| (alfly #13) who needs wings when they're less fun? |
| | (#)Mer 17 Aoû 2022 - 20:43 | |
| (2009) “S’il vous plaît, dépêchez-vous.” C’est ce qu’a demandé une Lily pleurnichant au bout du téléphone relié au service des pompiers de la ville, gardant sous les yeux l’image d’un Callum se vidant de son sang. Tout était joué, préparé. Elle n’a pas eu le temps de voir les détails, peut-être, mais le scénario dans son entièreté lui est venu avec naturel et simplicité: elle est une fiancée inquiète, fatiguée et apeurée face à un petit-ami qui a voulu s’ôter la vie par détresse. La vie se brûle par les deux bouts sous ses yeux et elle tient à peine debout, chose qu’elle n’a pas à inventer alors qu’elle vit une journée difficile et interminable. « Fais-en ce que tu veux. Mais tu restes quand même là ce soir. Et tous les soirs nécessaires. » Sont les mots qu’a eu Alfie en retour, ceux auxquels elle n’a pas jugé bon de répondre, parce qu’elle ne voulait pas lui faire le plaisir d’une réponse par la positive. Elle aurait tout aussi bien pu rentrer chez eux, sachant par avance que Callum allait passer la nuit en observation à l’hôpital et qu’on lui préconiserait de rentrer chez elle pour tenter de dormir un peu. Elle aurait pu, oui, mais elle n’a aucune envie de se retrouver seule et à la merci du moindre bruit non identifié, du moindre bruissement de quoi que ce soit. Alors, Lily lui a décoché un regard noir qui signifiait à ce soir.
* * * Les événements se répètent. C’est une journée sans fin dans laquelle elle toque de nouveau à la porte d’Alfie, pour la deuxième fois déjà aujourd’hui, même si elle n’est pas certaine de pouvoir appeler la journée ‘aujourd’hui’ alors que minuit a eu le temps de sonner. Ils ont eu besoin de temps pour s’occuper de Callum et elle, la petite-amie inquiète, ne pouvait décemment pas quitter son chevet, même si elle s’est demandée à de nombreuses reprises si elle ne pouvait pas simplement poser un coussin sur son visage et mettre un terme à ses souffrances de façon définitive. Personne ne serait réellement étonné d’un mort de plus à l’hôpital, non ? A la seconde où la porte s’ouvre, Lily ne lui laisse pas le temps de jouer à un quelconque jeu qu’elle s’engouffre déjà à l’intérieur de l’appartemment qu’elle commence à connaître. “Tu as tout nettoyé ?” Le sang. Elle ne pouvait pas le lui demander par message, bien trop consciente de l’aspect peu sécurisé de tels échanges, alors elle le fait enfin maintenant, à voix basse, ses prunelles plantées dans les siennes.
Les faits. Lily s’en tient aux faits. Il y a ce sang qu’ils doivent nettoyer avec grand soin, il y a la version officielle de l’histoire dont elle doit le mettre au courant, il y a tous les ordres qu’il ne suivra pas qu’elle doit pourtant lui transmettre, à commencer par ne plus jamais recroiser la route de Callum. Il y a des remerciements qu’elle voudrait placer au milieu de tout ça, il y a une étreinte qu’elle pourrait quémander, si jamais elle ne gardait pas en mémoire les griffes qu’il a plantées contre son ventre dans le seul but de faire naître chez elle la douleur. Elle reste, oui, mais personne n’a demandé à ce qu’elle arrive à trouver le sommeil, même si ce n’est pas le souci pour la santé de son fiancé qui la tient éveillée. “Je dors dans le lit, je te préviens.” Le canapé, trop peu pour elle. La journée a été longue et il le sait, elle n’a aucune envie de négocier quoi que ce soit, pas alors qu’elle sent encore la pression de la main de son fiancé contre son cou. “Et pas toi.” Il y a toujours besoin de préciser, quand il s’agit d’Alfie. Parce que justement, c’est Alfie. “T’as un truc à grignoter ? Ou je peux me faire quelque chose à manger ?” Lily demande pourtant, concédant un ton plus enclin à la discussion, espérant qu’il n’a pas encore les placards d’un adolescent vivant de ketchup et de céréales.
Dernière édition par Lily Keegan le Jeu 29 Sep 2022 - 11:03, édité 1 fois |
| | | | (#)Dim 4 Sep 2022 - 16:17 | |
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@LILY KEEGAN & ALFIE MASLOW ⊹⊹⊹ who's gonna love me in the morning? who's gonna love me in the night? who's gonna love me in the morning? who's gonna love mе? Who's gonna love me? (c) nolimo. Quiconque se retrouvant à genoux par terre à nettoyer du sang jusqu’à s’en faire mal aux mains n’y prendrait probablement aucun plaisir. Alfie, lui, ponctue ses efforts de sourires carnassiers lorsqu’il s’arrête quelques instants pour observer son œuvre. Callum gisait ici il y a encore quelques heures et il ne peut s’empêcher de ressentir plus de fierté que de désolation. À ses yeux, il savait pertinemment ce qui l’attendait et le jeune homme n’a eu que la bonne leçon qu’il méritait depuis des années. Il n’a aucune légitimité à se plaindre de ses souffrances en considérant le fait qu’il était le premier à en infliger à Lily. Alors Alfie a appliqué la loi du talion et la justice ne lui a jamais semblé aussi belle que lorsqu’il a pris le temps de détailler les traits d’un Callum qui suppliait avant de tomber dans les pommes. Lily a joué son rôle à la perfection, l’emmenant à l’hôpital pour mieux accentuer son rôle de petite-amie éplorée tandis qu’il se charge d’une besogne qui n’en est pas une quand on y prend autant de plaisir qu’Alfie. Le sang ne l’a jamais dérangé, ni le sien, ni celui des autres et encore moins celui de Callum qu’il nettoie avec application uniquement parce qu’il est nécessaire pour parfaire leur version. Si aucune excuse, ni justification n’avaient lieu d’être, probablement que la tâche n’aurait pas été considérée comme aussi urgente. Ses mains se souillent au même rythme que ses pensées s’emplissent d’interrogations. Il se demande si Callum a repris conscience, s’il se souvient de ce qu’il s’est passé – il l’espère. Il espère que la seule présence d’Alfie soit un facteur d’anxiété suffisant pour le pousser à quitter la ville sans se retourner et à enfin offrir à Lily la quiétude qu’elle mérite. Callum n’a jamais été assez bien pour elle et de toute évidence Alfie avait raison depuis le début. Bien sûr, il s’attend à ce que la jeune femme lui demande de ne jamais recroiser le chemin de son (ex ?) petit-ami parce qu’il n’a pas respecté son engagement et qu’il n’a pas su l’épargner, mais elle sait aussi qu’il n’a jamais été particulièrement doué pour obéir aux ordres.
“Tu as tout nettoyé ?” Il secoue la tête par l’affirmative, s’écarte légèrement pour la laisser entrer autant que pour lui permettre de faire l’état des lieux et de s’offusquer si l’appartement n’est pas assez propre à son goût. Il ne s’en vexera même pas, conscient qu’après plusieurs heures passées à rendre cet appartement impeccable il n’est plus en mesure d’avoir l’œil assez aiguisé pour lui permettre d’apercevoir ses propres erreurs et que Lily se fera un plaisir de les souligner. Verrouillant la porte derrière elle, il calque ses pas sur les siens pour rejoindre la pièce principale. “Je dors dans le lit, je te préviens.” Il fronce les sourcils pour lui faire comprendre qu’il n’est pas d’accord avec cette affirmation, bien qu’un rictus ne tarde pas à prendre place sur ses lèvres quand elle ajoute : “Et pas toi.” Quand bien même l’idée ne lui déplairait pas, Alfie a surtout conscience que le moment ne s’y prête pas ; et pour une fois il est sincère dans ses intentions, bien que la perspective de prendre le canapé ne lui a pas effleuré l’esprit – il se serait contenté d’être adulte et responsable en partageant le même lit qu’elle. À vrai dire, il est persuadé qu’elle n’en a pas encore conscience, mais que sa présence à ses côtés sera sûrement appréciée, ce soir, en tout bien, tout honneur. “T’as un truc à grignoter ? Ou je peux me faire quelque chose à manger ?” - « Laisse, je comptais m’en occuper. » Il lui grille la politesse tandis qu’il règle le four et sort du frigo des buns et des galettes de quinoa et betteraves préparés la veille et qui auraient dû composer son repas avant que Callum ne décide de changer ses plans. « Comment il va ? » Il interroge sans prononcer ce prénom qui ne mérite même pas qu’on s’y attarde – comme celui qui le porte, en réalité. « Pas encore mort ? » Qu’Alfie rajoute rapidement, un sourire narquois aux lèvres ; il a bien conscience que ça n’aurait probablement pas aidé leur histoire, mais qu’il s’agit néanmoins de la fin idéale, à ses yeux.
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| | | | (#)Jeu 15 Sep 2022 - 15:20 | |
| Son mouvement de tête lui informe qu’Alfie a effectivement nettoyé tout le sang et c’est un véritable soulagement pour elle, non parce qu’elle aurait été gênée de la vue (ce qui aurait été difficile à croire pour une infirmière) mais bien parce qu’elle n’a plus la force de gérer ça maintenant. La journée a été infiniment longue, bien trop longue, et la jeune femme en est encore à se demander comment elle tient debout grâce à ses jambes qu’elle devine flageolantes à de bien trop nombreuses occasions, quand ce n’est pas directement sa tête qui lui joue des tours et joue d’instruments sonores à l’intérieur de son crâne. Du regard, elle vérifie tout de même la véracité des dires d’Alfie, ne pouvant pas se permettre qu’il ait oublié un endroit ou un autre. Officiellement, Callum n’a même jamais mis les pieds dans cet immeuble. La vue de chaque meuble et chaque recoin de la pièce lui fait penser à un geste ou à un mot d’un des trois protagonistes, à un sentiment ou à un autre de sa part, tant et si bien que l’inspection tourne court lorsqu’elle ferme les yeux pour prendre une plus grande inspiration et se diriger plus loin dans l’appartement. Au passage, elle n’oublie jamais de dicter ses ordres au brun, comme pour se persuader qu’elle est toujours en pleine possession de ses moyens et qu’il ne s’est absolument rien passé de grave aujourd’hui. Absolument rien. Ils sont simplement deux amis qui profitent d’un peu de temps libre pour rattraper le temps perdu et parler de la pluie et du beau temps.
« Laisse, je comptais m’en occuper. » Et elle ne se bat pas pour être encore et toujours celle qu’il cuisine. Lily a à coeur de s’en charger parce qu’elle aime ça autant qu’elle aime pouvoir diriger de quoi sera fait le repas tout entier, mais ce soir elle ne fera pas la difficile, surtout si cela lui donne une excuse supplémentaire pour retrouver place contre un coin du canapé, assise comme une enfant timide - chose qu’elle n’est plus en la compagnie d’Alfie depuis bien longtemps. La vérité, c’est qu’elle souhaite simplement se faire petite et espère que cela suffira à atténuer la douleur de son coeur battant. “T’es devenu une vraie ménagère.” Lily commente dans un rire forcé, vantant les qualités culinaires d’un homme qui, il y a quelques heures encore, explosait le crâne de son fiancé. Il a des circonstances atténuantes. « Comment il va ? » La gorge de la jeune femme se noue alors qu’elle n’a aucune idée de la façon dont elle devrait répondre à cette question, surtout pas quel niveau de vérité ou de mensonge elle doit y apporter. « Pas encore mort ? » - “Alfie.” Elle gronde faiblement, ne voulant pas jouer à ce jeu là, ni même donner de la matière aux voisins avec qui il partage sûrement des murs trop peu épais pour que cela soit une bonne idée de parler du sujet aussi librement. Pourtant, elle lui doit la vérité. “Il est dans un état stable, maintenant.” Il va s’en sortir, oui, mais ce n’est pas ce qu’Alfie veut entendre. Il veut les détails sordides, il veut connaître le fruit de son dur labeur, il veut savoir si Callum a effectivement souffert sur son lit blanc d’hôpital. “Son pronostic vital était engagé, quand on est arrivés à l’hôpital. Il avait une hémorragie au cerveau mais elle a rapidement été contenue.” Alors, il pourra savourer au moins cette partie-là de sa victoire, lui qui aurait pu causer des dommages irréversibles sur sa personne, en plus d’un traumatisme déjà évident. Son corps est contusionné, coupé en de nombreux endroits quand ce ne sont pas ses os qui ont été fragilisés ou son ventre roué de coups. Ce sont autant de faits que Lily n’a pas expliqué, se contentant de jouer la veuve déjà éplorée et largement choquée, incapable de se souvenir des détails: tout ce qu’ils ne découvriraient pas d’eux-mêmes seraient des plaies que le corps fatigué de Callum allait devoir gérer seul, sans résultat assuré. Et tant mieux pour lui. “La ville n’a pas de caméras. J’ai dit qu’un inconnu s’en était pris à nous dans la rue pour nous voler et qu’il avait tenté de s’interposer.” Il a le bon rôle dans cette histoire, mais elle ne pouvait décemment pas faire autrement, chose qu’elle annonce en osant enfin relever son regard vers Alfie. Aujourd’hui, il l’a sans nul doute sauvée du pire. “Merci. Pour… tout ça.” Ses doigts jouent avec les pans de son t-shirt sur lequel elle laisse mollement son regard retomber, bien plus par fatigue et tristesse que par honte. Finalement, c’est une tâche marron qu’elle en vient à gratter frénétiquement, sans aucun résultat. “Je peux t’emprunter des vêtements ?” Tout ce qui pourra lui éviter de se remémorer la scène sera le bienvenue. “Tu as regardé si tu n’avais pas de blessures ?” Un service est contrecarré par une autre question, laquelle sous-entend qu’elle peut jouer les infirmières pour lui à défaut d’avoir la moindre envie de le faire pour Callum, si jamais il en a besoin. |
| | | | (#)Jeu 22 Sep 2022 - 15:36 | |
| L’aisance d’Alfie démontre que, si statistiquement il en est à son premier crime, dans les faits il s’attendait à ce que ce moment se produise. Non pas qu’il avait planifié ses sévices à l’avance, mais parce que ce serait mentir que d’affirmer que son impulsivité ou son manque de patience ne l’a pas poussé dans de beaux draps par le passé. Les mauvaises décisions ont été légions, la différence avec aujourd’hui est simplement que l’alcool ou toute drogue dans son organisme n’altéraient pas ses capacités de réflexion. C’est son envie qui a dicté ses gestes, et c’est peut-être bien plus dangereux que n’importe quelle substance, en réalité. Car s’il peut rester abstinent – il l’est en ce moment – il ne peut réprimer ses envies. Il a toujours guidé sa vie selon celles-ci, il les a toujours écoutées avant d’écouter sa raison, ce qui implique que l’événement pourrait être amené à se reproduire et que ses justifications seront alors bien maigres s’il doit faire face aux conséquences de ses actes : difficile d’expliquer aux autorités que s’il a cassé la gueule d’un mec, c’était parce qu’il en avait envie. Aucune circonstance atténuante ne sera de son côté, ce qui rend l’agression de Callum aussi satisfaisante que déplaisante ; parce qu’elle est vouée à être unique alors que s’il s’écoutait, il reproduirait la même scène en continu. Au-delà de ses propres envies, il y a les désirs de Lily et le fait qu’elle est bien plus raisonnable que lui, qu’elle a conscience que tout ceci ne pourra se reproduire au risque de mettre leur petit secret en danger. Et si le danger ne lui a jamais fait peur, s’il fonce volontairement vers celui-ci, il ne désire pas emporter Lily avec lui, ce qui est probablement sa plus belle preuve d’amitié. Silencieuse, certes, mais existante.
Lily, raisonnable, mais pas imperturbable alors qu’il est évident que les émotions de la journée l’ont épuisée. Il suffit de voir le peu de précaution qu’elle accorde à repasser derrière lui pour s’assurer qu’il a effectivement fait sa part du boulot ; sa manière de soupirer autant que de se déplacer dans cet appartement, la perte de contrôle dont elle fait preuve, surtout face à lui. “T’es devenu une vraie ménagère.” Le rire n’est pas sincère, la réflexion ne l’est pas plus, il n’y a rien de naturel dans cette conversation et ils le savent tous les deux. Alors Alfie ne met pas longtemps avant d’en venir au vif du sujet, ce qui l’intéresse réellement, l’état de Callum qui, il l’espère, est à l’agonie. “Alfie.” Il hausse les épaules d’un air détaché, sans forcer ; il l’est réellement. L’état du compagnon de Lily ne l’intéresse pas et s’il s’écoutait, il serait le premier à lui rendre une petite visite pour couper les tubes qui le maintiennent en vie à cet instant. “Il est dans un état stable, maintenant.” Le soupir qu’il laisse échapper traduit de ce qu’il pense de la nouvelle. “Son pronostic vital était engagé, quand on est arrivés à l’hôpital. Il avait une hémorragie au cerveau mais elle a rapidement été contenue.” - « Il aura des séquelles ? » Et son regard autant que son sourire implorent Lily de lui répondre par l’affirmative, bien qu’il ait déjà une idée de la réponse. Surtout, il réalise qu’il aurait réellement dû s’écouter plutôt que d’écouter la jeune femme, sans quoi ils ne vivraient pas avec la pression que Callum dévoile leur désormais sombre secret. Il aurait dû l’achever, pour leur éviter toute crainte que celui-ci exerce une sorte de chantage, tout en sachant que le laisser vivre c’est également s’assurer qu’il ne soit désormais habité que par la peur qu’Alfie puisse venir terminer le travail – car il en serait capable. “La ville n’a pas de caméras. J’ai dit qu’un inconnu s’en était pris à nous dans la rue pour nous voler et qu’il avait tenté de s’interposer.” - « Quel héros. » Qu’il souffle avec ironie, avec d’ajouter : « Ce qui est bien avec les inconnus, c’est qu'on sait jamais quand ils vont venir terminer le travail. » Il laisse entendre, un regard entendu qui s’adresse à Lily. “Merci. Pour… tout ça.” Il fronce les sourcils, surpris autant qu’il ne trouve pas cela mérité, à vrai dire. « Je suis pas sûr de t’avoir aidée. Il a un moyen de pression sur toi, maintenant, t’as pensé à ça ? » Il demande d’une voix qui se veut douce, alors qu’elle reprend la parole. “Je peux t’emprunter des vêtements ?” Il hoche la tête. « Je te laisse fouiller les placards et faire ton choix. » Puisqu’elle a décidé que la chambre serait sienne, qu’elle fasse comme chez elle. “Tu as regardé si tu n’avais pas de blessures ?” - « Ça dépend, tu comptes jouer les infirmières ? » Qu’il demande avec son sourire provocateur collé aux lèvres. Sauf que cette fois-ci, il a des intentions sincères : celles de détendre l’atmosphère. « Je vais avoir un bleu sur la mâchoire, c’est tout. » Qu’il reprend, ajoutant avec sérieux : « On peut aller récupérer tes affaires pendant qu’il est à l’hôpital, tu sais. » Il l’accompagnera, autant qu’il l’aidera à trouver un mensonge pour justifier pourquoi la veuve éplorée a profité de quitter son mari pendant sa convalescence, ce n’est pas bien difficile de supposer que Callum n’a pas finalement pas été visé au hasard dans la rue en lui attribuant des actes peu glorieux qu’Alfie n’aurait aucune peine à rendre réels pour les besoins de leur supercherie.
@Lily Keegan
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| | | | (#)Sam 24 Sep 2022 - 14:11 | |
| Si elle n’avait pas été forcée de continuer à jouer le jeu, Lily aurait eu le même soupire qu’Alfie lorsqu’elle lui apprend que Callum va s’en sortir. Désolé, dénervé, déçu. Il ne devrait pas avoir le droit de s’en sortir, parce que cela signifie uniquement qu’il recommencera à être le même homme, à la seconde où il sera assez rétabli pour hausser la voix et la main à nouveau. Sur Lily, sur d’autres, là n’est même pas la question. « Il aura des séquelles ? » - “Ils ne savent pas encore.” Et même s’il devenait un légume, il trouverait encore le moyen d’être violent. Lily ne veut pas trop garder d’espoirs quant à sa capacité à justement devenir incapable de tout, parce que ce sont toujours les ordures qui s’en sortent le mieux, dans la vie. Face à Alfie, elle se contente des faits, de toute façon bien trop consciente qu’ils sont sur la même longueur d’onde et qu’ils l’expriment différemment. Si elle était certaine de ne pas être éclaboussée par les conséquences d’un tel acte, il y a bien longtemps qu’elle aurait elle-même tué son fiancé. Au lieu de ça, elle lui donne non seulement des excuses, mais surtout le bon rôle. « Quel héros. » Elle soutient son regard sans le moindre sentiment, véritable petite marionnette à qui on a retiré tous les fils à cause de l’usure. « Ce qui est bien avec les inconnus, c’est qu'on sait jamais quand ils vont venir terminer le travail. » Lily devrait le ramener à la raison, elle devrait lui dire qu’il n’a pas intérêt, que ce ne sont pas ses affaires, qu’il doit se tenir loin de sa vie. Pourtant, Lily ne dit rien. Lily ne fronce même pas les sourcils, elle ne serre même pas la mâchoire. L’idée que son fiancé puisse mourir par la faute d’Alfie ne crée aucune boule dans sa gorge, ni même dans son ventre. La seule boule qu’elle acceptera de laisser se former dans son ventre est un enfant. “Les accidents, ça arrive.” Et ce qu’il y a de bien avec les accidents, c’est justement lorsqu’ils sont qualifiés ainsi. Son regard, froid, n’a aucun mal à retrouver celui d’Alfie, alors qu’elle parle tout bas uniquement pour ne pas risquer d’être écoutés par un voisin curieux. Du reste, elle n’a honte de rien et, surtout, elle n’a pas peur d’aller au bout des choses.
Pour changer de sujet, et contre toutes attentes, la jeune femme ressent le besoin de remercier Alfie pour sa présence. Il a créé un immense problème, certes, mais elle est au moins heureuse que Callum ait mordu la poussière une fois ; et qu’il lui ait ouvert sa porte, une première fois dans l’après-midi, et une autre fois maintenant. « Je suis pas sûr de t’avoir aidée. Il a un moyen de pression sur toi, maintenant, t’as pensé à ça ? » Elle hoche la tête, bien consciente que le répit n’est que de courte durée et qu’elle devra trouver comment gérer le problème dès qu’il aura le droit de rentrer chez lui et que sa petite-amie devra évidemment être celle à le conduire jusqu’à chez eux. “Je sais, je sais. Je vais trouver une solution.” Elle a au moins le mérite de le connaître, lui et ses nombreux talons d’Achille. Elle trouvera comment aborder le problème et, surtout, comment lui trouver une solution sans risquer d’éclabousser sa famille, ou sa propre réputation. Lily répond sur le même ton qu’a, étonnamment, utilisé Alfie pour lui poser la question. Ce soir plus que jamais, son attitude se calque sur la sienne lorsqu’il s’agit d’agiter le drapeau blanc: elle ne peut pas se permettre d’avoir trop d’ennemis dans son cercle proches. Surtout, elle ne le veut pas.
« Je te laisse fouiller les placards et faire ton choix. » Alfie remercié d’un hochement de tête entendu, elle n’attend pas davantage avant de se rendre dans sa chambre, le pas lent et mal assuré. Ses mains cherchent ce qui ressemble à un t-shirt et à un jogging, son envie d’être éternellement parfaitement présentable quel que soit le contexte étant plus que jamais éteinte. Tout est trop grand, elle se noiera dedans, et elle ne demande rien de plus si ce n’est peut-être de voir brûler les affaires tâchées qu’elle porte en cet instant. De la pulpe de ses doigts, elle referme la porte et se change rapidement, ramenant frénétiquement ses mèches derrière ses oreilles, incapable d’en supporter la caresse contre son visage.
Lorsqu’elle pointe à nouveau le bout de son nez face à Alfie, c’est à sa personne qu’elle s’intéresse et à sa santé par extension, consciente que tout est allé bien trop vite pour qu’elle ait eu le temps de lui demander comment il va, lui. Physiquement, au moins. Mentalement, elle se doute déjà de la réponse. « Ça dépend, tu comptes jouer les infirmières ? » - “J’aurais de quoi travailler ?” Elle passe outre le sous-entendu habituel et se contente de reposer la même question sous un angle différent, soutenant son regard sans mal alors qu’elle se doute plus que jamais qu’il ne nourrit aucune idée à son égard. Il a des défauts, beaucoup (elle en a la liste sur son journal intime d’adolescente), mais pas celui-ci. « Je vais avoir un bleu sur la mâchoire, c’est tout. » Ses pas se rapprochent du jeune homme, elle pose ses doigts contre sa mâchoire pour s’assurer qu’il ne minimise pas ses propos. Délicatement, bien plus qu’à son habitude, elle le fait tourner le visage de l’autre côté pour s’assurer qu’il n’existe pas d’autres contusions. “Toi aussi tu pourras t’inventer une histoire héroïque.” Elle sourit maigrement, mais au moins elle sourit. Il n’a pas l’air d’avoir reçu d’autres coups, elle veut le croire sur parole.
« On peut aller récupérer tes affaires pendant qu’il est à l’hôpital, tu sais. » Lily esquisse un pas en arrière en même temps qu’elle secoue sa tête de droite à gauche, son regard toujours posé sur son ami. “Non, non. J’ai pas envie de retourner là-bas maintenant.” Ce serait le plus simple, le plus sûr aussi, mais elle en est tout aussi peu capable qu’elle n’en a aucune envie. Là-bas, il y a trop de souvenirs, là-bas, cela lui demanderait trop d’énergie. “Je vais te voler ces fringues là, au cas où t’en doutais.” Nouveau sourire, mal assuré mais présent. Et déjà, Lily croise les bras contre son torse, reprenant son sérieux. “Je vais le quitter. J’ai juste besoin de trouver comment le faire.” Il se doute qu’elle ne parle pas de la façon dont elle doit lui dire “je. te. quitte.” mais bien de tout ce qu’il y a autour, de leurs fiançailles, de leur maison, de ce qu’elle devra dire à ses proches, de ce que pensera tout le monde de ce pauvre héros qui se voit plaqué après un court séjour à l’hôpital. “Ecoute… je suis fatiguée. J’ai juste envie que la journée se termine. On se disputera demain.” Elle capitule avant même que le ton ne monte réellement et les idées, trop différentes, s’entrechoquent. Son regard s’abaisse un instant, il se fixe sur le carrelage qui devait être maculé du sang de son petit-ami il y a peu encore. Ce n’est qu’une supposition, mais ça suffit à rendre Lily incapable de fixer ses yeux autre part. “Je peux t’aider pour la cuisine ?” Il a dit qu’il s’en occuperait ; et Lily, de son côté, n’a aucune envie d’attendre sur le canapé sans savoir quoi faire de ses mains. S’ils parlent de futilités, ils ne feront pas de Callum leur sujet principal, et c’est finalement tout ce à quoi elle aspire. |
| | | | (#)Dim 2 Oct 2022 - 0:28 | |
| Callum va s’en sortir, alors. Ce n’est pas l’annonce qu’il a espéré durant les longues heures qui l’ont séparé du retour de Lily et il ne fait même pas sembler de masquer sa déception. Callum fait partie de cette catégorie de gens qui méritent de mourir, peu importe sur la justice populaire n’a pas le même point de vue que celle mise en application ; pour Alfie ce n’est pas suffisant pour étouffer ses intentions à l’égard du jeune homme qui, au moins, a eu un avant-goût de ce qu’il mérite réellement. Le bien et le mal sont deux notions qui se sont toujours confondues pour l’anthropologue et peu importe si son bien équivaut à la notion du mal chez d’autres ; pour lui user de celui-ci pour éradiquer quelqu’un est un acte foncièrement bon. Surtout quand il concerne Lily, même s’il s’agit de la partie de son opinion qu’il préfère taire. “Ils ne savent pas encore.” - « Je croise les doigts. » Les miracles, ça arrive. Ceux qui permettent à un homme de s’en sortir alors qu’il ne le devrait pas, ceux qui amènent des séquelles irréversibles quand on pensait qu’il allait s’en sortir aussi, quand bien même ils ont parfois besoin d’un coup de pouce du destin (qui s’appellera Alfie dans ce schéma-là). Bien loin d’être aussi religieux que ses parents bien que cela soit encore une part importante de son existence, Alfie n’a jamais autant souhaité que la colère de Dieu s’abatte sur un seul homme. Et s’il avait confiance en l’idée que la vengeance appartient à Dieu seul et non aux hommes, le fait est qu’elle est trop sainte pour un homme comme Callum. “Les accidents, ça arrive.” Le regard de Lily, ajouté au son de sa voix qui créé une bulle entre eux complète le sourire entendu qu’Alfie affiche sur ses lèvres. Les accidents, ça arrive. « Et ça tombe bien, c’est ma spécialité. » Pour une fois, c’est bien son attitude qui se calque sur celle de la jeune femme, son murmure qui fait office de contrat, son regard qui traduit de sa loyauté à toute épreuve. D’ordinaire, elle est celle qui la lui offre, aujourd’hui les rôles s’inversent. Les accidents sont d’ordinaire les siens, mais il n’aura aucune peine à se montrer créatif pour que Callum partage son intérêt à brûler la vie par les deux bouts en toute connaissance des conséquences, qui dans le cas du compagnon de Lily, s’avéreront fatales au premier essai. Quel dommage. Et il veut bien accepter qu’il ait le droit au statut de héros ; les héros sont toujours oubliés et tombent dans l’insignifiance tandis que leur coup sera légendaire. Et les légendes, elles, ne meurent jamais.
Mais ils n’en sont pas encore là alors que beaucoup d’obstacles se dressent entre eux avant que l’élimination de Callum soit définitive et un instant, il a envie de réprimer la jeune femme sur le fait de lui avoir demandé d’arrêter alors qu’il aurait pu le tuer, quelques heures plus tôt, et que les questions entourant sa potentielle vengeance ou garde de ce secret n’auraient pas été un problème. Le fait est que son impulsivité a scellé le sort de Lily alors qu’il voulait l’en libérer ; il n’a pas mérité d’être remercié pour cela. “Je sais, je sais. Je vais trouver une solution.” - « On va trouver une solution. » Il ne la laissera pas gérer ce merdier seule même s’il s’agit de son compagnon ; le fait est qu’il s’agit des actions d’Alfie et que malgré la longue liste de défauts qu’il possède, il a le mérite d’assumer ses responsabilités. Il ne le dira pas en ces termes, mais il ne la laissera pas tomber. Hors de question, et s’il doit tomber pour la préserver, il le fera. Parce qu’il trouve toujours une façon de rebondir, de s’en sortir et qu’il est persuadé d’y parvenir même s’il venait à réellement tuer le jeune homme, et être arrêté pour ce crime. Il n’a que trop peu souvent été retenu concernant les limites qu’il pousse perpétuellement, alors il s’est persuadé qu’aucune exception ne pourra venir briser cette aptitude à défier l’univers et s’en sortir à chaque fois. Surtout pas pour un homme aussi insignifiant que Callum.
Lorsqu’elle réapparaît de la chambre où elle s’est enfermée quelques minutes, c’est comme si le changement ne s’était pas opéré que par ses vêtements, mais son attitude également alors que le sujet Callum semble désormais relégué derrière eux et que Lily refait son apparition en s’inquiétant de son état. L’ordre des choses semble retrouver un semblant de cohérence et l’anthropologue y ajouter sa touche qui, pour une fois, n’est amenée que sur un ton d’humour. “J’aurais de quoi travailler ?” Il hausse les épaules, son sourire provocateur plaqué aux lèvres qui lui répond d’un air entendu. Certainement qu’il y aurait de quoi travailler, mais ce n’est pas ce qu’elle veut entendre et ce n’est certainement pas ce qu’il veut ce soir. Reprenant son sérieux, il souligne la marque laissée par le coup de poing de Callum qui a lancé les hostilités, dont il désire conserver la marque comme preuve de sa bonne foi ; après tout, il n’a fait que se défendre. Les doigts de Lily retrouvent sa mâchoire dans une infinie délicatesse qu’il n’est pas persuadé d’avoir mérité, qui est à l’opposé de ce dont il a l’habitude, mais qui n’est pas désagréable. Il ne le mentionnera pas, ne fera plus aucune réflexion dans ce sens-là, la situation n’étant pas approprié pour le comique de répétition. “Toi aussi tu pourras t’inventer une histoire héroïque.” - « J’en ai pas besoin. » Il n’en a pas envie, surtout. Il n’ira pas se vanter d’avoir cassé la gueule d’un connard, même si ce n’est pas l’envie qui manque, mais Alfie ne ressent pas autant le besoin de sauver les apparences que le couple que son appartement a accueilli quelques heures plus tôt et dont le dernier représentant en l’état est face à lui. Lily a toujours eu le goût des apparences, et en lâchant les armes ce soir, elle comprendra peut-être que c’est épuisant, de vivre sous ce précepte au quotidien. Alfie, ça fait bien longtemps qu’il a abandonné cette idée-là et à ceux qui s’interrogeront au travail dans les jours qui suivent, il se permettra de leur demander de se mêler de leur cul pour clore un sujet qui n’a même pas lieu d’être ouvert ; et peu importe s’il passe pour l’aigri de service.
Et Lily doit arrêter d’avoir le goût de la vie parfaite quand la sienne est loin de l’être ; et ça commence par le fait d’aller éliminer toute trace de sa présence chez Callum. Au revoir la belle maison, au revoir l’image du couple heureux, maintenant qu’Alfie connaît la vérité il ne compte pas la laisser embrasser de telles illusions plus longtemps. “Non, non. J’ai pas envie de retourner là-bas maintenant.” Il hoche la tête, comprend, se permet de préciser : « je peux toujours y aller à ta place. » Callum n’osera pas le retenir ni s’opposer au plan initial, s’il venait à sortir d’ici-là. « T’y retournera pas pour autre chose. » Il est directif et il s’en fiche bien que cela puisse être aussi toxique que l’attitude de Callum puisqu’elles sont similaires sur ce point-là : tous les deux donnent des ordres à Lily, mais le sien fait suite à de bonnes intentions alors Alfie ne se questionnera pas. Elle ne retournera dans cette maison que pour chercher ses affaires, c’est une certitude. “Je vais te voler ces fringues là, au cas où t’en doutais.” - « Vole tous ceux que tu veux. Je te dirais bien qu’ils te vont bien, mais tu serais mieux sans. » Il souligne avec un haussement d’épaules, un sourire d’emmerdeur sur les lèvres qui disparait quand elle reprend la parole. “Je vais le quitter. J’ai juste besoin de trouver comment le faire.” Alfie fronce les sourcils, ne comprenant pas dans quelle mesure cela justifie d’être réfléchi, mais sachant aussi que l’emprise de Callum semble être plus importante qu’il ne pourra jamais le comprendre, ni même le prétendre pour ne pas être à cette place. Pour autant, on s’en fiche bien de la maison, des fiançailles, de l’annonce aux proches. Il en va de sa survie. « Je te laisse pas seule avec ça. » Il souligne, s’empêchant de toute opinion, fait suffisamment rare pour être souligné. Aussi déraisonnable qu’il soit, les seuls moments où il sait ordonner ses pensées sont adressées à ceux qu’il passe avec Lily. “Ecoute… je suis fatiguée. J’ai juste envie que la journée se termine. On se disputera demain.” - « On va pas se disputer, Lily. J’en ai pas l’envie ni l’intention. » Même si son regard parle pour lui sur les énièmes désaccords entre eux, mais concernant ce sujet-là, il sait qu’il n’a rien arrangé et que son rôle consiste désormais à se taire. “Je peux t’aider pour la cuisine ?” – « Tu peux griller les galettes. » Si elle cherche à s’occuper, c’est tout ce qui peut lui proposer pour l’heure, alors qu’il se dirige déjà vers le réfrigérateur pour en sortir de quoi préparer une sauce tartare. « Et tu peux rester autant de temps que tu le souhaites. » Il réitère une proposition déjà faite, mais il le pense toujours, sauf que cette fois-ci, il ajoute un détail qui a son importance. « J’aimerais que tu restes. » Et contrairement à elle, son regard n’est pas fuyant quand il cherche le sien, l’accroche et se veut muet dans la suite de cet échange lourd de sens.
@Lily Keegan
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| | | | (#)Mer 5 Oct 2022 - 22:31 | |
| « On va trouver une solution. » On va trouver une solution, alors, oui, peut-être. Elle lui fait confiance, mais paradoxalement pas au point de le compter dans un plan, pas assez assurée qu’il ne décide pas au dernier moment de finalement s’envoler au bout du monde pour étudier des peuples dont personne n’a jamais entendu parler. Sa loyauté envers elle semble aller au point où il imagine pour Callum une sanction pleinement définitive, le genre dont il ne se relèvera jamais, et Lily se contente de le regarder dans les yeux un instant sans commenter davantage. Il en serait capable, oui, mais de son côté elle ne sait pas si elle est prête à risquer autant. De toute façon, elle a à coeur de lui faire comprendre qu’elle ne veut plus parler de Callum pour ce soir. Elle se change, se débarrasse de son sang, promet de voler ses affaires à Alfie. Elle prend le temps de vérifier qu’il n’a pas reçu un coup qu’il aurait jugé bon de lui cacher, aussi, posant doucement ses empreintes contre sa mâchoire. Personne n’est au meilleur de sa forme, personne ne va réellement bien, mais elle fait de son mieux pour limiter les dégâts autant que possible. « Je peux toujours y aller à ta place. » - “Non.” Elle répond avec empressement, avec un ton de voix qui ne lui ressemble pas. Elle répond comme une personne apeurée, sentiment qui se confirme alors qu’elle plonge instinctivement son regard dans le sien, avant d’affiner son propos et surtout l’expliquer. “Je veux pas rester seule.” Et elle ne veut pas le savoir seul chez eux non plus, ce qui sont autant de raisons suffisantes pour qu’il n’y aille pas. Elle dira au revoir à ses affaires, peut-être, et ce n’est pas ce qui l’intéresse le moins du monde. Lily n’a plus vraiment d’estime à perdre ce soir, et c’est sûrement la seule raison pour laquelle elle se permet de tels mots. « T’y retournera pas pour autre chose. » Non, en effet. Ces mots ont beau être un ordre, ils sont aussi un état d’esprit sur lequel Lily s’aligne naturellement, bien malgré elle pourtant. Elle n’a plus envie de revoir cet homme, ni même la moindre once de cette vie qu’ils partagent.
« Vole tous ceux que tu veux. Je te dirais bien qu’ils te vont bien, mais tu serais mieux sans. » Ce sont ces mots-là qu’elle trouve le plus réconfortant, finalement. Ce sont ceux qui la laissent penser que rien n’a changé qui permettent de la rassurer au mieux, en se disant qu’elle a perdu son fiancé et sa vie parfaite, mais qu’il demeure au moins une constante dans sa vie: Alfie et son exubérance, Alfie égal à lui-même. Elle sourit, et le souffle qu’elle expire de ses narines équivaut sûrement à un rire, le meilleur dont elle soit capable pour l’instant. « Je te laisse pas seule avec ça. » Elle lève la main en signe de trêve, soulignant qu’elle n’a pas envie de continuer à en parler, ni même le fait qu’elle ne compte pour l’instant pas bouger de là, elle qui ressemble à une braqueuse avec son maquillage fané et ses habits bien trop larges. « On va pas se disputer, Lily. J’en ai pas l’envie ni l’intention. » Malgré ces mots, elle continue de l’interroger du regard un peu plus longuement, n’ayant jamais entendu ce genre de réponse de la part d’Alfie Maslow. “Tant mieux.” Se contente-t-elle donc de rétorquer, pour mieux pivoter le sujet de la discussion vers la cuisine qu’elle veut l’aider à faire, pour ne pas être une princesse inutile, pour s’occuper les mains, pour passer à autre chose. C’est ce qu’elle faisait avec sa mère quand tout allait mal avec son père, c’est ce qu’elle compte faire aujourd’hui avec Alfie, quand tout va mal avec Callum.
Elle grille les galettes, alors. La tâche est simple, anodine, mais elle lui donne au moins un objectif. A court terme, elle devra s’en trouver un autre, mais pour l’heure il fait l’affaire. « Et tu peux rester autant de temps que tu le souhaites. » Le crépitement de l’huile sous les galettes ne fait pas encore assez de bruit pour couvrir le son de la voix d’Alfie, même la hotte qu’elle enclenche sur le tard ne suffit pas pour qu’elle puisse mimer ne pas l’avoir entendu. Elle veut rester, bien sûr qu’elle veut rester, mais elle ne sait surtout pas comment réagir lorsqu’Alfie lui tend les bras, sans ne rien attendre en retour. La gorge nouée, elle garde son regard plongée sur le spectacle se jouant dans la poêle. « J’aimerais que tu restes. » Ce matin encore, il était celui qui lui faisait le plus mal, physiquement parlant. Il est celui qui s’est amusé à enfoncer ses ongles dans la chair de son ventre, celui qui a pris le temps de faire pression sur le moindre des bleus de son dos, sur le moindre muscle abîmé par les coups d’un autre. Et elle est certaine qu’il a pris plaisir à le faire, quand bien même il pourra toujours dire qu’il ne cherchait qu’à la faire réagir. Tout ça, finalement, n’est que la conséquence de son geste. Tout ça, à nouveau, n’est que la faute de Alfie Maslow. Il fait s’effondrer son château de cartes, et elle ne peut même pas se résoudre à lui en vouloir. “Est-ce que t’utilises tout ton capital sympathie maintenant pour mieux que je regrette ma décision ensuite ?” Elle est fatiguée de se sentir trahie, alors elle préfère anticiper la déception, maintenant. La hotte se retrouve à nouveau éteinte, déjà, et elle trouve enfin le courage de plonger son regard dans le sien, ses yeux trahissant toute sa détresse et l’absence d’envie de commencer une dispute ou une discussion houleuse. “Je veux rester, ne t’y méprend pas.” Lily souligne rapidement la chose, n’ayant aucune envie que cette discussion se finisse par elle passant cette porte, sûrement pour chercher un hôtel avec une chambre de libre. Elle a envie d’être avec quelqu’un et, plus que tout, elle a envie d’être avec Alfie, ce soir au moins. De là à être certaine que l’inverse est tout aussi vrai, ce n’est pas le cas.
La chair de sa lèvre se retrouve pris en otage entre ses canines, seules dents dont l’incision permet un minimum de sensation, assez pour parer un élan d’émotivité qui se résume surtout à toute la pression de la journée retombant enfin. Ce n’est pas le moment pour ça. “Tu as laissé des marques sur mon ventre.” Personne ne voit que Callum l’a étranglée aujourd’hui, mais tous pourraient savoir que la proximité avec Alfie n’a pas été douce, plus tôt dans la journée. Il suffit de peu pour changer toute la trame d’une histoire ; et quand bien même là n’est pas le sujet, Lily tente seulement de lui faire comprendre qu’avoir la meilleure attitude qui soit en cet instant ne lui fera pas oublier le reste, surtout pas des souvenirs aussi récents. Elle ne demande pas un bisou magique pour passer à autre chose, elle ne cherche même pas à recevoir des excuses de sa part. Elle ne sait pas ce qu’elle veut, en réalité. Après une plus grande inspiration - comme si elle pouvait suffire à lui faire oublier tous ses tracas -, Lily reprend. “Tu pourras dormir avec moi, ce soir ?” Elle a besoin de lui. Peu importe ses défauts et ses excès, elle a toujours besoin de lui, et ce même si cela finit toujours par se retourner contre elle, tôt ou tard. |
| | | | (#)Dim 30 Oct 2022 - 18:27 | |
| Prendre ses responsabilités et faire une promesse sont deux choses différentes aux yeux d’Alfie, c’est la raison pour laquelle il n’a pas rajouté ce simple mot pouvant l’enchaîner à Lily jusqu’à ce qu’il tienne parole, il n’y aura pas de « promis » qui tienne, mais il y a un « on » qui a possède toute la signification du monde quand il est verbalisé par Alfie. D’ordinaire peu enclin à se mêler des affaires des autres autrement que pour les perturber avec un plaisir non-dissimulé, il n’est pas question de cela alors que l’anthropologue est sincère : il ne la laissera pas gérer cette situation seule, pas alors qu’il en est pleinement responsable. Alors il n’y aura peut-être pas de promesse qu’il ne peut pas être certain de tenir, souvent éphémère et jamais respectée, d’autant que celle-ci sera la plus douloureuse de toute s’il se rétracte. Mais il y a une réelle intention et de la part d’Alfie, ça en dit beaucoup sur la confiance que Lily peut lui porter dans cette démarche. Il n’a pas su promettre qu’il ne s’attaquerait pas à Callum, et même s’il considère qu’en ce sens cela amoindri sa responsabilité, au-delà des règles qu’il initie et par lesquelles il pense le monde, il est forcé de s’avouer vaincu dans ce cas de figure : c’est une question de bon sens. Un intérêt égoïste, aussi, alors qu’il refuse de perdre sa meilleure adversaire et la céder aux griffes d’un homme qui ne la mérite pas ; alors il se doit de se débarrasser de cet indésirable qui n’a jamais eu l’autorisation de rejoindre la partie et, surtout, d’établir ses propres règles. Ce sont Lily et Alfie qui s’en occupent ; et personne d’autre. Lily, qui autorise une accalmie quand ses empreintes caressent sa mâchoire, alors qu’il fait le malin, Alfie, fier que ses blessures ne soient que superficielles en comparaison de celles de l’homme dont il ne souhaite même pas tant que ça la fin ; puisque dans un monde idéal, ce n’est pas à l’hôpital qu’il connaître celle-ci, mais de ses propres mains. Et encore, ce serait une finalité bien trop douce pour un homme qui ne mérite pas autant d’attention, mais cela aura au moins le mérite de permettre à Lily de pouvoir continuer sa vie sans se retourner à la moindre ombre qu’elle croise. “Non.” Et quand bien même celle de Callum n’est pas supposée planer ce soir, elle est bien là, quelque part. “Je veux pas rester seule.” Il hoche la tête Alfie, il reste muet, signe qu’il est d’accord autant qu’il respecte la décision. Il n’a pas écouté celle qu’elle demandait quelques heures plus tôt, il se doit de s’y essayer, désormais.
Mais le mutisme ne dure qu’un instant alors que déjà il retombe dans ses vieilles habitudes qui, plus que jamais, sont appréciables. Évidemment que Lily serait mieux sans vêtements sur le dos, évidemment qu’il saisit l’occasion de le souligner même si la situation ne s’y prête pas. Ou plutôt si, elle s’y prête plus que jamais alors qu’il est nécessaire que leurs échanges redeviennent naturels pour empêcher le fantôme d’un Callum bien vivant de continuer à s’inviter entre eux. Son sourire rencontre le sien en réponse avant que son expression ne se veuille plus sérieuse en lui assurant, une fois encore, qu’il ne la laissera pas avec cela, un constat qu’elle prend déjà pour une attaque, probablement trop peu habituée à ce qu’il puisse réellement penser aux autres pour être sincère. Son regard soutient le sien en guise de confirmation silencieuse. “Tant mieux.” Abdication silencieuse de sa part, façon de confirmer qu’il le pensait sincèrement ; et que ce n’est pas ce soir qu’ils se disputeront. Autant qu’il est sincère quand il lui demande de rester, quand il avoue qu’il le souhaite, surtout. Le silence qui est celui de Lily ne fait que confirmer la surprise provoquée par l’invitation. “Est-ce que t’utilises tout ton capital sympathie maintenant pour mieux que je regrette ma décision ensuite ?” Dans d’autres circonstances, il se serait agacé. Il aurait souligné qu’elle peut se mettre sa main tendue où il pense à défaut de s’en saisir. Il aurait lui-aussi regretté cette proposition, l’effort de sa part n’étant pas appréciant à sa juste valeur. Il lui aurait potentiellement ouvert la porte pour l’inviter à partir puisqu’elle ne le prend pas au sérieux, et s’économisant ainsi des mots qu’elle n’écouterait de toute évidence pas puisque son avis sur lui est déjà scellé. Dans d’autres circonstances, oui, la réaction d’Alfie aurait été dans ce sens. Aujourd’hui, pourtant, il reste silencieux dans un premier temps. “Je veux rester, ne t’y méprend pas.” - « Alors tu restes. » Alfie se contente de souligner l’acte qui vient d’être passé, malgré les craintes de Lily qu’il ne balaie même pas autant qu’il le voudrait. « Je te fais une proposition, tu l’acceptes ou non, c’est aussi simple que ça. » Ce n’est jamais aussi simple que ça entre eux, et c’est probablement la raison pour laquelle elle a voulu s’assurer de sa sincérité, qu’il n’a aucune envie de justifier. Il ne s’agit pas de son procès ; il n’a pas à justifier ses actes. Il l’a invitée, sa décision n’est plus entre ses mains. Et pour les doutes qui subsistent, l’attitude d’Alfie tout au long de la journée parle pour lui. Il a beau anticiper ses mots et ses actions quand il veut quelque chose ; personne n’anticipe ce qu’il s’est passé quelques heures plus tôt, pourtant.
‘’Tu as laissé des marques sur mon ventre.” Et il comprend qu’elle puisse douter, compte tenu du fait que les mots et les actions sont finalement paradoxaux. « Je n’aurais pas dû. » Mais il n s’excusera pas pour autant. Parce qu’il n’est pas désolé ; parce qu’il n’aurait peut-être pas dû puisque la confrontation était violente, mais il ne le regrette pas. Il devait la faire réagir, il ne savait pas comment s’y prendre et il a pris l’expression appuyer là où ça fait mal au pied de la lettre pour faire valoir son point, même si celui-ci semble s’être perdu au même titre que son raisonnement. « Ce sont les dernières que tu auras. » De sa part. De celle de Callum, aussi. Surtout. Il ne lui fera pas la promesse que plus personne ne lui fera de mal, il ne fera pas non plus celle de ne plus lui en faire. Il ne fera pas de promesses malgré l’affirmation dans sa voix, c’est d’ailleurs plus un constat qu’autre chose, un besoin de lui transmettre une assurance pour laquelle il ne lui fait pas encore pleinement confiance. Il ne lui fera surtout pas la promesse que tout ceci ne se retourne pas contre elle un jour ou l’autre, car lorsqu’il s’agit de Lily, il sait que tout est amené à être chamboulé à la première occasion. “Tu pourras dormir avec moi, ce soir ?” - « J’ai jamais eu l’intention de prendre le canapé. » Qu’il rétorque, sérieux, alors qu’il était évident qu’ils partageraient le même lit, et non pas pour les raisons pour lesquelles il l’aurait voulu en temps normal. Cette évidence s’est d’autant plus confirmée quand elle a verbalisé son désir de ne pas être seule ; et même s’il avait dû dormir sur la moquette (il n’aurait jamais accepté), il aurait obéi. À l’opposé, il n’obéit plus à aucune logique, à aucun raisonnement et aucune règle établie entre eux quand il finit par faire les quelques pas jusqu’à rejoindre Lily, quand sa main se glisse sur sa hanche pour l’obliger à se retourner et à lui faire face et que sans qu’elle ne puisse s’y opposer, ce sont bientôt ses deux bras qui l’encerclent pour la rapprocher de lui, dans une douceur qui contraste avec les gestes qu’il a pu avoir dans l’après-midi. Dans une tendresse et un silence qui répondent à sa question précédente, dans une bienveillance qu’il traduit par un léger baiser contre sa tempe, dans une sincérité qui se concrétise par la manière dont il l’emprisonne dans ses bras pour la tenir à l’écart du monde réel.
@Lily Keegan
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| | | | (#)Lun 31 Oct 2022 - 21:32 | |
| « Alors tu restes. » Lily garde son regard plongé dans le sien plusieurs secondes après qu’il ait parlé, ne serait-ce pour lui faire remarquer que le moment est malvenu pour donner des semblants d’ordre. Pourtant, elle a en tête la même finalité des choses, et aucune envie de quitter cet appartement. Pas ce soir, et sans doute pas le suivant non plus. Elle sait que le plus dur est à venir, et elle serait bien prête à nier la réalité pendant longtemps encore. Après tout, se retrouver chez Alfie après tout ce temps n’a pas franchement quelque chose de réel non plus. « Je te fais une proposition, tu l’acceptes ou non, c’est aussi simple que ça. » Elle a déjà accepté sa proposition, et il le sait. Preuve en est: elle se tient face à lui, ses habits à la place des siens propres (quelle ironie, que le terme adéquat soit ‘propre’ alors qu’ils sont tâchés de sang, pas vrai ?), pas la moindre chaussure aux pieds ni de regard fuyant vers la porte, à se demander si elle est verrouillée ou non. Oui, elle est verrouillée et oui, c’est une bonne chose.
Pourtant, même dans un tel moment de détresse, Lily reste égale à elle-même et n’arrive pas à simplement s’abandonner à lui, trop de souvenirs contradictoires à l’esprit. Les derniers en date ne sont justement pas bien vieux, et ils montrent Alfie en train de volontairement planter ses ongles dans sa chair, dans le seul but de lui faire mal. « Je n’aurais pas dû. » Mais il n’est pas désolé. Il n’aurait pas dû, mais il ne s’en veut pas pour autant, parce qu’il continue de penser qu’il a eu la réponse adéquate. Aux grands maux les grands remèdes, qu’il dirait. « Ce sont les dernières que tu auras. » Tu n’en sais rien. Les mots lui brûlent les lèvres, mais elle n’a pas la force ni même l’envie de débuter un tel débat ce soir. Plus que jamais, elle veut croire les mensonges d’Alfie, parce que pour la première fois depuis bien longtemps, ils collent avec sa vision de la réalité. Tout ce qu’elle finit par lui dire, avec ses mots à elle, c’est qu’elle a besoin de lui au point de le savoir à ses côtés cette nuit, et pas seulement dans la pièce à côté d’un appartement pas si grand que ça. Elle a besoin de se remémorer de son odeur et de sa chaleur avant que, déjà, il n’estime qu’elle n’a plus besoin de lui et que cette phase dure des années encore.
« J’ai jamais eu l’intention de prendre le canapé. » Ne pas l’entendre faire des blagues et autres sous-entendus a tout de déroutant, mais certainement rien de dérangeant. Elle esquisse un maigre sourire, et s’il meurt lorsqu’Alfie se rapproche d’elle pour la faire se retourner et l’enlacer, ce n’est justement que parce qu’elle profite de ce moment aussi rare que nécessaire. Ses yeux se ferment naturellement lorsqu’elle laisse sa tête reposer contre son torse, et elle se surprend à souffler longuement et laissant ainsi la pression en elle redescendre. Si Alfie est là, et puisque Alfie est là, rien de mauvais ne pourra se passer. Quand il finit par embrasser sa tempe, elle laisse naître des larmes silencieuses qui ne font pas de pair avec le moindre sanglot, pas alors qu’elle souhaite profiter de sa présence, bien trop consciente de son aspect éphémère. Toujours en silence, elle noue à son tour ses bras autour de son torse, sans plus chercher à interpréter le moindre geste. Cette étreinte, elle en a terriblement besoin, et elle veut croire que lui aussi, pour des raisons qui lui appartiennent. |
| | | | | | | | (alfly #13) who needs wings when they're less fun? |
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