| (corey #2) all that seems to lead to is a pile of broken parts |
| | (#)Mer 27 Juil 2022 - 19:02 | |
| @corey ferguson 2010. Au téléphone, face au personnel hospitalier, Lily n’a pas pleuré. Quand on lui a annoncé l’accident de Callum, encore officiellement son fiancé, elle n’a que brièvement reniflé, au cas où l’appel soit enregistré. Mais lorsqu’ils ont précisé que ses jours étaient gravement mis en cause, cela ne lui a pas retourné l’estomac, cela ne l’a pas rendue triste non plus. Au contraire, elle en a été soulagée. Avec un peu de chance, il mourra et avec lui s’évanouiront tous ses problèmes. Avec un peu de chance, s’il en vient effectivement à mourir, alors elle sera la seule voix capable de conter leur relation. S’il meurt, ce sera un tourment de moins à supporter en ce monde. S’il meurt, à défaut que tout aille mieux, tout sera moins pire. L’enfant qui grandit dans son ventre depuis peu de temps connaîtra un avenir radieux, il sera entouré d’adultes qui lui montreront le bon chemin à prendre dans la vie.
Si elle est heureuse pour sa propre personne, elle n’en oublie cependant pas ses proches et surtout ceux de Callum. Elle n’en oublie pas Corey, lui qu’elle estime sincèrement, lui qu’elle affectionne tout particulièrement pour la personne qu’il est. Lui qui ne mérite pas d’être triste à cause d’un accident sans doute causé par l’abus d’alcool seul de son frère ; lui qui ne mérite pas d’être triste pour son frère, tout court. Si elle n’a soufflé qu’une fois en raccrochant son téléphone après l’appel de l’hôpital, ce n’est que parce qu’elle se préparait déjà à la suite. Fébrilement, elle fait défiler les contacts à la recherche de celui de son beau-frère, qui ne mérite pas d’être mis dans la confidence sur le retard. La brune respire à nouveau, très largement cette fois-ci, avant d’appuyer sur la touche d’appel et de fermer les yeux pour se concentrer. Corey, je suis désolée de t’appeler à cette heure-ci. Et dans toute cette discussion, c’est sûrement ce dont elle est le plus désolée. Parce qu’en vérité, elle espère que son fiancé aura au moins la décence d’en finir rapidement, pour ne pas jouer avec le cœur de son frère. Je vais à l’hôpital. On se rejoint là-bas. Et elle, contrairement à Callum, respectera les limites de vitesse et les panneaux de signalisation.
Dans la voiture, elle a de moins en moins à feindre la tristesse car de plus en plus touchée par la situation, bien malgré elle. Lily voudrait que le destin de cet homme n’ait aucun impact sur elle et ses émotions mais c’est faux. Des années de vie commune et un amour un temps sincère ne peuvent être oubliés simplement parce qu’elle le voudrait et parce que tout serait plus simple ainsi. Elle ne peut pas l’oublier parce qu’elle sait qu’elle mérite mieux. La vérité, c’est qu’elle s’est toujours bien plus sentie à sa place près d’hommes tels que lui ; malheureusement. Avec eux, au moins, elle ne remet pas en doute sa propre personnalité et son droit au bonheur car elle est une bonne personne. Ses pensées l’habitent pendant les longues minutes la séparant de l’hôpital, trajet qu’elle connaîtra un jour par cœur parce qu’elle ambitionne encore d’y travailler dès ses études terminées.
Son sourire triste demande où se trouve son fiancé ; ses pas rapides l’y conduisent. Finalement, après quelques minutes à faire trembler son genoux, ce sont ses bras qui s’enroulent autour de Corey dès que la silhouette de ce dernier se dessine devant les murs sans vie du bâtiment. “J’ai pas encore de nouvelles. Ils refusent qu’on le voit.” Elle lui annonce dans un seul souffle, ses bras le serrant aussi fort qu’elle le peut. Peut-être qu’elle a véritablement besoin de cette étreinte, au final. |
| | | | (#)Ven 29 Juil 2022 - 10:30 | |
| 2010 Ce soir là Corey veillait tard. Son père s’était absenté quelques jours pour le travail. Il profitait donc du fait d’avoir la maison pour lui seul afin de réviser. Les bouquins étalés sur la table de la salle à manger, il se demandait encore ce qu’il faisait en médecine. C’était que sa deuxième année et déjà il soupçonnait que ce ne serait pas fait pour lui. Au final, c’était plus par respect pour ses parents, au vu du prix que coutaient ses études, qu’il révisait si sérieusement. Il fut tiré de sa concentration par la vibration de son téléphone, vil objet de tentation qui avait déjà su capter son attention plus de fois qu’il ne fallait au cours de cette session de révision. Comme les fois précédentes, il ne résiste pas et jette un œil à l’appelant. Lily. Voilà qui l’étonne. A cette heure là, c’était plutôt inhabituel. Corey appréciait beaucoup Lily, elle était tellement plus censée et raisonnable que son frère Callum. Parfois c’était à se demander comment il avait pu la séduire. Les opposés s’attirent dit-on. Depuis deux ans à peu près qu’il la connaissait, elle était devenue une amie. Ils leur arrivaient de s’appeler parfois, lorsqu’un évènement particulier était à planifier ou tout bêtement lorsque l’un d’eux cherchait Callum. Vu l’heure affichée sur l’horloge du téléphone, Lily n’appelait pas pour une quelconque organisation, c’était bien plus probable que cela concerne Callum. Sans qu’il ne s’en explique l’origine, c’est avec appréhension qu’il décrocha l’appel.
Lily lui explique après s’être excusé de l’appeler aussi tard. L’appel de l’hôpital, l’accident de moto de son frère, la situation critique. Heureusement, Corey était assis. Car sous ses pieds il a l’impression qu’un vide s’est ouvert. De façon objective, il sait qu’un malheur ça peut arriver. De façon tout ce qu’il y a de plus subjective, il ne conçoit pas de pouvoir perdre un membre de sa famille, pas si tôt. Puis même, si on se fie à la simple logique, c’est au parent de partir avant les enfants. Il a des milliers de questions qui lui passent par la tête. Comment est-ce arrivé ? A quoi / qui la faute ? Vitesse, alcool, les deux ? Un simple accident… Mais l’angoisse lui sert la gorge et la plupart des phrases qu’il réussit à prononcer sont des répétitions de ce que Lily a pu lui dire. Un accident, grave, on se retrouve à l’hôpital. Il laisse tout en plan, prends ses clés de voiture et se rend au garage, sans éteindre aucune lumière derrière lui. Soudainement, il ne veut pas se retrouver dans le noir. Au volant de son véhicule, alors que la porte électrique du garage se lève devant lui, il prend quelques secondes pour respirer et s’accrocher à un infime espoir. Oui c’est grave, mais il n’est pas mort. La médecine regorge de cas incroyable. De types qui ont survécu à des choses invraisemblables et d’autres qui sont morts d’un rien. Corey secoue la tête. Callum était tenace. Têtu, à en être pénible des fois. Corey veut se raccrocher à l’idée que son frère va s’en sortir. Il prend la route de l’hôpital.
A l’accueil de l’hôpital il explique la raison de sa présence. Il répète, son frère, l’accident. On lui dit qu’il est toujours au bloc. Qu’un médecin viendra les prévenir quand il y aura du nouveau. Qu’il peut attendre jusque là. Que sa fiancée est déjà arrivée. Il se rend à l’endroit indiqué avec l’impression de ne pas pouvoir échapper à un macabre destin. La présence de Lily dans ce couloir est bien le seul rayon de soleil du moment. Il n’imagine pas être seul à ce moment là. Il n’a pas prévenu ses parents. Eux et leur sœur sont trop loins. Même s’il les appelait maintenant, ils ne seraient pas là avant le petit matin. 940 Km depuis Canberra, près de 500 KM de là où est son père…Lily se lève et le prends dans ses bras et il lui retourne son étreinte, parce qu’il a besoin d’elle plus que jamais. “J’ai pas encore de nouvelles. Ils refusent qu’on le voit.” Il acquiesce en silence, son visage dans les cheveux de la brune, essayant de ne pas céder aux larmes. Plus le temps passe et plus c’est mauvais signe non ? Ou au contraire c’est que son frère se bat ? Il finit par relâcher sa belle sœur, laissant tout de même ses mains sur ses épaules. « Comment tu vas toi ? » Elle, la fiancée. Avec la mort de Callum, c’est leur mariage et leur vie à deux qui disparaît. Corey ne veut pas y penser. Il finit par faire les 400 pas dans le couloir. Il est incapable de s’asseoir. Fatigué, mais ne pouvant pas rester immobile. Au moindre bruit, il guette la porte. Les secondes semblent des heures et pourtant il ne s’écoule pas tant de temps que ça, en témoigne l’horloge. Corey veut juste que l’attente cesse. Mais il faut parfois se méfier de ses désirs. La porte finit enfin par s’ouvrir. Dans le silence glacé du couloir c’est un vrai coup de tonnerre. Les derniers espoirs de Corey s’effondre quand il pose les yeux sur le médecin. Ce dernier n’aurait pas eu besoin de parler qu’il aurait compris. Pas un sourire encourageant, des yeux compatissants, un Je suis navré qui sort des lèvres. Et c’est fini. Le reste lui passe au dessus. Quelque soit la cause de la mort, hémorragie multiple, traumatisme, il s’en fiche. Tout ce qu’il retient c’est le fatidique « Il est décédé. » que rien ne pourra jamais changer.
Finalement Corey finit pas s’asseoir et cette fois ci il n’est plus question de retenir ses larmes. @Lily Keegan |
| | | | (#)Ven 29 Juil 2022 - 18:48 | |
| « Comment tu vas toi ? » Elle balance la tête de droite à gauche, incapable de lui mentir. Elle n’en a pas la force, elle n’en a pas envie, elle n’en a pas besoin non plus. Elle ne va pas bien, bien sûr, mais la culpabilité l’accable bien plus que la tristesse en cet instant. Pire, elle est bien plus triste pour Corey qu’elle ne l’est pour elle-même. Il ne mérite pas de souffrir, lui. Il ne mérite pas de s’inquiéter pour un frère aussi piètre que Callum l’a toujours été, médiocre à tous les niveaux. Il n’aurait pas mérité qu’elle l’embête non plus, à bien y penser, mais ça a été plus fort qu’elle.
Dans un silence de cathédrale, Lily le relâche pour retrouver sa place sur le bout de sa chaise, n’osant même pas coller son dos au fond de cette dernière. Face à elle, Corey fait les cent pas. Leurs regards se relèvent en cœur au moindre bruit, mais jamais personne ne vient leur annoncer de nouvelles, bonnes ou mauvaises. A chaque fois, elle sent son coeur rater un battement et son rythme cardiaque reprendre de plus belle juste ensuite. Elle ne devrait pas ressentir autant de choses pour un homme aussi exécrable mais si elle peut contrôler l’image qu’elle donne d’elle-même, elle ne peut pas en faire de même avec ses propres sentiments.
A bien y repenser, elle préférait encore l’absence de nouvelles plutôt que celle qui finit inévitablement par tomber, évidente, implacable. « Il est décédé. » Le destin leur annonce après un long discours pour leur expliquer qu’il n’a pas souffert mais qu’il y avait trop de dommages internes, que son cerveau avait été touché, qu’il luttait depuis de longues heures déjà. De surprise autant que de tristesse, Lily noie son crie en plaquant sa main contre sa bouche. C’est à Corey qu’elle dédie son premier regard, le jeune garçon qui vient de perdre son frère par une soirée qui aurait dû être totalement normale, sans histoire, sans conséquences. Assis près d’elle, la jeune femme pose donc une main sur sa cuisse, tentant de lui faire comprendre qu’elle reste présente malgré tout, même si elle peine encore à trouver les bons mots pour une situation telle que celle-ci. “Je suis désolée, Corey. Je suis désolée.” Elle aurait pu l’empêcher. Si elle était restée avec Callum, si elle ne l’avait pas quitté pour un autre, alors tout aurait été différent. Si elle était restée, ils se seraient disputés mais elle aurait eu le dernier mot, elle lui aurait fait porter son casque, elle l’aurait empêché de rouler sur une route déjà mouillée, à une allure éternellement trop importante. Corey est trop jeune pour déjà perdre son grand frère.
Les yeux humides, elle enroule finalement son bras autour des épaules du garçon pour qu’il repose sa tête contre son épaule, signe un peu plus évident qu’elle reste présente pour lui. “Je vais te ramener chez toi, Corey. Je vais m’occuper de tout le reste. On verra… On verra plus tard.” Il a perdu son grand frère par sa faute, alors elle tente autant que possible de jouer ce rôle, d’une bien meilleure façon dont Callum n’en a jamais été capable. |
| | | | (#)Ven 29 Juil 2022 - 21:51 | |
| “Je suis désolée, Corey. Je suis désolée.”Lily, heureusement qu’elle est là. Entre deux larmes il prend dans la sienne la main qu’elle lui a posé sur la jambe, parce que Corey a besoin de s’accrocher à quelque chose et que tout ce qu’il a en ce moment précis c’est elle. Maintenant que son frère est mort et que le reste de sa famille est loin. Aussi terrible que soit l’instant il voudrait le figer, parce qu’après ce sera pire. Il va falloir appeler ses parents, sa sœur et il se demande comment on peut annoncer une telle nouvelle à des parents. Il se laisse aller contre l’épaule de la jeune femme sans résister. “Je vais te ramener chez toi, Corey. Je vais m’occuper de tout le reste. On verra… On verra plus tard.” C’est sûrement mieux, il en a bien conscience, ce n’est pas comme si il serait prudent qu’il conduise. S’il était seul il passerait sûrement la nuit là. Une façon peut-être d’arrêter le temps ou de nier la nouvelle. Le médecin repartit, le silence revenu. Comme si la nouvelle n’était jamais venue. Et dire que quelques minutes avant, Corey voulait savoir. Oui il voulait savoir parce qu’il espérait un dénouement positif. Maintenant il voudrait remonter le temps. De préférence de quelques heures, pour se planter devant son frère, lui dire de ne pas toucher à sa putain de moto, quitte pour une fois dans sa vie de lui tenir tête et ne pas céder à tous ses caprices d’éternel adolescent rebelle qui n’en faisait toujours qu’à sa tête au détriment de l’avis des autres. Est-ce qu’en plaisantant on n’avait pas déjà dit à Callum qu’il finirait par se tuer à conduire comme il le faisait ? Pourquoi l’avoir dit en plaisantant. En sachant que par le passé il avait déjà conduit en état d’ébriété, en sachant que le respect des limites de vitesse ce n’était pas son fort. Au fonds n’étaient ils pas tous un peu responsable ? Callum menait sa vie comme il l’entendait depuis longtemps déjà. Tous, ses parents comme Corey avaient cessé d’y faire attention. A 26 ans Callum pouvait se gérer. Ils s’étaient bien plantés. A 26 ans sa vie était finie, très probablement pour une bêtise. Corey pourrait passer des heures ainsi, à ressasser la moindre conversation au sujet des excès de conduites de Callum. Ou à espérer que le médecin reviendrait dire que c’était une erreur, en sachant pertinemment que c’était impossible.
Mais il y a Lily. Sa présence rassurante, douce et apaisante. Il relève le regard vers elle. « Je te suis. » Il envisage de rester, d’au moins demander à voir son frère. Mais il sait qu’il en serait incapable. Est-ce qu’il peut partir pour autant ? Le laisser là ? Ce n’est pas comme si il pouvait le ramener à la maison. Puis il songe à ce qui va arriver. Les annonces à faires, des jours entiers à répéter la nouvelle en préparant l’enterrement. Et le pire, prévenir ses parents. Ce qu’il doit faire et sans attendre. Ils sont déjà sur le parking quand il s’y résigne. Lily pourrait le faire, il en était sûr, elle aurait sûrement de meilleurs mots que lui, puis son père comme sa mère l’adorait. Mais c’était son frère, et il se devait de le faire lui-même. Alors il appelle. Ni son père, ni sa mère ne dorme avec leur téléphone aucun ne réponds. Il laisse un message à son père. N’annonce pas le décès, dis juste qu’il y a eu un gros problème, l’euphémisme, qu’il doit le rappeler au plus tôt et rentrer à Brisbane immédiatement. Pour sa mère, il encore l’espoir de la joindre. Il réveille sa sœur dont le téléphone n’ait jamais loin, évidement à 18 ans, on vit avec. Il ne lui dit rien, bien qu’elle pressente un souci, lui dit juste de réveiller leur mère et de la lui passer. La voix ensommeillée de sa mère et la sienne qui se brise sur le simple mot « Maman ». Parce que là de suite, il voudrait qu’elle soit là et pas à 900 kilomètre de lui. Puis lui explique. Et c’est pire encore. Quand elle pleure elle aussi, qu’il entend sa sœur demander des explications et qu’à part répéter les mêmes choses : Callum, accident, moto, Lily, Hôpital, mort. Il ne peut rien faire. Elles viennent dès que possible. Sûr ? Vous pouvez ? Oui, c’est son beau-père qui conduira. Faites attention, pitié faites attention. Je n’ai pas pu joindre papa. Parce que Corey ne veut pas refaire la conversation. Il espère que sa mère le joindra avant qu’il ne le rappelle à lui. C’est lâche, mais tant pis. « Elles arrivent. » dit-il à Lily. Puis ils prennent sa voiture à elle. Il se fiche bien que la sienne reste sur le parking de l’hôpital.
Et tandis que les lumières de la ville défilent sous ses yeux il repense enfin à Lily. « Excuse-moi. J’en oublie de penser à toi. » Tout à sa peine, il en oublie qu’elle doit souffrir tout autant que lui. Callum et elle, allaient se marier, auraient fondé une famille. Tant de projets avortés, non plutôt enterrés. "Tu peux pleurer si tu veux." Ce n'est pas parce qu'elle est plus forte que lui, qu'elle doit tout prendre sur elle. Ils étaient ensembles.
Ils arrivent chez lui. Les lumières sont allumés et il se rappelle qu’il est parti sans rien éteindre. Il l’ouvre la porte de chez lui et laisse entrer Lily. « Est-ce que tu peux rester cette nuit ? » Il ne pense pas qu’il va dormir et il ne veut pas rester seul.
[hrp : Si je nous fais passer trop vite d'un lieu à l'autre, hésite pas à me le dire, je modifierai. Mais comme Corey est pas trop loquace en ce moment, je vois que ça pour nous faire avancer un peu ^^] |
| | | | (#)Dim 31 Juil 2022 - 2:02 | |
| « Je te suis. » Elle n’attendait pas davantage de mots de sa part et au contraire, elle est soulagée qu’il soit encore capable de parler après l’annonce d’une telle nouvelle. Callum n’est pas mort des suites d’une longue maladie. Rien ni personne n’aurait pu les prévenir, rien ni personne n’aurait pu les préparer à l’annonce d’une si terrible et immuable nouvelle. Il est parti, pour toujours, et si Lily perd une ombre menaçante, Corey perd surtout son frère. Elle sait, Lily, à quel point la fratrie peut avoir une importance capitale, même si elle n’est pas toujours composée des meilleures personnes. Corey ne sera pas plus à l’aise chez lui, mais il sera au moins chez lui, loin du regard indiscret des inconnus, loin des odeurs et des souvenirs de l’hôpital. Elle veut l’épargner autant qu’elle le peut encore, quand bien même ce n’est plus grand chose et qu’elle n’a même pas eu la possibilité d’annoncer elle-même la mort de son frère, parce qu’au moins elle aurait su trouver de biens meilleurs mots que le médecin n’ayant jamais été formé à cela. Lily a grandi dans un monde où la rhétorique était nécessaire, elle aurait su faire bien mieux et pendant un instant elle se demande même si elle ne devrait pas lui proposer elle-même de prévenir ses parents, avant de se souvenir que ce n’est pas sa place ni son rôle. Peu importe à quel point elle veut bien faire, c’est une épreuve qu’elle doit le laisser vivre, certaine qu’elle le brisera autant que il en ressortira grandi, bien malgré lui. Ainsi, c’est le coeur brisé qu’elle l’écoute appeler ses parents et sa soeur, sa main rassurante caressant toujours son dos au fur et à mesure que ses mots et son coeur s’emballent, le pire arrivant lorsqu’il annonce la vérité à sa mère. Mère qu’elle entend pleurer à son tour au bout du téléphone, la vie ne l’ayant en rien préparée à ce qu’elle perde un enfant. Ce n’est pas dans l’ordre des choses. Ce n’est pas normal. « Elles arrivent. » Elle hoche la tête une nouvelle fois, sans oser lui dire qu’elle l’avait déjà entendu. Elles font bien: Corey va avoir besoin d’elles et de tous ses proches pour passer ces moments difficiles. Dans un soupire, son coeur tout autant serré, elle ouvre donc sa voiture pour le reconduire chez lui, plus prudente encore qu’à son habitude sur la route.
Le silence est de cathédrale dans l’habitacle du véhicule, uniquement pour ne pas avoir à dire que c’est un silence de mort. Elle n’allume même pas la radio, Lily, ses mains toujours accrochées à son volant autant qu’à sa vie. Elle va devoir prévenir tous ses proches, aussi, mais elle a besoin de la nuit pour encaisser. « Excuse-moi. J’en oublie de penser à toi. » Sans quitter la route des yeux, elle esquisse un maigre sourire en coin, touchée par son si doux caractère. Si seulement elle l’avait rencontré lui, plutôt que son frère. Si seulement elle avait eu le moindre contrôle sur la personne dont son coeur pouvait éperdument tomber amoureux. “T’as pas à t’excuser.” Ce n’est pas de sa faute. Ni le fait que Callum soit mort, ni que Lily n’arrive pas à pleinement en pleurer la disparition, faisant passer cela pour une retenue absolue et une dévotion au jeune Ferguson. Il y a de ça, aussi, mais pas uniquement. "Tu peux pleurer si tu veux." Elle dégage une main du volant pour la poser contre la nuque du brun, jouant par automatisme le rôle de la grande soeur rassurante. “Je crois que j’arrive juste pas à me rendre compte que c’est vrai.” Elle confesse, statuant la vérité. Il y a tout le reste, aussi, mais il y a de ça quand même. Ses yeux ne restent pas secs uniquement pour cette raison, mais ça en reste une parmi tant d’autres. “J’ai toujours espoir de me réveiller avec lui à mes côtés demain.” Là, elle ment. Mais comme à son habitude, il n’y a aucune différence dans le son de sa voix, ni même dans le flux de ses paroles. En somme, personne ne saurait différencier le vrai du faux, et surtout pas Corey qu’elle a éternellement tenu éloigné de ses problèmes de couple. “C’est égoïste de te dire ça à toi.” La brune souffle pourtant, retrouvant le doux chemin de la vérité. Il a perdu son frère, elle n’est pas à plaindre dans toute cette histoire. Ce sont presque trois décennies de souvenirs communs qui partent en fumée avec Callum.
Une fois chez lui, Lily se laisse conduire, entrant dans son appartement sans penser un seul instant le laisser seul, en tête à tête avec sa tristesse et sa détresse. « Est-ce que tu peux rester cette nuit ? » Aussitôt, elle hoche la tête. “J’allais te demander si je pouvais rester.” Elle choisit de ne pas présenter la chose comme un service qu’elle lui rend, justement parce que ce n’en est pas un. Elle aussi, elle a envie de rester. Elle a envie d’être avec quelqu’un pour cette nuit au moins, de ne pas avoir à observer le plafond de son appartement en se demandant à quel point tout ceci est de sa faute. “Je vais envoyer un message au travail pour annoncer que je serai absente demain.” Il devrait en faire de même avec son école, voilà pourquoi elle lui parle avec autant de transparence de ce geste qui ne le regarde pourtant pas tant que ça. “Tu veux que je reste avec toi jusqu’à ce que tes parents rentrent ?” Il a déjà annoncé la nouvelle une première fois et elle ne sait pas si ce serait une bonne idée de le laisser faire face seul au visage attristé de sa mère et de sa soeur. |
| | | | (#)Dim 31 Juil 2022 - 17:50 | |
| “Je crois que j’arrive juste pas à me rendre compte que c’est vrai.” Corey n’a aucun mal à la comprendre. Lui-même ne cesse d’osciller entre la raison/réalité brutale/amère et le sentiment d’injustice emplit de colère qui commence à l’envahir. Vrai, ça ne peut pas l’être. Ca l’est, mais ça ne devrait pas. “J’ai toujours espoir de me réveiller avec lui à mes côtés demain.” Corey veut bien la croire sur parole. Il n’a aucun mal aussi à croire que Lily ne réalise pas encore la mort de son fiancé. Il se demande un instant vaguement si ce flottement dans la réalité permet d’atténuer la douleur…“C’est égoïste de te dire ça à toi.” Il ne le pense pas non. Elle dit ce qu’elle pense et c’est tout. Ils ne vivent pas…cette mort, de la même façon parce qu’ils ne perdent pas vraiment la même chose. C’est la même personne, mais un rôle, des relations différentes. Un fiancé, un frère, un enfant pour ses parents. Son père a-t-il enfin été averti ? Lui sera vraiment seul quand il apprendra la nouvelle…Corey ne saurait dire à quel point il est reconnaissant à Lily d’être là. Sans elle, il serait encore à l’hôpital, et nul doute qu’il y serait resté jusqu’au lendemain que sa mère et sa sœur arrivent.
Une fois chez Corey, Lily accepte de rester. Elle envisageait de rester dit elle et Corey se demande peu de temps si c’était par solidarité avec lui ou si elle craint de rentrer et trouver un appartement vide. Il a encore l’impression d’accaparer la peine sur lui et de ne pas penser à tristesse à elle. Mais sincèrement, penser n’est pas vraiment une partie de plaisir en ce moment. Ses livres de cours sont toujours là où il les a laissés et il n’a rien envie de toucher. Le salon et la salle à manger sont une seule et vaste pièce et deux grandes baies vitrées donnent sur le néant du jardin. C’est là qu’il regarde sachant pertinemment qu’il ne verra rien, sans trop savoir pourquoi c’est ce qu’il attendait. Mais il avait oublié son reflet. Quelque part sur le chemin, dans la voiture, il a cessé de pleurer. Mais c’est là, coincé dans sa gorge et il a l’impression qu’au premier mot non maîtrisé, ça recommencera. Il ne sait ni comment le contrôler, ni comment le maîtriser. Et il sait que c’est normal, comment pourrait-il en être autrement ? Mais ça ne fait que conforter cette réalité horrible.
Lily lui dit qu’elle va prévenir le travail, qu’elle sera absente demain. Les cours, Corey n’en a rien à faire. C’est l’université de toute façon. Même s’il est absent, sur des amphis bondés, peu de chance que les profs s’en aperçoivent aussi au départ ne voit-il pas l’intérêt d’en faire de même. Puis il pense aux amis, à ceux qui vont trouver étrange son absence. Alors il fait un message dans la conversation groupée, histoire de ne pas avoir à expliquer demain, pourquoi il ne vient pas. Mais alors qu’il va l’écrire, il s’interrompt. Un jour ? Il faudra plus d’un jour pour enterrer son frère. Comment on organise un enterrement d’ailleurs ? Qui faut-il voir ? Est-ce qu’il y a des gens qui vous indiquent les démarches à suivre ? Ou est-ce qu’il faut se débrouiller avec son bon sens ? Pourquoi faut-il qu’il se pose ce genre de questions ? “Tu veux que je reste avec toi jusqu’à ce que tes parents rentrent ?” La voix de Lily, toujours, comme sa présence, rassurante. « Oui. » Inutile de se mentir. Il ne veut pas rester seul. Puis il s’assoit, pour la seconde fois ce soir, au pied de la baie vitrée cette fois, même le canapé lui paraît trop loin. Il l’envoie son message finalement. « Je ne viendrai pas pendant plusieurs jours, raison perso, merci de ne pas déranger. » Merci surtout la correction d’orthographe qui empêche les fautes inévitables entre sa vision flou et ses doigts qui tremblent. Pas de questions, pas d’appels, il ne veut que personne ne le dérange et surtout ne pas à avoir à répéter à quiconque que son frère est mort. Depuis qu’il a dit ce mot à sa mère, il se refuse à le prononcer à voix haute à nouveau. « Pourquoi ? Pourquoi il a fallu que ça arrive ? » Il parle à Lily, parce qu’il n’y a qu’elle, même si au fonds il sait qu’il n’y a pas de réponses à sa question. Puis c’est le retour des larmes et de toute façon il fera avec puisqu’il n’a pas le choix. Contre le destin, on ne joue pas. |
| | | | (#)Dim 31 Juil 2022 - 18:30 | |
| « Oui. » Bonne réponse, Corey. Lily reste parce qu’l en a besoin, Lily reste aussi parce qu’elle en a elle-même besoin. Cette maison est rassurante, elle y a de nombreux bons souvenirs ici, parce qu’entre ces murs elle était toujours heureuse, bien entourée. Les Ferguson sont accueillants, elle les aime tous pour ce qu’ils sont autant que pour ce qu’ils représentent. Bientôt, elle ne les reverra plus, bien trop consciente de la vitesse à laquelle les liens se consument dès que la seule personne qui les gardait liés tous entre eux disparaît. Sans Callum, elle n’a plus aucune raison de faire des tartes à sa mère ou de parler rugby avec son père. Sans Callum, elle n’a plus aucune raison de veille sur Corey non plus, c’est que ce la raison lui hurle et ce qu’elle refuse tout aussi fort d’écouter, parce que Corey est différent. Elle l’apprécie pour la personne qu’il est, non parce qu’il est le frère de l’homme qu’elle aimait - aime, aime, son corps n’est pas encore totalement froid. Ou peut-être que si, il doit l’être à l’heure actuelle.
Sans un mot, elle l’observe évoluer dans cette maison comme s’il était un fantôme, envoyer des messages d’un air distrait, faire ce qu’il a à faire tant que la douleur est encore à son comble, pour ne pas avoir à la subir à nouveau d’ici très bientôt. « Pourquoi ? Pourquoi il a fallu que ça arrive ? » Assis près de la baie vitrée, elle le rejoint en quelques pas, n’ayant aucun mal à anticiper les larmes qui se mettent rapidement à couler contre ses joues d’un teint immaculé. Son bras s’ancre autour de ses épaules et, pour la seconde fois de la soirée déjà, elle laisse sa tête retomber doucement contre la sienne pour tenter de lui offrir une présence. Une présence, tout du moins. Du reste, elle n’en sait rien. Elle ne sait plus grand chose, ce soir, Lily. “Personne ne saura jamais, Corey.” Elle a envie de dire que c’est Dieu qui fait enfin son travail, elle a envie de dire que Callum l’a bien mérité, elle a envie de dire qu’il n’a que ce qu’il mérite, pour avoir été un être aussi abjecte pendant toutes ces années et que ce n’est que le juste retour des choses. Elle le pense, elle continue de le penser, mais jamais elle n’aura des mots aussi égoïstes à l’égard de son frère, parce que Corey ne mérite pas d’être triste pour un homme tel que lui et qu’elle n’a aucunement le droit d’empirer cette douleur. “Je suis enceinte.” Elle souffle finalement, sans trop savoir pourquoi, sans savoir où elle s’en va avec une telle annonce. Elle n’est enceinte que depuis quelques maigres semaines, chose que Callum lui-même ignorait: et pour cause, il n’est assurément pas le père de cet enfant. A Corey, elle continuera de faire croire que tel est le cas, dans l’éternel même but de ne pas accentuer sa détresse, pourtant naturelle et normale en cet instant. “On comptait vous l’annoncer dans les jours à venir.” C’est faux, mais puisque Corey pleure contre son épaule, il ne lui en voudra pas de tenter de faire de son mieux, sans rien en avoir à faire de la frontière entre mensonge et vérité. “Il veillera sur nous. Là où il est.” En Enfer ; bien sûr que Callum a directement plongé dans les limbes de l’Enfer. “Et tu continueras à le rendre fier, d’accord ? Il a toujours été fier de toi.” Elle donne des mots sur ce que Callum pensait sûrement ; elle n’arriverait pas à concevoir qu’il ne puisse de toute façon pas être fier d’avoir un petit frère tel que lui. |
| | | | (#)Lun 1 Aoû 2022 - 20:01 | |
| “ Personne ne saura jamais, Corey.” C’était le genre de réponse à laquelle il s’attendait et même si ça n’apporte aucune solution à son désarroi le fait qu’ils soient deux à le penser aide déjà pas mal. Corey envisagerait presque de passer la nuit là. Avec lily à côté, il se sent mieux et n’espère qu’une chose, que ses émotions cessent de jouer les montagnes russes, mais il a peu d’espoir sur cet aspect là. Qu’il le veuille ou non, il n’a jamais été du genre à retenir ses émotions et ce n’est pas vraiment ce soir qu’il va essayer.
“Je suis enceinte.” Sidération. Pendant une seconde il se fige complètement et cesse peut-être aussi de respirer. Il ne s’y attendait pas. Mais vraiment pas. Son cerveau gèle se demandant juste s’il a bien entendu ce que la jeune femme vient de lui souffler. « Oh Lily ! » Il est sidéré, mais partagé entre une émotion à mi-chemin entre c’est la meilleure nouvelle de ma vie et le mais comment le destin peut-il être un tel enfoiré ! Il se tourne vers elle, mais avant qu’il ne dise quoi que ce soit, elle poursuit : “On comptait vous l’annoncer dans les jours à venir.” Et Corey imagine tellement bien la scène. Le premier petit enfant dans la famille, ses parents auraient été aux anges. Lui aussi, devenir tonton ! Aussi fou qu’incroyable. C’est ce type de nouvelles pour laquelle une famille doit se réunir. “Il veillera sur nous. Là où il est.” Tant de force et de résilience, Corey en est scotché. S’il a toujours aimé Lily, ce soir elle l’impressionne. “Et tu continueras à le rendre fier, d’accord ? Il a toujours été fier de toi.” Il la prends dans ses bras avec une vigueur qu’il ne pensait plus avoir ce soir. « Est-ce que quelqu’un t’as déjà dit à quel point tu es fabuleuse ? » C’est une question rhétorique. La simple expression concrète de ce qu’il a sous les yeux. Elle perd son fiancé, apprends de fait qu’elle va devoir élever un enfant seule et au lieu de s’apitoyer sur sa situation, emploi toute son énergie à le consoler lui. Alors que de son point de vue à lui, elle aurait tout autant de raisons d’être anéantie. Tant de force de caractère et de générosité le laisse sans voix. Fixant son regard dans le sien il ajoute : « Lily, je peux te promettre qu’on sera toujours là pour toi quoi qu’il arrive. » Par on, il entend toute sa famille. Il sait que ses parents partageront son point de vue. « Je ne te laisserai jamais tomber. » C’est naïf de simplicité mais très sincère. Et ce n’est pas une promesse faite seulement à Callum, mais aussi surtout à Lily. « On traversera ça ensemble. »
Il faut se reprendre en main. Un petit peu au moins. Il pleurera plus tard, il aura l’occasion, il n’en doute pas une seconde. Il se lève, tendant sa main à Lily pour l’aider à en faire autant. « Tu veux un verre d’eau ? » Il n’a pas faim, ni soif, mais il veut s’occuper les mains. « Comment il a réagit quand tu le lui annoncer ? » Changer de sujet aussi, pas trop, de toute façon, toute le fera penser à Callum ce soir. Mais il veut se concentrer sur le positif, la vie. Et oublier que son frère ne connaîtra jamais son enfant. Mais promis, Callum, je veillerai sur lui et sur Lily. Et quelque part, il en veut un peu à son frère, d’avoir conduit si imprudemment alors qu’il avait une femme qui l’attendait et un enfant à naître. |
| | | | (#)Mar 2 Aoû 2022 - 18:15 | |
| Lily se laisse prendre dans les bras sans émettre le moindre geste de retrait, au contraire. Elle enlace Corey à son tour, avec bien plus de délicatesse pour sa part pourtant. Si cela peut lui faire oublier sa peine pendant une seconde, une seule, alors cela en aura valu la peine. Il est trop jeune pour être aussi triste, voilà ce qu’elle en pense. « Est-ce que quelqu’un t’as déjà dit à quel point tu es fabuleuse ? » Elle ne mérite pas ces compliments et c’est là une affirmation factuelle dont Lily elle-même est capable, sans que cela ait quoi que ce soit à voir avec de la timidité ou Dieu sait quoi. Elle ne mérite pas ces quelques mots pour un bon millier de raisons différentes, et il est hors de question que ces raisons arrivent à l’oreille de Corey, raison pour laquelle elle se contente de sourire tendrement tout en continuant à le serrer contre elle. Un jour, tout ira bien. « Lily, je peux te promettre qu’on sera toujours là pour toi quoi qu’il arrive. Je ne te laisserai jamais tomber. » - “Je sais Corey, je sais.” Elle souffle tout près de lui, caresse une de ses mèches sans le commenter. Elle aussi continuera d’être présente pour les Ferguson, lesquelle elle apprécie sincèrement, desquels elle n’a aucune envie de s’éloigner, surtout alors que cet enfant portera leur sang. « On traversera ça ensemble. » Lily renifle doucement, tentant de ne pas trop se faire entendre, bien plus émue qu’elle n’aurait su l’anticiper après les paroles du jeune homme. Elle n’a décidément rien fait pour mériter tout ceci, toute leur affection. “Comme toujours.” Jamais aucun antécédent n’avait été aussi important et crève-cœur, pourtant, mais elle n’a pas besoin de le lui souligner.
« Tu veux un verre d’eau ? » Elle se lève avec l’aide du garçon, laquelle elle ne refuse pas uniquement parce qu’elle sait qu’il veut se rendre utile, à défaut qu’elle ait besoin d’aide. C’est donc pour la même raison qu’elle répond oui à sa question, de toute façon assurée que boire un peu ne lui fera pas de mal, à elle ou au bébé. « Comment il a réagit quand tu le lui annoncer ? » Il est occupé à remplir des verres, alors elle prend le temps de replacer ses mèches, un peu trop habituée à éternellement donner une bonne image d’elle. “Il a pris un peu peur, au début. Mais il était très rapidement heureux, très heureux.” Lily invente sans mal la scène, connaissant assez Callum pour prédire ses faits et gestes dans une telle situation ; surtout si telle est l’histoire qu’elle veut donner à son interlocuteur. “C’est pas pour tout de suite mais… tu voudras venir à la première échographie ?” Ce rôle aurait dû être celui du père mais elle ne doute pas que Corey sera un bien meilleur oncle que son frère n’aurait été un père, autant qu’il veillera sur elle comme sur l’enfant pour les années à venir. Il est un bon garçon, elle espère de tout coeur qu’il sera heureux dans la vie. “Cette proposition ne fonctionne que si tu me promets d’essayer de dormir un peu avant que ta mère arrive.” Et qu’elle en fera de même, bien que sa nuit risque d’être chamboulée pour des raisons légèrement différentes. |
| | | | (#)Mer 3 Aoû 2022 - 19:55 | |
| Lily accepte le verre d’eau, aussi Corey en prépare t’il deux. Ca ne prend pas spécialement de temps, mais faire quelque chose de ses dix doigts c’est mieux. Ca permet d’essayer de se convaincre, de se rappeler surtout, que malgré tout le monde continue de tourner. Même si le super pouvoir d’arrêter le temps devient très attrayant. Enfin le remonter serait mieux. Il en tend un Lily, imaginant lui aussi la scène de l’annonce. « Je crois pas qu’il aurait pu garder le secret très longtemps. » Il essaie d’imagine la réaction de ses parents quand ils l’apprendront. La vérité c’est que Corey a bien du mal à imaginer la journée du lendemain. D’un côté ils vont se retrouver en famille pour pleurer ensemble leur peine et de l’autre il est certain qu’il y aura mille choses à faire. La première sûrement : Aller voir son frère. Pour le moment il n’a qu’en tête un type bien vivant. Demain ce sera différent.
“C’est pas pour tout de suite mais… tu voudras venir à la première échographie ?” Toujours la voix de Lily qui le ramène au présent et il n’y a bien qu’elle qui dans ces moments sombres réussit à apporter autant de lumières et d’espoirs. Elle et son bébé. L’écographie. « Oui, avec plaisir…Merci Lily. » Il est flatté qu’elle lui propose à lui. Même si c’est sûrement en grande partie motivé par la disparition de Callum. “Cette proposition ne fonctionne que si tu me promets d’essayer de dormir un peu avant que ta mère arrive.”. Il s’immobilise une seconde. Dormir. Il a envie de lui expliquer que ça va être compliqué. Il n’en a aucune envie et pour plusieurs raisons. La première étant que la journée de demain arrivera beaucoup plus vite s’il dort. Ensuite il n’est pas vraiment sûr d’y arriver. Mais à quoi sera il bon demain s’il ne se repose pas ? Ses parents auront fait beaucoup de routes, ils seront fatigués en plus d’être anéantis. Puis de toute façon, il est quasiment certains que tenter de négocier avec Lily serait perdu d’avance. Il se contente alors de la fixer et de lui dire : « Ce qui vaut pour moi, vaut pour toi. Je te prépare la chambre d’amis. » Des quatre chambres, la chambre d’amis est la plus petite mais Corey ne se voit pas proposer la chambre de son père ni celle que Callum occupait quand il vivait encore ici, même si ça fait déjà plusieurs années qu’elle a été reléguée comme chambre d’ami. Quand à sa propre chambre, elle est trop peu rangée pour se permettre d’y faire dormir Lily, puis à se retrouver seul, il veut être dans sa chambre. Il a promis d’essayer de dormir, pas d’y réussir et il sait très bien ce qu’il compte faire après. Il n’y a pas grand-chose à faire pour préparer la chambre, simplement mettre les draps et les taies d’oreillers. « Tu connais la maison et tu sais où est ma chambre, si tu as besoin de quoi que ce soit, tu viens me voir. » dit-il à la jeune femme, non sans la prendre dans ses bras une dernière fois.
D’un côté, il ne veut pas se retrouver seul, de l’autre il le faut. Il regagne sa propre chambre, après avoir récupéré la bazar laissé sur la table de la salle à manger. Il bazarde ses livres dans un coin de la pièce ayant l’intuition qu’il n’est pas prêt d’y retoucher de si tôt. Il fouille ensuite dans ses étagères à la recherche d’éléments bien précis, tout en essayant de rester le plus silencieux possible. Un silence de mort. Il se rattache à l’idée de savoir Lily dans une pièce non loin pour repousser sa terrible impression de solitude. Il finit par mettre la main sur les albums. Il est le plus sentimental de la famille, pas franchement étonnant que ce soit lui qui conserve les photos de famille. Les photos où ils sont tous ensembles sont un peu moins nombreuses depuis le divorce de ses parents. Mais il y en a toujours. Il fouille et farfouille assis sur son lit et entouré de multiples clichés. Il ne saurait combien de temps, ni combien d'images il passa en revu, invoquant les souvenirs de son frère et essayant d’oublier que des photos ils n’en feraient plus. |
| | | | | | | | (corey #2) all that seems to lead to is a pile of broken parts |
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