| (margot #1) all you cool people, you better leave now |
| | (#)Jeu 14 Juil 2022 - 16:04 | |
| Il ne sait pas pourquoi il a invité Margot au marathon. Les oncles sont supposés inviter leurs nièces à boire une glace, au restaurant, à un parc d’attraction, à une journée en ville ou Dieu sait quoi encore. Il aurait pu le faire, tout ça. Il aurait pu dégager quelques heures pour elle, pour prendre de ses nouvelles, pour discuter un peu avec elle et se remémorer à quel point elle ressemble au fantôme de son père. Pourtant, il n’en est rien. Il a eu une idée de génie, Rhett, ou tout du moins il s’en est convaincu: inviter Margot au marathon. C’est une chouette activité à faire en famille, non ? Si elle ne meurt pas d’insolation, elle le maudira pour les dix années à venir à cause des courbatures qui seront les siennes pour toute une semaine. Oh, qu’elle était terrible, cette idée. S’il en avait parlé à qui que ce soit, ne serait-ce une seule personne, on saurait sans nul doute pu le lui dire. Mais Rhett n’en a rien fait, homme fier et borné: n’importe quel occasion devrait être une bonne excuse pour être avec sa jeune nièce, alors celle-ci n’est sans doute pas si pire qu’il n’y paraît ? Et puis, l’occasion de manger une glace après le marathon serait toujours possible… oh, oui, s’il n’avait pas déjà proposé à Evie de le retrouver une fois la ligne d’arrivée passée. Tant pis, ce sera sans doute pour une prochaine fois, ce n’est pas comme si Margot avait six ans et aucun téléphone à elle, n’est-ce pas ? Il n’en trouve pas souvent le chemin mais est encore capable de le faire, par moments.
La proposition de lui appeler un taxi ayant été refusée, il se demande si elle le rejoindra à vélo ou bien en voiture (est-ce qu’elle a le permis, Margot ? est-ce qu’elle a une voiture, Margot ?). Peu importe. Elle sait se débrouiller seule et il n’y a rien de plus normal vue son âge, il ne craint donc pas qu’elle le laisse en plan parce qu’elle aurait oublié la date du rendez-vous, l’heure, ou Dieu sait quoi encore. Elle n’est pas comme ça. Tout comme son père, elle est quelqu’un de raisonnable, de sérieux, de toujours présent pour les autres et surtout sa famille, même celle qui a tendance à oublier un peu trop souvent son existence. Ainsi, lorsqu’il observe sa mince silhouette s’avancer, il fait à son tour quelques pas en sa direction, la prenant maladroitement dans ses bras un court instant, ne sachant pas comment la saluer tant les occasions à ce sujet son rares. “Tu vas bien ? Tu as prévu une bouteille d’eau ? J’en ai pris deux, si jamais.” Une question pour elle, une question reliée au sport. Il ne sait pas faire sans, c’est plus fort que lui. C’est pourtant là sa façon à lui de faire des efforts, et c’est bien sûrement ce qui est le plus pathétique dans toute cette histoire, au final: il est presque au meilleur de ses capacités, là, et ça n’a rien de reluisant. “Je me disais qu’on pourrait faire quelque chose d’utile de notre journée, mais si jamais t’en as marre ou que tu veux arrêter tu me le dis de suite, d’accord ?” Soucieux de ne pas la pousser au bout de ses capacités, il pose déjà les limites de l’exercice, lui qui sera bien sûr le premier à concéder à quitter la course à ses côtés: pour sa part, il n’oserait jamais avouer à quel point ses jambes le font souffrir, le moment venu.
@margot hartfield |
| | | | (#)Ven 15 Juil 2022 - 21:04 | |
| All you cool people, you better leave now, feat @Rhett Hartfield › Le marathon de Brisbane était un événement régulier de la ville côtière. Au-delà du caractère sportif, c’était surtout une occasion de mettre en lumière une association caritative. Cette fois-ci, c’est Run For Judy qui en serait la tête d’affiche, une association dont le but était de permettre aux enfants hospitalisés d’animer leur séjour et d’être accompagnés. Margot était bien placée pour affirmer que passer des jours et des jours à l’hôpital pouvait être morose, surtout pour des enfants qui devraient normalement s’amuser, vivre leur enfance, tout simplement. Si elle comptait s’y rendre pour regarder et profiter des stands, elle n’aurait jamais pensé y participer et encore moins avec son oncle Rhett. A la différence de Ruben, ils n’avaient jamais été très proches et les drames familiaux n’avaient pas arrangé la situation, si ce n’est le contraire. Enfant déjà, elle se demandait pourquoi il ne voulait pas passer plus de temps que ça avec elle. Si la différence d’âge était une raison, elle devenait de plus en plus caduque avec les années qui s’écoulaient. A vrai dire, elle ne comprend toujours pas aujourd’hui, mais maintenant elle ne cherche plus à savoir pourquoi. Elle laisserait le destin désamorcer la situation, à condition qu’il y ait quelque chose à désamorcer.
Margot fut surprise lorsqu’elle reçut le message de son oncle Rhett qui l’invitait à participer au marathon avec lui. Pour le coup, elle ne s’y attendait pas, si bien qu’elle avait cligné plusieurs fois les yeux devant son écran pour être sûre qu’elle ne rêvait pas. Si au début elle ne savait pas comment réagir, elle ne se voyait pas refuser vu qu’il faisait le premier pas. Elle a conscience qu’elle aurait très bien pu le faire aussi et ce, depuis longtemps. C’est juste qu’elle ne savait pas comment s’y prendre. Elle ne le connaissait pas si bien et avait peur du malaise qui pourrait planer si elle organisait quelque chose qui ne lui plairait pas. Au final, il avait pris les choses en main et forcément, elle était contente. Par contre, elle ne l’avait pas vraiment montré dans ses réponses. C’est ce genre de situations qui réveillait sa maladresse et qui pouvait la rendre froide alors qu’elle était sincèrement impatiente d’y être. Sa seule crainte était qu’ils se limitent à des morceaux de conversation superficiels, comme quand ils se retrouvaient aux réunions de famille. Avec cette idée dans un coin de la tête, elle se rendit sur les lieux, vêtue d’une tenue de sport classique. Et en le voyant au loin, elle se mit naturellement à sourire avant de réduire la distance qui les séparait. Face à lui, elle répondit à sa soudaine étreinte, écarquillant nerveusement les yeux quand il avait le dos tourné. Cette proximité était étrange, digne des scènes de rencontre dans les séries comiques grand public. « Salut Rhett. Ça va et toi ? Et oui t’inquiètes, j’ai tout dans mon sac. », annonça-t-elle en brandissant fièrement son petit sac à dos. On en dirait pas comme ça mais il contenait tout ce dont elle avait besoin pour survivre. De l’eau, deux encas salés, deux encas sucrés, des mouchoirs, des pansements et ses écouteurs. Sa gestion de l’espace était certainement l’une de ses plus grandes fiertés et elle ne manquait pas de rappeler aux gens son exploit d’avoir mis deux semaines de vêtements dans un bagage cabine lors de ses vacances en Nouvelle-Zélande en 2016. « Ok ça me va. Je vais faire le max ! » Elle le faisait pour elle, pour le challenge et le dépassement de soi, mais aussi pour lui, pour ne pas le décevoir. « D’ailleurs, merci de m’avoir invitée. Je l’aurais jamais fait si tu m’avais proposé. » Elle souriait timidement, elle ne voulait sûrement pas le mettre mal à l’aise. « On va chercher nos dossards ? » Elle se tourna vers le stand qui organisait le marathon et se dirigea vers ce dernier avant de se placer derrière les personnes qui attendaient déjà leur tour. « Tu vas passer la journée ici ? », demanda-t-elle poliment. De son côté, elle n’avait rien de prévu, si ce n’est le marathon, et son déroulement conditionnerait la suite. En espérant que tout se passe bien, bien entendu. |
| | | | (#)Sam 16 Juil 2022 - 1:24 | |
| L’étreinte entre oncle et nièce est rapide, maladroite, mais elle a au moins le mérite d’exister. C’est sans doute une bonne chose, et, surtout, c’est tout ce à quoi Rhett arrive à se raccrocher, lui qui fait déjà de son mieux pour ne pas tousser pour étouffer son malaise face à la jeune femme. « Salut Rhett. Ça va et toi ? Et oui t’inquiètes, j’ai tout dans mon sac. » Il hoche la tête, murmure qu’il va bien, passe à la suite. Il n’a de toute façon aucune autre réponse convenable à lui donner et la vérité importe peu dans ce genre de situation. Il va bien parce qu’il est un adulte à la vie rangée, le reste n’existe pas. Le présentateur se contente d’un sourire simple, fier de sa nièce alors qu’elle s’est contentée de penser à amener une bouteille à un fichu marathon. Cela fait du sens, c’est logique et, surtout, elle a déjà plus de vingt ans et non six. Pourtant, il est fier d’elle, pour si peu, toujours incapable de le lui dire. Il garde aussi ses commentaires pour lui au sujet de tout le reste, de toute façon. Elle est déjà grande - elle a pris quelques centimètres depuis leur dernière rencontre, non ?
« Ok ça me va. Je vais faire le max ! » “J’en doute pas une seconde.”
Tous les Hartfield sont différents à bien des niveaux si ce ne sont tous mais chacun a cette rage de vaincre qui court dans leur sang. Il l’observe de sa hauteur, passe d’un œil à l’autre, son sourire désormais uniquement au coin des lèvres, amusé. Parfois, il se demande comment il a pu passer à côté de toute la vie de Margot, elle avec qui il n’a pourtant jamais eu le moindre mal à s’entendre et trouver des centres d’intérêts communs. Simplement, il n’a jamais fait davantage d’efforts en ce sens, ce qui était son rôle à lui et à lui seul: jamais il ne laisserait reposer la faute de la distance sur cette enfant haute comme trois pommes devenue femme. « D’ailleurs, merci de m’avoir invitée. Je l’aurais jamais fait si tu m’avais proposé. » La remarque n’est pas là pour le blesser mais il ressent un certain pincement au cœur. “Je me suis dit que ça pouvait être l’occasion de se revoir.” Il a surtout pensé qu’il pourrait sortir, lui, et seulement après qu’il pourrait demander à Margot de l’accompagner. Mais la finalité reste la même alors il n’y a pas besoin de préciser, n’est-ce pas ?
Le sourire de Margot est doux, timide. Cette fois-ci, c’est à sa mère qu’elle lui fait penser bien plus qu’à Jackson: son frère aîné n’a jamais rien eu de timide. « On va chercher nos dossards ? » Elle avance déjà en direction du stand et fait quelques pas, assez pour que Rhett doive revenir à sa hauteur à petites foulées et l’arrêter en enroulant ses doigts autour de son bras, doucement. “On peut directement aller demander à un ami à moi. Pas besoin de faire la queue.” Il connaît du monde dans l’organisation, bien sûr, et il n’y a nul besoin pour eux que de faire la queue avec le reste des participants et d’attendre aussi bêtement que le temps passe. Du pouce, il désigne une tente à quelques mètres de là, vide, où ils trouveront leur bonheur et passeront entre les mailles de l’administratif ennuyeux. « Tu vas passer la journée ici ? » - “Tu as prévu quelque chose ?” Trop habitué à ce que la question ne soit pas pour lui-même mais bien pour la personne face à lui, il la lui retourne déjà, par curiosité bien plus que par soupçon - ou n’importe quel autre sentiment du genre. Au fond, il est simplement curieux de savoir à quoi ressemble une journée type dans la vie de Margot Hartfield, orpheline oubliée. “Je vais retrouver une amie après le marathon. Je sais pas trop, j’ai pas couru autant depuis longtemps, je sais pas à quel point je serai en forme après.” Il hausse les épaules, comme s’il parlait d’un simple jogging de quelques kilomètres, rien de bien méchant et surtout pas un marathon. L’un après l’autre, ses pas le mènent désormais au stand indiqué. “Tu fais plus trop de tennis, alors ? C’est dommage, t’étais douée.” Il reprend l’énoncé de ses messages, n’ayant de toute façon pas beaucoup de sujets de conversation pré-établis. Le sport, c’est bien. |
| | | | (#)Lun 18 Juil 2022 - 22:33 | |
| All you cool people, you better leave now, feat @Rhett Hartfield › Participer à un marathon était un défi énorme, peu importe la condition sportive du participant. Pour certains, c’était le challenge d’une vie, un dépassement de soi, une manière de témoigner des efforts entrepris pour y arriver. Margot, elle n’entrait pas vraiment dans cette catégorie. Elle n’était pas très aventurière, elle préférait rester chez elle et faire une activité physique quand elle en avait envie – et quand toutes les conditions météorologiques le permettaient. Elle ne rêvait pas de finir un marathon, elle ne rêvait pas finir première à une course. C’était un prétexte pour qu’elle se rapproche de son oncle Rhett, oncle qui était distant avec elle depuis son enfance. Elle ne lui montrait et elle ne lui montrerait sûrement jamais que ça l’avait peinée, qu’un membre de sa famille n’ait pas été présent pour elle, dans les bons comme dans les mauvais moments. Après tout, elle était une Hartfield. La famille avait un certain don pour dissimuler les choses, en particulier leurs émotions. Si Margot en enfouissait certaines, elle en exacerbais d’autres. Sa timidité pour preuve, elle ne savait pas réellement où se mettre maintenant qu’elle était en face de son oncle. Mais elle essayait, parce qu’il avait fait l’effort de l’inviter alors qu’il n’était pas obligé de le faire. Un sourire se dessina sur son visage alors qu’ils entamaient la conversation. « Pour le coup, j’aurais préféré qu’on se revoit autour d’un café mais un marathon où je risque de mourir d’essoufflement fera aussi très bien l’affaire. » Jamais trop éloignée de son honnêteté, elle nuança son propos en utilisant un ton rieur, parce qu’elle ne voulait pas le blesser. Elle lui glissait juste une idée autre qu’un événement où ils finiraient inondés dans leur sueur et la tête aussi rouge qu’une tomate en pleine saison. « Tu t’es préparé toi ? » Peut-être qu’à la différence de Margot, Rhett avait un objectif pour ce marathon. Après tout, c’était lui le plus grand sportif de la famille et elle se doutait qu’il ne prendrait pas le défi à la légère, surtout pour la bonne cause. D’ailleurs, elle oubliait parfois que son amour du sport lui valait une notoriété dans le milieu, du fait de ses nombreuses interventions télévisuelles. Et c’est sûrement ce point qui lui accordait des avantages, y compris le fait de pouvoir chercher leurs dossards sans avoir besoin de faire la queue.
« Trop cool. », murmura-t-elle. Elle avait rarement eu d’accès VIP, si ce n’est aux vernissages où sa mère participait. C’était jamais plaisant d’attendre pour un bout de papier qu’ils colleraient dans leur dos, surtout s’il y avait plusieurs dizaines de personnes devant eux. Il répondit à sa question par une autre question, ce qui la perturbait quelques secondes, avant de reprendre. « Je sais pas vraiment. Je vais sûrement faire un tour des stands pour prendre un chocolat chaud et regarder ce qu’ils font. Et puis je rentrerai. » Un programme assez flou, plutôt étrange pour une fille organisée comme Margot. A vrai dire, elle pensait beaucoup trop à ce moment qu’elle passerait avec Rhett pour planifier le reste. Mais bon, elle finirait par trouver de quoi s’occuper. « J’en fais toujours un peu, c’est juste pas régulier comme avant. » Le tennis est une de ses passions mais malheureusement, elle devait faire des sacrifices pour assurer à la fois ses études et son travail. Le tennis en faisait partie. « Avec la fac, mon job, et tout le reste, j’ai pas trop le temps d’aller sur un court. » Occultant son compliment, elle ne s’était jamais sentie forte. A vrai dire, elle faisait du tennis parce qu’elle aimait ce sport, pas pour la compétition. « Mais j’aimerais bien y retourner plus souvent, quand ça sera plus calme. » Elle pinça ses lèvres après avoir terminé ses explications, ne sachant pas trop quoi dire pour le relancer. « Tu… voudras jouer un jour ? » Elle croisa quelques instants son regard, peut-être était-ce à son tour de faire un pas vers lui. |
| | | | (#)Mer 20 Juil 2022 - 18:32 | |
| « Pour le coup, j’aurais préféré qu’on se revoit autour d’un café mais un marathon où je risque de mourir d’essoufflement fera aussi très bien l’affaire. » Il sourit, sa nièce n’ayant jamais perdu son sens de l’humour. Il ne sait pas grand chose à son sujet, mais c’est au moins un trait de caractère qu’il a toujours remarqué et su apprécier chez la jeune femme. “La prochaine fois, je te paierai un café, promis.” Pas cet après-midi, il l’a déjà promise à Evelyn, mais dès demain il sera de nouveau disponible pour sa nièce, à défaut de déjà savoir que sa proposition attendra plusieurs jours, semaines ou mois avant de prendre forme. Son sourire n’en est pas moins grand pour autant, lui qui ne comprend toujours pas à quel point ses défauts peuvent faire du mal à ses proches, et ce toujours malgré lui. Rhett a envie de faire des efforts pour être plus proche de Margot (puisque de toute façon, il ne pourrait pas faire pire) mais il est encore en train d’apprendre comment y parvenir et il se contente bien souvent de promettre des choses sans spécifier quand elles deviendront réalité. A ses yeux, c’est un début. « Tu t’es préparé toi ? » Il marque la négation, tout en nuançant rapidement ses propos. “Je continue de faire du sport, mais rien de précis pour un marathon.” Rien à son niveau d’antan ; voilà ce qu’il sous-entend. Il fait du sport comme n’importe quel homme à des heures de bureau pourrait en faire, il n’y a rien de quoi se vanter. Officiellement, il dira que son corps reste habitué à tous les entraînements professionnels qu’il lui a fait subir pendant des décennies ; officieusement, il dira que son corps est surtout abîmé par ces derniers autant que par son accident et qu’il ne fait que jouer avec le feu. Qu’importe. “On ira à ta vitesse, t’en fais pas.” Et ce sera l’excuse parfaite pour expliquer qu’il ne s’est pas hissé sur le podium: il avançait au rythme de Margot, voyons.
Rapidement, Rhett annonce à sa nièce qu’ils n’ont pas à faire la queue pour récupérer leurs dossards et que parler à un ami du présentateur suffira amplement pour leur fournir la précieuse feuille. « Trop cool. » Il glisse un regard amusé en sa direction, simplement désolé d’avoir raté toute l’enfance de cette jeune fille capable de s’émerveiller d’un rien - et de s’énerver pour tout aussi peu. A la question de Margot, il répond par une autre, cherchant à savoir si la sienne comprenait avant toute chose un sous-entendu. La vérité, c’est que pour sa part, de toute façon, il a effectivement déjà prévu quelque chose pour l’après-midi à venir. « Je sais pas vraiment. Je vais sûrement faire un tour des stands pour prendre un chocolat chaud et regarder ce qu’ils font. Et puis je rentrerai. » Cette fois, il hoche la tête, peinant sans doute à mimer l’intérêt pour un programme aussi peu intéressant à ses yeux. Elle est mignonne, Margot, mais il ne trouve pas le programme grisant. S’il lui convient, cependant, il serait bien le dernier à le critiquer, surtout alors qu’il trouve très arrangeante l’idée qu’elle ait déjà quelque chose de prévu, même de façon assez flou. “C’est un chouette programme.” Qu’il ment, comme mentirait un parent annonçant à son enfant que son dessin est le plus beau de l’univers, quand bien même il a dû juste avant lui demander ce qu’il représentait. Oui, bien sûr que c’est une maison avec un hélicoptère dessus et un ballon à la place du soleil: c’est évident.
Il préfère de toute façon parler de sport, marquant son intérêt pour la vie de Margot en parlant plus spécifiquement encore du tennis. C’est son sport, son monde: vous voyez qu’il l’a retenu, ça. « J’en fais toujours un peu, c’est juste pas régulier comme avant. Avec la fac, mon job, et tout le reste, j’ai pas trop le temps d’aller sur un court. » - “Mais ça te dirait de reprendre ?” Parce que c’est ça, la seule question qui importe réellement aux yeux de Rhett. Peu importe le reste ; les études, c’est pas vraiment important. Elles sont faites pour s’adapter au sport et aux passions et pas l’inverse, non ? Et puis la famille a déjà un médecin, elle n’a pas à se mettre autant de pression sur les épaules alors que tout le monde ne peut déjà que se douter qu’elle ne sera pas au niveau du si précieux et si talentueux Ruben Hartfield. « Mais j’aimerais bien y retourner plus souvent, quand ça sera plus calme. » La voilà, la réponse qu’il attendait en réalité. Il lui jette un dernier regard, leur conversation coupée par sa courte discussion avec son ami Benny, à qui il demande de lui sortir son numéro en plus de celui de Margot Hartfield. Non, c’est pas ma fille imbécile, c’est ma nièce. Et finalement, il ne saurait dire qui de lui ou de Benny a le rire le plus gêné suite à cette question, qui pourtant n’était pas si improbable. « Tu… voudras jouer un jour ? » Il croise son regard un instant, confus, peu certain d’avoir entendu la question telle qu’elle a effectivement été prononcée. “Euh oui, oui, bien sûr.” La surprise n’arrive pas à être canalisée mais sa réponse reste sincère: il a effectivement envie de jouer avec elle, ne serait-ce qu’un après-midi et quelques parties rimant avec. “Tu me diras quand tu as un créneau de libre ? Je m’arrangerai avec ABC.” Il n’a pas su trouver de temps pour elle au cours des vingt dernières années mais le voilà qui serait prêt à tout maintenant qu’on lui propose l’idée d’une activité intéressante sur un plateau d’argent. |
| | | | (#)Mer 20 Juil 2022 - 23:30 | |
| All you cool people, you better leave now, feat @Rhett Hartfield › Ce moment qu’elle passait avec son oncle Rhett avait commencé d’une très bonne manière, et ces moments étaient tellement rares que c’était un aspect important à souligner. Elle ne s’attendait pas à ça, elle se disait qu’ils allaient être chacun de leur côté comme lors des réunions familiales où ils étaient à l’opposé de la table, au mieux ils allaient échanger quelques politesses. Au final, ils s’engageaient dans une conversation, certes simple et tournée vers le sport, mais il n’y avait aucun blanc. Margot semblait un peu plus à l’aise en sa compagnie et était impatiente de voir ce qui allait se passer par la suite. « Juste un café ? Même pas la pâtisserie qui va avec ? » Un sourire en coin, elle connaissait très bien l’entourloupe. Après tout, elle travaillait dans un salon de thé, elle en voyait tous les jours des gens qui en demandaient plus, surtout lorsque ça concernait les sucreries et autres gourmandises. Rien que d’y penser, elle avait faim, elle en oubliait même le marathon. Mais ce n’était pas plus mal, avec l’effort qu’elle s’apprêtait à faire, elle aurait encore moins de scrupules à se faire plaisir une fois que c’est terminé. C’est les paroles rassurantes de Rhett qui la ramenaient sur Terre. « Je sais même pas c’est quoi la stratégie, s’il faut commencer tranquille ou pas, etc. » Elle se disait que lui avait sûrement la réponse. « Et puis qui sait, ça se trouve c’est toi qui pourras pas suivre. » Elle en doutait mais son défi serait de lui mettre de la distance sur quelques mètres à un moment de la course, histoire de satisfaire son égo.
Pouvoir avoir leur dossard sans avoir à faire la queue était un avantage plus que confortable. D’ailleurs, Margot ne put s’empêcher d’imaginer quels étaient les autres qu’il avait, grâce à son travail. Il devait sûrement avoir des places pour les plus grandes manifestations sportives, il devait croiser de grands sportifs et pouvait certainement interagir avec eux. Après tout, il passait à la télé et comme partout, il y avait des mauvais mais aussi des bons côtés. Au moins, elle savait vers qui s’adresser si elle avait une question à propos du sport. Enfin, encore fallait-il qu’elle décide de le faire. Naturellement, la conversation finit par porter sur le sport favoris de Margot : le tennis. C’était une passion depuis qu’elle était enfant et à vrai dire, le seul sport qu’elle avait pratiqué sur la durée. Elle avait un potentiel mais la compétition, ce n’était pas vraiment son objectif. Elle, elle jouait pour le plaisir, pour s’étonner, pour offrir du beau jeu. Elle n’avait jamais rêvé d’une carrière, ça ne l’intéressait pas, surtout qu’il suffisait d’un accident pour que tout soit réduit en fumée. Rhett était bien placé pour le savoir. Saluant alors Benny, l’organisateur que son oncle connaissait, elle attrapa la première partie qu’elle colla sur sa brassière avant de tendre la deuxième à Rhett. « Tu peux me le coller derrière ? » Elle se tourna pour lui présenter son dos.
Lorsqu’elle lui proposa de jouer au tennis avec elle un jour, elle fut agréablement surprise qu’il réponde sans trop réfléchir et elle fit alors un grand sourire. A la fois contente et satisfaite, elle s’en voulait presque de ne pas lui avoir proposé plus tôt. « Oui pas de souci ! C’est pas obligé qu’on le fasse rapidement. » Elle sortit son téléphone de son sac et utilisa la fonction agenda, son outil d’organisation préféré et essentiel. Margot était très ordonnée, surtout quand il fallait planifier des activités. C’est le genre de personnes à faire la liste des choses à acheter ou à préparer à l’avance. « Sauf si t’as envie ? » Elle fit rapidement défiler les dates avant de se tourner vers lui, son écran en évidence. « J’ai prévu d’y aller le week-end prochain, ou alors le mois prochain. » Même si elle ne souhaitait pas se forcer, elle essayait d’y aller une fois par mois, pour ne pas trop perdre. Elle pourrait même lui proposer les mois suivants, s’il préférait. Dans tous les cas, elle était prête à faire des compromis sur son calendrier, si ça lui permettait de passer du temps avec son oncle. |
| | | | (#)Jeu 21 Juil 2022 - 17:29 | |
| « Juste un café ? Même pas la pâtisserie qui va avec ? » Elle a un sourire en coin, il a un rire sincère. Il lui doit bien ça - même s’il sait très bien qu’elle ne dit ça que pour le comique de la phrase et rien d’autre. “Vous êtes difficile en affaire, mademoiselle Hartfield.” Ce n’est pas un oui, ce n’est pas un non non plus, mais les deux savent déjà ce qu’il en sera. Elle aura le droit à son café et à toutes les pâtisseries du monde si c’est ce qu’elle désire. Il n’est peut-être pas bien proche d’elle, mais au moins il n’est pas avare. « Je sais même pas c’est quoi la stratégie, s’il faut commencer tranquille ou pas, etc. » Elle le fait rire, cette Margot, à toujours penser les choses comme s’il y avait réellement à réfléchir derrière et à penser à toutes les façons possibles de parvenir à son terme, que ce soit le plus rapidement ou le plus facilement possible. Elle est une tête, c’est évident, et il comprend à chaque instant un peu mieux pourquoi elle s’entend aussi bien et aussi simplement avec Ruben. “Commence tranquille, c’est toujours une bonne idée.” Pas en championnat, pas quand il y a véritablement quelque chose à gagner si on se hisse sur le podium, mais c’est au moins le conseil qu’il peut lui donner pour le contexte actuel. S’ils étaient sur un court de tennis, il aurait eu des mots bien différents. « Et puis qui sait, ça se trouve c’est toi qui pourras pas suivre. » Il croise son regard, le sien brillant autant que celui de l’adolescente devenue jeune femme. “Poursuis un rêve à la fois.” Comme si une gamine pouvait prendre l’ascendant sur lui, voyons.
Le numéro de candidat flanqué dans le dos de Margot, il en profite pour embrayer sur le sujet du tennis dès la seconde suivante, n’ayant cette fois-ci pas à fournir le moindre effort pour être intéressé par ce qu’elle lui raconte. Il l’est tout autant qu’elle lui propose de jouer avec lui, un jour, chose qu’il accepte évidemment avec grand plaisir et surtout sans aucun doute. « Oui pas de souci ! C’est pas obligé qu’on le fasse rapidement. » Il l’observe sortir le téléphone de sa poche, amusé par toute son organisation à la pointe de la technologie - même si certes, il garde lui aussi son agenda sur son téléphone, pas complètement à côté de la plaque non plus. “Tu sauras me trouver un créneau dans ton emploi du temps de ministre ?” Il s’amuse avec ironie, ne doutant pas qu’ils sauront trouver un jour sur lequel s’accorder sans avoir à faire trop de compromis. Après tout, il n’a que quelques heures à l’écran chaque semaine et pour elle, c’est à peine plus d’heures qu’elle accorde à l’université. Le week-end sera leur, sûrement, et de son côté il n’aura aucun mal à privatiser un court pour eux et leur tranquillité - hors de question qu’ils soient au milieu de la foule. « Sauf si t’as envie ? » - “Quand tu veux Margot, t’en fais pas.” Il tente de répondre dans un sourire assuré, tendre. Le temps n’est pas contre eux et il a de toute façon beaucoup d’années d’absence à rattraper pour aujourd’hui lui imposer une plage de temps en particulier. Il s’adaptera à elle, à ses sorties, à ses envies. Lui aura de toute façon toujours envie de jouer au tennis avec elle et de se rendre compte de ce dont elle est capable (et ce qui lui reste, à lui). « J’ai prévu d’y aller le week-end prochain, ou alors le mois prochain. » - “Je note moi aussi. C’est plus simple maintenant que j’ai plus de déplacements.” Il n’a plus de déplacements à faire depuis presque cinq ans et ce n’est pas pour autant qu’il a trouvé le temps de se rapprocher de sa famille, mais ce n’est pas faute de faire des efforts. Une fois tous les trente six du mois, disons.
“On peut profiter d’avoir notre dossard pour partir dans les premiers.” Il y aura plusieurs vagues pour ne pas que les coureurs se marchent dessus, alors ils peuvent profiter de leur coupe fil pour aller au bout des choses. D’ici quelques minutes, ils pourront donc s’élancer dans la course, ce qui laisse à Rhett tout le temps du monde pour ensuite retrouver Evie une fois la ligne d’arrivée franchie. "Ça va ? Pas trop stressée ? Tu sais c’est juste un petit truc pour une association, y’a pas de pression.” Il énonce à son égard, ses yeux baissés sur sa jeune nièce alors qu’ils font quelques pas en direction de la ligne de départ, faisant aussi office de ligne d’arrivée. Il n’y a rien de véritablement sérieux dans cette course, sinon il n’aurait jamais été assez fou pour y traîner Margot. “Mais c’est cool que t’aies accepté. Enfin, je suis content.” Il est maladroit dès lors qu’il s’agit de parler de ses sentiments, mêmes les plus simples et évidents d’entre eux. “Tu me rappelles de plus en plus ton père en grandissant.” Mais ça, sans doute aurait-il pu s’en passer, certes. |
| | | | (#)Lun 25 Juil 2022 - 23:05 | |
| All you cool people, you better leave now, feat @Rhett Hartfield › Margot aimait rire mais il y avait certains sujets sur lesquels elle ne plaisantait pas et parmi ces sujets, il y avait la nourriture. Au-delà du besoin primaire qu’elle constituait, elle avait une passion pour cette dernière, si bien qu’au bout de quelques semaines après son emménagement à Brisbane, elle connaissait déjà les meilleures adresses pour déjeuner et diner, classées par type de cuisines et par préférence personnelle. Donc forcément, elle était très regardante là-dessus, même si dans le contexte actuel, elle l’était beaucoup moins. Quoique. « J’ai envie de dire que c’est de famille, monsieur Hartfield. » Elle lui sourit en retour, tous avaient leur domaine où ils étaient pointilleux. En l’occurrence, celui de Rhett devait être très certainement le sport. Et elle n’aimerait pas être confrontée à lui aux questions de sport dans les jeux de société. C’est justement parce qu’il savait de quoi il parlait que Margot écoutait attentivement les indications de son oncle. Commencer doucement. Elle devrait être capable de le faire. Après tout, elle savait plutôt bien se déplacer grâce au tennis mais sur de grandes distances, elle n’en était pas si sûre. « Bon bah j’abandonne aujourd’hui mon rêve de devenir médecin pour celui de te dépasser au marathon. Et j’ai le pressentiment qu’il va devenir réalité. » Un sourire taquin, elle ferait tout pour y arriver.
Pianotant sur son clavier de téléphone pour entrer les quelques heures de tennis qu’elle ferait en sa compagnie, elle fit mine de réfléchir après la question de son oncle. « Oui certainement, entre deux visio avec mon homologue néo-zélandais et philippin. » Et l’espace de quelques instants, elle s’imaginait ministre australien, à parler politique avec sérieux sur les plateaux télés tout en dénigrant ceux qui n’étaient pas d’accord avec elle. Tout ce qu’elle déteste. Au final, elle avait déjà prévu d’aller sur un court, ajouter Rhett ne compliquait en rien son organisation, bien au contraire elle n’avait plus besoin de demander à un de ses amis d’être son partenaire de jeu. « T’as quel niveau au tennis ? Pour savoir si ça sera plutôt une leçon ou un vrai match. » A vrai dire, elle ne savait pas s’il était fort ou pas, mais elle afficha un sourire confiant. Après tout, le tennis était sa seule chance d’être meilleure que lui en sport avec sûrement la danse – et encore, elle pourrait peut-être être surprise. « Ça ne te manque pas, les déplacements ? » A vrai dire, elle ne savait pas si c’était un aspect de son travail qu’il appréciait ou non. Mais elle était curieuse et voulait sûrement en apprendre plus sur son oncle. Après tout, il devait forcément être plus aventureux qu’elle, elle aime beaucoup trop son confort pour le délaisser plusieurs fois dans l’année. Elle avait besoin d’un foyer, d’être entourée, d’avoir une famille tout simplement.
Margot suivit Rhett vers la ligne de départ, plutôt à l’aise puisqu’elle sautillait sur place, comme quand elle voulait garder ses jambes échauffées après sa préparation physique de tennis. Elle n’avait pas couru comme elle s’apprêtait à le faire depuis longtemps, au moins depuis la fin de son lycée. Elle aurait certainement dû faire un jogging les jours derniers pour se remettre en forme. En tout cas, elle ferait au mieux. Elle profita de ses mouvements pour déplacer – plus ou moins discrètement – le dossard de son oncle de sorte que les numéros inscrits soient dorénavant à l’envers. Et elle était très satisfaite de son œuvre, presque un peu trop puisqu’elle ne put contenir son rire. Mais elle fit mine de rien, tout de suite concentrée à la ligne en pointillé qui se trouvait à leurs pieds. « Non même pas, j’ai même hâte. Et toi ? » Hâte de finir et de retrouver son canapé adoré, surtout. Mais pour l’instant, elle souhaitait surtout voir jusqu’où elle allait tenir. Elle sourit à Rhett avant de reprendre. « C’est normal. J’allais venir ici de toute manière, ça aurait été méchant que je refuse. » Elle était elle-même ravie qu’il soit content, ça montrait au final qu’ils n’étaient pas si déconnectés que ça. Cependant, les dernières paroles de son interlocuteur ne lui plaisait pas du tout, même si elles n’avaient pas vocation de la blesser et étaient une manière de se rappeler un être cher qu’ils avaient en commun. Un frère et un père. « Ah. » était la seule chose qui s’échappa de sa bouche, son visage se décomposant. Margot refusait le deuil, refusait d’en parler, refusait de se rappeler en présence de quelqu’un. Elle avait trop perdu, elle ne voulait pas toucher le fond comme après la mort de sa mère, même si elle en était proche. Sur le coup, elle lui en voulait de lui imposer l’image de son père chéri, de ne pas respecter toutes ses tentatives de refoulement. Ses mouvements ralentirent, c’était l’inverse pour les battements de son palpitant. Elle serra le poing, c’est la colère qui se réveillait. Mais elle se devait de la calmer, elle n’allait pas tout gâcher, pas aujourd’hui. Et pour ça, l’organisateur de la course vint à sa rescousse pour annoncer le départ imminent des premiers coureurs. « On va se placer ? » Elle mit un pied en avant, l’autre en arrière pour lui donner l’impulsion au départ. Au signal, elle courrait à allure moyenne, loin du courir doucement pour commencer. Et elle était muette, elle était sur la réserve, parce qu’au plus profond d’elle-même, elle avait mal. |
| | | | (#)Jeu 28 Juil 2022 - 17:28 | |
| « Bon bah j’abandonne aujourd’hui mon rêve de devenir médecin pour celui de te dépasser au marathon. Et j’ai le pressentiment qu’il va devenir réalité. » Si Rhett lui sourit en retour, il ne se fait pourtant aucune illusion quant à l’issue de cette course, à commencer par le fait qu’il se sait incapable de lui laisser la victoire, même si elle n’est qu’une enfant et lui un adulte qui en a déjà gagné plein, des concours en tous genres. Qu’importe. La vie ne lui fera pas de cadeau (elle le sait déjà bien assez), alors il ne lui en fera pas non plus pour ne pas l’habituer de la mauvaise façon. « T’as quel niveau au tennis ? Pour savoir si ça sera plutôt une leçon ou un vrai match. » Il n’a aucun niveau et il demandera conseil à ses amis dont le tennis est bien plus leur métier, ou au moins leur passion ; mais ça, Margot n’a pas à le savoir. “T’auras pas le temps de te tourner les pouces.” Il répond donc, confiant, sans choisir une option ou l’autre comme proposée par sa nièce. Il est hors de question qu’il se montre ne serait-ce médiocre, ou à peine bon. Il s’entraînera assez pour être tout aussi bon dans le tennis qu’il l’a toujours été dans le rugby, sûrement parce que les méthodes restent les mêmes, au fond ; surtout parce qu’il ne voit aucune alternative possible. Et parce qu’il lui est inconcevable de décevoir Margot. « Ça ne te manque pas, les déplacements ? » Le sourire qu’il lui dédie n’est que l’articulation d’un coup d’oeil bien trop triste pour qu’il puisse l’assumer. Margot a une bonne âme et, surtout, Margot a un peu trop d’intuition. “Si, bien sûr.” A vrai dire, tout lui manque dans son sport, à commencer par la pratique du sport en lui-même, chose que son corps lui refuse depuis quelques années déjà. S’il semble rétabli de l’extérieur, il n’en est en réalité rien, surtout pas dans son esprit.
« Non même pas, j’ai même hâte. Et toi ? » “Toujours.”
L’adrénaline. Ce n’est qu’une course caritative mais il prend la chose au cœur, Rhett, non sans oublier de garder un œil attentif sur sa nièce qu’il a décidé d’emmener du jour au lendemain dans une entreprise physique éprouvante. « Ah. » Son sourire disparaît à la seconde où il évoque Jackson, ce qui était très largement devinable. Il se mord la joue, se traite lui-même d’idiot, souffle doucement. “Désolé.” Elle sait de quoi il est désolé, alors il s’abstiendra au moins de répéter le sujet qui fâche tant. Finalement, ils en viennent à se placer en silence sans avoir besoin de souligner la cause du mal être entre eux. Elle a perdu son père, il a perdu son frère ; les choses sont évidentes et toujours aussi douloureuses, même des années après. Rhett part avec une seconde de retard, l’esprit embrûmé, et cale son rythme sur celui de sa nièce, pourtant plus rapide qu’il ne l’aurait imaginé. Au fil de la course, il prend pour habitude de poser sa main contre le dos de la plus jeune pour la remotiver et lui donner du courage, ayant pour sa part l’habitude d’ignorer ses douleurs. Ses genoux vacillent mais ce n’est pas le cas de son sourire, et à ses yeux c’est là tout ce qui importe. “Y’a un point de repos, là.” Il annonce après plus d’une dizaine de kilomètres, déjà, soucieux de ne pas jouer avec la santé de la jeune femme. “Tu veux que je t’y laisse ? Ils ont à boire et des biscuits.” Et lui, comme à son habitude, l’abandonnera sur le côté de la route pour mieux continuer son propre chemin, pensant bien faire. |
| | | | | | | | (margot #1) all you cool people, you better leave now |
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