Assis à la table des organisateurs, entre le maire et le directeur de l'hôpital, Jackson remue silencieusement les lèvres. Sur l'estrade aménagée pour l'occasion, face à la piste de danse éphémère et au parterre d'invités tirés à quatre épingles, Joy s'exprime au micro. Mills connait chacune des phrases du discours de sa comparse pour l'avoir écoutée répéter des dizaines et des dizaines de fois au cours des derniers jours. Son regard attentif ne la quitte pas des yeux tandis qu'elle le nome puis le présente d'un geste de la main, attirant les regards dans sa direction. Il applaudit, salue les convives, hoche la tête en signe de remerciement. Ce soir, en plus d'être un président souriant, Jackson Mills est l'incarnation même du gendre idéal dans son costume sur mesure. La montre, les boucles d'oreilles, les boutons de manchette ... même ses dreadlocks arborent des perles discrètes faisant scintiller sa chevelure lorsqu'il bouge la tête. Il brille, il attire, il est désirable.
On en oublierait la cicatrice sur le côté de son crâne et le fait qu'à peine deux mois plus tôt Mills était allongé sur le toit d'une banque, prêt à tuer un homme de sang froid pour rendre Justice. Sa paranoïa post-traumatique, ses sautes d'humeur chroniques, ses colères mal contrôlées, rien ne parait car l'agent est dans un état d'esprit serein, propice à la détente. Le marathon est terminé, la course s'est bien passée, les animations ont été une franche réussite et le nombre d'inscriptions à l'association a monté en flèche. Convaincu d'avoir rempli sa part du contrat, Jax passe le relai et laisse sa co-équipière convaincre les nombreux portefeuilles plein aux as qui les entourent de participer à la levée de fonds en faveur de RUN FOR JUDY. Le seul devoir qui lui incombe, désormais, est de profiter pleinement de la soirée. Le Jardin botanique de Brisbane, privatisé pour l'occasion, brille de mille et une lumières installées de manière à valoriser la végétation luxuriante qu'il abrite. Moitié en plein air, moitié à l'intérieur, la fête, sous ses airs de Garden Party, a quelque chose de particulièrement enchanteur.
« On se voit plus tard. » Chuchote-t-il après avoir ouvert la danse au bras de Joy, comme il le lui avait promis plus tôt dans l'après-midi. Bientôt huit heures : Jackson décide de s'éclipser en douce, prétextant des obligations imaginaires afin d'échapper aux sollicitations tandis qu'il traverse la foule, un objectif précis en tête. Orientant systématiquement vers Petterson les nombreux invités présents sur son chemin, le voilà qui s'éloigne de la zone d'activité principale pour se rendre sous la seule horloge du site accessible au publique : celle de d'entrée.
Désert à cette heure, le hall, immense et vitré, raisonne du ronron lointain des conversations et de la musique de cocktail. A travers les grandes fenêtres présentes sur la droite se dessinent les multitudes de plantes exotiques de la section attenante, celle des chaleurs tropicales et des flores gigantesques. Jax observe une fougère grande comme trois fois sa taille lorsque des bruits de pas en provenance de la gauche lui fond dresser l'oreille. Affichant un sourire de circonstances, il se retourne, prêt à découvrir l'allure de Sofia après avoir eu quelques heures pour se remettre de son effort.
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Dernière édition par Jackson Mills le Dim 31 Juil - 3:14, édité 4 fois
« Bonsoir Monsieur le président, quelle classe. » Jackson tire élégamment sur les pans de sa veste, torse bombé, le nœud pap en évidence. L'attitude est guindée mais le sourire est espiègle, preuve qu'il ne se prend qu'à moitié au sérieux. « Princesse Sofia, quelle joie de vous voir ici. » Répond-il sur le même ton, s'avançant vers elle pour mieux s'emparer de sa main qu'il approche lentement jusqu'à ses lèvres. A peine ces dernières effleurent-elles la peau féminine que le regard de l'agent se plante dans celui de la brune. Mills fige le geste juste le temps qu'il faut pour lui donner de la valeur, observant la kiné par dessus ses phalanges de lilliputienne comme s'il s'apprêtait à la manger toute crue. Sa cavalière a beau être plus grande que d'habitude, perchée sur ses escarpins, cela ne lui fait gagner qu'une tête sur les deux dont il la dépasse. « J'ai raté les discours, mais je suis sûre que tu les as impressionné. »« La banque qui nous le dira. » Pragmatique, le président. Nonobstant, Jax ne doute pas que Joy, encore à l'œuvre dans la salle de réception, réussira à convaincre et à marquer les esprits.
« C'est le moment ou tu dis que tu m'emmènes dans une vraie fête ? » Mills lâche la main de Sofia pour mieux sortir de la poche intérieure de sa veste un petit bout de tissu noir qu'il déplie tranquillement, conscient d'avoir piqué la curiosité de son interlocutrice. Tendant l'élastique entre ses indexes, il dresse entre eux ce qui s'avère être un bandeau de nuit. Le genre de trucs dont regorgent ses valises de l'époque ou voyager aux quatre coins du monde pour le MOSC était son quotidien. « C'est le moment ou j'te bande les yeux. » Un haussement de défiance arque ses sourcils tandis qu'il laisse à Sofia le temps de digérer l'information. Elle va devoir lui faire confiance ... « Enfin, dans la voiture. J'voudrais pas que tu tombes et salisses cette jolie robe. » Jax insiste sur les mots tandis que son regard parcours le corps de la kiné. Habitué à la voir en blouse et en tenue de sport, il doit bien reconnaître que cette tenue lui va à merveille mais reste fidèle à lui-même en se montrant avare de compliments. Ce que Jackson pense reste bien souvent à l'état de réflexions intérieures. Ses actes n'en sont que plus imprévisibles ...
Replaçant le bandeau dans sa poche, il en sort les clés de sa Jeep garée sur le parking du Jardin Botanique. Cela leur prendra quelques minutes de marche pour la rejoindre, aussi s'enquiert-il de détails pratiquo-pratiques : « Ca ira pour marcher jusqu'à la sortie ou c'est un stratagème habile pour te faire porter à nouveau ? » La taquinerie refait surface tandis qu'il gratifie Sofia de cet air mi-moqueur mi-complice avec lequel Jax a l'habitude de la charrier, à la salle de sport, lorsqu'elle prétend ne pas être capable de faire un squat de plus alors que lui sait bien qu'elle peut y arriver.
Est-ce qu'ils auront besoin de lui ? Peut-être, mais Jackson ne sera pas disponible. Il y a Joy, il y a le personnel de la municipalité, il y a les membres du service de sécurité et toute une bande de bénévoles fideles, prêts à donner un dernier coup de main, au besoin. Bref, les remplaçants ne manquent pas pour combler le départ du président, tant et si bien que ce dernier n'a aucun scrupule à s'éclipser durant le bal. Mills a fait sa part. Ce soir, il s'accorde du temps pour lui, du temps pour être autre chose qu'un homme trop occupé ou trop tourmenté avec ses problémes personnels pour lâcher prise. S'il a prémédité ses actions et tracé tout un plan en amont afin de surprendre Sofia, c'est aussi pour se donner l'occasion de débrancher son cerveau et de faire ce qu'il sait faire de mieux : foncer sans réfléchir, tel le sprinteur qu'il est.
Tout est réglé comme sur du papier à musique : La kiné glousse et entre dans son jeu, répondant par des blagues pour camoufler sa gêne que Jax trouve à la fois touchante et séduisante. Les choses lui paraissent simples avec Shaw car elle est bon public. Pour une fois, Mills a l'impression de comprendre ce qu'une femme attend de lui et cela le change de ce qu'il a pu expérimenter lors de ses expériences passées. Plus habitué à naviguer en mers déchainées qu'en lacs sereins, il sait apprécier la fluidité avec laquelle se goupille leur départ, et rit de bon coeur aux images mentales d'une Sofia enfermée dans son coffre ou s'écroulant façon drama queen en criant à l'entorse pour se faire secourir. « Je peux avoir un indice de l'endroit ou tu m'emmenes ? » Jackson sourit de biais, content qu'elle lui pose la question. « Dans les étoiles. » Cette réplique là aussi, il l'avait prévue. Fier de son coup, il s'oblige à regarder droit devant lui, privant la brune de son regard lorsqu'il fait cette référence à la scéne qui y est asssociée, dans Titanic. Non, Shaw n'aura pas accés aux sous-titres que son regard risquerait de trahir s'il croisait celui de la mexicaine. Jax préfére la laisser se perdre dans ses spéculations internes, convaincu d'être devenu l’un de ses fantasmes à force de la griller en train de le reluquer et satisfait d'avoir accés à ce genre de leviers mentaux qui la font rougir plus efficacement qu'un coup de soleil en pleine face.
Lorsqu'ils arrivent sur le parking, Jackson contourne la Jeep, ouvre la portiére passager et s'incline galamant face à Sofia qui lui souligne l'ampleur des responsabilités que cette virée à l'aveugle représente. Il attend qu'elle prenne place sur le siége et sort à nouveau le bandeau de sa poche pour venir le placer sur les yeux de la jeune femme, s'appliquant afin qu'aucun coin de champ de vision ne soit épargné par l'entrave. Joueur, il profite de cette proximité pour lui murmurer un « Si tu sautes, je sautes. N'ai pas peur. » avant de se reculer, de fermer la portiére puis de repartir dans l'autre sens afin de regagner le siége conducteur. En un tour de clé, les voilà partis vers le lieu que Jackson tient à garder secret. Le trajet n'est pas long, quelques minutes tout au plus, juste assez pour lui donner l'occasion de jeter de temps à autre un oeil en direction de Sofia. L'innocence qu'elle dégage derriére le bandeau l'amuse autant qu'elle l'excite mais Jax se garde de le verbaliser. Il se concentre sur sa conduite à travers des chemins légérement cahoteux et finit par les amener à bon port sans casse ni tracas. A nouveau, l'agent contourne le véhicule et se rend aux cotés de la kiné qu'il aide à descendre. « Donne-moi ta main. » Demande-t-il, non sans laisser paraître le sourire qu'il a dans la voix à l'usage de cette autre réplique du film.
Quelques pas suffisent à ce que le sol changent soudainement de texture. Jackson s'immobilise et pose un genou à terre. « J'vais enlever tes chaussures, appuie-toi sur mes épaules. » La prévient-il avant de s'atteler à la tâche, retirant délicatement les pieds de la kiné de ses escarpins aux talons trop pointus pour la pelouse sur laquelle ils vont devoir continuer leur avancée. La sonnerie d’une notification téléphonique se fait entendre. Jax jette un oeil à son portable. Le livreur vient de laisser la marchandise à l'endroit qu'il lui a indiqué sur le plan, lors de la prise de commande. Encore une étape qui se déroule sans accroc. « Une idée d'où on se trouve ? » Questionne-t-il tout en se redressant, le téléphone désormais placé en mode silencieux pour le reste de la soirée. Mills se prête au jeu et ferme les yeux quelques secondes pour se mettre dans la peau de Sofia ; percevoir ce qu'elle perçoit avec les autres sens que celui de la vue. La premiére chose qu'il entend est le souffle de la brise nocturne dans les arbres. En se concentrant, il saisit également les bruits du fleuve, un peu plus loin. Le son cristallin des structures autours d'eux se démarque également, bien que beaucoup plus discret que le reste et quasiment inidentifiable pour quiconque ne voit pas d'où cela provient. Lorsqu'il rouvre les yeux, l’agent s'amuse de voir Sofia se comporter comme lui lorsqu'il est sur le terrain : oreille tendue et narines dilatées. Elle cherche.
Entendre Sofia le reprendre sur ses façons de faire lui arrache un petit mouvement de tête plus amusé qu'indigné. En véritable princesse, la kiné ne peut s'empêcher de préciser que les princes sont sensés mettre les chaussures, pas les retirer. Mais Jackson n'a du prince que les apparences et ses manières bien éduquées sont d'avantage des attentions qu'il place stratégiquement que des réflexes conditionnés par sa personnalité. Le Mills sans nœud papillon et sans costard aurait probablement balancé Sofia sur son épaule avant de lui tapoter les fesses en riant, brute jusque dans sa manière de lui épargner d'avoir à marcher dans la pelouse. Ce n'est pourtant pas ce qu'il fait. Ce soir, Jackson est doux, prévenant, gentleman ... " bon à marier " comme l'a fait remarquer Joy avant l'ouverture du gala. En invitant la mexicaine, l'agent s'est engagé à ce que ce bal laisse une trace dans sa mémoire et compte bien honorer cette promesse. Si être romantique fait rêver la brunette, alors il le sera. S'adapter aux situations fait partie de ses capacités de base, encore plus lorsqu'il partage des moments en compagnie de personnes qu'il apprécie. Shaw - n'en déplaise aux longues heures de tortures qu'elle lui a infligé pour retaper sa cheville foulée - compte parmi celles-là.
« On a prit des chemins un peu abîmés, on doit pas être au centre ville, et on est sur de l'herbe et non du sable donc tu m'as pas emmené sur une plage au bord de l'eau. » « Sherlock est dans la place ! » Plaisante-t-il, donnant à son timbre de voix une intonation exagérément impressionnée afin que Sofia puisse saisir la taquinerie sans avoir à retirer le bandeau. Lorsqu'elle s'inquiète de se faire abandonner dans les bois, Jax répond par un rire mystérieux. Il ne le dira pas, mais la laisser se faire dévorer par les loups n'est pas dans ses plans. Mills est le seul prédateur dont la mexicaine devrait se méfier mais la voilà qui s'avance dans sa direction, mains tendues, prête à lui rentrer dedans. Aussi solide qu'un mur, Jax ne bouge pas, impatient de sentir la pression des doigts de la kiné contre ses pecs. Son corps connait le touché de Sofia, tout du moins la peau de ses jambes. L'agent ne niera pas s'être déjà posé la question de savoir si les mains de la brune sur d'autres partie de son anatomie lui provoqueraient des frissons. Curieux, il bombe le torse et maudit au passage la chemise qu'il porte à ravir mais qui aussi le laisse sur sa faim ...
« Je ne peux toujours pas enlever le bandeau ? » Sofia le ramène à chronologie de la soirée et au chemin qu'il leur reste à parcourir avant qu'elle puisse enfin retrouver la vue. « Bientôt. » Promet-il alors que ses doigts viennent se poser par dessus ceux de la jeune femme et s'emparer à nouveau de sa main pour la guidée à sa suite. Ils avancent d'une centaine de mètres, avant que le sol ne change à nouveau de texture. « Escalier, » précise Jackson tout en ralentissant afin de faciliter l'ascension, « ... trois marches. » Les voilà arrivés à destination. Jax entraîne Sofia sur un sol ferme et lisse : du béton tout ce qu'il y a de plus plat, seulement recouvert de quelques feuilles due à la végétation alentour. « Un trône pour Sa Majesté. » Explique-t-il en la poussant doucement de manière à ce que l'arrière de ses genoux rencontre le rebord du banc sur lequel il souhaite qu'elle patiente.
Fini de donner des détails, Mills lâche Sofia et s'occupe de récupérer la commande laissée sur place par le livreur, quelques minutes auparavant. Des bruits d'emballages que l'on déchire et de métal se font entendre avant qu'il ne vienne prendre place aux côtés de la kiné. Ses mains se posent sur les épaules de la jeune femme afin de l'orienter dans la direction qu'il désire, celle ou la vue est la plus impressionnante d'après lui. « Un ... » Jax pince l'élastique du bandeau entre son pouce et son indexe. « Deux ... » Il laisse s'écouler plus qu'une seconde entre le deux et le trois, juste pour le plaisir de voir Sofia trépigner d'impatience. « Trois. »
Surprise !:
festival des lumières / jardin botanique de Brisbane
« Les étoiles ... » Présente-t-il de sa main droite tendue en direction des milliers de lumières au dessus de leur tête « ... et les icebergs droit devant. » Dans sa main gauche, deux cuillères désignent une armée de pots de crème glacée alignés aux pieds de Sofia : Fraise, Chocolat, Fruit de la passion, Pistache, Vanille, Caramel, Noix de Coco, Cookie, Noix de Macadamia, Tiramisu, Rhum raisin, Cassis, Framboise, Violette, Mandarine, Café, Banane, Litchi, Matcha ... Shaw voulait des calories, Mills lui en donne à la pelle. Il a - littéralement - acheté tout le magasin, y compris les saveurs tropicales que l'on retrouve au Mexique telles que la goyave, le cherimoya et bien entendu la mangue.
Jackson sourit face aux réactions de Sofia. D'abord éblouie, ensuite émerveillée, elle s'extasie des efforts de mise en scéne fournis dans l'unique but de l'impressionner. Et ça marche, c'est indéniable, Mills peut le lire sur l'air ravi de la kiné comme dans l'éclat de son regard lorsqu'elle tourne vers lui son visage rayonnant de joie. « J'étais loin de me douter qu'il y avait autant de romantisme en toi, tu as invité combien de femmes ici pour les faire craquer ? » Une expiration nasale lui échappe tandis que Jax hausse plusieurs fois les sourcils, se donnant l'air mystérieux du séducteur avisé. « Tu veux parier sur ça aussi ? » Répond-il malicieusement. Il ne se laisse pas démonter par les insinuations de la jeune femme, ne les prend pas mal non plus car il sait que derrière cette plaisanterie se cache la preuve qu'il vient de marquer un point. Séducteur, Mills l'a toujours été, mais c'est pourtant bien la première fois qu'il invite une femme en ce lieu. La première fois qu'il y met les pieds tout court, en réalité. Assis sur sa chaise au stand de l'association, il a passé une bonne partie de son après-midi à scroller l'écran de son portable à la recherche du lieu parfait pour cette soirée. Il lui a promis de marquer le coup et quand il fait les choses, Jax ne les fait pas à moitié. Ce romantisme insoupçonné est l'expression douce de la rigueur militaire qu'il met à placer la barre haute. Les demi-mesures ne l'intéressent pas.
L'entendre dire que personne n'a jamais fait ça pour elle le laisse pensif. Jackson sait que Sofia a déjà été mariée, tout comme il sait pour son divorce. Il ne lui posera pas directement la question, préférant préserver la magie du moment, mais son esprit s'interroge sur l'ex-mari de la mexicaine. Qu'a-t-il fait, alors, pour qu'elle l'épouse ? « Tu as invité d'autres femmes à nous rejoindre pour manger tout ça ? » « Crois-moi, on n'aura pas besoin d'être plus que deux. » C'est du sérieux. La crème glacée, Jax serait capable de la laisser fondre pour la boire à même le pot, parfaitement à l'aise avec l'idée d'en avaler des litres d'une seule lampée comme il le fait durant ses entraînements, lorsqu'il siphonne sa gourde grosse comme un tonneau. Entreprenant, il passe un bras dans le dos de Sofia sous prétexte de lui tendre sa cuillère et rit à sa remarque concernant la porte. Mills a beau trouver Jack niais, il ne prétendrait pas avoir une réaction différente de la sienne en pareille situation. Les femmes et les enfants d'abord : un concept qu'il connait bien. Il en a même fait son métier. « A toi d'ouvrir le bal, princesse ... » Lance-t-il tout en désignant d'un geste du menton les douceurs prêtes à se faire dévorées toutes crues. Tout comme Sofia, si petite au creux de son bras qu'il pourrait n'en faire qu'une bouchée. « J'attendrai que tu te mettes à greloter pour tomber la veste. » Le teasing s'accompagne d'une œillade provoquante à laquelle Jax sait la mexicaine particulièrement sensible pour l'avoir déjà expérimenté. Ce ne sera pas la première fois qu'il enlève ses vêtements dans le but de lui donner chaud. Faire passer cette promesse d'allumeur pour celle d'un gentleman - offrir sa veste à la dame, quoi de plus attentionné ? - ne lui cause aucun cas de conscience. Mills sait ce qu'il veut et il sent que ce que veut Sofia converge dans la même direction. Alors il avance sans hésiter, cœur vaillant, sûr de lui et de l'effet qu'il lui fait lorsqu'au moment où elle se penche pour choisir la première saveur, il ajoute : « T'es belle quand t'es heureuse. »
« Tu sais qu'un bal sans danse ce n'est pas un vrai bal. »« Je sais, ouais. » La réponse de Jackson ne laisse aucun doute quant à ses intentions : la danse aussi est prévue au programme. Mais avant de prendre ce prétexte pour réchauffer Sofia avec de la proximité physique, Mills veut lui laisser l'occasion de se régaler et d'essayer tous les parfums de glace commandés spécialement pour elle. « Je crois que j'ai déjà froid. » Jackson rit, amusé par la façon dont la kiné se prend si facilement au jeu. Il aime ça. Pas seulement parce que ce genre de comportement rend les choses simples, mais aussi et surtout parce qu'il lui permet d'apprécier l'instant sans avoir à marcher sur des œufs, sans avoir à réfléchir à ce qu'il peut dire ou non. Animal impulsif, Mills apprécie pouvoir être lui-même sans faux semblant. Et si le romantisme n'est pas son trait de caractère principal, qu'il le met en scène pour satisfaire les attentes de sa cavalière, l'humour et la complicité, en revanche, sont des attitudes indissociables de sa personne.
Le compliment stoppe la brune dans son élan. Mills soutient le regarde de Sofia. Il accueille le mérite qu'elle lui reconnait d'un sourire satisfait et lève le menton lorsqu'elle lui rend le compliment. Les milliers de lumières accrochées aux arbres se reflètent dans les quelques perles ornant ses tresses alors que sa peau brune se drape d’un éclat similaire à celui du caramel scintillant. Jax ne niera pas avoir mis le paquet sur son apparence dans le but de briller de mille feux ce soir. Autant pour accompagner Shaw que pour impressionner les donateurs du gala de clôture, il voulait marquer le coup, porter ses origines en fierté et se montrer sous un jour forçant le respect. « J’vais finir par t’embrasser si tu continues à m’regarder comme ça. » Son sourire s’élargit. Jackson joue avec le rougissement de la kiné et profite qu’elle soit confuse pour se pencher à sa hauteur. Tendant un bras en direction des mets, l’autre restant dans le dos de la belle, sa main s’empare du parfum sur lequel Sofia avait jeté son dévolu avant qu’il ne se mette à la complimenter. Mills ne recule pas, reste sciemment un peu trop proche de sa voisine tandis qu’il retire le couvercle puis plante sa cuillère dans la crème glacée. D’un geste galant, il fait mine de porter l’ustensile à la bouche de la mexicaine mais le retire au dernier moment pour en avaler le contenu, des éclairs de malices plein les yeux. Un grand rire lui échappe face à l’expression de Shaw. « Ok ok, j’arrête. » Dit-il avant de lécher la cuillère puis de reproduire le geste : la plonger dans le pot et la présenter aux lèvres féminines.
Jax ne l’embrasse pas directement mais lui montre implicitement que l’idée de partager sa salive avec elle ne le dérange pas. Il se surprend à tourner autour du pot pour le seul plaisir de laisser monter la tension entre eux. Le pouvoir de séduction que Sofia le laisse avoir sur elle le grise et le rend curieux. Jusqu’où le laissera-t-elle aller avant de poser son véto ? Il a encore bien des tours dans son sac pour obtenir la réponse à cette question.
« Tu sais te faire désirer toi. »« Make each day count. » Répond Jackson, captant sans mal le regard de Sofia désormais focalisé sur ses lèvres où se dessine un rictus triomphant. Mills soupçonne sa voisine d'être en train de fantasmer sur sa bouche comme il l'a déjà surprise en train de fantasmer sur d'autres parties de son anatomie. S'il n'en dit rien, c'est avant tout parce qu'il ne souhaite pas briser ce rêve éveillé. Laisser Sofia s'enfoncer dans ses désirs lui semble être une excellente idée. Elle a raison : il sait comment la faire languir et il l'assume pleinement. C'est sa façon de créer de l'intimité.
Mais la brune n'est pas en reste, en témoigne la manière dont elle lèche la glace excédentaire sur ses lippes malicieuses. Jax manifeste une moue appréciatrice. Il voit clair dans le jeu de la kiné et l'encourage dans sa prise d'initiatives car rien ne lui plait plus que de trouver réponse à ses provocations. Lion impétueux peut-être, mais gros chat avant tout : le jeu fait partie intégrante de sa personnalité. Il laisse donc la mexicaine orienter sa main vers un nouveau pot de crème glacée, focalisant d'avantage son attention sur le contact de leur épiderme que sur l'application à faire une belle cuillère de cette nouvelle saveur. « J'ai envie de faire des mélanges ce soir. » Mills est ravi de l'apprendre, cela se lit dans le regard appuyé qu'il lui lance. Il a compris le message et son estomac jusqu'alors tranquille se contracte légèrement. La perspective des possibles derrière l'affirmation de Sofia réveille en lui des instincts irrécusables ... Lorsqu'elle vient peinturer sa bouche à l'aide de son indexe minuscule, l'agent fait mine de mordre sans mettre sa menace à exécution. Des images mentales commencent à naître dans la partie la plus créative de son cerveau pourtant si cartésien lorsqu'il s'agit d'obéir aux ordres et de briller sur le terrain. Rattrapé par son imagination concupiscente, Mills se lèche les babines tout en étouffant un rire crétin. Il a promis à Shaw une soirée dont elle se souviendrait et sait désormais que la carte du romantisme était un coup de maître. Il ne souhaite pas casser son image de prince charmant. L'heure n'est pas à la séduction frontale faite d'aveux fracassants et de mots crus sur la façon dont il se verrait bien faire des mélanges lui aussi, de fluides corporels autres que leur salive. Sofia n'a pas besoin de le savoir. Cela peut rester un fantasme pour le moment. Être doux le change de ses habitudes explicites et ce n'est pas si frustrant que cela, finalement. Peut-être est-ce parce que la compagnie est bonne, sincère et bienveillante ? Jax n'en sait rien. Son cerveau n'est pas câblé pour penser au sexe et aux explications existentielles simultanément ...
« Essayons celle-ci. » Reprend-il en attrapant un autre pot. « Fruit de la passion. » Lit-il à haute voix, haussant à plusieurs reprises les sourcils d'un air aguicheur. Cette fois-ci, Mills laisse la cuillère de côté. Il imite Sofia et plonge le doigt dans la crème glacée qu'il s'étale sur les lèvres en guise de gloss comestible. Lentement, il se penche à nouveau vers la jeune femme. Son regard se veut rassurant : Jax ne profitera pas d'avoir le dessus sur elle, ne mettra ni sa force ni sa taille au service de ses attentes égoïstes. Cette soirée est celle de sa partenaire de gym dont la détermination admirable est venue à bout d'un semi-marathon. Mills honore leur pari : il respecte les règles et propose plutôt que de prendre, comme il en a pourtant si souvent l'habitude : « Tu veux goûter ? » Sa bouche n'est qu'à quelques centimètres de celle de Sofia. A cette distance, Jackson peut voir chaque détail de son visage angélique, chaque cil de ses yeux de biche maquillés pour l'occasion. Elle a le regard brillant. Il a le cœur léger.
Ce qui n'était jusqu'alors qu'un chaste baiser se transforme bien vite en embrassade passionnée. Derrière la flaque de crème glacée s'étalant sur leur visage, Jackson sourit, rendant à Sofia la langueur de sa passion. Son bras se referme sur la kiné, la rapproche de lui pour plus de contact, plus de découverte. Il est surpris de la sentir aventureuse et se félicite d'avoir jeté de l'huile sur le feu. Shaw est pleine de surprises, bien moins timide et réservée que lors de leurs premières entrevues. Ou peut-être juste moins professionnelle. Il faut dire que malgré son mètre dix les bras levés, la kiné en impose dans sa blouse blanche. L'agent constate à quel point cette femme peut à la fois le faire souffrir - crochetage musculaire mon cul, torture oui ! - et lui procurer du plaisir. Car c'est bien de plaisir dont il soupire à la fin de leur baiser. Sa gourmandise, toute aussi légendaire qu'elle soit, n'a rien à voir là-dedans. Il a complétement oublié l'existence des glaces maintenant. « Ca valait le coup d'attendre. »« Tu connais ma patience ... » Chuchote-t-il en glissant la main derrière sa nuque pour l'attirer à nouveau à lui. Jackson Mills et son tapage de pied chronique. Une véritable tête de mule et patient qui voudrait toujours mettre la charrue avant les bœufs, courir avant même d'avoir rééduqué sa cheville.
Ce soir pourtant, l'agent régule ses ardeurs. En plus d'y mettre les formes, il procède par étapes, suit une chronologie savamment pensée pour faire naître dans le regard de sa cavalière des étoiles plus brillantes que celles des guirlandes accrochées aux arbres. Sans décoller ses lèvres de celles de Sofia, Jackson se redresse. Il lui suffit de guider les bras de la jeune femme autour de son cou pour lui faire comprendre qu'il la tient, qu'elle n'a qu'à se laisser guider. À tâtons, il fouille dans sa poche et lance la playlist qu'il avait préparé pour la soirée. Le fait qu'il ne lui faille qu'un seul clic sur le téléphone pour lancer la musique en dit long sur la préméditation de ses actes.
Ainsi commence la danse qu'il lui a promis. Un slow, évidemment, durant lequel il invite Sofia à poser ses pieds sur les siens, histoire de lui faire gagner les quelques centimètres nécessaires à ce que leur bouche puisse encore se trouver, leurs regards encore se croiser et leurs sourires s'échanger sans qu'elle n'aie à se casser le cou. Lors du refrain, Jackson s'amuse à articuler en playback les paroles que The Weeknd chante bien mieux que lui. Il a choisi cette chanson en référence au contact physique, point de départ de leur relation, mais aussi pour ce " Girl, I'm so glad we're acquainted " qu'il n'a jamais pensé aussi sincèrement que ce soir. Au cours des derniers mois, Mills a écouté Sofia se confier et partager avec lui ses goûts, son passé, ses rêves. Il a trouvé en elle une amie au-delà du médecin qu'il était venu chercher au service de rééducation de l'hôpital et veut affirmer sa satisfaction de l'avoir dans son cercle proche sans pour autant la faire souffrir et la décevoir comme c'est semble-t-il systématiquement le cas lorsqu'une femme entre dans sa vie. Promettre n'est pas un luxe que l'agent se permet. Son emploi et tout ce qu'il cache de noirs secrets sont autant de facteurs susceptibles de le faire trahir ses engagements, c'est pourquoi il en prend si peu.
Lorsqu'elle se met à bailler, probablement rattrapée par la fatigue du marathon, Mills ralentit la cadence. Il repose Sofia sur le sol et retire sa veste qu'il place sur les épaules de la brune. Cette dernière, deux fois plus petite que le vêtement, nage littéralement sous le tissu. Attendri par cette image, Jax lui caresse la joue. « Bientôt minuit princesse, ton carrosse va se transformer en citrouille. » Plaisante-t-il tout en sortant les clés de sa poche. « J'te ramène ? » Galant jusqu'au bout, il l'aidera même à remettre ses chaussures si elle le souhaite.