Après mes explications, la première préoccupation de Lucy me surprend. J'hausse un sourcil, le regardant avec un air terriblement attendri. Elle ne peut pas s'empêcher de se faire du souci pour les autres et prendre soin d'eux. C'est décidément dans sa nature. « Je ne lui ai pas posé la question. » j'avoue en haussant les épaules. Cela ne m'a pas semblé important sur le moment, alors qu'elle a bien raison, ça l'est. Il a sûrement trouvé de quoi manger pendant la traversée sur le bateau, mais pas grand-chose histoire de rester discret. Une fois à Darwin, je ne sais pas comment il s'est débrouillé pour trouver Scott et Emy. A moins que ce ne soit eux qui sont tombés sur lui. Ca non plus, ils ne me l'ont pas dit. L'important était plutôt de savoir vite et bien ce que nous allions faire pour l'éloigner de la ville. « On va s'en occuper, d'accord ? Toi, tu restes en dehors de tout ça. Si ton père l'apprend, tu ne pourras épouser qu'un cadavre. » Je lui souris pour la rassurer. Elle semble complètement ailleurs, très songeuse, et ne cesse d'observer Raksha d'un air étrange. Elle marmonne qu'elle le connaît déjà. Je les regarde l'un et l'autre, me demandant ce qu'ils se sont dits pendant que nous discutions à côté, et ce qui a rendu la jeune femme dans cet état. Elle se réunit un peu quand je lui parle des lettres et de mon idée de les confier au garçon. Pour elle, il se peut que le rôle de Raksha dans le cycle est de nous aider à être ensemble. « Je n'en sais rien, mais c'est ce que je crois. Ou en tout cas, il veille sur nous et les traces que nous laissons. Il sait qui nous sommes et il saura nous reconnaître s'il nous croise. » Peut-être même est-ce que nous qui viendrons à lui quand le moment sera venu. Lucy semble donc approuver l'idée de lui confier nos lettres, notre message aux autres nous. Car il semble de plus en plus évident qu'il y aura un nouveau cycle après nous. Nus ne serons pas ceux qui le briseront. J'essaye de ne pas me demander pourquoi j'ai cette impression. La jeune femme se blottit contre moi, mes bras l'entourent tendrement. Alors que je caresse ses cheveux, j'adresse un signe de tête à mon frère d'armes qui s'éloigne du groupe en direction de la gare, filant au trot. « Scott est parti s'informer à ce sujet. S'il peut quitter la ville ce soir, ça sera parfait. Il arrivera à Perth demain, et j'aurai eu le temps d'avertir a famille. Ils n'hésiteront pas à l'accueillir autant de temps qu'il le souhaite. Ils sauront rendre sa présence utile. » Cela compensera le fait qu'ils auront une bouche de plus à nourrir -ils n'y sont plus habitués depuis le temps que je suis parti. J'embrasse Lucy sur le haut du crâne. Elle semble à la fois un peu perdue et préoccupée par cette histoire. Tout cela est déstabilisant pour elle je suppose. « Ne t'en fais pas, tout ira bien. » je lui assure tout bas. Puis je défais mon étreinte et m'approche de Raksha. Je remets sa casquette sur sa tête avec un sourire complice. Il fait vraiment si jeune. J'ai du mal à croire qu'il a réellement l'âge légal d'être intégré dans l'armée. Je sais que lui n'y a pas été par choix. A sa place, j'aurai sûrement tenté de fuir aussi. « En attendant le retour de Scott, il faut trouver un endroit où te planquer. » Emy, qui s'est allumé une cigarette, réponds ; « Y'a personne chez moi, vous pouvez venir. Je vais en profiter pour faire sa valise. » J'acquiesce d'un signe de tête. Tous les réflexes provenant du terrain et du guidage des hommes transparaît de manière évidente, et laisse bien voir que je suis toujours un peu au front. Je me tourne vers Lucy ; « Va chercher les lettres et rejoins-nous, d'accord ? Les tiennes sont dans mon sac, avec mon journal. » La correspondance est protégée par la reliure de celui-ci. Il n'était pas question de les abîmer ou de les perdre. Alors que la jeune femme file à l'intérieur, je suis son amie et mon camarade le long de la rue jusqu'à chez elle. « Vous allez pas avoir des ennuis, toi et Scott, si on découvre que vous l'avez aidé à se cacher ? » Oh que oui. Aider un fuyard, un déserteur, le cacher, lui faire quitter la ville, c'est un coup à finir devant une petite fête en comité réduit du tribunal militaire. J'hausse les épaules comme si cela n'avait pas la moindre importance. « Je ne crains pas d'être puni quand je fais ce que je sais que je dois faire. » Nous arrivons chez Emy en deux ou trois minutes. La demoiselle file à l'étage et pour ma part, j'installe le jeune indien dans le salon et me rends dans la cuisine pour préparer cafés et thés pour chacun.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Dan tenait à ce que sa belle ne se mêle pas de cette histoire périlleuse, qu'elle ne se fasse pas également griller si les choses tournaient mal. Il était persuadé que son père lui en voudrait beaucoup aussi, menaçant ainsi la bénédiction qu'il avait donné quelques heures plus tôt. Lucy demeurait songeuse, même si elle retrouvait un peu d'elle-même après avoir trouvé les lettres. Scott ne tarda pas à s'en aller, en direction de la gare afin de se renseigner sur les horaires de train à destination de Perth. La belle blonde espérait que leur plan se passe bien, et que le jeune indien soit sain et sauf le plus vite possible. Le beau soldat prit sa belle doucement dans ses bras, l'embrassant au niveau du front. Il semblait certain que sa famille allait l'accueillir sans soucis, et que Raksha pourra les aider au ranch en retour. C'était le bon plan pour lui, le temps qu'il se fasse au climat australien, à son rythme et à sa culture. Etre dans la famille de Dan serait complètement immersif, et le jeune homme était très ouvert d'esprit. Mais il y avait cette inquiétude qui planait, elle craignait tout de même que quelque ne lui arrive. Le soldat la rassurait d'autant qu'il le pouvait, lui assurant que tout irait bien pour lui. Puis il se dirigea vers son jeune ami, disant qu'il fallait le cacher le temps que Scott se procure le billet de train. Emy intervint aussitôt, assurant qu'il n'y avait personne chez elle. Dan donnait rapidement les consignes à sa promise avant de partir. Lucy retourna à l'intérieur sans dire mot, en montant discrètement à l'étage, dans sa chambre. Ses lettres à elle étaient très précieusement stockées dans une petite boîte en bois qu'elle dissimulait dans sa table de nuit. Elle se permit ensuite d'ouvrir le sac de Dan, et, en fouillant un peu, elle trouvait son fameux journal. Elle ne prit que leur correspondance et ne se permit pas de lire quoi que ce soit de tout ce qu'il avait pu écrire lorsqu'il avait un peu de temps pour lui. Lucy n'était pas de nature très curieuse et savait surtout respecter l'intimité d'autrui, même de l'être cher. Une fois qu'elle avait tout récupéré, elle revint au rez-de-chaussée, retrouvant son père au salon. "Nous allons chez Emy." lui dit-elle afin de le prévenir. "Dan n'est pas avec toi ?" "Il est allé cherché un de ses amis, Scott, pour que nous passions du temps tous ensemble. C'est l'ami le plus proche qui lui reste." Ce n'était qu'un demi-mensonge, au fond. Peter acquiesça d'un signe de tête, ne se posant pas trop de questions. Elle lui sourit, puis ferma la porte d'entrée derrière elle. Elle marcha d'un pas hâtif jusqu'à la demeure de son amie proche. Elle toqua par principe à la porte et entrait sans attendre de réponse. Emy était encore à l'étage pour préparer quelques affaires pour Raksha, ce dernier et Dan étaient installés au salon. Il y avait du thé et du café disposé sur un plateau. Dan se leva à la seconde où sa belle apparut dans son champ de vision. Elle lui sourit tendrement, et s'approcha timidement. Lucy l'embrassa tendrement avant qu'ils ne s'installent ensemble sur le canapé. Après quelques secondes silencieuses, elle tendit le paquet d'enveloppes à Raksha. "C'est pour toi." Il les regardait d'un air interrogateur, mais les prit tout de même. "Ce sont toutes les lettres que nous nous sommes envoyés lorsqu'il..." Elle regarda Dan. "Lorsqu'il était loin. Nous voudrions que tu y veilles, jusqu'à la vie suivante." Immédiatement, le regard du jeune homme s'attendrit. Un peu nerveuse, Lucy croisa ses doigts avec ceux de Dan, attendant n'importe quelle réaction. Elle craignait qu'il ne finisse par refuser. "Elles n'ont plus vraiment d'intérêt pour nous, maintenant qu'il est rentré et qu'il est sauf. Nous nous sommes dit que ça pourrait être des indices pour les prochaines vies, si jamais elles n'arrivent pas à mettre la main sur ce qui les anime."
« J'ai parlé de toi à Lucy, et de ce que tu m'as dit sur le cycle des âmes. » Raksha et moi sommes assis l'un à côté de l'autre sur le canapé, une tasse de café entre les mains. Il m'avait avoué avoir un petit creux, alors je me suis permis de prendre une pomme dans le saladier de la cuisine d'Emy. « On en discutait avant que vous arriviez. Il y a tellement de questions à poser. » Il me sourit presque affectueusement, sûrement heureux de remplir un peu plus a coupe d'un savoir que je n'aurais pas pu acquérir sans être à son contact. « Je n'ai pas toutes les réponses, tu sais. » « Je sais. Je ne veux pas les réponses. J'aime me faire mes hypothèses. Cela rend les choses moins belles de trop en savoir. Mais au moins, on se sent moins… bizarres. » J'hausse les épaules. Cela apporte un certain réconfort de savoir que nous ne sommes pas seuls à croire ce que nous croyons. Lucy passe la porte de la maison. Je saute sur mes jambes pour l’accueillir avec un baiser tendre. Elle tient les lettres entre ses mains. Installée entre moi et le jeune indien, elle les lui tend, un peu nerveuse. Raksha nous regarde l'un et l'autre plusieurs fois, toujours avec ce même sourire bienveillant sur les lèvres. « Je ne sais pas si tu peux jouer ce rôle de messager, mais au moins, tu peux garder un œil sur ces lettres, les protéger pour les prochains. Je pense que c'est pour ça que tu as été mis sur notre route. » j'ajoute au discours de Lucy. Le garçon prend finalement les lettres, gardant le silence quelques secondes. « Je suis honoré que vous me fassiez confiance. J'en prendrai soin. » Il serre avec application le tas de lettres tout contre lui, comme s'il avait déjà de l'affection pour toutes ces feuilles noircies et qu'elles formaient le cadeau le plus précieux qui soit. « Merci de m'aider. » articule-t-il tout bas, timidement. C'est dans un grand fracas que l'amie de Lucy redescend de l'étage, peinant à porter une valise beige « Tiens, voilà. La valise est pleine à craquer, tu manqueras de rien. » dit Emy en posant le bagage par terre dans un coin du salon. « Va enfiler ça, dis-moi si c'est à ta taille. » Elle jette les habits dans les mains de Raksha, lui fait faire un demi-tour sur lui-même et le pousse jusqu'aux escaliers afin qu'il se change à l'étage. Il en revient quelques minutes plus tard, son uniforme impeccablement plié entre ses mains. Il le pose sur une petite table avant d'oser s'approcher de nous. Maigre comme un clou, il flotte assez dans la chemise et le pantalon fournis par Emy -des fringues à son ex qu'elle disait. « Regardez qu'il est mignon ! » dit-elle en lui tirant les joues. Gêné, malgré sa peau basané, on devine que le garçon rougit. Il faut dire que la jeune femme face à lui a de quoi plaire à plus d'un homme, et je soupçonne Scott de ne pas être indifférent. « En bonus, une vieille serviette de mon père. Il ne l'utilise plus depuis que ma mère lui en a acheté une neuve pour leur anniversaire de mariage, il ne remarquera pas qu'elle a disparu. Prends ! » Nerveux, l'indien se tient droit comme un piquet et n'ose rien faire, rien dire. Il s’exécute quand Emy insiste pour qu'il prenne le sac en cuir noir, sans trop savoir comment se porte une telle chose. « Parfait ! Quelle classe ! » s’exclame une Emy fière de son œuvre, frappant dans ses mains pour s'auto-congratuler. Scott ne tarde pas à passer la porte, un brin essoufflé. Il avait préféré courir tout le long de l'aller et du retour pour ne pas perdre une minute -et sûrement avait-il raison. Il reprend son souffle quelques secondes avant de nous briefer sur les informations qu'il avait eu à la gare, dégainant une petite carte de l'Australie qu'on lui avait fournie là-bas avec tous les itinéraires des trains. « Le dernier train pour Perth est parti il y a quelques minutes. Mais il y a un autre train qui va jusqu'à Adelaide en passant par Alice Springs, et de là, un second train pour aller à Perth. Il part dans deux heures, tu arriveras demain midi. » dit-il en indiquant chaque étape sur la carte afin que Raksha puisse situer les villes et comprendre la longueur de la route qui l'attend. Un immense détour à travers le désert avec une correspondance dans une grande ville. « Tu y arriveras tout seul ? » je demande avec le plus grand sérieux au jeune homme, une main sur son épaule. Il n'a jamais quitté l'Inde, et l'Australie n'a rien à voir avec son pays natal. Il parle la langue, plutôt bien, mais sans plus. Il pourrait se perdre, et rien ne dit qu'il saura se débrouiller si tel est le cas. Mais il acquiesce avec un air déterminé. Il ne veut pas nous en demander plus, nous faisons déjà beaucoup à ses yeux pour une bande de quasi-inconnus. Il s'en sortira très bien. Je frotte amicalement son dos et sa tignasse avec un sourire encourageant. Bien sûr qu'il y arrivera. « On a deux heures devant nous alors. Quelqu'un a un jeu de cartes ? » lance Scott en s'installant mollement dans un fauteuil du salon, autour de la table basse. Emy tire un tiroir d'une grande commode près de l'espace salle à manger et en sort d'un petit paquet qui semble tout neuf. Très fière d'expliquer les règles du jeu à Raksha, nous la laissons prendre tout l'espace sonore avec un petit sourire. Pendant ce temps je m'allume une cigarette et adresse un regard tendre à Lucy.
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On avait l'impression que l'on offrait le plus beau de tous les cadeaux au jeune indien. Comme si c'était le bien le plus précieux qu'il pouvait y avoir sur cette Terre. Il manipulait les lettres avec grand soin. Emy dévalait ensuite soudainement les escaliers, une valise bien remplie dans ses mains. Elle débordait toujours d'énergie et de vivacité, et parvenait toujours à faire sourire son amie rêveuse. Elle s'était occupée de tout pour le jeune indien. Celui-ci allait se changer rapidement avec les vêtements que l'on venait de lui fournir, et elle lui expliqua rapidement de ce dont il disposait. Tous les événements continuaient à s'enchaîner car Scott ouvrit la porte d'entrée, un peu essoufflé. Il s'était certainement dépêché pour avoir tout ce qu'il fallait à temps. Lucy suivait de loin toutes les explications données, en restant assise et silencieuse. Dan s'était levé pour demander à son ami étranger s'il allait s'en sortir. Il semblait déterminé à faire en sorte que ce soit le cas. Ca devait être beaucoup à assimiler pour lui, mais il ne semblait pas plus perdu que cela. A sa place, Lucy serait totalement paumée. Le train allait partir dans deux heures, et Scott espérait tuer le temps avec un jeu de cartes. Emy en sortit un aussitôt, expliquant quelques règles. Lucy se leva sans dire mot, son amie l'attrapa par le bras. "Tu comptes aller où là ? Tu vas pas me faire le coup à chaque fois qu'on joue ensemble ?" dit-elle tout bas, en riant. Lucy n'était pas très forte en jeu de cartes, elle observait beaucoup jouer, ou notait les points lorsque cela était nécessaire. Elle se jugeait observatrice et sans plus. Mais lorsqu'on la forçait à jouer, elle y parvenait très bien. "Je doute que Raksha ait l'estomac bien rempli pour le voyage, et Dan n'a rien avalé depuis ce matin. Je comptais nous préparer des choses à grignoter." Le regard de son amie s'attendrit aussi tôt. "T'es vraiment trop chou quand tu t'y mets, ma Lulu, je te jure." Lucy sourit timidement, et ajouta, encore plus bas. "Tu peux venir ? J'aimerais te raconter quelque chose." Ses yeux se mirent à pétiller immédiatement, et tendit le paquet de cartes à Scott. "Vous, vous jouez tranquillement, Lulu et moi, on va préparer un truc à manger, vous devez être affamés." dit-elle toujours avec ce même enthousiasme. Emy allait d'abord chercher divers ingrédients du garde-manger et elles commençaient à préparer ensemble un grand plateau avec des légumes à croquer, de la charcuterie, du fromage. Emy avait bien évidemment fermer la porte entre la cuisine et le salon. Pendant qu'elle coupait des tranches de fromage, Lucy finit par dire. "Dan m'a demandée en mariage." dit-elle simplement. La belle brune regarda avec des grands yeux sa jeune amie, laissant le couteau sur la planche. "Et tu m'annonces comme ça comme si c'était une simple banalité ? Oh ma Lulu, je suis tellement heureuse pour toi." dit-elle en venant l'enlacer tendrement. "Mais comment ?" "C'était par courrier. Il m'avaient envoyée avec cette bague faite main qui vient de Malaisie. Enfin ce n'était pas vraiment une demande, c'était comme une évidence pour nous. Nous voulions le faire dès ce soir, mais Papa n'a pas voulu. Il préfère que Dan se remette de ses blessures." Emy désenchanta un petit peu, en se souvenant parfaitement de l'état de son amie ces dernières semaines. "C'est si grave que ça ?" "Il a des brûlures sur tout son dos, et il a très mal. Il est incapable de s'allonger sur le dos et le moindre effort le fait souffrir." dit-elle plus tristement. Emy prit les mains de la belle blonde. "Mais toi tu as des doigts de fée, et ça va guérir vite, je te connais. Tes talents de guérisseuse sont donc bien connus." dit-elle avec un sourire optimiste et des yeux pétillants. Elle passa son bras par dessus les épaules. "Des âmes soeur, hein ? Et... vous l'avez déjà fait ?" Emy était particulièrement douée pour deviner aisément les choses. "Vu comme tu rougis et que tu fuis mon regard, je suppose que la réponse est positive." dit-elle tout bas, en riant. "Quand ça ?" "Avant qu'il ne parte." Emy était impressionnée. Elle était toujours très protectrice avec Lucy, elle la connaissait par coeur. "J'espère que je serai invitée au mariage." "La question ne se pose même pas." dit-elle en riant, reprenant ensemble la cuisine. Quelques minutes plus tard, le grand plat était garni d'une multitude de choses. Lucy le prit, Emy lui ouvrit la porte afin qu'elle puisse le poser sur la table à manger. "Venez donc jouer à la salle à manger, nous pourrons grignoter à côté." dit Emy de sa voix forte. Lucy s'installa aux côtés de Dan. "Tu gagnes ?" lui demanda-t-elle en l'embrassant sur la joue. "Qui veut boire quoi ?" demanda Emy une fois que tout le monde était installé.
Les filles s'éclipsent sous notre regard dépité. Les jeux de carte sont toujours plus amusants lorsqu'ils comprennent un tas de paires de mains. Mais qu'importe, si elles préfèrent s'esquiver. C'est mettre Scott face à moi qui n'est pas forcément une bonne idée. Souvent, lorsque nous jouons avec quelques pintes derrière nous, cela se termine avec quelques échanges de coups. Tom, lui et moi nous sommes toujours chamaillés comme trois frères. Cela ne l'a jamais dérangé de voir que Tom et moi étions particulièrement proches, plus qu'avec lui. Après tout, Scott ne faisait pas dans les grandes effusions d'amitié et fait partie de ceux qui préfèrent avoir une foule autour de lui plutôt que quelques amis très fidèles, contrairement à nous. Il a toujours eu le souci d'être aimé de tous, c'était ce qu'il partageait avec notre ami défunt. Je ne peux pas m'empêcher de penser à lui en voyant Raksha à la place qu'il aurait tenu normalement. Le jeune indien ne saisit pas immédiatement les règles du jeu, mais s'en sort plutôt bien. C''est sans compter sur la cruauté de Scott qui a décidé qu'il ne ferait pas de quartier, même pour un nouveau joueur, et qui l'évince de la partie en quelques tours sous mon regard désapprobateur. Pas de grande conversation de ce côté de la porte, seulement des taquineries de gosses et des chamailleries que Raksha observe avec un sourire amusé, discret, dans son coin. Quand les filles reviennent, elles posent sur la table de la salle à manger un immense plateau couvert de quoi se nourrir. Rien que la subtile odeur de la charcuterie suffit à me rappeler que mon ventre est vide. Nous transférons la partie de cartes dans l'autre pièce et reprenons où nous en étions. « Non, je me fais laminer. » je réponds à Lucy avec un sourire, mais lançant un regard mauvais à Scott. « C'est uniquement parce que Scott triche. » j'ajoute en haussant les épaules. Mais la vérité est que je perds souvent. Je n'ai jamais été très bon aux jeux de cartes, et la chance est rarement de mon côté. Sans oublier que je suis le menteur le plus nul que porte cette terre. « Dit celui qui avait deux têtes et un as dans sa manche. » rétorque Scott qui fait mine d'être choqué par mes accusations. Et je réponds par une même mine innocente. « Je ne sais toujours pas comment elles ont atterri là. » Puis je picote un dé de fromage sur le plateau. Et un second. C'est fort fort bon. Raksha, lui, ne s'est pas fait prier pour se jeter dessus. Si on le laisse seul avec, il dévorera le tout avec la table aussi. « T'es trop gourmand, c'est tout, tu te grilles à chaque fois. » reprend mon ami, laissant exprès deviner à toute l'assemblée que je triche à chaque partie. Je suis mauvais joueur. Ou peut-être trop joueur. Un grand sourire narquois étire les lèvres de Scott alors qu'il abat ses cartes sur la table avec un jeu me battant à plate couture. Puis il dégaine également une carte de sa manche. « Ca, par contre, c'est de la triche de pro. » Je ris volontiers, c'est de bonne guerre. « On donne un sale exemple à Raksha. » dis-je en rassemblant les cartes avant de les battre pour lancer une autre partie. Cette fois, les demoiselles de joignent à nous, même s'il faut longuement forcer la main de Lucy -la condition pour qu'elle accepte étant que nous fassions équipe. Les parties s'enchaînent et le temps file sans que nous ne fassions attention. « Eh, Emy, il est quelle heure ? » demande Scott au bout d'un moment. La jeune femme se tourne vers la pendule et ouvre de grands yeux ronds. « Oh m...mince ! L'heure de courir à la gare ! » Tous les regards se posent sur l'heure. Plus que dix minutes avant le départ du train. Nous abandonnons toutes nos affaires et ne prenons que celles de Raksha. J'écope de la lourde valise, les mains de Scott étant encore trop délicates à cause de ses propres brûlures. Nous arrivons sur le quai quand le chauffeur annonce le départ du train. Les au revoir sont rapides, presque bâclés. Je monte avec lui dans la voiture et dépose la valise à ses côtés, vérifiant qu'il a bien les lettres avec lui par la même occasion : il les a soigneusement glissées dans le sac que Emy lui a offert. « Prends soin de toi. On passera vous voir au ranch à l'occasion. » dis-je avant de sauter du train avant que le coup de sifflet signale le départ. Nous faisons signe au garçon depuis le quai jusqu'à ce que nous ne puissions plus le voir.
Il fera bonne route jusqu'à Adélaïde, ne prenant pas le risque de quitter le train lors de l'arrêt à Alice Springs. Il ne demanda rien à manger ni à boire, se contentant des petites provisions prévues par Emy dans la serviette. Quand il en tire le petit sandwich, il tombe sur les lettres. Bien sûr, la curiosité est immense et la tentation de lire cette correspondance l'est tout autant. Mais il n'osera jamais laisser son regard glisser sur ces lignes. Il finit par sortir le couteau de poche dont il ne s'était pas détaché, et c'est avec le plus grand soin qu'il forma une fente entre le cuir et la doublure du sac pour y glisser le paquet de feuilles. Et il se promit de ne jamais de séparer de cette serviette. Arrivé à Adélaïde, Raksha hésita longuement et manqua presque son train. Mais il changea finalement de quai. On sifflait le départ pour Brisbane quand il s'installa à sa place, serrant toujours son sac contre lui.
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Le plateau se vidait et les cartes se jouaient. Ces deux éléments firent passer le temps à une folle allure. On réussit même à convaincre Lucy de se mettre également au jeu. Enfin, c'était surtout grâce à Dan, qui sut quel mot placer et quel regard faire pour qu'elle finisse par accepter. Raksha semblait vraiment se plaire à cette ambiance joviale et familiale, où il n'y avait plus de guerre, plus de mots, plus de blessés. On le voyait beaucoup rire, même s'il était parfois un peu perdu dans le jeu ; il y prenait malgré tout grand plaisir. A un tel point qu'ils faillirent le mettre en retard pour son train. Ce fut en toute précipitation que la maison fut quitter par les cinq amis, qui coururent tous à vive allure jusqu'à la gare. Dan portait la lourde valise qui était destiné à son ami indien. Heureusement, ils arrivèrent à temps sur la voie, Dan accompagna même Raksha dans l'une des voitures du train. Il sortit du train au moment même où celui allait démarrer. Dès qu'il était à nouveau près d'elle, elle lui prit la main, tandis que l'autre saluait le véhicule qui s'enfonçait progressivement du paysage. Les quatre amis restaient longuement se le quai, avant de faire le chemin inverse, d'un pas bien plus lent. Arrivant à destination, ils reprirent leur place et le jeu, Lucy ne faisant plus équipe avec son fiancé. Le plat que les filles avaient préparé était encore bien garni et allait largement suffire pour le reste de la soirée. Celle-ci fut des plus agréables et légère, le courant passait très bien entre tous les quatre, et parlaient de diverses choses, le sujet de la guerre étant très rarement mentionné. Et le temps, une nouvelle fois, se décida de se faire bien rapide. Dan et Lucy quittèrent la maison, la cloche de l'église annonçait vingt-trois heures avec ses cloches. Le couple reprit la route jusqu'à chez elle, les lumières du rez-de-chaussée étaient éteintes. Elle ouvrit tout doucement la porte d'entrée qu'elle ferma à clé derrière Dan. Ils montèrent ensuite tous les deux jusque dans sa chambre. "C'était une belle soirée." dit-elle tout bas, avec un large sourire. "Emy et Scott avaient l'air de beaucoup s'entendre." Les deux étaient très sociables à n'en pas douter, mais Lucy trouvait que le courant était très bien passé, surtout par rapport à Emy, qui n'était pas du genre à raconter facilement sa vie. Lucy s'approcha doucement de Dan pour l'embrasser tendrement. "Est-ce que je peux reprendre là où nous avions été interrompu ?" lui chuchota-t-elle au bord de ses lèvres. D'un air ensuite bien plus compréhensif, elle ajouta. "A moins que tu ne sois trop épuisée... Je comprendrai." Mais il ne semblait pas y voir trop d'objection. Plus tôt, il semblait en avoir autant envie qu'elle, malgré ses plaies et son retour tout récent. Comme avant, il s'installa sur le lit et elle retrouva sa position sur lui, en califourchon. Ses mains venaient à nouveau encadrer son visage alors que son baiser de plus en plus passionné. Elle chérissait chaque parcelle de ses lèvres, retrouvant enfin pleinement son amant. Ses doigts glissaient parfois dans ses cheveux. Elle se disait qu'il ne voudrait pas qu'elle voit ses bandages en dehors de leur réfection, il n'était pas très confortable avec cela. Elle se demandait ce que ça lui faisait, d'être ainsi au calme, retrouvant la douceur de sa bien-aimée. Celle-ci défit les boutons de sa robe avant de la retirer par le haut. Lucy prit ensuite ses mains qu'elle guida doucement sur sa peau nue, qu'il retrouve son contact avec elle. Son coeur battait à vive allure. Pour elle, cela remontait à une éternité, la dernière fois qu'il l'avait touché ainsi. Mais Dan semblait incertain de ses gestes, alors elle continuait de guider sa main jusqu'à sa poitrine, encore recouverte d'un tissu. Puis elle se reconcentra sur le baiser. Et lorsqu'elle ne l'embrassait pas, elle ne lui disait que des mots d'amour avec un regard profondément tendre en lui caressant la joue.
Regarder le train partir me fait de la peine, je l'avoue. Je considère ce garçon comme un ami désormais, un ami en qui j'ai pleine confiance, et le voilà qui s'en va. Nous n'avons aucune garantie qu'il arrivera à destination, qu'il n'aura pas d'ennuis. Si ce n'était pas pour Lucy, pour la fatigue, pour mes blessures, je serais parti avec lui. Nous serions rentrés chez moi ensemble, au ranch, j'aurai pu veiller sur lui, et lui sur les lettres. Il serait parti quand il l'aurait voulu, quand le temps aurait été venu pour lui de faire sa vie de son côté. Je soupire, espérant que tout ira pour le mieux. Au guichet de la gare, avant de quitter le quai, je demande à faire envoyer un télégramme à ma famille les prévenant de l'arrivée du jeune indien. Puis nous rebroussons chemin jusqu'à la maison d'Emy d'un pas lent. Finalement, nous passons la soirée en comité réduit, juste nous quatre et un paquet de cartes. Il n'en faut pas plus pour faire défiler les heures. Le plateau bordé d'aliments se vide peu à peu. Il n'en reste plus rien, nous l'avons dégusté au fil des minutes. Nous avons entamé les stocks de cafés, thé, jus de fruits et bière de l'amie de Lucy. La seule bataille à laquelle nous avons pensé durant tout ce temps est celle des cartes qui s'allongeaient sur la table. Toujours bien moins bavard que le reste de mon entourage, la conversation est surtout animée par Scott et Emy, ponctuée par les interventions de Lucy. Elles se firent de plus en plus rares alors que les deux autres semblaient s'entendre de mieux en mieux ; ni elle ni moi ne voulions les interrompre et briser la petite bulle se formant autour d'eux. Nous restions de notre côté, les observant avec un sourire attendri. Il est tard lorsque nous quittons la maison, après de longues embrassades. C'est sans un bruit que nous nous infiltrons chez Lucy. Je me fais aussi léger que possible dans les escaliers afin que les marches se bruissent pas sous mon poids. Mais bien sûr, quelques grincements sont à déplorer. La jeune femme ferme la porte de sa chambre derrière nous. Oui, c'était une belle soirée. Des heures reposantes pour l'esprit. Ma belle a aussi remarqué que nos amis se sont particulièrement bien entendus. « Je pense qu'il peut y avoir quelque chose entre ces deux là. » dis-je avec un sourire amusé pendant que j'ôte mes chaussures, ne voulant pas salir la pièce. Lucy s'approche finalement et m'embrasse avec cette tendresse que j'adore. Elle se surélève toujours sur le bout de ses petits pieds pour m'atteindre mes lèvres, même lorsque je me penche un peu pour lui faciliter la tâche. Sa question me fait un peu rire. Un rire nerveux. Elle est adorable. « Non, non. Fais. » je lui assure en m'approchant à mon tour pour caresser ses lèvres. La fatigue peut attendre la fin de retrouvailles en bonne et due forme. Alors je me laisse guider par la jeune femme qui m'attire jusqu'au lit, m'installe dessus et m'allonge. Elle reprend sa place, au-dessus de moi, ses jambes de part et d'autre de mon corps. En quelques secondes, mon coeur s'affole. Il semble imploser lorsque la belle retire sa robe. Malgré la passion grimpante dans nos baisers teintés d'une envie croissante, mes mains restent posées sur le drap, molles. C'est Lucy qui s'occupe de les prendre pour les guider sur son corps, me faisant caresser sa peau douce et chaude. L'une d'elles se pose sur une de ses cuisses, parcourant la courbe de sa jambe jusqu'à ses hanches, et glissant du bas de son dos à son postérieur. L'autre continue son chemin jusqu'à la poitrine de la jeune femme. Un contact qui suffirait à me faire soupirer de plaisir. Cela semble faire si longtemps, bien trop longtemps. Et la peur de ne plus jamais la voir et pouvoir la toucher ainsi n'a fait que rendre le temps plus long. Une attente qui met en émoi chaque parcelle de ma peau devenue subitement terriblement sensible et brûlante. Brûlante. Je me défais soudainement des lèvres de Lucy, haletant, sans savoir si le débit de ma respiration est due à au désir ou à la crainte qui m'a envahit si subitement. « Attends… » Cette peur est impossible à identifier clairement. C'est un mélange de tant de choses. Cette chaleur me hante tellement. Rien que le souvenir de celle-ci me donne l'impression que mon dos me fait souffrir, comme s'il brûlait encore et que le feu continuait de grignoter ma chair. Alors qu'il n'y a rien. Je sais qu'il n'y a rien. « Je ne sais pas si je... » Pourquoi n'en serais-je pas capable ? Je n'en sais rien, mais ce doute persiste. J'ai l'impression que je ne peux pas. Quelque chose me retient, me paralyse, et je ne sais pas quoi. Et puis il y a les bandages qui m'empêchent de sentir pleinement le corps de Lucy contre moi, son ventre frôlant le mien, sa poitrine contre mon torse. « Pardon, c'est tellement frustrant. Je ne sais pas quoi faire. » Mon esprit est confus et ne sait pas quoi penser. J'ai envie d'elle et de partager de nouveau un de ces moments où elle est un peu plus ma femme. Et je n'arrive à rien, à part fuir son regard et mourir de honte.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
C'était presque un soulagement de retrouver ainsi ses lèvres, ses baisers. Comme si cela lui faisait pleinement réaliser qu'il était bien rentré à la maison. La jeune femme avait cette envie qu'elle ne contrôlait absolument pas et qui avait été frustré pendant bien trop longtemps. Et cela était palpable. Au moindre contact, Lucy sentait son coeur exploser, sa respiration devenir subitement anarchique. Sentir ses mains sur elle lui procurait des frissons et de longs soupirs de satisfaction. L'ensemble de son corps parlait clairement pour elle, sa bouche étant bien trop occupée à l'embrasser et à l'aimer en parfaite démesure. Tout semblait être si bien engagé lorsque le soldat interrompit soudainement le baiser, avec un regard apeuré. Les mots lui manquaient, il ne savait pas quoi dire pour traduire de manière exacte ses pensées. Lucy le regardait avec beaucoup d'inquiétude. Il n'avait pas la respiration de quelqu'un qui prenait du plaisir, mais d'une personne terrorisée, qui s'attendait au pire. Elle ne parvenait pas pour le moment à suivre le cours de ses pensées, à ce qui pouvait tant le travailler à ce moment-là. Il semblait très confus parmi ses mots d'excuse, son regard fuyant de plus belle celui de sa fiancée. Elle avait l'impression qu'il avait honte de ne pas en être capable, d'être bloqué par tous ces derniers événements qui avait lacéré son corps et son âme. Lucy restait très calme, son rythme cardiaque s'apaisait de lui-même, son corps comprenant certainement ce qui était en train de se passer, et que ce n'était pas le moment. Dan continuait de fuir son regard, mourant de honte. "Dan, regarde-moi." dit-elle tendrement. Mais il n'y faisait rien. Elle comprit qu'il avait honte, mais ne voyait pas pourquoi. "Regarde-moi." répéta-t-elle, toujours sur le même ton. Mais toujours rien. Elle prit alors délicatement son visage entre ses deux mains, et lui redressa le visage afin de retrouver ses si beaux yeux verts."Regarde-moi." lui chuchota-t-elle, en caressant sa joue du bout des doigts. "Tu n'as pas à t'excuser, ce n'est pas grave." lui dit-elle avec un sourire attendri. Et elle le pensait vraiment. Elle ne n'allait pas lui imposer quoi que ce soit si ce n'était pas agréable, ou que cela lui rappelait le front. Il avait les joues tellement chaudes, sous ses doigts. Et ce fut qu'elle comprit pourquoi il ne parvenait pas à aller plus loin. Cette chaleur qui les envahissait lorsqu'ils avaient envie l'un comme l'autre devait lui brûler la peau, et lui rappeler un bien mauvais souvenir. Qui ne l'avait pas simplement marqué dans le dos, mais aussi dans son âme, brûler à vif et qui l'empêchait de profiter de quoi que ce soit. "Nous avons tout le temps du monde, mon amour." qu'elle avait pour lui n'était pas mesurable, et elle ne lui tenait pas rigueur de ce léger incident - et même, ce mot là serait trop fort pour elle. "Tu as tout ton temps. Alors prends tout ce dont tu as besoin. Dis mois ce dont tu as besoin." Lucy était une personne patiente, même si plus récemment, on pouvait penser le contraire. Avec la main logée dans ses cheveux, elle l'incita à se blottir contre lui. "Je suis là." dit-elle afin de le rassurer. "Avec toi, pour toujours." Elle le gardait ainsi tout contre elle de longue minute, jusqu'à ce qu'elle ressente qu'il se soit un peu détendu. Une fois cela fait, elle se détacha doucement de lui et se releva, se déshabillant, dos à lui, pour enfiler ensuite sa chemise de nuit. Lorsqu'elle se retourna, elle lui sourit tendrement, et tout en restant debout, elle l'embrassa une nouvelle fois. "Tu as besoin d'aide, pour retirer tes vêtements ?" Elle voulait surtout éviter une douleur inutile, il avait déjà suffisamment souffert. Il n'était pas nécessaire que ce soit à nouveau le cas alors que la douleur pouvait être limitée.
Non, je refuse de croiser son regard. Malgré les demandes de Lucy, mes yeux fuient les siens, un peu trop bordés d'émotions, de peur, de honte, de frustration, et d'un brin de colère envers moi-même pour ressentir toutes ces choses, gâchant ce moment. Quel genre d'homme interrompt un instant pareil et se trouve incapable de faire l'amour à l'être aimé alors qu'il en a envie et qu'il le peut ? Tout ça à cause de la réaction la plus naturelle qui soit, cette hausse de température de nos corps, et nos peaux devenant chaudes. Me voilà paralysé par ma propre envie. Lucy comprend que le seul moyen de capter mon regard est de m'obliger à relever la tête. Je me trouve coincé par son regard bleu et terriblement tendre alors qu'elle m'assure qu'il n'y a rien de grave. « Mais je… Je me sens tellement... » idiot, ridicule, honteux, incapable, complètement coincé par ce je-ne-sais-quoi qui m'empêche même de poser les mains sur elle. Au moins, son père aura eu raison de nous faire repousser notre cérémonie ; je n'aurai même pas été capable de donner une nuit de noces digne de ce nom à Lucy. Je tente de calmer mon coeur qui bat encore au rythme de la peur. Une véritable panique qui peine à me quitter. Je loge mon visage dans le cou de la jeune femme, avec un besoin maladif de réconfort. « J'ai besoin de toi. » dis-je en la serrant tendrement. « J'ai besoin que tu me guérisses. » Le corps et l'âme. Qu'elle panse mes plaies, m'embrasse, me rappelle que je suis à la maison ; qu'elle veille sur moi, me serre dans ses bras, me fasse oublier la guerre. Je n'ai besoin que d'elle pour aller mieux. « Je t'aime. » je murmure avant que Lucy se détache de moi. Elle se relève et se change. Je me redresse pour la regarder faire, me permettant d'admirer sa silhouette nue de dos. Elle enfile sa robe de nuit, ce qui semble fermer le chapitre, décrétant qu'il n'est pas encore temps pour ce genre de moments d'intimité. Elle me propose de nouveau de m'aider à retirer mes habits. « Non, ça ira, merci. » je réponds un brin trop sèchement, mais ma contrariété n'est dirigée que vers moi. Je ne suis pas fichu de coucher avec ma fiancée, je peux quand même bien me déshabiller seul. Je retire donc ma chemise, réprimant mes grimaces de douleur. La vision de ces bandages sur toute la surface du haut de mon corps m'assène un nouveau coup au moral. Le regard dans le vide, il me faut quelques secondes avant de me reprendre et cesser de me rabaisser. Assis au bord du lit, j'attire Lucy un peu plus près de moi, face à moi, entre mes genoux écartés. Pendant quelques secondes, je me contente d'observer la silhouette couverte par la robe de nuit. Ample, elle ne laisse deviner que la courbe de sa poitrine, et très légèrement ses hanches. Du bout des doigts, je frôle l'une de ses jambes, le long de sa cuisse. En remontant sous le tissu, suivant sa silhouette avec attention, lentement, je comprends qu'elle ne porte rien en dessous. Je poursuis le long de sa taille, de ses côtes, toujours délicatement, un brin timide et hésitant. Comme si l'on m'avait donné l'autorisation de frôler une toile de maître, à moi le garçon aux chevaux. Je songe à ce qu'on dit lorsqu'on fait une chute. On se relève, et on y retourne. Attendre et se laisser abattre, c'est laisser la porte ouverte au mal afin qu'il s'incruste plus profondément, formant une peur bien ancrée. Mes doigts effectuent le chemin inverse le long du corps de Lucy, puis caressent le tissus qui la recouvre. « Enlèves-la. » je murmure en osant enfin croiser son regard. La jeune femme s'exécute, laissant son corps à nu devant moi, malgré toute sa timidité. Elle est magnifique. Elle est parfaite. En tous points. Je pose un délicat baiser sur son ventre. Puis un second, un peu à côté. Et un autre, au dessus. Mes mains se posent sur ses reins, dans le creux de sa sublime courbure. Mon coeur repart à toute allure, les faisant légèrement trembler. Elles glissent sur ses fesses, ses jambes. D'une légère pression, j'invite Lucy à poser ses genoux de part et d'autre de mon corps, retrouvant sa place initiale. Les baisers parsèment le haut de son corps, lentement, jusqu'à trouver sa poitrine. J'embrasse délicatement l'extrémité d'un de ses seins avant de le prendre plus pleinement en bouche, et la flatter ainsi pendant de longues minutes ; pendant ce temps, entre ses cuisses, je dépose quelques doigts sur son intimité et effectue des caresses tendres et appliquées. Mes pommettes brûlent de nouveau.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Dan ne parvenait pas à mettre les mots qui pouvaient définir la manière dont il se sentait. Elle devinait qu'il n'y avait rien de positif là-dedans, avec son regard fuyant, presque apeuré. Il finit par se blottir de lui-même contre sa belle, logeant sa tête dans le creux de son cou. Lucy lui caressait tendrement les cheveux, tout en restant silencieuse. "Je suis là." lui dit-elle tout bas, lorsqu'il disait à quel point il avait besoin d'elle. "Et je te soignerai, qu'importe le temps que cela prendra." lui assura-t-elle. Ils étaient encore jeunes, panser ses blessures de guerre ne représentera qu'une seconde dans leur vie à deux, et elle comptait bien la faire la plus agréable possible pour lui. Elle lui devait ça. "Je t'aime aussi." lui répondit-elle de sa voix douce, juste avant de se lever et de se changer. La jeune femme lui avait demandé s'il avait besoin d'aide pour qu'il enlève ses vêtements, au moins sa chemise. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il réponde aussi sèchement, et en fut surprise. Elle le regarda tristement, sans oser dire quoi que ce soit, afin de ne pas risquer de l'énerver une nouvelle fois. Lucy joignit ses mains devant elle, sans savoir quoi dire ni quoi faire, et observant silencieuse son fiancé retirer lui-même ses vêtements. Elle savait qu'il avait mal, elle le ressentait parfaitement bien. Quelques minutes passèrent avant qu'il ne finisse par l'attirer vers lui, d'une main. Son coeur battait à folle allure, elle ne savait pas vraiment pourquoi. Tout doucement, les mains de Dan se posèrent sur ses cuisses, et glissèrent vers le haut de son corps avec cette même lenteur. Il touchait sa peau avec énormement de délicatesse, comme si elle était d'une extrême fragilité. Il semblait être passoinné par ce qu'il effleurait. Puis il rebroussa chemin, afin de passer ses mains par dessus sa chemise de nuit, lui demandant ensuite de la retirer en la regardant, enfin. Lucy se sentait un peu nerveuse, étrangement, mais s'éxecuta sans dire mot. Elle avait l'impression que son coeur allait exploser dans sa poitrine, avec cette idée venant de nulle part qui lui disait qu'il n'aimerait peut-être plus son corps. Sa respiration devenait alors haletante avant même qu'il n'ait recommencé à la toucher. Il embrassait alors délicatement son ventre à plusieurs reprises, en plaçant ses mains sur le bas de son dos. Lucy fermait les yeux afin d'apprécier au mieux son contact et une de ses mains vint se loger dans ses cheveux. Dan l'incita ensuite à retrouver la même place qu'elle avait avant, afin qu'il puisse continuer sa cascade baisers sur tout le haut de son corps. Il s'aventura ensuite jusqu'à sa poitrine, ce qui la fit longuement soupirer de plaisir et il intensifia ses caresses. L'une de ses mains allait même jusqu'à son intimité, qu'il chérit avec tendresse. Elle commençait à gémir doucement, basculait parfois sa tête en arrière. Son bassin commençait à effectuer de très légers mouvements sensuels qui suivaient ceux des doigts de Dan. Ses mains s'agrippaient autour de sa nuque, et l'observer faire ne faisait qu'amplifier toutes ces sensations. Elle se laissait ainsi faire pendant de longues minutes. Même s'il n'y avait que ça, qu'il ne voudrait pas aller plus loin, elle serait heureuse. Ils s'étaient à nouveau touchés et découverts, cela ne pouvait aller qu'en s'améliorant avec le temps, avec ses blessures qui allaient guérir et l'envie qui n'allait que décupler. Lucy se risqua tout de même à retirer le sous-vêtement de son amant, rien que pour savoir que l'on avait retiré le maximum de choses pour pouvoir le sentir tout contre elle. A son tour, elle fit quelques caresses au niveau de sa virilité, venant chercher ses lèvres pour l'embrasser passionnément. D'autres minutes passèrent, et elle plongea son regard dans le sien, guidant sa virilité pour s'introduire tout doucement en elle. Ceci lui coupa la respiration par un plaisir, puis elle soupira longuement lorsqu'elle le sentit entièrement en elle. Elle ne savait pas s'il voulait aller plus loin, s'y risquer ou non. Lucy tirait déjà une énorme satisfaction de l'avoir au plus près d'elle possible, même si ce n'était que pour quelques secondes.
Je ne m'attendais pas à ce qu'elle décide de franchir le pas d'elle-même. Alors c'est avec une certaine surprise que je sens que sa main guide ma virilité en elle. Elle se laisse glisser dessus tout du long, jusqu'à ce que nous soyons pleinement l'un dans l'autre. Mes yeux se ferment pour sentir le moindre détail de cette caresse, et me délecter d'un contact qui m'a terriblement manqué. La satisfaction est immense. Celle d'être là, avec elle, tout à elle ; de retrouver son corps, ses caresses, ses baisers ; de finalement ne faire qu'un ce soir, et de ne plus vraiment ressentir de peur à cet instant là. Ma respiration s'est coupée, ma bouche ouverte cherche de l'air qu'elle n'arrive pas à inspirer, et lorsque j'expire de nouveau, soulageant mes poumons de cette soudaine accumulation de sensations, l'oxygène tremble entre mes lèvres. Ce qu'il reste de crainte prend quelques secondes à s'évaporer. Ce n'est que lorsque je rouvre les yeux pour croiser le regard de Lucy, m'y plonger et m'y perdre complètement, que toutes mes pensées s'envolent. Mes mains glissent le long de son corps jusqu'à son beau visage et s'en saisissent afin de l'approcher du mien. Je capture ses lèvres tendrement, et au fil des secondes, de plus en plus passionnément. L'accord pour débuter quelques mouvements de reins est tacite, mais la jeune femme comprend bien vite que j'ai bien assez envie d'elle et aucune intention de mettre fin à l'union de nos corps. Nous pouvons pleinement profiter et vivre ce moment, nous pouvons nous aimer comme nous le voulons. Effectuer le moindre mouvement crée une vive douleur sur la peau recouvrant le muscle sollicité. Je suis forcé de laisser Lucy mener la danse, utiliser ses hanches et ses jambes pour aller et venir. Je l'accompagne néanmoins à l'aide de mes mains qui ont saisissent ses cuisses -et parfois ses fesses. Qu'importe que la houle soit lente ou rapide, tendre ou passionnée, tant que le rythme et l'intensité convient à la jeune femme qui ondule tout contre moi. Chacun de ses mouvements m'apporte bien assez de sensations, formant de délicieuses vagues de plaisir qui se traduisent par autant de frissons, de souffles et de gémissements. J'avoue être trop occupé à l'admirer pour l'embrasser. Quand mon regard n'est pas complètement noyé par ses iris bleus, happé par plus d'amour qu'il ne peut en être contenu dans un seul corps, il glisse sur le galbe de sa poitrine, le creux de sa taille, la courbe de ses hanches, et sur son intimité qui caresse inlassablement la mienne. Sur toute cette perfection, cette œuvre d'art dont je n'arrive pas à croire qu'elle est mienne. La caresse du haut de son corps contre mon torse me manque affreusement. Ne pas sentir sa chaleur à cet endroit est particulièrement frustrant. Peu de choses traversent les bandages. Alors je compense ces sensations manquantes par d'autres, caresse la silhouette de la belle de partout, pose une main sur son sein, l'autre sur son postérieur, tenant fermement sa chair si douce. Le plus souvent, je garde mes lèvres au bord des siennes, les frôlent, et respire l'air chaud qui les traverse. Ce n'est que lorsque je bascule lentement en arrière, afin de m'allonger sur le lit, que je capture sa bouche avec une passion immodérée. Être à sa merci de la sorte ne me gêne pas tant que le plaisir est entier. Et puis je me sens en sécurité, à la maison, là, dans ses bras, le visage enfoui dans son cou, dans ses cheveux, en elle, entier. Faute de pouvoir faire plus à cause des bandages et de la douleur, j'embrasse Lucy avec autant d'amour que possible, parsème chaque centimètre carré de ses lèvres, joues, de son cou, ses épaules, ses clavicules, de nombreux baisers. Les brûlures de mon dos se manifestent certes de temps en temps, mais je ne laisse pas ces courtes secondes douloureuses gâcher quoi que ce soit. Elles se manifestent et repartent aussi vites qu'elles sont apparues, me laissant goûter au plaisir d'être pleinement avec cette que je considère déjà comme ma femme, et accumulant dans mon être toutes ces sensations qui mènent peu à peu à l'ivresse.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
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Le retrouver ainsi était une chose dont elle se délectait totalement. Voir son regard vert et toutes ses appréhensions s'envoler n'était qu'un élément qui décuplait toutes ces sensations agréables. Elle avait entendu sa respiration se couper par le plaisir, avant de parvenir inspirer de l'air dans ses poumons. Ses mains fortes parcoururent doucement son corps jusqu'à arriver à son visage, qu'il prit pour pouvoir y embrasser ses lèvres de manière langoureuse, comme s'il la dévorait avec délice. Lucy se doutait bien que ça devait être elle qui devait effectuer ces mouvements de bassin afin de partager ce moment intime. Son fiancé voulut tout de même essayer, mais la douleur vive le stoppa bien assez vite. Sans attendre, elle commença à faire de légers mouvements de bassin du haut vers le bas. Dan la guida tout de même en posant ses mains sur ses cuisses, ou ses fesses. Sentir ses doigts s'enfoncer dans sa chair lui arracha un gémissement. Les yeux fermés afin de se laisser guider par le plaisir, elle ne savait pas qu'il l'admirait continuellement, et répondait avec tout autant de passion à ses baisers. Sans qu'elle ne s'en rende véritablement compte, elle accélérait le rythme de ses mouvements. L'une des mains de Dan se déposa sur l'un de ses seins, lorsqu'elle n'allait pas caresser sa peau ailleurs. Mais elle l'incita régulièrement à ce qu'il la remette sur sa poitrine. Lucy devait certainement avoir chaud pour tous les deux, parce qu'une particule de sueur la recouvrait déjà entièrement, avec l'effort physique. Dan finit par se laisser basculer en arrière, tombant délicatement sur le dos sans se détacher qu'il embrassait on ne peut plus passionnément. Lucy n'hésitait pas à suçoter l'une de ses lèvres avant de reprendre de plus belle. Penchée sur lui, elle continuait ses mouvements de bassin plus intenses, et commençaient à en être essoufflée. Parfois, elle se redressait pour prendre un peu d'air frais et mouvoir ses reins différemment. Jusqu'à ce que ses lèvres commencent à lui manquer, et qu'elle se penche à nouveau pour les retrouver, et s'imprégner de la moindre particule d'air qu'il expirait. Elle voulait tellement qu'il prenne autant de plaisir possible, qu'il parvienne à cette phase de non-retour en se libérant en elle. C'était ce qui comptait le plus à ses yeux. Qu'il oublie totalement sa douleur et ses souvenirs pour se laisser abandonner à cette phase volupté, là où ils ne faisaient véritablement qu'un, tous les deux. Elle l'aimait tellement. Lucy continuait ses mouvements qu'elle ne savait pas si sensuels jusqu'à ce qu'elle voit qu'il perde pied et qu'il s'échappe loin d'ici. Elle ne tarda pas non plus à le rejoindre, sentant ses muscles se crisper un à un. Elle logea immédiatement son visage dans son cou afin d'y étouffer un lon gémissement tandis que son corps tout en entier frémissait. Elle faisait bien attention de ne pas trop s'appuyer contre lui, le gardant bien en elle. Il lui fallut un certain temps pour retrouver la force de se redresser et de croiser son regard, d'un air tendre. Elle caressait son visage avec le bout de son nez, ou avec ses lèvres le temps qu'elle retrouve une respiration décente pour pouvoir l'embrasser à nouveau. Un baiser tendre et délicat. Elle voulait encore le garder un peu en elle, refusant de rompre si facilement ce contact après une telle absence. "Je t'aime." lui dit-elle tout bas. Elle passait ses doigts sur sa joue, son front, ses cheveux, avec délicatesse. Après quelques minutes, elle finit par se détacher de lui et l'invita à aller sous les draps avant qu'ils n'attrapent froids. Ils étaient tous les deux allongés sur le flan, l'un face à l'autre. Lucy ne se lassait pas de le regarder et de lui de sourire. Elle prit l'une de ses mains pour la déposer sur elle. "Tu es bien là, avec moi." Lucy s'approcha de quelques centimètres de lui et ajouta, avec des yeux pétillants. "S'il faut que je t'embrasse pour le prouver encore une fois, je le ferai."
N'importe quel homme aime être ainsi choyé par sa femme. Qu'elle mène la danse avec attention et ressente autant de plaisir qu'elle en fournit à son partenaire. Qu'elle se laisse caresser, embrasser, chérir de toutes parts, un regard envieux et admiratif posé sur elle, la dévorant complètement. Qu'elle soit la reine de ce moment pendant que l'on se délecte du contact de son corps ondulant avec une folle sensualité, de ses soupirs et de ses gémissements qui résonnent dans l'air, de ses baisers passionnés qui échangent bien plus de mots que l'on ne pourrait en articuler. Je laisse à Lucy un parfait contrôle de la situation, et malgré sa récente expérience, elle maîtrise la houle tout naturellement. Elle est de toute beauté, lorsqu'elle se redresse un peu, qu'elle capture mon regard ou me laisse admirer les courbes de son corps de mouvoir harmonieusement. D'un coup d'oeil, je peux observer ses vas-et-viens, nous voir l'un dans l'autre, enlacés et délacés inlassablement, et cette vision ne fait que décupler les sensations. Tout ce plaisir s'infiltre dans mes veines et envahit le moindre de mes muscles à grande vitesse. Ma virtuose me mène avec une facilité déconcertante droit au septième ciel. Alors qu'elle accélère peu à peu, qu'elle intensifie ses mouvements, ma respiration s'arrête et mon corps entier se crispe, brûlant. Implosant sous une dernière vague de plaisir dévastatrice, délicieuse, qui se libère en elle. Lucy connaît à son tour ces sensations si délectables, cette volupté qui fait perdre pieds. Mes doigts se logent dans ses cheveux pendant qu'elle exhale ce plaisir dans un gémissement. La pauvre est bien essoufflée, le corps couvert de sueur à cause de l'effort intense qui lui a été demandé durant de longues minutes. Ses jambes doivent être bien fatiguées. Mes mains posées dessus les caressent tendrement, du bout du pouce, formant quelques discrets massages pour ses muscles. La jeune femme reste tout de même là encore pour un moment de tendresse. Un sourire en coin, je la laisse parcourir mon visage avec le bout de son nez. Nous nous frôlons ainsi l'un l'autre pendant quelques minutes. Une caresse des plus douces et agréables. Mon regard débordant d'abord croise le sien pour répondre à ses mots. Je lui vole un baiser avant qu'elle ne détache enfin nos corps. Nous fuyons l'air frais de la chambre en filant sous la couette. L'un face à l'autre, nous gardons le contact de nos peaux nues, laissant nos êtres continuer de se retrouver complètement, nos chaleurs se mélanger et s'assimiler. Je glisse un bras sous sa tête et entoure sa petite silhouette de l'autre, l'étreignant ainsi tendrement. Avec un sourire amusé, c'est moi qui l'embrasse pour prouver que je suis bel et bien rentré. Je l'embrasse longuement, chérissant chaque parcelle de ses lèves, goûtant le bout de sa langue et la frôlant délicatement ; de plus en plus langoureusement, je ne me défaits pas d'elle, quitte à manquer d'air. Je la serre un peu plus fermement, la colle tout contre moi, espérant sentir un peu de sa chaleur à travers les bandages faute d'être privé du contact de sa peau douce. Finalement, délicatement, je guide la jambe de Lucy, l'invite à la relever sur la mienne, encercler ma taille s'il le faut. D'envie, mon bassin effectue quelques mouvements qui caressent mon intimité sur la sienne, avant de me glisser de nouveau en elle. Qu'importe la douleur qui crispe alors les muscles de mon dos meurtri. Elle m'a manqué, elle m'a tant manqué, et je continuerai malgré tout de lui faire l'amour comme je le veux après une séparation des plus angoissantes. Mes vas-et-viens sont lents, délicats, tendres, cherchant à faire durer ce contact aussi longtemps que possible, à lui transmettre toute mon affection. Je loge ma tête dans son cou, puis glisse mes lèvres jusqu'à son oreille. « Je t'aime. » j'y murmure entre deux soupirs d'un plaisir renaissant, et qui s'impose malgré le mal.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
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Lucy se sentait tellement bien, en restant ainsi auprès de lui. Elle sentait la chaleur enveloppante qui émanait de son corps qu'elle trouvait parfait, et qui était le plus agréable des contacts. Elle était à nouveau complète d'avoir ainsi retrouvé l'être aimé après une absence prolongée. Il lui avait tant manqué, tellement que ça avait commencé à la ronger de l'intérieur, à la meurtrir le jour où elle apprit qu'il avait été grièvement brûlé. Mais il était juste en face d'elle, bien déterminé à retrouver ss lèvres pour l'embrasser d'abord tendrement, jusqu'à ce que le baiser devienne langoureux. Il parcourait sans hésitation la moindre parcelle de ses lèvres, allant même trouver le contact de sa langue qu'il frôlait légèrement, inspirant ainsi tout l'air qu'elle pouvait expirer. Tout ceci était d'une passion démesurée, cela dépassait totalement la jeune femme qui se laissait submerger par ce flot d'émotions et de sensations sans la moindre résistance. C'était si agréable et délicieux à vivre qu'il était ridicule de lutter contre cela. La jeune femme se demandait si c'était normal de désirer autant quelqu'un juste après des ébats. Que l'on est terriblement envie de lui au point que cela soit oppressant. Doucement, la main de Dan saisit la jambe de sa belle qu'il fit passer par-dessus la sienne. Cela facilita le contact au niveau leur intimité, et ce simple contact la fit doucement gémir, les sons se déployant au fond de la gorge de son amant. Celui-ci commençait à faire des mouvements de bassin qui affolèrent le coeur de sa belle une nouvelle fois. Il finit par venir une nouvelle fois en elle. La respiration à nouveau des plus saccadées, de nombreuses mèches de cheveux venaient se coller contre son visage, encore humide et brillant. Le soldat commença alors de longs mouvements de rein qui faisaient déjà complètement fondre la jeune femme. Il laissa ses lèvres parcourir son cou jusqu'à son oreille, pour lui dire ces mots d'amour. "Je t'aime aussi." parvint-elle à dire avec difficulté, submergée par le plaisir qu'elle lui procurait. Instinctivement, elle se colla à lui, d'autant que cela pouvait être possible, comme pour s'unir et ne faire qu'un. Son bassin suivait parfaitement les mouvements de celui de son amant. Elle prit l'une de ses mains pour qu'il la pose au niveau de sa fesse pour qu'il la serre encore plus contre lui. A aucun moment elle ne posa les mains sur son dos. C'était soit sa nuque ou ses cheveux, soit l'oreiller, juste au-dessus de sa tête. Elle sentait à multiples reprises un frisson parcourir son échine, au moment moment de chaque mouvement de rein de son partenaire. Il ne faisait que faire durer le plaisir à son maximum, la rendant presque folle de sentir ce plaisir la submerger avec lenteur et délice. Elle le sentait venir de loin, mais il prenait tout ce temps, ce qui était à la fois excitant et frustrant. L'un n'allait certainement pas sans l'autre. Ses gémissements commençaient doucement à se multiplier. Elle dévorait ses lèvres sans retenue, venant mordiller l'une ses lèvres de temps en temps. Il était bien de retour, et il était bien avec elle. Elle avait l'impression que toute une vie s'était écoulée depuis la dernière fois qu'ils se sont vus. Elle ne se lassera jamais de ce contact, et de lui faire l'amour. Ils ne l'avaient fait que quelques fois, mais cela lui suffisait amplement pour se dire que ça allait être ainsi jusqu'à la fin des temps. Avec toujours cette sensation particulière, ce point similaire entre toutes ces vies où cette phase de bonheur pur les réunissait peut-être quelque part. Que chacun des protagonistes se comprenaient à ce moment-là, et savait que ce qu'était véritablement l'amour. Sans barrière, sans borne, sans limites. Dans son état le plus brut et le plus pur qui puisse exister. Pas d'artifice, ni d'extravagance. A cette étape-là, Dan l'y emmena sans difficulté, à ce moment où elle ne parvenait même plus à respirer tellement les sensations étaient démesurées, et où tous ses muscles se contractaient longuement avant de se relâcher et laisser évacuer ce cri étouffé par un baiser des plus langoureux.
La vive douleur dans mon dos ne disparaît jamais vraiment. Le plaisir l'anesthésie quelque peu, mais il y a toujours ces mouvements qui réveillent mon épiderme endolori sous les bandages. Lucy se refuge formellement d'y toucher. Ses mains se logent dans mes cheveux, approchent un peu plus mon visage pour m'offrir des baisers plus amoureux les uns que les autres. La cadence reste lente et ample un long moment. Il ne m'est pas possible de faire autrement, mais qu'importe, les sensations ne sont pas moindres. Au contraire. Les mouvements du corps de la jeune femme accompagnent les miens à la perfection, elle danse sensuellement tout contre moi, et ses hanches ondulant pour accentuer les vas-et-vient forment des vagues sublimes qui me font complètement fondre. Ma main libre posée sur sa fesse empoigne sa chair, l'approche un peu plus de moi alors que nous sommes déjà au plus près l'un de l'autre. Ce moment n'est que tendresse, et c'est ce dont j'ai besoin pour nourrir mon âme. Avoir ma moitié à mes côtés, et échanger toutes ces émotions dans un cycle sans fin allant d'elle à moi et de moi à elle. Lorsque la cadence s'accélère, ce n'est pas de beaucoup. Les mouvements se font surtout plus intenses lorsque je devine Lucy une nouvelle fois proche de cette vague de volupté qui la rend si belle lorsqu'elle traverse les traits de son visage. Son petit corps aux muscles crispés se colle tout contre moi alors qu'elle étouffe son gémissement du mieux qu'elle peut. Je l'incite à loger son visage au creux de mon cou. Caressant sa cuisse du bout des doigts, je la laisse calmer sa respiration et son rythme cardiaque, pendant que je fais de même de mon côté, inhalant son parfum autant que possible. Une fois retiré d'elle, je l'étreins encore un petit moment. Le sommeil ne tarde pas à revenir à la charge suite à toutes ces émotions. Alors je laisse à Lucy le temps de s'endormir ainsi, logée dans mes bras, avant de trouver une position me permettant de dormir à mon tour sans plus solliciter mon dos.
Il me semble que cela ne fait que cinq minutes que je me suis profondément endormi quand je rouvre les yeux, le coeur et les tripes soulevées par une vague de panique qui a lancé mon coeur au galop et trempé mon épiderme de sueur. Une panique qui réveille Lucy dans le même sursaut que le mien. Le regard hagard, j'observe longuement la chambre sans la reconnaître, sans parvenir à savoir où je me trouve, ni comprendre pourquoi je ne suis pas au campement de l'autre coté de la mer, où sont mes frères. Où est Tom, où est Scott. Je me redresse subitement, un peu plus effrayé à force de ne pas savoir où je suis. Trop subitement. Si bien que je grimace et, surpris par cette vive souffrance qui couvre mon dos lâche un cri de douleur qui résonne dans toute la chambre. Haletant, je porte mes mains sur la surface du bandage, sans comprendre pourquoi il m'entoure tout le haut du corps. J'ai envie de tirer dessus tant je me suis serré, oppressé dans ces bandelettes. Mais mes doigts moites sont bien incapables de s'en saisir. Sur le moment, je ne réalise même pas que la jeune femme est à côté de moi. Je ne l'entends pas. Sa voix n'atteint pas l'unique oreille valide qui est déjà assaillie par les souvenirs d'explosions lointaines. Des bruits qui suffisent à faire défiler les images devant mes yeux, qui bien que petit à petit, le film me fait revoir à une vitesse folle la chute de chaque cadavre, la mort de mon ami, l'incendie du camp. Mon agitation ne fait qu'accroître la douleur qui électrise mon échine de bas en haut. Seigneur, ce que ça fait mal. La tête serrée dans un étau, je n'arrive pas à me reprendre, et noyé dans ma panique, je rejette brutalement Lucy lorsqu'elle tente la moindre approche comme si elle était une menace supplémentaire dans ce monde entre cauchemar et réalité dont je ne parviens pas à m'arracher.