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 (alfie&jo) i'm a phoenix in the water

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Message(#)(alfie&jo) i'm a phoenix in the water EmptyMar 19 Juil 2022 - 15:01

Spoiler:
Si elle l’avait pu, Lily aurait fait les choses autrement. Si elle l’avait pu, elle aurait tout fait plutôt que de se rendre elle-même chez Alfie, cette demeure qui était leur chez eux il y a peu encore. Aujourd’hui, la simple vue de l’édifice lui noue l’estomac, et ce n’est rien en comparaison de ce qu’elle ressent lorsqu’elle ouvre la porte avec son double des clés, le tout pour ne plus que sentir l’odeur du brun à l’intérieur des lieux. Elle n’a rien dit à Ezra, elle n’a rien dit à personne d’autre, mais il la terrifie. Ils ont toujours joué, il a toujours éveillé un bon millier de sentiments différents chez elle, mais aujourd’hui seule la peur l’emporte sur tout le reste. Parce qu’il est allé trop loin, parce qu’il n’aurait jamais dû, parce qu’il ne peut même pas se cacher derrière les mots que Lily a eu à son égard parce que cela n’a rien d’une nouveauté. Parce qu’il lui a volé cette annonce de grossesse, en la faisant le lui dire à lui en premier plutôt qu’à Ezra. Bientôt, elle passera le cap des trois mois et pourra se permettre d’en parler à ses proches sans craindre une fausse couche - moins, disons. Cela ne changera rien au fait qu’Alfie a été le premier à savoir et que pour s’assurer sa merci, elle est allée jusqu’à lui dire qu’il en était le père, sans même y réfléchir à deux fois. Et maintenant, elle estime qu’il mérite de continuer à le croire, quand bien même ce n’est pas une certitude. Il pourrait l’être, c’est vrai, mais jamais Lily ne fera de test de paternité, et jamais elle ne prendra le risque qu’il soit véritablement le père de cet enfant, parce que le plan de sa vie n’a pas été écrit avec Alfie Maslow en second personnage principal. Qu’il retourne avec Juliet s’il en veut tant, des enfants.

M’approche pas.” Elle a entendu le rythme de ses pas avant de le voir, ce qui lui a permis de déjà jeter un regard sur la porte dont sa silhouette se détache désormais. Si elle a une voix froide et assurée alors il n’aura d’autre choix que de l’écouter, n’est-ce pas ? La petite caisse pour ses chats est retenue par le pouce de la main qu’elle lève, pour ajouter le geste à la parole sans même réellement y penser. “Je récupère mes chats et je repars, je veux pas t’entendre.” Que pourrait-il bien vouloir, Alfie, de toute façon ? Se disputer à nouveau avec elle ? Lui dire à quel point Amelia était parfaite, à quel point Juliet l’est bien plus encore ? Son bras est encore en écharpe et il le restera pour plusieurs semaines encore. Au moins, elle a moins mal désormais et ses os se réparent seuls, à leur rythme. Les grands yeux bleus de Lily ne savent faire autre chose que s’attarder un instant de trop sur la silhouette de cet homme qu’elle a eu l’audace de considérer comme un ami, il y a peu encore. Elle est triste, au fond, et c’est assez évident pour qu’elle refuse de lui offrir davantage ce spectacle pathétique, préférant encore se frayer un passage à ses côtés pour chercher ses deux chats dans la maison et les ramener chez elle, une bonne fois pour toutes. “Tu les a vus ? Neige et Flocon ?” Cette fois-ci, elle observe la maison toute entière plutôt qu’Alfie, ayant de toute façon très peu d’espoirs quant à une réponse de sa part ; surtout une réponse utile. Elle se contente finalement de souffler, le genre de laisse tomber qui n’utilise pas trop de son énergie ou de son temps. Elle connaît les lieux, elle connaît les habitudes de ses animaux qu’elle trimbale de maison en maison depuis des années déjà. Elle saura se débrouiller, surtout alors que la seule aide à sa disposition reste lui.

La sonnette se fait entendre après plusieurs minutes, les yeux de la jeune femme roulant au ciel pour cette même raison. Elle n’a pas le temps de faire bon genre et elle n’a surtout plus aucune envie d’être vue dans cette maison. Elle repartira pour de bon d’ici quelques minutes à peine, dès que ses chats auront terminé leur jeu de cache-cache. “Va ouvrir. Je suis pas là.” Elle demande par deux fois, haussant le ton pour être certaine qu’il puisse l’entendre, peu importe où il se trouve. Peut-être qu’il a eu pour idée de s’occuper de ses rosiers pour de vrai, elle qui les utilise comme excuse pour son bras cassé depuis quelques maigres semaines déjà. Depuis qu’elle a dû trouver une excuse à son os brisé, en réalité. “Non c’est bon, je vais y aller.” Lily se reprend rapidement, ne voulant pas laisser un Alfie avec un caractère de cochon et sans doute une certaine propension à la vengeance accueillir la personne derrière la porte. Peu importe son nom, peu importe ce qu’elle veut. Ce n’est sans doute que le facteur ou quelqu’un faisant du porte à porte, de toute façon, elle ne se fait pas plus d’idées là dessus.

Et c’est justement parce qu’elle n’attendait rien qu’elle est d’autant plus étonnée de trouver la silhouette de son frère une fois la porte ouverte et la lumière extérieur infiltrée dans la maison. La surprise autant que l’incompréhension se lisent sur son visage, bien avant qu’elle ne pense même au problème de la double présence des deux hommes à si peu de distance. “Joseph ?” Qu’est-ce que tu veux ? Qu’est-ce que tu fais ici ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Elle a bien trop de questions pour n’en choisir qu’une seule, finalement, alors elle espère qu’il comprendra, son seul prénom étant polysémique. “Tu… Tu devrais pas être ici, Jo.” Et enfin, elle se rend compte de l’immense problème qui se présente sous ses yeux. Ils pourront parler en tête à tête s’il le souhaite, oui, d’accord, elle est prête à se sacrifier pour ça ; mais pas ici, surtout pas maintenant. Son ton est maintenant plus bas, ses mots plus saccadés à cause de l’urgence de la situation. Son prénom est raccourci, comme si si peu allait suffire à le persuader. Et, surtout, elle bégaye, elle hésite, elle butte sur des obstacles qui ne devraient pas exister, comme l’écharpe bleue nuit dénotant parfaitement de sa peau de porcelaine et de sa longue robe blanche. Il comprendra, comme toujours ; et comme toujours, elle aurait aimé que ce ne soit pas le cas.
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Message(#)(alfie&jo) i'm a phoenix in the water EmptyMer 27 Juil 2022 - 1:38

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Il avait remarqué que Stéphane boitait. Il l’avait pris dans ses bras pour tâter sa patte mais il avait sorti les griffes pour se défendre. Joseph n’arrivait même pas à prendre soin d’un chat. Une voiture l’avait probablement happé, lui qui se tient trop près des rues quand il n’est pas occupé à suivre son humain préféré dans tous les recoins de la ville. Stéphane ne s’était pas habitué à la vie d’appartement et passait tout son temps à le fuir, exactement comme son maître dès l’instant où il a préféré quitter le logement de Deborah parce que, à la simple vision de cette dernière, il sentait son estomac se retourner. Il l’a trop aimée. C’est la seule raison pour laquelle il a autant souffert lorsqu’elle a admis que les sentiments n’étaient pas réciproques.

« Tsk tsk tsk. » Il fait claquer sa langue contre son palet pour attirer l’animal qui le talonne dans l’ombre. Il se croit discret mais, à chaque fois que Joseph se retourne pour s’assurer qu’il n’a pas disparu, il aperçoit le bout de sa queue derrière un buisson, une poubelle, une boîte, un sofa qui attend d’être récupéré par le camion à ordures. Ça lui arrache un rictus et il oublie momentanément qu’il est en directement de chez Lily. Mais, devant l’appartement, il sort de sa poche quelques croquettes qu’il tend à Stéphane et ce dernier vient lui mordiller le bout des doigts. Il le soulève, le serre contre sa poitrine en faisant attention de ne pas accrocher sa patte sensible puis il inspire lourdement en fixant la porte d’entrée. Il ne va pas s’éterniser ici. Il a juste besoin de demander un service à sa sœur. S’il s’était lui-même cassé la jambe, il ne lui aurait jamais fait mention de l’accident mais, puisqu’il s’agit de son chat, c’est tout autre chose. Lily saura l’examiner pour lui dire s’il a besoin d’aller voir un vétérinaire. Avec un peu de chance, aucun os n’est cassé et il n’aura pas à débourser tout son salaire en soins. S’il avait eu une autre vie, il aurait offert une couronne en or au petit animal mais, dans la vie qu’il possède et de laquelle il doit se contenter, il peut seulement faire de son mieux.

Il n’est pas complètement idiot, Joseph. Il a examiné les allées et retours de Lily et d’Alfie. Il n’a jamais été bien loin de l’appartement, lui aussi à l’ombre, tout comme Stéphane. À cette heure, il ne s’attend pas à voir l’autre garçon. À cette heure, il est sorti, Lily aussi parfois, mais si c’est le cas, il se contentera de laisser un petit mot sur la porte. S’il ne l’a pas contactée avec son téléphone avant de venir, c’est tout simplement parce qu’il la déteste encore (à sa façon) et qu’il n’ose pas la relancer. Il lui en veut encore d’accueillir celui qu’il blâme pour tous ses maux.

Quand il pose son doigt sur la sonnette, il grimace parce qu’il réalise que ses mains sont moites et tremblantes. Il sait peut-être gérer des clients drogués ou agressifs, charger un flingue, jongler avec un canif ; lorsqu’il s’agit de sa sœur, c’est différent. Elle lui fait bien plus peur que toutes les armes qui l’entourent. “Joseph ?” Il accroche son regard au sien, la poitrine gonflée d’un air qu’il économise depuis une trentaine de secondes déjà. Il pose Stéphane à ses pieds et ce dernier s’assoit. Incapable de prononcer un seul mot, il se contente de faire glisser son sac le long de son bras afin d’y chercher le sachet de croquettes de l’animal. Elle n’aura qu’à lui en donner quelques-unes et il s’attachera à elle aussitôt. Joseph et Stéphane se ressemblent beaucoup. Ils suivent ceux qui offrent de la nourriture, un toit et un peu d’amour. « J’ai juste besoin d’un petit service. C’est Stéphane, il boite depuis hier et… » Il relève la tête puis ses yeux bleus s’accrochent à l’écharpe, de la même couleur, qui soutient le bras de sa sœur. Il n’a pas besoin de poser de questions. Son cœur devient noir. “Tu… Tu devrais pas être ici, Jo.” Il regarde par-dessus son épaule. Elle a murmuré. Elle ne veut pas être entendue. Il y a une autre paire d’oreilles qui les espionne. Au fond de son sac, ce n’est pas le sachet de croquettes qu’il empoigne mais bien le manche de son flingue. Il ne le sort toutefois pas. « Laisse-moi deviner. Tu n’t’es pas cassé le bras au boulot. » Et, sans demander son avis, il la contourne pour entrer dans l’appartement. Rien à foutre. Comme un rapace, il se met à scruter le salon, puis la cuisine, sans succès. Sa mâchoire est si crispée qu’il entend ses molaires grincer. Il doit user de toutes ses forces pour ne pas hurler à pleins poumons. « Tu voudrais bien m’expliquer pourquoi ma sœur a un bras dans l’plâtre, Ali ? » Il lance à travers la maison ; mais le surnom n’est pas prononcé affectueusement. Il est craché comme une injure, une moquerie, un rappel de cette amitié qui s’est terminée en trahison mais, surtout, une menace prête à être mise à exécution.
@Lily Keegan et @Alfie Maslow Amoureusement vôtre.


Dernière édition par Joseph Keegan le Mar 23 Aoû 2022 - 2:44, édité 1 fois
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Message(#)(alfie&jo) i'm a phoenix in the water EmptyLun 22 Aoû 2022 - 23:33

M’approche pas.” Il obéit. Tel l’enfant sage qu’il n’a jamais été, Alfie reste en retrait, laissant tout le soin à Lily d’occuper l’espace à la recherche de ses chats – promis, il ne les a pas kidnappés pour s’assurer qu’elle reste plus longtemps que nécessaire et qu’ils parlent. Il est inutile de brusquer les choses, de la forcer à se confronter à lui si elle ne ressent pas l’envie. Certains diraient qu’il lui faut du temps, mais c’est une foutue notion à la con, le temps, selon lui : il ne lui a fallu que quelques secondes pour bouleverser des décennies... d’amitié ? D’amour ? Il ne saurait dire, ce qui est très clair, cependant, c’est la haine qu’elle lui voue désormais et qu’il ne peut même pas contester tant elle est appropriée. Pour une fois dans leur vie, ils semblent s’accorder à l’unisson sur un sujet tant lui-aussi se déteste depuis ce jour-là. Presque. Au milieu de l’introspection qu’il sait justifiée et qu’il continue de maintenir à distance par peur du bilan qu’il pourrait en faire, émerge une pointe de satisfaction que jamais il ne s’autorisera à verbaliser. Le bras de Lily n’aurait jamais finir dans cet angle et pour cela, il ne s’en réjouira jamais. La fureur qu’il retourne contre lui n’a rien de surprenante et est sa plus vieille compagne. Les regrets qu’il dirige vers Lily, par contre, sont une chose qu’il n’est pas habitué à ressentir. Il a souvent fait abstraction de la culpabilité sous prétexte que l’issue le justifiait. Aujourd’hui, Alfie n’arrive pas à se justifier, ni à se pardonner et, aussi paradoxal que ça puisse paraître compte tenu de la gravité des choses, il ne s’attend pas à ce que Lily le fasse et ne le souhaite même pas. Il ne mérite pas de l’être. Il mérite de vivre avec ce poids sur sa conscience et certainement pas de se cacher derrière des excuses minables visant à accentuer les différences entre Callum et lui. Les gestes n’ont pas eu la même régularité ou la même violence, mais ils sont faits de la même base et il ne peut plus prétendre valoir mieux que l’autre type. Pire encore ; il connaissait très bien la situation de Lily et tout ce dont il devait l’épargner d’autant plus. “Je récupère mes chats et je repars, je veux pas t’entendre.” Alors il ne dira rien Alfie, peu importe si ce sont des dizaines, des centaines, des milliers de mots qui se bousculent déjà dans son esprit ; et peu importe aussi leur quantité, leur qualité, il sait très bien que ce ne sera jamais suffisant. “Tu les a vus ? Neige et Flocon ?” Il ne doit pas parler ; il se contente de hocher la tête par la négative. Il ne doit pas l’approcher ; il ne l’accompagne pas dans ses recherches. Il s’écarte même quand leurs chemins prennent le risque de se croiser, le dos bien collé au mur, aux meubles, jamais contre la porte qui lui offre son retour vers la liberté et qu’il ne veut, cette fois-ci, pas entraver.
La sonnette retentit alors qu’elle est occupée et Alfie s’imaginait prétendre l’être tout autant pour ne pas aller ouvrir. “Va ouvrir. Je suis pas là.” Mais, docile comme jamais auparavant, il entreprend de continuer à suivre les ordres, ses pas qui le dirigent déjà vers l’entrée. “Non c’est bon, je vais y aller.” Il hausse les épaules quand il finit par recroiser sa silhouette à bonne distance, l’air de lui dire de faire ce qu’elle veut, alors que déjà il s’engouffre dans une autre pièce pour lui laisser tout l’espace – plus que l’intimité – dont elle a besoin, s’en fichant bien de la personne à la porte. Il se fiche bien de ce quartier, d’ailleurs et maintenant qu’il a l’assurance que Lily ne reviendra pas à ses côtés, reste à statuer sur le sort de cette location puisqu’il est évident qu’il n’a aucun intérêt à la continuer, tout comme elle ne voudra pas revenir vivre en ces lieux.

« Tu voudrais bien m’expliquer pourquoi ma sœur a un bras dans l’plâtre, Ali ? » Et peut-être qu’il aurait dû laisser ses oreilles traîner pour ne pas que son sang se glace à l’entente de cette voix qui se rapproche déjà. Ce n’est même pas qu’il a peur de Joseph, c’est qu’il n’a aucune foutue envie de croiser son regard et que si cela devait être le cas, ça n’accentuerait que son envie de lui coller son poing dans la gueule puisque c’est à peu près le seul traitement qu’il mérite de sa part. Ce connard n’a rien à foutre ici et a encore moins le droit de jouer au frère qui se soucie de sa sœur quand il n’a jamais eu d’intérêt pour elle ou pour qui que ce soit à part sa sale gueule. « Tu voudrais bien fermer ta gueule ? » Qu’il lui demande sur le même ton quand l’intrus s’immisce jusqu’à l’intérieur de la maison et qu’il le perçoit à l’autre bout du couloir. Il n’a pas de temps à perdre avec lui et ses couilles nouvellement retrouvées ; Jo n’a toujours été qu’un lâche et s’il y a un jour où il se doit de le démontrer, c’est aujourd’hui. « Quoi, tu croyais avoir le monopole des os cassés ? » Il lui demande sans bouger, les bras qui se croisent sur son torse. « Sauf que moi, j’en suis pas fier. » Et à ces mots-là c’est vers Lily que son regard se tourne ; il ne doit pas lui parler, mais rien ne l’empêche désormais de lui présenter des excuses par le biais de Joseph – à croire qu’il y a une utilité à son retour dans sa vie, tiens.

@Lily Keegan @Joseph Keegan  :brows:
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Message(#)(alfie&jo) i'm a phoenix in the water EmptyMer 24 Aoû 2022 - 23:49

Ce n’est pas une bonne nouvelle de voir Joseph sur le pas de sa porte, tout comme cela n’avait rien de rassurant que, paradoxalement, Alfie obéisse au moindre de ses désirs sans même lui faire part de son avis sur la question. Alfie n’écoute rien ni personne. Joseph ne veut plus la voir. Et pourtant. Elle lui ouvre la porte uniquement parce qu’elle ne le savait pas de l’autre côté et, prise de court, la jeune femme ne sait finalement pas comment réagir. Dans d’autres circonstances, elle le jure, elle aurait aimé retrouver son frère et lui faire part des derniers événements de sa vie, à commencer par sa grossesse. Face à elle, pourtant, son aîné semble déjà être devenu père d’un petit animal qu’elle observe avec étonnement (depuis quand Joseph a un chat ? est-ce que c’est le sien, même ? l’a-t-il trouvé sur le bord de la route ?), et si elle voudrait prendre le temps de lui demander ce qu’il veut d’elle, Lily se contente finalement de l’observer reposer le sac au sol dans un moment suspendu - un moment dans lequel Alfie n’est pas à quelques mètres de là seulement. « J’ai juste besoin d’un petit service. C’est Stéphane, il boite depuis hier et… » Stéphane, c’est curieux pour un nom de chat. Stéphane, c’est tout ce qu’elle entend pour ne pas avoir à penser au reste et à l'enchaînement inévitable d’actions et de rencontres qui précipiteront leur fin à tous. Il ne devrait pas être là. Il aurait dû appeler, prendre la température, demander si elle serait chez elle. Il aurait dû faire les choses différemment, de sorte à ce qu’elle puisse anticiper le chaos et, surtout, l’éviter. Elle ouvre la bouche pour lui demander de toquer chez les voisins d’en face et de lui demander de dire qu’il vient de sa part ; au lieu de ça, elle lui dit simplement qu’il n’est pas à sa place - ce qui est tout aussi vrai, ceci dit. L’art de la rhétorique est le sien, mais elle ne l’utilise pas lorsqu’il s’agit de son frère, encore moins alors qu’elle est de façon évidente sous tension.

« Laisse-moi deviner. Tu n’t’es pas cassé le bras au boulot. »
Si, on fait des travaux dans le bâtiment.

A lui, elle ne lui donne pas l’excuse de la chute. Il l’a déjà entendue, il ne la croirait pas. A lui, elle tente de lui en donner une autre avec rapidité tout en tentant d’être convaincante. Face à lui, elle échoue lamentablement, parce qu’elle n’arrivera jamais à mentir aussi bien à Joseph qu’au reste du monde, qu’elle le veuille ou non. Ses pas tentent de se retrouver sur le passage de son frère mais il la repousse comme si elle ne pesait rien, laissant ainsi Lily le suivre de près tout en lui assurant qu’il se fait des idées, qu’il n’a pas le droit d’entrer comme ça, qu’il n’y a rien à chercher, qu’il ne peut de toute façon rien y faire. Joseph, c’est de Lily dont il n’a que faire, justement, rendu sourd et aveugle de rage. « Tu voudrais bien m’expliquer pourquoi ma sœur a un bras dans l’plâtre, Ali ? » - « Tu voudrais bien fermer ta gueule ? » Il avait toutes les raisons du monde de se montrer muet face à Lily, mais il n’en a aucune pour en faire de même face à son frère. Ces quelques mots échangés suffisent déjà à glacer le sang de la jeune femme alors qu’elle est incapable d’envisager une désescalade de la violence. Ce soir, il n’y aura pas de Alfie… pour lui demander de calmer le jeu des insultes. Au lieu de ça, c’est un regard désolé qu’elle tend à son (ex ?) colocataire. Si elle avait su le garder à l’entrée, rien de tout ceci n’aurait pu arriver. « Quoi, tu croyais avoir le monopole des os cassés ? Sauf que moi, j’en suis pas fier. » Ses bras posés contre son torse, Alfie campe désormais littéralement sur ses positions.

Postée derrière son frère, Alfie face à elle, c’est donc son regard qu’elle croise silencieusement, désormais effrayée pour un bon millier de raisons nouvelles, autant qui la feraient presque oublier leur récente discussion. Elle prolonge son regard, comprend ce qu’il tente de lui dire, voudrait lui pardonner autant qu’en profiter pour lui planter une épée directement dans le cœur. Elle n’en sait rien, en réalité, et rien ne lui permet d’y réfléchir davantage. Les deux hommes ont une histoire qui ne la regarde pas et à laquelle elle n’aurait jamais dû être mêlée, mais cela fait déjà trente ans que c’est le cas. “Jo, on en parlera plus tard. S’il te plaît.” Elle dépose une main contre son épaule, restant pourtant à distance, ayant appris de ses erreurs: trop proche de lui, elle risquerait de se prendre un coup, volontaire ou non. “Alfie ne m’aurait jamais fait de mal, il dit ça juste pour t’énerver, tu le sais.” Ses mots tentent d’être calmes et posés mais elle les aligne rapidement, pour que la rage de l’un ou de l’autre n’ait pas le temps d’exploser avant qu’elle soit arrivée au bout de sa maigre tentative de calmer les choses. “Pas vrai, Alfie ?” Son ton se hausse pour s’assurer qu’il entende et se rende compte qu’elle les lui dédie, idée qu’elle accentue un peu plus encore en tournant sa tête en sa direction. S’il veut qu’elle lui pardonne, c’est le premier pas qu’il doit faire en cette direction, en l’aidant.
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Message(#)(alfie&jo) i'm a phoenix in the water EmptyLun 29 Aoû 2022 - 23:00

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“Si, on fait des travaux dans le bâtiment.” Bien essayé, Lily. Seulement, ton frère connait toutes les variétés d’intonations dans ta voix et il y entend la malhonnêteté.

Il glisse entre ses doigts comme une sardine bien huilée et ses pas le mènent là où l’odeur de trahison pue le plus. Impossible de lui faire retrouver la raison : ce n’est pas son cerveau qui le contrôle actuellement mais bien la fureur. Un pantin désarticulé dont les fils sont tenus par la rage, et sa voix se fait grave et prédatrice quand il appelle le responsable de tous ses maux. Alfie ne se cache pas bien longtemps mais c’est dans son ADN de faire face au danger. Le plus drôle, c’est qu’il est encore vivant malgré ses tendances suicidaires. « Tu voudrais bien fermer ta gueule ? » Il redresse la muleta rouge juste sous les yeux du taureau qui souffle tout son air par ses narines. Son sabot claque au sol et ses cornes sont bien droites et aiguisées. Sa main se resserre autour du manche de l’arme à feu dissimulée dans son sac à dos. « Quoi, tu croyais avoir le monopole des os cassés ? Sauf que moi, j’en suis pas fier. » Il ne prend même pas la peine de mentir. Peut-être qu’il sait que Joseph peut le lire aussi bien que Lily, et que ses excuses seraient futiles. Ou alors il est complètement stupide, et ce n’est certainement pas sa rencontre avec le lavabo qui l’a rendu ainsi. Il oublie peut-être que son ancien ami ne traîne pas avec les bonnes personnes et que son sac ne contient pas seulement des croquettes pour chat, des clopes et des bouquins que Jules lui a gentiment prêtés. Une gentille attention de sa part. “Jo, on en parlera plus tard. S’il te plaît.” Il sent la main de sa sœur se poser sur son épaule sans exercer de pression et il ne bronche pas. Non, Joseph, ne sera pas brusque avec elle, seulement avec Alfie, dont le regard posé sur lui fait bouillir la bile dans ses tripes. Sa colère est tournée envers une seule et unique personne : ça a toujours été le cas même si n’a jamais réussi à le faire comprendre à Lily qui ne fait que subir les dommages collatéraux. “Alfie ne m’aurait jamais fait de mal, il dit ça juste pour t’énerver, tu le sais.” Les mots n’ont aucun effet sur lui. Ses oreilles sont assourdies. Il n’entend que sa respiration et celle d’Alfie mélangées en une danse endiablée. La sensation lui est familière. “Pas vrai, Alfie ?” Et il ne décroche pas ses perles noires des siennes en attendant sa réponse. Il n’est pas dupe : l’autre garçon n’a pas l’intention de baisser les armes. Ça aussi, c’est dans sa nature. Alors, pour ne pas le laisser s’échapper de son emprise, il lui coupe la parole avant même qu’il n’entrouvre les lèvres : « Moi aussi j’peux t’énerver. » Le sourire étire sa bouche n’est pas le sien. C’est celui d’Alfie qui déteint sur lui : il est son reflet, et ça a toujours été le cas. Joseph n’a pas été élevé par ses parents. C’est son meilleur ami qui lui a inculqué des valeurs, les bonnes mais, surtout, les pires. Il ne s’en rend pas compte tous les jours mais cette pilule qu’il lui a posée sur la langue de la mauvaise façon a motivé toute la suite. De ses bonnes décisions à ses mauvaises. « Tu pensais qu’te laisserais m’voler ma sœur comme ça imbécile ? » Comme si elle était un objet. Il oublie presque qu’elle prend ses propre décisions, Lily, et qu’elle n’appartient à personne. Il hésite à peine une seconde avant de continuer : « J’comprends pas comment t’as pu fermer la porte au nez de Jules alors que ses lèvres ont la saveur d’la framboise. » Et il hausse les épaules, l’air indifférent. « J’te laisse décider d’me croire ou pas mais j’te donne un indice : nous avons tous les deux les mêmes intentions. » Si Alfie dit la vérité, alors lui aussi. Rien de plus simple. Il peut bien comprendre ça, lui et sa minuscule cervelle pétrifiée et puante ? Joseph est prêt à l’accueillir, l’avalanche et, au moindre mouvement brusque d’Alfie, sa main sortira du sac pour qu’il rencontre la bouche ronde son nouveau meilleur ami en métal.      

En gros, si Alfie fait le moindre mouvement brusque, Jo sort son arme, la bise amusez-vous. (alfie&jo) i'm a phoenix in the water 394614564  @Lily Keegan  @Alfie Maslow
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Message(#)(alfie&jo) i'm a phoenix in the water EmptyDim 11 Sep 2022 - 16:29

La voix de Joseph l’agace. La présence de Joseph l’agace. Joseph l’agace, tout simplement. Vingt ans en arrière, il n’aurait jamais cru que la vision de son meilleur ami pourrait lui provoquer dégoût et rage, et pourtant, ils en sont là, à se regarder d’une part et d’autre de la pièce, à se jauger, à se détester mutuellement, à se rejeter les fautes. Contrairement à ce que l’homme face à lui a toujours prôné, il a bel et bien sa part de responsabilité dans les événements qu’il subit depuis qu’il a quitté Crows Nest. Et si Alfie pouvait tout excuser à l’époque, ce n’est désormais plus le cas, plus alors que Joseph ne mérite plus le pardon de quiconque, que ce soit le sien ou celui de Lily. Il disparaît et quand il revient auprès des rares proches qui veulent encore de lui, il prend tout. Il prend leur confort, il prend leur bien-être, il prend leur tranquillité, il prend leur énergie, sans jamais rien donner en échange, en détruisant tout autour de lui. Il pourra bien dire qu’Alfie a commencé puisqu’il s’agit de sa litanie préférée, mais le fait est que leur éloignement a montré le résultat : Alfie est devenu un homme qui a réussi dans la vie, quand Joseph est resté ce déchet dont personne ne veut – et plus même celui qui aurait pourtant tout fait pour lui. Mais les rôles se sont inversés de la faute du plus vieux et Alfie a goûté à sa propre médecine, décuplée, qui l’empêche d’accueillir le baroudeur avec autre chose qu’une colère qui menace d’exploser à tout moment. “Jo, on en parlera plus tard. S’il te plaît.” Et qui se contient uniquement parce que Lily est là, uniquement parce qu’il lui doit ça, parce qu’il se doit d’obéir à la jeune femme pour mieux tenter d’être pardonné pour ses fautes. “Alfie ne m’aurait jamais fait de mal, il dit ça juste pour t’énerver, tu le sais.” Alfie pensait ne jamais pouvoir te faire de mal, Lily, et voilà le résultat. Ses mots sont calmes alors qu’il sait pertinemment qu’elle ressent une colère noire (et justifiée) à son égard. L’anthropologue en est le premier surpris, alors qu’elle aurait toutes les raisons du monde de lâcher son chien de garde qui lui sert de frère sur lui. Le passé a prouvé que le combat était équilibré entre eux ; et après une vie passée à subir les conséquences de leurs actes, il ne serait que justice d’apprécier le spectacle qu’ils pourraient lui offrir sous ses ficelles. Alfie, le premier, serait capable de se donner en pâture simplement pour la satisfaire. “Pas vrai, Alfie ?” Le regard de Lily le fusille autant qu’elle ne le supplie de jouer le jeu et s’il y en a un qui doit se mettre en place, c’est celui dont Lily dicte désormais les règles. Quant à Joseph, il lui a fallu près de quarante ans pour s’acheter des couilles au marché, quand il reprend aussitôt la parole pour empêcher Alfie de prouver, une fois encore, sa supériorité sur lui. « Moi aussi j’peux t’énerver. » Oh, il attend de voir ça. Il a envie de lui faire ravaler son sourire fier parce que Joseph n’a jamais eu la même facilité que lui avec les mots – c’est bien pour ça qu’il se contente de gestes. « Tu pensais qu’te laisserais m’voler ma sœur comme ça imbécile ? » - « J’ignorais qu’elle t’appartenait. » Il exagère la grimace sur son visage, les yeux qui s’écarquillent, les sourcils qui se haussent et les lèvres exagérément plissées. Un peu plus et il levait les mains à mi-hauteur pour accentuer son innocence. Lily n’a jamais appartenu à personne ; et c’est très exactement ce qui la rend libre de ses décisions. « J’comprends pas comment t’as pu fermer la porte au nez de Jules alors que ses lèvres ont la saveur d’la framboise. » Un rire moqueur s’échappe d’entre ses lèvres alors que la réflexion ne l’atteint pas ; Joseph fait avec le peu d’armes qu’il possède et Jules est la seule qu’il peut utiliser contre Alfie, parce qu’il a été le témoin de leur amour sincère du temps où il vivait avec eux, de cet amour qu’Alfie a détruit et qui lui brise un peu plus le cœur chaque jour. « J’te laisse décider d’me croire ou pas mais j’te donne un indice : nous avons tous les deux les mêmes intentions. » Et il n’hésite pas à lui rire au nez, cette fois-ci, alors qu’à aucun moment il ne peut envisager de vivre dans un monde où Juliet pourrait être séduire par le déchet qui se trouve face à lui. Elle aime les causes perdues, il le sait bien, mais pas à ce point. Joseph se contente d’user le peu d’informations qu’il a concernant la vie de sa sœur et de son meilleur ami pour tenter de revenir dans la course, sans savoir qu’en réalité, il a toujours été derrière eux. « Oh vraiment ? Ça veut dire que toi aussi t’as pris Jules trop fort et trop près d’un mur au risque de lui faire mal ? » Puisqu’il n’a pas eu le temps de confirmer les propos de Lily, il le fait désormais, un air amusé autant que faussement ravi à l’idée de partager quelque chose avec son meilleur ami. Ce n’est pas parce que Joseph affabule qu’il ne peut pas jour le jeu à son tour, sauf que ses informations sont réelles, à lui. L’interrogation vise Joseph plus que Lily, son sourire fier sur les lèvres. Ce jeu-là, c’est Joseph qui en a dicté les règles, quoi qu’il puisse en dire, quelques années plus tôt, quand ses mensonges masquaient ces véritables actes. Aujourd’hui, la provocation naturelle d’Alfie s’adresse avec plaisir à un Joseph dont il ne veut pourtant pas voir le visage plus longtemps. Il ne lui apprend probablement rien, de toute façon, après autant d’années à faire front avec Lily contre lui, il devait se douter que la loyauté de la jeune femme était dirigée vers lui pour une raison. « Maintenant, rends service à tout le monde et retourne crever dans la rue, merci. » Il assène en adressant un regard à Lily, le genre qui lui assure qu’il fait de son mieux pour respecter ses règles, bien qu’il soit très difficile d’être fair play face à un joueur comme Joseph.

@Joseph Keegan @Lily Keegan :l:
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Message(#)(alfie&jo) i'm a phoenix in the water EmptyDim 18 Sep 2022 - 2:12

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Le responsable de tous ses maux et dressé juste devant lui, en chair et en os, un peu trop vivant et fier de l’être, et si Lily ne se trouvait pas dans les parages à cet instant-même, le premier couteau aurait été lancé depuis longtemps déjà. Joseph boue à la simple vision de cet homme qu’il a longtemps considéré comme son meilleur ami même dans les moments où la distance entre eux était trop importante. Il lui a pardonné son absence en prison, lui trouvant des excuses sans jamais lui demander d’en prononcer lui-même, couvrant les arrières du plus jeune alors que ce dernier ne savait même pas qu’il était attendu comme le jour de Noël. Il a compté les jours coincé derrière des barreaux, Joseph, pas en attendant seulement sa libération, mais aussi la visite de celui qui ne se sera jamais fait détrôner depuis toutes ces années.

Il n’est jamais venu ; il était peut-être déjà occupé à se rouler sous les draps avec une personne qu’il ne devrait pas toucher. Il lui a déjà tout volé ; de son innocence à sa capacité d’aimer de la bonne façon. Alors, non, non non non. Alfie n’aura jamais d’excuses et même s’il évoque l’évidence en prétendant que Lily n’appartient à personne, Joseph se contente de souffler du nez et de taper le sol comme un taureau prêt à charger. Autour de son arme, sa main se serre dangereusement devant la ridicule grimace qu’arbore le jeune homme, enfant de trente-ans qui ne grandira jamais vraiment. Il se fiche bien de ses responsabilités, pas vrai ? Il se prend pour Peter Pan et tout coule comme il le souhaite dans son pays imaginaire, et tant pis s’il laisse le crocodile bouffer certains de ses amis au passage.

C’est inévitable : les deux garçons se provoquent, se lancent des piques comme des lions qui se battent pour une lionne et, à la toute fin, personne ne s’en sortira indemne ; malheureusement pour Lily, elle fait aussi partie de la chasse à l’homme. Joseph sent toujours sa présence derrière lui, comme un fantôme paré de blanc et de bleu, mais c’était comme s’il s’était détaché d’elle le temps de mieux cracher au visage d’Alfie l’une des seules vérités qu’il ne pourra pas croire : il a embrassé sa petite protégée, sa Jules, et même s’il n’y avait rien de romantique à cet échange, Alfie n’a pas besoin de savoir. « Oh vraiment ? Ça veut dire que toi aussi t’as pris Jules trop fort et trop près d’un mur au risque de lui faire mal ? » Ses yeux ne se détachent pas du garçon car il n’a pas besoin de regarder Lily pour comprendre que cet ignoble crétin parlait d’elle et du plâtre à son bras. Au moins, il a confessé. Joseph a une bonne raison de lui tenir tête comme il le fait. Il ne peut cependant pas empêcher le ricanement sordide qui s’échappe silencieusement de ses lèvres. Pour la seconde fois de sa vie, il sent son corps s’alléger, mais pas comme le fait la drogue ou l’alcool. Un souvenir flashe devant ses yeux : celui dans lequel il ne voit que l’arrière de la tête d’Alfie tandis qu’il la lui frappe contre le lavabo qui ne se déforme pas contrairement à son crâne. Il sent ce chatouillement dans ses pieds, dans ses jambes, ces papillons qui battent des ailes dans le bout de ses doigts tandis qu’il les enroule avec plus de vigueur autour du manche de son fusil. Il s’approche d’Alfie, seulement d’un seul pas, comme s’il tentait une dernière fois de canaliser sa colère pour l’empêcher de se déferler une seconde fois – parce qu’il ne s’en sortirait pas, cette fois-là. Mais cet idiot qui aurait dû se fermer la gueule l’ouvre une dernière fois et se permet de jeter un regard, un seul tout petit regard, à sa sœur derrière lui, et c’est bien assez pour déclencher l’éruption. Il ne le laisse pas appréhender le coup qu’il lui porte avec la bouche en métal de son fusil, directement sur la tempe, là où le choc l’étourdit bien assez pour qu’il recule de plusieurs centimètres et se replie sur lui-même. Gardant son arme rivée sur lui, il aboie d’une voix qui pourrait déchirer la tapisserie : « NE LA REGARDE PAS SALE FILS DE PUTE. » Le doigt sur la gâchette, il n’a pas peur de tirer s’il a besoin de le faire. Il n’a qu’une seule balle blanche mais c’est tant pis. Aucun homme ne crèvera ce soir. « J’vais t’les arracher, tes yeux, si t’oses les poser sur elle une autre fois. » Il menace, ses jointures complètement blanchies par la dangereuse pression qu’il exerce autour du flingue maintenu à seulement un mètre d’un Alfie étourdi.          

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Message(#)(alfie&jo) i'm a phoenix in the water EmptyDim 18 Sep 2022 - 22:11

Sous ses yeux se déroule un combat de coq auquel Lily ne veut pas assister, quand bien même elle reste trop craintive quant à la capacité des deux hommes à déraper vers l’excès à tout instant. Sans ça, il y a bien longtemps qu’elle aurait recommencé à chercher ses chats pour quitter la demeure et ne plus avoir à les supporter ni l’un, ni l’autre. Elle ne se souvient même pas de la dernière fois où ils se sont retrouvés tous les trois, mais cela doit remonter à deux décennies. Au moins. Et sans doute qu’elle aurait aimé pouvoir continuer à compter les années les séparant, leur trio n’ayant rien d’une bonne chose. Preuve en est des mots qui volent, des attaques à peine voilées, de Juliet qui se retrouve au milieu du chaos alors que Lily a besoin d’une seconde et d’une autre pour analyser les mots de son aîné. Joseph a fait quoi ? La petite sainte nitouche d’Alfie était chasse gardée, c’était évident, et pourtant son frère semble avoir ignoré tous les panneaux et avertissements menant à elle. « Oh vraiment ? Ça veut dire que toi aussi t’as pris Jules trop fort et trop près d’un mur au risque de lui faire mal ? » Ses paroles pourraient être interprétées d’un bon millier de façon différentes et elles seraient toutes vraies, amenant Lily à lui faire les gros yeux par réflexe autant que par étonnement. Ils se parlent par l’intermédiaire de Joseph, c’est ridicule, autant que toute cette situation. Elle parlera à Joseph, elle parlera (peut-être) à Alfie et, surtout, les deux ne se parleront jamais entre eux. Voilà comment les choses doivent se passer. « Maintenant, rends service à tout le monde et retourne crever dans la rue, merci. » Le regard du doctorant se pose sur elle alors qu’elle n’arrive même plus à feinter la colère, esquissant plutôt un maigre souffle alors qu’elle laisse doucement sa tête retomber contre son épaule. Elle jure, elle jure qu’elle a longtemps rêvé d’une vie normale, d’une famille qui le serait tout autant, et de ses proches encore aussi. Et pourtant, c’est déjà à Alfie qu’elle est en train de pardonner tous les maux du monde, le tout grâce à quelques mots qui ne lui sont même pas adressés et un regard doux. Aussi doux que la situation le permet, disons.

Pourtant, si ce regard permet à Lily de s’apaiser, il permet au contraire d’ouvrir la boîte de pandore du côté de Joseph, dont le pas en avant signifie le début de la lutte armée. Et Lily, jusque-là, ne se doutait pas d’à quel point le terme lutte armée allait être approprié. « NE LA REGARDE PAS SALE FILS DE PUTE. » La voix, sombre et forte, suffit à faire trembler la jeune femme. La seconde suivante, elle sursaute et échappe un cri d’entre ses lèvres, au travers de la main qu’elle a instinctivement ramené contre sa bouche sous le coup de la surprise et de la terreur. Elle a fermé les yeux, s’étant déjà attendue à ce que le sang jaillisse dans toute la pièce: jamais elle n’a eu pour vocation de jouer Jacqueline Kennedy. Le bruit du coup de fusil frappé contre le crâne résonne encore dans l'esprit de Lily, l’image d’Alfie encaissant le choc bien malgré lui finit de la traumatiser. Par instinct, et malgré les mots de son frère, elle ne perd pas plus de temps avant de retrouver les côtés du brun, de comprendre comment est-ce qu’il tient encore miraculeusement debout, de dégager quelques mèches de sa tempe pour observer l’impact du coup et vérifier qu'il ne comporte pas de plaie ouverte. « J’vais t’les arracher, tes yeux, si t’oses les poser sur elle une autre fois. » Son pistolet toujours pointé en direction du brun, la jeune femme s’en rend compte lorsqu’elle redresse enfin son regard en direction de Joseph, ses yeux farés de cuivre et animés de larmes qu’elle n’a pas senti arriver. “Lâche ce flingue, Jo. Lâche ce putain de flingue.” Les jolis mots de Lily Keegan sont restés sur le pas de la porte. Les sourires d’apparat, les compliments à tout-va. Tout est resté sur le pas de la porte. Face à Joseph, il n’y a rien qu’elle ne puisse encore feinter. Face à Alfie, il n’y a rien qu’elle veuille mimer. Pourtant, elle n’a pas le choix que d’essayer, de tirer de sa manche des As qu’elle réservait à d’autres parties. A d’autres, tout simplement. “Tu peux pas le tuer. Tu peux pas.” Factuellement, il peut. Et ça, Lily le sait. Elle le sait, et c’est justement une raison de plus qui amènent ses lèvres à trembler frénétiquement, à son corps à se replacer doucement pour se placer entre les deux hommes, et non plus seulement aux côtés de son amant, ou Dieu sait quel titre il porte. “Il va être père. Alfie va être papa.” Les mots se répètent en double dans sa bouche. Elle ne sait pas pourquoi, elle ne sait pas comment, et elle s’en moque. La panique parle à sa place, ce n’est pas le moment de peaufiner sa rhétorique. “Je suis enceinte.” Non seulement Alfie va être père, mais, surtout, il va être le père de son enfant et même Jo à qui elle parle aussi peu qu’elle le peut sait à quel point elle chérit l’idée d’être mère et de fonder sa famille, raison pour laquelle elle veut croire que les arguments seront suffisants pour le faire baisser son arme et revenir à la raison, quand bien même il pourrait avoir la réaction parfaitement opposée à cela, raison pour laquelle elle précise d’un pas encore sa position, s’assurant que s’il tire dans cette configuration, il n’arrivera pas à toucher Alfie sans qu’elle le soit avant lui. Finalement, la seule de ses mains n’étant pas prisonnière de son attelle cherche celle du brun, à qui elle n’a pas partagé le moindre mot, envers qui elle s’excuse platement, pour tout, absolument tout. “Tu peux pas briser une famille, Jo. T’es pas quelqu’un de mauvais.” Il ne peut pas faire subir ça à Lily, à son enfant, pas alors qu’il est lui-même particulièrement bien placé pour savoir à quel point une vie passée dans un contexte familial difficile peut rapidement devenir chaotique. "S'il te plaît."
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Message(#)(alfie&jo) i'm a phoenix in the water EmptyDim 2 Oct 2022 - 0:34

Il aurait dû laisser la porte fermée, vingt ans en arrière, quand Joseph s’était pointé comme par magie dans l’espoir que leur amitié reprenne là où il l’avait laissée en disparaissant et en ne gardant qu’un contact hasardeux avec celui qui aurait toujours tout fait pour lui. Dans chaque histoire il y a toujours deux versions et si dans celle de Jo les rôles semblent être inversés, dans celle d’Alfie aussi, il est celui qui aurait toujours tout fait pour l’autre. Il n’avait jamais eu aucun ami comme Joseph, aucun d’aussi fidèle et téméraire malgré lui, aucun d’aussi important, surtout. Déjà enfant, Alfie n’avait aucun souci à jeter les uns et les autres dès qu’ils ne l’intéressaient plus assez, et un grand nombre d’amitiés se sont vite retrouvées balancées à la poubelle parce qu’il n’avait pas l’énergie ni l’intérêt de les entretenir. Avec Joseph, ça a toujours été différent ; et il s’est évertué à l’entretenir, en témoigne ce jour-là où il lui a néanmoins ouvert la porte malgré toute sa rancœur, malgré ses blessures d’avoir été tenu à l’écart de la vie de son meilleur ami. Il savait pourtant que Jo n’était de retour que pour un soir ou deux, qu’il finirait par disparaître comme il le fait toujours, par fuir au lieu d’essayer de régler les problèmes ou de se prendre en mains. Et si à l’époque il avait l’excuse d’être encore jeune, aujourd’hui il n’en a plus aux yeux d’un Alfie qui ne lui pardonnera jamais le fait de s’être moqué de lui pendant des mois ; et d’avoir été le responsable de tous ses malheurs. Si Joseph se permet de lui donner ce titre, il peut en faire de même ; d’autant qu’il a des preuves de son côté, Alfie, et la manière dont son corps a mis des mois à se remettre de cette attaque. Son corps, mais surtout son esprit, qui a plongé. Incapable d’être maître de lui-même, la sensation d’être abandonné par soi-même n’est pas quelque chose qu’il souhaite à quiconque de vivre, pas même à son pire ennemi ; et quand il a abattu sa vengeance sur le Keegan, il s’est néanmoins assuré de ne pas infliger la même peine qu’il lui avait infligée. Joseph aime se complaire dans son rôle de victime sans jamais considérer qu’il peut aussi revêtir le rôle de bourreau et en ce sens il a raison ; ils seront toujours différents. Parce qu’Alfie l’accepte, parce qu’il accepte ses responsabilités là où Joseph continue de les fuir. Il n’ouvrira jamais les yeux, c’est une évidence qui a ruiné leur amitié. Si seulement Joseph s’était montré honnête, peut-être qu’Alfie et lui n’en seraient pas là aujourd’hui – dans l’esprit tordu du plus jeune, il aurait pu lui pardonner son méfait si seulement il l’avait assumé. Il en aurait peut-être été même fier, dans un sens, qu’il ait droit à une punition bien méritée dans ce contexte particulier, mais peut-être aussi qu’il se serait ravisé en considérant que l’un est aussi coupable que l’autre, quoi que leurs versions respectives puissent dire.

Alors il ne compte pas jouer à la victime aujourd’hui, Alfie, se tenant droit et fier devant son ami, désirant lui montrer le visage qu’il prétend ne pas posséder et qui pourtant, fait partie intégrante de lui. Celui d’un homme impulsif, lâche et, surtout, coupable. « NE LA REGARDE PAS SALE FILS DE PUTE. » Et le rire qui s’échappe d’entre ses lèvres n’a même pas besoin d’être forcé tant la scène qui se joue a de quoi rire. Joseph qui essaie péniblement de jouer les gros durs autant que d’être ce frère protecteur qu’il n’a jamais été pour Lily, il y a de quoi s’esclaffer aux yeux d’un Alfie qui ne se gêne pas. Et même lorsqu'un violent coup vient perturber son équilibre autant que sa vision, il rit toujours, Alfie. « Sinon quoi ? » Allez, Joseph, révèle-toi à toi-même comme le reste du monde te connaît déjà. Il l’interroge alors qu’il est quelque peu sonné, mais pas suffisamment pour être à terre ; quand bien même il sent ses jambes qui tremblent sous son propre poids, et sa tête manquer d’exploser au rythme des battements de son cœur. Mais il ne lui fera pas le plaisir d’être à nouveau à terre sous ces coups, il s’y refuse Alfie, même si cela implique de jouer avec le feu. Il le fait déjà depuis plus de trente ans et ce n’est certainement pas Joseph qui va lui faire peur, peu importe l'arme dont il pourrait faire usage. Cet homme n’est plus rien à ses yeux, le supplier reviendrait à lui accorder une importance qu’il ne mérite pas. Il ignore s’il s’agit des mains de Lily qu’il sent sur son visage ou du sang qui s’écoule de la plaie qui réchauffe sa peau, toujours est-il que son rire fait désormais place à un sourire, sincère et radieux. « J’vais t’les arracher, tes yeux, si t’oses les poser sur elle une autre fois. » Et des yeux de Joseph, les siens passent à ceux de Lily dans lesquels il se plonge volontairement durant de longues secondes, alors que son sourire se mue en quelque chose de plus doux, à la signification évidente. Le genre de sourires qui ne sont adressés qu’à quelques rares personnes, de ceux qu’on ne peut pas mimer, de ceux qui disent toutes les choses impossibles à verbaliser. Il a toujours été plus à l’aise avec les gestes malgré sa grande éloquence, et il n’est ainsi pas surprenant que son pouce se lève jusqu’à la joue de la jeune femme pour essuyer une larme avant qu’elle ne se tourne vers le monstre qui s’obstine à réfuter ce titre. “Lâche ce flingue, Jo. Lâche ce putain de flingue.” Derrière elle, Alfie se relève et tente de conserver péniblement un équilibre malgré que la pièce ne cesse de tanguer autour de lui. “Tu peux pas le tuer. Tu peux pas.” Si, il le peut et le regard provocateur qu’il adresse désormais à Jo est une invitation silencieuse à le faire, invitation de courte durée alors que déjà, son attention se reporte sur une Lily qui se place devant lui et Alfie esquisse un pas pour la retenir, avant de s’empêcher de la toucher – conscient que rien de tout cela ne peut plus venir de lui. “Il va être père. Alfie va être papa.” Il n’aurait jamais cru que ses mots puissent avoir un tel impact sur lui alors qu’elle lui répète une évidence dont il a conscience depuis peu. Elle est enceinte ; et il va être papa. Jusqu’ici, les mots ne résonnaient pas dans son esprit, les gardant volontairement à distance pour ne pas avoir à les assumer, et surtout à assumer tout ce qu’ils impliquent avec eux. “Je suis enceinte.” Et si Alfie le défie de l’achever, elle le défie de l’épargner. Il devrait s’en offusquer, il se réjouit surtout qu’il ait tous les deux la même attitude à l’égard de Joseph, bien que les finalités souhaitées soient différentes. Son regard se perd un instant vers la main de Lily qui cherche la sienne et après un instant d’hésitation, il lie ses doigts aux siens, avec douceur, exerçant néanmoins une légère pression pour lui offre un soutien autant qu’un remerciement silencieux. Il en profite pour se positionner à ses côtés, non pas parce qu’il est plus raisonné, mais seulement parce qu’il connait l’importance de cet enfant qu’elle porte et que s’il y a un moyen de se faire pardonner, c’est bien au travers de celui-ci. “Tu peux pas briser une famille, Jo. T’es pas quelqu’un de mauvais.” Le léger rire qui s’échappe d’entre ses lèvres parle pour lui alors que Lily poursuit : "S'il te plaît." Et cette fois-ci, c’est sur Joseph que se reporte son attention. « T’es quelqu’un de mauvais, Jo et t’es le seul à ne pas le voir. » Si Lily a l’excuse de vouloir protéger son frère, Alfie n’en a aucune intention. Il sait aussi que ses provocations ne feront pas de la jeune femme un dommage collatéral ; jamais Joseph n’osera lui faire de mal. Et peu importe que l’enfant qu’elle porte soit le sien ; elle sera un bien meilleur parent qu’il ne pourra jamais l’être. Alors il n’a pas de raison de faire preuve de retenue. « Alors vas-y, t’attends que ça. » Il le défie sans le quitter du regard, faisant même un pas en avant avant de poursuivre : « T’as déjà voulu me tuer une fois, alors pourquoi pas une deuxième ? » Dans l’hypothèse où il se raccrocherait aux paroles de Lily, Alfie est là pour souligner l’évidence par des faits ; il a déjà voulu le tuer, il est quelqu’un de mauvais.

@Joseph Keegan @Lily Keegan  (alfie&jo) i'm a phoenix in the water 3258319053
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Message(#)(alfie&jo) i'm a phoenix in the water EmptyDim 2 Oct 2022 - 2:18

Il y avait Lily, il y avait Alfie, il y avait Joseph. Il y avait la souris, il y avait la cage, il y avait le chat. Les rôles s’interchangeaient, l’un passait à l’autre, l’autre passait à l’un. C’était comme ça depuis toujours.

Le chasseur, le chassé, puis la prison qui force la trêve le temps que le chat devienne la souris, et vice-versa. Joseph s’était toujours trouvé dans la même équipe que sa sœur ou son meilleur ami. Jamais seul. Il pouvait compter sur l’un ou sur l’autre, jusqu’à ce qu’il ne fasse plus partie de l’équation. Le problème ne se trouve pas dans sa bonne ou mauvaise volonté, mais plutôt dans son incapacité à supporter le poids des responsabilités quand plus personne à ses côtés ne partage la charge. Il ne sait pas prendre soin de lui, ni de personne d’ailleurs, alors il est condamné à perdre lorsqu’il joue solo. Quand les chaînes se cassent, il se retrouve à errer au beau milieu du monde, claustrophobie devant une liberté qu’il a toujours désirée mais jamais complètement acceptée. Il a besoin d’appartenir, Joseph. Les menottes le maintiennent en vie, tout comme une simple relation d’amitié ou les liens du sang.

Mais, des amis ou de la famille, il n’en compte plus, et il n’a plus de comptes à rendre avec la justice. Il est libre ; c’est bien ça le problème. Il dépasse les limites parce qu’il ne les connait pas, pose un pied de l’autre côté d’une frontière derrière laquelle il n’est pas le bienvenu. Il n’est jamais à sa place, peu importe les efforts qu’il faits pour se fondre dans le moule. Il finit toujours par glisser quand plus personne ne lui tient la main. Et, aujourd’hui, il se trouve face à deux personnes qui ont laissé tomber les rênes parce qu’il ne vaut pas la peine d’être conduit correctement. Sa voiture fonce tout droit en direction d’un ravin et son pied appuie sur l’accélérateur parce qu’il ne peut faire autrement.

Plus que quelques mètres le séparent d’une mort certaine mais il s’obstine à regarder le passé à travers son rétroviseur. Il y voit Lily, il y voit Alfie, qui se tiennent la main parce qu’ils font équipe maintenant. Pour ce qui en est de Joseph, il n’a plus que sa mauvaise intuition et sa tendance à briser tout ce qu’il touche, que ce soit volontaire ou pas.

Il est jaloux. Rien d’autre ne peut expliquer cette colère qui durcit son cœur. Il a mal, ça fait mal, ça fait trop mal, de se faire délaisser dans la cour de récréation. Le flingue dans sa main est comme une balle de baseball avec laquelle il ne fera plus d’échanges. Il pourrait la jeter de toutes ses forces dans le front d’Alfie pour qu’il la ferme, cette gueule qui ne fait que radoter des provocations salées. Mais il résiste, il résiste, parce qu’il sait de toute façon que son arme est inoffensive – du moins, il croit qu’elle est inoffensive. Les balles à blanc sont utilisées sur les plateaux de tournage, pas auprès des criminels comme lui, ou plutôt comme son gang décomposé qui lui a laissé autant de cicatrices que l’aiguille de la seringue. “Lâche ce flingue, Jo. Lâche ce putain de flingue.” C’est la voix de sa sœur qui le sort de cet état de transe dans lequel il se trouvait tandis que la sueur s’accumule à grosses gouttes sur son front. Il imaginait le crâne d’Alfie, brisé en mille morceaux, étendu sur le sol de la maison et salissant tous les meubles d’un sang impure et traître. “Tu peux pas le tuer. Tu peux pas.” Il se refuse de la regarder tout comme il intime à Alfie de ne pas le faire. Elle ne devrait pas être ici. Il ne s’agit plus de chat ou de souris mais bien de deux chiens enragés qui s’aboient à la figure, salive dégoulinant sur leur menton. Elle se place entre eux mais qu’importe : les yeux de Joseph refusent de lâcher ceux d’Alfie parce que ce dernier sourit comme un idiot alors qu’il danse avec la mort. Il n’est plus surpris de le voir dans un tel état. Il a compris qu’il est fou, et il n’y a pas d’autres explications. Il l’a toujours été. C’était son idée de submerger l’Église de flammes. Quand la lame d’un couteau pressait ses organes, il en riait.

“Il va être père. Alfie va être papa.” L’annonce l’ébranle. Son cœur loupe un battement, ses traits s’étirent en une grimace hébétée et il regarde enfin sa sœur. Le plus choquant dans tout cela, c’est qu’il ne pense même pas à Jules. Non, Jules et Alfie ne sont plus rien alors elle ne porte pas leur enfant. Il n’a pas besoin d’écouter la suite pour le comprendre, mais il l’entend quand même. “Je suis enceinte.” Son regard se porte ensuite à leur main qui forme une liaison. Il ne paraît plus complètement là, Joseph. Son esprit vole plusieurs kilomètres ailleurs. “Tu peux pas briser une famille, Jo. T’es pas quelqu’un de mauvais.” Il ne sent même pas la larme qui coule le long de sa joue quand il entend ces mots. Une famille ? Sa famille à lui a déjà été brisée plusieurs fois, reconstruite autant de fois, puis brisée à nouveau, pour de bon. Il n’aura jamais la chance d’en avoir une nouvelle. "S'il te plaît." Il baisse son arme, cette dernière devenue trop lourde. Son doigt reste posé sur la gâchette. Les désirs de Lily passeront toujours avant les siens même si ça implique de souffrir en silence. Il allait l’écouter, tourner des talons et disparaître comme il sait si bien le faire. Il ne pourra jamais l’empêcher de prendre une décision. Mais l’idiot reprend la parole seulement pour rallumer la queue de la dynamite qui avait été éteinte juste avant d’entrer en contact avec les explosifs. « T’es quelqu’un de mauvais, Jo et t’es le seul à ne pas le voir. » Le visage terriblement neutre (étrangement neutre), il regarde Alfie. Il n’y a plus une once de colère dans son visage, plus une once de vie non plus. Mort-vivant. Il n’est plus réceptif aux provocations du garçon alors que son sourire se fait de plus en plus ridicule. Quel imbécile. Si c’est lui, la mauvaise personne, alors pourquoi c’est Alfie qui lui a posé une pilule sur la langue, puis une seconde, jusqu’à ce que son cerveau se fasse complètement conditionné par cette nouvelle sensation ? Il n’aurait jamais dû retourner à Crows Nest. C’était la pire idée de sa vie, loin devant celle de fuir la ferme pour vivre indépendamment. Il s’en serait sorti autrement si ses craintes vis-à-vis la drogue ne s’étaient pas apaisées lors de sa découverte. Il serait peut-être mort, certes, mais il ne serait pas aussi malade. « Alors vas-y, t’attends que ça. » Il regarde les pieds d’Alfie quand il se rapproche de lui. « T’as déjà voulu me tuer une fois, alors pourquoi pas une deuxième ? » Ses yeux montent à la hauteur de ses genoux, puis de ses cuisses, puis de son entre-jambe. Il serre les dents. « J’ai jamais voulu t’tuer. » Non, c’est Alfie qui lui a mis cette idée dans la tête exactement comme il y a mis toutes les autres. Il parasite son esprit, lui suce le sang, ne le lâche pas. Dans un mouvement insouciant, il soulève à nouveau son flingue, se mord le bout de la langue en mettant pour cible ce qu’il ne cesse de regarder. Ce truc avec lequel il a pénétré sa sœur pour planter une graine dans son utérus. Il n’en aurait plus besoin, s’il s’en est déjà servi. Il se met à fantasmer à l’idée de le lui arracher, de l’empêcher de trouver ce plaisir qu’on lui a volé quand il était encore un enfant. Joseph, il n’aura jamais d’enfants. Il ne peut pas. C’est injuste.

Il se surprend à être déçu de ne pas posséder de véritable balle et, d’un geste incrédule, seulement pour satisfaire son fantasme de stériliser Alfie (œil pour dents, queue pour queue), il appuie sur la gâchette. S’il s’attendait à n’entendre qu’un coup de feu bénin et inoffensif qui ferait plus de peur que de mal, il sursaute en voyant des flammes s’échapper de la bouche du canon. Le choc de la balle à blanc fait reculer Alfie dont les pantalons sont striés de plusieurs brûlures et le gémissement de douleur qui s’échappe de ses lèvres lui fait comprendre qu’il a effectivement transpercé sa peau. À quel point ? Il ne sait pas. Il ne peut de toute façon pas retrouver son calme et évaluer la situation, tandis qu’il fait plusieurs pas à reculons afin de s’éloigner du mal qu’il a causé. Il semble autant surpris que tous les autres, son regard analysant l’arme qu’il croyait impuissante et son bras s’étirant pour récupérer son sac au sol. Il s’était mis à secouer la tête de droite à gauche comme il le faisait gamin pour supplier la pitié de son père avant qu’il ne lui étampe sa main sur sa joue.

Soudain, il perd le contrôle des muscles de ses jambes et se laisse tomber à genoux. De nouvelles larmes incontrôlables surgissent, noient son visage, sa gorge se serre, l’empêche de respirer, ses bras lui brûlent, les zigzags sur son dos aussi, mais il ne lâche toujours pas le flingue qui fait office de bouée dans cet océan agité. Il le tient même à deux mains, le canon rivé en sa direction alors que c’est un nouveau fantasme qui lui traverse l’esprit comme un virus. Pas celui de se tuer, non. Joseph n’a jamais désiré la mort, pas même dans les moments les plus douloureux.

C’est égoïste, mais il ne l’a jamais été volontairement jusqu’à aujourd’hui : il se prend pour cible d’une arme réellement désarmée pour faire réagir Lily. Il veut obtenir la réponse à sa question, une bonne fois pour toute. Forment-ils encore une famille même si elle souhaite en fonder une nouvelle auprès d'un homme qui ne la respectera jamais - au même titre que tous les précédents ?

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Message(#)(alfie&jo) i'm a phoenix in the water EmptyJeu 6 Oct 2022 - 19:24

Lily respire trop vite et trop fort pour ressembler à Lily, justement, mais elle tente de se contrôler autant que possible après avoir posé ses mains contre la tempe d’Alfie pour jauger la gravité de sa blessure. C’est à lui qu’elle dédie son regard, aussi, bien malgré elle à cause de la menace de son frère survenue trop peu de temps auparavant. Elle le laisse sécher la larme du bout de son pouce, sans penser un seul instant à reculer ou refuser ce geste. Plus que jamais, elle voudrait enfin pouvoir lui parler, mais force est de constater que le contexte ne s’y prête absolument pas. A ses côtés, la voix de Joseph continue de gronder alors qu’elle lui avoue être enceinte ; et d’Alfie qui plus est. Ce n’est que cette annonce qui lui permet enfin d’obtenir l’attention de son aîné alors qu’elle plonge son regard dans le sien, quand bien même son monde se remplit de larmes qui le rendent difficilement net. Au même moment, ses doigts retrouvent ceux d’Alfie, elle les serre tendrement au début, avec une certaine peur ensuite lorsqu’il n’en fait qu’à sa tête et se place à ses côtés plutôt que derrière elle. Ce n’est pas le moment de le regarder, pas même celui de le gronder pour ce geste, mais elle n’en pense pas moins.

Lorsqu’il abaisse enfin l’arme, elle prend une large inspiration, à peine soulagée pourtant. Elle ne relâchera pas la pression avant qu’ils soient tous partis de cette maison, justement parce qu’elle connaît assez bien les deux hommes pour savoir à quelle vitesse la mèche peut finalement s’enflammer et la bombe exploser. Alfie est le début d’une preuve, Joseph en marque la finalité. « T’es quelqu’un de mauvais, Jo et t’es le seul à ne pas le voir. » « Alors vas-y, t’attends que ça. » « T’as déjà voulu me tuer une fois, alors pourquoi pas une deuxième ? » « J’ai jamais voulu t’tuer. » C’est une conversation qui ne la regarde pas, Lily. Elle ne veut pas y prendre part, elle ne veut pas se mêler à leur relation. Elle a sa propre relation avec Alfie, elle a évidemment une relation qui lui est propre avec Joseph aussi. Et ce qu’ils pensent l’un de l’autre n’influence plus son avis depuis qu’elle a passé l’âge d’être une gamine qui veut être amie avec ceux de son frère, uniquement parce que tout ce qu’il fait est cool. Cet âge là est indéniablement révolu, et le coup de canon qu’elle entend n’en est qu’une amère et difficile précision. La jeune femme sursaute sous le coup de la surprise, du bruit, des doigts d’Alfie qui se dénouent aux siens alors qu’il est projeté en arrière par la force de la balle.

La jeune femme reste immobile, terrifiée à l’idée de se retourner et de voir une tache de sang grandir sur les habits de l’anthropologue. Elle est terrifiée à l’idée de ne pas voir l’image qu’elle veut voir, de celle d’un homme qui a à peine titubé pour mieux afficher un sourire carnassier que lui seul connaît. Elle est terrifiée, parce qu’elle sait que tous les mensonges du monde ne sauraient changer une telle image. Lorsqu’elle tourne enfin la tête, elle en profite pour essuyer des larmes déjà anciennes contre son épaule, refusant cette fois-ci de se montrer davantage à fleur de peau. Déjà prête à faire pression contre une plaie ou une autre, Lily s’étonne plutôt lorsqu’elle passe ses mains faussement assurées par dessus ses vêtements secs, tout sauf gluants à cause d’un épanchement de sang. Elle lui dédie un regard étonné, ne passe pourtant pas outre l’allure malheureuse de son pantalon, qu’elle devine avoir été la cible de la balle. Il a mal et c’était sans aucun doute l’objectif escompté par son frère, mais au moins il continuera de vivre, il sera toujours là demain, et il sera encore présent pour voir grandir cet enfant, qu’il porte sa génétique ou non. Elle lui adresse un regard entendu, hoche la tête, tente de le rassurer sans trop s’appesantir, ne pouvant déjà qu’anticiper son frère en train de recharger l’arme.

Ainsi, elle se retrouve prise de court une seconde fois lorsqu’elle fait face à un Joseph assis au sol, le visage noyé sous les larmes, l’arme retournée contre lui et tenue de ses deux mains. Pendant un instant, elle hésite. Pendant un instant, elle jongle avec son envie de le laisser tirer, d’enfin retirer cette éternelle épine dans son pied, de ne plus risquer qu’il pointe une arme contre qui que ce soit à nouveau. Pendant un instant, elle l’observe avec haine, voyant rouge. Et pourtant, sans qu’elle n’ait eu l’impression de changer d’avis, ses pas s’approchent de son aîné et ses mains entourent les siennes, pour doucement le faire retirer la pression qu’il exerce autour de l’arme. Elle délie lentement ses doigts, agit avec toute la douceur dont elle puisse être capable, véritablement en train de couper les fils pour désenclencher une bombe artisanale ; et une fois chose faite, Lily renvoie l’arme plus loin sur le carrelage, prenant garde à ce que le canon reste tourné en direction d’un mur et non de qui que ce soit.

A son tour assise face à lui, ses genoux contre le sol, elle se penche doucement en avant, enroulant sa main à l’arrière de son crâne pour poser son front contre le sien et fermer les yeux un instant, laissant son frère continuer à pleurer. “Va-t-en Jo.” Elle souffle donc, sincèrement désolée. Elle veut son départ plus que tout mais ne relâche pas encore sa main contre ses cheveux qu’elle caresse tendrement, un peu trop consciente qu’elle sera incapable de lui pardonner cet événement et qu’elle risque de ne pas le revoir avant longtemps. Elle aurait aimé lui annoncer sa grossesse autrement, mais elle aurait plus que tout aimé qu’il ne joue pas à la roulette russe de cette façon.
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Message(#)(alfie&jo) i'm a phoenix in the water EmptyDim 30 Oct 2022 - 18:19

Son regard détaille Lily avec un plaisir non-dissimulé, accentué par la perspective de faire bouillonner un Joseph qu’il veut mener à l’explosion. Parce qu’il n’a toujours été que ça, Joseph, plein de belles promesses aux actes qui ne suivaient jamais. Même quand il s’est juré de le tuer, il s’est raté – ce qui n’étonne pas l’anthropologue qui, de mauvaise foi depuis la fin de leur amitié, n’hésiterait pas à souligner que c’est à l’image de la vie autant que de la personnalité du Keegan. Dans le regard d’Alfie qu’il adresse à Lily se lit un pardon silencieux, et dans celui qu’il retourne vers Joseph pour apercevoir ses réactions une arrogance évidente. Une fierté qu’il ne dissimule pas, celle de valoir bien mieux que son ami ; celle d’en avoir conscience plus que jamais alors que Joseph n’arrive même pas à mener ses menaces à exécution. Au travers de son attitude crispée se lit également l’agacement d’avoir à composer avec les humeurs d’un Joseph qui n’a jamais été aussi facile à gérer qu’il le prétend ; soufflant le chaud et le froid, débarquant dans la vie de ses proches pour mieux disparaître, réclamant de l’attention comme un chien abandonné sur le bord de la route. Sauf que ces derniers ont des perspectives d’avenir après avoir attendri le premier passant qui passe, ce qui ne sera jamais le cas d’un Joseph qui ne pourra jamais moduler sa personnalité pour mieux attiser la sympathie – il n’inspire que de la pitié, au mieux, du dégoût, au pire. Aux yeux d’Alfie, pourtant, il n’attire ni l’un ni l’autre à cet instant alors qu’il s’agit plutôt d’une moquerie qu’il lui offre sans la moindre hésitation, son regard autant que son ton qui démontrent de tout le dédain qu’il possède désormais à l’égard de celui qu’il considérait encore comme son meilleur ami après que la vérité ait éclaté. C’est désormais celle de Lily qui éclate, devant un Joseph médusé et un Alfie bien silencieux. L’homme face à eux ne mérite même pas d’être tenu au courant de pareille nouvelle, puisqu’il a révoqué son statut de frère il y a bien longtemps déjà et que la jeune femme n’a aucune obligation à son égard.

Pourtant curieux de découvrir la réaction de Joseph à une telle nouvelle, c’est finalement un rictus moqueur qui s’affiche sur ses lèvres, brièvement bruyant, quand une larme roule sur sa joue. Il fait dans le pathos et Alfie ne se laisse guère attendrir, ne cherche même pas à comprendre les raisons derrière cette émotion qui est calculée, contrôlée – quand bien même elle vient de Joseph qui n’est pas connu pour cela. Lily essaie de le rassurer, de le calmer ; Alfie s’y oppose et le provoque, peu attendri par les doigts de Lily qui s’entremêlent aux siens. Il ne mérite pas qu’on brosse un meilleur portrait que la vérité, il a passé une vie entière à vivre dans le mensonge et Alfie a toujours été là pour lui ouvrir les yeux, un rôle qu’il revêt encore aujourd’hui. Il est le seul à ne pas voir qu’il est un monstre ; le seul à considérer qu’il y a du bon en lui, quelque chose à sauver alors que le reste du monde, y compris sa propre famille, a abandonné cette idée depuis longtemps. La neutralité qui est désormais celle de Joseph le surprend peut-être plus que la larme versée quelques instants auparavant. « J’ai jamais voulu t’tuer. » Un rire sonore, volontairement accentué, s’échappe des lèvres d’un Alfie qui ne fait aucun effort pour contenir son hilarité tant la situation l’est. « C’est pas ce que le rapport de police a conclu. » Il se vante, il ne manque pas de souligner à Joseph que la situation pourrait être encore plus désagréable pour lui s’il décidait à révéler les souvenirs de cette nuit-là à la police qui, autant que l’hôpital, a établi un rapport de ses blessures. « C’est pas ce que tes gestes disaient non plus. » Il conclut, pour ne pas que Joseph se conforte dans cette position de victime alors qu’il ne pourra jamais nier avoir été bourreau. Ce sont bien ses gestes qui ont poussé l’anthropologue aux portes de la mort, ses coups qui l’ont amené à l’hôpital, ce sont ses décisions qui l’ont poussé à frapper alors jamais Alfie ne se laissera attendrir par de fausses promesses.

Pas plus qu’il se laissera attendrir par son sursaut quand son doigt finit par appuyer sur la gâchette, dans un geste qui, dans l’esprit malade d’Alfie, offre une certaine rédemption à Joseph et une courte remontée dans son estime. Il le voulait ; il l’a obtenu, Joseph l’a fait et il ne pourrait pas être plus fier de son ami qu’à cet instant, alors qu’il a, une fois encore, prouvé que l’anthropologue a raison depuis le début et qu’il n’est rien d’autre qu’un monstre qui cède librement à ses pulsions. Celles d’Alfie, elles, consistent en quelques grognements étouffés quand la douleur finit par se propager dans sa jambe, quand la brûlure à sa cuisse devient évidente et qu’il prend la pleine mesure de ce qu’il s’est passé. Il réalise qu’il a reculé de plusieurs pas et lorsqu’il baisse la tête, constate que son pantalon est en lambeaux. Sa main vient frotter la blessure à la recherche de sang frais qu’il ne trouve pas, bientôt rejointe par celle de Lily qui a le même objectif. Le contact de ses doigts sur sa chaire brûlée lui fait comprendre que la courte distance a néanmoins eu raison de son intégrité physique et que si la balle n’a pas transpercé sa peau, elle ne l’a pas laissé indemne pour autant. La grimace sur son visage est vite réprimée pour ne pas offrir l’honneur à Joseph d’apprécier sa douleur ; et parce qu’il prend conscience d’une nouvelle œuvre à son palmarès. C’est bientôt un rire faible, mais toujours aussi moqueur, qui perce ses lèvres et qui dénote avec la réaction d’un Joseph à genoux. Si Alfie pouvait pardonner l’affront d’une première agression et même le glorifier dans sa logique des choses ; mais il ne peut certainement pas passer l’éponge sur le rôle qu’il essaie désormais de jouer, sur la déception qu’il représente. D’un homme qui avait enfin cédé et assumé ses pulsions, il n’est désormais plus qu’un lâche à terre dont les larmes injustifiées mouillent le sol. Il n’a pas le droit de pleurer, Joseph, pas après ce qu’il a fait. Ce qu’il lui a fait à lui, ce qu’il a fait à Lily, ce qu’il se fait à lui-même ; il n’a pas l’autorisation de retourner les choses de cette façon, pas plus qu’il n’a l’autorisation de retourner l’arme contre lui sans au moins en faire usage, afin que ce spectacle pathétique se mue en acte significatif. Mais il ne le fera pas, le Keegan, bien sûr qu’il ne le fera pas et contrairement à Lily, l’anthropologue ne se laisse pas berner par son jeu qui vise à parfaire son statut de victime, à se donner une importance qu’il ne mérite pas. Il ne veut pas que Lily lui fasse le plaisir de réagir, mais pourtant la voilà déjà à la même hauteur que son frère.

« C’est pas ce que tes gestes continuent de dire. » Qu’il souligne avant que Lily ne puisse débuter le moindre discours visant à atténuer les maux d’un frère qui n’a jamais su les soigner, malgré toute l’attention du monde sur sa personne. Il ne veut pas qu’il soit rassuré ; mais mis face à ces contradictions : il n’a jamais voulu le tuer et le voilà pourtant qui a à nouveau essayé, quand bien même c’était une balle à blanc, il a pressé sur la détente pour viser un Alfie qui n’attendait que ça, certes, mais qui a surtout démontré la véracité de son discours – et qu’il n’essaie pas de s’y opposer, et qu’il n’essaie même pas de continuer à vider ses yeux qu’Alfie a envie de lui enfoncer dans le crâne. Il ne lui inspire aucune pitié contrairement à Lily dont les gestes sont sûrement dictés par une obligation. “Va-t-en Jo.” Il devrait s’en réjouir. Il devrait se satisfaire alors que Lily a pris son parti, qu’elle s’est glissée entre l’arme et lui au détriment de ce précieux qu’elle porte au creux de son ventre. Il devrait lui en être redevable, la remercier, se mettre lui-aussi à genoux pour implorer sa pitié. Il devrait se vanter qu’elle ait voulu empêcher l’inévitable à son encontre autant qu’elle n’ait pas semblé vouloir implorer son frère de s’en empêcher. Tout ce qu’il voit, pourtant, c’est un geste d’amour fraternel dont il ne devrait pas être jaloux, ce sont ces deux fronts l’un contre l’autre avant des mots sans appel, ces caresses qui n’ont rien d’aussi naturels que les gestes qu’elle a à son encontre, ces excuses murmurées à travers cette injonction ; qu’il retourne contre Lily dès lors que Joseph a quitté les lieux. « Va-t-en Lily. » Car, en réalité, elle a choisi son camp. Elle n’en a seulement pas conscience, contrairement à lui.

@Lily Keegan @Joseph Keegan  :brows:
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Message(#)(alfie&jo) i'm a phoenix in the water EmptyJeu 24 Nov 2022 - 19:28

« C’est pas ce que le rapport de police a conclu. » Les policiers n’étaient pas là lorsqu’Alfie et Joseph sont devenus des hommes, ils l’étaient encore moins quand leur amitié a pris une nouvelle tournure, ni lorsque les deux garçons étaient complètement seuls pour se protéger du monde et ses armes pointées en leur direction. Le rapport de police ? Il n’a rapporté que cet événement, mais pas tous les autres qui l’ont précédé. Il décrit l’assaillant d’Alfie comme un tueur, mais le tueur en question se serait sacrifié pour son meilleur ami avant que leurs chemins ne s’embrouillent. Le tueur en question s’est toujours senti contraint de prendre des décisions qui ne lui appartenaient pas réellement. Son cerveau a été modelé pour répondre aux attentes de ceux qui ne lui voulaient, à la toute fin, que du mal. « C’est pas ce que tes gestes disaient non plus. » Mais Alfie semble avoir oublié tout le reste, ou alors il préfère s’aveugler pour ne pas affronter la vérité. L’ange gardien de Joseph s’est transformé en un démon sans pour autant qu’il ne sacrifie son influence. Il est encore posé sur son épaule et contrôle le moindre de ses gestes ; pour cette raison, la balle à blanc est tirée.

Ce sont les remords qui s’effondrent en vagues sur le torse d’un Joseph incapable de supporter leur poids : il se laisse tomber, le sol l’accueille aussi mal que tout le reste, ses mains se laissent porter par l’envie égoïste de tester la loyauté de son propre sang. Lily n’a jamais choisi les bonnes personnes, Lily laisse ses membres se fait noircir par les poings de ceux qui peuvent se le permettre, simplement parce qu’ils sont plus grands et plus forts qu’elle. Il pleure, il pleure de chaudes larmes qui font soubresauter sa gorge et ses poumons enfumés incapables de se remplir complètement d’oxygène. Il ne sent plus la forme de l’arme réchauffée dans sa main, encore moins son doigt sur l’inoffensive gâchette, et la bouche du canon s’est mêlée à toutes ses pensées lourdes. Il ne peut pas lever les yeux parce ça le tuerait de voir les dommages qu’il a causés à celui qui a encore gagné. « C’est pas ce que tes gestes continuent de dire. » Et, heureusement, les paroles d’Alfie se perdent dans l’atmosphère comme le cri d’un oiseau de nuit en pleine forêt, étouffés par la bulle dans laquelle Joseph s’est enfermé, avant d’être rejoint par la silhouette de Lily. Ses mains enlacent les siennes et il relève un œil complètement noyé vers elle, la laisse le départir de l’arme qui a déjà causé assez de problèmes. Son regard ne lâche plus le sien, il n’y a plus que les Keegan à l’étroit dans le sous-sol humide de la maison de ferme, la pourriture sur les murs, les toiles d’araignées entre les poutres et l’ampoule cillant au-dessus de leur tête. Il accueille le contact de son front contre le sien, une dernière caresse avant que ne sonne le carillon morbide. C’est eux, seulement eux, contre tout ce que qui les oppose, et un court instant se passe sans que les lèvres de Joseph ne tremblent.

Le calme. Le silence immuable qui promet aux Keegan l’éternité. Les doigts de Lily s’accrochent à ses cheveux comme le feraient ceux d’une mère qui veut rassurer son fils. Il se laisse bercer par la tendreté de son geste, lui qui n’a jamais connu la chaleur d’une mère et son étreinte, chaude aussi. Il pleure encore, mais ne sent plus les larmes comme il les sentait. Ils ne représentent plus la honte ou la peur, seulement la nostalgie mais aussi tout ce qu’il n’a jamais vécu quand il était jeune garçon. Son dos ne brûle plus ; ses cicatrices se sont effacées ; son bras n’attend plus l’aiguille ; il n’a plus à s’excuser. “Va-t-en Jo.” Il ne s’agit pas d’une menace. Très légèrement, pour ne pas assommer sa sœur, il hoche de la tête et se décolle d’elle. Le froid revient, il ignore l’autre garçon qui fait tache dans le paysage ainsi que l’arme du crime, puis se redresse sur ses jambes épuisées. Il sait ce que cet au revoir signifie. Il en a déjà traversé des centaines. La solitude le connait, il en est lui aussi familier. Dans un murmure que seule Lily peut entendre, il déverse ses dernières craintes : « Ne le laisse pas te pourrir. » Ne le laisse pas faire de toi ou l'enfant ce qu’il a fait de moi. Et, tournant des talons, il disparaît, laissant derrière lui tout ce qu’il possède, ainsi que le chat errant à la patte boitant qui s’en tirera toujours mieux que Joseph et ses jambes cassées.    

@Lily Keegan  @Alfie Maslow (alfie&jo) i'm a phoenix in the water 3480052764
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Message(#)(alfie&jo) i'm a phoenix in the water EmptyJeu 24 Nov 2022 - 22:32

« Ne le laisse pas te pourrir. »
Le fruit défendu est déjà pourri depuis bien longtemps.

« Va-t-en Lily. »
L’injonction d’Alfie se fait entendre dès que son frère n’est plus visible, pas même au travers de la porte qu’il n’a pas complètement refermée. Elle l’entend, mais elle n’obéit pas. Ses mots lui font mal, mais elle est sans doute bien trop chamboulée pour qu’une émotion supplémentaire puisse se deviner au milieu de toutes les autres, raison pour laquelle elle ne prend même pas la peine de répondre lorsqu’elle abandonne rapidement la contemplation du fantôme de son frère pour retrouver place à ses côtés et lui expliquer ses gestes. “Je vais appeler une ambulance.” Son avis n’entre pas en compte, elle a déjà le téléphone bloqué entre sa joue et son épaule, agenouillée à ses côtés. “Et voir quels sont les dégâts.” Alors, cela explique pourquoi elle lui retire sa ceinture et ses chaussures, et quand bien même il n’est pas d’accord avec cette idée, elle aurait eu tôt fait de couper tout simplement son pantalon avec les ciseaux qu’elle sait où trouver. Elle se moque de ce qu’il veut, elle se moque qu’il la veuille loin, elle se moque qu’il n’ait sûrement aucune envie qu’elle regarde elle-même les dégâts que son frère a encore causés sur sa chair.

Et sans le vouloir, elle grimace quand elle voit finalement l’impact et, surtout, quand elle en voit les conséquences, bien plus graves que ce qu’elle aurait pu imaginer - personne ne leur apprend les conséquences d’une balle à blanc tirée quasiment à bout portant, en école de médecine. “Il a une brûlure au deuxième… troisième degré, peut-être.” Il n’a pas seulement besoin d’urgentistes, mais il a besoin d’un traitement spécialisé et de connaissances qui dépassent de loin celles de la brune, dont le regard s’ancre dans sa cuisse à défaut de vouloir croiser ses yeux, même une fois le téléphone raccroché et l’adresse donnée. Dix minutes. “Je m’en irai dès qu’ils s’occuperont de toi.” Elle refuse d’attendre dehors, elle refuse de le laisser seul, et elle refuse même de s’éloigner de lui, incapable de savoir quoi faire pour le soulager ou limiter les possibles dégâts. Il a besoin de professionnels, il a besoin de personnes qui s’y connaissent vraiment et, surtout, il a besoin de ne jamais plus recroiser le chemin de Joseph de sa vie.
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