Le mariage s’était passé à merveille. Ezra ne pourrait dire autrement, puisque non seulement la cérémonie avait été sublime - c’était le genre de moment qui restait gravé dans ses souvenirs à jamais, l’instant qui semblait plus important que les autres dans son esprit -, mais qu’également il avait pu la partager de sacrés moments avec le marié et d’autres personnes présentes ce soir là. S’il avait eu une touche avec la strip-teaseuse, obtenant son numéro de téléphone lors de sa soirée d’enterrement de vie de garçon, Ezra avait également eu le chance d’avoir un cadeau spécial de la part de l’un des témoins mais du côté de Auden cette fois-ci; puisque le propre frère de ce dernier l’avait coincé dans les toilettes pendant la soirée dansante pour lui offrir un cadeau qu’il… n’était pas prêt d’oublier, disons. Mais ce n’était pour déplaire au Beauregard: au moins, il ne pourrait jamais dire que son mariage avait été ennuyant.

Suivant un mariage on ne pouvait plus excitant, se devait de se dérouler une Lune de Miel, sans grande surprise. La destination était on ne pouvait plus surprenante, surtout pour des australiens, mais Ezra n’était pas celui qui aurait moqué les choix de son partenaires: c’était donc à Corps-Nuds que les deux Beauregard-Williams s’étaient rendus pour passer un instant hors du temps, dénués de toute attention apportée par leurs proches. Ici, ils n’avaient à se soucier de qui seraient à leurs côtés, et surtout pouvaient profiter de la présence de l’un de l’autre après plusieurs semaines de préparatifs pour leur journée dédiée. Ezra était heureux de pouvoir profiter de la présence de Auden exclusivement pour lui - il espérait que les choses étaient réciproques. « Tu avais un programme précis pour les prochains jours ? » Il posait la question alors que son regard se tournait vers l’homme de sa vie, valise également à la main, alors qu’ils arrivaient dans leur chambre d’hôtel.

Spoiler:

Le lieu de lune de miel est nul à chier. Enlevez l’église, et le village de Corps-Nuds n’a plus rien pour lui, même pas son nom plutôt atypique. Ce qui n’était initialement qu’une blague est rapidement devenu réalité, en témoigne le vol jusqu’à Paris et tous les trains campagnards qui s’en sont suivis, aucun n’étant digne du moindre intérêt. Heureusement, au moins, que le profil d’Ezra égayait le paysage ennuyeux et redondant de la province française. « Tu avais un programme précis pour les prochains jours ? » - “Essayer de pas crever d’ennui.” J’annonce, laissant ma valise rouler dans un coin de la pièce jusqu’à rencontrer le mur en guise de seul garde fou. Cela me semble être déjà un bon début de plan et pour le reste, je n’ai rien anticipé de plus. La porte ayant claquée sans aucune retenue derrière nous - ma faute, aucun remord -, j’annonce par la même occasion la suite du programme. “Ah oui et coucher avec toi, bien sûr.” Mais ça, c’était plutôt évident, et je n’avais de toute façon pas à attendre que la porte se ferme pour le lui préciser: c’est ce à quoi servent les lunes de miel. “Et profiter de notre dimanche pour aller à la messe, de façon plutôt évidente.” Ça, il devinera lui-même que c’est bien plus de l’ironie qu’autre chose, surtout alors que j’ai pas foutu les pieds dans une église depuis que j’ai quitté l’Italie.

Un peu moins grognon, un peu plus amusé, je prends enfin la peine de me retourner vers Ezra pour lui demander son avis, et malencontreusement l’embrasser au passage aussi. “Heureusement que tu es là pour rehausser le paysage et les activités à faire dans la région.” se veut murmuré contre ses lèvres, par mon sourire amusé aussi. Corps-Nuds, c’était vraiment une idée à chier, et ça prouve bien que c’était donc l’idée d’Ezra.

« Essayer de pas crever d’ennui. » - « Auden ! » Auden laissa sa valise aller valser un peu plus loin dans la chambre, alors que Ezra écarquillait un peu les yeux. Il était autant étonné qu’amusé par les propos de son désormais mari, puisqu’il reconnaissait là sa marque de fabrication quant à sa répartie sans faille; cependant, il s’attendait à une réponse un peu plus adaptée à la situation - d’accord, leur destination de lune de miel ne mettait pas des étoiles dans les yeux, mais le but était avant et surtout de passer du temps ensemble, profiter de la présence de l’autre. Le Beauregard déposa avec bien plus de délicatesse sa valise en dehors du passage, alors que la voix du brun à ses côtés se fit de nouveau entendre. « Ah oui et coucher avec toi, bien sûr. » Cette réponse là tira un sourire à Ezra: il reconnaissait encore plus son cher et tendre dans ces moments là. « Et profiter de notre dimanche pour aller à la messe, de façon plutôt évidente. » - « Surtout aller à la messe oui bien sur, suis-je bête. » Bête il l’était, mais amusé il était d’autant plus.

ll eut à peine le temps de se retourner qu’Auden se trouvait à sa hauteur, lui dérobant un baiser, lui arrachant un petit rire par la même occasion. Oh, qu’il se trouvait être l’homme le plus chanceux d’avoir pu l’épouser lui, entre mille autres. « Heureusement que tu es là pour rehausser le paysage et les activités à faire dans la région. » Le souffle d’Auden se mélangeait au sien, et Ezra ne se priva pas de cette proximité soudaine pour lui dérober un autre baiser, et un autre pour la route. « En parlant d’activités… » Sortant l’enceinte qu’il avait dans son sac à dos, la connectant à son portable, Ezra ne perdit pas un seul instant pour faire résonner l’instant d’après dans la chambre d’hôtel les premières notes de You can leave your hat on de Joe Cocker. Et avant même qu’Auden ait pu émettre la moindre protestation, Ezra faisait déjà de son mieux pour se déhancher au rythme des notes crachées par le petit appareil. Oh, il ne comptait pas garder la moindre parcelle de tissu sur son corps à la fin de cette musique - mais ce n’était pas l’homme devant lui, désormais son mari, qui allait contredire ce plan non ? Puisque ses intentions quant aux activités à mener pendant la lune de miel allaient dans ce sens là également.

« Surtout aller à la messe oui bien sur, suis-je bête. »

Parce que nous sommes tous deux de parfaits chrétiens, c’est bien connu. Incapables de manquer la moindre messe, sous peine d’enfer et damnation (mais ne serait-ce pas là ce à quoi nous sommes déjà condamnés ?). Le baiser que je lui dérobe témoigne sûrement de mes propos, mais il est celui qui les personnifie le mieux alors que cela ne semble pas lui déplaire et, pire encore, qu’il y ajoute du sien et de ses idées. « En parlant d’activités… » Je lève un sourcil intrigué, craignant déjà ce qui a bien pu mijoter dans son esprit si particulier. Je fais un pas en arrière, l’observe sortir la petite enceinte pour mieux la connecter à son téléphone, sans être capable d’anticiper la finalité de ce plan si particulier. Lorsque la musique se lance, pourtant, je ne sais faire autre chose que rigoler à pleines dents, assurément pris de court par l'enchaînement de la situation.

“T’es vraiment une espèce particulière, Ezra.” Ce ne sont peut-être pas des reproches, mais ce sont bien loin d’être des compliments aussi. Ce n’est qu’une fine analyse de la situation, d’un Beauregard-Williams en train de se déhancher sous mes yeux sans que cela ne fasse le moindre sens. Et si je reste quelques secondes sans bouger, ma maigre envie de me joindre à la danse se permet de déjà envisager le bouquet final alors que mes lèvres retrouvent les siennes et mes mains sa peau brûlante sous son t-shirt. “T’as vraiment envie de faire un Just Dance, là ?” Je connais déjà la réponse, raison pour laquelle je n’attends pas vraiment son avis avant de lui retirer son haut, uniquement pour pouvoir l’embrasser contre la nuque sans la moindre gêne. “Je voudrais pas te presser, mais si tu laisses la musique tourner en entier, on sera clairement en retard pour la messe ensuite.” Ça va, ça va.

Laissant sa dernière phrase en suspens, Ezra ne put s’empêcher de remarquer l’air intrigué que portait le visage d’Auden. Tant mieux, cela voulait dire que la surprise allait être de mise et complète - le but, si ce n’était premier, au moins deuxième de ce plan pensé durant leur long trajet en avion. La réaction de son mari ne mit qu’un instant à se faire entendre, puisque ce fut par un rire à gorge déployée que le brun répondit dans un premier temps aux premiers pas de danse d’Ezra. « T’es vraiment une espèce particulière, Ezra. » - « Ce qui fait que t’en trouveras pas un deuxième comme moi. » Modèle unique dont il fallait prendre soin, c’était surtout ça que cela voulait dire.

La partie du plan qui fut une surprise du côté de Ezra, en revanche, fut celle où son époux le reçoit dans cette danse improvisée à peine le premier refrain de la musique atteint - il pensait sincèrement qu’il n’aurait osé se joindre à lui, ou qu’il aurait profité du spectacle jusqu’au bout avant de faire quelques commentaires sur sa façon de danser. « T’as vraiment envie de faire un Just Dance, là ? » Si les doigts d’Auden n’étaient pas en train de déjà parcourir la peau d’Ezra directement sous son tee-shirt, peut-être aurait-il eu l’audace de jouer l’effronté et de prétendre vouloir effectivement continuer de danser sur cette initiative. Ce fut cependant un petit rire qui s’échappa d’entre ses lèvres, alors que celle d’Auden se posait sur sa peau, là, dans son cou - là où il s’était déjà débarrassé de son tee-shirt. « Je voudrais pas te presser, mais si tu laisses la musique tourner en entier, on sera clairement en retard pour la messe ensuite. » - « Hors de question qu’on soit en retard non. Vite, retire tout ça ! » Et déjà ses mains l’aidaient à retirer autant chemise que pantalon - partir en France, même en pleine saison, n’était apparement pas gage de beau temps. Puisque ce n’était pas suffisant à ses yeux de s’occuper des vêtements d’Auden, il ne perdit pas un instant pour terminer de retirer les siens. « Vous êtes beau, monsieur Beauregard-Williams, vous savez ça ? » Attrapant le visage de son amoureux entre ses mains, Ezra couvrit ce dernier de baisers - tout autant sa mâchoire, ses lèvres, que son nez et conclu dans la foulée. Il ne comptait pas réellement faire autre chose des prochaines journées que de profiter pleinement de la compagnie d’Auden - sans le moindre artifice appelés vêtements sur le dos serait le mieux, afin qu’il puisse profiter de la chaleur de son corps contre le sien des heures et des heures durant.

« Ce qui fait que t’en trouveras pas un deuxième comme moi. »
“Encore heureux.”

Ce n’est de toute façon pas comme si j’avais la moindre envie d’en trouver d’autres, des comme lui. Ce n’est pas comme si je voulais en trouver d’autres, tout court. Il a bien des défauts, Ezra, c’est certain ; mais il reste mon mari. Il a ses singularités et ses particularités, mais il n’en reste pas moins l’homme que j’aime, même lorsqu’il lui prend des idées stupides comme celle de danser sur une musique d’un temps passé. A la place, je n’attends pas plus de deux secondes avant de lui faire part de mes idées quant à une autre tournure possible pour occuper le temps, une qui nécessite malheureusement qu’il soit dénué de tissu contre son torse, que je protège plutôt de mes baisers. « Hors de question qu’on soit en retard non. Vite, retire tout ça ! » Bien sûr, l’argument de la messe avant tout le reste, pas vrai ? J’éclate de rire face à sa vive réaction, non sans accéder à sa requête pourtant, me retrouvant rapidement aussi peu vêtu que lui.

« Vous êtes beau, monsieur Beauregard-Williams, vous savez ça ? » Mon visage se retrouve entre ses mains sans que je ne cherche à m’en dérober, bien au contraire. J’observe son pantalon rejoindre le reste de nos affaires sur le sol, un sourire en coin ; déjà, la suite du programme de la journée ne fait plus aucun doute, et quand bien même je n’aime pas être du genre prévisible, ce n’est pas aujord’hui que je risque de vouloir jouer le rebelle. “Vous n’êtes pas en reste, monsieur Williams-Beauregard.” J’insiste sur l’ordre de nos noms agencés l’un à la suite de l’autre, sans surprise, avec un sourire de plus imprimé sur mes lèvres. Lorsque je retrouve pleinement la chaleur de mon mari, pourtant, ce genre de détail devient le cadet de mes soucis.