ÂGE : trente huit ans (26.08.1986) SURNOM : chan par ses proches, souvent monsieur Walker ou Walker tout court STATUT : célibataire, il n'a rien d'autre à offrir que la chaleur de ses draps - et encore MÉTIER : héritier et président-directeur général du Walker Group, entreprise de renom dans le domaine de l'immobilier LOGEMENT : (ça arrive) POSTS : 2608 POINTS : 0
TW IN RP : cicatrices, coma GENRE : Je suis un homme ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : né à Brisbane, voyage aux quatre coins du monde pour le travail › riche héritier de l'empire immobilier le Walker Group › éloquent, droit et calme, il est d'une nature très observatrice › une jambe meurtrie par un accident de la route, il boite fréquemment › d'apparence assez impénétrable, il a en réalité un coeur trop grand pour son propre bien › propriétaire de trois chats › passionné de belles voitures et motardDISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #cc0000 RPs EN COURS :
WALKER › thought saw your face last night, hoping that could mean something. and i didn't know what to say, so i was saying nothing. now i'm drowing in the bottle that i couldn't wake and hoping that you'll come and save again.
Rééducation jour un. Ses tissus se sont suffisamment resserrés, son état est stable, et à force de persévérance et de respect du protocole, les médecins ont autorisé l'héritier à sortir de son lit. À voir autre chose que les murs de la pièce dans laquelle il est enfermé depuis plus d'un mois, et qui commence à torturer son esprit plus que de raison. Prudemment, évidemment, jamais seul et jamais plus longtemps que quelques minutes pour les premières séances, mais il pouvait passer à l'étape suivante. Celle qui serait douloureuse et pénible, lente et fastidieuse, et qui malgré la prévenance des médecins allait dépasser tous ses pronostics.
S’asseoir sur le fauteuil roulant que l’on pousse jusqu’à la salle de rééducation est la première étape. et déjà, la prise de conscience s’amorce. Son corps est raide, faible, ses jambes ne supportent plus son poids et pire encore, se sentir aussi diminué dans une chaise roulante dans laquelle on l’aide à s’installer porte le coup de grâce à son moral. Une infirmière l’emmène jusqu’à l’étage de soins, compatissante et souriante, et ayant pour rôle de patienter avec lui jusqu’à l’arrivée du kinésithérapeute qui va prendre sa relève. et alors qu’ils arpentent les couloirs en silence, l’héritier prend conscience que le reste de l’hôpital n’est pas plus chaleureux que sa chambre. Les murs sont tous plus pâles les uns que les autres, les blouses des médecins toutes les mêmes à quelques exceptions près, et bien vite le maigre espoir qu’il nourrissait de parvenir à retrouver un soupçon de courage en sortant de sa chambre s'amenuise jusqu’à disparaître.
Il ne leur faut que quelques minutes pour atteindre la salle dans laquelle il est censé réapprendre à mobiliser son corps, et alors que la demoiselle arrête le fauteuil peu après qu’ils soient entrés, son regard croise un miroir sur un pan de mur. Situé en face de ce qu’il devine être des barres d’appuis, l’image de la pièce s’y reflète et la sienne également. Déglutir lui est difficile alors que ses yeux glissent vaguement sur sa personne, puis se détournent sans pouvoir supporter davantage ce à quoi ils assistent. La vitesse à laquelle son état s'est dégradé en quelques semaines est spectaculaire. Ses muscles ont fondu, ses cheveux sont déjà légèrement trop longs, son teint est particulièrement blanc et prendre conscience sans les draps pour couvrir son corps qu'il n'est plus que l'ombre de lui-même lui fait un choc. et même si le grand brun a la chance d'être bien entouré et d'avoir pour l'épauler du personnel compétent et patient, il n’est pas sûr d’être assez fort pour une telle épreuve. Remarcher normalement lui prendrait des mois, peut-être des années si toutefois il y parvenait un jour. Remuscler son corps serait un travail long et pénible, et réapprendre à l’aimer le serait plus encore. « Bonjour Channing. » Son prénom le ramène à lui, et lorsqu’il tourne la tête celui qu’il déduit être son kiné s’approche avec ce même sourire que tous les autres membres du St Vincent. Celui compatissant, chaleureux et qui ne l’encourage qu’à se tendre quand la pitié n’est jamais cachée bien loin derrière toute cette mascarade. L’homme fait signe à l’infirmière de prendre congé, et le relais est pris pour ce qu’il craint d’être une heure interminable.
et elle l’est. Interminable, douloureuse, drainante, et alors que son médecin et lui se retrouvent à même le sol après des étirements, Channing ferme les yeux. Il sent son sang pulser dans ses jambes, ses bras tremblent alors qu’il les a à peine sollicités, et sa main se lève pour empêcher celle du kiné de se poser sur son épaule. Il n’a pas besoin de la pitié de l’autre, et son visage froid et fermé est tout aussi dissuasif que ce geste qu’il a à l’encontre de l'autre. Alors, faute de pouvoir lui frotter le dos, le médecin lui adresse des mots pour dédramatiser la situation. et lui ne l’écoute que d’une oreille en cherchant à deviner le nombre de patients auquel l'homme a déjà tenu ce discours. Combien d’entre eux étaient parvenus à remarcher, combien l'avaient cru, combien avaient tenu le coup. Ses yeux s'égarent dans le vide, et il frissonne désagréablement à l’entente des paroles suivantes. « Vous allez y arriver. Donnez-vous du temps. » À l'aube de la quarantaine, célibataire et sans enfant, à la tête de l'empire immobilier le plus puissant du pays, Channing n’avait pas le temps.
Finalement, la séance se termine et on raccompagne l’héritier jusqu’à sa chambre. On l’aide à s’y réinstaller, chose qui lui donne envie de vomir tant son état le répugne, et on lui accorde enfin un peu de temps en seul à seul. Du moins, c’est ce qu’il pensait avant qu’on ne toque à sa porte, et si l’idée de devoir être poli auprès d’un énième docteur lui fait échapper un souffle triste, son regard noisette se fait toutefois étrangement doux en rencontrant celui bleu de son frère. Il n’irait pas jusqu’à dire être heureux de le voir, il est trop tôt pour ça, mais est définitivement soulagé de voir une paire de jeans et des baskets au milieu de tout ce blanc. « Elijah. » le salue t’il avant de détourner le regard pour réajuster une couverture afin de mieux cacher sa jambe, se reportant sur lui par la suite. Il aurait préféré être seul, mais est toutefois reconnaissant à ce coup du hasard que son frère soit celui à pointer le bout de son nez plutôt que Gabrielle ou même Lexie. Apparaître aussi ridicule et mal en point devant les brunes lui tord le coeur, et il juge Elijah plus à même de supporter la scène à laquelle il assiste sans se sentir obligé de sourire bêtement. « J’aimerais dire que je suis heureux de te voir mais je mentirais. » souffle t’il d’une voix qui n’est ni venimeuse ni amusée, plutôt simple et plate alors que son regard parcourt celui de son frère. Il n’est enjoué à l’idée de voir personne, que cela en plaise ou non à ses proches qui ont bien compris que cela n’était rien de personnel. « Comment ça se passe au Walker Group ? » demande-t-il après une brève pause, tendant attentivement l’oreille. Il a envie de se changer les idées, de parler d’autre chose que de l’état lamentable dans lequel il se trouve, et Elijah lui offre l’opportunité parfaite. L’aîné est aux commandes depuis son accident, et même s’il sait que son frère est assez intelligent pour ne pas mener l’entreprise familiale à sa perte en quelques semaines, il ne peut lui en vouloir de prendre quelques nouvelles.
rainmaker
why does my heart cry ☽ you fooled me from the star when you let me start to love you. its like a bunch of broken picture frames, but the photo still remains the same. and i, i thought it'd be easy to run but my legs are broken. all alone, all we know, its hauting me. making it harder to breathe
Elijah Walker
les mauvaises décisions
ÂGE : 39 ans (04/01/1985) SURNOM : eli, simple et efficace STATUT : cœur autrefois brisé, désormais jalousement gardé, mais dont l’armure ne cesse de se craqueler face à une adorable petite souris MÉTIER : architecte au sein du walker group, et chargé du cours de recherche en environnement et durabilité à la faculté d'architecture de l'université du queensland. LOGEMENT : un penthouse lumineux à spring hill, qu’il partage avec son chat siamois zelda et ses deux nouvelles recrues félines, safflina et drogon - ou plutôt dans lequel il est autorisé à rester tant qu’il n’oublie pas de remplir leur gamelle POSTS : 2694 POINTS : 20
TW IN RP : ex-toxicomanie GENRE : Je suis un homme ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : né à Brisbane, il a sillonné les plus belles régions du globe une fois sa majorité atteinte puis s’est installé à New York avant de revenir dans la ville qui l’a vu grandir fin 2021 ✵ aîné de la fratrie Walker ✵ architecte depuis plus de dix ans, il excelle dans son travail ✵ un passé riche d’excès en tous genres, le seul vice ayant persisté au travers des années étant la cigarette ✵ (trop) honnête, il préfère une vérité blessante à un mensonge confortable ✵ très sociable, doué avec les mots et le sourire facile, sa façade s’effondre lorsque l'interaction devient trop réelleCODE COULEUR : eli se pavane en #00B464 RPs EN COURS :
WALKER ✵ we don't talk much, not anymore. broken bottles and slammin' doors, but we still care about each other, say we care about each other. i know life took us far away, but I still dream 'bout the good old days. when we took care of each other, we were livin' for each other.
ELIORA ✵ gimme what you got - your talk is incredible, so, so, so unusual. you taste like surfing videos. i'm going to read your mind, who you hiding? you fake your shyness, i just wish that i could see through you... hot glue, vape juice, hit undo, how the hell are you so cool?
( 19 juin 2022 ) C’est assez perplexe, et considérablement inquiet, qu’Eli avait décroché son téléphone en voyant le nom de son frère s’afficher à l’écran alors que la nuit était déjà bien avancée. Craignant une urgence qui justifierait un appel aussi tardif, Eli fut toutefois vite rassuré sur ce point-là en entendant la voix traînante de son frère retentir dans ses oreilles, indiquant que celui-ci devait être passablement imbibé et que c’était davantage ses états d’âme qu’un cas de force majeure qui avaient motivé l’appel téléphonique. Il déchanta cependant rapidement lorsque vint s’écraser contre ses oreilles incrédules un déferlement de colère, de reproches et de sarcasmes à son encontre, motivés apparemment par les opinions qu’Eli avait précédemment émises au sujet de la relation qu’entretenait son frère avec une dénommée Gabrielle, avec qui la situation, à en juger le discours décousu mais intense de Chan, semblait battre de l’aile. Lorsque les propos colériques vinrent se faire pratiquement insultants, Eli s’était contenté d’annoncer qu’il mettait fin à la conversation, avant de joindre le geste à la parole et de raccrocher, perplexe mais pas énervé pour autant, et décidé à tirer la situation au clair lorsque la lumière du jour serait à nouveau au rendez-vous.
( 20 juin 2022 ) Tirer la situation au clair, oui, mais… C’était sans compter la persistance de la mauvaise humeur de Chan, qu’Eli avait mise de manière erronée sur le compte de l’alcool. Lorsque l’aîné des Walker vint rendre visite à son frère, un sachet de viennoiseries à la main dans le but de l’aider à éponger l’alcool ingurgité la veille, ce dernier lui réserva un accueil pour le moins glacial. Les esprits ne tardèrent cependant pas à s’échauffer, au gré d’une joute verbale dont, à ce jour, Eli serait toujours incapable d’expliquer la cause précise. Mais, même sans cette dernière, les mots n’en avaient pas moins été proférés – et ils avaient été aussi durs que blessants. Alors que pleuvaient de la part de son cadet les mêmes reproches que ceux qu’il entendait en boucle depuis sept mois, indépendamment de tous les efforts qu’il avait fournis pour réparer les torts qu’il avait pu causer, et qui ne semblaient décidément pas compter pour un sou, Eli, pour la première fois depuis son retour, perdit à son tour son calme d’ordinaire olympien. Pour la première fois depuis son retour, il répondit aux accusations qu’on lui balançait par autre chose que des excuses, troquant la position humble à laquelle il s’était curieusement habituée ces derniers temps contre un ton défensif, osant enfin se justifier face à certains des reproches qu’il ne cessait d’entendre. Et, pour la première fois depuis son retour, Eli haussa à son tour le ton face à son frère, rompant ainsi l’image du grand frère à la sérénité à toute épreuve. Grand mal lui en prit, cependant – car face à cette perte de sang-froid, le ton de Channing ne devint que plus véhément, jusqu’à atteindre un point culminant d’agressivité, qu’Eli n’avait pas vu venir. « Mais arrête de faire comme si t’étais mon frère ! Tu l’es plus, ça fait vingt ans que tu l’as plus été. » Ces propos eurent l’effet d’une douche froide, et Eli retrouva instantanément son calme, bien que ce dernier fût teinté de colère autant que de peine. « Je vais y aller, Chan – j’ai pas envie de poursuivre cette conversation. Reviens me voir quand tu seras calmé. » Il s’était aussitôt levé et avait pris la porte sans demander son reste, ni sans un regard en arrière – bien loin de se douter combien il risquait de perdre à tout jamais son frère sur ces dernières paroles.
( 21 juin 2022 ) C’est dans un brouhaha d’allers et venues des proches et des médecins qu’Eli, comme déconnecté, contemplait son petit frère, assis dans le fauteuil qui faisait face au lit d’hôpital de ce dernier. Il avait envie de pleurer toutes les larmes de son corps, bouleversé par ce que venaient de traverser tant Channing que Lexie, mais il se refusait à céder – il était indispensable pour lui de rester fort et inébranlable, tant pour lui que pour les autres, à la façon d’un phare qui ne faiblissait pas en pleine tempête. Lorsqu’il était seul, il s’autorisait parfois à laisser s’évanouir l’éternel sourire optimiste que l’on lui connaissait si bien, et la terreur venait s’emparer à nouveau de ses entrailles.
( 22 juin 2022 ) Profitant des quelques minutes où il se retrouva seul avec son frère, toujours profondément endormi, dans la chambre d’hôpital de ce dernier, Eli fut pris d’un besoin impérieux de communication avec son cadet, autrement qu’en lui murmurant des paroles angoissées en lui tenant la main. C’est assez naturellement qu’il lui vint l’idée de s’enregistrer, et, à son grand soulagement, il n’eut pas trop de difficulté à esquisser son sourire le plus éclatant en dépit de l’inquiétude qui brillait, maladroitement camouflée, dans ses prunelles turquoise, dès que démarra l’enregistrement vidéo. « Salut, mon grand… Ça fait deux jours que tu dors, et le temps devient long sans toi, tu sais ? Je vais pas te mentir, ces deux jours ont été bien merdiques – je pense qu’il y a même pas de mots qui pourraient exactement décrire à quel point. Mais on s’accroche, et on t’attend. Ne t’en fais pas, je veille sur notre Lexie – elle ne manquera de rien en attendant le retour de son frère préféré. » L’aisance lui vint en parlant, et il poursuivit quelques instants supplémentaires son petit laïus dominé par des notes d’espoir et d’encouragement, où ne perçait nullement l’angoisse glaçante qui titillait à bas bruit chacun de ses sens. Lorsqu’il eut fini de parler, il n’hésita pas longtemps avant d’envoyer la vidéo à son frère, dont le téléphone vibra paresseusement à côté de lui. Ce fut la première d’une série de vidéos quotidiennes, qu’Eli continuerait à enregistrer jusqu’au réveil de son petit frère.
( 23 juin 2022 ) « Salut, mon grand – alors, toujours pas décidé à nous faire l’honneur de ta présence, à ce que je vois ? Tu devais être une rockstar dans une vie antérieure, à te faire désirer comme ça… J’ai rencontré ta fameuse Gabrielle, bon, c’était pas les circonstances idéales pour faire connaissance, tu t’en doutes… Mais je peux te dire que t’as bon goût – encore que ça m’étonne pas, ça doit être de famille », plaisanta Eli en adressant l’un de ses fameux clins d’œil à la caméra, le ton toujours aussi joyeux en dépit de combien les interactions avec ladite Gabrielle, brèves mais lourdes de sens, avaient été déchirantes. « C’est qu’elle t’aime, en tout cas… Impossible de la déloger d’ici, je suis sûr qu’elle planterait sa tente dans le parking de l’hôpital si on lui interdisait de rester ici – je la connais pas, mais on dirait bien que tu t’es dégoté une sacrée perle. »
( 24 juin 2022 ) « Salut, mon grand. J’aurais presque voulu être à ta place, aujourd’hui… Je te dis pas la dispute que je viens d’avoir avec maman. Elle est totalement déconnectée, enfin, je t’apprends rien. Elle veut maintenir son gala d’hiver à la con, et elle veut que je sois là pour rEpRésEnTeR lA fAmiLlE… Tenir un discours devant cinq cent connards pour leur demander leur fric… Comme si j’avais la tête à ça – déjà que j’ai jamais eu la tête à ça, mais alors là, maintenant, je pense pas qu’il y aurait pu y avoir de pire moment. Tu m’as pas dit que je signais pour ça, quand tu m’as fait venir au Walker Group… Je suis sûr que tu dois bien ricaner de m’imaginer dans cette posture – tu m’en devras une, c’est moi qui te le dis. »
( 25 juin 2022 ) « Salut, mon grand… Alors, c’est quand que tu vas te réveiller ? Ça a assez duré comme ça, tu penses pas ? » Eli n’avait plus la force de prendre ce ton enjoué et optimiste, tandis que l’espoir de voir se réveiller son petit frère se faisait de plus en plus mince, en dépit du courage qu’il aurait voulu continuer à avoir. Il avait les traits tirés, le teint pâle, le visage émacié tant il ne parvenait plus à manger convenablement, faute de place dans un estomac continuellement tordu par l’appréhension d’entendre tomber une terrible nouvelle. Eli soupira, se passant une main sur le visage en s’exhortant au calme, ses yeux bleus se mettant à briller, suggérant sans équivoque le chagrin qui menaçait de le submerger à chaque instant. « On a besoin de toi, Chan… J’ai besoin de toi. Ça peut pas se finir comme ça… On a encore tellement de choses à vivre ensemble, toi et moi. Si tu savais comme je regrette d’être parti… de ne pas avoir profité de tout le temps que j’aurais pu passer à tes côtés. Je suis tellement désolé, tu sais ? Je te l’ai dit un million de fois, mais tu sais pas combien c’est vrai. Tu sais pas combien je t’aime, combien tu comptes. Combien j’ai besoin que tu sois dans ma vie… » Ses yeux se firent rougis, tandis que la pudeur cédait enfin à tous les sentiments dissimulés pendant tant de temps. Gonflant les joues, Eli souffla longuement, recomposant tant bien que mal une contenance qui devenait plus difficile que jamais à garder, et qui ne put empêcher une larme de couler le long de sa joue mal rasée. « Je compte sur toi, petit frère. Je sais que tu peux le faire. On t’attend de pied ferme… On bougera pas jusqu’au jour où tu ouvriras les yeux. » Même si ce jour risque de ne jamais arriver…
( 26 juin 2022 ) « Salut, mon grand. Aujourd’hui est un nouveau jour plein d’espoir, tu m’excuseras d’avoir un peu perdu les pédales, hier. Je ne sais pas si ça va te donner un peu plus envie de te réveiller, mais il faut que tu saches qu’ils ont l’air d’avoir mis toutes les plus jolies infirmières de corvée pour tes beaux yeux. Je croyais que c’était une légende, mais c’est vrai, on se croirait à la télé. Je sais, c’est pas très 2022 et je te promets qu’il n’y a personne pour entendre ce que je suis en train de dire – à part toi, bien sûr. Je suis sûr que tu aurais apprécié le spectacle. T’as plus qu’à te réveiller pour voir par toi-même de quoi je parle. »
( 27 juin 2022 ) Le hasard aura bien fait les choses, diront certains. Eli, quant à lui, maintiendra toujours mordicus que c’était son invitation à contempler les jolies infirmières du service qui aura eu raison du coma de Chan. Il n’aura toutefois jamais eu l’occasion d’en faire la blague – trop pudique pour évoquer les vlogs qu’il avait tout naturellement envoyés alors que Chan était endormi, mais dont la mention devenait plus délicate maintenant qu’il était réveillé, et que leurs anciennes tensions venaient obstruer sa propension à verbaliser ses sentiments à l’égard de son petit frère. Cela ne l’avait pas empêché à continuer à lui rendre quotidiennement visite, arborant un sourire bienveillant et complice dans l’espoir de voir se dérider celui qui avait échappé de peu à la mort, et dont la rééducation s’annonçait au moins aussi douloureuse que la semaine qu’il avait passée entre la vie et la mort.
( un mois plus tard ) Comme à son habitude, Eli avait pris le chemin vers l’hôpital dès la fin de sa journée de travail, afin de rendre visite à un Chan dont l’humeur semblait inversement proportionnelle à son état physique. Ces derniers jours, il l’avait connu de plus en plus bougon, de plus en plus contrarié de voir que sa revalidation n’avançait pas aussi vite qu’il ne l’aurait voulu. Tout en se rendant disponible si jamais Chan voulait s’épancher sur ses états d’âme –ce qu’il se refusait toujours farouchement à faire–, Eli avait opté pour cette légèreté caractéristique dont il avait l’habitude de faire preuve afin de lui changer les idées. Il avait, depuis le réveil de son cadet, évité comme la peste les conversations profondes, peu désireux de l’accabler avec des discussions susceptibles de lui faire perdre le peu de moral qu’il parvenait encore à garder. Pourtant, ils en avaient, des choses à déballer. Mais, tout égoïste qu’il pouvait l’être, Eli avait bien conscience que le moment n’était pas venu de les aborder, et il mettait quotidiennement un point d’honneur à faire de son mieux pour que ses visites allègent un tant soit peu le quotidien déjà difficilement supportable de son petit frère.
C’est avec douceur qu’il s’introduisit dans la chambre de Channing après avoir reçu le feu vert des infirmières, qui l’informèrent qu’il venait de rentrer de sa première séance de kinésithérapie. Il fut peiné de voir l’état d’accablement qui se lisait sur le visage de son cadet, mais n’en laissa rien remarquer, conservant son indémodable sourire à la fois enjoué et réconfortant. « Merde, et moi qui espérais t’avoir manqué », répondit-il sans se départir de son expression joviale à la réplique pourtant peu engageante de Channing. Il prit place aux côtés de son frère, dégageant ces ondes positives qui pouvaient presque devenir agaçantes tant elles étaient authentiques. « Le Walker Group ? J’ai conclu un accord de vente avec une firme taïwanaise, ils nous ont garanti qu’ils ne licencieraient presque personne après la reprise. » Un sourire mutin se dessina sur ses lèvres pour démentir sa plaisanterie, mais il ne tarda pas trop avant de rectifier, soucieux de ne pas trop mettre les nerfs de Channing à rude épreuve. « Ça se passe bien, t’en fais pas. Je me fais chier tous les jours dans des réunions à n’en plus finir. Je peux te dire que j’ai jamais été aussi content d’avoir échappé aussi longtemps à ton poste, et que j’ai jamais eu aussi hâte que tu reviennes au boulot. J’ai jamais vu des gens aussi chiants que ce putain de comité d’administration », affirma-t-il avec ce sourire témoin de son aversion des responsabilités. « Tiens, j’ai réussi à faire un peu de contrebande à l’entrée, si jamais tu veux te changer les idées », annonça-t-il avec un clin d’œil, avant de tirer deux bières glacées de sa mallette en cuir, et d’en tendre une à Chan.
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Dernière édition par Elijah Walker le Mer 9 Nov - 13:35, édité 2 fois
Channing Walker
La couronne d'épines
ÂGE : trente huit ans (26.08.1986) SURNOM : chan par ses proches, souvent monsieur Walker ou Walker tout court STATUT : célibataire, il n'a rien d'autre à offrir que la chaleur de ses draps - et encore MÉTIER : héritier et président-directeur général du Walker Group, entreprise de renom dans le domaine de l'immobilier LOGEMENT : (ça arrive) POSTS : 2608 POINTS : 0
TW IN RP : cicatrices, coma GENRE : Je suis un homme ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : né à Brisbane, voyage aux quatre coins du monde pour le travail › riche héritier de l'empire immobilier le Walker Group › éloquent, droit et calme, il est d'une nature très observatrice › une jambe meurtrie par un accident de la route, il boite fréquemment › d'apparence assez impénétrable, il a en réalité un coeur trop grand pour son propre bien › propriétaire de trois chats › passionné de belles voitures et motardDISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #cc0000 RPs EN COURS :
WALKER › thought saw your face last night, hoping that could mean something. and i didn't know what to say, so i was saying nothing. now i'm drowing in the bottle that i couldn't wake and hoping that you'll come and save again.
20 juin 2022 L'alcool qui lui avait tenu compagnie la veille ne s'était pas évaporé de son système en quelques heures de sommeil seulement, et inévitablement Channing avait la tête lourde comme du plomb en se réveillant au petit matin. Il ne buvait que rarement seul, se connaissait assez pour savoir que sans quelqu'un avec qui tenir une conversation sa main avait tendance à se faire généreuse pour maintenir ses verres à flot, mais Elijah avait été une excuse suffisante pour dérober à ses principes. Le goût de whisky toujours sur la langue, l'héritier enfonce sa tête dans l'oreiller en grommelant contre lui-même, se remémorant peu à peu les évènements de la nuit et notamment sa conversation avec son frère qu'il avait appelé entre deux verres - ou bouteilles, à ce stade. L'aîné l'avait fait sortir de ses gongs en abordant le sujet sensible de la californienne un peu plus tôt, prétendant avoir son mot à dire sur cette relation qu'il entretenait avec Gabrielle, et il n'en avait pas fallu beaucoup plus pour que le brun se saisisse de l'occasion afin de dire quelques vérités à celui qui avait fui à l'autre bout du monde sans un regard en arrière. Ses doigts avaient donc composé son numéro sur le pavé tactile de son portable, sa voix traînante appelant son nom au travers du combiné et les mots coulant avec une facilité surprenante une fois la connexion établie. Il n'était pourtant pas le genre impulsif, sanguin ou blessant, mais avec environ deux grammes d'alcool dans chaque bras et vingt ans de reproches à partager, la donne avait été différente. et maintenant qu'il se retrouvait seul avec sa gueule de bois et ses regrets, se rendormir lui semblait être la meilleure chose à faire pour ne pas aggraver son cas. Il ne regrettait pas d'avoir insulté son aîné, a probablement besoin de le faire à un moment ou à un autre pour pouvoir définitivement tourner la page - s'il y parvenait un jour, mais regrettait en revanche qu'ils en soient arrivés là. Qu'ils n'aient plus rien d'autre à partager que des insultes, que Channing n'ait plus rien d'autre à lui dire excepté à quel point il le haïssait d'être parti quand lui et Lexie étaient les deux seules personnes sur qui il avait toujours pensé pouvoir compter. Il avait eu tord.
et au moment où ses paupières se referment et qu'il semble prêt, d'un moment à un autre, à sombrer à nouveau, le son distinctif d'une personne qui sonne à sa porte l'arrache à son sommeil tant convoité. Channing expire un râlement - qui s'apparente davantage à un grognement tant l'héritier s'apparente plus à un ours ayant mal dormi qu'un fils prodige, avant de trouver la force de se lever. Avec un peu de chance, il ne s'agit que du facteur et son sommeil ne sera reporter que de quelques minutes. Avec un peu de chance... mais il en manque cruellement en découvrant son frère, un sachet de ce qu'il devine être des viennoiseries à la main, debout devant sa porte avec un sourire sur les lèvres. misère. Elijah entre sans vraiment lui laisser le temps de l'inviter à le faire, et aussi simplement que cela les étincelles de la veille se rallument alors qu'il referme la porte sur son passage. Tous les croissants du monde ne peuvent racheter une conduite à l'aîné des Walker, et sa tentative d'apaiser les choses ne fait que les envenimer alors que le brun n'est pas enchanté le moins du monde à l'idée de le voir. Il lui manque, il lui manque tellement que sa vue lui est insupportable quand trop de détails chez lui lui rappellent inlassablement son grand frère qu'il aimait plus que tout. Celui avec qui il tenait la barre sur le bateau de Richard, celui qui les entraînait en dehors du manoir familial Lexie et lui lorsqu'il avait quelque chose d'important à leur montrer - soit l'adorable chat errant du quartier à qui la fratrie avait donné un nom et pour qui ils dérobaient toutes les boites de thon du cellier. Son regard bleu lui est trop familier, son éternel optimisme trop dur à supporter, et toutes ces choses font que Channing est aussi heureux que irrité par sa présence qu'il préfère repousser plutôt que de prendre le risque d'aimer à nouveau. C'est plus facile, plus prudent, mais l'autre s'acharne et complique les choses en l'obligeant ainsi à ne lui laisser d'autre choix que de le blesser à chaque fois un peu plus. et c'est ce qu'il fait, une nouvelle fois, vociférant quelques atrocités à son égard en espérant que cela le fasse partir, continuant jusqu'à lui faire perdre son calme olympien qu'il pensait pourtant impénétrable. « Je vais y aller, Chan – j’ai pas envie de poursuivre cette conversation. Reviens me voir quand tu seras calmé. » Il respire d'une manière audible, son visage contracté par la rancœur et sa poitrine se soulevant au même rythme que le sang qui pulse anormalement fort dans ses veines, dommage collatéral de cet énervement dont il subit les conséquences après l'avoir créé. « C'est ça, pars Elijah. C'est ce que tu fais de mieux. » crache t'il avec douleur autant que venin, se levant à son tour et se détournant pour abandonner son frère au milieu de son salon et retourner faire la seule chose que lui est apte à faire aujourd'hui : dormir.
fin juillet S'il avait su ce qui l'attendait. S'il avait su que sortir sa moto ce maudit soir du vingt juin lui ferait faire un aller-retour dans les ténèbres, s'il avait su qu'une jambe pouvait se déchirer et se briser en autant de points et de façons différentes. S'il avait accéléré un peu plus ou un peu moins à ce feu rouge, s'il n'avait pas doublé autant de voiture en remontant en inter file, s'il avait pu éviter ce tocard d'italien. si. Mais il n'avait rien fait de tout ça, s'était fait prendre comme une biche au milieu d'une paire de phares et avait virevolté dans les airs avant de s'écraser contre le macadam et d'y laisser une partie de lui. Il regrettait, regrettait de ne pas avoir pu éviter le pire, regrettait plus encore d'être alité dans ce lit et de dépendre des différents membres du personnel du St Vincent pour survivre. Vivoter, continuer de respirer, cela faisait plus d'un mois à présent qu'il ne vivait plus mais se contentait d'exister et cela lui pesait bien plus qu'il ne l'avouerait à personne à voix haute. Il n'avait après tout pas le droit de protester, pas vrai ? Les médecins lui répétaient à longueur de journée qu'il était un véritable miracle, ses proches le cajolaient à la moindre occasion et ses jours n'étaient plus en danger. Mais qu'est-ce qui pouvait bien faire croire à tous ces gens que cela suffisait ? Consommer de l'oxygène, occuper une place sur cette Terre, exister : cela n'avait jamais été ce à quoi se résumait sa vie. Sa vie, Channing l'avait toujours vécue à deux cent kilomètre heure. Il l'avait passée à sillonner les plus belles villes du monde, au volant des plus belles supercars, à assister à des fêtes toutes plus somptueuses les unes que les autres, à consommer tout ce qui attirait son regard, à sourire pour les tabloïds tant que cela lui assurait un avenir serein : un dans lequel le Monde était à sa portée. Dans lequel tout méritait d'être vécu, dans lequel il pouvait forger des souvenirs indélébiles et s'entourer des personnes qu'il aimait en ayant à se soucier uniquement de l'empire de l'immobilier dont il devait faire prospérer le nom. Là avait été sa seule règle, et il n'y avait jamais dérogé.
Il n'avait jamais fait d'écart, avait rarement été égoïste - en se réservant la dernière part de son propre gâteau d'anniversaire, par exemple. Il avait toujours tout fait pour arrondir les angles et permettre à ses proches de s'épanouir, et voilà que la vie le remerciait pour ses services en le clouant ici. En le confrontant à ses démons et à ses plus grandes peurs, en ne lui permettant de ne faire rien d'autre que ruminer et regarder en boucle les vlogs envoyés par son frère durant son sommeil prolongé. Il ne crachait pas sur les visites de ses proches, encore moins sur celles de Gabrielle qui étaient bien plus importantes qu'il ne lui laissait croire, mais ces petites choses peinaient à le maintenir à la surface. Combien de fois avait-il regardé ces vidéos où l'air aussi idiot que irréel de son frère faisait se bousculer en lui trop de sentiments pour qu'il puisse tous les décrire ? À plusieurs reprises, Channing s'était demandé ce à quoi ces vidéos journalières auraient pu ressembler s'il était resté dans le coma plus longtemps. S'il ne s'était réveillé que d'ici un mois ou deux, peut-être même des années. Elijah aurait-il continué de parler à la caméra ? L'aurait-il vu se transformer, vidéo après vidéo - car il les aurait toutes regardé, peu importe leur nombre ? Aurait-il continué ou aurait-il perdu espoir, disparaissant du jour au lendemain comme peut être certains de ses proches qui auraient accepté au fil du temps de lui dire aurevoir ? Qui se serait tenu à son chevet si, deux ans plus tard - en partant du principe que personne ne l'aurait débranché, ses paupières s'étaient ouvertes sur ce foutu plafond pâle ? La question était aussi sérieuse que terrifiante tant l'idée de découvrir que tous l'avaient abandonné le tétanisait au plus profond de son être.
Mais en une semaine, personne ne semblait l'avoir abandonné. et contre toute attente, son aîné avait envoyé chaque jour à une heure similaire une vidéo de lui-même parlant au bord de son lit, à la façon dont on entretiendrait un journal de bord. Elijah lui avait partagé des anecdotes, parlant tantôt des responsabilités du Walker Group que des jolies infirmières qui s'assuraient de le garder en vie, se laissant déborder à une seule reprise en ce curieux jour du vingt-cinq juin. « Salut, mon grand… Alors, c’est quand que tu vas te réveiller ? Ça a assez duré comme ça, tu penses pas ? » Oh, Channing pourrait citer avant lui les moindres mots qui s'apprêtent à sortir de ses lèvres. Mimer les moindres de ses expressions faciales, reproduire à la perfection ce sourire triste sans même avoir à faire trop d'effort pour y parvenir. Elijah se tenait juste là, à côté de lui, et le décor sur lequel se découpe sa silhouette demeure encore aujourd'hui sensiblement le même. Le volume de la vidéo considérablement bas pour permettre à l'héritier de tendre l'oreille vers le couloir dans le cas où quelqu'un viendrait à l'interrompre, ses yeux naviguent avec attention sur le visage de son frère tandis qu'il poursuit. « On a besoin de toi, Chan… J’ai besoin de toi. Ça peut pas se finir comme ça… On a encore tellement de choses à vivre ensemble, toi et moi. Si tu savais comme je regrette d’être parti… de ne pas avoir profité de tout le temps que j’aurais pu passer à tes côtés. Je suis tellement désolé, tu sais ? Je te l’ai dit un million de fois, mais tu sais pas combien c’est vrai. Tu sais pas combien je t’aime, combien tu comptes. Combien j’ai besoin que tu sois dans ma vie… » Sa gorge se serre de la même façon qu'à la première écoute, et ses sourcils s'affaissent tristement. Pensait-il, en enregistrant ces quelques confessions, qu'il serait un jour en mesure de les entendre ? Ou craignait-il de parler dans le vide, se donnant ainsi le courage d'aller au bout de ces vidéos et de les lui envoyer ? L'héritier souhaitait sincèrement parler à coeur ouvert avec lui, avoir la force de lui pardonner son absence et le serrer dans les bras jusqu'à l'entendre se plaindre et lui demander de le lâcher. Il désirait franchir ce cap autant qu'il s'en savait incapable pour l'heure, mais Channing avait bon espoir que son frère daigne patienter le temps nécessaire quand Lexie et lui l'avaient - inconsciemment bien sûr, attendu deux décennies durant. « Je compte sur toi, petit frère. Je sais que tu peux le faire. On t’attend de pied ferme… On bougera pas jusqu’au jour où tu ouvriras les yeux. » et ils n'avaient pas bougé. Ils avaient bien été là, tous les deux, à l'attendre avec leurs sourires soulagés et leurs yeux larmoyants. et Channing les aimait plus que tout au monde pour ça - entre autres.
aujourd'hui Le vent s'engouffre quasi silencieusement dans la porte de sa chambre, et alors qu'il vient tout juste de se réinstaller dans son lit son regard se tourne vers celui qui fait son apparition. Elijah et son éternel sourire viennent perturber son chagrin, et peut-être que l'héritier ravale d'ores et déjà un souffle las alors qu'il se sait bien assez fatigué sans avoir besoin de tenir tête à son frère et à sa bonne humeur - bien que rien ne l'y oblige. Les draps réajustés honteusement sur son corps meurtri par une chute qu'il n'oubliera jamais, ses yeux noisettes croisent ceux azurs de son aîné et de premiers mots franchissent la barrière de ses lèvres. Jamais trop chaleureux - signe qu'il ne va pas ni moins bien ni mieux que la veille, jamais trop venimeux pour autant. Mais las, terriblement plats et dénudés de toute énergie, alors que l'arrière de son crâne s'enfonce progressivement dans l'oreiller sous la fatigue. « Merde, et moi qui espérais t’avoir manqué » C'est qu'il le ferait presque désespérément rire à ne pas se défaire de son air jovial alors qu'il sait aussi bien que lui qu'il n'est qu'une mascarade. Mais l'héritier doit bien lui accorder cela : il est coriace. Ses lèvres se plissent brièvement entre elles, comme s'il excusait son manque de bonne humeur face à sa présence, bien qu'il ne se mette pas à faire l'effort de sourire. « On en est pas encore là. » remarque t'il avant de poursuivre, l'interrogeant sans lui laisser le temps de se lamenter sur son sort comment se porte le Walker Group. Comment va l'entreprise familiale, à quel point la presse dramatise les faits le concernant, et comment lui parvient à s'en sortir au milieu de ce qu'il a toujours détesté avec passion : l'administration et les responsabilités. Il faut dire qu'il s'agit là d'une des rares satisfactions qu'il tire de cette situation, si ce n'est la seule. Imaginer Elijah au beau milieu de tous ces idiots en costume, à garder les yeux ouverts et à tendre l'oreille durant des réunions interminables, parvient courageusement à étirer ses lèvres. Lui ayant toujours eu horreur de ces choses se retrouve seul à devoir les gérer, et Channing mentirait en prétendant ne pas rire en imaginant la scène depuis son lit d'hôpital. « Le Walker Group ? » « Oui, la boîte d'immobilier que tu diriges à tes heures perdues en attendant mon retour ? » « J’ai conclu un accord de vente avec une firme taïwanaise, ils nous ont garanti qu’ils ne licencieraient presque personne après la reprise. » Son visage prend une expression agréablement surprise, ses sourcils se réhaussant en redonnant ainsi à son regard un peu de vie. Loin d'éviter au navire de s'écraser dans un flanc de colline, Elijah concluait des accords ? Il l'écoute poursuivre avec attention, lui laissant tout le loisir de sourire de son air niais et complice qui apporte un peu de chaleur dans cette pièce en ayant cruellement besoin. « Ça se passe bien, t’en fais pas. Je me fais chier tous les jours dans des réunions à n’en plus finir. Je peux te dire que j’ai jamais été aussi content d’avoir échappé aussi longtemps à ton poste, et que j’ai jamais eu aussi hâte que tu reviennes au boulot. J’ai jamais vu des gens aussi chiants que ce putain de comité d’administration » Voilà qui ressemble bien plus à un debrief digne de son aîné, et ses sourcils reprennent leur place initiale tandis qu'un sourire profite d'un peu de distraction pour étirer péniblement les courbes de sa bouche. Oui, l'imaginer regarder par les baies vitrées des salles de réunion avec l'envie de s'en jeter l'amuse doucement. Elijah n'avait jamais été fait pour ça, et s'il lui en voulait profondément d'être parti en catimini à la première occasion, Channing savait toutefois qu'il n'aurait jamais pu prendre sa place même s'il avait voulu le faire par principe. « Ne fais pas cette tête, je sais que tu t'amuses comme un petit fou. Tu dois bien t'entendre avec Mila, qui plus est. » souffle t'il en abaissant distraitement son regard sur sa mallette de cuir abordant une drôle de forme, soupçonnant cette dernière de ne pas contenir uniquement des dossiers. Il redresse le regard vers celui de son frère, penchant curieusement la tête une seconde sans avoir besoin de formuler son interrogation à voix haute : voilà que le pirate sort de son tonneau deux bières glacées qui arrachent un regard courroucé au cadet. « Tiens, j’ai réussi à faire un peu de contrebande à l’entrée, si jamais tu veux te changer les idées » Ses iris noisettes se redressent vers les siennes indigo, et ses lèvres s'entrouvrent sans qu'aucun son n'en sorte immédiatement. « Tu veux m'achever ? » lui demande t'il d'un air tout à fait sérieux, et la prise irréfléchie de son aîné lui provoque un rire sifflé tant Elijah n'a cesse de le surprendre. Les substances médicamenteuses qui coulent dans ses veines sont incompatibles avec le trophée qu'il lui propose, mais l'effort l'amuse sincèrement. Le brun secoue la tête d'un air perceptiblement amusé, marquant une pause pour permettre à son frère de réaliser, avant qu'il ne poursuive. « Si tu veux me faire plaisir, je suis cruellement en manque de chocolat. » suggère t'il en haussant légèrement les épaules, l'air innocent. Pas que cela soit très bon non plus, mais disons que cela est moins mauvais qu'une bière et qu'il y prendrait plus de plaisir. Son regard ayant retrouvé celui de son frère, il guette la moindre réaction venant de sa part, se faisant à nouveau silencieux.
rainmaker
why does my heart cry ☽ you fooled me from the star when you let me start to love you. its like a bunch of broken picture frames, but the photo still remains the same. and i, i thought it'd be easy to run but my legs are broken. all alone, all we know, its hauting me. making it harder to breathe
Elijah Walker
les mauvaises décisions
ÂGE : 39 ans (04/01/1985) SURNOM : eli, simple et efficace STATUT : cœur autrefois brisé, désormais jalousement gardé, mais dont l’armure ne cesse de se craqueler face à une adorable petite souris MÉTIER : architecte au sein du walker group, et chargé du cours de recherche en environnement et durabilité à la faculté d'architecture de l'université du queensland. LOGEMENT : un penthouse lumineux à spring hill, qu’il partage avec son chat siamois zelda et ses deux nouvelles recrues félines, safflina et drogon - ou plutôt dans lequel il est autorisé à rester tant qu’il n’oublie pas de remplir leur gamelle POSTS : 2694 POINTS : 20
TW IN RP : ex-toxicomanie GENRE : Je suis un homme ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : né à Brisbane, il a sillonné les plus belles régions du globe une fois sa majorité atteinte puis s’est installé à New York avant de revenir dans la ville qui l’a vu grandir fin 2021 ✵ aîné de la fratrie Walker ✵ architecte depuis plus de dix ans, il excelle dans son travail ✵ un passé riche d’excès en tous genres, le seul vice ayant persisté au travers des années étant la cigarette ✵ (trop) honnête, il préfère une vérité blessante à un mensonge confortable ✵ très sociable, doué avec les mots et le sourire facile, sa façade s’effondre lorsque l'interaction devient trop réelleCODE COULEUR : eli se pavane en #00B464 RPs EN COURS :
WALKER ✵ we don't talk much, not anymore. broken bottles and slammin' doors, but we still care about each other, say we care about each other. i know life took us far away, but I still dream 'bout the good old days. when we took care of each other, we were livin' for each other.
ELIORA ✵ gimme what you got - your talk is incredible, so, so, so unusual. you taste like surfing videos. i'm going to read your mind, who you hiding? you fake your shyness, i just wish that i could see through you... hot glue, vape juice, hit undo, how the hell are you so cool?
wb>( 27 juin 2022 ) C'est avec des pieds de plomb qu'Eli s'était rendu au quartier général du Walker Groupe ce lundi matin, après un weekend passé au chevet de son petit frère, dont l'absence se faisait aussi pesante au bureau que dans sa vie personnelle. La semaine dernière, il avait pris congé dès le lendemain de l'accident, désireux d'être auprès de son frère dès l'instant où ce dernier ouvrirait les yeux. Finalement, cette décision ne lui aura permis que de tenir compagnie à son corps inanimé, dans l'espoir de plus en plus difficile à garder de le voir ouvrir les yeux. Un espoir jusqu'à présent déçu, mais qu'Eli se forçait à conserver, refusant toujours de croire que l'heure de fin avait sonné pour Channing. Peut-être qu'au fond, la force de son optimisme n'était en réalité que proportionnelle à l'envergure de son déni, de son refus à envisager que cet accident pourrait mettre le point d'orgue à la vie de son petit frère. Alors, une semaine durant, et aujourd'hui encore, Eli continuait de s'acharner contre la tendance générale au pessimisme qui commençait à peser autour de Chan.
Impossible pour lui de penser à quoi que ce soit d'autre - pourtant, la réalité au-delà de l'hôpital n'avait pas tardé à le rattraper, et les e-mails au contenu plus ou moins urgent ne cessaient de s'accumuler dans sa boîte de réception. Loin d'être en état de se concentrer sur ses responsabilités professionnelles, Eli n'avait même pas pris la peine d'ouvrir la majorité des messages, dont les expéditeurs devaient se demander à quoi il jouait, lui qui d'ordinaire était d'une réactivité exemplaire et d'une ponctualité irréprochable. Mais, après quelques jours passés à jouer l'autruche, on avait commencé à le presser, le relancer, s'assurer qu'il n'avait pas oublié les échéances que, loin de son comportement habituel, il n'avait pas respectées. Eli s'était donc résolu à désigner des délégués pour tout ce qu'il n'était pas impérativement obligé de gérer en personne, et à se présenter en ce lundi matin au bureau pour récupérer les dossiers dont le traitement devenait trop urgent pour être ignoré plus longtemps.
Il avait prévu un passage le plus bref possible, juste le temps de s'assurer que rien n'avait pris feu et de récupérer l'ensemble du matériel qui lui permettrait de ne plus avoir à revenir sur place avant quelques jours, avant de reprendre le chemin vers l'hôpital. Il ne s'était toutefois pas attendu à ce que sa visite ne soit finalement encore plus expéditive qu'escompté ; pourtant, un nouveau changement de programme s'opéra quelques minutes à peine après son arrivée. Une sonnerie stridente et familière, qui depuis une semaine avait le don de faire s'emballer son cœur et se nouer son estomac, retentit et un nom devenu lui aussi récemment familier s'afficha à l'écran. Perplexe et angoissé, Eli avait pris l'appel de Gabrielle avec une fébrilité mal contenue. Comme à chaque fois que Gabrielle ou Lexie l'appelait, il ne put s'empêcher de redouter le pire et d'anticiper l'annonce d'une terrible nouvelle au sujet de Chan. Depuis l'annonce de l'accident en lui-même, cela n'était plus jamais arrivé, mais la terreur restait toujours la même. Glaçante et lancinante, elle ne laissait plus la place à l'espoir, qui se voyait alors systématiquement éclipsé le temps de décrocher le téléphone et d'entendre que, non, il n'y avait pas encore eu de nouveau drame, que rien n'avait changé, mais est-ce que tu peux apporter un sachet de chips au sel s'il te plaît, et quelques cannettes de coca light.
Cet appel-ci, toutefois, avait fait figure d'exception - si, d'ordinaire, la terreur en décrochant cédait rapidement sa place à cette vague réassurance qui n'en était pas réellement, cette fois-ci, ce furent de l'incrédulité et un profond soulagement qui gonflèrent le cœur meurtri d'Elijah. Channing est réveillé. Eli n'oublierait jamais la sensation qui s'empara de tout son corps à ce moment-là, qui, pour la première fois depuis des jours, se fit léger, enfin débarrassé du poids écrasant de l'inquiétude, de l'appréhension et de la culpabilité. Cette dernière était présente depuis bien longtemps - mais elle avait connu une intensité paroxystique depuis l'accident, sous-tendue par la dernière conversation qu'ils avaient partagée avant que Chan n'atterrisse à l'hôpital. L'idée qu'ils puissent se quitter définitivement sur de la colère, de la rancœur et des noms d'oiseaux l'avait hanté quotidiennement, du lever au coucher jusqu'à dans ses rêves. Désormais, la culpabilité demeurait bel et bien présente, fidèle à elle-même, mais elle pouvait enfin être reléguée au second plan, derrière la sensation euphorisante de savoir que son petit frère était parvenu, au terme d'un rude combat, à sortir de ce terrible et angoissant coma.
Fait rare, les mots lui avaient manqué face à la bonne nouvelle. Les larmes lui montèrent aux yeux, purificatrices tandis qu'en coulant le long de ses joues mal rasées, elles semblèrent emporter dans leur sillage le poids écrasant qui l'accablait depuis une semaine. Des larmes de soulagement, de réconfort et d'une joie incommensurable, que celui qui s'efforçait toujours d'être le plus fort et un modèle d'imperturbable sérénité ne tenta, cette fois-ci, même pas de réfréner. Debout au milieu de son bureau, Eli se laissait enfin aller à toute la vulnérabilité qu'il avait, pendant tant de temps, appris à réprimer, libérant ainsi toute la terreur et les doutes qu'il avait dissimulés derrière son imperturbable sourire depuis l'accident.
En raccrochant, il ne fit aucun doute que la brève visite d'Eli au Walker Group allait se voir d'autant plus écourtée, et l'architecte ne prit même pas la peine de récupérer les affaires pour lesquelles il avait fait le trajet - rien ne pouvait justifier de perdre une seconde supplémentaire avant d'arriver à l'hôpital. Sans l'ombre d'un scrupule face à l'idée de faire patienter plus longtemps ceux qui l'attendaient avec une frustration croissante, Eli regagna sa voiture et parcourut en un temps record le trajet entre les bureaux du Walker Group et l'hôpital, parvenant miraculeusement à ne faucher aucun piéton sur la route. Il se précipita à travers les couloirs devenus tristement familiers, mais, pour la première fois, sa course au travers de l'hôpital s'accompagnait d'un sentiment de joie au lieu de l'angoisse qui ne l'avait pas quitté pendant une semaine.
Arrivé devant la porte qu'il connaissait désormais très bien, Eli jeta un coup d'œil par le hublot de cette dernière et y aperçut, enfin, le visage de Chan éveillé. Il posa la main sur la poignée, hésitant soudain l'espace d'une demi-seconde sans savoir très bien pourquoi. Sans doute le temps de recomposer un visage où ne se bousculaient pas les millions d'émotions qui l'avaient traversé depuis l'appel de Gabrielle. Il poussa enfin la porte, la main tremblante, mais son visage bien plus sûr de lui. Dans ses prunelles brûlait la même lueur que chez un enfant le matin de Noël - de l'émerveillement, une joie intense et palpable, une incrédulité marquée de béatitude. Les larmes ne figuraient plus au programme, Eli les avait laissées pudiquement derrière lui, dans l’intimité de son bureau au Walker Group, mais son regard n’en demeurait pas moins brillant. Quant à son large sourire, il faisait dignement honneur à tout ce qu’il ressentait à l’intérieur tandis que son regard croisa celui, bien plus incertain, de Channing. Sa voix aurait pu, peut-être même dû trembler en s’adressant à celui qu’il avait cru avoir perdu à tout jamais – mais elle sortit étonnamment calme et profonde lorsqu’il prit la parole, bien que l’émotion fût palpable dans chacune des syllabes qui s’échappèrent de sa bouche. « Salut, petit frère. » Et ses lèvres de s’étirer en un nouveau sourire ému.
( aujourd’hui ) L’euphorie n’avait toutefois pas tardé à retomber, pour laisser place à un quotidien morose pour Channing. Une fois passée l’euphorie de l’annonce de son réveil, le revers de la médaille n’avait pas tardé à se faire ressentir. Les séquelles de l’accident, fussent-elles psychologiques ou physiques, eurent tôt fait d’entamer considérablement le moral de Channing, pour qui la possibilité de poursuivre sa vie comme si de rien n’était avait aussitôt disparu. La douleur, le traumatisme, la perte fonctionnelle, l’ennui et la frustration ne tardèrent ainsi pas à se faire ressentir, et vinrent assombrir les interactions entre l’héritier Walker et son entourage. Eli, quant à lui, continuait de faire preuve de son indétrônable bonne humeur et de la légèreté caractéristique qui l’accompagnait, persistant en dépit de la moue renfrognée à laquelle il eut systématiquement droit, indépendamment de la quantité ou de la qualité des blagues qui sortaient de sa bouche. Loin d’Eli l’idée de s’en formaliser ; après tout, s’il avait été à la place de son petit frère, il y aurait eu fort à parier que la bonne humeur n’aurait pas été au rendez-vous non plus. Mais, s’il ne voyait pas d’engouement dans le regard de son cadet, il n’y percevait pas non plus d’agacement et il en avait conclu qu’à défaut de le faire rire à gorge déployée, il parvenait tout de même à lui procurer une compagnie agréable. À vrai dire, ceci était d’autant moins surprenant que, contrairement à ce que lui et sa grande gueule avaient l’habitude de faire, Eli se gardait bien d’aborder ce qu’il avait réellement sur le cœur, et qui risquait de courroucer un Channing déjà au bout de sa patience. Pourtant, les mots durs qu’ils avaient eu l’un pour l’autre n’avaient cessé de trotter dans un coin maladroitement confiné de son esprit depuis cette fameuse dispute, quelques heures avant l’accident de Chan. Il s’agissait là de la conversation la plus violente qui ait jamais eu place entre les deux frères, qui n’avaient pourtant jamais pris l’habitude de mâcher leurs mots lorsqu’ils interagissaient. Mais la violence ne constituait même pas la principale raison pour laquelle cette terrible conversation ne cessait de se rejouer dans ses pensées – des mots durs, Eli en avait entendu autant qu’il n’en avait prononcés en plus de trente ans de vie, dans ces fameux moments où la langue agit plus vite que le cerveau ne raisonne, et que les mots finissent par dépasser la pensée. Ce qui avait affecté l’aîné des Walker, bien plus que la nature des mots qui avaient été crachés, c’était la sincérité avec laquelle ils avaient franchi les lèvres de son frère. Bien plus que la rancœur et la tristesse auxquelles il avait déjà eu droit au cours de leurs précédents différends, là, c’était de la hargne et du dégoût qu’il avait décelés derrière les paroles d’une dureté incomparable de Chan. Eli n’avait eu aucun doute : il ne s’agissait pas de l’un de ces cas où la parole dépassait la pensée, loin de là, Channing avait pensé et ressenti chacune des paroles qu’il lui avait martelées dans une colère noire. Un constat dévastateur pour son frère, qui avait alors pris conscience, une fois de plus, que leurs problèmes étaient loin d’être réglés, et que leur relation fraternelle n’était plus qu’un lointain souvenir. Peut-être était-ce également la raison pour laquelle Eli n’était pas parvenu à éprouver, à son tour, de rancœur vis-à-vis de celui qui ne s’était pas privé de l’insulter copieusement. C’est que cela dépassait, et de loin, le simple manque de respect dont il aurait pu lui tenir rigueur. Comment pouvait-il en vouloir à Channing de le détester pour la douleur qu’il lui avait infligée, et dont il était entièrement responsable en ayant pris la décision de l’abandonner pendant deux décennies ? Loin d’être le roi de la remise en question, Eli avait cependant pleinement conscience que, malgré la violence dont faisait preuve Channing à son égard, ses sentiments étaient pleinement justifiés.
Il avait fait le choix difficile de ne pas les aborder – pas pour le moment. Chan n’était pas en état de tenir pareille conversation, et Eli avait préféré focaliser son énergie sur une ambiance positive, qui puisse apporter ne fût-ce qu’une once de réconfort à son petit frère. Bien que leur dernière conversation pesât sur leurs têtes respectives comme un gros nuage orageux depuis le réveil de Chan, les deux frères semblaient avoir fait le choix tacite de ne pas lui accorder d’attention et, pour le moment, de faire comme si rien de tout cela n’avait d’importance. Des anecdotes, des banalités, des blagues pour l’un, des piques pour l’autre, leurs échanges conservaient une légèreté qui pouvait certes manquer de contenu, mais qui n'avaient d’autre prétention que de faire passer le temps un peu plus vite pour Channing, dont l’humeur maussade et le dépit faisaient se tordre les entrailles de son grand frère.
À la réponse lasse et cynique de Chan, Eli ne perdit rien de sa superbe et se contenta d’un agaçant clin d’œil et d’une moue faussement attristée, sans toutefois avoir le temps de rétorquer quoi que ce soit car l’autre avait déjà embrayé sur la situation au Walker Group, parvenant ainsi à atténuer quelque peu l’enthousiasme de l’aîné. Eli eut du mal à interpréter avec certitude la réaction de Channing lorsqu’il lui parla de ses déboires en tant que PDG intérimaire, tout en le rassurant sur la pérennité de la boîte qui n’avait pas encore eu le temps d’imploser entre ses mains réticentes. Chan sembla, curieusement, à la fois moqueur et rassuré. Ce n’était pas la moquerie qui le surprit – loin de là, car Chan ne s’était pas privé de lui faire part de son amusement face à l’ironie de la situation, à la façon dont Eli s’était retrouvé, ne fût-ce que temporairement, catapulté en plein dans le poste qu’il avait passé sa vie à fuir. En revanche, cette lueur apaisée et satisfaite dans son regard fut bien plus interpellante, et n’échappa pas à Eli qui n’avait eu que rarement l’occasion de voir se dessiner de pareilles émotions sur le visage de son cadet en réponse à ce qu’il pouvait lui dire. Sa surprise acheva de croître lorsqu’il vit, à son plus grand étonnement, un sourire accompagner le regard inhabituellement doux de Chan, et Eli dut se retenir de se pincer pour s’assurer que tout ceci était bien réel – tout comme il dut se retenir de faire remarquer à Chan qu’il était, contre toute attente, parvenu à lui soutirer ce sourire qu’il s’était obstiné à lui refuser pendant toutes ses visites. Il se contenta de le lui rendre, avec une certaine timidité qui ne lui était pas caractéristique – avant de manquer de s’étrangler lorsqu’il entendit la réponse de l’autre Walker. Eli dissimula son embarras en même temps que sa bouche, devant laquelle il porta une main pour y tousser à deux reprises, relativement satisfait du résultat qui aurait presque pu paraître naturel. « Mila – ouais, elle est charmante », répondit-il d’un ton aussi neutre que possible, avant de se dire qu’une réponse aussi expéditive ne lui ressemblait nullement et risquait de soulever des soupçons chez son frère bien trop perspicace à son goût. « Je lui ai proposé de venir habiter chez moi après l’accident – elle était complètement perdue à l’idée de vivre seule chez toi… Du coup, on est colocs, maintenant », annonça-t-il avec un petit sourire, où ne transparaissaient presque pas les autres vérités, bien plus intéressantes, qu’il aurait pu confier à Channing au sujet de son assistante.
Si le subtil air coupable d’Eli à l’évocation de Mila avait été potentiellement indétectable, celui qui vint peindre son visage en prenant conscience de son erreur d’apporter de l’alcool à Chan fut nettement plus perceptible. Il se mordit la lèvre en apercevant la perfusion de son frère, et secoua légèrement la tête. « Merde, tu as toujours tes antidouleurs ? », demanda-t-il bêtement, rangeant d’un air penaud les bouteilles de bière. « Pas grave, je te les garderai au frais pour fêter ton premier jour sans morphine », plaisanta-t-il avec cette satanée légèreté dont il n’avait même plus conscience du potentiel agaçant. Une légèreté d’autant plus déstabilisante qu’il avait été aux premières loges pour savoir combien, même pour un court délai, il était doux-amer, mais surtout amer, de ne pas pouvoir se passer de cette substance au sujet de laquelle il plaisantait. Certes, la situation de Chan était radicalement différente de la sienne – le besoin était purement physique, là où Eli avait cherché à panser des blessures psychologiques ; mais les effets psychotropes demeuraient les mêmes dans les deux cas, et lorsqu’on n’en voulait pas, ils étaient pour le moins pénibles – la somnolence, le ralentissement, la sensation d’être déconnecté en permanence. Heureusement pour lui, Chan avait toujours eu l’air d’encaisser le traitement sans jamais avoir semblé sédaté, mais Eli supposait sans trop de doute qu’il n’en était pas moins pressé d’être débarrassé des antidouleurs.
Désireux de bien faire, il se leva sur-le-champ en réponse à la requête de Channing, lui lançant un « N’en dis pas plus » avant de quitter la chambre en direction du distributeur automatique le plus proche, qui l’avait déjà sustenté à de nombreuses reprises. Quelques minutes plus tard, il revint auprès de Chan, et déposa sur son lit une demi-douzaine de barres chocolatées différentes avant de reprendre place dans son habituel fauteuil. « Oublie pas de te brosser les dents ce soir, pas envie que maman m’appelle enragée parce que t’as attrapé des caries par ma faute », lança-t-il.
rainmaker
❝oh my lungs are begging me to beg for you❞ all of these highs and all of these lows don't keep me company. i've been breathing you in and drinking you down, you're the only remedy. say you're gonna hold my head up, say you're gonna break my fall ; say you're gonna stay forever, baby, this is all i want. cause all my bones are begging me to beg for you, begging me to beg for your love.