| | | (#)Mar 16 Aoû - 4:40 | |
| juliet & hassan crash and burnWhen you feel all alone and a loyal friend is hard to find, you're caught in a one-way street with the monsters in your head, when hopes and dreams are far away and you feel like you can't face the day - let me be the one you call, if you jump I'll break your fall, lift you up and fly away with you into the night. If you need to fall apart, I can mend a broken heart, if you need to crash then crash and burn, you're not alone. ☆☆☆ Après avoir tenté de batailler quelques jours, Hassan avait abdiqué : à peine Mo glissé sous les couvertures, Spike venait se rouler en boule au pied du lit et n'en bougeait plus avant le petit matin. D'abord réticent à laisser le chien et l'enfant seuls sans surveillance, l'enseignant s'était avoué vaincu en retrouvant deux matins de suite le petit bonhomme endormi sur le canapé, le berger allemand à ses pieds et Bandit jouant les vigies depuis son panier. Bien qu'aucun son ne soit toujours sorti de sa bouche, Mo parvenait sans mal à se faire comprendre et à imposer sa volonté, et pour peu que cela lui permette de gagner centimètre par centimètre un peu de la confiance supplémentaire du petit homme, Hassan essayait de s'ajuster à lui autant que Mo se trouvait forcé de le faire avec Owen et lui. La mère ? Elle n'était toujours pas réapparue, et perdant peu à peu espoir de la retrouver seul même en retournant chaque rocher de la ville, Hassan se débattait désormais avec l'éventualité (ou non) de s'en remettre à la police. La simple idée que les services sociaux ne débarquent chez lui pour emmener Mo dans un foyer en attendant de savoir quoi faire de lui lui donnait la chair de poule, et là se situait la raison principale au fait de n'avoir toujours pas pris de décision, autre que celle de continuer à gérer la situation au jour le jour dans l'espoir qu'elle ne s'éternise pas (trop). Mo dormait à poings fermés depuis déjà trois bonnes heures, ce soir-là, et une fois n'était pas coutume Owen avait suivi peu de temps après – il devait se lever tôt le lendemain, une histoire de bonnes oeuvres à laquelle il avait offert de participer, perdre sa soutane ne lui ayant pas pour autant fait perdre ses principes. Installé sur le canapé du salon, la tête de Bandit posée contre sa cuisse, Hassan profitait de cette accalmie solitaire pour rattraper les mails qu'Ethel prenait déjà – Dieu merci – soin de trier une première fois, tout en écoutant d'une oreille distraite les candidats de Survivor s'activer sur l'écran de sa télévision. Les vibrations successives de son cellulaire contre la table basse faisant lever une oreille au chien, le brun s'en était saisi sans s'attendre le moins du monde à la succession de messages décousus envoyés par Jules, lui assurant pourtant en guise de ponctuation être on ne peut plus sobre. La ride entre ses yeux se creusant avec souci, il avait aussitôt pianoté une réponse et proposé à la jeune femme de passer la récupérer – ou qu'elle soit. C'est Alfie. Encore. Bien sûr que c'était Alfie – encore. Mais rassuré de savoir Jules dans un taxi, il lui avait assuré attendre son arrivée et abandonné Bandit et le canapé pour aller mettre la bouilloire sur le feu. Sur le rebord de la fenêtre de la cuisine, les quelques mégots abandonnés dans le cendrier témoignaient de la mauvaise habitude à laquelle l'enseignant avait de nouveau cédé. Il avait eu mauvaise conscience (un peu), mais à l'inquiétude générée par l'annonce de la maladie de Joanne, l'arrivée impromptue du fils de Leela dans la balance déjà déséquilibrée de son quotidien s'était ajoutée en ne lui laissant que deux options : reprendre la cigarette ou reprendre l'Alprazolam – et l'un des deux ne nécessitait pas d'avoir à demander l'avis de son psy. Comptant les quatre cuillères de Sencha dans la théière, il avait attendu que la bouilloire soit sur le point de siffler pour la retirer du feu, et versé l'eau encore frémissante sur les feuilles en laissant l'odeur lui chatouiller les narines. L'air ensommeillé, Bandit l'avait rejoint à la cuisine et profité d'y être pour prendre une lampée ou deux d'eau dans sa gamelle, mais de retour au salon l'un avait rejoint son panier quand l'autre était allé guetter l'arrivée du taxi près de la fenêtre. Tant et si bien que lorsque Jules était arrivée à destination, elle n'avait pas eu besoin ni de sonner ni de frapper pour que la porte de la maison ne s'ouvre sur Hassan, dont le « Hey. » murmuré à voix basse étant tant une indication qu'à l'étage tout le monde dormait qu'une invitation à entrer. Ça et la main qu'avait tendue le brun en direction de la jeune femme pour qu'elle s'en saisisse.
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| | | | (#)Mar 16 Aoû - 18:13 | |
| Lily n'avait sûrement pas réalisé l'avalanche qu'elle laisserait dans ton coeur après son passage. Sans doute ne serait-elle pas venue si elle aurait su. Rien de tout ceci n'est de sa faute à elle. Enfin, si, un peu. Un enfant, ça se fait à deux. Mais elle ne l'a jamais fait dans le but de te blesser, tu le sais bien. Elle ignore sûrement à quel point le sujet de fonder une famille avec Alfie était délicat du temps où vous étiez encore ensemble. Elle était sûrement même ignorante que ton désir d'avoir un enfant est sans doute l'une des nombreuses raisons qui a poussé Alfie a te quitter, ironiquement. Tu ne savais pas vers qui te tourner suite au départ de la brune. Tu ne voulais surtout pas déranger personne plutôt. Il était tard, mais pas si tard non plus. Pas assez pour que Hassan soit déjà au lit. Parce que c'est machinalement vers son prénom que tu as appuyer un coup ton téléphone entre les mains, malgré les larmes qui te brouillent la vue. Heureusement, sa réponse ne tarde pas à arriver et son invitation - ou son acceptation à te laisser venir plutôt - te soulage encore plus que tu ne l'aurais imaginé. La seconde d'après, tu es déjà en train d'appeler le taxi qui te guidera jusqu'à ton ami. La crise de larmes semble s'être calmée alors que ta tête est appuyé contre la fraîcheur de la fenêtre de la voiture. Le chauffeur ne semble même pas osé ouvrir la bouche et c'est temps mieux, puisque tu te remettrais à pleurer dans la seconde. La voiture s'arrête au bout de plusieurs minutes devant la maison encore bien allumée de Hassan. Est-il seul ? Tu n'y a même pas réfléchi à deux secondes avant d'arriver ici. Sûrement pas. Ce n'est pas que Owen est désagréable, bien au contraire, c'est juste que tu le connais à peine et qu'il ne bénéficie pas de la proximité que tu as avec le brun. Au pire, ce sera à ton tour de vivre un moment particulièrement gênant en sa présence. Parce que rester toute seule chez toi ce soir n'est pas une option.
Tu n'as même pas le temps de venir cogner contre la porte qu'elle s'ouvre déjà. Le spectacle n'est sûrement pas très beau à voir. Tes yeux sont rougis. En fait, ton visage en entier est rougit par les larmes qui ont coulés comme des chutes. « Hey. » Sa voix est douce et réconfortante. Tu comprends surtout par sa discrétion qu'il ne veut pas déranger les autres endormis chez lui. Il ne faut pas plus d'une seconde avant que tu attrapes cette main qu'il tend vers toi. Tu fais un pas vers Hassan avant de venir te réfugier dans ses bras. « Je voulais pas… » que tu débutes dans un murmure aussi discret que lui, juste avant que ta voix ne se brise sur la fin. Tu ne voulais pas le déranger. Mais qui d'autre connaissait aussi bien ta relation avec Alfie ? Qui d'autre a été au première loge des semaines difficiles qui ont suivi votre rupture ? Et qui d'autre prendrait ton camp à toi ? Personne. « Il… il va avoir un… un bébé. » Ta voix est entrecoupée par les sanglots qui sont revenus au galop bien trop rapidement. On sait tous que "les premières fois" sont ce qu'il y a de plus difficile suite à une rupture. La première fois que tu le reverras. Le premier Noël et/ou anniversaire sans lui. La première fois où il en aimera une autre. Mais la fois où il ferait un enfant à une ex-plus ex-de retour ex (tu n'as rien suivis et c'est pas la partie qui t'as le plus blessée dans l'histoire), celui-là, tu ne l'as pas vu venir. « C'est… injuste. » Injuste que par sa faute, tu n'auras jamais d'enfant, alors que lui aura tout ce qui t'a refusé à une autre. Quand tu relâches l'étreinte de Hassan, ce n'est que pour tenter d'effacer le gâchis dans ton visage (non, ça ne fonctionne pas vraiment). « J'suis désolée… » Oh, bien sûr, tu vas sûrement passé la soirée/nuit au grand complet à t'excuser de t'imposer de la sorte pour quelque chose qui ne devrait plus t'affecter autant. « Tu… tu gardes encore tes neveux ? » Il faut croire que tu n'es pas encore complètement déconnecté de la réalité, puisque la paire de chaussures d'enfant dans l'entrée arrive à attirer ton attention. Une seule paire en fait. Il n'en garde qu'un seul ? |
| | | | (#)Jeu 1 Sep - 5:38 | |
| L'entourage d'Hassan avait cessé de s'étonner de le trouver encore éveillé et à portée de SMS jusque tard dans la soirée – voir dans la nuit. S'il avait durant des années cultivé un rythme de vie volontairement sain et les habitudes de sommeil allant avec, vestiges d'une épopée universitaire à se coucher tôt pour se lever aux aurores et fouler les pelouses du stade de rugby dans l'espoir de "ramener la coupe à la maison", le divorce, la maladie et la dépression (surtout elle) avaient balayé les bonnes habitudes pour une existence faite de théine, de somnifères et de beaucoup (beaucoup) d'insomnies. Il s'y était fait, comme il s'était fait à l'idée que maltraiter son sommeil de la sorte grignotait probablement chaque jour un peu plus son espérance de vie – cela faisait de toute façon sept ans qu'il vivait en ayant la sensation d'emprunter du temps auquel il n'aurait pas dû avoir droit au départ. Reste que dans le cas du brun, le fait d'être joignable à n'importe quelle heure ne se limitait pas à une expression galvaudée mais représentait au contraire une réalité, probablement pas étrangère au fait que Juliet ait lancé sa bouteille à la mer dans sa direction. Et si la teneur de ses messages et leur côté décousu laissaient peu de suspens quant à l’état dans lequel se trouvait la jeune femme, le brun ne s’attendait probablement pas à la trouver le visage si défait et l’air si désespéré lorsqu’il lui avait ouvert la porte. Oh Alfie, qu’est-ce que tu as encore fait ?À la voir, on devinait bien que Jules avait maladroitement tenté de sécher ses larmes en traversant l’allée pour rejoindre la porte, mais à la seconde où elle avait entrepris d’ouvrir la bouche son menton s’était mis à trembler de nouveau comme une feuille morte et elle s’était réfugiée dans les bras d’Hassan avec l’énergie du désespoir. « Je voulais pas … » Cédant sa place à de nouveaux sanglots, la phrase n’était jamais parvenue à son terme et le brun n’avait pas cherché à lui faire répéter, y préférant l’option d’attendre sagement que la jeune femme mette de l'ordre dans ses idées. « Il … il va avoir un … un bébé. » Oh. « C'est … injuste. » Oui. Il garderait bien sûr pour lui cet éclat de pensée on ne peut plus subjectif, mais il n'en pensait pas moins. Alfie ne voulait pas d'enfant, Alfie ne savait pas s'occuper d'un enfant – Alfie n'aurait même pas su quoi faire d'Anabel si Jules n'avait pas été là pour faire l'essentiel du travail durant des semaines. Jules méritait plus qu'Alfie. Hassan méritait plus qu'Alfie. « Je suis vraiment désolé Jules … » s'était-il pourtant contenté de répondre, la main flattant le dos de la jeune femme avec douceur, et Bandit se mêlant timidement à la fête en venant glisser son museau contre la jambe de la visiteuse, tant pour la renifler avec curiosité que pour tenter d'éloigner ses larmes. Et les sanglots finalement avaient fini par s'estomper, à leur rythme et en laissant le soin à Jules de sécher tant qu'elle le pouvait ses joues humides de larmes qu'Hassan n'aurait jamais eu l'idée de lui reprocher. Secouant à ce sujet la tête lorsqu'elle avait murmuré à son tour un « J'suis désolée … » hésitant, il lui avait fait signe de passer au salon mais avait laissé son regard se poser là où ses yeux à elle venaient de s'arrêter. « Tu … tu gardes encore tes neveux ? » C'eût été tellement plus simple. La tête répondant par la négative, il avait suivi dans le salon et expliqué d'un ton évasif « Je dépanne une amie pour quelques temps. Longue histoire. » en lui indiquant le canapé d'un signe du menton. L'histoire était plus rocambolesque que longue, en réalité, mais le moment était mal choisi et la situation suffisamment compliquée pour qu'il ait l'impression de ne pas mieux la maîtriser au fil des personnes à qui il l'a racontait. « J'ai fait du thé en t'attendant. » avait-il préféré indiquer, et s'éclipsant un court instant à la cuisine il en était revenu avec un plateau sur lequel il avait posé deux tasses, la théière fumante et le sucrier. « Fais attention il est chaud. » indiqua-t-il alors en lui tendant l'une des tasses, avant de s'asseoir à son tour sur le canapé tandis que Bandit préférait se coucher sur le tapis. Laissant passer un moment de silence durant lequel l'un et l'autre s'étaient contentés de souffler sur leur thé, Hassan avait finalement questionné à voix basse « C'est lui qui te l'a annoncé ? » Cela semblait toujours faire si peu sens : comment Alfie pouvait-il soudainement s'apprêter à être père après s'être détourné de Jules précisément à ce sujet ?
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| | | | (#)Mer 14 Sep - 0:31 | |
| Tous ses efforts pour faire taire la crise de larme qui t'avais submergé quelques minutes plus tôt sont en vains. À la seconde où tu aperçois la silhouette de Hassan dans la porte d'entrée, ton coeur redevient rapidement gros et lourd. À chaque pas que tu fais vers lui, tu te sens craquer un petit peu plus. C'est lorsque tu atteints ses bras que les larmes reviennent au galop. Ton corps au complet est pris de soubresauts alors que tu lui fais la version courte des dernières péripéties de Alfie : un bébé en route. S'il y a bien quelque chose que tu n'avais pas vu venir, c'est bien ça. La visite de Lily a chamboulé un bon nombre de questions - et de paranoïa surtout. Heureusement, c'est ici que t'as mené ton chemin et non vers Alfie. Ton discours aurait été encore plus décousu pour lui. Ça n'aurait fait qu'empirer les choses lorsque tu l'aurais attaqué simplement parce que tu es blessé et qu'il t'aurait blessé parce qu'il se sentait attaqué injustement. « Je suis vraiment désolé Jules … » Il n'a sûrement rien d'autre à dire de toute façon. La main qu'il passe dans ton dos à un petit quelque chose de réconfortant, mais ce n'est pas suffisant pour soigner ton coeur en miettes. Rien ne le sera. Tu te défais de l'étreinte de ton ami lorsque les sanglots s'estompent un peu. Le spectacle n'est sûrement pas très beau à voir avec tes yeux tout rouge et légèrement enflée. C'est bien ça, la beauté de l'amitié, de pouvoir être aussi vulnérable - et moche - devant une personne sans qu'elle ne pense simplement à juger quoique ce soit. Elle est précieuse ton amitié avec le brun. Aujourd'hui plus que jamais. Alors que tu pénètres un peu plus dans la demeure, tu remarques une paire de chaussure pour enfants dans l'entrée qui pique rapidement ta curiosité. L'un de ses neveux ? C'est la première chose à laquelle tu penses. La plus logique sans doute. Mais Hassan répond par la négative d'un signe de tête. « Je dépanne une amie pour quelques temps. Longue histoire. » qu'il ajoute comme explication. Longue histoire, ça n'annonce rien de bon, pour son amie ou pour lui. Dure à dire. Dans une toute autre circonstance, tu aurais sans doute insisté pour connaître les détails de cette histoire. Mais pas ce soir. Tu acceptes sans broncher qu'il balaie cette histoire sans plus de détails. Il t'invite d'un signe de la main à aller prendre place sur le canapé un peu plus loin. Tu obéis instinctivement après avoir de nouveau essuyer les gouttes salées sur tes joues à l'aide de la manche de ta veste. « J'ai fait du thé en t'attendant. » Tu prends place sur le canapé alors que Hassan disparaît dans la cuisine. Ton regard vide se concentre sur le bout de tes doigts qui seront bientôt détruits par l'angoisse et le chagrin. C'est presque dans un sursaut que tu redresses la tête lorsque le brun revient dans la pièce, déposant devant vous un plateau comprenant les deux tasses fumantes ainsi que le sucrier. « Fais attention il est chaud. » qu'il prévient en tendant l'une des tasses vers toi que tu prends entre tes mains. « Merci. » Pour ça, mais surtout pour tout le reste. Pour avoir répondu présent alors qu'il semble déjà en avoir plein les bras avec cet enfant qu'il doit s'occuper. Et les quelques feuilles ici et là qui annoncent une soirée chargée en correction - ou peu importe quoi d'autre. Il a sans doute mieux à faire, mais il choisit quand même de te laisser être là. Tu souffles sur le liquide dans la tasse avant de la porter à tes lèvres. Le thé te brûle les lèvres, mais la chaleur contre tes mains tremblantes est réconfortante. « C'est lui qui te l'a annoncé ? » Dure à dire si la nouvelle aurait été plus facile ou non à digérer si elle venait de sa bouche à lui. Au moins, tu aurais eu sa version des choses sur les millions de questions qui te sont venues en tête à ce moment-là. Tu sais et tu comprends que la grossesse n'est pas voulu, mais c'est comme si ton cerveau n'arrivait pas à l'assimiler malgré tout. Tout ce que tu te demandes c'est pourquoi elle et pourquoi pas toi ? « Non, c'est… une amie à lui. » Avant, tu aurais dit une amie à lui qui est devenue une amie à toi, mais ce n'est plus quelque chose que tu vois sous le même œil après aujourd'hui. Tu n'as pas l'audace de dire que c'est contre toi - tu es même convaincu du contraire, mais, ouais, cette histoire est bien trop tordu pour que tu considères encore Lily comme une amie commune. « C'est ce qu'il disait, mais c'est visiblement plus qu'une amie. » Et Hassan en comprendra que cette amie est également celle qui porte l'enfant d'Alfie. Celle dont Alfie à prétendu n'être qu'une amie, même juste la soeur d'un ami. Il a menti sur ça aussi. Peut-être même qu'elle est la raison pour laquelle Alfie à rompu avec toi. Paranoïa, on a dit hum. « J'ai essayé tu sais, d'avoir un bébé. Toute seule. » Un projet que tu as gardé jalousement pour toi. Sans doute parce que tu savais que ce serait un échec avant même de commencer les démarches. « Ce sera pas possible. » que tu conclus tout simplement en te rappelant les mots du médecins te suggérant fortement de trouver une autre alternative pour former ta famille tant espéré. Ce ne sera pas possible pour toi d'avoir un enfant biologique. Ni toute seule, et encore moins avec une autre personne. S'il y a bien quelqu'un qui pourra comprendre cet énorme deuil impossible à faire, c'est bien Hassan. « Qu'est-ce qu'on a fait pour mériter une telle injustice ? » Des dizaines même des centaines de personnes tombaient enceinte par accident. Des mauvaises personnes incapables de s'occuper de leurs progénitures avaient également des enfants. Mais deux personnes aptes et désirant avoir une famille en est incapable. Pourquoi la vie est si injuste ? |
| | | | (#)Sam 26 Nov - 3:48 | |
| Hassan avait beau avoir désormais passé plus de la moitié de sa vie sans eux, il subsistait encore dans certaines de ses habitudes l'influence incontestable de ses parents. Et notamment celle tenue de sa mère, de croire que n'importe quel coup dur pouvait s'adoucir avec une tasse de thé. D'autres depuis l'avaient conforté dans cette direction, en grands amateurs de thé les parents Khadji avaient entretenu l’aura de “remède à tout” qui flottait autour de la boisson, mais lorsque guidé par le blues Hassan se retrouvait sans même y avoir réfléchi à faire bouillir de l’eau et sortir sa théière, il avait toujours une pensée empreinte de tendresse pour sa mère. Et s’il n’était pas naïf au point de penser que faire infuser des feuilles résoudrait le moindre des soucis de Juliet, au moins espérait-il que la chaleur et l’odeur réconfortante de la boisson apporteraient un peu de baume à ce coeur qu’Alfie venait – à nouveau – de malmener. Du bout des lèvres, il avait tenté d’amener Jules à lui en dire un peu plus à ce propos, la révélation faite entre deux sanglots sur le pas de la porte semblant à la fois dégringoler de nulle part et être à mille lieues de ce qu’on imaginerait de l’anthropologue. Pas tant sur le fait que ses actions et ses choix fassent de la jeune femme une victime collatérale, chose dans laquelle l’homme s’était déjà illustré, mais sur le fait que la question des enfants avait toujours été un compromis impossible au sein du couple qu’il formait avec Juliet. Suffisamment en tout cas pour qu’Hassan, et sans doute d’autres, aient fini par être mis au parfum, et par comprendre avant les principaux intéressés que si l’un des deux n’était pas prêt à sacrifier ses désirs pour l’autre, la séparation serait la seule issue. Juliet se rêvait mère et Alfie se refusait à être père, il n’y avait pas de compromis possible, et pas de bon ou de mauvais élève non plus : simplement deux individus dont l’amour mutuel ne suffisait pas à effacer des aspirations qui n’étaient pas compatibles. Et pourtant. Pourtant Dieu savait comment, Alfie venait de rebattre les cartes et s’apprêtait à l’évidence à endosser un costume qu’il avait toujours catégoriquement refusé à Jules de lui faire porter. Un revirement que la jeune femme ne tenait pas de la bouche du principal intéressé, mais d’une autre que la situation semblait concerner de tout aussi près : « Non, c'est … une amie à lui. C'est ce qu'il disait, mais c'est visiblement plus qu'une amie. » Ah. « Je vois. » Il voyait, et surtout il se posait la question : celle de savoir si “l’amie” en question avait offert cette révélation à Jules avec les meilleures intentions du monde … Et bien qu’habituellement du genre à accorder facilement le bénéfice du doute à autrui, Hassan se permettait d’en douter. Mais qui sait, Joanne lui avait tant de fois prouvé que les meilleures intentions ne faisaient pas forcément les meilleures idées. « J'ai essayé tu sais, d'avoir un bébé. Toute seule. Ce sera pas possible. » Moins surpris que l’on aurait pu le penser par la confession, probablement parce que lui-même passé par les mêmes espoirs et les mêmes désillusions, il avait offert à son amie un regard désolé tandis qu’elle ajoutait « Qu'est-ce qu'on a fait pour mériter une telle injustice ? » dans un souffle. « Rien du tout. » Abandonnant sa tasse de thé sur le bord de la table basse, Hassan avait frotté ses mains l’une contre l’autre avec lassitude et reporté sur Jules un regard à la fois triste et résigné. « C’est juste … C’est comme ça. Et c’est injuste, mais c’est pas une question de mérite, hm ? T’as rien fait de mal. » Cela ressemblait à un argument un peu faiblard – et quelque part ça l’était probablement – mais pour avoir suffisamment retourné la question dans tous les sens et trop peu entendu qu’il ne le méritait pas moins que quelqu’un d’autre, le brun avait à coeur que son amie l’entende au moins une fois de la bouche de quelqu’un. Pour les jours où tenter de se le répéter seule ne suffirait pas (et ces jours savaient être nombreux). Car Hassan n’avait pas de solution à lui offrir, pas plus qu’il n’en avait eu pour lui-même, et faute de mieux il ne pouvait que formuler à haute-voix ce qu’il aurait parfois aimé entendre, lorsqu’il ne cherchait pas tant à ce qu’on lui apporte des réponses qu’à ce qu’on lui donne la sensation que ses émotions étaient valides. Même les mauvaises, même celles dont lui-même avait conscience qu’elles n’étaient pas toujours saines. « T’as le droit d’être en colère. Contre lui, contre eux … contre la terre entière, même, si t’as envie. » La colère faisait du mal, peut-être encore plus à ceux qui, comme elle, n’en étaient pas coutumiers, mais d’y céder était parfois le meilleur moyen de s’en débarrasser. « Mais ce que décide de faire Alfie de sa vie, ça doit pas te donner l’impression que ça réduit tes propres possibilités … Y’a des choses qu’il fera sans toi et qui te feront de la peine, et y’a des choses que tu feras sans lui qui lui en feront probablement aussi, c’est normal, mais ça se limite pas à ça. » Et cette petite voix dans un coin de son crâne, pour lui demander à quoi aurait ressemblé leur vie s’ils les avaient faites à deux, aussi. Mais s’en débarrassait-on vraiment un jour ? « T’es une belle personne, Jules, à l’intérieur et à l’extérieur, et si quelqu’un mérite d’avoir la famille dont elle rêve c’est bien toi … T’as peut-être simplement pas encore toutes les cartes en main. Peut-être que la réponse ce n’était ni Alfie, ni ce que tu envisageais seule, mais que quand ça te tombera dessus ça te semblera évident. » Et si cela semblait faire beaucoup de “peut-être” Hassan avait envie – non, il avait besoin – de croire que rien n’était jamais une fatalité, que les choses, surtout les mauvaises, finissaient toujours par avoir un sens, une nécessité.
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| | | | (#)Ven 2 Déc - 0:33 | |
| « Je vois. » Il n'élabore pas sur le sujet, menant les conclusions toute seule dans sa tête, et c'est très apprécié. Tu n'avais ni envie d'aller dans les détails, ni même celui de simplement prononcer son prénom à elle. Alfie allait avoir un enfant avec une autre femme qu'il appelait autrement une vieille connaissance sans plus, c'est tout ce qui importait. Le reste ne servait qu'à retourner le couteau dans la plaie. Ce n'est pas ce que tu es venu chercher ici ce soir. Tu ne sais pas vraiment ce que tu es venu chercher en fait. Sans doute seulement une personne qui pouvait véritablement comprendre ton chagrin. Tu te demandes soudainement comment il s'est senti lui, lorsqu'il a apprit que son ancienne femme allait avoir un enfant. S'est-il senti exactement de la même manière que toi ? La question te traverse l'esprit, mais ne franchira pas tes lèvres. Pas ce soir du moins. « Rien du tout. » Bien sûr que ni lui ni toi n'avez rien fait de mal. Que la vie est simplement ainsi. Qu'elle est facile pour certains et qu'elle s'acharne sur d'autres. « C’est juste … C’est comme ça. Et c’est injuste, mais c’est pas une question de mérite, hm ? T’as rien fait de mal. » C'est une vérité que tu sais déjà et que tu comprends, mais qui te semble impossible à accepter à ce moment précis. Pas alors que tu ne vois que le problème et que toute solution semble conduire à l'échec. « Ça doit être à cause de la fois où j'ai échangé des espadrilles de casier au primaire. » L'humour n'a rien de très convaincant lorsqu'on a le visage bouffis par les larmes. Est-ce que la pire chose que tu aies pu faire dans ta vie était d'échanger deux paires d'espadrilles de tes camarades de classe ? Presque. Tu as toujours eu un comportement irréprochable. Ce serait facile de croire que tu n'as rien fait de mal. C'est peut-être justement de n'avoir rien fait le problème. Tu passes ton temps à fermer les yeux sur trop de choses. À ne rien voir, parce que tu ne veux rien voir. Voilà où tu en es aujourd'hui, le coeur en miette et les rêves envolées.
« T’as le droit d’être en colère. Contre lui, contre eux … contre la terre entière, même, si t’as envie. » Tu hoches la tête de droite à gauche, alors que tu sens de nouveau l'eau remonter à tes yeux. « J'ai pas le droit Hassan. » Tu n'as certainement pas le droit de lui en vouloir ou de le détester alors qu'il ne te doit absolument rien. Est-ce vraiment de la colère ce que tu ressens ? Non, sûrement pas. De la jalousie mal placée, oui. Beaucoup de peine, un sentiment de trahison, d'injustice. Tu te sens soudainement incapable d'affronter les difficultés de la vie alors qu'hier encore, tu étais prête à tout. Tu te sens seul, terriblement seul, mais tu ne te sens pas en colère. Ce sont tout de même une panoplie d'émotions que tu ne devrais pas ressentir. « Mais ce que décide de faire Alfie de sa vie, ça doit pas te donner l’impression que ça réduit tes propres possibilités … Y’a des choses qu’il fera sans toi et qui te feront de la peine, et y’a des choses que tu feras sans lui qui lui en feront probablement aussi, c’est normal, mais ça se limite pas à ça. » Tu sais pas trop pourquoi ça te semble si étrange de l'entendre parler ainsi de vos deux vies parallèles, comme s'il t'apprenait quelque chose alors que tu le vis pourtant depuis deux ans. C'est peut-être la fatalité de la chose qui fait que ton petit coeur se serre ainsi. « T’es une belle personne, Jules, à l’intérieur et à l’extérieur, et si quelqu’un mérite d’avoir la famille dont elle rêve c’est bien toi … T’as peut-être simplement pas encore toutes les cartes en main. Peut-être que la réponse ce n’était ni Alfie, ni ce que tu envisageais seule, mais que quand ça te tombera dessus ça te semblera évident. » C'est un regard attendri que tu relèves cette fois-ci vers Hassan. Est-ce qu'il a raison ? Non, sûrement pas. Est-ce que ça fait du bien d'entendre ses mensonges ? Oui, ils sont totalement bienvenus. Ta main vient automatiquement se poser sur la sienne pour la serrer doucement. « T'es gentil. » que tu lui dis alors qu'un mince sourire s'affiche sur ton visage. « J'aimerais avoir ton optimisme. » Tu as pourtant toujours été celle qui était bien trop optimiste justement. Là, tu ne vois que du noir, mais le ciel bleu reviendra un jour ou l'autre. Quand ça te tombera dessus, probablement. « Il existe pas des tonnes de méthodes pour faire un enfant. » Les méthodes sont plutôt restreintes, oui, et tu dois rejeter la plupart d'entre elles, faute d'ovocytes qui ne veulent pas coopérer. Ce ne sera jamais comme tu l'aurais souhaité au départ, mais oui, ce serait parfait peu importe si c'est vraiment pour arriver. « Tu crois que ça gênerait quelqu'un si je reste ? » Quelqu'un étant Owen, puisque tu as déjà pris en considération que Hassan serait d'accord et que le jeune invité sera ton fan numéro un lorsque tu lui feras des pancakes bonhomme sourire. Les enfants ne sont jamais compliqués à satisfaire. Les adultes devraient apprendre d'eux parfois. « J'ai pas envie d'être toute seule. » que tu précises ensuite. Mais tu rentreras quand même chez toi s'il le faut. Pour rien au monde tu ne voudrais déranger le calme ici, ni nul part ailleurs. Tu es toujours celle qui s'efface au profit des autres, ça ne change pas ça. |
| | | | (#)Dim 22 Jan - 6:28 | |
| Il y avait aux yeux d’Hassan une différence fondamentale entre être en colère, et faire subir ladite colère aux autres. Et s’il tâchait autant que possible de ne jamais céder à la seconde possibilité, bien qu’il ait parfois failli à cette tâche et tout fait pour s’en repentir ensuite, il avait appris à cohabiter avec la première et à se nourrir de ce qu’elle pouvait lui apporter pour mieux parvenir à s’en délester ensuite. Il avait appris qu’être en colère ne faisait pas de vous une mauvaise personne, qu’elle était humaine au même titre que le bonheur ou le désespoir, et que l’on y puisait parfois une force que l’on n’était pas parvenu à trouver ailleurs. Ce soir-là, pourtant, il avait gardé toutes ces réflexions pour lui et n’avait pas tenté d’en emplir la tête de Juliet, déjà trop pleine de toutes les émotions qui s’y bousculaient. Il aurait aimé pouvoir faire plus, pouvoir chasser au moins un peu de sa peine, mais si le souvenir de la première fois qu’il avait revu Joanne son premier né dans les bras était devenu plus flou au fil du temps, la douleur du trou béant que tout cela avait creusé dans sa poitrine était un souvenir encore vivace six ans plus tard … Et ça, personne n’aurait rien pu dire ou faire pour y changer quoi que ce soit. Elle finirait par se remettre d’Alfie parce que la vie était ainsi faite, on se remettait de tout (presque), mais Dieu seul savait combien de temps cela prendrait – et Juliet et lui ne priaient même pas le même. « T'es gentil. J'aimerais avoir ton optimisme. » Le sourire qu’elle lui avait offert avait été rendu avec la même légèreté empreinte de tristesse, et dans un souffle le brun s’était entendu répondre « C’est pas de l’optimisme, c’est de la survie. » sans que l’on sache trop s’il s’adressait à elle ou s’il se parlait simplement à lui-même. Peut-être un peu moins maintenant, mais à une époque, pour sûr. Mais était-ce seulement l’idée qu’Alfie avance sans elle ? Ou plutôt le fait qu’il accède à ce dont elle avait toujours rêvé ? Ce qu’il lui avait en fait toujours refusé, même, pour ce qu’en avait compris Hassan au fil de ses discussions avec l’un et l’autre – avant que l’anthropologue ne disparaisse pour de bon du paysage. « Il existe pas des tonnes de méthodes pour faire un enfant. » avait-elle en tout cas fait valoir d’un ton résigné, l’enseignant bien trop au fait du plafond de verre auquel elle se heurtait, pour s’y être déjà cogné avant elle. Mais Jules était encore jeune, plus que lui, et la liste des possibilités n’était probablement pas encore épuisée ; Il lui souhaitait. « Tu crois que ça gênerait quelqu'un si je reste ? J'ai pas envie d'être toute seule. » Quand bien même Owen aurait eu le bon goût de ne pas en faire mention si la chose l’avait effectivement importuné, le brun n’avait aucun doute quant au fait que ce ne serait pas le cas, et posant sur l’épaule de la jeune femme une main amicale il avait assuré « Tu restes autant que tu veux. » avant de terminer sa tasse de thé, et d’ajouter en plaisantant « Owen est un peu grognon tant qu’il n’a pas eu son café, mais il fait les œufs brouillés comme personne. » Mais grincheux, le blond ne l’était qu’à la hauteur de ce qu’était son caractère habituel : autrement dit, il restait bien mieux luné que certains ne l’étaient même dans leurs meilleurs jours. « Termine ton thé tranquillement, je vais te préparer le lit d’appoint dans le bureau. » Le fameux bureau dans lequel Hassan était incapable de s’installer, préférant étaler sa paperasse sur sa table basse et malmener sa colonne vertébrale au passage. Parfois il pouvait presque entendre sa mère lui dire qu’il finirait bossu, à force de se tenir aussi mal. « Hey, Jules ? » Passant le seuil pour retourner à l’escalier, il s’était appuyé contre l’encablure de la porte et avait attendu que la concernée lève les yeux vers lui. « Ça va aller. » Peut-être pas ce soir, ni le suivant, ni les quelques prochains, mais un jour, promis.
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