| Spice up your life (Kai&Hugo) |
| | (#)Jeu 18 Aoû - 8:41 | |
| J'ai encore les muscles tout froissés, des hématomes et mon oeil au beurre noir. Ça dégonfle doucement, mais c'est toujours douloureux. La couleur de mes bleus vire au violet, c'est sacrément moche. Je comprends pourquoi Greg ne veut pas de moi au bar : l'image, c'est important. C'est surtout Reese qui s'en voit depuis que je lui ai laissé ma place ces derniers jours. Le pauvre, à peine embauché qu'il doit déjà tout faire tout seul sans son maître pour l'aider. Mais d'après ce que j'ai compris, il se démerde pas mal. Il fait pas d'aussi belles prouesses que moi quand il prépare les cocktails, mais ça, ça reste mon truc toute façon. Il apprendra le moment venu, le petit. Enfin bon, ça fait trois jours que je fous rien à l'appart. Le moindre mouvement ranime la douleur. Mais je commence vraiment à me faire chier. Puis, c'est ton anniversaire aujourd'hui. Trente ans mon gars, c'est pas rien ! On a prévu grand avec les copines pour cet événement. Ça fait une éternité qu'on est censé aller voir Céline tous ensemble, et je crois que le hasard fait vraiment bien les choses puisqu'elle passe à Vegas pour le nouvel an et que j'ai réussi à nous dégoter des places. Si ça c'est pas un beau cadeau ça, mon gars.
Je t'ai donné rendez-vous à un restau à côté de l'hôpital pour ta pause dej, et je suis déjà sur place. C'est rare qu'on me voit autant à l'heure ces derniers temps, mais quand on a pas grand chose à faire de sa vie, on s'adapte.
Je nous ai commandé deux pintes de blanche en t'attendant. Oui, je sais, tu bosses après. Mais c'est que de la blanche, c'est pas grave. Quand t'arrives, je me lève, toujours avec difficulté, mais le simple fait de te voir me donne suffisamment d'énergie pour oublier la douleur l'espace de quelques secondes. Je te prends dans mes bras - sans trop serrer parce que quand même ça fait mal - alors que je sens déjà tes questions sur mes blessures de guerre qui viennent marquer mon visage. J'anticipe tes interrogations : "Les futures cicatrices, c'est fait exprès. C'est juste pour faire badass et séduire les filles" que je dis alors en souriant. Comme si j'avais vraiment besoin de ça, eh. "Bon anniversaire mon vieux" que j'annonce alors, une petite tape sur ta joue, en m'asseyant, puis en te designant ta bière du menton. Je prends ma pinte dans une main et viens tinter la tienne pour t'inviter à en boire une gorgée. Allez Kai, on passe au dessus de mes hématomes et on parle de ton futur cadeau plutôt, non ?
@Kai Luz
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| | | | (#)Mar 23 Aoû - 23:09 | |
| Trente ans. Affirmer que je n'étais pas prêt à franchir ce cap composait un cruel euphémisme. Cela faisait des semaines que j'appréhendais secrètement l'arrivée de ces trente années, ce passage qui, scientifiquement, n'est qu'un jour de plus, mais moralement, représente la fatidique entrée dans une nouvelle décennie.
Trente ans et toute la pression sociale que mes parents m'ont inculquée depuis mon plus jeune âge. Lorsque je songe à cet anniversaire, toutes les attentes de mes parents que je suis à des années lumière d'avoir réalisées me reviennent en pleine figure comme un ballon de basket à vive allure : pas d'épouse, pas de maison, pas d'enfant et la liste continue jusqu'à m'en procurer le vertige... Ma gorge se serre, mon cœur bat la chamade, mon esprit tourne à pleine régime et je ne peux rien y faire, condamné à être ce carré alors qu'on me demande d'être un rond. Personne n'a su remonter le temps et encore moins changer quelqu'un. J'ai beau être un très bon comédien, je ne suis pas non plus un manipulateur et il m'était impensable d'embarquer quelqu'un dans le fléau identitaire que je cache derrière mon sourire.
Bien sûr que j'ai accepté l'invitation de Hugo à ce qu'on mange ensemble pour mon anniversaire, tout comme j'ai été sincèrement touché par les attentions de mes amis qui me l'ont souhaité. Ca met inévitablement du baume au cœur que mes proches aient cette intention et je leur en suis profondément reconnaissant. Néanmoins, je n'ai pas crié sur tous les toits que j'ai trente ans aujourd'hui, si bien qu'aucune des nouvelles personnes que j'ai rencontrées depuis que je suis à Brisbane n'est au courant que mon compteur d'âge a changé ce matin. J'inspire profondément en quittant l'hôpital, passe une main nerveusement dans mes cheveux, chasse mes mauvais sentiments vis-à-vis de mon anniversaire pour me concentrer sur Hugo qu'il me tarde de retrouver. Mon bro m'a manqué incommensurablement pendant que nous étions à des centaines de kilomètres l'un de l'autre et je suis bien heureux d'habiter dans la même ville que lui désormais. Aussi, Dani m'a relaté en long, en large et en travers l'altercation entre le frenchie et l'ex de Noor, si bien que je suis presque à redouter qu'Hugo a perdu un œil ou un bras dans la bataille. C'est néanmoins soulagé que je le vois en un seul morceau et capable de se lever, bien qu'on ne va pas se mentir : il a une sale gueule et Seth ne l'a pas raté.
"Les futures cicatrices, c'est fait exprès. C'est juste pour faire badass et séduire les filles" Je ris doucement. "T'es pas cool, frère. T'aurais pu m'appeler et partager un peu, tu sais que ça fait craquer les nanas quand on a la gueule cassée." J'étreins prudemment mon meilleur pote. "Bon anniversaire mon vieux" "Merci," je lui réponds avec un sourire et je pose les yeux sur les deux bières qu'il a commandées. "Tu me racontes vite fait ce qui s'est passé ? Entre Dani et Lyb, j'ai le script d'une série B." Nous trinquons, je trempe mes lèvres dans la bière. Je baisse les yeux sur mon téléphone que j'ai posé sur la table et qui se met à vibrer, affichant sur son écran l'appel entrant de mes parents. Je le mets sous silence puis vire de bord le smartphone de sorte à ce que l'écran soit caché, pincement au cœur. Clairement, en fils ingrat, je n'ai pas envie d'entendre ma mère me parler du nouveau poste à l'hôpital de ma ville natale ou de me suggérer de m'inscrire sur un site de rencontres. "Ou on passe à autre chose, si ça te barbe." Je ne vais pas le forcer à potentiellement radoter non plus, surtout lorsqu'il est cassé de partout. "Genre, quand est-ce qu'on lui rend la monnaie de sa pièce ?" Il tabasse mon bro, il brise le cœur de ma meilleure pote, non, vraiment, je ne vais pas rester les bras croisés ; en plus, ça tombe bien, il s'avère que j'ai quelques frustrations à évacuer.
@Hugo Blanchard |
| | | | (#)Mar 6 Sep - 14:41 | |
| "T'es pas cool, frère. T'aurais pu m'appeler et partager un peu, tu sais que ça fait craquer les nanas quand on a la gueule cassée." J’explose de rire, te prends dans mes bras et te rappelle que ça y est, toi aussi, t’as passé la barre des trente ans. Ca te va bien d’ailleurs, t’es tout glowy, genre t’es heureux de vivre quoi. Ou alors, t’es juste heureux de me retrouver, et ça me va bien aussi. Tu cherches à savoir ce qui s’est passé plus en détail, mais ton téléphone nous interrompt. Je vois la photo de tes parents apparaitre. "Vas-y, réponds si tu v…" Tu ne me laisses même pas le temps de finir ma phrase et que tu mets tout en sourdine, et fais comme si de rien n’était. Oh, okay. On parle pas de ça alors ? Regard interrogateur en ta direction, mais tu repars sur Seth. Okay, on en parle pas. "On peut attendre que mes côtes me fassent moins mal pour aller le jeter dans la mer, une pierre accrochée à ses pieds ?" Il avait qu’à pas être sur Brisbane en même temps que nous tous : il s’attaque à un membre des five, c’est tout le groupe qu’il a sur son dos. "Toute façon, on a le temps de prévoir notre plan. Je crois qu’il est resté en taule, lui." CHEH. Gros cheh. Enfin un semblant de justice. "Je regrette juste avoir fini plus mal que lui, hm." C’est vrai qu’il m’a pas raté. Il a même presque gagné. Presque. "Mais si j’avais su que c’était l’ex de Lyb en plus d’être le connard qui a foutu ma pote en cloque et l’a laissée se démerder toute seule pour l’avortement, je t’aurais appelé diiiiiiirect." Et avec toi à mes côtés, c’est lui qui aurait morflé, ça j’en suis persuadé. Pas très fair play de s’y mettre à deux, mais quand il faut, il faut. Je t’ai filé quelques détails dans ma réponse, et tu composeras avec. Cette histoire, j’arrête pas de la répéter. D’abord Lyb, puis Dani, puis Reese, puis Bane… Ca me gonfle d’autant plus du fait que je me rende compte que je l’ai laissé en meilleur état que je ne le suis.
"Bon et toi, comment tu vas ? Elle est supportable au quotidien, Dani ?" Evidemment qu’elle l’est. C’est la plus adorable de toutes, et en plus, elle doit certainement ramener du bon vin pour vos repas. J’avoue, je suis un peu jaloux. Du vin seulement, hein, c’est tout. "Tu t’en sors avec ton taf ?" J’ose pas trop poser la question, mais elle me brûle les lèvres. "Tes parents t’ont rien dit, du fait que tu viennes sur Brisbane ?" Je vais sans doute regretter cette dernière question… Mais ça fait tellement longtemps que je t'ai pas vu, j'ai l'impression d'avoir raté toute une vie.
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| | | | (#)Sam 24 Sep - 0:36 | |
| Inavouablement, mon cœur se serre de constater l'état pitoyable dans lequel Hugo se trouve, tout comme mon être se remplit de colère vis-à-vis de l'auteur de ces coups. Néanmoins, je ne dramatise pas la situation ni ne l'envenime : le français a eu assez à essuyer entre Lyb et Dani, j'en suis convaincu. Plutôt, je fais de l'humour, je sous-entends par l'intermédiaire de ma vanne que je suis présent pour lui dans les galères, même celles qui impliquent à rendre la monnaie de sa pièce à un type qui a fauté vis-à-vis d'un des nôtres.
Nous nous enlaçons amicalement et le Blanchard me souhaite mon anniversaire. Poli et sincère, je le remercie autant pour ses bons vœux que pour les deux bières fraîches qu'il a commandées. Nous nous installons sur la petite table, je pose mon smartphone par automatisme sur sa surface et ma curiosité m'incite à en demander plus sur la bagarre. Je ne forcerais jamais Hugo à en parler s'il n'en a pas envie, surtout que je ne suis pas le premier à le questionner à ce sujet, mais c'est plus fort que moi : une partie de mon être a réellement envie de savoir ce qui s'est passé pour mieux comprendre ce désastreux événement et réfléchir à comment empêcher que celui-ci se reproduise. En quelque sorte, c'est ma façon de protéger Hugo et de prendre soin de lui, à défaut d'avoir pu lui prêter main forte lors des faits. Cependant, j'ai conscience que le silence est parfois le meilleur remède pour panser ses plaies et c'est ainsi que mes doigts se referment sur le contenant de ma bière fraîche, comme pour indiquer à mon interlocuteur que l'on peut très bien changer de sujet. No pressure.
En parlant de silence, mon téléphone ne tarde pas à vibrer sous nos yeux. "Vas-y, réponds si tu v…" Spontanément, je le mets sous silencieux, n'ayant assurément pas le désir de parler à mes parents pour le moment, aussi ingrat cela puisse paraître. Je relève le regard vers un Hugo interrogateur et tente de faire diversion sur cet épisode familial interrompu sans cérémonie en lui verbalisant que nous pouvons très bien parler d'autre chose que de sa précédente altercation, comme d'une future revange par exemple. "On peut attendre que mes côtes me fassent moins mal pour aller le jeter dans la mer, une pierre accrochée à ses pieds ?" Un sourire en coin apparaît sur mes lippes. "Toute façon, on a le temps de prévoir notre plan. Je crois qu’il est resté en taule, lui." Mes sourcils se froncent, curieux. Était-il connu des autorités pour être resté derrière les barreaux ? "Je regrette juste avoir fini plus mal que lui, hm." "Arrête, t'inquiète. Ton honneur est sauf. Tu t'es bien battu et en plus, t'es libre comme l'air contrairement à lui." Je le rassure. Je n'ai pas vu l'état de l'autre homme mais je suis loyal à Hugo puis je ne peux que honorer le fait qu'il ait voulu défendre ses valeurs. "Mais si j’avais su que c’était l’ex de Lyb en plus d’être le connard qui a foutu ma pote en cloque et l’a laissée se démerder toute seule pour l’avortement, je t’aurais appelé diiiiiiirect." Je hausse les sourcils, impressionné. "Quel pedigree," je commente avant de soupirer doucement. Je sens bien que ça gonfle Hugo d'en parler alors je me pince les lèvres pour ne pas poser les questions que me les brûlent pourtant. J'ai pas envie de remuer le couteau dans la plaie. "Oui, appelle-moi. A nous deux on va montrer qui sont les patrons, ici," je fais avec complicité et légèreté. Mon but n'est pas de miner le français, au contraire, je veux lui remonter le moral et être là pour lui. On ne va pas ruminer à cause de ce sombre personnage, il ne le mérite pas.
"Bon et toi, comment tu vas ? Elle est supportable au quotidien, Dani ?" Je souris sincèrement. "Oui, c'est génial de vivre avec elle. Mais j't'apprends rien," je fais avec malice. Je hausse une épaule nonchalamment avant de résumer : "Sinon, ça va." Je sais même plus à ce stade si c'est un mensonge ou pas. Physiquement je vais bien. Mentalement c'est le bordel, mais ça l'a toujours été, alors bon, autant dire que c'est la norme et que ça va. "Tu t’en sors avec ton taf ?" J'acquiesce. "Oui, ça va." Aucune passion dans mon timbre, j'ai l'impression de bâcler d'impersonnels "rien à signaler" un formulaire que me ferait passer Hugo en qualité de douanier du bien-être. "Il est sympa le bar où tu bosses," je complimente, faisant diversion par la même occasion. "T'as jamais eu envie d'ouvrir ton propre bar ? Ou une brasserie ?" Je demande ensuite curieusement. Une de mes spécialités : lancer des questions qui ont l'impression de venir de nulle part, même si en vrai, un partie de moi serait avide d'entendre Hugo m'annoncer qu'il veut se risquer dans une nouvelle étape de sa vie professionnelle. Peut-être que ça me motiverait à me donner un coup de pied aux fesses pour réaliser mes propres rêves, peut-être que j'espère que Hugo me montre le chemin, ou alors, peut-être que ça me permettrait de vivre par procuration en voyant Hugo réussir dans un domaine qui semble réellement lui plaire quand moi j'essaie de me complaire de ce que j'ai. Parce que oui, selon moi, Hugo a bien assez de talent pour réussir. Il suffit de voir comment il attire les clients et les captive avec ses cocktails et autres breuvages - et ceux-ci n'ont même pas gouté encore à sa bouffe. "Tes parents t’ont rien dit, du fait que tu viennes sur Brisbane ?" Ouch, mon regard fuit violement celui du Blanchard pour se noyer sans vergogne dans ma bière que je porte à mes lèvres. Je ne suis pas fier de moi mais d'un côté, j'essaie juste de faire de mon mieux aussi. Ca doit bien valoir quelque chose, ça, faire de son mieux, non ? "Ils ont été déçus," j'avoue sur un ton désolé. "Ils veulent toujours que j'fasse ma vie au Brésil." Et cette alternative me ravit autant que celle de m'amputer des jambes. "Ils n'approuvent pas. Ils ne comprennent pas. Pour eux, j'fous ma vie en l'air et j'pense pas à mon avenir." Rien que de prononcer ces deux derniers mots, j'entends la version portugaise dans la voix de ma mère et j'ai envie de plaquer mes mains sur mes oreilles. Seu futuro Kai, pense no seu futuro. (traduction : "ton futur Kai, pense à ton futur.") J'en aurais envie de m'arracher les cheveux à l'écouter, de lui beugler que j'en ai rien à cirer de mon futur quand déjà mon présent ne me convient pas. "J'fais n'importe quoi." j'conclus sur l'avis de mes parents, même si honnêtement, sur ce point-là, je les rejoins. Je porte de nouveau la bière à mes lèvres et inspire aussi profondément que discrètement, arbore mon plus beau sourire de comédien. Allez, on chasse les nuages noirs, c'est pas le moment. "Mais c'pas grave. J'vis pour moi, pas pour eux." Je tente l'affirmation mais en réalité, tout dans mon expression a de l'interrogatif, comme si j'attendais un aval de Hugo. Non, je vis pas pour moi, je me restreins d'être moi-même pour plaire à des parents à qui je ne veux même plus répondre au téléphone parce que ça me crève le cœur de les décevoir malgré mes efforts, que ça me tue de pas pouvoir être le fils qu'ils veulent. "Ils ont fait leur vie, eux." Alors pourquoi ils me laissent pas souffler ? J'ai l'impression d'être ingrat. Je devrais être heureux d'avoir des parents qui s'inquiètent pour moi et veulent le mieux pour moi, n'est-ce pas ? C'est que ça de leur part, de la bienveillance après tout ? Alors pourquoi je continue de dévier et d'errer comme je fais ? Pourquoi je ne les écoute pas ? Si ça se trouve, ils ont raison ? Ils me connaissent peut-être mieux que moi-même ? La preuve : je fête mes trente ans et en vrai, j'ai pas l'impression d'avoir réussi grand-chose. Un beau fiasco - non, une mascarade. Oui, une mascarade, c'est le parfait terme. Même face à Hugo et à mes autres meilleurs potes, j'suis pas capable d'être franc. Un amas de secrets. Je me tue moi-même. Puis je me plains de quoi, en vrai ? D'avoir un travail, de l'argent, un toit ? C'est pas égoïste et capricieux de ne pas être heureux de mener cette vie même alors qu'elle est confortable et que je ne manque de rien ? Nouvelle gorgée de bière pour calmer mon cerveau en surchauffe. "J'suis content d'être ici," j'annonce, même si Hugo ne me l'a pas forcément demandé, ça. Mais mon esprit vagabond se plait à sauter du coq à l'âne. De plus, c'est un vrai positif de ma vie et en quelque sorte, j'ai besoin de le dire à voix haute et que quelqu'un l'entende. "J'suis content qu'on soit tous les cinq ici." Mon sourire a plus de contenance. "J'suis curieux de voir ce que notre avenir nous réserve. Vu ce qu'on a donné à Paris...," je formule avec jeu et défi. On ne va pas rester dans le morose, autant se concentrer sur le fun. "Quand est-ce qu'on repart à l'aventure ? J'ai vu que y'avait des îles françaises, ça pourrait être sympa." |
| | | | (#)Sam 15 Oct - 10:41 | |
| Comme d'habitude, tu trouves toujours le bon mot pour me valoriser : même si Seth m'a pas loupé, moi, je suis pas en taule au moins. Mais une chose est sûre, si prochaine fois il y a, je n'irais pas seul. C'est marrant comme c'est contradictoire d'ailleurs, t'es le gars le plus gentil que je connaisse et pourtant, t'es aussi celui qui hésitera pas à lever le poing pour défendre ton honneur ou celui de tes proches. Ouais, t'es adorable, sauf si on s'en prend à ceux que t'aimes. Ayez tous un Kai dans votre vie les amis, ça sauve la vie.
Assez parlé de moi, j'embraye sur ton quotidien à toi. La première question est celle qui me brûle les lèvres : j'ai envie de savoir comment se passe la colocation avec mon ex. "Oui, c'est génial de vivre avec elle. Mais j't'apprends rien." Je lève les yeux au ciel alors que je retiens un rire. Toi et Lyb, vous vous êtes mis en tête qu'il fallait nous rabibocher, Dani et moi. Mais c'est pas demain la veille qu'on obtiendra quelque chose les gars, hm... Elle est trop occupée pour vouloir plus avec moi, et puis, c'est pas comme si la décision me revenait. C'est elle qui m'a largué après tout. C'est elle qui n'était plus satisfaite de notre relation, de mon attitude, de moi, tout simplement. "Tu sais qu'elle est venue chez moi le soir même de ma bagarre ?" Ouais, elle est venue jouer les infirmières, t'y crois toi ? "J'avais rien demandé moi, c'est Nono qui lui a tout raconté, et Danette a rien trouvé de mieux que de débarquer chez moi avec sa petite trousse de secours." Elle est vraiment trop mignonne d'avoir pris le temps pour moi. Elle ne me doit rien, je sais même pas si on peut vraiment se qualifier d'ami d'ailleurs après notre passif, mais le fait est qu'elle s'est pointée à mon appart pour voir si j'allais bien, et ça, c'est une sacré attention. Alors, ouais, je pense effectivement que t'es pas trop mal dans le logement de Hwang. Elle doit prendre soin de toi aussi. Moi j'ai Lyb, toi t'as Dani. On est vraiment des assistés, p'tain.
J'enchaîne en te demandant comment ça se passe au boulot, mais t'as vraiment pas envie de t'étendre dessus faut croire. "Tu t'fais chier là-dedans, hm?" Parce que quand t'aimes bien quelque chose, t'es plus expansif à son sujet habituellement. Là, ça a pas l'air d'être ta passion. Tu changes d'ailleurs bien vite de sujet, me retournant la question. Là, t'es déjà plus enjoué. T'es plus heureux de parler de mon bar que de ton taff, tu vois bien qu'il y a un problème non ? Je hausse les épaules en guise de réponse à ta question. "J'suis bien là où j'suis. Je fais mon taf, Greg est cool, mes collègues sont cool, je ressens pas le besoin d'avoir mon truc à moi. Puis, trop la flemme d'avoir à gérer toute la paperasse derrière." Déjà, rien que de gérer mes fiches de paie, ça me demande un effort surhumain. Ça me demanderait trop d'effort d'un coup, d'ouvrir mon propre bar. Peut-être un jour qui sait, mais pas maintenant.
Et parce que j'ai le don de foutre les deux pieds dans le plat à chaque fois, je te pose la question fatidique, celle qui fait intervenir tes parents. La réponse ne m'étonne pas. Quand est-ce qu'ils seront fiers de toi, tes géniteurs ? Pourquoi ne voient-ils pas ce que tout le monde voit de toi ? T'es un grand garçon qui a quand même réussi, et t'es le plus fidèle et loyal de tous les potes que je connaisse. T'es devenu un mec bien, le mec sur lequel n'importe qui pourrait compter. Parce que toi tu comptes pas pour ceux que t'aimes, tu te donnes à 100% juste pour qu'ils soient heureux en ta présence. Ça, c'est mieux que n'importe quel métier sur terre, non ? Je fais machinalement non de la tête, exaspéré quand tu m'expliques tout ce qu'ils disent de toi, et acquiesce par contre sur ta dernière remarque. Oui, tu vis pour toi et pas pour eux. "T'as bien raison. C'est ta vie, pas la leur." T'as toujours eu du mal à te défaire de l'emprise de tes parents, toujours eu peur de les décevoir, mais j'ai l'impression que petit à petit, tu prends ton envol. "Je suis super heureux que tu sois ici aussi", je te réponds, un grand sourire de gosse sur mes lipes "Que vous soyez tous là ", je me reprends. Ça fait beaucoup trop longtemps qu'on s'est pas retrouvés tous les cinq au même endroit, et de savoir que votre durée de séjour sera plutôt longue, ça me fait vraiment plaisir. Et on partage tous cette joie, je crois bien. "J'ai pas le droit de retourner au boulot tant que j'ai des bleus plein la face, alors si tu veux, je suis partant dès maintenant pour un petit roadtrip !" Nos voyages improvisés me manquent énormément. Y'a vraiment qu'avec toi que je pouvais organiser ça. Mes potes actuels, ils sont tous casés dans leur boulot et ça leur demande plusieurs semaines de préparation avant de poser leurs congés. Mais toi, si tu te fais chier dans ton taf, tu peux le quitter pour partir à l'aventure avec moi, non ? "J'ai toujours voulu aller en Nouvelle Calédonie, t'es chaud ou pas ? Genre, départ fin de semaine ?" Je serai sans doute pas au top de ma forme pour faire des randos et tout plein d'activités, mais je suis sûr que ça passera vite, toutes ces douleurs. Allez mon Luz, juste toi et moi, comme au bon vieux temps. Parce que sinon, ça fait long à attendre pour qu'on reparte tous ensemble, faudra attendre le 31 décembre, direction Vegas pour aller voir Céline faire son show ! Tiens d'ailleurs, faut qu'on trouve comment te l'annoncer, ce petit cadeau qui marquera ton cap des trente ans.
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| | | | (#)Mar 29 Nov - 21:41 | |
| La vengeance contre l'agresseur de Hugo et l'ex de Lyb est actée. J'estime avoir des comptes à rendre avec ce drôle de personnage : on ne fait pas souffrir mes meilleurs amis impunément. De plus, considérant le palmarès de ce jeune homme que me décrit rapidement mon bro, je ne pense pas qu'il volerait ma frustration. Nous n'allons toutefois pas passer le repas à discuter de cet énergumène : je ne souhaite pas remuer le couteau dans les nombreuses plaies de Hugo et nous avons mieux à faire. L'essentiel restait que le français était libre comme l'air, que ses hématomes seraient bientôt de l'histoire ancienne et qu'ils attireraient assurément quelques jolies filles durant leur présence, et que si confrontation nouvelle il y avait, le Blanchard saurait compter sur moi pour lui prêter main forte.
Le barman me questionne sur la colocation avec Dani et aussi sincère que spontané, je définis celle-ci de géniale. J'en profite pour taquiner mon meilleur pote, ce qui lui fait lever les yeux au Ciel. Un rire se faufile entre mes lippes, satisfait de cet effet, et je prends une gorgée de ma bière. "Tu sais qu'elle est venue chez moi le soir même de ma bagarre ?" Je hausse les sourcils, attentif. "J'avais rien demandé moi, c'est Nono qui lui a tout raconté, et Danette a rien trouvé de mieux que de débarquer chez moi avec sa petite trousse de secours." Je souris doucement, imaginant la coréenne dans ce rôle. Comme quoi, la Hwang tient encore très chèrement à son ex, même si elle est trop têtue pour l'admettre. "Et du coup vous avez joué au docteur ?" Je provoque gentiment, curieux de savoir comment s'était déroulée cette soirée post-bagarre. Ce que je tais néanmoins, c'est cette petite pointe de culpabilité qui me tiraille quand je pense à cette altercation. J'avais appris la survenue de ce combat que le lendemain matin parce que j'étais sorti tôt en oubliant mon smartphone à l'appartement. Je me sentais un bien piètre ami de n'avoir pu être là pour soutenir Hugo dans de telles circonstances. Heureusement, Lyb m'avait rassuré sur son état et je savais que la mama du groupe prendrait bien soin de notre français favoris. Néanmoins, je m'en mordais tout de même les doigts : j'aurais aimé pouvoir faire plus pour mon ami, même s'il avait été bien entouré. Je chassais mes regrets, tâchant de me concentrer sur l'essentiel : Hugo allait bien. C'est ce qui comptait.
Lorsque le trentenaire m'interroge sur le boulot, je lui réponds de manière aussi sommaire qu'évasive. "Tu t'fais chier là-dedans, hm?" Il commente sans fioriture et j'échappe un rire. "C'est si flagrant ?" Je fais, triturant avec ma serviette en papier. "Toujours," j'avoue. La biologie c'est certes sympa, ça me permet de bien vivre et ça m'ouvre de nombreuses portes, mais ça ne me fait pas vibrer. Plus les années passent, plus j'en ai ras-le-bol et désire changer de voie. Toutefois, l'échec me terrifie alors je me frustre dans une zone de confort dans laquelle je ne m'épanouis plus. Tel un transfert sur Hugo, je lui demande si lui s'élancerait dans un projet d'envergure, comme l'ouverture de sa propre brasserie par exemple. Le garçon est bourré de talent, il ravirait les papilles dégustatives des australiens et la gente féminine se rinceraient goulument l'œil sur lui. Vraiment, je lui prédis un succès assuré. Néanmoins, ce n'est pas une direction qui palpite Hugo qui se satisfait de sa situation actuelle et je le comprends. Si Blanchard est heureux ainsi, je n'en demande pas plus, je suis heureux pour lui aussi. "Si t'es bien où t'es, c'est l'essentiel," je conclus avec un sourire sincère. Pourquoi se compliquer la vie, après tout.
Nouveau sujet sensible : les parents. Je me considère comme un fils ingrat de ne pas leur obéir, de ne pas entrer dans leur moule, de ne pas suivre strictement la voie qu'ils m'ont tracée. J'ai l'impression d'être un raté, une déception et ça me tue intérieurement à petit feu parce que je ne veux pas blesser mes parents mais je suis incapable de correspondre à leurs attentes. J'essaie de relativiser, je clame à voix haute qu'ils ont fait leur vie et que je dois faire la mienne, ce à quoi Hugo opine du chef, geste qui me conforte par la même occasion. "T'as bien raison. C'est ta vie, pas la leur." Un rictus apparaît sur mon portrait et j'ose timidement après quelques secondes de silence : "Ca m'fait juste de la peine de les décevoir." J'enchaîne toutefois très rapidement sur un fait plus positif : les five sont désormais de nouveau réunis. Il me tardait d'écrire nos prochaines aventures, j'étais ravi que nous soyons de nouveau tous dans la même ville. Ca, ça me gonflait vraiment d'espoir, d'amour et de bonheur. De plus, cette proximité permettait aussi des escapades entre bros et je lançais rapidement l'invitation à Hugo. "J'ai pas le droit de retourner au boulot tant que j'ai des bleus plein la face, alors si tu veux, je suis partant dès maintenant pour un petit roadtrip !" "Oh yes !" Je m'exclame avec entrain. "J'ai toujours voulu aller en Nouvelle-Calédonie, t'es chaud ou pas ? Genre, départ fin de semaine ?" Je réfléchis quelques instants. Je ne bosse pas la fin de semaine et je pourrais sans doute poser quelques jours de congé à cette période de l'année. "Vendu ! C'est parti pour la Nouvelle-Calédonie !" Je dégaine mon téléphone, à la recherche des billets. "J'nous prends les billets," j'annonce en pianotant sur le smartphone. "T'imagines, on se casse sans prévenir les filles et on leur envoie une carte postale de là-bas ?" Je propose en plan foireux, l'espièglerie faisant pétiller mon regard. Pas sûr que Lyb apprécierait toutefois, elle est pas du tout fan des cachotteries. Ouais, ça serait cruel, j'oserais pas finalement. "Ca se passe comment la coloc', de ton côté ?" Je renvoie la question, curieux, même si je me doutais que le courant passait bien entre Hugo et Lyb. Ils étaient comme deux membres de la même famille. Cependant, vivre à trois dans un T2 devait aussi présenter ses défis au quotidien. |
| | | | (#)Mer 21 Déc - 22:09 | |
| Évidemment que je te parle de Dani qui est venue me soigner après l'altercation avec Seth. Tu sais à quel point elle a compté pour moi, et tu dois sans doute te douter que je la porte toujours dans mon coeur. "Et du coup vous avez joué au docteur ?" Mais quel con celui-là ! J'arrive même pas a retenir mon rire de beauf. "Tu sais bien que c'est pas moi décide dans l'histoire, huh." Parce que ouais, j'aurais vraiment aimé qu'il y ait rapprochement entre elle et moi. D'autant que le simple fait de venir prouvait qu'elle tenait encore à moi. Qui vient soigner son ex à une heure tardive s'il n'y a plus de sentiments ? Mais elle avait l'air plutôt claire quand elle a rompu, et elle a jamais cherché à revenir vers moi. Même pas quand on s'est réunis, tous les cinq... "Je sais même pas si ça sert encore à quelque chose d'espérer toute façon, elle a pas l'air très décidée à vouloir retourner avec moi." Sans doute qu'elle est restée sur l'idée qu'on était mieux séparés qu'ensemble.
M'enfin bon, parlons d'autre chose : ton boulot. Tu t'épanouis absolument pas dedans et ça, c'est problématique aussi. Aussi problématique que tes parents et leurs réflexions à deux balles. Et je pense que le meilleur moyen de faire face à tout ça, c'est de fuir, tu crois pas ? Oh oui, et t'es même bien d'accord puisque tu te précipites sur ton téléphone pour nous dénicher des billets dernière minute. "Qu'est-ce que je t'aime toi, tu sais ?" Ça y est, elles sont là les étoiles dans tes yeux, je les retrouve ! On va se refaire un petit roadtrip entre couilles, comme au bon vieux temps, et j'ai déjà hâte. "T'imagines, on se casse sans prévenir les filles et on leur envoie une carte postale de là-bas ?" "Franchement ? Grave chaud." Toutefois, je vois bien à ton regard circonspect que t'hésites. "T'as peur que Lyb le prenne mal, n'est-ce pas ?" C'est la seule raison valable que je vois. "Tranquille mec, elle va juste être contente d'avoir l'appart pour elle et de pas avoir à nettoyer derrière moi." J'suis vraiment un ingrat et je l'assume quoi. "Maiiiiis oui ça se passe bien la coloc en vrai." Je parle en mon nom parce que je suis pas sûr que Noor puisse en dire autant de son côté après avoir nettoyé l'appart de fond en comble et fait toutes mes lessives. "T'sais, c'est comme au bon vieux temps, hein." C'est drôle parce que Guerrero et moi, on s'est rencontré dans une coloc, c'est ce qui nous a rapproché, et on se retrouve à nouveau à partager les lieux, plusieurs années après. On a tous bien évolué, mais notre amitié, elle n'a pas bougé d'un poil. C'est même pas vraiment gênant avec Reese en plus, il est tellement cool qu'on le remarque à peine. Faut dire que je suis pas non plus hyper souvent à la maison, mais bon.
"Eh r'garde, ya un truc vraiment pas cher là", je dis en pointant du doigt ton écran. Normal que ce vol ne coûte pas grand chose, vu qu'on part en hors saison et qu'on n'a pas défini de dates précises, ni pour l'aller, ni pour le retour. Je fais chauffer ma CB sans te laisser le choix, parce que je vois bien que t'as pas envie que je prenne ta part. "Laisse moi prendre, tu paieras les trucs sur place toi, t'inquiète." Comme si j'allais tout te laisser prendre là-bas aussi, huh. "Puis je te signale que t'auras certainement plus de taf d'ici là, donc c'est moi qui rince." Parce qu'effectivement, je me demande si tu vas pouvoir poser des congés comme ça aussi rapidement ? "Tu vas quitter ton taf et trouver un truc qui te plaise vraiment, hein bichon ?" C'est ça le deal, non ?
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| | | | (#)Mer 4 Jan - 0:24 | |
| Ca me frustre franchement que quelqu'un se soit honteusement permis de mettre mon meilleur pote dans un tel état mais je m'évertue à relativiser. Je ne souhaite pas ressasser le fait que Seth ne soit pas allé de main morte sur Hugo, ni qu'il a vécu un sale moment dont il gardera les traces encore quelques temps : ce serait donner de l'importance à des gestes qui n'en méritent aucune. Plutôt, je valorise l'essentiel : Hugo est libre comme l'air alors que l'autre type est derrière les barreaux, il a un look de caïd qui, mêlé à sa gueule d'ange, fait forcément craquer les nanas et en prime : même Dani n'a pas été indifférente à son cas. Forcément, je ne me prive pas pour prêcher l'essentiel en vue de découvrir s'il y a eu rapprochement entre mes deux amis et j'affiche un sourire en coin voilant ma déception en écoutant Blanchard rappeler : "Tu sais bien que c'est pas moi décide dans l'histoire, huh. Je sais même pas si ça sert encore à quelque chose d'espérer toute façon, elle a pas l'air très décidé à vouloir retourner avec moi." Je soupire doucement puis me mordille l'intérieur de la joue. Difficile de savoir ce qui se trame dans la tête de la Hwang, il s'agit là d'un exercice auquel j'ai franchement du mal. Autant je pense déceler dans les grandes lignes le mode de penser de Lyb et Jiji, autant l'œnologue demeure un mystère. "Elle tiendra toujours à toi," j'affirme. Si Dani me déroute sur certains points, sur celui-ci, j'y mettrais ma main à couper. "Je veux que vous soyez heureux tous les deux mais honnêtement, je ne peux pas m'empêcher d'espérer aussi de vous revoir ensemble." C'est peut-être saugrenu comme aveu, surtout que leur duo n'est pas de mes oignons et ma priorité reste vraiment leur bonheur, mais j'aspire à être témoin de mes meilleurs potes de nouveau amoureux parce qu'ils m'avaient réellement l'air épanoui ensemble - plus que ce qu'ils me semblent être avec d'autres. De plus, savoir que Hugo serait partant et espère se rabibocher de la sorte avec la coréenne m'incite à nourrir ce souhait avec lui. Je tapote amicalement l'épaule de mon pote avant de changer de sujet. Les filles, c'est bien beau, mais c'est comme la famille de sang, ça peut filer le cafard quand on y pense trop longtemps.
Un départ pour la Nouvelle-Zélande est confirmé. Derechef, je dégaine mon smartphone à la recherche de billets d'avion. Je m'embrase, mon regard pétille d'enthousiasme et de malice ; je propose même qu'on se casse sans prévenir les filles et qu'on leur envoie une carte postale de là-bas. "Franchement ? Grave chaud." Je ris, impatient et excité, même si bien vite, j'ai une pensée pour Lyb qui ne risque pas d'apprécier cette cachotterie. La dernière chose que je veux est de blesser ou courroucer la mama. Mon appréhension est lisible sur mon portrait et bien vite, Hugo devine ce qui me tracasse : "T'as peur que Lyb le prenne mal, n'est-ce pas ?" "Ouais..." J'avoue en soupirant. "Tranquille mec, elle va juste être contente d'avoir l'appart pour elle et de pas avoir à nettoyer derrière moi." Mon regard retrouve son éclat d'il y a quelques secondes, je me redresse sur mon siège avec entrain. "Maiiiiis oui ça se passe bien la coloc en vrai." Je ris de bon coeur et acquiesce lorsque Hugo évoque le bon vieux temps. "Chiche alors ! On fait ça ! Ca va être trop drôle ! Excellent !" Ca y est, je suis déterminé.
"Eh r'garde, y'a un truc vraiment pas cher là" L'œil de lynx de Hugo repère et je tends mon téléphone à mon interlocuteur pour qu'il étudie davantage l'offre. Je ne me doutais pas qu'il finirait par assumer la transaction et il pallie à mon expression outrée : "Laisse moi prendre, tu paieras les trucs sur place toi, t'inquiète." "Déjà l'hôtel," je réserve. Il y a de ceux qui tournent autour du pot pour discrètement ne rien payer et nous on milite à qui fera chauffer la carte bancaire. "Puis je te signale que t'auras certainement plus de taf d'ici là, donc c'est moi qui rince." Je hausse une épaule avec une désinvolture prouvant de manière flagrante le désintérêt que je voue à mon poste. "T'inquiète." "Tu vas quitter ton taf et trouver un truc qui te plaise vraiment, hein bichon ?" Je lève les yeux vers Hugo. Ce n'était pas ce que j'avais en tête, même si sincèrement, rien qu'à penser changer de voie, mon cœur se gonfle d'envie. "J'sais pas, franchement. J'ai peur de faire une connerie si je quitte la biologie. J'ai peur de regretter. Peut-être que j'suis en train de faire une crise d'ingratitude. Imagine je quitte tout et je finis par me mordre les doigts d'avoir laissé ce que j'ai construit dans ce domaine, mon confort et mes libertés pour... Un rêve." Et pourtant, sur le papier, ça m'enchantait, et j'aurais au moins eu le mérite d'avoir écouté mes tripes. Aussi, est-ce qu'on regrettait vraiment d'écouter son cœur, même si on termine dans la galère ? Cette flamme en moi me répétait qu'on ne vivait qu'une fois et persistait à me rappeler que je ne pouvais pas rester ainsi à regretter chaque soir la voie sur laquelle j'évoluais en lorgnant celle que me dictaient mes désirs. "Je me prends peut-être trop la tête mais je flippe de ne pas assumer repartir de zéro," je confie. Ironiquement, j'étais capable de toujours me déraciner en changeant de pays et en voyageant à gauche à droite - j'en ressentais même le besoin, comme si aller à l'aventure m'apportait de l'oxygène - mais ma vie professionnelle demeurait en quelque sorte cette stabilité que je n'osais altérer, comme si elle constituait un terrain intouchable qui m'apportait certes des ressources matérielles mais était stérile sur le plan d'épanouissement personnel.
Dernière édition par Kai Luz le Ven 10 Fév - 1:32, édité 1 fois |
| | | | (#)Mer 25 Jan - 18:31 | |
| Dani, c’est une grosse histoire de ma vie. C’est l’amour d’une vie. J’ai trente piges passées, et j’ai déjà l’impression d’avoir laissé passer la seule que je voyais comme mère de mes enfants. J’ai trente piges passées, ouais, mais je me suis toujours pas décidé à sauter le pas avec elle. En même temps, c’est pas comme si elle me donnait beaucoup d’indices et de la matière pour que j’ose foncer. Et quand je crois que c’est le moment, y’a toujours un truc qui va pas. "Elle tiendra toujours à toi." “Hm”, je réponds, à moitié convaincu. Évidemment qu’elle tiendra toujours à moi, on fait tous les deux partie du même groupe d’amis qui est devenu notre deuxième famille, et on sera toujours là, les uns pour les autres. Elle ne tiendra juste pas à moi comme moi je tiens à elle. "Je veux que vous soyez heureux tous les deux mais honnêtement, je ne peux pas m'empêcher d'espérer aussi de vous revoir ensemble." J’essaie de retenir mon sourire, c’est un réel échec. Ah mon bichon, il sait exactement ce que je veux avec elle, depuis le début. “Arrête de me foutre de l’espoir comme ça, c’est ce qui fait le plus mal, tu sais ?” Surtout quand on sait que Dani ne m’a pas attendu, tout ce temps. Elle s’était mise en couple avec au moins un gars, alors que moi, j’étais émotionnellement incapable de m’investir dans une relation à long terme.
M’enfin, le sujet bifurque rapidement, et je nous dégote une bonne affaire de dernière minute. Je prends le billet, mais tu te charges de payer l’hôtel. T’es vraiment un salaud, t’as pris un truc haut de gamme en plus. C’est pas comme si t’allais être pété de tune à ton retour, puisque t’auras plus de taf, hein ?
“Tout quitter pour vivre un rêve, franchement, ça, c’est exactement ce qui me fait envie.” Je te réponds, cherchant à te persuader d’arrêter d’être dans un taf qui te déprime autant. “Je comprends, en vrai. Ca fait ultra flipper, mais r’garde, j’suis venu en Australie et je vis finalement ma best life ici. Ca valait plutôt quand même pas mal le coup de quitter Paris et mes habitudes là-bas, tu trouves pas?” C’est absolument pas comparable, mais peut-être que ça peut faire un peu tilt tout de même, hm ? “Tu peux pas savoir quelles belles opportunités vont s’offrir à toi si tu te lances pas un jour, bro.” Je sais pertinemment que ce sera pas pour tout de suite, mais si je peux semer une petite graine dans ta tête, c’est toujours ça.
Je lève mon verre pour trinquer à ces nouveaux projets, et le serveur apporte les commandes de bouffe que j’avais passées avant que t’arrives. “Toute façon, une chose après l’autre. Pour l’instant, let’s goooooo en Nouvelle Calédonie”, j’annonce, un grand sourire sur les lèvres. Je vérifie sur mon téléphone : le départ est dans trois jours, va falloir préparer les affaires en vitesse. “J’vais vite fait aller m’acheter deux-trois trucs cet après-midi du coup, t’auras besoin de quelque chose ? Ou tu lâches ton taf dès cet après-midi ?” Je pousse peut-être le bouchon un peu trop loin. Mais, est-ce que je m’en veux pour ça ? Absolument pas.
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| | | | (#)Ven 10 Fév - 2:06 | |
| Je presse amicalement l'épaule de Hugo lorsqu'il me prie de cesser de nourrir l'espoir d'un deuxième chapitre à la romance entre lui et Dani. C'est plus fort que moi, je ne peux pas m'empêcher de souhaiter revoir mes meilleurs potes en couple, heureux et amoureux. Je rêve qu'ils se façonnent une vie à leurs couleurs, une histoire qui leur plaît et leur corresponde, qu'ils retrouvent cette complicité rare qu'on les duos d'amants qui sont aussi des meilleurs amis. Pour moi, Dani et Hugo étaient faits pour être ensemble et je n'étais pas le seul à entretenir cette vision : Lyb était également de mon avis. Néanmoins, je savais aussi que ce genre de choses ne pouvait pas se précipiter et que l'amour pointait le bout de son nez selon ses propres règles et bien souvent, sans même qu'on ne l'attende.
Je n'enchéris pas sur ce volet : on ne va pas s'éterniser sur les sujets qui font quand même mal au cœur et risquent de nous donner le cafard. L'idée d'un voyage est évoquée et en un temps trois mouvements, nous voilà avec des billets d'avion et un hôtel réservé en Nouvelle-Zélande. Je trépigne d'impatience à l'idée de repartir enfin à l'aventure avec mon bro, persuadé que ce séjour sera mémorable. On a même déjà prévu de faire tourner les filles en bourrique à distance, ce qui me fait rire intérieurement même si je redoute le courroux de la mama de la bande.
Je sens que ça désole un peu le français que je m'entête dans un métier qui me file le blues. Il n'est pas le seul de cet avis, c'est bien la preuve qu'il me connait très bien et qu'il tient à moi, ce qui me fait chaud au cœur. J'ai réellement bien fait de venir m'installer à Brisbane, je suis sincèrement heureux de le retrouver avec les autres et même si l'être humain s'adapte à tout, ça n'a pas de prix d'être à proximité des gens qu'on aime, des personnes qui sont la famille qu'on a choisie. Je révèle à Hugo que même si je rêve de me lancer dans une voie professionnelle de mon choix, je flippe à l'idée que ce ne soit d'une folie de ma part, une lubie, une crise de la trentaine. Est-ce que c'est vraiment raisonnable de tirer un trait sur des années d'études et d'investissement pour entrer sur un terrain totalement inconnu ? Ca me terrifie et pourtant, cette optique me procure également des frissons de réjouissance, voire de soulagement, comme si ça me délivrait de penser que je pourrais décider de A à Z comment je mène ma vie, plutôt que de me plier aux exigences et volontés de mes parents. “Tout quitter pour vivre un rêve, franchement, ça, c’est exactement ce qui me fait envie,” fait Hugo et je lui souris en coin, l'œil timide. “Je comprends, en vrai. Ca fait ultra flipper, mais r’garde, j’suis venu en Australie et je vis finalement ma best life ici. Ca valait plutôt quand même pas mal le coup de quitter Paris et mes habitudes là-bas, tu trouves pas?” J'acquiesce, questionnant néanmoins : “T'as jamais regretté ? T'aimerais pas y retourner ?” Puis, la curiosité se développant : “Qu'est-ce qui t'a tant attiré à Brisbane, en fait ?” “Tu peux pas savoir quelles belles opportunités vont s’offrir à toi si tu te lances pas un jour, bro.” Et il a raison, Blanchard, tant que je me mordille la lèvre, songeur. Non seulement je ne saurais jamais, mais je regretterais. “J'imagine qu'il faut que je tente ma chance.” Pour en avoir au moins le cœur net. “Au pire si j'me foire prodigieusement, j'pourrais toujours me refaire, non ?” Je hausse les sourcils, tentant de me rassurer. “C'est la sagesse des trente ans qui nous fait parler comme ça, c'est ça ?” Je valorise ensuite avec amusement et complicité.
Nous trinquons et le serveur nous dépose des mets commandés plus tôt par Hugo. “Tu gèèères,” je salue. “Toute façon, une chose après l’autre. Pour l’instant, let’s goooooo en Nouvelle Calédonie” Je hoche la tête vigoureusement. “J'ai tellement hâte qu'on décolle ! Faudra qu'on tente leur alcool et leurs plats typiques.” “J’vais vite fait aller m’acheter deux-trois trucs cet après-midi du coup, t’auras besoin de quelque chose ? Ou tu lâches ton taf dès cet après-midi ?” Je lâche un rire et hoche la tête en signe de dénégation. “Ca va le faire, j'ai tout ce qu'il faut, merci. Mais j'peux t'accompagner quand même, j'ai des horaires plutôt flexibles !” Puis, je réalise : “Ca va faire drôle d'entendre de nouveau parler français tout autour de moi.” |
| | | | (#)Jeu 16 Fév - 12:48 | |
| Je peux pas vraiment savoir ce que ça fait que d'être dans un taf qui te plaît pas, puisque moi j'ai toujours adoré le mien. Mais de ce que j'en vois, c'est que ça te déprime rien que d'y penser. Et de ce que j'en sais, c'est pas une vie que d'avoir à se lever tous les matins pour aller faire un truc que tu hais. Ok, t'as besoin d'argent, mais pas ok de faire ça par dépit. Tu peux très bien être dans un boulot qui te plaît pas juste pour remplir ton compte en banque, mais c'est pas ton cas. Là, tu fais ça parce que t'as l'impression de devoir le faire, alors que c'est faux. J'essaie de te convaincre d'aller au bout de tes rêves quand bien même je ne sais pas ce qu'il en est, mais tu dois bien en avoir, hm ?
Je prends l'exemple de ma propre expérience, elle illustre bien ma philosophie de penser. Je hausse les épaules face à tes interrogations. "Jamais regretté, non. Ce qui me manquait vraiment, c'était vous. Et comme je savais que vous reviendriez pas de si tôt, je suis moi-même parti en quête d'aventures." La capitale française n'était plus la même sans vous, elle avait perdu de sa saveur. Et, bien que je reste joyeux en toute circonstance, la flamme n'était plus aussi brûlante qu'avant. C'est vous qui me l'apportiez, cette touche de paillette dans ma petite vie parisienne, et j'avais besoin de retrouver de nouvelles sensations. "J'suis tombé par hasard sur une formation spéciale cocktail sur Brisbane, et comme Wyatt était sur place, je me suis dit "go, one life" !" Ok, je savais que Dani habitait le coin aussi, mais c'était pas la raison première pour laquelle je me suis déplacé. Puis, ça faisait plusieurs années qu'on était séparés et qu'on avait plus vraiment de contact, donc pourquoi revenir pour elle ? Hummmm. "J'ai pas trop réfléchi, je crois que j'avais surtout besoin de nouveauté, de découvertes. Et comme t'étais plus là pour m'accompagner dans des voyages improvisés, fallait bien que je me tire tout seul hein !" j'ajoute, te taquinant. J'ai plus retrouvé de pote qui voulait bien m'accompagner sur des coups de tête, et au final, je suis plutôt satisfait : toi et moi, on a une relation assez unique.
Je réoriente le sujet à ton propos. Moi, je vis à fond, j'aimerais que tu en fasses autant. "Eh, bien sûr qu'il faut que tu tentes ta chance. On a qu'une seule vie hein !" Surtout qu'on sait pas quand elle se terminera, donc autant profiter des moindres instants tant qu'on le peut. "Puis, c'est sûr que tu pourras rebondir si jamais tu te foires complet. T'as grave des ressources et t'es loin d'être con-con." Avec toutes ces années d'études et ton bagage professionnel, je me fais aucun doute. T'es pas du genre à te laisser sombrer toi. Non, toi, tu rebondis et tu vas encore plus loin. "J'ai troooop hâte de partir avec toi aussi, ça fait hyper longtemps !" Ca va nous faire du bien de se retrouver sans les filles aussi, on n'a pas assez de moments qu'à deux. "Si t'as peur d'avoir oublié le français, je peux faire toutes nos conversations dans ma langue natale jusqu'à ce qu'on parte, pour te remettre dans le bain", j'ajoute en riant, alors que ma proposition est plus que sérieuse. Moi aussi ça va me faire bizarre d'entendre du français de partout à nouveau. On attaque le repas, et je poursuis : "Mais du coup, c'est quoi ton plus grand rêve toi ?" Parce qu'on est restés flou sur le sujet, je sais même pas si t'en as vraiment un ?
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| | | | (#)Mer 8 Mar - 2:36 | |
| Retrouver Hugo après ces années de distance physique me redonne des ailes. Certes, nous avions toujours gardé contact, nous nous échangions une quantité de messages via les réseaux sociaux lorsque nous ne nous lancions pas quelques facetime mensuels. Néanmoins, être aux côtés de mon meilleur pote, en chair et en os, ça a un effet beaucoup plus puissant. De plus en plus, j'ai le sentiment d'être de retour à la maison depuis que j'ai emménagé chez Dani : j'ai la chance d'avoir retrouvé tous mes meilleurs copains, en plus que Jiyeon a également fait le pas de quitter la Corée du Sud pour nous rejoindre. Même si je fête mes trente ans aujourd'hui et que j'assume très peu cette nouvelle dizaine, l'énergie audacieuse du Blanchard me prodigue cette impression que j'avais avant même mes vingt ans à Paris : celle comme quoi tout est possible, tout est tentable. Et ce sentiment a un bien fou, il est libérateur comme jouissif, il compose un cadeau d'anniversaire de taille.
Curieusement, j'ose tout de même questionner Hugo s'il a pu regretter avoir quitté son pays natal. Après tout, une certaine force de caractère et un puissant courage sont indispensables pour tout plaquer et aller faire sa vie à l'autre bout du monde, un peu les mains dans les poches. Certes, le français possède énormément de ressources, il sait se débrouiller comme personne, je lui fais confiance les yeux fermés pour s'en sortir, mais c'était tout de même un pari de taille qu'il a relevé en s'installant ici. Lorsque j'ai décidé de quitter le Brésil, j'avais l'estomac noué toute la semaine précédant mon vol et lors de mes premiers jours à Paris, je ne cessais d'avoir des doutes sur ma décision. J'étais bien trop orgueilleux pour revenir en arrière et je n'ai jamais regretté mon geste, mais j'étais flippé d'avoir commis une erreur monumentale. "Jamais regretté, non. Ce qui me manquait vraiment, c'était vous. Et comme je savais que vous reviendriez pas de si tôt, je suis moi-même parti en quête d'aventures." Un fin sourire attendri apparaît sur mes lippes. "C'était chaud de clore ce chapitre de Paris à cinq," je remarque. C'était toute une épopée que j'aurais aimé ne voir jamais se terminer. Mais Dani, Noor, Jiyeon et moi étions appelés vers d'autres horizons, s'abandonnant lâchement dans le processus de nos vies, sans en aucun cas rompre nos liens pour autant - à quelques amourettes près. "J'suis tombé par hasard sur une formation spéciale cocktail sur Brisbane, et comme Wyatt était sur place, je me suis dit "go, one life" !" Il fait rêver, l'opportuniste. "J'ai pas trop réfléchi, je crois que j'avais surtout besoin de nouveauté, de découvertes. Et comme t'étais plus là pour m'accompagner dans des voyages improvisés, fallait bien que je me tire tout seul hein !" Et finalement, c'est peut-être ça, la recette du bonheur. En tout cas, c'est bien la définition que je me fais de la vie : saisir les opportunités plutôt que programmer le futur. Ne dit-on pas que la vie se dérobe pendant qu'on tente de la planifier ? J'offre un regard espiègle à mon interlocuteur en réponse à sa taquinerie, tout en comprenant profondément son besoin de nouveauté et de découvertes. J'avais également la bougeotte, il me fallait toujours être dans la découverte et l'aventure sinon, je m'ennuyais et ruminais tel un lion en cage. "On a des années de voyage à rattraper, bro !" J'annonce en levant ma pinte, complice.
J'inspire profondément. Probablement fallait-il que je tente ma chance, que je saisisse ce nouveau challenge, comme je l'avais réalisé en quittant le Brésil. Ca fait flipper de quitter ce qu'on connaît, mais qu'est-ce que ça peut être excitant. Je suis terrifié de me viander d'une manière phénoménale, toutefois, je me console en me disant que je pourrais toujours rebondir et qu'en prime, au moins, je n'aurais plus de regrets de n'avoir jamais essayé. J'aurais le cœur net. "Eh, bien sûr qu'il faut que tu tentes ta chance. On a qu'une seule vie hein !" Un rire file entre mes lèvres. "Puis, c'est sûr que tu pourras rebondir si jamais tu te foires complet. T'as grave des ressources et t'es loin d'être con-con." Je hoche la tête en signe de dénégation. "Tu m'as manqué quand même. T'es le best coach de vie, là," j'affirme. Hugo a raison. Je ne me complimenterais pas comme il l'a fait, cependant j'ai quand même confiance de pouvoir m'en sortir. Ou alors, c'est Blanchard qui l'insuffle enfin en moi. On a qu'une vie, après tout, comme il le déclare si justement. Puis trente ans, c'est certes peut-être vieux, mais c'est pas non plus la fin de mon existence. Me voilà gonflé pour faire quelques recherches dès mon retour à l'appart', question d'étudier comment je peux concrétiser mon objectif de changement de carrière. Ca ne coûte pas de s'informer, n'est-ce pas ? Ou de directement se lancer ? Internet offrait tant de possibilités de nos jours. Des chanteurs perçaient sur Youtube, des artistes se faisaient une fortune sur Instagram, des comédiens devenaient populaires sur Facebook. Pourquoi n'arriverais-tu pas à faire ton petit bonhomme de chemin ? Et à défaut, au moins, tu auras passé du temps à faire quelque chose que tu aimes plutôt que des recherches scientifiques qui certes peuvent t'intéresser parce que tu es naturellement curieux mais ne te font certainement pas vibrer.
Néanmoins, avant ces investigations qui attendront ce soir, tu comptes bien passer une bonne partie de cet après-midi avec ton meilleur pote, surtout que vous voilà avec un voyage en Nouvelle-Calédonie acté. L'entrain de se faire notre virée entre mecs est aussi palpable que partagé, je trépigne déjà d'entrer dans l'avion avec Hugo et de surprendre les filles une fois à Nouméa. "Si t'as peur d'avoir oublié le français, je peux faire toutes nos conversations dans ma langue natale jusqu'à ce qu'on parte, pour te remettre dans le bain." Je ris doucement, négociant : "J'préfère l'option où tu fais le traducteur là-bas." Je prends un air innocent. "Le temps que j'reprenne le pli du français." Forcément j'allais faire marrer Hugo avec mon français plus que rouillé, comme il m'amusait toujours quand il jurait en portugais. "Mais du coup, c'est quoi ton plus grand rêve toi ?" Je hausse les sourcils, j'inspire profondément. "Mon plus grand rêve, carrément," je répète, songeur. Une telle réflexion met les choses en perspective. Je sais que ce n'est pas d'épouser quelqu'un, ni de fonder une famille, au grand désarroi de mes parents. Je sais aussi que ce n'est pas de devenir un grand biologiste réputé et fortuné. Je hausse les épaules timidement. "J'aimerais être journaliste d'investigation. C'est pas un grand rêve, mais c'est celui que j'ai. C'est ce à quoi j'pense chaque jour et qui m'fait regretter de pas avoir écouté ce que je voulais faire au fond de moi et avoir plutôt laissé le temps filer en suivant la voie que les autres ont décidé pour moi." Comprendre ici : mes parents. |
| | | | | | | | Spice up your life (Kai&Hugo) |
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