| jannah — you and I go hard at each other like we're going to war |
| | (#)Ven 18 Sep - 0:04 | |
| You and I go hard at each other like we're going to war ►C'était un coup de fil qui l'avait sorti de son lit au final.
Non pas qu'Hannah n'aurait pas été capable de passer encore un jour de plus réfugiée sous les couvertures. Elle aurait pu, son lit était des plus confortables, son père avait tout fait pour que sa petite chérie ne manque de rien alors oui... C'était tentant, trop tentant. Sauf que même elle ne pouvait pas se cacher éternellement et elle en avait pleinement conscience. Elle avait déjà loupé cinq déjeuners avec Nathan, soit cinq jours sans se diriger vers le même restaurant qu'elle et son père avaient l'habitude de fréquenter à 13 heures précises et probablement une ou deux répétitions de théâtre. Macbeth n'allait pas avancer sans elle. Elle aurait dû prêter attention à toutes ces choses, sortir de chez elle sans absolument aucun problème avec sa paire de talons, son chauffeur et tout l'attirail qui faisait qu'Hannah était... Hannah. Sauf que l'envie n'y était plus et depuis ce fameux gala il y a presque une semaine de cela, elle avait un goût amer dans la bouche et surtout dans le coeur. La trentenaire ne savait pas à qui elle en voulait le plus et qui l'avait le plus déçue. C'était de la colère parfois, de l'amertume et même à certaines heures de la nuit de la tristesse qui l'habitaient. Elle ne savait plus quoi penser et ça l'énervait.
Elle n'était pas du genre à hésiter et elle savait toujours quoi faire, quoi dire, quoi penser, comment faire pour avancer dans ce beau foutoir qu'on appelait la vie. Sauf qu'elle n'avait pas prévu de revoir James comme ça. Ni que Jamie décide de s'en prendre physiquement à lui. Dans le fond, la brune se moquait bien des coups, les hommes étaient les hommes, imprévisibles et idiots, elle était au dessus de cela. Ce qui la dérangeait c'était que quelque chose avait fini par l'atteindre elle et que toutes ces années à prétendre qu'elle n'en avait rien à faire avaient été balayées en une simple soirée. Merci Jamie et James pas vrai? Elle leur en voulait à tous les deux, au mannequin car il aurait dû rester loin des terres australiennes, tellement loin, ils se seraient revus ailleurs et ils auraient fait semblant d'être heureux loin de tous et de toutes, et de Gabriella et de ses éventuels sentiments pour James. Chose qui faisait doucement rire Hannah, elle avait cette furieuse envie de lui souhaiter bonne chance, d'être heureuse avec le français mais en même temps... James était à ele et elle était à lui d'une certaine façon. Et elle ne devait d'explication à personne, pas meme à son coeur, pas même à Jamie. Qui dans un sens l'avait prévenu et Hannah ne savait plus. Elle ne savait plus quoi penser et elle savait que c'était trop d'un coup. Trop de pression, trop de responsabilités, alors autant fuir pas vrai?
C'était ce qu'elle avait fait cette nuit là et maintenant elle se sentait franchement très épuisée, ayant l'impression que ces deux idiots de bruns lui avaient pris quelque chose. C'était déroutant. La brune sursauta légèrement alors que son majordome tapait à la porte de sa chambre, elle lui dit d'entrer et elle l'écouta d'une oreille discrète. Il parlait de messages, de son père, de la troupe... "Préparez la voiture." Hannah l'avait interrompu, décidant de s'aventurer au dehors. Juste histoire de. Si son père la faisait suivre comme elle le soupçonnait depuis plusieurs semaines déjà, il serait ravi de la savoir en vie non? Hannah se leva lentement et après une rapide douche, elle passa dans son dressing. Sur le sol trainait encore la robe qu'elle avait porté pour le gala de triste mémoire. Non, Hannah opta pour quelque chose de plus discret cette fois-ci et elle attacha ses cheveux dans un chignon raté, tant pis, elle ignora les quelques boucles brunes qui lui masquaient la vue et elle finit par sortir de chez elle. "Non, c'est moi qui conduit." indiqua t-elle à son chauffeur. Elle attrapa les clés de sa propre voiture et elle finit par démarrer. Où allait-elle? La brune n'en savait absolument rien, elle ne pensait qu'à sortir pas à là où elle allait. Au moins, là, elle était obligée de se concentrer sur quelque chose. Les embouteillages la dérangèrent cependant et l'actrice soupira pour observer la rue dans laquelle elle se trouvait. Évidemment, ses yeux se posèrent sur un bar. En rentrant chez elle après le gala, elle avait ingurgité une très grande quantité d'alcool, histoire de maudire le monde et de se donner un côté chic. Elle n'avait pas envie de rentrer chez elle et de ressasser des idées noires ce soir non plus. Hannah prit sa décision rapidement et avant de le réaliser, elle disait bonjour à une bouteille de whisky.
Le serveur avait du la prendre pour une folle, qui buvait aussi tôt pas vrai? Peu importe, il était bien minuit quelque part. Le premier verre était pour James bien entendu. Le second pour Jamie et l'autre pour la mine triste de Joanne quand elle les avait quittée ce soir là. Est-ce qu'Hannah l'avait blessée? Non, se dit la brune, c'était Jamie qui avait fait ça tout seul. Ce fut la conclusion de la première bouteille. La deuxième lui révéla qu'il était impératif qu'elle apprenne ses lignes pour la prochaine représentation. Et qu'elle appelle Kelya. Et James. Pourquoi boire à la gloire de Jamie? Ça pourrait être marrant, non? Elle soupira, pressant le verre vide contre sa tempe. Une autre bouteille était une bonne idée et puis c'était vrai que c'était un bon whisky. Hannah releva le regard pour héler le serveur avant de se figer. Est-ce que l'alcool avait vraiment fini par lui ronger le cerveau ou c'était vraiment Jamie qui se dirigeait vers elle. "Oh non, non non..." C'était Jamie, au moment où elle avait le moins envie de le voir. "On va jouer à un jeu qui s'appelle fais comme si tu ne m'avais pas vue. Tu vas gentiment faire demi-tour et retourner d'où tu viens." |
| | | | (#)Ven 18 Sep - 17:01 | |
| Mon emploi du temps me permet d'oublier ce fameux gala. Toute ma tête est dédiée au travail, et cela me convient bien. J'ai bien trop de choses à faire pour me permettre de perdre du temps entre deux rendez-vous pour me ronger les ongles et me laisser noyé par la honte. Je garde cela pour le soir, chez moi, où je continue de maintenir un profil à ras du sol vis à vis de Joanne, le temps d'oublier cette histoire. Je n'ai pas appelé James, ni Gabriella, ni Hannah. Je ne sais pas comment ils vont, et je n'ai pas encore demandé leur pardon. Je suppose que nous sommes tous secoués par cette soirée, et que, pendant quelques jours, nous n'avons pas vraiment envie d'entendre parler les uns des autres. C'est le cas pour ma part. J'ai beau avoir blessé tout le monde, et avoir eu l'attitude la plus blâmable qui soit, je n'oublie pas être en partie victime des événements. Je n'y pense pas. Tout du moins, j'essaye. Je m'efforce d'effacer l'image du baiser entre James et Joanne, de me dire que je n'en ai strictement rien à faire qu'il ait couché avec Hannah, et que s'il tient un minimum à sa carrière de mannequin, il n'approchera plus Gabriella à moins de cent mètres. J'ai des regrets, une montagne de remords, mais je ne peux pas les traîner comme un boulet alors que j'ai tant à faire. Cela fait donc une semaine que nous nous ignorons. Je suppose que, à partir de ce week-end, l'heure sera à la demande du pardon à genoux, lanières de flagellation en main. J'aurais presque envie de passer du vendredi au lundi. Mais je ferme derrière moi la porte du café de mon denier rendez-vous de la journée. Je n'ai plus qu'à rentrer à la radio jusqu'au début de la soirée. Longeant la rue pour retrouver ma voiture, je passe devant un minuscule kiosque à journaux. Mon regard glisse rapidement sur les gros titres, comme à mon habitude. Et il tombe sur une Une qui m'interpelle. Dégageant le titre du mur de magasines, je tiens entre mes mains l'un de ces torchons de tabloïds que j'ai en horreur. Mes mains laissent échapper un tremblement de colère, je manque de laisser tomber le numéro par terre. C'est les dents serrées que je paye l'exemplaire et continue de lire l'article dans la rue -prenant soin de poser mes lunettes de soleil sur mon nez. Chaque photographie me donne envie de brûler les feuilles de papier. Mais cela ne changerait rien. Déjà des milliers de personnes ont lu cet immonde flot de mots. J'atteins ma voiture mais ne l'ouvre pas tout de suite. J'ai besoin d'air. De beaucoup d'air. Et de calme. Je ne peux pas appeler Joanne. Ce n'est vraiment pas le moment. Appuyé sur l'Audi, ne sachant pas quoi faire sur le moment, mon regard glisse sur les passants, les commerces, et tombe sur la devanture vitrée de ce bar. Derrière la fenêtre, je devine Hannah, une silhouette et une aura que je reconnais entre mille. Immédiatement, je traverse la rue au milieu des voitures qui m'adressent quelques coups de klaxon, et entre dans l'établissement. La comédienne ne manque pas de me repérer dès mon arrivée. « Tu sais bien que je n'irai nulle part. » dis-je en enlevant ma veste que je jette sur la table tandis que je m'assied sur la chaise à côté d'elle. Si je suis là, précisément, c'est que j'ai l'intention d'y être et d'y rester, quoi qu'elle dise. C'est qu'il y a une raison à ma venue. Je retire mes lunettes de soleil et les lâche aussi sur la table. J'ai bien remarqué la bouteille de whisky, mais sur le coup, je me fiche bien des dégâts qu'Hannah souhaite infliger à son foie. « Tu as vu ce truc ? » dis-je en lui montrant le torchon . « On est en une de Who Magazine. » Pas la photo principale de la Une, non, pauvre de nous. Nous ne sommes pas assez connus pour cela. Mais dans l'un des carrés de la bande de droite, juste au milieu, titré sur un immonde surlignage jaune canari ''Hannah Siede & Jamie Keynes : la romance secrète". J'ouvre le magazine à la page en question, un large sourire cynique aux lèves alors que je lui fais la lecture de l'article ; « ''Hannah Siede toujours indomptée ? Si sa carrière semble de plus en plus au point mort, sa vie amoureuse, elle, l'est beaucoup moins. Celle qui foulait encore les planches de Broadway il y a quelques mois semble avoir trouvé chaussure à son pied en la personne de… Jamie Keynes. L'Anglais de trente-quatre ans était inconnu du public australien jusqu'à cet été. La nouvelle voix d'ABC a fait une entrée fulgurante dans le paysage médiatique avec son émission…'' Bla, bla, bla... » Je saute quelques lignes. Ces salauds ont bien fait leur job ; puisque je me fais discret depuis mon arrivée à Brisbane, ils ont ouvert une grande enquête de quinze lignes à mon sujet pour en savoir plus, remontant jusqu'à mon passé à Londres, mon premier mariage, et réussissant même à faire savoir mon récent titre de Lord. Ma colère contre James ressemblera à une crise de nerfs de chihuahua si jamais je mets la main sur ceux qui ont élaboré ces pages. J'en arrive aux lignes qui m'intéressent, tout à la fin ; « Ah ! ''Aperçus de nombreuses fois ensemble dans les rues de Brisbane, Siede et Keynes sont apparus particulièrement proches.'' … Encore du bla-bla… ''C'est lors de leur voyage en tête-à-tête à Londres que nous avons pu remarquer l'apparition d'une bague à l'annulaire de nos tourtereaux. Ces deux-là enfin casés, on y croit à peine, et pourtant, on dirait que c'est du sérieux, leurs fiançailles ayant pris toute la sphère people au dépourvu.'' » Depuis quand je suis un foutu poeple, moi ? Je jette le magasine sur la table, ouvert aux pages en question, sous le nez d'Hannah. J'effectue un geste en direction du barman pour lui demander de m'apporter un verre, ce qu'il fait dans la seconde. « Ca s'étale comme ça sur toute une double page, photos à l'appui. » dis-je en me servant un petit doigt de Whisky que je bois d'une traite. Photos à l'appui, si on veut. Pas un baiser, rien pour prouver une relation. Juste deux personnes qui passent du temps ensemble, et l'apparition d'une bague, avec pour légende le "témoignage d'un proche de Jamie confirmant qu'il s'est récemment fiancé". Du vent, du néant, il n'y a rien. Et c'est déjà trop. Joanne va me tuer. Si elle tombe là-dessus… Elle va se monter la tête, se faire des films, croire tout ce qu'il y a d'écrit là-dedans. Je le vois venir, gros comme une maison. Je vais devoir appeler la rédaction du magasine, demander un droit de réponse à faire publier la semaine prochaine. La semaine prochaine… Combien de gens auront le temps de lire ça et d'y croire en une semaine ? Ca mérite un nouveau fond de whisky. Je déteste ça. L'alcool de prédilection de mon père. Toujours un verre à la main. La boisson ambrée que je m'étais juré de ne jamais toucher. Tant pis. Aux grands maux les grands remèdes. « Tu ne pouvais pas prendre autre chose que du whisky, hein ? » |
| | | | (#)Sam 19 Sep - 15:20 | |
| Si Hannah avait eu un minimum de motivation, elle se serait levée elle-même pour repartir et mettre le plus de distance possible entre elle et Jamie. Il était énervant de le voir débarquer comme ça et de penser qu'il pouvait juste s'asseoir là, comme si de rien était. Le regard que lui lançait Hannah à cette seconde précise aurait fait reculer n'importe qui, mais il n'était pas n'importe qui. C'était pour ça qu'elle l'avait apprécié, mais c'était du passé, tout ce qu'il allait faire c'était ruiner le peu de whisky qui lui restait. "Dommage et moi qui commençais à avoir une si belle journée..." Il n'était visiblement pas là pour s'excuser, l'actrice le réalisa alors qu'il ouvrait un magazine lui expliquant qu'ils étaient en couverture... C'était pour ça qu'il était venu? Elle le fixa et cligna des yeux une fois, deux fois, avant de le maudire et de se laisser tomber en avant, la tête la première contre la table et elle ferma les yeux. "Jamie, je m'en fous, franchement." Murmura Hannah, sincère. Il ne l'avait évidemment pas entendue. Sinon il aurait compris que ce genre de petits incidents étaient fréquents dans la vie de l'actrice, elle avait fini par ne plus voir les photographes et les ignorer superbement. Elle n'allait pas leur donner la satisfaction de paraitre triste à cause des mots qui accompagnaient les photos d'elle.
À un moment, on lui avait prêté une relation avec un assistant de son père. Puis ensuite c'était deux colonnes qui lui avaient été consacré juste à côté d'un test "psychologique" pour savoir s'il était normal d'être aussi proche de son père. Oh et il y avait eu la semaine où tout le monde avait été persuadé qu'elle n'était qu'une anorexique non avouée et qu'elle se faisait vomir en secret. Tout un tissus de mensonge fait pour nourrir les masses et faire tourner le monde. Jamie ou pas Jamie, qu'est-ce que ça changeait? Mais non, chose qu'Hannah commençait à comprendre, le monde tournait autour de ce connard prétentieux et c'était tout ce qui importait. Parfait se dit-elle, elle se redressa, à peine, le regardant le regard caché derrière ses mèches brunes alors qu'il lisait le contenu de ce tas de torchon. Un sourire se dessina sur son visage. Alors comme ça, le monde people pensait qu'ils étaient ensembles. Ridicule. Comme si Jamie avait ce qu'il fallait pour pouvoir être avec elle. Elle ne l'interrompit pas et le laissa lire des morceaux de l'article. Qui était ennuyeux et sans absolument aucune saveur. Hannah finit par se redresser complètement pour fixer la bague qu'elle avait au doigt depuis son voyage à Londres. Non, ce n'était pas sa bague de fiançailles mais bien un grand bijou qu'on lui avait confié histoire qu'elle fasse un peu de pub, ça n'allait pas plus loin que ça. Oh moins le coup de publicité avait réussi.
"Oh je suis désolée, sa sainteté avait peut être envie de boire autre chose hmmm?" Plus acide et amère qu'elle avait prévu de l'être, Hannah fit signe au serveur et elle commanda du gin. Hors de question qu'elle continue cette conversation sans un verre plein, c'était fondamental, surtout si Jamie l'irritait à ce point. Une fois les commandes passées, Hannah se massa les tempes, réfléchissant à toute vitesse. Ce qu'elle avait envie de faire plus que tout, c'était de laisser l'alcool faire son effet et tout oublier. Jamie, ce magazine, son propre prénom, c'était pour ça qu'elle buvait après tout, tant pis si la nature était mal faite et qu'elle tenait de mieux en mieux à l'alcool. Une chose à la fois, d'abord le magazine, ensuite lui. "Ne me fais pas croire que c'est la première fois que tu te retrouves dans les tabloïdes non? Ça me ferait rire sinon. Tu les ignores c'est tout, tu continues à vivre ta vie, tu les emmerdes et tu les ignores Jamie, c'est tout ce que tu as à faire." Sauf si, avait-elle envie de rajouter, tu te sens toujours d'humeur aussi colérique, histoire d'aller foutre ton poing dans le visage du rédacteur. Comme si ce genre de journalistes n'avait pas l'habitude des menaces. "Si tu remues ciel et terre pour tout faire disparaitre, ces idiots de journalistes penseront que tu as quelque chose à cacher et alors ils fouilleront. Chose que tu pourrais regretter à la longue..." Elle se tourna alors vers lui, un sourire aux lèvres. Était-il prêt à ce que ses véritables secrets soient étalés devant tout le monde? Oh que non et ça il le savait tous les deux. Hannah elle s'en moquait, elle n'avait absolument rien à cacher et ce n'était pas un article de quelques pages qui allait l'énerver. Lui en revanche si. Ce n'était pas leur problème, ils n'avaient pas besoin de se parler pour régler ça, alors non, Jamie n'avait rien à faire ici.
"Je veux dire, tu as de la chance que ce soit ta soi disant aventure avec moi qui se retrouve en couverture et pas toi en train de taper un certain mannequin, je doute que tu aies besoin de ce genre de publicité en ce moment." Oui, Hannah allait taper là où ça faisait mal juste parce qu'elle le pouvait. Elle cessa de le regarder au moment où sa commande arriva et elle indiqua au serveur qu'il pouvait laisser la bouteille. Elle détestait le gin, sincèrement, mais là tout de suite absolument tout aurait un gout divin, elle en était persuadée et c'était pour cela qu'elle se servit aussi généreusement. "Alors non, même si ça te tue, mon chéri, tu ne vas rien faire, tu vas rentrer chez toi, embrasser ta futur épouse, lui faire l'amour si tu te sens d'humeur mais ça ça ne regarde que vous... Mais surtout, surtout, tu vas me foutre la paix." |
| | | | (#)Dim 20 Sep - 13:48 | |
| Honnêtement, oui. J’ingurgiterais n'importe quoi à part du whisky. Les souvenirs liés à cette boisson sont beaucoup trop forts pour que je ne me sente pas aussi monstrueux que mon père quand j'en prends une gorgée. Mais sur le moment, je n'ai rien d'autre sous la main pour calmer mes nerfs -et ce n'est pas en respirant profondément que je parviendrais à me calmer. Les picotements au fond de ma gorge me font grimacer. Comment peut-il boire des litres et des litres de cette horreur ? Je n'ai pas besoin de répondre à Hannah pour qu'elle commende une bouteille de gin. Jamais goûté. Mais ça ne peut pas être pire que le whisky à mes yeux. Je n'oublie pas que je suis censé travailler. Rentrer à la radio, finir ma journée. Sauf que je n'ai qu'une envie, c'est engourdir mes neurones avec n'importe quel alcool, rentrer chez moi, m'enfermer, m'endormir et me réveiller le jour où le monde m'aura oublié. J'aurais presque pu oublier cette sensation, cette boule dans l'estomac lorsqu'on se découvre dans la presse. Dans ce genre de presse. Il y a de l'exaltation, et de l'anxiété. De la satisfaction et du rejet. Des émotions étranges et contradictoires qui se bousculent. Quatre ans de tranquillité étaient à la fois trop et pas assez ; juste ce qu'il faut pour que je m'habitue à ce qu'on me fiche la paix, et pas assez longtemps pour que j'en profite réellement. Il faut dire que je n'ai rien fait pour que cela dure. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Hannah, toujours aussi désinvolte, essaye de me faire la leçon sur la manière dont je dois me comporter au sujet de l'article qui nous prête une relation sortie de nulle part. Je termine mon second verre avant de répondre, aussi mauvais et cynique que je peux l'être ; « Oh merci pour ta science, Siede, mais je sais plutôt bien comment les journalistes marchent. » C'est mon métier, soit dit en passant. « Ce n'est pas pour moi que je m'inquiète, je connais la chanson. C'est Joanne. Qu'est-ce qu'il va se passer si elle tombe là-dessus ? Si elle croit tout ce qu'il y a d'écrit dans ce torchon ? » Je n'ai pas besoin de réponse de la part de la comédienne, je les connais déjà ; j'ai surtout besoin d'extérioriser mon angoisse. « Et quand les paps' vont comprendre qu'ils se sont trompé, mais que le Keynes en question a bien une fiancée, ils vont forcément commencer à fouiner, la trouver, et s'intéresser à elle. Et encore, s'ils ont la décence de ne pas l'aborder directement, ce dont je doute. Elle n'est pas prête à affronter tout ça. » Hannah le sait bien, elle connaît un temps soit peu ma fiancée, sa fragilité. Mais elle ne sait pas pour sa maladie, pour le risque qu'elle panique, qu'elle fasse une nouvelle détresse respiratoire au milieu de la rue. Et si elle n'avait pas le temps de prendre ses comprimés avant de s'évanouir ? Et si les personnes autour d'elle mettaient trop de temps à réagir ? Seigneur… Tout se bouscule dans ma tête, c'est insupportable. Je loge mon visage entre mes mains, m'efforce de respirer, mais ce genre de vision m'inspire une intense panique. « Je préférerais encore qu'on me voit en train de mettre mon poing dans la figure de James plutôt que ça. » Au moins, Joanne ne serait pas impliquée. Il n'y aurait que moi et ma connerie. « De toute manière, s'ils sont sur moi et qu'ils savent déjà pour mon titre, ils trouveront facilement mon casier et ma condamnation pour violence en début d'année. Je suis déjà grillé. » Et dans une situation pourrie au possible. Je ne sais pas si je peux faire quoi que ce soit. Je ne suis pas en mesure d'y réfléchir à cet instant. Hannah, elle, ne cherche qu'à se débarrasser de moi. Je lui adresse un regard noir, puis me sers un fond de gin. L'odeur est vachement forte. « Non, je ne vais pas te foutre la paix. Pars si tu veux. » Et qu'elle ne vienne pas me dire qu'elle était là en premier, parce que je m'en fiche bien. Nous avons des comptes à régler, elle et moi, et à moins de me fuir, elle ne pourra pas y échapper. « Tu as blessé Joanne, l'autre soir. Elle est vraiment déçue. » Devoir essuyer ses larmes à ce sujet a brillamment réussi à enfoncer ma rancoeur vis à vis de la comédienne. « Moi aussi d'ailleurs. Je te pensais au dessus de tout ça, et non pas capable d'essayer de faire jouer mon affection pour toi pour me faire lâcher ton plan cul alors qu'il méritait tout ce qui lui arrivait. » D'ailleurs, il l'a lui-même admis. Certes, cela ne justifie en rien mon comportement. Mais la réaction d'Hannah m'avait particulièrement choqué. « Je pensais que tu avais plus de respect que ça pour notre amitié. » Et non qu'elle ne l'estimait pas plus qu'un os qu'on secoue sous le nez d'un chien pour détourner son attention. J'ai été tellement naïf de croire que j'avais trouvé une alliée dans ce monde. « Je n'arrive pas à croire que j'ai pu penser que tu serais différente, que tu aurais la capacité de m'accepter comme je suis autant que j'avais envie de te voir pour qui tu es vraiment. Au final, tu as été la première, et la seule, à me juger et me tourner le dos. » James a pris sur lui, comme un grand garçon, et ne s'est pas plains de son sort. Gabriella n'a pas porté de jugement, même si elle désapprouvait, et elle ne m'a pas renié pour tout cela. Même Joanne ne m'a pas abandonné face à cette rechute, ce qu'il reste de rancune finira par passer. Non, il n'y a que cette arrogante Hannah qui se prétendait mon amie qui m'a rit au nez. |
| | | | (#)Dim 20 Sep - 15:07 | |
| Le gin lui brula la gorge et Hannah se demanda pendant une poignée de secondes si elle avait bien fait de commander ce genre de boisson. Une chose était certaine, elle n’allait pas rentrer chez elle en voiture, à pied semblait être la meilleure des solutions. D’ailleurs, si la bouteille d’alcool n’était pas encore bien pleine, elle se serait levée et aurait abandonné Jamie à son triste sort. Dans le fond, Hannah mentait, la présence de l’autre homme lui avait manqué plus qu’elle ne l’aurait cru, sauf qu’elle n’imaginait pas le recroiser dans de pareilles circonstances, pas quand elle était comme ça et qu’elle ne cherchait qu’une échappatoire dans le fond. Elle voulait que lui et le monde entier se taise pour qu’elle puisse arrêter de s’inquiéter autant sur ce qu’elle devait dire ou faire pour ne plus reproduire les mêmes erreurs. Elle reposa son verre vide et lui jeta un regard en biais… Seulement pour l’entendre se plaindre et lui parler de Joanne. Hannah tourna rapidement la tête, oh elle le savait qu’elle avait blessé la blonde, ça, c’était très franchement la seule chose qu’Hannah regrettait de cette soirée. Elle qui s’était rapprochée de Joanne venait juste de lui claquer une porte en plein visage. Ce n’était pas juste, la comédienne le savait, elle n’avait pas besoin que Jamie le lui rappelle et qu'il lui fasse la leçon à son tour. "Je..." Hannah ne savait vraiment pas quoi lui dire, elle savait qu’elle avait sa part de responsabilité et que Joanne ne lui adresserait probablement plus jamais la parole. C’était compréhensible après tout. Mais elle avait fini par se taire parce que les mots suivant de Jamie l’avaient littéralement clouée sur place. Oh… Il était déçu, lui aussi. Il l’accusait encore comme lors du gala et Hannah sentit quelque chose se briser en elle encore une fois. Les mots de cette soirée là avaient été suffisamment puissant pour percer sa carapace mais alors là, c’était pire, dix mille fois pire. Si elle n’était pas habituée à devoir faire semblant que rien ne l’atteigne, elle se serait éclipsée, quelque part pour pouvoir retrouver son souffle et ne pas avoir à subir ça. Elle avait l’impression d’étouffer et que c’était lui qui avait ses deux mains pressées autour de sa gorge. Elle ne dit rien cependant et la seule différence par rapport à son expression initiale étaient les larmes qu’elle avait aux yeux. Parce qu’elle était dans le fond plus en colère contre elle-même et parce qu’elle lui en voulait de ne pas comprendre que tout ceci n’était que du vent, qu’il y avait beaucoup plus à voir, comment était-elle censée lui faire confiance s’il montrait les dents et ne pardonnait pas un simple écart?
… Au final, tu as été la première, et la seule, à me juger et me tourner le dos.
Le verre vide qu’Hannah tenait si fermement finit sur le sol à ces mots et se brisa presque aussitôt. Hannah remarqua à peine le bruit où encore les quelques regards qui étaient tournés vers eux. Elle ne réfléchit pas et lui mit une gifle. Purement et simplement. Comment osait-il? Elle était partie, elle était partie pour une bonne raison pour que tout le monde soit enfin content et qu’il puisse retrouver son petit monde parfait et sans elle. Il l’avait bien fait jusqu’ici non? "Tu me dégoutes Jamie, tu n'es qu'un connard prétentieux qui débarque dans la vie des gens et qui prend ce qu'il veut et qui les laisse complètement vide une fois que tu as fini de les utiliser. Je comprends mieux pourquoi Kelya est comme ça maintenant, c'est à cause de toi, tout simplement à cause de toi, et oui crétin, je suis au courant pour ça aussi." Pourquoi garder ce secret? Oh elle comprenait ce que la psychologue avait essayé de lui dire, elle avait été tellement idiote de vouloir le défendre et de vouloir être son amie en dépit de toutes les circonstances. Elle n’allait pas lui donner la satisfaction d’avoir le dernier mot, non. "Tu penses que quoi? Tu vas t'asseoir à côté de moi et que je vais te réconforter? M'excuser et aller m'excuser auprès de Joanne? Tout ça parce que je t'ai déçu, HEIN?" Elle haussa le ton et finit par se lever pour attraper son sac et le glisser sur ses épaules, les mains tremblantes. Hannah lui aurait volontiers mis une autre gifle mais c’était déjà beaucoup trop pour elle. Tout ça, elle étouffait, elle voulait qu’il la laisse tranquille dans son coin ou qu’il la libère et qu’il le fasse pour de vrai."Tu viens ici juste pour me parler de VOS sentiments et de ce que VOUS avez ressenti, et moi alors? Hein?"
Personne ne s’en souciait jamais parce qu’elle était Hannah. Elle se moquait de tout, de toutes les règles et de la raison, tout ce qu’elle avait à faire c’était mettre une grande robe de créateur, parader et voilà le tour était joué. Foutaises, il ne savait pas de quoi elle était faite, il ne connaissait pas ses rêves, ce qui la terrifiait la nuit, la véritable raison qui faisait qu’elle repoussait tout le monde. Et elle l’avait déçue? Alors qu’elle commençait juste à se dire que Jamie était différent et qu’il pouvait peut être la voir telle qu’elle était vraiment. "Tu prétends me connaitre et m'avoir cernée, tout ça pour pouvoir me faire la morale? Espèce d'hypocrite, tu ne sais rien de moi, tu ne sais absolument pas ce que j'étais prête à faire pour toi! Qui s'est disputé avec Kelya juste histoire de te protéger Joanne et toi hein? Qui a remonté le moral de ta Joanne quand elle pensait que tu ne la considérais pas à sa juste valeur? Qui est-ce qui t'a fait sourire toutes les fois où tu avais juste envie de faire demi-tour, à une soirée? Réponds à la question et ensuite tu verras..." Elle recula, tremblante, terrifiée par ses propres mots mais incapable de s’arrêter, Jamie voulait savoir, de quelle façon ils avaient été tous blessés? S’il voulait la vérité, il fallait qu’il ouvre les yeux ce n’était pas que son côté de la vérité qui comptait. Elle l’avait vraiment protégé et elle avait vraiment essayé.
"Tu as beau dire, faire le malin, mais tu n'as absolument pas la moindre idée de tout ce que je suis prête à faire pour toi Keynes, tout ça pour te protéger toi et ton sourire d'idiot. Sans jamais demander un seul merci ou rien d'autre. Parce que je sais déjà que tu as fait ton choix." Et, contrairement à Kelya, c’était quelque chose qu’elle avait accepté sans aucune difficulté. Ça ne l’intéressait pas de courir après quelque chose qui ne serait jamais à elle quoi qu’il advienne. "Et tu sais c'est quoi le plus drôle? James mon soi disant plan cul, me connait mieux que toi. Il aurait su quoi dire et quoi faire pour me faire entendre raison mais toi..." Hannah le pointa de son index, ses mains tremblaient toujours et une larme avec commencer à rouler sur ses joues mais elle s’en moquait. Ça faisait des années qu’elle n’avait pas pleurer, cette occasion était spéciale alors pourquoi pas?
"Toi Jamie, tu ne sais pas, tu ne me connais pas, tout ce que je suis pour toi c'est un nom et une photo dans un magazine. C'est la seule chose que tu auras." souffla t-elle avant de tourner les talons et en ne retenant plus ses larmes. - Spoiler:
*va serrer son ours en peluche* I'M FINE
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| | | | (#)Ven 25 Sep - 10:58 | |
| La claque est bien réelle, la douleur aussi. Mais le choc fait grimper cette désagréable sensation jusqu'à mon cerveau avec un certain temps de latence. Je pose ma main sur ma joue, légèrement chauffée par la paume d'Hannah qui s'est abattue dessus. Les yeux écarquillés, j'ai du mal à croire qu'elle vient vraiment de m'en coller une. J'ai à peine le temps de me remettre du choc ; les paroles haineuses de la jeune femme déferlent sur moi en un torrent impossible à stopper. De toute manière, je reste sans voix. Je ne trouve rien à répondre, rien à dire pour l'interrompre. Mon regard est juste planté dans le sien, rempli de surprise, d'incompréhension, et franchement outré. J'aimerais être capable de réagir, faire quelque chose, mais le poids des mots qu'elle me crache à la figure me laissent parfaitement cloué à ma chaise, subissant la violence des coups logés dans ses phrases comme autant de retours de ceux que j'ai pu donner à James -avec les intérêts. Il n'y a rien à dire, Hannah n'a pas tort sur plusieurs points -des points sur lesquels j'ai toujours été lucide. Je me nourris des autres ; je ne crois pas avoir la volonté d'utiliser qui que ce soit pour mon propre intérêt, de ne jamais rien donner en retour, mais en ayant du recul par rapport à mon histoire avec Kelya, je sais que je suis capable de vider mon entourage de leur substance, comme cela a été le cas avec elle. Ainsi, la comédienne est au courant pour mon passé avec la thérapeute. Je ne sais pas pourquoi ni comment, ou encore ce qu'elle croit savoir. Elle juste au courant, et cela me déstabilise d'autant plus. C'est un exemple qui illustre parfaitement le niveau égoïsme que je peux parfois atteindre. Je suis forcé d'admettre que je n'ai pas porté attention au ressenti d'Hannah après le gala. J'étais quelque peu occupé à ruminer l'attitude qu'elle avait eu ce soir-là -et j'ai du mal à être compatissant avec les personnes contre qui j'ai encore de la rancoeur. Dès lors qu'elle m'a ri au nez, elle a donné un premier coup dans notre prétendue amitié. Je ne me blâme pas vraiment pour ne pas m'être penché sur ses états d'âme ; on ne récolte que ce que l'on sème, et Hannah n'a rien fait la semaine dernière pour mériter mon empathie aujourd'hui. Elle embraye sur une liste de choses qu'elle aurait soit disant faites pour moi et dont je n'étais pas au courant. Bien sûr qu'elle a toujours su me donner du courage lorsque je me lassais complètement du monde dans lequel nous vivons. Mais sa dispute avec Kelya, sa conversation avec Joanne… Comment aurais-je pu savoir ? Pourquoi me jette-t-elle cela à la figure ? Elle s'est comportée en amie au moment où nous étions censés être amis, elle ne m'en a rien dit, et je devrais lui offrir des fleurs avec une carte « bravo pour t'être comportée comme une humaine normale » ? Tout ceci me laisse un goût amer. J'aurais été rempli de gratitude envers elle si j'avais seulement su. C'est tellement facile de reprocher l'ignorance. Je fronce les sourcils. Mon choix ? Quel choix ? Ce détail m'échappe ; j'avoue être en train de laisser mon coeur se fendre en voyant les larmes de la jeune femme rouler sur ses joues. Ma gorge se serre. James aurait su quoi dire ? Alors pourquoi n'a-t-elle pas couru le retrouver plutôt que de rester en tête-à-tête avec sa bouteille de whisky ? Pourquoi a-t-elle perdu son temps avec moi, si elle n'a besoin que de lui ? Ma mâchoire se bloque, l'émail de mes dents souffre sous la pression que je leur impose. C'en est trop. Je crois qu'Hannah a décidé de nous enterrer. Elle tourne les talons, quitte le bar en pleurs. Sans réfléchir, je quitte ma chaise, à sa poursuite, et l'attrape juste à la sortie du bar. Ma main saisit son bras pour l'arrêter, et le relâche aussitôt qu'elle se soit tournée -je ne referais pas la même erreur qu'avec Joanne qui s'était retrouvée avec des bleus à cause de ma poigne. « Qu'est-ce qui te donne le droit de me dire des choses pareilles ? Tu sais pour Kelya alors tu deviens soudainement juge et bourreau ? » Kelya est cinglée. Je ne veux même pas savoir quelle version des événements elle a pu incruster dans la tête d'Hannah. Et quand bien même, cela ne lui donne aucun droit de me prendre de haut en se basant sur un passé qu'elle n'a pas vu de ses propres yeux. « Je n'ai jamais rien demandé à personne. » Il faut le dire, je suis bien trop fier pour ça. Pour demander de l'aide, de l'attention, de l'affection, ou accepter d'en recevoir. « Je ne t'ai jamais rien demandé de tout ça. Tu n'as pas le droit de me blâmer pour des choses dont je n'avais même pas idée. Je ne savais pas pour Kelya, je ne savais pas non plus pour Joanne. Et tu me présentes ça comme si je devais t'en être redevable tout en osant dire que tu ne me demandes rien en échange ? Et c'est moi l'hypocrite ? » Hannah Siede a fait des bonnes actions, le monde entier devrait lui en être reconnaissant. Pauvre petite égocentrique qui croit que l'amitié se mérite et se garde sous la menace. « Je ne suis pas à ta botte, Hannah. Je ne vais pas m'écraser parce que tu l'ordonnes avec un air supérieur. Je ne suis pas un énième type que tu peux mener à la baguette selon ton bon vouloir. Et ça te dépasse. » Après tout, qui oserait lui dire non, lui tenir tête ? Pas son père qui l'érige en divinité, pas l'immense majorité du soit disant sexe fort qui tombe à ses pieds lorsqu'elle bat des cils. Mais elle n'a pas ce contrôle sur moi. « Tu crois tout savoir du monde parce que tu es capable d'aller de rôle en rôle et d'offrir une illusion parfaite au public tous les soirs ? Devines quoi : tu ne sais rien, tu n'as rien compris à mon sujet, tu ne comprends rien aux personnes réelles, t'en a la trouille. » Paradoxalement, au lieu de monter, mon ton se calme, devient plus grave. Je ne lui hurle plus dessus, mais je jette ma rancoeur à sa figure, mon visage se trouvant à quelques centimètres du sien et mon regard la fixant sans faiblir. Tout cela me fait trop de mal, me blesse bien trop pour que je parvienne à rester simplement en colère. « Tu as de la valeur à mes yeux, et je n'ai jamais rien demandé d'autre que d'avoir le droit de voir qui tu es. Mais tu me laisses à peine effleurer la surface, en estimant que c'est déjà bien assez, et après tu oses te plaindre que je me trompe à ton sujet. » Hannah pourra prétendre autant qu'elle veut qu'elle a été vraie avec moi, dire qu'elle s'est ouverte, surtout après m'avoir parlé de son accident, elle ne pourra pas nier qu'elle n'hésite pas à me faire trimer, me tester, afin de savoir si oui ou non je suis digne de connaître la grande Siede. Elle parle, mais elle aussi, elle utilise son entourage et le vide. Elle aussi veut se sentir moins vide. « Maintenant tu peux aller te faire voir, Hannah. Un jour quelqu'un verra à quel point tu n'es rien lorsque tu n'est pas sur scène ou quand tu n'ouvres pas les jambes. » Des paroles que je regrette à la seconde même où elles traversent mes lèvres. Une soudaine culpabilité me donne presque la nausée ; mais qu'est-ce que je dis ? |
| | | | (#)Ven 25 Sep - 20:43 | |
| Il ne méritait pas ses larmes, non, il ne les méritait pas, Hannah se répétait cette phrase en boucle alors qu’elle essayait de sortir de ce bar et de mettre le plus de distance entre eux. Elle ne voulait pas pleurer, pas maintenant, elle ne voulait pas montrer un seul signe de faiblesse et le laisser penser qu’il avait une quelconque importance pour elle ou dans sa vie. Mais la brune se mentait à elle-même, encore plus que d’habitude alors bien évidemment, les mensonges et les vérités qu’elle se répétait sans cesse pour qu’elles deviennent vraies avaient beaucoup de mal à passer… Voilà pourquoi elle avait pensé tout noyer avec de l’alcool. Juste qu’à ce qu’elle finisse par s’effondrer et disparaitre, dans les bras de Morphée, là où personne ne pouvait la juger et là où personne ne pouvait l’atteindre. Le destin était une drôle de chose dans le fond, elle qui s’était jurée de ne jamais se laisser avoir par un homme et de ne jamais finir en couple. C’était Jamie qui n’avait pas la moindre intention de se mettre avec elle qui avait réussi à la déstabiliser. Elle aurait presque pu l’aimer pour ça mais à cet instant précis, elle ne ressentait plus rien, ses pas étaient lourds et elle avait l’impression qu’on venait de plonger son coeur dans de l’eau glacée tellement elle avait mal. Elle voulait l’arracher, le jeter au loin et continuer d’avancer sans se retourner parce qu’elle avait trop mal pour continuer avec. Mais non, non, il ne la laissait pas.
La main de Jamie sur sa peau lui fit l’effet d’une brûlure et elle manqua de hurler encore une fois, de lui dire de ne pas la toucher mais il le fit de lui-même et elle le fixa encore une fois. Hannah essuya rageusement ses larmes alors qu’il lui parlait de Kelya. Assez, elle s’en moquait, qu’il la laisse mon dieu, il ne comprenait rien, elle ne voulait pas de son merci ou de médaille, non, elle voulait juste lui faire comprendre qu’elle avait essayé de faire en sorte que leur amitié repose sur des bases solides. Hannah ne l’écoutait pas, à quoi bon, c’était pour déblatérer les mêmes vérités qu’elle avait déjà entendues. Oui, elle s’attendait à ce que tout le monde obéisse dès qu’elle claquait des doigts, les hommes en particulier, elle se jouait de la plupart et ne s’attachait pas, elle était insaisissable, elle était magnifique et personne ne pouvait la toucher. Personne sauf lui bien sûr. Elle tourna la tête vers lui une fois qu’il eut finit de cracher son venin. Elle avait entendu ces mots mais le fait que ce soit Jamie qui les lui dise. « Wow… Et moi qui croyais que ça ne pouvait pas faire plus mal que ça. » Hannah s’essuya encore les joues du revers de la main. Qu’est-ce qu’elle pouvait dire de toute façon, il l’avait déjà jugée et rangée dans une petite catégorie qui lui était propre. Elle n’avait plus qu’à aller voir James, le supplier de la pardonner et écarter les jambes encore une fois pas vrai? Hannah croisa les bras sur sa poitrine, se sentant plus vulnérable que jamais. « Je n’ai jamais prétendu être autre chose Jamie, je sais à quoi je sers, je connais ma place. Je sais ce que tu penses, je sais ce que les gens pensent, ça me va parfaitement, je préfère être l’actrice ou la trainée, dans tous les cas c’ est toujours plus amusant que mes autres surnoms. » Défaitiste? Non, Hannah était juste fatiguée, fatiguée de lui et de se battre avec elle-même. À quoi bon lutter? Elle était toutes ces choses aux yeux des autres et personne ne pouvait comprendre qu’elle en riait et que c’était là la beauté de la chose. Elle n’allait pas hurler, elle n’allait pas le gifler, qu’il se félicite, il avait gagné.
« Tu as raison, je suis une idiote. Je n’ai jamais voulu que tu me dises merci pour ton information, ça n’a jamais été ça le but de la manoeuvre, je l’ai fait sans y réfléchir et je n’allais pas te demander des comptes tu sais. Tout comme je me serais excusée pour la dernière fois et que je serais allée voir Joanne pour lui présenter mes excuses et lui dire que ce n’était pas moi l’autre soir. » Pas elle, juste un autre rôle, certes, on lui demandait seulement de jouer la comédie sur scène mais c’était plus facile de le faire aussi avec les autres, plus facile pour elle. Hannah le savait mais elle avait été sincère quand elle avait pu parler seule avec Joanne, tout comme elle avait été sincère avec lui, comme elle l’était maintenant. « Je t’aurais parlé de Kelya et de James, tu le sais Jamie dans le fond, tu le sais très bien. Oui, ça m’a blessé de te voir passer ta colère sur lui comme ça, non je ne sais pas ce qu’il y a entre vous… Mais je ne suis pas la seule qui a tiré des conclusions hâtives, admet le au moins. » Hannah prit une profonde inspiration, elle ne voulait pas l’accabler encore une fois, c’était fini, ils n’étaient plus amis de toute façon alors… « Il me faut juste du temps, tu ne peux pas me demander tout ça et attendre de moi d’avoir des réactions normales. » Il le savait, elle était complètement folle, elle n’était pas normale, elle ne l’avait jamais été, Hannah c’était quelque chose, ce n’était pas juste elle, c’était tous les roles qu’elle avait joué, ses propres déceptions, ses joies, sa peine, tout ça… « Donne moi juste du temps, si je te dis de partir c’est pour une raison Jamie, je n’ai pas envie que tu me vois comme ça et je… »
Elle finit par s’interrompre. Ça ne servait plus à rien à présent. « Mais j’ai compris, c’est trop tard… Je n’ai qu’à aller trouver un autre homme pour la nuit. » Elle se força à sourire, parce que c’était tout ce dont on attendait d’elle dans le fond. « Alors, s'il te plait Jamie, je te le demande une bonne fois pour toute, laisse-moi partir, ça ne sert plus à rien. Va être heureux et laisse moi, libère moi et fais le et fais le pour de bon, ne me donne pas envie de revenir vas-y. » Elle écarta les bras, lui indiquant qu'il avait encore de quoi faire pour vraiment la détruire. « Come on, Keynes, do you worst. » |
| | | | (#)Lun 5 Oct - 18:09 | |
| « Je ne le pensais pas, Hannah, je… » Je ne trouve pas d'excuse à la hauteur des horreurs que j'ai pu prononcer. Je m'en veux, je me hais, je m'insulte de tous les noms et me flagelle intérieurement pour avoir encore une fois laissé la colère prendre le dessus sur moi et, cette fois, articuler à ma place des mots qui ne m'ont jamais seulement traversé l'esprit. Des mots vides de sens, simplement des articulations brutes de ma rage et de la peine qu'Hannah me cause, des émotions pures véhiculées par une parole pervertie. Rien que je puisse un jour penser à son sujet. Non, elle ne sait pas ce que je pense d'elle. Mais ce qui est dit est dit, je suppose. Il est trop facile de demander pardon une fois que le mal est fait. Et en disant des horreurs pareilles, je n'ai fait que lui donner raison. Elle n'a aucune idée de ce que je pense d'elle, mais maintenant, elle a tous les droits de croire que, comme n'importe qui, je la mets quelque part entre la catégorie des traînées et celles des insupportables gosses de riche -catégorie dans laquelle j'ai moi-même un pied et toute une jambe. Ce n'est pas le cas, mais comment le lui faire comprendre à présent ? J'ai l'impression d'avoir commis l'irréparable. Moi qui suis toujours prêt à mettre en œuvre n'importe quel moyen pour me racheter, réparer les dégâts, je ne vois rien pour rassembler les morceaux de ce qui reste d'une amitié, et qui me filent entre les doigts comme autant de grains de sable. Je reste muet. Je ne sais pas quoi dire. Je vois bien que j'ai brillamment réussi à l'atteindre, autant qu'elle était parvenue à me blesser en arborant un de ses insupportables masques qui lui servent de moyen de défense. C'est bien ça, le problème. C'est que ce n'était pas elle, l'autre soir. Ce n'était pas vraiment moi non plus. Ou alors l'étais-ce trop. Je ne sais même plus comme qualifier cet espèce de Mr Hide. S'il est un étranger qui s'empare de moi, ou le reflet parfait d'une essence profonde que je refoule. Est-ce le monstre, est-ce moi ; suis-je le monstre, ou est-il monstrueux de chercher à l'étouffer ? Bon dieu, je n'en sais rien. Y réfléchir me donne la migraine. Ce qui est certain, c'est que la semaine dernière, personne n'était vraiment soi-même. Ni elle, ni moi. Nous avons tous les deux mal agi, mal réagi, et nous continuos encore aujourd'hui, nous enfonçant joyeusement dans le bourbier dans lequel nous avions déjà mis un pied. Je ne sais toujours pas comment nous tirer de là. Du temps ? Est-ce que cela servirait vraiment à quelque chose ? Est-ce qu'il nous faut du temps pour tout digérer et revenir l'un vers l'autre ? Ou serais-ce plutôt le genre d'attente passive et contemplative visant à mieux s'oublier, tirer un trait, trouver les artifices nécessaires pour faire comme si nous ne nous connaissons pas en public, s'ignorer parfaitement, et, finalement, rayer toute forme de souvenir lié à cette personne dont nous nous étions attachés aussi fortement que la chute fut brutale. Lorsque l'on se bat si férocement l'un contre l'autre, n'est-ce pas le signe qu'un lien fort s'était tissé ? Lorsqu'il se rompt, on se retrouve toujours à ce moment, les bras ballants, à se demander comment on est arrivés là. Comment en sommes-nous arrivés là ? Le temps, je ne crois pas qu'il fera quoi que ce soit. Il fera cicatriser une blessure dont il restera toujours une marque blanche sur notre peau pour nous rappeler son existence. Non, je ne sais toujours pas quoi dire pour éviter le point de rupture, et mon coeur se serre, se serre, se dévore lui-même tandis qu'Hannah me demande, insiste, supplie que je parte, et que je la laisse partie. Car c'est quand je la vois vraiment que je dois partir. Il ne faudrait pas que je la voie comme ça. Il ne faudrait pas que j'ai enfin accès à la seule chose que j'attendais d'elle. Comment ne pas lui donner envie de revenir, alors que c'est tout ce que je souhaite ? Qu'elle revienne, que quelqu'un trouve le moyen, le courage, de ravaler sa fierté, son ego, sa rancoeur pour faire un pas vers l'autre, poser un morceau de soi dans ses mains et dire « tiens, ceci est à toi ». C'est, en quelque sorte, ce qu'Hannah fait au moment où elle ouvre ses bras comme pour accueillir le coup fatal. Sauf que je reste muet. Comme toujours dans des instants pareils. Les mots ne viennent pas. Quand mes émotions prennent le dessus sur moi, je perds toute notion de langage. Il ne me reste qu'une seule arme que je sais que Joanne comprends parfaitement. Je ne sais pas si Hannah le pourra. Je me contente de prendre l'une de ses mains, assez fermement pour ne pas lui laisser de choix, mais assez délicatement pour ne pas lui faire mal ; je la tire vers moi avec la même force douce, jusqu'à ce qu'elle soit assez près de moi pour atterrir dans mes bras, là où je la serre doucement. « Arrête de dire des conneries. » dis-je près de son oreille, ma joue contre la sienne. Lorsque mes bras la lâchent petit à petit, je prends son visage entre mes mains, et plante mon regard dans le sien. « Je suis vraiment désolé pour tout. Si tu veux quand même que je te laisse, il faudra que tu trouves le moyen de me faire partir. » |
| | | | (#)Mar 6 Oct - 18:40 | |
| Hannah n’était pas prête et ses larmes en étaient la preuve la plus flagrante. Elle n’était pas prête pour tout ça, pour l’amitié, pour ce semblant de réalité et elle le réalisait, trop tard, lorsqu’elle se sentait blessée et qu’elle n’avait qu’une seule envie: rentrer chez elle et se cacher sous ses couvertures pour pleurer jusqu’à ce que ses yeux soient complètement secs et qu’elle n’ait plus aucune envie de pleurer. Elle n’aimait pas être comme ça, à fleur de peau, à vif, pas comme ça, pas face à lui, Jamie lui avait pris quelque chose c’était certain. Au final, dans cette belle amitié, elle avait l’impression d’être celle qui avait le plus donné. Hannah ne voulait pas de merci ou qu’il lui érige une statue ou quelque chose comme ça non, elle voulait juste qu’il soit au courant et qu’il se rende compte que non, elle ne faisait pas cela avec tout le monde, pas avec n’importe qui. Les hommes n’étaient absolument rien dans son monde et si elle avait choisi de s’arrêter sur lui c’était que quelque part, elle lui faisait confiance. Cette confiance s’était envolée, avait été brisée à chaque coup qu’il avait porté à James tout d’abord et ses mots d’aujourd’hui n’arrangeaient absolument rien. Alors comme ça il était désolé? Hannah ne voulait pas de ses excuses, elle voulait retrouver sa vie d’avant, sa vie sans Jamie, sa vie sans se demander si ce qu’elle faisait était assez bien pour lui ou pour Joanne. Elle savait bien que ce n’était pas une compétition mais elle ne supportait pas de savoir qu’elle les avait laissé tomber, qu’elle n’avait pas fait ce qu’il fallait alors que pour la première fois depuis trop longtemps, elle était enfin elle-même.
Jamie ne savait pas que cela ne lui était pas arrivé depuis des années. Non, elle ne le faisait pas parce qu’un jour quelqu’un lui avait brisé le coeur ou parce qu’elle avait été blessée, non, c’était juste comme ça qu’elle était faite, comme ça qu’elle avait été élevée. C’était son père le premier qui lui avait dit de tout faire pour cacher son coeur et de ne jamais laisser personne l’atteindre. Si personne ne savait réellement ce qu’elle pensait ou encore de quoi elle était faite, il n’y avait absolument rien qui pouvait la faire tomber. Ses précieux conseils, Hannah les avait appliqués, tous les jours, contre sa nature sensible et artiste qui la poussait à se produire sur scène et à se glisser dans la peau de personnage avec tant d’aisance, tout ça pour faire plaisir aux autres. Nathan aurait été déçu s’il la voyait aujourd’hui, déçu et triste de la voir enfin verser des larmes, mais au delà de son père, il y avait aussi elle qu’elle avait déçue et ça personne ne pouvait le lui rendre. Pas même lui.« Jamie arrête je… » Elle en avait assez des surprises et elle fut réduite au silence alors qu’il la tirait contre lui.
Hannah osa respirer, là tout contre lui et elle se détesta aussitôt d’apprécier autant le contact. Elle faisait beaucoup de sens il y a de cela quelques secondes et quoi, tout devait être oublié parce qu’il la prenait soudainement dans ses bras? « Non tu…. » L’actrice ne trouvait pas les mots tant elle était déroutée par ce revirement de situation, ce n’était pas elle qui menait la barque et ça l’énervait dans un sens. Ça l’irritait et de la frustrait de voir que sa colère à lui s’était déjà envolée alors qu’elle aurait pu encore crier pendant des heures contre lui. Elle voulait qu’il ait aussi mal qu’elle à cette seconde précise, juste pour qu’il comprenne ne serait-ce que le quart de ce que ses actions avaient causé. Juste pour ce qu’il comprenne. Elle voulait aussi lui redemander du temps, lui dire qu’elle était complètement fausse et qu’il n’y avait absolument rien à sauver. Qu’elle avait mal parce qu’il avait raison et qu’elle n’était absolument rien si elle n’avait pas un rôle à jouer ou quelqu’un à séduire, absolument rien. Mais Hannah resta silencieuse, clouée sur place par toutes ces sentiments contradictoires, tout contre lui et elle eut l’impression que ses joues étaient soudainement en feu quand il s'empara de son visage.
Elle inspira profondément et elle posa ses mains sur le col de la chemise de Jamie, lui renvoyant un regard de la même intensité. Il s’excusait encore et elle avait envie de dire que oui, elle voulait partir, juste quelques secondes pour réfléchir et pour lui prouver, leur prouver à tous les deux que dans le fond, qu’ils n’avaient pas besoin l’un de l’autre de cette amitié et que ce n’était qu’un leurre, ils pouvaient reprendre le cours normal de leur vie. Hannah le fixa avant d’esquisser un sourire, elle savait bien que tous les discours du monde ne lui ferait pas lâcher prise et une partie d’elle avant de se laisser aller encore une fois contre lui et le laisser s’excuser encore et encore jusqu’à ce qu’elle finisse par oublier. Mais Hannah n’oubliait pas, elle ne pardonnait pas, juste parce qu’elle était elle. Aussi, la brune finit par se hisser sur la pointe des pieds et elle réduisit à rien la distance qui les séparait pour poser ses lèvres sur celles de Jamie et pour l’embrasser. Cela ne dura qu’un bref instant et Hannah finit par s’écarter, le lâchant enfin et repoussant ses mains. « Voilà. Je ne suis pas Joanne, alors tu ne peux pas rester voilà…. Pars Jamie, Pars. » |
| | | | (#)Jeu 22 Oct - 16:16 | |
| Jusqu'au bout, j'espère qu'Hannah lâchera prise. Qu'elle balayera sa colère contre moi, comme je tente de ravaler la mienne contre elle, qu'elle saura me pardonner, comme cela se fait en amitié, et qu'elle acceptera de nous donner une nouvelle chance dont nous saurons apprécier la valeur après l'échec de la première. Jusqu'à la dernière minute, j'y crois, faisant appel à son humanité, à l'affection qu'elle disait avoir pour moi et qui l'avait poussé à faire tout ce qu'elle m'a décrit aujourd'hui. Elle ne peut pas laisser tomber si facilement une amitié qui lui avait inspiré ce genre d'actions, non ? J'ai besoin d'elle, de mon double, mon doppelgänger, celle qui amène l'ordre par le désordre et la dualité. Je ne veux pas la laisser, je ne veux pas partir ou qu'elle même s'éloigne de moi. Comme un enfant pourri gâté à qui on refuse un jouet, je chouine, je tape du pied, j'hurle et je joue de manipulations jusqu'à ce qu'on me donne ce que je veux, refusant d'accepter toute réponse négative, détestant l'échec -et quel échec cela serait-il de se voir encore et toujours refuser l'amitié d'Hannah après avoir déposé toutes mes armes à ses pieds ? Toujours égoïste et toujours déterminé, je garde son visage entre mes mains pour l'empêcher de s'échapper, la forcer à me faire face, moi et toute ma fierté mise de côté, la mettant au défi de me dire non, et d'achever l'ennemi à terre. Elle n'osera pas. Elle n'ira pas jusque là pour me donner tort. A moins qu'elle ne veuille vraiment plus de moi, qu'elle soit trop blessée, dégoûtée, écoeurée de moi, incapable de pardonner même si elle le voulait -encore faudrait-il qu'elle le veuille. Hannah attrape le col de ma chemise, m'enfermant dans le même piège qu'elle. Elle n'a besoin que de pousser sur ses orteils pour se surélever un peu, et ainsi approcher son visage du mien. Jusqu'à la dernière seconde, je ne vois rien venir, cette forme d'ultime trahison. Ce n'est que lorsque je sens ses lèvres sur les miennes que je réalise. Je garde les yeux ouverts, non pas surpris ou choqués, mais vides, et terriblement tristes. Je comprends sans mal ce qu'elle veut faire en m'embrassant ainsi. Une partie de moi apprécie ce contact, je dois l'avouer, et aimerait que je prenne plus fermement le visage d'Hannah entre mes mains pour garder sa bouche collée à la mienne et prolonger cet instant, ne serais-ce que quelques secondes, puisqu'il s'agit sûrement du dernier geste d'affection que j'aurais de sa part. Mais je ne réagis pas. Et lorsque le baiser prend fin, c'est un goût terriblement amer et âpre qui reste sur mes lèvres. Sans plus de volonté, je laisse la comédienne dégager mes mains, me repousser tout entier par ce simple geste. Je plante mon regard dans le sien quelques secondes, cherchant à comprendre pourquoi. Pourquoi est-ce qu'elle ne veut plus de moi, après nos confidences, nos moments passés, nos promesses, tout ce qui laissait présager une amitié des plus fortes. Pourquoi est-elle incapable de me pardonner alors que je le peux. Pourquoi tient-elle absolument à me blesser une dernière fois de cette manière. Oh, et puis, cela ne sert à rien. Je dois me résigner. Hannah a décidé qu'elle ne voulait plus, pourquoi est-ce que je me bats ? Il ne maquerait plus qu'une de ces adorables photographes soit parvenu à prendre le bon cliché au bon moment pour avoir la preuve ultime de cette relation fantaisiste qu'on nous prête, histoire d'enfoncer le clou. Je baisse les yeux, cherche quelque chose à dire. Mais rien ne me vient. Je suis juste dépité. Au moins, elle a réussi : l'envie de partir est bien là. Je reste de longues secondes, interminables, sans rien dire, sans rien faire, désorienté. Puis je tourne les talons, et traverse la rue, retrouvant ma voiture. C'est sans me retourner une seule seconde, quoi que l'envie soit terriblement forte, que je file derrière le volant et fuis -car c'est bien le mot- plus de douleur que nécessaire. |
| | | | | | | | jannah — you and I go hard at each other like we're going to war |
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