas envie qu’un jour tu arrives à saturation avec Reese. T’as trop besoin de lui. Il est le seul en qui tu pouvais avoir aveuglément confiance, le seul qui connaissait les deux facettes de ta vie. Et puis il a cette question énigmatique qui surgit. « Elle t’en a pas parlé ? » Tu détestais ce genre de phrase lorsqu’elle concernait Albane. Tu doutes trop souvent d’elle, et tu ne sais que trop bien qu’elle te cache des choses. Pourtant, petit à petit, les indices surgissent, encore trop faiblards pour que tu puisses y comprendre quelque chose. Mais inconsciemment, tu n’as pas envie de les voir. Parce que t’as peut être un peu peur de ce que tu pourrais découvrir. « Peut être. Parlé de quoi? » Tu laisses le sujet ouvert, préférant ne pas guider Reese sur une piste sur ce que tu étais sensé savoir. S’il y avait des informations qu’elle devait te révéler, tu étais curieux de savoir si elle l’avait vraiment fait, et ce qu’elle te cachait soigneusement. Tu prends un air détaché, comme si la question ne te ravivait pas une curiosité.
« Pour qu’on fête mes trente ans ? Non merci. J’préfère le déni. » Il range ta vaisselle qui trainait, habitué des lieux, il connaît déjà où se trouve le lave vaisselle et ce quil se cachait derrière chaque placard. Il pose soigneusement l’assiette sur le comptoir, alors que Sony le suit à la trace. « T’aurais pas eu le choix. J’avais de super idées pour rendre ce jour... marquant. » T’avais clairement déjà songé à remplir son frigo de bocaux avec les dents extraits par le chirugien maxillo-facial -qu’il gardait habituellement pour les étudiants en dentaire-, voler une poche de sang à l’hôpital pour repeindre sa douche -oui c’est mal-. Reese étant hypocondriaque, t’étais certain qu’il se serait souvenu de son anniversaire toute sa vie. Et puis il fallait avouer que tu n’allais pas non plus dans le douceur et qu’on pourrait clairement douter de ta santé mentale à faire ce genre de choses. Tes limites étaient sans doute hors des normales et jugées immorales. Mais toi, ça t’amuse comme un gosse qui distingue mal ce qui est bien de ce qui est mal. « J’ai répondu. Au début. » Qu’il marmonne presque comme un aveu. Le jugement marque ton visage et tes opales défient les siennes. « Tu sais que c’est pas mon truc. » Tu le sais. Et ça te fait froid dans le dos de savoir que votre amitié pourrait dépérir en quelques mois si l’un de vous venait à déménager. Plus de dix ans à se côtoyer, à se confier, pour que tout ça s’efface avec les kilomètres qui vous séparent. « Ouais. J’aurai pu passer à Sydney. » Les reproches sont bien lourds pour les quelques mots légers que tu utilises. T’aurais voulu, toi, conserver ce lien qui est l’un des plus précieux que tu aies dans ta vie. Tu étais bien plus proche de Reese que tu ne l’étais de ton frère, et si jamais un jour, tu devais faire choix entre le barbu et une autre personne de ton entourage, il serait sans doute ton premier choix. « Je peux donner les restes à Sony ? » Tes épaules se haussent dans l’indifférence alors que Sony fait tout ce qu’il peut pour attirer l’attention de Reese. S’il pouvait réaliser un triple salto, il le ferait rien que pour une pâte. Puis vient la question de Léo. « Elle est au courant. » Tu prends un air offusqué. Sauf que cette fois ci tu l’es réellement. Il se détourne, pour jeter un œil à l’intérieur de ton frigo. « Si t’as encore faim je te fais un truc. Comestible, ça te changera. » Tu aurais pu accepter, Reese était un bon cuisinier, et s’il pouvait te dédommager en taches ménagères et en cuisinant, ce serait volontiers. Mais pour le moment, tu n’avais que sa réplique précédente en tête, préférant ignorer momentanément cette réponse. « Sérieusement? Ça te faisait tant chier que ça de me donner des nouvelles et de me prévenir aussi de ton retour? » Tu interprètes trop vite les mots de Reese, pensant qu’il avait repris contact avec elle avant son départ. Il y a toujours eu une compétition un peu étrange entre toi et Leo. Et savoir qu’elle avait eu des nouvelles et pas toi, ça t’affecte un peu trop. Ça te dérange profondément d’avoir l’impression qu’il préférait une autre personne à toi, de passer au second plan. Jalousie malsaine, tu parles trop vite sans savoir. Tu n’imagines pas qu’il soit allé frapper chez Albane avant de venir chez toi, encore moins qu’il soit tombé sur Leo.
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Les rancoeurs de Winston sont plus que perceptibles aux yeux de Reese, bien trop habitués aux multiples facettes du chirurgien. A peine dissimulées sous un ton passif-agressif, qu’il préfère peut-être finalement à des reproches plus frontaux. Il est bien plus aisé pour le Grigson d’éviter la confrontation de cette façon, le poussant à s’avancer sur ce fil dangereusement suspendu au-dessus des crevasses que représente de potentielles explications, tant qu’il le lui est offert. « Plutôt, oui. » Il laisse traîner un regard neutre sur le brun, dans le silence. Il comprend bien que ce n’est pas son retour tel quel qui le dérange, mais la façon dont il tait les raisons. Il le comprend, mais il ne dit toujours rien. Les lèvres scellées, imperturbable. Il devrait probablement se sentir pressé de se justifier, ou se sentir mal de tenir son ami à l’écart de cette partie de sa vie. Pourtant, il n’est pas même tenté d’aborder le sujet, encore bien trop sensible pour lui. « J’peux repartir si tu veux. » qu’il finit par lâcher, sur le même ton monotone que celui de Winston. Une fois lancés dans ce genre d’échange, il est parfois compliqué d’en deviner l’issue — aussi butés et orgueilleux l’un que l’autre, ils cèdent difficilement le dernier mot à l’autre. Il a pourtant conscience de flirter dangereusement avec les limites de la patience du bouclé. Il n’est pas en position de le provoquer là-dessus, mais c’est une seconde nature qu’il a du mal à faire taire, comptant probablement un peu trop sur l’amitié qui les lie. « Peut être. Parlé de quoi? » Il lui jette un regard qui se veut perplexe, mais dont une pointe de suspicion surgit. L’un comme l’autre semblent tenter de se déchiffrer, et Reese déteste ça. Winston, s’il était au courant, pourrait être capable de le tester, pour savoir si le Grigson a les mêmes informations de son côté et s’il les lui partagerait. Il peut tout autant bluffer pour les lui soutirer. Alors, il prend un instant pour le dévisager, sans se permettre une éternelle analyse qui décrédibiliserait son ignorance. « Si elle a encore sa chambre de libre ou pas. » qu’il souffle, comme si c’était évident. Il se permet même un dernier coup d’oeil dubitatif dans sa direction avant d’achever l’installation de ses draps sur le canapé. S’il doit lui faire croire qu’il est paranoïaque pour enterrer cette conversation, alors ainsi soit-il. Comme pour accentuer son envie de passer à autre chose, il se charge de débarrasser la table basse du Ackerman, reprenant rapidement ses habitudes un tantinet maniaques dans un appartement qui n’est même pas le sien. « T’aurais pas eu le choix. J’avais de super idées pour rendre ce jour... marquant. » Il arque un sourcil, dans une grimace traduisant parfaitement tout ce que ça lui inspire : une profonde méfiance. Il est bien placé pour savoir que les limites de Winston sont très floues, et que ses idées peuvent parfois sérieusement remettre en doute sa santé mentale. Il est parfaitement au courant de ses bizutages en fac de médecine, racontés avec beaucoup d’enthousiasme sous le regard parfois profondément dégoûté du Grigson. En entendre parler est une chose, en être la cible en est une autre. « Dis m’en plus, que j’me félicite de pas être rentré. » Et il est très sérieux. Il dépose dans la foulée l’assiette et la bière sur le comptoir, après avoir vidé ce qu’il restait de cette dernière dans l’évier. « Ouais. J’aurai pu passer à Sydney. » Il sent bien l’ironie dans le ton qu’emploie le bouclé. Pourtant, malgré ça, il ne flanche pas. « Ouais, t’aurais pu. » qu’il se contente de répondre, sans détourner le regard. On pourrait presque croire que Reese se paie le toupet de lui reprocher de ne pas avoir proposé de passer — et ce n’est pas si éloigné de la vérité. Il n’a pourtant donné aucune adresse. Mais après tout, Winston aurait pu la lui demander en lui partageant son envie de lui rendre visite. Toute la mauvaise foi du Grigson ressort, et ce n’est pas beau à voir. Il hausse vaguement les épaules, avant d'offrir l’assiette de pâtes au shiba, un léger sourire se glissant au coin de ses lèvres en voyant ce dernier dévorer les restes. Un sourire qui fane sitôt la question à propos de Leo posée. Il se contente d’affirmer qu’elle est au courant de son retour, sans prendre la peine d’ajouter la moindre précision. L’air outré qu’arbore Winston lui fait arquer un sourcil interrogateur. Pour quelqu’un de normal, c’est plutôt l’inverse qui aurait semblé choquant. Mais le Ackerman n’a définitivement rien de normal. Malgré tout, il ne s’attarde pas, préférant porter son attention sur le frigidaire pour lui proposer un repas — sans se priver de tacler celui de son ami au passage. « Sérieusement? » Il fronce les sourcils, lorsque la voix du chirurgien s’élève dans son dos. Légèrement confus, il tourne la tête pour lui jeter un regard perplexe du coin de l’oeil. « Ça te faisait tant chier que ça de me donner des nouvelles et de me prévenir aussi de ton retour? » Il comprend bien vite que ce n’est pas de l’insulte envers sa cuisine qu’il s’offusque, mais bien toujours du sujet Leo. Malgré tout, il en reste abasourdi. Il referme la porte du frigo après quelques instants passés immobile, faisant dorénavant face au brun. « Tu m’fais quoi là ? » Une crise de jalousie, assurément. Ce n’est pas la première fois qu’il en reçoit une de sa part, depuis qu’une rivalité étrange s’est formée entre lui et la blonde. Seulement, cette fois-ci, il la saisit encore moins que les autres. « Je suis littéralement chez toi, ça suffit pas pour te prévenir de mon retour ? » Avec les années, Reese s’est acclimaté au tempérament volcanique du plus jeune. Il a appris à gérer son impulsivité sans céder lui aussi immédiatement à la colère, malgré son manque de patience évident. Ce n'est pas sans lui rappeler le comportement qu'il adopte avec son petit frère — sauf que son frère a huit ans. Après quinze années passées à se côtoyer, il n'a pas l'impression de devoir encore lui prouver son importance.
-L- e problème avec Reese, c’est que vous vous ressemblez trop. Vous êtes trop têtus. « J’peux repartir si tu veux. » Tu le fixes, l’air devenu glacial. Quel petit con. Il l’est presque autant que toi. Vos provocations vous insupportent et pourtant elles sont quotidiennes. Pourtant, tu saurais comment t’y prendre avec Reese, pour que tout se passe au mieux. T’en étais juste incapable. « Ouais bien sur. T’as qu’à aller pioncer chez Léo. » Parce que s’il était chez toi, c’est qu’il sait, lui aussi, que l’accueil de Léo sera plus explosif. Au détail près qu’il était déjà allé chez elle, mais ça, ça ne t’effleurait même pas l’esprit. Tu n’as pas conscience de tout les changements qui s’effectuaient depuis des semaines maintenant, alors qu’on prenait soigneusement garde à ce que tu n’en saches rien. Il te détaille, cherchant un signe qui pourrait le conforter dans une interprétation de ta réponse. Mais tu n’en donnes aucun, la neutralité primant. Vous jouez un rôle pour tenter de vous bluffer l’un l’autre, dans l’espoir de trouver le moindre indice qui pourrait éclaircir la situation. C’était désolant d’en arriver là avec une personne qui savait tout de toi. « Si elle a encore sa chambre de libre ou pas. » Qu’il te répond comme si c’était évident. Tu hausses les épaules, empruntant la même expression dubitative. « Je viens de te le dire, que je ne savais pas si elle avait une chambre de libre. » S’il voulait jouer au plus con, vous pouviez jouer les prolongations. Parce que vous êtes aussi bons l’un que l’autre dans ce genre d’exercice puéril. Lorsque tu lui parles de ton envie de fêter son anniversaire, ses traits se figent dans la méfiance. Reese te connait trop bien pour penser qu’il s’agirait de ballons, de bougies et de confettis. « Dis m’en plus, que j’me félicite de pas être rentré. » Tu ricanes, mais ne lui réponds pas. Tu ne lui diras pas, parce que tu gardes ça dans un coin de ta tête pour la prochaine décennie. Tu recycleras tes mauvaises idées parce que sans doute qu’à quarante ans, tu ne seras pas beaucoup plus mature. « Non, j’te ferai la surprise pour tes quarante ans. » Parce que c’était toujours aussi impensable qu’il sorte de ta vie dans les prochaines années. Même après l’avoir vu disparaitre sans difficultés durant de longs mois, tu n’envisages pas que l’expérience se réitère. Et puis, vient l’affront de Reese, qui te fait regretter toutes ces belles pensées. « Ouais, t’aurais pu. » Tes yeux deviennent ronds, surpris pas son aplomb. T’es sidéré. Il a le toupet de te reprocher ton absence, lorsque c’était lui qui s’était barré sans vous donner de nouvelles. Il se fout de la gueule de qui exactement? « Si tu m’avais donné ton adresse je serai venu, connard. » T’as l’insulte trop facile avec Reese, habitude prise pendant votre adolescence où les grossièretés étaient quotidiennes. Mais t’es particulièrement outré de sa réponse. Elle t’irrite, te fait cracher ton venin. Ce que tu peux lui en vouloir plus encore en à peine quatre mots. « Tu veux qu’on regarde de quand date ta dernière réponse? » Et sans attendre, tu sors ton téléphone de ta poche, cherche bien trop longtemps la conversation avec Reese, qui s’était glissée bien trop bas dans le répertoire, et lorsque tu la trouves enfin, tu tournes l’écran dans sa direction, comme pour lui mettre sous le nez sa connerie. Son dernier message datait d’avril, et tu n’as pas besoin de l’énoncer, il le sait déjà. Il n’y avait ensuite que quatre ou cinq sms laissés sans réponse.
Lorsqu’il t’annonce avoir déjà prévenu Leo, c’est une nouvelle crise qui détonne. Des retrouvailles calmes et apaisées auraient été étonnantes. Il referme la porte du frigo, perplexe. Ses sourcils se froncent dans l’incompréhension, et il te fait face, un air de représailles sur le visage. « Tu m’fais quoi là ? » T’as juste envie de lui faire un gros doigt, incapable de reconnaître tes excès. « Je suis littéralement chez toi, ça suffit pas pour te prévenir de mon retour ? » Tu lèves les yeux au ciel, dépité. « T’appelles ça prévenir toi? » Il ne t’avait pas prévenu. Il s’était juste pointé comme une fleur, la bouche en coeur. Il te l’avait plus imposé qu’il ne t’avait prévenu. « J’espère qu’elle t’a bien chié à la gueule quand t’as daigné répondre à ses messages. » Parce que tu connaissais assez bien Leo pour deviner le genre d’accueil qu’elle lui fera. Et t’es une adorable petite fleur à côté de ce que tu peux imaginer d’elle.
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Sa relation avec Winston a toujours été particulière. Souvent mal vue. Aucun d’eux ne peut être réellement perçu comme une bonne influence. Il compte de nombreux déboires, de nombreuses conneries couvertes tantôt par l’un, tantôt par l’autre. Malgré tout, ils ont toujours réussi à s’en tirer à bon compte, avec une amitié certes douteuse, mais toujours intacte après toutes ces années. Ils ont essuyé de nombreux conflits, de longues semaines à se faire la gueule comme les gosses qu’ils étaient. Et parfois, il se surprend à penser que même à ses quatre-vingt ans, il pourra toujours pester combien l’Ackerman le fait chier. « Ouais bien sur. T’as qu’à aller pioncer chez Léo. » Winston ne se doute probablement pas à quel point il vise juste. L’un comme l’autre, ils ont conscience que la rancoeur de Leo surpasse celle du chirurgien, de quoi ne laisser aucun doute sur son accueil s’il avait à toquer chez elle — seulement, en l’occurrence, c’est déjà fait et constaté, ce qu’il se garde bien de partager à son ami. « Je viens de te le dire, que je ne savais pas si elle avait une chambre de libre. » C’est comme s’observer dans un miroir, tant ils empruntent les mêmes expressions factices. Il ne plisse les yeux qu’un bref instant, avant de les lever au ciel, lâchant un profond soupir exaspéré. D’un point de vue extérieur, leur conversation actuel a certainement l’air ridicule, tant elle tourne en rond — résultat de leur méfiance mutuelle. Reese entre dans un rôle, s’auto-convainquant qu’il n’a pourtant rien à cacher. « Ok. Je pensais juste que vous vous seriez peut-être reparlés depuis. J’tâcherai d’être plus clair la prochaine fois. » qu’il souffle avec ironie, malgré son mensonge. Il n’a aucune envie de poursuivre sur le sujet, et serait presque soulagé d’entendre à la place les projets du chirurgien pour son anniversaire s’il n’était pas aussi persuadé qu’ils n’avaient rien de réjouissant. « Non, j’te ferai la surprise pour tes quarante ans. » Il arque les sourcils, quelques instants incrédule avant de réaliser que si, il serait parfaitement capable de cultiver son plan sur dix années encore. « J’ai hâte. » qu’il lâche, dans un rictus sarcastique. Avec un peu de chance, il aura oublié d’ici là — bien qu’il en doute, sa mémoire est vraiment redoutable pour ce genre de conneries. « Si tu m’avais donné ton adresse je serai venu, connard. » L’envie de répliquer lui brûle les lèvres. Malgré tout, il est conscient de la fragilité de leurs retrouvailles, à cet instant, et de la facilité avec laquelle Winston pourrait tout bêtement le mettre à la porte. Alors il ravale une ultime provocation, non sans difficulté, son regard planté sur l’Ackerman. « Tu veux qu’on regarde de quand date ta dernière réponse? » « Pas vraiment. » Il est déjà en train de chercher. Reese fronce les sourcils, l’observant faire d’un air dubitatif. Et lorsque Winston retourne l’écran pour lui mettre son dernier message sous le nez, il ne se donne même pas la peine d’y jeter un coup d’oeil, son regard inlassablement fixé au bouclé. « Je sais quand j’ai arrêté de te répondre, Win. » Peut-être parce qu’il est le principal concerné. Il ne saurait certainement pas donner le moment exact, mais il sait qu’une poignée de jours environ a suffi pour interrompre leur échange. Seulement, s’il aurait pu prédire sa réaction là-dessus, celle qui suit est bien moins anticipée. La possessivité de Winston l’étonnera toujours, tant elle lui paraît injustifiée. « T’appelles ça prévenir toi? » Il le fixe longuement, une légère grimace d’incompréhension déformant ses traits. « Ouais. » qu’il finit par lâcher après un silence perplexe. Il est averti de sa présence en la constatant de ses propres yeux, et ça lui semble terriblement logique au Grigson. Il oublie seulement que sa logique n’est pas celle de tout le monde. « T’aurais préféré un sms dans le couloir avant que j’toque ? » Il n’envisage même pas la possibilité de l’avoir prévenu des jours avant, puisqu’à ce moment-là, lui-même ignorait quand il reviendrait. Son retour a été trop précipité, et il en oublie presque que Winston n’est pas au courant du chaos régnant autour de sa réapparition sur les terres de Brisbane. Il faut dire qu’il s’applique à ne rien laisser paraître. « J’espère qu’elle t’a bien chié à la gueule quand t’as daigné répondre à ses messages. » Il esquisse une grimace, aussi confuse qu’offusquée. Il se réjouirait probablement de savoir que Leo ne s’est pas contentée de ça, préférant lui coller un pain en guise d’accueil. « A quel moment j’ai dit que j’avais répondu à ses messages ? » Il est resté vague pour ne pas avoir à parler du contexte de leurs retrouvailles, pas pour déclencher une scène de jalousie. « C’est pour ça que tu m’tapes une crise ? » De toute évidence, oui. En connaissant Winston, ça faisait sens. Il a l’art de tirer des conclusions hâtives, et de créer des compétitions là où il n’y en a pourtant aucune. « Je l’ai croisé par hasard. Félicitations, t’es le premier que je vois volontairement. » qu’il ironise, une pointe d’agacement dans la voix. Il le dévisage longuement, les instants suivants, avant qu’un soupir ne franchisse finalement la barrière de ses lèvres. Il n’a aucune envie de passer sa soirée à se battre avec l’Ackerman, encore moins après s’être déjà battu avec Leo. « J’suis fatigué Win. » Autant physiquement qu’émotionnellement. C’est probablement la chose la plus honnête qu’il lui ait dit jusqu’à présent. « On peut pas juste se poser ce soir ? On s’engueulera demain si tu veux. » qu’il souffle, las, dans une apparente supplique. Il a besoin d’une trêve, d’une soirée comme ils en faisaient avant son départ, pour lui donner l’illusion que tout ce qui s’est passé depuis n’a jamais existé. « Je t’ai proposé de te faire à bouffer, t’as toujours pas répondu. J’vais finir par me vexer. » Il tente de l’amadouer, clairement, et ne s’en cache absolument pas — quand bien même il le voudrait, Winston verrait clair dans son jeu. C’est toujours cette attitude qu'il adopte pour essayer de faire oublier ses conneries.
-T- u tentes de comprendre s’il y avait un sujet délicat lorsque Reese te pose une question si évasive. Vous vous emmêlez dans un quiproquo en essayant de démêler une vérité que tu étais loin d’atteindre aujourd’hui. « Ok. Je pensais juste que vous vous seriez peut-être reparlés depuis. J’tâcherai d’être plus clair la prochaine fois. » Tu arques un sourcil. Tu pensais pourtant avoir fait un bel effort en passant l’éponge avec Albane. Cependant ça semblait être une suite logique pour Reese. Tu n’aurais pas songé qu’il t’imaginait si vite passer à autre chose et renouer contact si simplement avec Albane, au point de discuter de sa vie de colocation. Ou alors est ce qu’il s’attendait à ce que tu continues à squatter chez elle? « Si tu trouves ça évident… » Que tu souffles, toujours aussi sceptique face à ses réponses.
« Pas vraiment. » Il te fixe sans relâche, et même lorsque tu lui montres ton écran, il ne daigne pas poser ses opales dessus, concentré à te dévisager. « Je sais quand j’ai arrêté de te répondre, Win. » Super? Tu étais sensé t’en réjouir? Tu ne comprends pas sa réponse. « Super alors. » Que tu grommelles, pas forcément satisfait de sa réaction. « Ouais. T’aurais préféré un sms dans le couloir avant que j’toque ? » Tu souffles, exaspéré par ses réactions. Il doit sans doute connaitre la réponse, et t’espères qu’il comprend au moins un peu ce que tu lui reproches. T’avais cependant cette impression de parler à un mur. « Non, juste quand tu as pris la décision de revenir, à minima? » Ça ne te semblait pas trop lui demander. Tu jugeais que ça devrait même être le stricte minimum. Ce qui n’était sans doute pas un point de vu partagé avec le Grigson. Malgré vos ressemblances frappantes, vos divergences d'opinion étaient parfois radicales. « A quel moment j’ai dit que j’avais répondu à ses messages ? » Tes sourcils se froncent d’incompréhension. C’est ce qu’il t’avait dit il y a quelques secondes, non? Elle était au courant, c’est lui qui te l’avait pourtant annoncé. Tu restes silencieux, un regard fixe posé sur son visage agacé, le temps d’y voir plus clair. « C’est pour ça que tu m’tapes une crise ? » C’est quoi ce suspens qu’il met en place là? T’as du mal à suivre son raisonnement. « Je fais pas de crise. » Tu te défends mal parce que si, tu lui faisais une crise. Tu ne supportes pas la différence qu’il met en place entre vous, en particulier quand elle était en ta défaveur. « Je l’ai croisé par hasard. Félicitations, t’es le premier que je vois volontairement. » Oh. Cool. Même si Reese est particulièrement excédé par ton attitude, toi tu ne regrettes rien. Tu te sens un peu con d’avoir interprété trop rapidement sa phrase, certes, mais tu avais au moins la satisfaction de savoir que tu n’étais pas totalement délaissé par ton ami. En tout cas, pas plus que Leo. « Ah. » Que tu réponds dans un premier temps, subitement calmé. T’es comme un adolescent à qui on avait prouvé qu’il avait tord mais qui était trop fier pour l’admettre. Alors tu pinces tes lèvres, cherchant ce que tu pourrais rétorquer avec mauvaise foi. « Bah t’aurais pu le dire plus tôt. » Voila. Ça, c’était de la mauvaise foi, bien typique de ton caractère puéril. C’était rarement de ta faute, et toujours celle des autres. Cependant le son de ta voix s’est apaisé, revenant au calme d’il y a quelques minutes. « J’suis fatigué Win. On peut pas juste se poser ce soir ? On s’engueulera demain si tu veux. » Tu soupires doucement, et abdiques par la même occasion. Vous tourniez en rond et tu n’avais plus de raison d’insister encore et encore. « Ok. Va pour demain. » Que tu réponds avec ironie. Il se doutais que ce sujet reviendrait sur le tapis un jour ou l'autre, et plusieurs fois. Peut être trop souvent, bien trop touché par ce que tu avais vécu comme un abandon d’une des personnes qui compte le plus pour toi. « Je t’ai proposé de te faire à bouffer, t’as toujours pas répondu. J’vais finir par me vexer. » Tu l’observes longuement, passant une main dans ta nuque. « Hm. Ça dépend. Qu’est ce que tu me proposes? » Et c’était reparti comme si rien ne s’était passé, comme si tu n’avais pas eu envie de lui exploser l’autre tibia. « Comment ça a été? » Tu finis par lui demander avec curiosité, rebondissant sur le sujet abordé quelques secondes plus tôt. Tu enchaines comme si Reese pouvait suivre le cours de tes pensées. « Avec Léo, je veux dire. » Que tu clarifies finalement, conscient que même s’il te connaissait par coeur, il ne pouvait pas deviner ton raisonnement. « Même si savoir comment ça s’est passé à Sydney m’intéresse aussi. » Puisqu’il ne t’en a rien dit. Ça te brule les lèvres, c’était presque attendu ce genre de réflexe mais tu l’intériorises comme tu peux.
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Le minois bien plus fermé qu’il ne le devrait, Reese se laisse aller aux contrariétés les plus futiles, peu disposé à fournir les efforts nécessaires pour faciliter leur échange. C’aurait été bien plus simple s’il n’avait pas ce besoin constant de faire parler son ego — ou s’il était d’une meilleure humeur. Winston semble aussi exaspéré que désemparé face à sa mauvaise foi, pourtant depuis longtemps établie chez lui. Il faut croire que ce défaut ne s’apaise pas avec les années, préférant faire la surprise de s’exacerber. Il ne sait pas se contenter de reconnaître avoir merdé — quand il veut déjà bien le faire. Tel un adolescent, il y a toujours une contestation, toujours un mais pour tout balayer. Ses remises en question sont épisodiques, bien trop lentes et difficiles à tirer. « Non, juste quand tu as pris la décision de revenir, à minima? » Il pense un bref instant à lui avouer qu’il n’a pris cette décision que la veille au soir, bouclant ses valises dans la foulée et enchaînant sur un trajet interminable jusqu’à Brisbane sans se laisser le temps d’un répit, pour qu’il lui foute la paix sur ce sujet à peine entamé. Seulement, à la place, il fronce le nez, ne poussant qu’un léger soupir dans un regard en biais. Envoyer des messages à ses proches pour les prévenir de son retour était la dernière de ses préoccupations, à ce moment-là. Seule sa soeur y a eu droit, avant d’essuyer un nouveau silence de la part de son cadet. Elle aurait probablement préféré ne pas en recevoir, si ça avait pu lui permettre de le revoir à la place. « Je fais pas de crise. » Il arque un sourcil incrédule, sans relever pour autant. Et puis, lorsque l’explication tombe, le chirurgien semble tout-à-coup pantois. Les opales du Grigson détaillent sa mine de haut en bas, profitent d’un spectacle qu’il sait d’avance de courte durée. « Bah t’aurais pu le dire plus tôt. » Il ne s’est pas trompé sur le caractère éphémère de ce silence coupable. Il roule des yeux, sans pour autant s'indigner. « Ou t’aurais pu me demander, si ça te tenait tant à coeur. » qu’il souffle, dorénavant plus bougon qu’agacé. Ils ressemblent à deux gosses, et parfois, Reese est vraiment tenté d’accuser Winston de le faire régresser en terme de maturité. Leur communication ne s’est pas vraiment améliorée depuis leurs années collège, malgré le temps passé. La majorité de leurs disputes résident sur des incompréhensions que n’importe qui aurait pu régler en une discussion posée. Visiblement, c’était parfois déjà trop leur demander. « Ok. Va pour demain. » Il hoche légèrement la tête en guise de réponse. Malgré le ton ironique qu’il emploie, Reese ressent une pointe de reconnaissance. Il sait que faire lâcher le morceau à Winston n’est pas toujours chose aisée. C’est sans doute l’une des personnes les plus obstinées qu’il connaisse, et ça n’a rien d’une qualité dans l’écrasante majorité des cas. En revanche, il ne réalise que d’autant plus l’effort que ça lui demande, lorsqu’il daigne abdiquer. « Hm. Ça dépend. Qu’est ce que tu me proposes? » Et ils passent à autre chose, certainement trop facilement, pourtant tous deux conscients que ce n’est que partie remise — ça ne les perturbe pas, cette épée de Damoclès suspendue au dessus de leurs têtes. Il replonge le nez dans son frigidaire, comme si rien ne s’était passé depuis le premier coup d’oeil qu’il y a jeté. C’est ce qu’il sait faire de mieux. Ignorer les problèmes qui contrarient sa route, les remettre au lendemain jusqu’à ce que ça devienne tout simplement impossible. « J’peux faire un risotto. » Il lui jette un bref coup d’oeil par dessus son épaule, cherchant vaguement son approbation, même s’il serait surpris de ne pas l'obtenir. En toute humilité, il est plutôt bon cuisinier, et lorsqu’on le compare à Winston, le terme excellent devient tout-à-coup plus approprié. Ce n’est pas si souvent qu’il propose de lui-même de se mettre derrière les fourneaux de cet appartement. La plupart du temps, il s’y résout sous l’insistance du bouclé. « Comment ça a été? » Il arque un sourcil, l’interrogeant silencieusement sur le sujet. « Avec Léo, je veux dire. » Il esquisse une légère grimace, alors qu’il récupère peu à peu les ingrédients dont il a besoin pour les déposer aussitôt sur le plan de travail voisin. Il aurait dû se douter qu’il voudrait en savoir plus. « Même si savoir comment ça s’est passé à Sydney m’intéresse aussi. » Il a conscience que Winston prend sur lui pour aller dans son sens, alors doucement, le Grigson se détend. C’est probablement l’un de ses pires défauts. Qu’importe qu’elle soit méritée, la moindre virulence à son égard l’a toujours braqué immédiatement. Sa fierté l’empêche de fournir des efforts s’ils ne sont pas réciproques, et surtout, s’ils ne le sont pas rapidement. « Comme tu l’imagines j'pense. » Mal. Prévisible, mais pas moins difficile à encaisser. « Rajoute à ça un pain dans la gueule et on sera bon. » qu’il souffle dans un léger rictus, avec la même désinvolture que celle dont il ferait preuve s’il détaillait une liste de courses. Ce n’est pas la première fois qu’il en reçoit un de la part de Leo, ce dont Winston est par ailleurs au courant. Il en a entendu parler autant pour son statut d’ami que pour son statut de chirurgien. « J’ai encore de la chance qu’elle m’ait pas pété le nez, j’imagine — c’est quand la dernière fois que t’as nettoyé ton frigo ? » Il passe d’un sujet à l’autre, sans gêne, lui lançant un regard accusateur après avoir récupéré un dernier ingrédient oublié à l’intérieur. Il soupire, haussant les sourcils comme s’il avait laissé son gamin trop longtemps sans surveillance. Ce n’est pas impossible que l’Ackerman le retrouve en train de récurer son frigidaire au petit matin, voire dans la nuit si une nouvelle insomnie vient le tenir éveillé. Il rince rapidement les champignons avant de les déposer sur la planche, près d'un oignon et d'une gousse d'ail, et s’affaire à les découper. « Et Sydney… Ça allait. Ça m’a fait du bien. » Il jette un bref regard au chirurgien, alerte quant à ses réactions. « J’ai trouvé un job rapidement, dans un supermarché. Les gens étaient plutôt cool. » qu’il souffle distraitement, alors qu’il fait glisser la lame du couteau contre la planche pour repousser les morceaux d’oignons et de champignons jusqu’à l’une de ses extrémités, se laissant tout le loisir d'émincer la gousse d'ail. Les personnes qu'il a rencontré durant ces trois mois se sont montrées avenantes le temps de son séjour — peut-être même trop en ce qui concerne ses collègues, pour un caractère comme le sien. Mais globalement, il n'avait pas à se plaindre. Dans un court silence, il remplit une casserole d'eau, la positionnant dans la foulée sur la plaque de cuisson avec une poêle. « Mais je suis quand même content d’être rentré. » Sa voix n’est pas aussi enjouée qu’elle devrait l’être, sur ces mots. Content n’est pas le mot adéquat mais c’est celui qu’il choisit. Il est sincèrement soulagé de retrouver ses repères de toujours. En revanche, il l’est bien moins de constater l’état de ses relations, ou de se rappeler ce qui l’a poussé à partir, puis à revenir aussi soudainement. Comme un réflexe qu’il ne devrait probablement pas avoir, il profite de la bouteille de vin blanc sortie d’origine pour le risotto pour sortir deux verres sur le plan de travail. Il n’a pas encore bu une goutte d’alcool depuis la veille, Reese. Et tristement, ça lui manque déjà.
-D- ans un soupire il lève les yeux au ciel, sans doute aussi désespéré qu’habitué à ce genre de réaction de ta part. Vous étiez si similaires sur certains points, que prédire la réaction de l’autre devenait naturel, et plus rien ne vous étonnait. « Ou t’aurais pu me demander, si ça te tenait tant à coeur. » Tu fais une moue vexée, cruellement enfantine. T’es de mauvaise foi, et s’il tente de reporter la faute sur toi, tu la rejettes automatiquement. « Bah c’était vachement ambiguë ta phrase aussi là. » Tu ne pouvais pas concéder ta part de responsabilité dans cette querelle. Depuis qu’il était revenu, t’étais convaincu que tout était de la faute de Reese. Et tout sera de sa faute, jusqu’à ce que tu t’en lasses. Il jette de nouveau un oeil dans ton réfrigérateur, les traits concentrés. « J’peux faire un risotto. » Tu acquiesces vivement, ne connaissant que trop bien les talents culinaires de Reese, largement meilleurs que les tiens. De toute façon, la plupart des personnes cuisinaient excellemment bien en comparaison à tes prouesses catastrophiques. Alors tu ne pouvais qu’accepter cette proposition qui sauvera ton palais du gout brulé qu’il assimilait quotidiennement. Tu la remarques, sa grimace, lorsque tu abordes le sujet de Léo. Tu comprends aisément que les retrouvailles ont été complexes et sans doute explosives. « Comme tu l’imagines j'pense. » Tu grimaces à ton tour, t’imaginant le pire. Tu serais presque tenté de chercher les bleus sur la peau. Léo avait un caractère si impulsif que tu avais plus de mal à deviner avec exactitude ce dont elle était capable. Tout ce dont tu te doutais, c’est qu’elle ne l’accueillerait pas avec la bouche en coeur. « Rajoute à ça un pain dans la gueule et on sera bon. » Tu arques les sourcils avec une certaine surprise. Ah, dans le visage. Tu ne pensais pas la rencontre si brutale. Au pire, tu avais songé à une balayette, mais pas à ses phalanges dans son minois si rapidement. Tu l’inspectes de nouveau, à la recherche d’une lésion, mais visiblement son nez se portait plutôt bien et il ne présentait aucun coquard. « Qu’est ce que tu lui as dit? » Tu ne peux t’empêcher de lui demander, comme s’il était responsable de cette violence. Il l’était déjà de part son absence imprévue, mais tu te soupçonnes que ses mots avaient été mal choisis lorsqu’il est tombé nez à nez avec la blonde. Il fallait dire que même avec toi, il n’avait pas été très délicat. « J’ai encore de la chance qu’elle m’ait pas pété le nez, j’imagine — c’est quand la dernière fois que t’as nettoyé ton frigo ? » Tu hausses tes épaules. C’était bien le nez alors. De nouveau, tu te mets à fixer son tarin, recherchant une trace du passage de la blonde. « J’sais pas. Fais gaffe qu’il y ait pas des moisissures au fond. » Le connaissant hypocondriaque, tu prends un malin plaisir à exagérer la situation pour le mettre mal à l’aise. C’était de bonne guerre. « Ça m’aurait fait chier de te croiser à l’hôpital pour ton retour. » Et qu’est ce que t’aurait gueulé, ne supportant pas de le retrouver suite à des raisons médicales. « Et Sydney… Ça allait. Ça m’a fait du bien. J’ai trouvé un job rapidement, dans un supermarché. Les gens étaient plutôt cool. » Tu l’observes couper ses ingrédients sur la planche avec attention. Tu te contentes d’acquiescer distraitement, pas vraiment enchanté que ça se soit si bien passé sans vous. T’aurais aimé que le manque lui gâche un peu cette expérience, rancunier au point de lui souhaiter des malheurs. C’était puéril comme réaction, mais tu n’appréciais que peu de savoir tes proches heureux sans toi, d’autant plus lorsque ta vie est tombée en ruine durant son absence. « Mais je suis quand même content d’être rentré. » Il n’en avait pas franchement l’air, étrangement. Ses traits ne reflétaient en rien un sentiment de joie ou de soulagement, bien au contraire. Il est bien maussade, Reese. « J’me doute. Mais souris, quand tu dis ce genre de truc. » Que tu te contentes de répondre, avec autant d’entrain que lui, quelque peu confus. Il vous serre deux verres de vin. Tu te lèves pour t'emparer du tiens, et le portes à tes lèvres. Vous continuez la soirée sur la même tonalité, à vous raconter la vie que vous aviez manqué l’un de l’autre, même si tu ne peux t’empêcher de noter qu’il ne s’était pour l’instant pas intéressé à ce que tu avais vécu pendant ces mois sans nouvelles.
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