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 run boy run -- naomi

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Message(#)run boy run -- naomi EmptyVen 12 Aoû - 22:11

run boy run
Reese n’a pas fermé l’oeil depuis plus de vingt-quatre heures. Les insomnies enchaînées, sans qu’il ne sache si ses colocataires d’un temps l’ont remarqué. Il tâche de se faire discret, lorsque cette nuit encore, ses prunelles demeurent grandes ouvertes. Une de ses jambes tombe du canapé, l’autre est couverte par le plaid. Son regard perdu sur le plafond, il inspire profondément, pour la cinquième fois. Seulement, cette fois-ci, il expire immédiatement, dans un long soupire. Ça fait plus d’une minute, et il se sent complètement stupide d’avoir cherché une technique pour s’endormir sur internet. Peut-être qu’il le fait mal, mais Reese préfère se dire que c’est cette technique la fautive. Il se retourne sur le sofa, pour la vingt-huitième fois, probablement. Il s’agace, et le sommeil lui échappe d’autant plus. Alors, dans un bref regard vers la chambre de l’appartement, il finit par se lever. Il enfile le premier hoodie qu’il trouve dans sa valise à moitié déballée dans le salon de Hugo, sans prêter la moindre attention à l’accord des couleurs entre ce dernier et son jogging. Chaussures aux pieds, portable, paquet de clopes et briquet dans la poche, il se glisse jusqu’à l’entrée où il se saisit d’un trousseau de clés. Il tente de ne faire aucun bruit lorsqu’il déverrouille la porte d’entrée, jetant quelques regards par-dessus son épaule pour vérifier que personne ne viendra le surprendre. Il ne soupire bruyamment qu’une fois la porte refermée derrière lui, alors qu’il vient d’ores et déjà placer ses écouteurs dans ses oreilles. Et le voilà parti, au milieu de la nuit.

Les rues sont pratiquement désertes à cette heure-ci. Seules ses semelles résonnent sur le trottoir depuis une trentaine de minutes déjà, sa silhouette fendant l’air. Il court, inlassablement. Le souffle court, le coeur battant, il accélère la cadence lorsque la fatigue commence à lui comprimer les poumons. Il sait parfaitement que cette course ne lui permettra pas plus de dormir à son retour, bien au contraire. Mais il s’en contrefout, à cet instant précis. Toutes ses pensées néfastes s’envolent au rythme de la musique battant dans ses tympans, monopolisées par le bruit de sa respiration sifflante, par les muscles de ses jambes qui s’échauffent. Et lorsqu’il ne pense plus pouvoir aller plus vite, il ralentit soudain, l’air glacial engouffré dans sa gorge jusqu’à la rendre douloureuse. Il peine à reprendre son souffle durant les premiers instants, le menton relevé vers le ciel et les paupières closes. Il devrait arrêter la cigarette pour de bon. Il devrait, mais à la place, il en extirpe une de sa poche à peine sa respiration à peu près régulée. Il l’allume aussitôt, s’empresse de s’empoisonner après l’effort. C’en est presque risible, de constater combien elle lui procure bien plus de bien-être qu’une bouffée d’air frais. Mais alors qu’il retire ses écouteurs pour les ranger en pagaille dans la poche de son hoodie, clope coincée entre son index et son majeur, il se retourne au même moment, et en relevant les yeux, tombe sur une silhouette qu’il reconnaît immédiatement. Naomi. Autrement dit, une amie de longue date, à qui il n’a plus donné de nouvelles depuis des mois. Si son silence par messages n’avait rien de nouveau, quoiqu’il n’avait jamais été aussi prolongé, sa pure absence elle n’avait rien d’habituelle. Il fronce les sourcils, la respiration encore témoin de la course à laquelle il vient de s’adonner. Il jette un bref regard, du coin de l’oeil, aux immeubles longeant le trottoir, tentant de les identifier dans l’obscurité — il a couru au hasard dans le quartier, sans calculer où il finirait. Son attention se redirige presque aussitôt sur la brune. « Hey. » qu’il souffle finalement, ne cachant nullement être surpris de la croiser. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Est-ce qu’il aurait le culot de lui poser la question comme s'il n'avait pas disparu depuis des mois, et de la juger imprudente d’être seule dehors à cette heure-ci tout en l'étant lui-même, en plus de ça ? Absolument.
(C) PATR.ONUS


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Message(#)run boy run -- naomi EmptyDim 21 Aoû - 21:15

Ennuyeuse. Voilà l’adjectif qui qualifierait le mieux la soirée de Naomi — pour le moment, en tout cas. Elle était dans un club quelconque de la ville, où elle avait accompagné son client de la soirée. Un homme d’affaires dont elle ne se souvenait même plus du prénom, mais qui l’embrassait à pleine bouche sur un sofa de la zone VIP. Une attitude exubérante, qui laissait la brune perplexe : ce n’était pas dans les habitudes de ses clients, qui cherchaient plutôt la discrétion. Le champagne coulait à flot, et enivrait petit à petit les convives de son client. Naomi ne se privait pas de vider les coupes qui défilaient sans discontinuer, cherchant à tromper l’ennui d’une façon ou d’une autre. Une blonde, sur sa gauche, lui donna un coup de coude qui la fit pester et froncer les sourcils. « T’en veux un ? » Demanda la jeune femme, en ouvrant son poing, qu’elle tenait fermer, devant ses yeux. Dans le creux de sa paume, deux cachets. L’escort-girl hésita ; il était rare qu’elle se laisse tenter par quelques pilules. Mais ce soir… Ce soir, elle en avait envie. Elle en prit un, remercia d’un signe de tête la blonde, et l’avala avec une gorgée de champagne. En théorie, ceci devait marquer une étape cruciale dans la suite des événements — et ce fut le cas. Une trentaine de minutes plus tard, la soirée lui sembla être moins désagréable, moins chiante, moins ennuyeuse.


Elle avait quitté le club quand sa mission avait pris fin. Elle ne s’était pas contentée d’un seul cachet, comme elle avait initialement prévu de le faire. Elle s’était oubliée dans des paradis artificiels, et ça lui avait fait du bien. Momentanément, en tout cas ; parce que là, le chemin pour rentrer chez elle lui paraissait interminable. Et ses angoisses resurgissaient, violemment. L’avancée d’un homme en sa direction lui fit une peur bleue, jusqu’au moment où les traits du brun se firent plus nets. Elle l’avait reconnue… Mais n’osait pas y croire. « Reese. » Murmura Naomi en croisant le regard familier de son ami. Le silence se fit, alors qu’elle regardait avec une attention toute particulière le brun. Elle ne l’avait pas vu depuis des mois. De longs mois, au cours desquels il n’avait pas jugé bon de lui donner la moindre nouvelle. Pas même un petit signe de vie, pour la rassurer et lui dire que tout se passait bien. L’escort-girl sentit son ventre se nouer : revoir Reese lui procurait une décharge d’émotions contrastées qu’elle ne s’était pas attendue à vivre ce soir. Elle était à la fois heureuse, et en même temps terriblement en colère. Elle avait autant envie de le serrer dans ses bras que de le gifler ; et puisqu’elle était incapable de trancher, elle préféra attendre que ce soit le brun qui réagisse. « Je pourrais te retourner la question. » Rétorqua aussitôt Naomi, piquée au vif. Se justifier sur ses agissements et déplacements nocturnes auprès d’un homme devenu invisible ? Il n’en était pas question. Et si elle comptait garder le silence, c’était avant tout pour une chose : parce qu’elle n’était pas fière, tout simplement. Pas fière d’elle, de ce qu’elle faisait, de la soirée qui venait de s’écouler. Et elle ne voulait surtout pas que Reese soit au courant, parce qu’à coup sûr, lui non plus ne serait pas fier d’elle. Prête à affronter son ami, elle se redressa brusquement — un peu trop peut-être. Elle vacilla, et posa machinalement une main sur l’avant-bras de son interlocuteur pour tenter de reprendre son équilibre. Les diverses substances qu’elle avait consommé ce soir ne l’aidait pas à garder le cap, et elle devinait que la descente allait être compliquée à gérer. Elle profita de la stabilité du brun pour se redresser, et croisa finalement son regard. Avec aplomb, et en faisant abstraction du fait que Reese allait probablement immédiatement comprendre qu’elle n’était pas dans un état normal, elle consentit à répondre à sa question. « Je rentrais chez moi. » Seule, dans la nuit, dans un état second. Quelle personne sensée ferait ça ? Aucune… Sauf Naomi, apparemment. « Et tu devrais en faire tout autant. » Ajouta-t-elle à voix basse. Naomi n’était pas du genre à donner des conseils ; simplement, elle ne se sentait pas à la hauteur. Pour affronter Reese, pour se battre, pour mettre les choses au clair ; elle manquait de recul, elle manquait de sérénité, elle manquait de sobriété.


@Reese Grigson
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Message(#)run boy run -- naomi EmptyJeu 25 Aoû - 22:27

run boy run
La surprise prend le pas sur la joie, tout d’abord. Parce qu’il l’apprécie beaucoup, Naomi, et que la croiser est loin d’être une mauvaise chose pour lui. Seulement, il ne peut s’empêcher de relever le contexte, avant de s’en réjouir. Il aurait préféré la recroiser en lui proposant simplement de se voir, plutôt que dans la rue, seule, à une heure plus que tardive. Il ne peut s’en prendre qu’à lui-même, cela dit ; il l’a laissé sans nouvelles, sans prévenir qu’il partait, et dorénavant, qu’il revenait. Si n’importe qui pourrait croire que son silence laisse suggérer qu’il n’en a rien à faire, en réalité, ça ne contredit en rien l’affection qu’il a pour la brune à ses yeux. « Je pourrais te retourner la question. » Il reste silencieux, de longues secondes. Qu’elle lui pose la question serait bien plus légitime. Pour autant, il n’est pas satisfait par cette réplique. « Je suis sorti courir. » Il joue avec le feu, Reese. N’obtenant pas la réponse qu’il souhaite, il se permet l’insolence d’une mauvaise réponse, lui aussi — il pointe l’évidence, ignorant le coeur même de la question dont il a pourtant totalement conscience. Il n’a rien à faire à Brisbane, pas seulement dans cette rue, à cette heure-ci. Seulement, il oublie bien vite son comportement quelque peu puéril lorsque Naomi approche, et qu’elle se met à vaciller. Il fronce les sourcils, l’obscurité ne suffisant pas à lui faire manquer ce détail. Encore moins lorsque l’équilibre de la brune semble rompu, et qu’elle se rattrape à son avant-bras. Sa main se referme sur le sien, aussitôt, pour s’assurer de sa stabilité. Le regard qu’il porte sur elle laisse dorénavant apparaître une pointe d'inquiétude. Et puis, il croise celui de Naomi, et leur proximité lui permet de confirmer ses doutes. Ses pupilles dilatées couplées à sa perte d’équilibre achèvent de la trahir. Il a beau être le premier à céder aux excès, Reese s’agace de voir son amie dans cet état dans les rues désertes de Brisbane, au beau milieu de la nuit. « Je rentrais chez moi. » Visiblement, il n’est pas le seul ici à savoir faire preuve de toupet, puisqu’elle ignore sciemment ce qu’il vient de se passer. « Qu’est-ce que t’as pris ? » qu’il lance, sans détour, convaincu qu’elle s’est laissée tenter par une drogue quelconque. Le ton moralisateur n’est pas loin. La situation ne devrait pas le lui permettre mais Reese se permet tout, plus encore lorsqu’une personne à laquelle il tient agit dangereusement. « Et tu devrais en faire tout autant. » Il la dévisage, de longues secondes. Trois mois ont visiblement suffit à l’escort pour lui faire oublier à quel point le Grigson pouvait être têtu. Rentrer chez lui — ou du moins, chez Hugo — et laisser Naomi rejoindre son domicile par ses propres moyens n’est même pas une option envisageable pour lui. Il aurait déjà veillé à ce qu’elle rentre chez elle saine et sauve si elle était sobre. Autant dire que dans son état, ce n’est pas une fois devant son immeuble qu’il sera rassuré, mais devant la porte de son appartement. Il ne supporterait pas qu’il lui arrive quoique ce soit, encore moins après l’avoir croisé. « Je te ramène. » Et le ton qu’il emploie ne laisse aucune place à la négociation — de toute façon, quand bien même elle voudrait se débarrasser de lui, il n’est pas sûr qu’elle soit en capacité d’échapper à sa surveillance sans se rétamer sur le bitume. Une des raisons qui lui permettent de ne pas offrir son aide, mais de l’imposer. Il tire sur sa cigarette, recrachant la fumée dans un soupire, avant d’ouvrir l’application plans sur son téléphone pour se repérer. Il a beau déjà connaître l’adresse de Naomi ainsi que le quartier, puisqu’il vit dans le même, son sens de l’orientation une fois la nuit tombée est proche du zéro. « Tu fais chier Nao. » Ça aussi, c’est du culot. Mais il ne peut pas s’empêcher de pester, non pas parce qu’il la raccompagne, puisque c’est lui qui l’a choisi, mais parce qu’il désapprouve complètement la situation dans laquelle elle s’est mise. Il range son portable dans sa poche une fois un peu plus éclairé sur leur situation exacte dans Fortitude Valley, et l’invite à le suivre d’un mouvement de tête. « Allez viens. » Ce n’est pas comme si elle avait vraiment le choix.
(C) PATR.ONUS


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Message(#)run boy run -- naomi EmptyJeu 1 Sep - 19:10

« Génial, tu prépares un marathon ? » Demanda-t-elle sur un ton qui laissa transparaître toute l’ironie de leur conversation. Il se foutait d’elle ? Parfait ; elle n’allait pas le laisser s’en tirer à si bon compte. À ce petit jeu, elle pouvait exceller au moins autant que lui. Alors quand après avoir vacillé, il l’interrogea sur ce qu’elle avait pris, elle n’hésita pas une seule seconde : « Que les grands boulevards, bien éclairés. » Garce. Elle noyait le poisson, à la fois pour pousser Reese dans ses retranchements, mais aussi parce qu’elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle avait avalé. Ses lèvres s’étirèrent en un large sourire, témoignant clairement du fait qu’elle se fichait royalement de lui. Et pourtant, sa main qui s’était superposée à la sienne pour s’assurer qu’elle retrouve un semblant d’équilibre lui procurait une chaleur réconfortante. Elle s’empêcha d’y penser, ne souhaitant pas le laisser s’en tirer à si bon compte. « Tu vois, je ne suis pas si inconsciente. » Ajouta-t-elle en haussant les épaules. Tout, pourtant, laissait supposer l’inverse. Mais elle n’allait certainement pas laisser Reese lui faire la morale, alors qu’il était resté des mois sans lui donner la moindre nouvelle. Elle se confronta à lui, silencieusement, avant qu’il ne prenne la décision de la ramener chez elle. Elle ne pipa mot, mais accepta bien volontiers cette aide providentielle. En tout cas… Momentanément. « Moi je fais chier ? Moi je te fais chier ? » S’énerva-t-elle, sa voix montant dans les aigus. Elle aurait aimé rester calme, aurait aimé prendre du recul. Mais Naomi avait un tempérament de feu, volcanique, et Reese risquait bien d’en faire les frais d’un moment à l’autre. « C’est toi qui fais chier, Reese. » Commenta-t-elle, s’arrêtant brusquement de marcher. Faire fi des derniers mois, où le brun avait simplement disparu du paysage sans la moindre explication ? Sans jamais n’avoir pris la peine de donner des nouvelles ? Elle n’en était tout bonnement pas capable. Et vu l’état second dans lequel l’escort-girl se trouvait, elle n’aurait pas la patience d’être chez elle pour lui faire une scène. « Ça te donne bonne conscience d’être mon chaperon ce soir, hein ? » Pesta-t-elle, le regard noir. Il se retourna pour lui faire face, et son manque de réaction lui fit définitivement perdre son calme. « Après avoir disparu pendant des semaines entières, tu viens me faire la morale ? » Elle ricana, et passa une main dans ses cheveux ondulés. Elle n’était pas particulièrement à l’aise, mais elle n’allait certainement pas baisser les bras aussi facilement. « Tu sais quoi, Grigson ? Va te faire foutre. » Elle plongea sa main dans son sac, et en extirpa son portable. « Va te trouver une autre âme en peine à consoler. Je ne suis pas un cas d’étude. » Elle secoua la tête, et se tourna pour éviter d’avoir à parlementer davantage avec celui qu’elle considérait comme un ami. Mais elle se sentait peinée, et trahie. Ces deux sentiments ne faisaient clairement pas bon ménage. Agacée, elle pianota avec vigueur sur son écran tactile, en quête d’un numéro d’une compagnie de taxi. Elle soupira, ferma les yeux pendant une seconde alors qu’un mal de tête l’empêchait de se concentrer. Elle vacilla à nouveau, et ses paumes s’ouvrirent pour l’aider à garder l’équilibre. Une seconde plus tard, un bruit caractéristique lui fit comprendre que son téléphone était désormais au sol. « Merde ! » S’exclama-t-elle, s’accroupissant pour le ramasser. Son empressement ne faisait pas bon ménage avec le cachet qu’elle avait pris ; perdant ses repères spatiaux, elle bascula vers l’avant. Ses genoux cognèrent le sol avec brutalité, et elle déposa machinalement ses paumes sur le sol pour éviter que son visage ne vienne embrasser le bitume. Elle resta immobile de longues secondes, et sentit sa gorge se nouer et ses yeux gonfler. Non, elle n’allait pas pleurer. Pas ce soir, et certainement pas devant lui. « Laisse-moi tranquille. » Murmura-t-elle, alors que les pieds de son ami entrait dans son champ de vision. Sa présence ne faisait la sentir que plus misérable qu’elle ne l’était déjà. « Je n’ai pas besoin de toi, Grizz. » Ajouta-t-elle, se recroquevillant sur elle-même. C’était sa fierté qui parlait ; parce qu’en réalité, son coeur, lui, hurlait l’inverse. Et même si elle manquait de lucidité pour s’en apercevoir, l’utilisation du surnom de Reese était un élément tout, sauf anodin.


@Reese Grigson
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Message(#)run boy run -- naomi EmptyDim 4 Sep - 18:11

run boy run
« Génial, tu prépares un marathon ? » Leur échange prend des airs enfantins. Les sarcasmes roulent sur la langue, sans que l’un ne semble disposé à abandonner son rôle d’impertinence. « Maintenant que j’ai loupé celui de juin, je prends de l’avance sur le prochain. » Merveilleuse idée de rappeler son absence, comme si la tension entre eux n’était pas déjà suffisamment électrique. L’orgueil du Grigson l’empêche d’être le plus raisonnable. Ses réponses sont instinctives, à défaut d’être réfléchies. Comme un animal, son mécanisme de défense se manifeste dès lors qu’il se sent acculé. Et s’il pensait que la perte d’équilibre de Naomi interromprait leurs piques puériles, la brune parvient à lui prouver le contraire. « Que les grands boulevards, bien éclairés. » Celle-ci, il ne l’a pas volé. Malgré tout, son regard se durcit, et ce petit jeu lui semble tout-à-coup bien moins amusant. Il ne pense pour une fois pas au dernier mot qu’il aurait voulu avoir, focalisé sur le fait qu’elle n’a pas répondu à sa question. Son sourire ne lui fait serrer la mâchoire que davantage. « Tu vois, je ne suis pas si inconsciente. » Si, elle l’est. Qu’elle dise le contraire pour exacerber son agacement fonctionne à merveille. « La prudence incarnée. » qu’il siffle, venimeux. A cette heure-ci, et s’il n’y a personne aux alentours, il doute fortement que les réverbères dissuadent qui que ce soit de s’en prendre à elle. Pour cette raison, il ne la laissera pas lui filer entre les doigts, Reese. Déterminé et buté, il entreprend de la raccompagner chez elle, pour s’assurer qu’elle rejoigne son appartement en un seul morceau. Et si tout d’abord, Naomi lui donne l’impression de vouloir se montrer coopérative, le suivant sans résistance, il suffit d’une phrase pour tout envoyer valser. « Moi je fais chier ? Moi je te fais chier ? » Il s’interrompt dans ses mouvements, et fronce les sourcils lorsque la voix de l’escort s’élève. Ses doigts sont encore noués à son portable dorénavant rangé dans sa poche. « C’est toi qui fais chier, Reese. » Il reste silencieux, ses traits fermés ne trahissant aucune des émotions le traversant. « Ça te donne bonne conscience d’être mon chaperon ce soir, hein ? » Cette fois-ci, il ne peut s’empêcher de tiquer. Il se retourne vers la brune, un éclat de colère à peine perceptible s’insinuant dans ses prunelles, sans qu’il ne veuille se laisser emporter, lui aussi. « T’insinues quoi, au juste ? » qu’il parvient à rétorquer avec un semblant de calme, qu’on pourrait facilement confondre avec de l’indifférence. Est-ce qu’elle pense sérieusement que c’est ce qui le motive à le faire ? Il déteste l’idée qu’elle puisse penser ça, même une seconde. « Après avoir disparu pendant des semaines entières, tu viens me faire la morale ? » Oui, c’est ce qu’il fait. Sans honte, sans remords. Une disparition de sa part ne suffit pas à lui faire mordre sa langue pour s’empêcher tout commentaire. Il aurait pu disparaître des années, qu’il se serait permis la même chose. Il ne s’en cache pas, soutenant le regard de la brune sans vaciller. « Tu sais quoi, Grigson ? Va te faire foutre. Va te trouver une autre âme en peine à consoler. Je ne suis pas un cas d’étude. » Il plisse légèrement les yeux, roule sa langue au creux de sa joue pour contrôler la vague de colère le frappant. Comme s’il était en quête de reconnaissance, comme s’il se souciait de son quota de bonnes actions. Il pourrait comprendre qu’elle remette son amitié en doute, après le silence qu’il lui a laissé. Mais il ne parvient pas à l’accepter. Naomi en profite pour lui tourner le dos à son tour, les paumes accrochées à son téléphone. S’il ne lui emboîte pas immédiatement le pas, l’observant s’éloigner dans une démarche incertaine, c’est finalement lorsqu’elle vacille pour la seconde fois qu’il fronce les sourcils, en alerte. Seulement, elle ne lui laisse pas le temps de se lancer à sa suite, s’abaissant pour ramasser le portable perdu dans le processus. Il suffit d'un geste un peu trop précipité pour que ses genoux frappent brutalement le trottoir l’instant suivant, et fassent sursauter le palpitant du Grigson. « Merde. » Il siffle entre ses dents, jetant sa cigarette sur le bitume, et franchit les quelques mètres les séparant à grandes enjambées, après l'avoir écrasé sous sa semelle. Une fois auprès d’elle, il s’abaisse sans hésiter. « Ça va ? » Son inquiétude est entravée par son ego, ne la laissant qu’à peine transparaître dans sa voix. « Laisse-moi tranquille. » « Arrête. » qu’il souffle, certainement plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu, et du tac au tac. Il ordonne, sans se soucier de la façon dont ce sera perçu par la brune, alors qu’il enroule instinctivement ses doigts autour de son poignet pour l’aider à se redresser. Il n’a jamais su se comporter comme il le fallait en ayant quelque chose à se faire pardonner, Reese. Des excuses dans sa bouche sont aussi rares qu’une éclipse dans le ciel. « Je n’ai pas besoin de toi, Grizz. » L’emploi de son surnom, inattendu, le déstabilise quelques secondes, l’interrompant dans ses mouvements et laissant planer un silence de plomb. Pas suffisamment pour lui faire oublier tout ce qui l’a précédé, cela dit. « Ça se voit. » Si l’ironie transperce sa voix de nouveau, son ton, en revanche, s’adoucit. La voir dans cet état lui pince le coeur. « Tu peux te relever ? » La chute n'a pas dû lui infliger plus que des éraflures, mais c'est plus de son équilibre qu'il se méfie dorénavant. C'est donc avec prudence qu'il passe une main dans son dos, la seconde soutenant l'un de ses avant-bras pour l'aider à se remettre sur ses deux pieds. Ce n’est pas pour autant qu’il la lâche une fois debout. Il avise ses genoux et ses paumes, écorchés, avant que son regard ne regagne le sien. « Je vais commander un uber. » Même si le domicile de Naomi est accessible à pieds, il préfère opter pour quelque chose de plus sage. Pour autant, il ne le commande pas pour une personne, mais deux. Il a toujours été méfiant, Reese. Inutile donc de préciser qu'il ne confiera pas son amie sous l'emprise d'une substance dont il ne sait rien au premier conducteur qui passe sans se tenir à ses côtés. Il ouvre l’application sur son portable, ne prend que quelques instants pour valider la course. « Et je viens avec toi. » Il le précise, au cas où ses intentions n'étaient pas déjà suffisamment claires. La brune pourrait bien le rejeter cent fois, il n'en démordra pas pour autant. Qu'importe si ses méthodes sont douteuses. « Je voudrais pas que ma B.A. du jour me passe sous le nez. » qu'il assène finalement, dans un regard en coin, alors qu'il range son portable dans sa poche. C'est plus fort que lui. Il est vexé, Reese. Et certainement que ce n'est pas légitime de sa part, mais ça non plus, il n'en a rien à faire. Si son penchant opportuniste ne fait aucun doute, il estime qu'il ne donne pas son amitié assez facilement pour qu'on puisse douter de ses intentions par la suite. « Il doit arriver d'ici cinq minutes. » Et il n'a dorénavant plus de clope pour se détendre. Seulement ses doigts encore noués au bras de l'escort, sans même le réaliser. 
(C) PATR.ONUS


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Message(#)run boy run -- naomi EmptyDim 18 Sep - 8:35

« T’as bien raison. Tu pars de loin, avec ta consommation de nicotine. » Fit-elle remarquer en haussant les épaules. Puisqu’ils se moquaient mutuellement l’un de l’autre, elle ne voyait pas pourquoi elle devrait mettre fin à cette subtile mascarade. À vrai dire, l’étrange tension qui s’était établie entre eux devenait de plus en plus prégnante, de plus en plus électrique, de plus en plus inquiétante. La tempête grondait, et les éclairs ne tarderaient probablement pas à venir zébrer leur relation amicale. Blessée au plus profond d’elle-même, Naomi n’avait certainement pas envie de faire le moindre effort. Et, paradoxalement, elle n’était pas prête non plus à admettre à voix-haute que le départ soudain et précipité de Grigson l’avait rendue triste. « C’est mon deuxième prénom. » Rétorqua-t-elle, un sourire amusé se glissant sur ses lèvres. La prudence n’était clairement pas le premier trait de caractère dont Naomi faisait preuve. Désormais, leur joute verbale allait au-delà de l’ironie — ils se foutaient carrément l’un de l’autre, maintenant. L’escort-girl n’était pas naïve : elle savait que son état ne lui permettait pas de rentrer seule et sereinement chez elle ; pourtant, elle avait lutté et s’était engagée le long des rues plus ou moins éclairées de la ville. Jusqu’à tomber sur Reese, dont l’apparition soudaine aurait pu lui sembler divine, si seulement elle avait cru à l’au-delà. Sans réelle surprise, la situation entre les deux s’envenima : Naomi, agacée, s’emporta et laissa échapper sa colère et crache son venin. Sa prétendue complaisance, sortie d’on ne sait où, faisait faire des bonds à l’escort-girl. C’était trop facile de se comporter comme ça, d’adopter un ton moralisateur, quand on pointait aux abonnés absents depuis de longues semaines. « Exactement ce que tu penses. » Siffla-t-elle d’une voix tranchante et sans appel. Elle ne se reconnaissait pas, dans sa relation avec Reese. Oh, bien sûr, ils avaient déjà été en désaccord. Souvent, même. Mais jamais, ô grand jamais, ils ne s’étaient montrés aussi durs et aussi implacables l’un envers l’autre. L’apparente indifférence de Reese rongeait Naomi, et la rendait encore plus amère ; pourquoi était-il aussi peu impacté, aussi peu impliqué, quand elle se sentait dévastée ? S’était-elle trompée sur les bonnes relations qu’ils avaient toujours eues ? Elle savait que ses émotions étaient décuplées, en raison des substances qu’elle avait ingurgité ce soir. Mais même si elle avait été sobre et clean, elle aurait accusé le coup. Le regard noir, elle se détourna de son ami et s’éloigna sans même lui accorder un dernier regard. Désormais certaine que son état ne lui permettrait pas de rentrer chez elle en toute sécurité, elle se mit en quête du numéro de la compagnie de taxi — mais avant de parvenir à trouver la moindre information, son équilibre précaire et son cerveau embrumé lui firent rencontrer le sol. Elle touchait le fond, Naomi. Mais sa fierté, une fois de plus, dicta ses paroles. Elle ne voulait pas de son aide, parce qu’elle ne voulait pas lui être redevable. Elle ne voulait pas qu’il s’en sorte à si bon compte, alors que son attitude l’avait blessée. Et pourtant, elle ne put s’empêcher de frissonner lorsque la paume de Reese s’enroula autour de son poignet. « J’ai pas envie. » Répondit l’escort-girl, alors que son ami lui demandait si elle pouvait se relever. L’ultime tentative pour le faire sortir de ses gonds, et pour lui faire comprendre qu’il n’était pas le bienvenu. Et encore moins un sauveur, encore moins son sauveur. À la force de ses bras, il la redressa et s’assura qu’elle restait stable avant, à son tour, de pianoter sur son téléphone pour commander un taxi. Las, la brune ne chercha même pas à lutter ; elle était comme vidée de toute énergie, toute force. « Fais ce que tu veux, ça ne changera rien. » Dit-elle en haussant les épaules. S’il pensait s’en tirer à si bon compte, il se trompait ; il ne suffisait pas d’appeler un taxi pour réparer des mois de silence. Pourtant, paradoxalement, elle le laissait maintenir une forme de pression sur son bras. Naomi ne l’avouerait jamais à voix haute, mais elle trouvait ça rassurant.  Le silence se fit, au cours duquel l’escort-girl songea aux dernières semaines. Elle avait déconné, souvent. Physiquement, mentalement, moralement : elle s’était laissée submerger.


Le chauffeur arriva plus vite que prévu, et Naomi dégagea son poignet de l’emprise de Reese. Cette mascarade avait suffisamment duré, et son touché chaleureux lui rappelait amèrement à quel point elle était glacée. Métaphoriquement, et littéralement. Les premiers effets, sans doute, de la descente aux enfers qui s’annonçait. Elle se faufila dans le taxi, et soupira en constatant que Reese mettait à exécution ses propos. Il s’engouffra à sa suite, apparemment décidé à accomplir sa bonne action du jour. L’escort-girl se colla contre la portière opposée, et déposa sa tête contre la vitre froide. Son regard se perdit à l’extérieur, et elle regarda défiler le paysage endormi de Brisbane. La colère était toujours bien présente, mais se mêlait désormais avec un autre sentiment que Naomi avait cherché à repousser de tout son coeur : la tristesse. Et celle-ci la menaçait de prendre le dessus à tout instant. « Pourquoi t’es parti ? » Demanda-t-elle, en refusant toujours obstinément de croiser le regard de son ami. Partir était une chose ; ne pas prévenir en était une autre. Mais le pire dans tout cela, ça avait été l’inconnu : ne pas savoir où il était, s’il avait des problèmes, s’il allait bien. Ça avait été ça, le plus dur. « Et pourquoi tu n’as pas donné de nouvelles ? » Souffla-t-elle, les doigts de sa main gauche s’agrippant avec fermeté à la poignée de la portière. Comme pour garder une emprise avec le monde réel. Comme si cela allait l’empêcher d’être submergée par ses émotions. Elle s’était déjà écroulée physiquement ce soir. Il ne manquait pas grand-chose pour que, moralement, elle finisse là-aussi par plonger. Décidément, sa petite pilule exaltante l’était nettement moins, quand ses effets disparaissaient pour ne laisser place qu’au vide de sa vie.


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Message(#)run boy run -- naomi EmptyVen 30 Sep - 23:02

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Les provocations se suivent, et la tension grimpe un peu plus à chacune d’entre elles. Pareil à un enfant, il se laisse aller à ce jeu puéril, plutôt que de faire profil bas. Malgré tout, il ne répond à l’ultime que de ses yeux roulant avec exaspération. Naomi a toujours eu du répondant — une qualité aux yeux du Grigson, et un défaut pour ce soir. La joute verbale entre eux aurait, malgré tout, pu s’arrêter là. Seulement Reese relance les hostilités, lorsqu’il se permet un tâcle qu’elle aurait si facilement pu lui adresser elle-même. Elle ne s’en prive d’ailleurs pas, et en une poignée de secondes, la situation qui n’était jusqu’alors d’ores et déjà pas idéale, s’envenime brusquement. Les reproches sont bien plus francs, et cette fois-ci, il les accueille d’un simple silence. Il laisse Naomi déverser sa colère, son regard verrouillé sur sa silhouette. Et lorsqu’il daigne décrocher un mot dans ce flot d’accusations, la réponse est immédiate. « Exactement ce que tu penses. » Il la dévisage de ses prunelles orageuses, la mine fermée. Ce n’est probablement que le juste retour de ce qu’il lui a déjà infligé. Elle tourne les talons, la brune, et les premiers instants, il ne la retient pas. Pourtant, il n’a pas changé d’idée. Mais avant même qu’il n’ait eu le temps de souffler, Naomi s’écroule dans un déséquilibre. Ses pas se pressent aussitôt, jusqu’à la silhouette recroquevillée de son amie sur le bitume. « J’ai pas envie. » Il lui décoche un regard incrédule, halluciné par son entêtement, et par une fierté qui vient bien trop rivaliser avec la sienne. « Fais pas la gosse. » qu’il souffle, la voix teintée à la fois de douceur et de lassitude, dans un rendu mitigé que lui-même ne saurait pas comment interpréter. Avec prudence, il la relève, avisant quelques instants l'état de son équilibre autant que celui de ses genoux avant de commander un uber dans la foulée. « Fais ce que tu veux, ça ne changera rien. » « J’essaye pas de changer quoique ce soit. » qu’il assène sans réfléchir, poussé par son orgueil. En l’occurence, il ment en partie. Contrairement à ce qu’il laisse sous-entendre, il n'a aucune envie de laisser la situation telle quelle, même si sa façon d’agir pourrait laisser subsister quelques doutes sur le sujet. En revanche, ce n’est pas ce qui le motive à la raccompagner, et savoir que son initiative ne changera rien à leurs rapports ne l’en dissuade pas. Ses phalanges nouées à son bras, il maintient sa prise jusqu’à l’arrivée du uber. Elle n’a rien de possessive, ou de punitive. Elle n’est que le reflet inconscient de sa préoccupation. Lorsque le chauffeur s'arrête à leur niveau, le contact se rompt presque aussitôt. L'escort se glisse sur la banquette arrière, suivie par le Grigson. Il ignore sciemment le soupir qu'il provoque, conscient que sa présence la dérange, et malgré tout bien décidé à la lui imposer jusque devant chez elle. La distance se creuse entre eux, autant physiquement qu'émotionnellement, alors qu'ils ne semblent pas vouloir décrocher un regard ou un mot à l’autre. Son coude posé contre l'accoudoir de la portière, sa joue logée contre son poing fermé, ses prunelles se perdent sur les rues désertes de Brisbane. Il n'aurait pas imaginé se retrouver dans une telle situation, une heure plus tôt. Et encore maintenant, il ne saurait dire s'il est soulagé ou éprouvé qu'elle soit arrivée. « Pourquoi t’es parti ? » Le silence est soudainement rompu, et Reese fronce les sourcils, surpris par la franchise de sa question. Ses prunelles glissent vers Naomi — il ne jette qu’un bref regard en biais au chauffeur, avant que son attention ne se reporte aussitôt sur elle. Il ne répond pas tout de suite, conservant une certaine pudeur qui l'enlise. « J’en avais besoin. » qu’il répond finalement, son regard fixé sur la brune, sans trouver le sien en retour. C’est honnête, sans pour autant être précis. Il sait que c’est égoïste. Il n’a pas pensé aux autres, ou aux conséquences de ses actes. Seulement lui. Une contradiction parmi tant d’autres, chez lui. Il se réfugie dans le silence pour se protéger, tout en se laissant en parallèle aller à des choix souvent discutables pour son bien. Ses addictions, qu’il n’accepte toujours pas telles quelles, sa façon de s’auto-saboter sans même le réaliser. « Et pourquoi tu n’as pas donné de nouvelles ? » Il l’observe, longuement. Malgré la pénombre, il détaille ses traits parfois éclairés par les réverbères longeant la chaussée. D'un bref regard, il aperçoit ses doigts se resserrer sur la poignée de la portière, avant de le reporter sur ses longs cheveux bruns dissimulant son visage encore tourné vers la vitre de la voiture. Dans un réflexe nerveux, il vient pincer l’intérieur de sa joue entre ses molaires. « Tu veux en parler maintenant ? » Dans ce uber, dans son état. Il semble hésiter, quelques instants, tenté de reporter cette discussion à une prochaine fois, sans même savoir s'il y en aura. Cette pensée lui arrache un léger soupir résolu. Il prend conscience, Reese, qu'il n'aura peut-être aucune autre occasion que celle-ci. « J’ai pas réfléchi. » qu'il lâche, finalement. Il aurait pu prévenir, fournir le strict minimum. Mais même ça, il n’en a pas été capable. Il n’a averti pratiquement personne de son départ, et n’a donné aucune nouvelle durant ces trois mois. Parce qu’il n’a effectivement pas réfléchi aux répercussions sur son entourage. Parce qu’il déteste se justifier, parce qu’il est tombé si facilement dans ses travers habituels. Ne pas répondre aux messages, malgré le contexte — surtout avec ce contexte. Paradoxalement, il est probablement moins joignable encore lorsqu’il n’est pas dans les parages, malgré le manque qu’il a pourtant fini par ressentir. Ce n’est pas un comportement qu’il saurait réellement expliquer. Il est simplement comme ça. Egocentrique, instable, incohérent. Il se renferme toujours aux pires moments, crée des problèmes qu’il aurait pu éviter, en prenant soin de les ignorer jusqu’à finalement les recevoir pleine face. Cette fois, c’est avec Naomi qu’il les reçoit. Mais s’il réalise dorénavant ses erreurs, il peine encore à les assumer pleinement. « C’était pas contre toi. » C’est certainement très insuffisant, comme explication. Il essaie pourtant, Reese, avec une certaine maladresse qui témoigne cruellement de toutes ses erreurs passées qu'il s'est permis d'oublier, trop habitué à être pardonné sans même s'excuser. Seulement, celle-ci a une dimension bien distincte, qui ne lui permet pas la même insouciance. « Je pense que j'avais juste besoin de couper un moment. Avec tout le monde. » Avec sa famille, plus précisément. Seulement, tout son entourage s'est rapidement retrouvé emporté dans cette décision impulsive. Il n'a pas de plus belles phrases à servir, de jolis mots à choisir. Juste un regard qu'il continue de lui adresser, le crâne dorénavant appuyé contre le dossier. « Tu veux plus me regarder ? » qu'il glisse, finalement, sur un ton un peu plus léger — presque enfantin, désespérant de ne plus croiser le regard de son amie. Il profite de ce moment plus calme pour adopter une attitude différente, tâtant le terrain sinueux que représente dorénavant leur relation. Peut-être qu'il prend la situation encore trop à la légère, Reese. Il n'en sait rien, incapable de mesurer les blessures qu'il a infligé.
(C) PATR.ONUS


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Message(#)run boy run -- naomi EmptyMar 11 Oct - 20:11

À quatre pattes sur le bitume, alors que ses muscles ne lui répondaient plus vraiment et que ses idées convergeaient vers un seul et unique point — la colère — Naomi savait qu’elle exagérait. Que cette main tendue était bonne à saisir, au moins momentanément, le temps pour elle de retrouver un semblant d’équilibre. Mais, obstinée et caractérielle, l’escort-girl refusa l’aide de Reese… Jusqu’à ce qu’il décrète que son cinéma avait suffisamment duré. Elle agissait comme une gosse, il avait raison. Bornée et enfantine, s’entêtant tout en sachant qu’elle se fourvoyait. Elle avait espéré que son ami fasse demi-tour, et qu’il la laisse seule ; il n’en fit rien. Pire encore : il se décida à jouer les chaperons. Sa main tenait fermement la brune, et semblait prête à se resserrer autour de son poignet si elle venait à vaciller à nouveau — un acte qui aurait pu être qualifié de bienpensant, si l’Australien n’avait pas piétiné leur amitié quelques semaines plus tôt, en s’en allant sans jamais la prévenir. « Ça tombe bien. » Répondit Naomi, déterminée à avoir le dernier mot. Elle savait que cette bataille était futile. Qu’il n’était pas là par intérêt — ce n’était tout simplement pas le style de Reese. Et au vu de ses derniers agissements, il aurait probablement préféré se trouver ailleurs qu’ici, coincé avec elle, à subir son état déplorable, ses mots acides, et son tempérament de feu. En choisissant de sortir pour s’aérer l’esprit, il avait tiré le gros lot. L’arrivée du taxi se fit rapidement, et tous deux s’engouffrèrent à l’arrière de la voiture. Souhaitant instaurer la plus grande distance entre eux, elle se recroquevilla sur la siège derrière le conducteur, alors que ses prunelles fixaient l’extérieur. Elle aurait pu ne pas prononcer un mot, Naomi ; mais le besoin de savoir et de comprendre était trop grand. « Bien sûr. » Comme si ces quelques mots expliquaient tout, justifiaient tout. Il en avait eu besoin. Elle aurait pu le comprendre, si seulement il avait daigné la prévenir. Mais non, il n’en avait rien fait : égoïste jusqu’au bout des ongles, il avait simplement préféré disparaître des radars. « Ce n’est peut-être pas le moment idéal, mais au moins, tu as le mérite d’être présent. » Commenta durement l’escort-girl, alors que son regard restait figé sur la fenêtre du taxi. Elle sous-entendait clairement qu’elle doutait de lui, qu’elle n’avait plus confiance en lui comme cela avait jadis été le cas. Mais comment aurait-il pu en être autrement ? Naomi n’était ni plus ni moins qu’un animal blessé, qui ne savait pas encore ni on allait l’achever ou la soigner.


Ses doigts se crispèrent machinalement, et Naomi se mordit l’intérieur de la joue pour retenir un gémissement de complainte. Elle ne savait pas si c’était un soulagement, ou si c’était encore pire. Si elle n’y était pour rien dans le choix de Reese, pourquoi n’avait-il pas simplement pris le temps de la prévenir ? Elle était loin d’être une gamine ou une ingénue ; son choix de vie singulier l’avait exposée à des choses difficiles — à voir, à entendre, à subir. Et depuis qu’elle avait choisi d’abandonner le Club, elle vivait avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Elle ne lui demandait pas la lune — juste un message, pour lui dire de ne pas s’inquiéter. Elle secoua la tête, répondant négativement à Reese. Non, elle ne voulait pas le regarder. Pas maintenant, pas tout de suite, pas avant d’avoir eu le temps de se recomposer un visage digne de ce nom. Les perles salées s’étaient accumulées au coin de ses yeux, et menaçaient de dévaler le long de ses joues. Mais elle ne pouvait pas se le permettre. Pas maintenant, pas ici, pas avec lui. Elle fit remonter ses jambes sur le siège, et ses talons se plantèrent sur le cuir. Elle entoura ses genoux de ses bras, et posa sa tête dessus — fixant obstinément le sol. Surtout, tenir bon. Ne pas lâcher, ne pas s’effondrer. Un frisson la traversa, rapidement suivi par un deuxième, alors que son coeur tambourinait avec force dans sa poitrine. Elle inspira, expira, puis recommença pendant de longues secondes. « Vous pourriez mettre le chauffage, s’il vous plait ? » Réclama-t-elle à voix basse, alors qu’elle cherchait à contenir le tremblement de ses mains. Elle espérait que le conducteur accéderait à sa demande, malgré la douceur de la nuit. Après tout, le client était roi, n’est-ce pas ? « J’ai froid. » Précisa-t-elle, pour aider le pilote à se décider. Elle soupira en le voyant appuyer sur un bouton ; quelques instants plus tard, l’air chaud se diffusait à l’arrière. Mais ça ne suffisait pas. Et puis, surtout, sa tête lui faisait soudainement un mal de chien. Elle tourna la tête vers l’extérieur, essayant de comprendre où ils étaient — en vain. Les images se succédaient, trop rapides pour s’imprimer sur sa rétine. Sa vue était brouillée, mais ce n’était probablement pas seulement à cause des larmes. « Serons-nous bientôt arrivés ? » Demanda-t-elle, alors que son palpitant s’emballait. Elle serra la prise qu’elle avait autour de ses genoux, et pria pour que la délivrance arrive vite. Mais son comportement étrange ne faisait que confirmer à Reese ce dont il se doutait depuis le début, mais qu’elle avait refusé d’avouer ; elle n’était pas clean. « Fais le nécessaire. Tu me dois bien ça. » Réclama l’escort-girl en sortant du taxi, qui venait de s’arrêter devant chez elle. Elle consentit à confronter son regard à celui de Grizz pendant une seconde, avant de s’éloigner en claquant la porte. Sur le court chemin qui menait jusqu’à chez elle, Naomi fouilla dans son sac à main et en retira, non sans mal, son jeu de clés. Ses tremblements avaient rendu ses gestes maladroits, et son rouge à lèvre était tombé au sol. À peine s’était-elle emparée de ses clés que déjà, elle essayait de les faire entrer les unes après les autres dans la serrure — en vain. « Je… J’y arrive pas. » Murmura-t-elle, avant d’essayer à nouveau. Son corps ne lui répondait plus ; les tremblements étaient trop brutaux pour qu’elle puisse faire preuve de justesse et de précision. Et elle savait que les symptômes d’un mauvais trip pouvaient durer longtemps. Qu’est-ce qui lui avait pris, de s’enfiler deux pilules au lieu d’une ? « J’y arrive pas, j’y arrive pas, j’y arrive pas… » Sa main gauche s’écrasa avec force sur sa porte d’entrée, de rage et de désespoir. Elle aurait pu réveiller tout le voisinage, avec son tapage nocturne. Jusqu’à ce qu’une main providentielle, douce mais ferme, ne la contraigne à lâcher ses clés, la faisait taire en même temps.


@Reese Grigson
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Message(#)run boy run -- naomi EmptyMar 1 Nov - 19:11

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Il aurait aimé qu’un battement de cils de sa part suffise, Reese. Il aurait aimé que ce soit facile, qu’ils puissent aussitôt retourner à leurs échanges futiles. Seulement Naomi exprime sa rancoeur, s’accrochant aux derniers mots qu’elle lui arrache avec un entêtement qui lui est propre. Elle est butée, et le Grigson s’y résigne, les lui accordant finalement — non sans lui accorder un regard las. Il a bien compris que leur numéro aurait pu durer bien longtemps encore, s’il y avait mis un peu plus de ferveur. Dans un autre contexte, il l’aurait probablement fait, plus soucieux de son ego que de l’état de sa maturité. Mais cette nuit, il préfère accuser la brune de faire l’enfant, comme s’il n’en était jamais un lui-même. Le taxi arrive rapidement, s’arrêtant près du trottoir pour accueillir leurs deux carcasses éreintées. Ni l’un ni l’autre ne semble tout d’abord vouloir rompre le silence étreignant le véhicule. L’atmosphère est lourde, pesant chaque instant un peu plus sur leurs épaules. Il aurait certainement dû être celui qui prend la parole, pour se lancer dans des justifications médiocres. Mais à la place de la sienne, c’est la voix de Naomi qui s’élève. Cette initiative ne rend pas ses justifications moins médiocres, cela dit. « Bien sûr. » Il ne relève pas l’ironie avec laquelle elle accueille sa réponse, bien conscient que son explication n’en a que le nom. Qu’il en ait eu besoin, ce n’est pas la réponse que quiconque attendrait. Pourtant, il s’en serait probablement contenté si son amie ne l’avait pas relancé sur les raisons de son silence, cette fois. Il se montre hésitant, les premiers instants. « Ce n’est peut-être pas le moment idéal, mais au moins, tu as le mérite d’être présent. » Touché. Il fronce légèrement le nez, alors que ses prunelles cherchent le moindre signe pouvant transparaître chez la brune. A défaut de pouvoir saisir ce qu’elle pense dans ses expressions, il le cherche dans ses gestes. « Je pourrai l’être plus tard. » Ce n’est pas lui que ça dérangerait, et il préfère le lui stipuler. Il pourrait être présent un autre jour, et les jours suivants. Du moins, c’est ce qu’il dit. Mais ses mots n’ont certainement plus le même poids, dorénavant. S’il a trahi sa confiance, rien ne garantit à la Carlson qu’il ne le fera pas une seconde fois. Pourtant, il le pense, Reese. Il finit tout de même par lui apporter des réponses dans ce taxi, malgré sa réticence. Rien ne lui garantit, à lui non plus, qu’ils se reverront après ces retrouvailles chaotiques. Ça ne dépend pas que de lui. Alors il tente de faire preuve de bonne foi, en premier lieu. S’il ne s’étend pas sur les raisons fondamentales, il tâche tout de même d’être honnête. Naomi n’avait réellement rien à se reprocher dans ce processus hasardeux. Peut-être que représenter un dommage collatéral est pire encore. Difficile à savoir, quand les yeux de son amie continuent de fuir les siens, le privant de chaque émotion pouvant s’y refléter. Face au silence qu’elle lui offre en retour, il ne peut s’empêcher de relever l’absence de contact visuel qu’elle lui impose depuis de longues minutes déjà, en lui demandant si elle ne veut simplement plus le regarder. Lorsqu’elle lui répond à la négative d’un mouvement de tête, il s’humecte les lèvres, haussant les sourcils. Elle ne veut plus lui parler non plus, visiblement. « Ok. » qu’il souffle seulement, s’enfonçant dans le siège du taxi en détournant à son tour le regard pour le poser sur celui devant lui. Lorsque la voix de Naomi brise à nouveau le silence, c’est finalement pour s’adresser au chauffeur. Face à sa requête, les prunelles de Reese glissent instinctivement vers elle, dans un regard en coin se voulant discret. Il l’observe, de longues secondes, ses sourcils se fronçant doucement en constatant sa position. Le conducteur se plie certes à sa demande, mais le chauffage ne semble pas apaiser ses maux pour autant. « Serons-nous bientôt arrivés ? » Si son attention s’attarde encore un peu sur Naomi, c’est finalement dans une dernière oeillade perplexe qu’il la reporte vers le chauffeur. Ses doutes n’avaient pas besoin d’être confirmés, et malgré tout, elle ajoute des arguments à ses certitudes. Son état n’a rien d’habituel, et ne nie qu’un peu plus sa potentielle sobriété. Dans les quelques minutes suivantes à peine, le taxi finit par s’arrêter. L’escort ne perd pas une seconde pour aussitôt s’en extraire. « Fais le nécessaire. Tu me dois bien ça. » Leurs regards se rencontrent enfin, pour un bref instant. Seulement le contact est bien vite rompu, lorsque la silhouette de la brune s’éclipse, le confrontant dorénavant à la portière qu’elle claque derrière elle. Il grimace, levant les yeux au ciel. C’est ce qu’il comptait faire, et pourtant, le simple fait que son amie l’exige le rend immédiatement de plus mauvaise foi. Le regard appuyé du chauffeur dans le rétroviseur le fait soupirer, et c’est sans un mot qu’il le règle, ne s’attardant pas plus pour rejoindre à son tour le trottoir. Une fois le taxi parti, il aperçoit l’escort s’acharner vainement sur la serrure de son immeuble, à seulement quelques mètres. Ses épaules s’affaissent, et en quelques enjambées, il la rejoint. Il est tout proche, suffisamment pour entendre ses derniers murmures, avant que la main de Naomi ne vienne s’abattre sur la porte. Presque aussitôt, sa paume vient s’enrouler autour de la seconde pour lui dérober les clés. « Tu vas réveiller tout le monde. » qu’il murmure simplement, ne lui décochant qu’un bref regard réprobateur avant de finalement ouvrir, et de pousser la porte pour lui libérer le passage. Il ne s’étend pas, Reese, gardant difficilement pour lui les mots acides que lui inspire son inquiétude. Une fois Naomi entrée, il prend sa suite et vient appuyer sur le bouton de l’ascenseur, gardant son attention focalisée sur son amie. « Tu sais ce que t’as pris, au moins ? » Sa question pourrait sonner un peu plus moralisatrice que ce qu’elle n’est, en réalité. Il aimerait sincèrement savoir ce qu’elle a pris, et surtout, si elle avait déjà testé cette drogue auparavant. Lui n’a jamais touché à rien d’autre que le cannabis, qu’il ne consomme aujourd’hui que de façon très occasionnelle. La drogue, ce n’est pas pour lui, et lorsqu’il voit l’état de la brune, il se souvient d’autant plus pourquoi. Une fois les portes de l’ascenseur ouvertes, il entre à l’intérieur avec elle, appuyant instinctivement sur le numéro de son étage. Il s’est dit dès le départ qu’il l’accompagnerait devant la porte même de son appartement. Seulement, dorénavant, il peine à s'imaginer la laisser seule à l'intérieur. Ses prunelles n’ont de cesse de la dévisager, en alerte quant au moindre signe de faiblesse. « Comment tu te sens ? » qu’il souffle, partagé entre la préoccupation et la méfiance. Il se méfie de l’orgueil de Naomi qui pourrait la pousser à minimiser les effets, de son corps qui semble la lâcher petit à petit. Alors il surveille le moindre déséquilibre pouvant survenir, Reese. Il oublie leurs différends, la réticence de son amie quant à sa présence. Qu'importe s'il ajoute des arguments en sa défaveur en s'imposant de cette façon — il n'est plus à ça près.
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Message(#)run boy run -- naomi EmptyDim 6 Nov - 22:50

Bien sûr, quand Reese avait disparu de la circulation sans juger bon de prévenir, et encore moins de donner de nouvelles, Naomi avait été peinée. Elle avait pensé que leur relation amicale était sincère, et réelle. Alors, ne méritait-elle pas d’être tenue au courant ? Ou, à défaut, d’être rassurée par un petit message ? Reese savait, peut-être mieux que quiconque, que Naomi évoluait dans un monde obscur où la roue pouvait tourner très vite. Forcément, elle avait imaginé le pire le concernant — même s’il n’avait jamais eu l’air de fréquenter les mauvaises personnes. L’inquiétude avait instantanément cédé place à la colère, ce soir. Ça n’avait duré qu’une fraction de seconde ; juste le temps pour elle de constater qu’il était de retour, et qu’il faisait comme si de rien était. Ça l’avait blessée, Naomi. Elle s’était sentie trahie, misérable, désabusée. Comment avait-il pu se foutre de sa gueule à ce point ? Et surtout, pourquoi ? Ces questions restaient sans réponse, et elle doutait de les obtenir un jour. « Pourquoi je devrais te croire ? » Demanda-t-elle à voix basse, sans la moindre perfidie. C’était une question étrangement neutre, drôlement honnête, et dénuée de toute attaque de la part de l’escort-girl. Mais elle était légitime ; après tout, n’était-ce pas le Grigson qui avait disparu du jour au lendemain, sans prévenir ni donner de nouvelle ? « Tu as déjà disparu une fois. » Et elle sous-entendait clairement qu’elle le pensait parfaitement capable de disparaître à nouveau, sans préambule. Un petit tour et puis s’en va ? Naomi avait peut-être une ultime chance de comprendre, et Reese une ultime chance de s’expliquer. Ou pas. Tout était flou, dans la tête de l’escort-girl. Ses pensées se mélangeaient, ses sentiments étaient confus, sa vision troublée. Obstinée et têtue, elle refusa de croiser le regard de son interlocuteur. Aveu de faiblesse ? Possible. Mais plonger son regard dans le sien, c’était accepter de prendre des risques. Elle ne voulait pas se laisser avoir par ses yeux implorants. Elle ne voulait pas qu’il la voie, les yeux gonflés par des larmes qu’elle retenait par fierté. Les symptômes physiques de son état la trahissaient déjà suffisamment à son goût. Elle ne voulait pas sombrer définitivement, acculée par Reese. Glacée, elle demanda au chauffeur qu’il augmente la température de l’habitacle. L’air chaud soufflé, contrairement à ce qu’il s’imaginait, ne parvint pas à la réchauffer. Et même ses bras, qui entourèrent ses genoux pour laisser passer le moins d’air possible sur sa peau, ne suffirent pas à créer une bulle dans laquelle elle se sentirait bien. Elle soupira de soulagement en constatant que le chauffeur était garé devant chez elle, et consentit finalement à croiser le regard chocolat de son interlocuteur une ultime fois pour ce soir — en tout cas, elle en était convaincue.


La suite avait été une succession d’échecs cuisants, qui la faisaient se sentir honteuse et misérable. Naomi secoua la tête négativement. Non, elle ne savait pas ce qu’elle avait pris, ni quels étaient les effets attendus. Deux pilules, ça ne pouvait pas faire de mal, n’est-ce pas ? L’escort-girl en avait déjà pris davantage, elle avait déjà vécu pire. Mais ce soir, pour une raison inconnue, la brune ne réagissait pas de la même façon que d’ordinaire. Ce soir, elle n’était pas pleinement détendue et délicieusement légère. Ce soir, elle subissait le déchaînement des enfers. « Deux cachets. » Répondit-elle après quelques secondes de silence, tout en sachant que cet aveu sincère risquait de déclencher les foudres de Reese. Ce dernier s’était toujours montré relativement protecteur à l’égard de Naomi, dès l’instant où ils avaient commencé à se fréquenter. Il avait déjà essayé de la convaincre de cesser ses activités, et d’embrasser les contours d’une vie plus normale. Il avait déjà clairement et distinctement réprouvé ses attitudes, ses actions, et les risques qu’elle prenait. « Et j’ai un peu bu, aussi. » Confessa-t-elle à voix basse, avant d’entrer dans l’ascenseur. Prudemment, elle avança jusqu’à se trouver au fond, dans l’un des angles. Elle appuya son dos contre la cabine d’acier, rejeta la tête en arrière, et ferma les yeux. Son ami, si on pouvait encore le qualifier ainsi, avait pris les devants en appuyant sur le bouton de l’étage où habitait l’escort-girl. Elle avait l’impression d’être une poupée de chiffons, doublée d’une enfant idiote. Ce soir, elle avait testé ses limites et elle avait perdu. Elle avait envie de pleurer, de laisser ses émotions la submerger, mais la présence de Reese l’en empêchait. Pas question qu’il soit le témoin d’un énième moment de faiblesse, alors qu’il avait déjà droit à un spectacle sordide. Alors qu’elle pensait avoir touché le fond, elle sentit une migraine venir lui grignoter l’arrière de la tête. Focalisée sur cette douleur, qui lui fit momentanément oublier qu’elle était glacée, la voix de Reese lui sembla étrangement lointaine lorsqu’il lui posa une question, à laquelle elle mit trop de temps pour répondre. « Ça va, Grizz. » Elle avait des vertiges, et elle se laissa glisser le long de la paroi de l’ascenseur. Mais il n’était pas dupe, et dans son état, elle ne devait pas spécialement être une bonne actrice. « Ça va. » Répéta-t-elle, un peu plus fort, pour le convaincre de sa bonne foi. Le bruit caractéristique annonçant qu’ils étaient arrivés à destination se fit entendre, et résonna longtemps dans la tête de Naomi. L’escort-girl se redressa prudemment, et veilla à garder une main sur l’acier de l’habitacle lorsqu’elle fit quelques pas pour en sortir. Consciente que ses hauts talons combinés à ses vertiges complexifiaient son avancée, elle s’assura d’avoir toujours une main en contact avec une surface solide. Elle tendit son sac à main au brun et , au cas où le message ne soit pas assez évident, murmura : « Mes clés. » Puisqu’elle n’avait pas été fichue d’ouvrir la porte d’entrée, il n’y avait aucune chance pour que les choses soient différentes, maintenant qu’elle était arrivée sur son palier. Reese obtempéra, et ouvrit la porte de l’appartement de Naomi, dans lequel ils entrèrent tous les deux. En plus du mal de tête assommant qui s’annonçait, ses dents s’entrechoquaient à cadence régulière, confirmant s’il était nécessaire qu’elle crevait de froid. Elle ne se préoccupa pas du brun, et se dirigea d’un pas chancelant vers sa chambre, qu’elle ouvrit avec fracas. Aussitôt, elle entra dans une autre pièce — sa salle de bain — et s’appuya maladroitement contre le lavabo. Le miroir lui renvoyait son reflet, qu’elle trouva hideux et pathétique, et elle s’en détourna pour ne plus avoir à constater son état déplorable. Une fois délestée de ses talons vertigineux, elle se battit pendant un moment avec la fermeture éclair de sa robe, qu’elle laissa tomber au sol dans un bruit sourd. Encore vêtue de ses sous-vêtements en dentelle noirs, elle se faufila sous le filet d’eau brûlante de sa douche. Elle posa une main sur sa bouche pour retenir un premier sanglot. Peine perdue. Ce soir, Naomi avait explosé en vol. Brisée par cette constatation, elle laissa sa tête reposer contre la vitre embuée — et laissa finalement les larmes dévaler le long de ses joues. Incapable de les retenir, submergée par l’émotion, elle était une fois de plus balayée par le néant de sa vie. Et alors qu’elle pensait que la situation ne pouvait pas être pire, elle vit se dessiner les contours de la silhouette de Reese. Témoin oculaire de sa déchéance nocturne. « Va t’en, Reese. » Murmura-t-elle, la tête baissée, observant l’eau couler le long de sa peau hâlée. « Tu devrais déjà être parti depuis longtemps. » Ajouta-t-elle, se mordant l’intérieur de la joue pour que ses propos aient du sens.  Elle posa une main contre la paroi de la douche, et resserra les doigts comme pour essayer d’attraper son ami. Drôle de façon d’agir, quand on demandait à cette même personne de débarrasser le plancher dans les meilleurs délais. « Je t’en prie, va t’en. »


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Message(#)run boy run -- naomi EmptyDim 29 Jan - 0:31

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« Pourquoi je devrais te croire ? » Ses opales détaillent son minois à peine visible, de haut en bas, et ce, durant de longues secondes silencieuses. La confiance s’est rompue avec la même brutalité que le contact entre eux. Ce n’est pas la première fois qu’il brise les espoirs placés en lui, ou les attentes. Une formalité dont il ne s’inquiète dorénavant que trop peu, parce qu’il pense qu’une confiance peut se perdre autant qu’elle peut se gagner à nouveau par la suite. « Tu as déjà disparu une fois. » Un soupir lui échappe, malvenu. « Parce que je te le dis. » qu’il souffle. Sur les faits, il n’a jamais promis à qui que ce soit de toujours rester à Brisbane, ou de prévenir dans le cas contraire. Une belle excuse, comme si l’absence de promesse pouvait permettre tous les comportements les plus douteux, et qu’il aurait agi différemment s’il l’avait formulé à voix haute. En réalité, les engagements de sa part ne l’ont jamais empêché de faire ce dont il avait envie, qu’importe s’il les balayait au passage. Il n’est pas fiable, mais se vexe qu’on puisse l'en accuser.

Une fois le taxi vide parti dans les rues encore désertes de Brisbane, il ne semble plus y avoir que leurs deux silhouettes d’éveillées dans l’immeuble. Postés face à la cage d’ascenseur encore close, les chiffres des étages défilant au dessus de leurs têtes, il comble l’attente avec une simple question dont la réponse ne sera sans aucun doute pas pour lui plaire. Cette pensée se confirme rapidement, lorsqu’il la voit secouer la tête. Il en fait de même, ses opales venant se planter sur la fente séparant les deux portes de l’ascenseur. « Deux cachets. » Un rire nerveux lui échappe, aussitôt l’aveu formulé. « Evidemment. » Deux cachets dont elle ne sait rien. Il a du mal à saisir cette imprudence, Reese. Il se fait réprobateur, jugeant les choix de la brune, lui qui déteste recevoir le même traitement. Il se convainc que c’est différent, qu’il ne veut que le bien de l’escort — que lui a raison lorsque les autres ont tort. Lui maîtrise prétendument sa vie, les autres, visiblement jamais suffisamment à ses yeux. « Et j’ai un peu bu, aussi. » Cette fois, il hausse simplement les sourcils. Inutile d’en rajouter : il a bien compris qu’elle avait plongé dans chaque vice à portée de main. Et si boire n’a rien d’un problème pour lui d’ordinaire, bien au contraire, il n’est en revanche pas convaincu par le mélange de l’alcool et des drogues prises, sur lesquelles ni lui ni elle ne sauront un jour poser un nom. « Tu fais ça souvent ? » Il tâche de ne pas se laisser aller au sentiment de colère que lui inspirent ce genre de confidences, pour ne pas la braquer, et ainsi en récolter plus facilement d’autres. Une fois dans l’ascenseur, il s’enquiert de son état, les traits marqués par l’inquiétude. « Ça va, Grizz. » Il la dévisage longuement, sans cacher sa méfiance. Le silence ayant précédé sa réponse n’est pas pour le rassurer, pas plus que la façon dont son dos glisse doucement contre la paroi. « Ça va. » « J’en doute pas. » qu’il souffle, ironique. Une fois les portes ouvertes sur le palier adéquat, il surveille l’avancée hésitante de Naomi, la suivant suffisamment proche pour garder inconsciemment une main prudente au niveau de son dos, sans pour autant le toucher. Quelques pas leur suffisent pour s’arrêter devant la porte d’entrée encore verrouillée. Lorsqu’elle lui tend son sac, il soupire et avance sa paume cette fois-ci pour l’attraper. « Mes clés. » Il l’ouvre aussitôt, fouillant sans ménagement pour trouver les dites clés. Une fois à l’intérieur, Naomi file aussitôt. Il devrait probablement s’estimer heureux qu’elle ne rassemble pas ses maigres forces pour tenter de le jeter à la porte aussitôt. Ses doigts glissent dans ses cheveux, alors qu’il roule nerveusement sa langue au creux de sa joue. Un instant, il hésite sur quoi faire. Il sait seulement qu’il ne veut pas partir. La porte claque. Il jette un bref regard vers la cuisine, puis sur la fenêtre du salon. Il lui faut une minute tout au plus pour finalement se diriger à la suite de Naomi. Lorsqu’il entend l’eau couler, en ne voyant malgré tout aucune porte close, il fronce les sourcils. Perplexe, il vient toquer à la porte pourtant déjà ouverte, pour signaler sa présence. « Naomi ? » Aucune réponse ne lui est donnée. Il hésite, quelques secondes, ses opales dirigées vers la source du bruit. Seulement, en plus du filet d’eau s’écoulant dans les canalisations, il croit discerner un sanglot. Alors, dans un soupir, il jette un dernier coup d’oeil en arrière avant de s’avancer dans la chambre. « Je rentre. » qu’il avertit, sans savoir si la brune l’entend réellement. Sa silhouette se dessine dorénavant dans l’encadrement de la porte de la salle de bain, et ses opales tombent aussitôt sur celle de son amie. L’épiderme empreint sur la paroi la soutenant, ses joues accueillant autant l’eau brûlante du pommeau que ses larmes. « Va t’en, Reese. » Il ne bouge pas, son regard inlassablement fixé sur Naomi. « Tu devrais déjà être parti depuis longtemps. » Il tique, ses sourcils ne se fronçant que d’avantage lorsque les doigts de cette dernière viennent se poser contre la paroi avant de se refermer dans sa direction. Après de longs instants, ses prunelles quittent sa main encore posée contre le verre pour revenir chercher les siennes. Il devrait, en effet. « Je t’en prie, va t’en. » Ses lèvres s’entrouvrent légèrement, sans qu’un son ne veuille en sortir, et rapidement, il les scelle à nouveau, son souffle d’apparence résigné échappant de ses narines. Seulement, plutôt que faire demi-tour, il s’avance. Il attrape une serviette encore pendue sur son passage, avant d’arrêter sa progression face à Naomi. Sans un mot, il vient passer un bras sous le jet pour couper l’eau de la douche, et passe presque aussitôt la serviette autour des épaules de la brune. « Ça va être compliqué pour moi de partir si tu pleures ivre et droguée dans ta douche, Nao. » Malgré la douceur du ton qu’il emploie, il a bien conscience de ne pas être délicat dans le choix de ses mots, Reese. Beaucoup de personnes auraient géré la situation d’une bien meilleure façon que lui. Malheureusement, c’est sa route qu’elle a croisé, et c’est de son impéritie qu’elle hérite. Son regard vient confronter ses yeux gorgés de larmes, et doucement, ses sourcils se froncent, trahissant son inconfort. Reese n’a jamais été des plus réconfortants. Le chagrin des autres le met mal à l’aise, plus encore s’il s’en préoccupe — parce qu’il ne sait jamais comment y remédier. « C’est à cause de moi ou des cachets ? » qu’il souffle finalement, après un court silence. Si son égocentrisme ne fait aucun doute, sa manie de toujours vouloir avoir raison, elle, n'est pas au rendez-vous. Il préférerait avoir tort et n’avoir rien à voir avec cette déchéance. Seulement, son absence a été trop longue pour qu’il puisse le savoir. « Tu devrais aller te coucher. » Et lui devrait être parti, comme elle le lui a spécifié. Pourtant, il est encore là. « Après ça je m'en vais, promis. » Si une promesse est censée rassurer la personne à qui elle est faite, dans sa bouche, elle a la même banalité qu’un simple bonjour.
(C) PATR.ONUS


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Message(#)run boy run -- naomi EmptySam 11 Fév - 18:08

Elle se braqua instantanément, renvoyant à son interlocuteur une remarque bien sentie. Effet boomerang même si, à l’heure actuelle, c’était surtout elle qui était prise en faute. « Ça va. T’es pas un enfant de choeur non plus. » Il était peut-être irréprochable ce soir, mais Reese n’avait jamais été le dernier quand il s’agissait de boire un verre en soirée. L’escort-girl s’appuya contre le mur, sentant que ses jambes avaient de plus en plus de mal à la porter, et que sa tête lui conseillait de se laisser glisser contre la paroi. Par fierté, elle résista — momentanément, en tout cas. « Ça dépend que ce que tu appelles souvent. » Dit-elle en haussant les épaules. Ça lui arrivait, régulièrement. Mais d’ordinaire, elle évitait de doubler les doses — au risque d’être plongée dans un mauvais état. Malgré sa prise de risque inconsidérée, elle s’estimait heureuse ; jusqu’à maintenant, elle n’avait jamais franchi une limite qui ne lui assurerait aucun retour. Jusqu’à la prochaine fois, peut-être. Mais qui s’en préoccuperait ? Asher, peut-être. Le constat de sa solitude était amer, et Naomi se laissa finalement glisser contre la paroi d’acier de l’ascenseur. Sa déchéance était désormais visible, évidente.


Littéralement sous l’eau, elle laissa libre court à ses émotions. Elle était ravagée, bien plus qu’elle ne voulait l’admettre, et elle détestait s’en rendre compte. Était-ce pour ça qu’elle s’obstinait à soigner les apparences ? Elle posa une main sur sa bouche, retenant un sanglot de détresse. Elle ne savait pas si Reese était encore là ou pas, et cette simple pensée lui serra les entrailles. Avait-elle été trop loin avec lui ? Il n’était ni le plus doux, ni le plus diplomate, ni le moins irréprochable, mais il était resté à ses côtés alors que bien d’autres auraient pris la fuite. Elle se mordit l’intérieur de la joue, alors que les larmes continuaient de dévaler, s’entremêlant avec l’eau qui ruisselait sur son corps. Elle eut un sursaut de surprise en voyant la silhouette de son ami apparaître dans son champ de vision. Elle n’était pas en état de se battre avec lui, pas davantage, pas ce soir. Mais il restait là, debout, refusant de partir alors qu’elle le lui réclamait à corps et à cris. Pire : il se comporta de la plus délicate des manières, lui renvoyant en plein visage sa déchéance. Elle n’avait pas la moindre idée de l’apparence qu’elle avait mais, une chose était sûre, elle devait être loin de la femme fatale que beaucoup connaissaient. À moitié nue, enroulée dans une serviette éponge que son ami maintenait fermement serrée contre son corps humide, elle gardait la tête baissée. Honteuse ? Pas dans l’immédiat. Elle regretterait sans doute, mais plus tard. Parce que là, elle n’était clairement pas apte à prendre la mesure de ce qui était en train de se dérouler dans sa propre salle de bain. Son cerveau tournait au ralenti, et se concentrer relevait presque de l’impossible. « Je ne pleure pas. » Répondit-elle en secouant la tête, refusant obstinément de reconnaître l’évidence. Elle préférait nier cet instant de faiblesse, plutôt que d’admettre avoir besoin d’aide. Plutôt que de lui demander de rester, encore un peu. En revanche, et notamment en raison de l’aveu qu’elle avait consenti à lui faire quelques minutes plus tôt, elle ne chercha pas à prétendre qu’elle n’était ni ivre, ni droguée. « Ce n’est que de l’eau. » Elle espéra que le waterproof qui était indiqué sur chacun de ses produits de beauté ne résultait pas que d’une opération marketing. Loin de réaliser que si, même par miracle, son maquillage avait tenu le coup, ses yeux rougis et gonflés ne faisaient que refléter la vérité. Elle releva finalement les yeux vers lui, et frissonna en entendant sa question. Pour quelle raison était-elle dans cet état ? En avait-elle la moindre idée ? Il était clair que les cachets, combinés à l’alcool, la mettait dans un état lamentable. Mais la soudaine apparition de Reese avait-elle contribué au fait de la terrasser complètement ? Possible. Il lui renvoyait une image d’elle qu’elle détestait, et ne faisait que lui rappeler qu’au fond d’elle-même, la solitude lui pesait. Ce qu’elle avait complètement occulté, quand il avait brusquement disparu du paysage. « Quelle importance ? » Demanda-t-elle en haussant les épaules. Elle avait été suffisamment claire avec lui, ce soir. Elle ne lui avait pas caché sa colère, sa déception, son désarroi. « Crois ce qui te permet de bien dormir. » Répondit-elle, lui offrant une occasion en or de ne pas perdre la face, et de s’en tirer à relativement bon compte. Elle soupira lorsqu’il lui dispensa ses bons conseils, tout en ayant conscience qu’il s’agissait de la meilleure chose à faire. « Retourne-toi. » Réclama-t-elle, avant de laisser tomber la serviette à ses pieds. Naomi n’était pas spécialement pudique, d’ordinaire ; mais elle estimait s’être déjà suffisamment dévoilée auprès de Reese, et de la pire des manières qui plus est. Avec une lenteur qui ne lui était pas familière, elle passa ses bras dans son dos et dégrafa son soutien-gorge, qui vint rejoindre la pile de vêtements qui traînait au milieu de la salle de bain. Elle enfila sa nuisette, et reprit sa serviette qu’elle déposa sur ses épaules. Elle jeta un coup d’oeil à Reese et, sans un mot, le contourna pour aller dans sa chambre.


Le calme était revenu, et le silence s’était fait. Les minutes s’égrainaient, mais le sommeil ne semblait pas décidé à la happer. Ça l’aurait pourtant libérée de ses doutes et ses questions, au moins momentanément. Et ça aurait libéré Reese, qui devait s’impatienter de la voir, les yeux obstinément ouverts. « J’ai froid. » Murmura-t-elle à voix-basse, alors qu’elle se repliait légèrement sur elle-même pour essayer de conserver le peu de chaleur qui émanait de son corps. Elle savait exactement ce qui était en train de se produire : sa température corporelle chutait, et même la couette qui recouvrait ses courbes ne suffirait pas à la réchauffer. Alcool et drogues inconnues ne faisaient pas bon ménage ; une fois de plus, elle en avait la confirmation. « Grizz ? » Murmura-t-elle en se retournant légèrement, pour croiser le regard de son ami. Il était assis au bout de son lit, et lui tournait le dos. Mais elle était encore là, même s’il faisait la gueule. Prudemment, elle se redressa et tendit la main vers lui, jusqu’à la poser sur son épaule. « Prouve-moi que tu ne mentais pas tout à l’heure. » Réclama l’escort-girl, alors que ses doigts glissaient jusqu’à son avant-bras. Elle jouait sur la corde sensible, et lui donnait une chance de se racheter. Bien sûr, ça n’effacerait ni la peine, ni la rupture de confiance que Naomi pouvait ressentir. Mais ça aurait au moins le mérite de prouver qu’elle était prêt à faire des efforts, et à repartir du bon pied. Ça prouvait qu’ils étaient toujours amis, même dans la difficulté. « Reste, s’il te plait. Juste cette nuit. » Il n’avait même pas besoin d’être là à son réveil ; elle ne lui en demanderait pas tant. « S’il te plait. » Murmura-t-elle à nouveau, avant de se rallonger, sans savoir s’il allait accepter sa requête. Elle entendit clairement le soupir qui s’échappa des lèvres de Reese, et ferma les yeux de soulagement lorsqu’elle sentit qu’il prenait place à ses côtés. Il n’état ni facile à suivre, et encore moins à cerner. Le bras de l’escort-girl s’échappa de ses draps, et chercha à tâtons celui de son ami. « Je sais que tu es en colère. » Souffla la brune, alors qu’elle nouait ses doigts à ceux de Reese.  Il était désormais son prisonnier — bien que, s’il l’avait souhaité, il n’aurait eu aucun mal à s’échapper. « Tu es tout le temps en colère. » Fit-elle remarquer, sur un ton neutre. Il ne s’agissait pas d’un jugement de valeur, simplement d’une constatation. « Tu m’expliqueras pourquoi, un jour ? » Demanda-t-elle, alors qu’elle ramenait leurs mains noués par dessus sa hanche. Enveloppée par son étreinte, elle se sentait rassurée. Et réchauffée — tant physiquement, que moralement. Il était revenu. Pour combien de temps ? Elle n’en savait rien. Mais elle préférait ne pas s’interroger à ce sujet à ce moment précis.


@Reese Grigson
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Message(#)run boy run -- naomi EmptySam 25 Fév - 0:53

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Reese se montre sévère, malgré son propre passif — et un présent pas vraiment plus reluisant. Ce n’est pourtant pas tant l’alcool consommé, ou même la prise de drogue qui le dérangent. Son inquiétude vient de la façon dont sa soirée semble s’être déroulée, visiblement au hasard sans un regard sur les limites à ne pas dépasser, et surtout de la façon dont elle s’est achevée. Seule, en proie aux dangers pouvant se multiplier à l’extérieur et à cette heure, plutôt qu’avec des personnes de confiance. Une bêtise qu’il aurait pu faire, en partie. Mais une bêtise malgré tout, qui est toujours moins acceptable quand elle vient de ceux dont il se préoccupe. « Ça va. T’es pas un enfant de choeur non plus. » Touché. Il ne peut pas le nier, puisqu’il n’a jamais caché cette facette de lui à Naomi. Elle est parfaitement au courant de ses propres excès, même s’il les minimise toujours quand il doit en parler. « Tu me le rediras quand je serai dans le même état. » Pour le moment, c’est d’elle dont ils parlent. Il ne sous-entend pas qu’il ne l’est jamais — il sait parfaitement qu’il a déjà été dans des états lamentables, sans pour autant toujours s’en souvenir. Mais l’heure des remontrances ne lui est pas réservée cette fois. « Ça dépend que ce que tu appelles souvent. » Il expire bruyamment, devinant à sa réponse que le souvent auquel il pense est le correct. Rien pour le rassurer, en somme. Il doit probablement s’estimer chanceux de la trouver encore en vie à son retour.

La suite des événements n’est pas moins chaotique, puisque sans qu’il ne puisse l’anticiper, il se retrouve dorénavant dans la salle de bain avec Naomi, trempée et en larmes. « Je ne pleure pas. » Un fait qu’elle préfère nier, de toute évidence. Il peut difficilement lui en vouloir pour ça — il est le mieux placé pour savoir que se montrer aussi vulnérable face à quelqu’un n’a rien d’agréable. « Evidemment que non. » qu’il souffle distraitement, alors qu’il s’applique encore à enrouler le corps de Naomi dans la serviette, comme il le ferait avec un enfant qu’il voudrait convaincre qu’il est aussi fort qu’il veut le faire croire, et que lui n’en doute pas une seconde. « Ce n’est que de l’eau. » Il relève brièvement les yeux pour croiser son regard, trahissant son incrédulité. Ses yeux rougis sont malheureusement pour elle une preuve un peu trop flagrante pour qu’il se mette à en douter. « Quelle importance ? » Ça ne devrait pas en avoir, mais Reese se soucie sincèrement d’elle, et ce, à son plus grand dam. C’aurait été plus simple à gérer dans le cas contraire. « Crois ce qui te permet de bien dormir. » S’il n’écoutait que son ego, il répondrait qu’aucune des deux réponses possibles ne l’empêcherait de bien dormir — qu’importe si c’est un mensonge. Mais à la place, il roule nerveusement sa langue au creux de sa joue, haussant les sourcils. « Ok. » Il abdique simplement, trop épuisé pour encore se battre avec elle, de toute façon. « Retourne-toi. » Il soupire, et s’exécute. Ses mains viennent instinctivement se nicher dans ses poches, alors que son regard se perd sur le carrelage de la salle de bain. Ce n’est qu’après de longues secondes — ou peut-être même plus, que Naomi finit par le contourner sans un mot, attisant ses prunelles qui la suivent quelques instants, jusqu’à ce qu’elle disparaisse de son champ de vision. Cette fois, il lève les yeux au ciel, relevant le menton. Il s’arme de patience face au comportement difficile de son amie qui n’est pas sans lui rappeler le sien, quand il repousse obstinément les mains qu’on lui tend. Il n’émet aucun commentaire, bien qu’il lui brûle les lèvres, laissant plutôt Naomi se glisser dans ses draps alors que lui se contente de s’asseoir au bout du lit. Il attend qu’elle s’endorme, comme il le ferait si son petit frère était malade. Seulement, la situation est aujourd’hui bien différente. « J’ai froid. » Il ne répond rien, son regard vaguement fixé sur le mur d’en face. « Grizz ? » Cette fois, il tourne légèrement la tête, pour lui offrir un regard en biais au-dessus de son épaule, alors que son corps demeure dos à elle. Il ne s’attend pas à la voir si proche, ni à sentir sa main contre son épaule au moment où ses prunelles croisent les siennes. « Prouve-moi que tu ne mentais pas tout à l’heure. » Il fronce légèrement les sourcils, ne suivant du regard les doigts de Naomi glissant jusqu’à son avant-bras que quelques instants, et réprimant un frisson, avant de reporter son attention sur ses opales. « Reste, s’il te plait. Juste cette nuit. » Cette demande est si inattendue, et à contre-courant de tout ce qu’elle a pu dire jusque là, qu’il n’y répond pas tout de suite, la mine réticente. Il n’y a que quelques minutes à peine, elle le suppliait encore de s’en aller. « S’il te plait. » La silhouette de Naomi retourne s’étendre sur le matelas, laissant Reese dans l’indécision. Il voulait rester jusqu’à être certain qu’elle aille bien, pas forcément jusqu’au petit matin. Alors il semble réfléchir, quelques instants, avant de finalement laisser échapper un soupir. Il retire ses chaussures du bout de ses pieds, et sans un mot, il vient s’allonger à son tour, sans prendre la peine de se glisser sous les draps. « Je sais que tu es en colère. » Il garde ses yeux rivés sur le plafond, cette fois. Oui, il est en colère. Il ne s’en cache pas, irradiant une mauvaise énergie depuis déjà les prémices de leurs retrouvailles — dès l’instant où il a compris qu’elle n’était pas dans son état normal, seule dans les rues désertes de Brisbane. Souvent, son inquiétude autant que sa culpabilité se muent en ce vil sentiment, plus simple à gérer pour lui. A l’inverse, Naomi semble s’adoucir. Il sent subitement les doigts de cette dernière venir chercher les siens, avant de s’y nouer. Reese n’est pas quelqu’un de confortable avec le contact — à la fois intime et platonique. Cette proximité le crispe quelque peu, et pourtant, il se laisse faire. « Tu es tout le temps en colère. » « Je suis pas toujours en colère. » Il rompt enfin le mutisme dans lequel il s’était plongé, dans un soupir las. Il tâche de ne pas trop montrer cette facette, en tout cas, même s’il est probablement plus familier avec ce sentiment qu’avec bien d’autres, contrairement à ce dont il voudrait se convaincre. « Tu m’expliqueras pourquoi, un jour ? » Il laisse un court silence reprendre place, avant que sa joue ne vienne rencontrer l’oreiller, son visage se tournant vers la brune. « Tu fais dans la thérapie maintenant ? » qu’il murmure, avec une pointe d’ironie. Seulement, sans qu’il s’y attende, ce sont les froissements des draps qui lui répondent lorsque Naomi tire cette fois sa main avec la sienne, jusqu’à faire passer le bras du Grigson au-dessus de sa taille, le faisant basculer sur son flanc dans une étreinte qui le laisse pantois. Il l’avise d’un oeil perplexe, les sourcils froncés, dorénavant dans le dos de la brune. Et si les premières secondes, ses muscles se tendent, ils finissent par se relâcher doucement, dans un souffle. Il fait des efforts, probablement invisibles aux yeux de tous les hommes qui rêveraient d’être à sa place, à cet instant. Il remue doucement, pour trouver une place confortable — bien trop peu habitué à envelopper qui que ce soit dans ses bras de cette façon. « On verra ça un autre jour, si t’y tiens. » qu’il souffle dans sa nuque. Probablement pas, en réalité — ou en tout cas, ce n’est pas réellement dans ses projets de revenir sur le sujet. Malgré tout, et comme pour l’en convaincre, ses doigts, qui étaient jusque là restés inertes contre la paume de Naomi, viennent finalement se refermer sur les siens. « Mais avant ça, on dort. » Il s’inclut là-dedans par réflexe, pour ne générer ni question ni inquiétude, quand bien même il sait très bien qu’il ne fermera pas l’oeil avant au moins de longues heures. Son regard demeure fixé sur les cheveux bruns lui faisant face, qu’il détaille de longues secondes, distraitement. Il a du mal à réaliser la situation dans laquelle il se trouve, si éloignée de ce qu’il avait initialement prévu. Alors, après un silence qui aurait pu s’éterniser, il glisse finalement : « Bonne nuit, Nao. »
(C) PATR.ONUS


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